Style kitsch et énonciation non-sérieuse : le cas du roman Harlequin

Marie-Albane Watine

p. 367-388


Extrait

1Une œuvre littéraire peut-elle être kitsch ? Sans doute. Mais il faut bien constater que dans les divers catalogues d’objets kitsch proposés par les ouvrages de référence sur le sujet, on trouve abondance de tableaux, d’opéras, de sculptures, d’objets de toutes sortes, ou de films – et très peu de livres. Il semblerait que l’art verbal se prête moins bien au kitsch que l’art visuel, sans doute en raison de sa substance d’expression linguistique, plus marquée de rationalité et convenant moins à l’exubérance du percept et de l’affect. Que serait l’équivalent, dans l’art verbal, d’une Vénus de Botticelli en plâtre ? Un seul exemple est régulièrement évoqué, notamment par Moles1 dans son chapitre « Vie et littérature kitsch » : il s’agit du roman rose.

2Ne serait-ce que dans ses visuels de couverture et dans son usage décomplexé des stéréotypes sentimentaux, ce genre littéraire choisit en effet de se situer dans un kitsch affirmé. C’est l’une des raisons de sa persistante dévalorisati

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