De la lecture du latin et du grec à la généralisation de l’alexandrin de théâtre au xvie siècle

Brice Denoyer

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De la lecture du latin et du grec à la généralisation de l’alexandrin de théâtre au xvi^e siècle

Brice Denoyer

p. 205-214

Extrait

1La question du succès de l’alexandrin français à partir du xvi^esiècle a quelque chose de paradoxal. La manière exacte dont il s’est imposé dans la littérature nationale demeure assez mystérieuse. Devant son extraordinaire succès, on pourrait être excusé de croire que l’alexandrin avait toujours eu la place qu’il a occupé par la suite. C’est loin d’être le cas, et le xvi^esiècle apparaît comme la période-charnière de sa conquête progressive. En effet, le vers « par excellence » de la poésie française avant cette période n’est autre que le décasyllabe. Lorsque Jodelle fait jouer la Cléopâtre captive en 1553, il écrit deux actes en alexandrins : l’utilisation aussi massive du vers de douze syllabes est une véritable nouveauté, comme le note Henri Chatelain1, lorsqu’il indique que le vers qui gagnait le plus en popularité au xv^esiècle, jusqu’à redevenir le vers majeur en français grâce aux grands Rhétoriqueurs du début du xvi^e (après l’avoir déjà été aux xii^eetxiii^esiècles)

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1 Chatelain Henri, Recherches sur le vers français au xv^esiècle : rimes, mètres et strophes, Slatkine Reprints, Genève, 1974.

2 Ibid., p. 236.

3 Pour plus d’information sur l’histoire de l’alexandrin du second xv^e siècle au xvi^e, voir Halévy Olivier, La Vie d’une forme, l’alexandrin renaissant (1452-1573), thèse réalisée sous la direction de Francis Goyet, Université Grenoble Alpes, 2003.

4 Ronsard Pierre de, Œuvres complètes, t. 4 : Les Poèmes, édition de Hugues Vaguanay, Paris, Garnier, 1928, p. 190.

5 Chevalier Jean-Frédéric, « Les Lieux de l’herméneutique dans le théâtre sénéquien », dans Lochert Véronique et Schweitzer Zoé (dir.), Philologie et théâtre : traduire, commenter, interpréter le théâtre antique en Europe (xv^e-xviii^e siècles), éds. Véronique Lochert et Zoé Schweitzer, Amsterdam-New York, Rodopi, 2012, p. 23-38.

6 Pastore-Stocchi Manlio, « Un chapitre d’histoire littéraire aux xiv^e et xv^esiècles : ‘Seneca poeta Tragicus’ », dans Jacquot Jean et Oddon Marcel (dir.), Les Tragédies de Sénèque et le théâtre de la Renaissance, Paris, Éditions du CNRS, 1964, p. 11-36.

7 Ibid., p. 19.

8 Witt Ronald G., « The Origins Of Italian Humanism: Padua And Florence », The Centennial Review 34, n^o 1, 1990, p. 92-108 ; In the Footsteps of the Ancients the Origins of Humanism from Lovato to Bruni, Leiden, Brill, 2000, p. 21-230. Sisler William P., An Edition and Translation of Lovato Lovati’s Metrical Epistles, with Parallel Passages from Ancient Authors, Ann Arbor, University of Michigan, Microfilms International, 1983.

9 Pastore-Stocchi Manlio, « Un chapitre d’histoire littéraire aux xiv^e et xv^esiècles », art. cité, p. 19.

10 Ibid., p. 29.

11 Ibid., p. 30.

12 Ibid., p. 28.

13 Ibid., p. 18.

14 Vrinat Marie, « Savoir lire... pour savoir traduire », Communication et langages, n^o 112, 2^etrimestre 1997, p. 111-119. Wuilmart Françoise, « Traduire c’est lire », [s.p.] dans Libens Christian (dir.), Écrire et Traduire, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2000. Morel Michel, « Éloge de la traduction comme acte de lecture », Palimpsestes, Hors-série, 2006 : http://journals.openedition.org/palimpsestes/243 (consulté le 15 septembre 2023) ; DOI : https://doi.org/10.4000/palimpsestes.243 (consulté le 15 septembre 2023). Manguel Alberto, « La traduction comme lecture (et inversement) », Le Monde diplomatique, mai 2009, [s.p.].

15 Karsenti Tiphaine, « Les conceptions de la théâtralité tragique dans les trois premières traductions françaises de l’Électre de Sophocle », dans Lochert Véronique et Schweitzer Zoé, Philologie et théâtre, op. cit., p. 157-173, cité p. 152.

16 Ibid., p. 156.

17 Lanson Gustave, « L’idée de la Tragédie en France avant Jodelle », Revue d’Histoire littéraire de la France, n^o 4, 1904, p. 541-585, mentionné p. 560 et sqq.

18 Ibid., p. 562.

19 Ibid., p. 560.

20 Caigny Florence de, Sénèque le tragique en France (xvi^e-xvii^esiècles). Imitation, traduction, adaptation, Paris, Classiques Garnier, « Bibliothèque de la Renaissance », 2011, cité p. 44-45.

21 D’après Lot, dès le V^esiècle dans l’Europe « latinisée », « [l]e peuple ne comprend plus les formes de langage des hautes classes. II a, comme on sait, simplifié le système vocalique, perdu la distinction des longues et des brèves. En morphologie il a presque supprimé la déclinaison ; il a remplacé le passif par des périphrases, etc. Il est fatal que, lorsqu’il entend un poème ou même un discours, il ne perçoive ni le mètre, ni le cursus métrique, qu’il soit déconcerté par l’emploi du génitif, de l’ablatif (confondu par lui avec le datif et l’accusatif), du passif, même du comparatif, enfin par le vocabulaire trop conservateur où traînent une masse de mots sortis de l’usage » (Lot Ferdinand, À quelle époque a-t-on cessé de parler latin ?, Bruxelles, Union Académique Internationale, 1931, p. 99).

22 Waquet Françoise, « Parler latin dans l’Europe moderne. L’épreuve de la prononciation », p. 265-279 dans Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, t. 108, n^o 1, 1996, cité p. 273.

23 Lot Ferdinand, À quelle époque a-t-on cessé de parler latin ?, op. cit., p. 99-116.

24 Ibid., p. 151.

25 Du Bellay Joachim. Défense et illustration de la langue française [1549], édition de Jean-Charles Monferran, Genève, Droz, « Textes littéraires français », 2001, p. 137.

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Denoyer, B. (2024). De la lecture du latin et du grec à la généralisation de l’alexandrin de théâtre au xvie siècle. In S. Berrégard (éd.), Lire le théâtre (1‑). Presses universitaires de Strasbourg. https://doi.org/10.4000/books.pus.37801

Denoyer, Brice. « De la lecture du latin et du grec à la généralisation de l’alexandrin de théâtre au xvie siècle ». In Lire le théâtre, édité par Sandrine Berrégard. Strasbourg: Presses universitaires de Strasbourg, 2024. https://doi.org/10.4000/books.pus.37801.

Denoyer, Brice. « De la lecture du latin et du grec à la généralisation de l’alexandrin de théâtre au xvie siècle ». Lire le théâtre, édité par Sandrine Berrégard, Presses universitaires de Strasbourg, 2024, https://doi.org/10.4000/books.pus.37801.

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Berrégard, S. (éd.). (2024). Lire le théâtre (1‑). Presses universitaires de Strasbourg. https://doi.org/10.4000/books.pus.37626

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