Chapitre 7. Jean-Marc Lévy-Leblond
« De l'engagement politique à la critique de sciences (et retour) »
p. 153-170
Texte intégral
1Jean-Marc Lévy-Leblond est né à Montpellier en 1940. Après des études secondaires à Cannes et des classes préparatoires scientifiques à Paris, il intègre l’École Normale Supérieure en 1958. Après un doctorat de 3e cycle, soutenu en 1962 à la faculté des sciences d’Orsay de l’Université de Paris, il obtient en 1965 un doctorat d’État en physique théorique de la même université. Il commence sa carrière comme chargé de recherches au CNRS, puis devient maître de conférences à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis, puis professeur à l’Université Paris VII, et enfin professeur à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis, où il est aujourd’hui professeur émérite. Ses recherches comprennent à la fois des travaux de physique théorique et des essais sur la nature et le rôle des sciences. Politiquement, il adhère à l’Union des étudiants communistes en 1956, puis au Parti communiste français, qu’il quitte en 1968 pour devenir l’un des animateurs du mouvement de la critique politique radicale de la science. Il développe également une importante activité d’éditeur aux Éditions du Seuil, où il dirige la collection « Science ouverte » et la série « sciences » de la collection de poche « Points ». En 1989, il fonde la revue Alliage (culture, science, technique), qu’il dirige encore aujourd’hui. Selon sa propre expression, il s’efforce de « (re)mettre la science en culture », et développe un discours sur la nécessité d’une « critique de science », qu’il nomme ainsi par comparaison avec la critique d’art. Auteur d’une vingtaine de livres, il a écrit aussi bien des manuels de physique que des ouvrages de vulgarisation des sciences, ou encore des essais de « critique de science ». Parmi ces derniers, on lui doit notamment un ouvrage collectif dirigé avec Alain Jaubert, (Auto)critique de la science, publié aux Éditions du Seuil en 1973, ainsi que L'Esprit de sel. Science, culture, politique, aux éditions Fayard en 1981, ou encore La Pierre de touche. La science à l’épreuve..., publié aux éditions Gallimard en 1996 et plus récemment, Le Tube à essais, aux Éditions du Seuil en 2020.
1) Comment êtes-vous entré dans le domaine de l’histoire des sciences (au sens large) ? Quel avait été votre parcours antérieur ?
2Je ne suis pas véritablement « entré dans le domaine de l’histoire des sciences », dans la mesure où je n'ai jamais pratiqué cette discipline de façon académique. Mon rapport à l’histoire des sciences est en fait double. C’est d'une part un rapport intellectuel et culturel, celui d’un physicien concerné par le contexte historique de l’activité scientifique. Et, d’autre part, un rapport professionnel. Je commencerai par ce dernier en mettant ma casquette d'éditeur, et plus spécifiquement de directeur de la collection « Science ouverte » aux Éditions du Seuil, qui s'est efforcée pendant près d’un demi-siècle d'être fidèle à son nom, ouverte donc, en particulier à l’histoire des sciences.
3J’ai pris la direction de cette collection en 1972. On est alors dans l’immédiat après 1968. J’inaugure donc tout naturellement mon activité éditoriale en publiant (Auto)critique de la science1, un recueil, collecté avec Alain Jaubert, de textes critiques issus des multiples mouvements et débats contestataires de l’époque, dans les milieux scientifiques. Ces textes étaient nombreux, depuis des tracts militants distribués dans les manifestations de 1968 jusqu’à des textes théoriques, issus par exemple du groupe althussérien. Ce livre était un manifeste radical, d'emblée collectif – ce qui correspondait bien à l’état d'esprit de l'époque. « Science ouverte » avait ainsi, dès ses débuts, une vocation critique. Et donc, nécessairement, prêtait attention aux questions d’ordre historique. Cette approche éditoriale de l’histoire des sciences s’est faite en quelque sorte à rebours ; notre intérêt immédiat était d’abord politique, et donc lié au contexte historique de la science immédiatement contemporaine. Il ne faut pas oublier qu’avant 1968 et pendant, et jusqu’en 1972, restent puissants, en particulier dans le milieu étudiant, les mouvements de protestation contre la guerre du Vietnam, dont les États-Unis ne se retirent qu’à partir de 1973. Or une fraction du monde scientifique nord-américain était fortement impliquée dans la guerre. La politique et l’histoire des sciences ne pouvaient plus être séparées. Dans (Auto)critique, l’un des textes rappelle l'éviction militante du Collège de France de Murray Gell-Mann2, prix Nobel de physique, membre du comité Jason3 qui conseillait le gouvernement américain en matière militaire et sécuritaire. Plus généralement, la collection « Science Ouverte » a toujours eu une dimension politique, donc historique, qui s’est concrétisée dans un certain nombre de livres. Une importante publication récente, qui ne fait pas partie de la collection, mais a été rendue possible par son existence, est la grande Histoire des sciences et des savoirs en 3 volumes, dirigée par Dominique Pestre, grâce à l’arrivée aux Éditions du Seuil de Christophe Bonneuil, un ouvrage qui matérialise un effort collectif important et de grande classe4. C’est cette préoccupation pour les questions d’histoire, suivie sur près de cinquante ans, qui explicite mon engagement professionnel, de nature éditoriale, en histoire des sciences. Mais, j’y insiste, je n’ai jamais mené moi-même de recherches historiographiques d’importance.
4En remontant plus loin dans le temps, je constate que j’ai toujours été intéressé par l'histoire des sciences, simplement parce que j'ai toujours été intéressé par l’histoire… Je n’ai jamais pu m’intéresser à quelque domaine que ce soit sans prendre en compte sa dimension historique. Ce qui est une banalité dans presque tous les champs, sauf en sciences, justement. Au lycée, je ne savais guère trop quelle direction prendre ; bon élève, je l’étais aussi bien en lettres qu’en sciences. Jusqu’à la terminale, je n’ai pas su vers quel domaine m’orienter. Ainsi, en première, j’ai choisi une section qui s’appelait à l’époque « À prime », une section ultra-classique, avec grec et latin, mais un « prime » pour les mathématiques en plus. Après, il a bien fallu que je me décide. En terminale, pour diverses raisons, j’ai fini par choisir « maths élémentaires ». L’une de ces raisons était d’ordre familial : mon père était ingénieur, ainsi que l’un de mes oncles, d’où un intérêt naturel pour la chose scientifique et technique. Mais il y avait surtout une détermination plus intime : au fond, je trouvais (et trouve toujours) que les disciplines scientifiques sont en fait plus faciles que les littéraires, en tout cas scolairement. Plus faciles parce que, devant un problème de maths ou de physique à résoudre, si vous le résolvez, vous le résolvez vraiment. Vous savez que vous aurez une bonne note. Mais pour une dissertation de français, ou de philosophie, vous pouvez être relativement content de ce que vous avez fait, mais vous ne savez pas vraiment ce que ça vaut. Je me sentais donc plus confortable du côté des sciences. Avec d’ailleurs le retour de bâton usuel – mais souvent passé sous silence par les scientifiques – dans la période où l’on passe du stade d’étudiant au stade de chercheur. Au moment où l’on entame un vrai travail de recherche, pour le doctorat, d’un coup, on s’aperçoit que, jusque-là, il s’agissait de résoudre des problèmes de nature didactique, dont on savait bien qu'ils avaient une solution : c’était simple. Mais lorsqu’il s’agit de problèmes neufs, pas nécessairement d’ailleurs de problèmes très profonds, alors il faut trouver des solutions inédites. C’est tout à fait autre chose. Il y a là, à mon avis, une des grandes tares de l’enseignement des sciences. On n’apprend absolument pas à faire face aux vraies difficultés de la recherche scientifique. Devant un problème scolaire, vous savez au moins dans quelle partie du cours aller chercher les notions et les équations nécessaires, mais si on vous donne un problème dont la nature même n’est pas explicite, la difficulté est d’un tout autre ordre...
5Au lycée, j’avais toujours été intéressé par la littérature, par la philosophie ensuite, domaines où il n’y a pas de séparation entre le contenu et son contexte historique. Apprendre la philosophie, c’est apprendre l’histoire de la philosophie : les deux sont consubstantielles. Apprendre la littérature sans apprendre l’histoire de la littérature, c’est impossible. Il me semblait donc qu’il en était – ou qu’il devait en être – de même pour la science. J’avais cette curiosité et cet intérêt. Et, dès le lycée, j’ai lu effectivement pas mal de livres d’histoire des sciences. Certes, c’était plutôt de l’histoire à l’ancienne, l’histoire des grands savants et des grandes découvertes, bref une histoire héroïque et décontextualisée. Mais enfin, c’était quand même une façon d’en apprendre un peu sur les découvertes, leurs dates, leurs auteurs. Plus tard, je me retrouve jeune chercheur à faire de la physique. C’est alors l’engagement politique et idéologique qui sous-tend nécessairement ma relation à l’histoire. Par exemple, j’ai commencé à lire beaucoup sur l’histoire si cruciale de l’armement nucléaire. Je me souviens d’un livre du journaliste allemand Robert Jungk, Plus clair que mille soleils5, paru au début des années 1950, et consacré au projet Manhattan. Ce livre est aujourd’hui dépassé car l’auteur ne disposait évidemment pas alors de toute la documentation désormais accessible, mais il a eu le mérite d’être le premier ouvrage sur le sujet, et il est toujours intéressant d’y jeter un coup d’œil. Il posait déjà les problèmes politiques et éthiques de l’engagement des physiciens dans la création des armes nucléaires. Il faut ajouter que le scientisme, dominant alors (comme aujourd’hui !) dans le milieu scientifique, avait à l’époque une dimension culturelle plus large que de nos jours. L’idée était qu’il n’y a rien de mieux que la science pour faire progresser et même sauver l’humanité, mais cette idée était insérée dans un contexte marqué par le marxisme, et engageait donc un intérêt pour l’histoire, qu’avait exprimé une figure comme celle de Paul Langevin. Encore faut-il dire que cet intérêt, chez les jeunes scientifiques de ma génération, s’appuyait sur une sorte de légende dorée. C’était la vie des saints, ce qui a un peu disparu dans la religion elle-même aujourd’hui : plus personne ne lit La légende dorée de Jacques de Voragine6. De fait, notre génération n’était que la deuxième après les grands physiciens du début du siècle, nos grands-pères intellectuels. Ainsi Einstein est-il mort le jour de mes 15 ans, ce qui n’a pas été sans me marquer. Nombre des fondateurs de la physique moderne, Bohr, Heisenberg, de Broglie, Dirac, Fermi, Schrödinger, étaient encore vivants en 1960. Nous avions donc une conscience professionnelle, sinon historique, du moins temporelle. Je ne suis pas du tout sûr qu’il en aille encore ainsi pour les jeunes physiciens aujourd'hui. Quand on parlait du « modèle de Bohr », de la « règle d’or de Fermi », du « cycle de Bethe », ces noms n'étaient pas encore ceux de fantômes. Ils avaient une existence charnelle. Cette conscience temporelle n'était pas antinomique avec une posture scientiste, d'autant moins que, sur le plan idéologique, c'était l'époque où le parti communiste exerçait une influence considérable dans tout le milieu intellectuel, scientifiques compris, avec son scientisme politique, celui du marxisme, qui se voulait lui-même science de l’histoire. L’opinion éminemment positive que nous avions de la science, qui libérerait les hommes de la faim, de la maladie, de la guerre, etc., était liée à une conscience qui se voulait progressiste. La conviction profonde, dans la tradition marxisante, d’un lien entre progrès scientifique et progrès social, était moins naïve et plus problématisée que l'idée simpliste selon laquelle c’est le progrès scientifique qui détermine de proche en proche le progrès technique, le progrès économique, le progrès social.
6Dans le débat idéologique des années 1970, on assiste à la redécouverte d'un certain nombre de textes que le marxisme orthodoxe avait mis sous le boisseau, par exemple l’intervention de Boris Hessen sur Newton, lors du congrès d’histoire des sciences de Londres de 1930, qui n’existait pas en français, et dont on n’avait jamais entendu parler, même à l’intérieur du Parti Communiste Français (PCF). Même les grands scientifiques du PCF, les Joliot-Curie, Prenant, Vigier, etc., ne le connaissaient sans doute pas. Ces idées ont resurgi dans la mouvance contestataire des années 1970, en grande partie de par les liens internationaux au sein du courant radical. Nous échangions ainsi avec les Anglais du groupe Science for the people7, qui avait récupéré l’héritage du marxisme scientifique anglais des années 1930, John Desmond Bernal, John Haldane, etc. Un autre élément concret fut l’intérêt politique pour la Chine de la Révolution culturelle, aussi naïf fût-il, dans la mesure où cet intérêt impliquait la prise en considération de la dimension historique et intellectuelle de la Chine, telle qu’elle se donnait à lire en Occident grâce à l’œuvre considérable de Joseph Needham, par exemple. J’ai ainsi pu rencontrer Needham et m’entretenir avec lui en 1974.8
7Ce lien entre engagement politique et activité de recherche, le monde nous y obligeait. La jeunesse intellectuelle des années 1970, pour une bonne partie en tout cas, était passée par la mouvance communiste et/ou était en train de s’en écarter sur la gauche. Les luttes anticoloniales ont été déterminantes et formatrices. Ma jeunesse, ce sont les guerres françaises d’Indochine, puis d’Algérie, la guerre américaine du Vietnam, toutes des moments fondateurs de notre conscience politique. A priori, ce n’était donc pas en tant que scientifiques, mais en tant que militants de gauche et d’extrême gauche, que nous nous engagions... En un certain sens, on faisait de la physique au labo, et de la politique, après, dans la rue. Mais émergeait petit à petit une dimension intellectuelle de l’engagement politique, qui rejoignait l’intérêt scientifique. Et puis vient le moment crucial, mai 1968, pendant lequel la critique radicale va entrer dans les labos. Critique radicale et mouvement social ! C’est ce qu’(Auto)critique de la science reflétera en 1972. Il ne s’y agit pas seulement de critique théorique, mais de l’irruption dans l’institution scientifique du mouvement social lui-même. C’est par exemple la grève menée par les techniciennes dans le laboratoire de physique des particules du Collège de France, d’où la prise de conscience qu’il y a un prolétariat scientifique, qu’il y a dans le milieu scientifique lui-même des antagonismes qui font écho aux conflits de classe, et que la situation sociale d’un patron de laboratoire n'est pas du tout celle d’un jeune thésard. Le lien entre science et politique se fait ainsi directement.
8Il est alors apparu assez rapidement qu’on ne peut pas penser la question du statut des travailleurs scientifique sans aborder la critique de la science elle-même en tant qu’activité sociale. Je faisais allusion plus haut à l’éviction de Gell-Mann du collège de France. C’est une situation typique de ce lien. On avait là un grand physicien théoricien – assez insupportable de suffisance d’ailleurs – qui était en même temps conseiller du Pentagone dans le comité Jason au moment de la guerre du Vietnam. La conscience aiguë est donc apparue du fait qu’un laboratoire n’est pas une tour d’ivoire fermée, que les enjeux de pouvoir au sein des laboratoires sont intimement liés aux enjeux politiques généraux : il suffit de s’intéresser à la façon dont les projets de recherche sont financés, dont les priorités de recherche sont décidées, etc. D’où la fortune de l’expression « critique de science », notion née un peu partout en même temps dans les années 1970. Ce concept rejoint, au fond, les propositions théoriques du moment, comme celle de l’« intellectuel spécifique » de Foucault : un intellectuel engagé, mais dont l’engagement est enraciné dans sa pratique effective – ce qui n’empêche pas qu'il s’étende. L’objectif était d’échapper à ce qui, en 1968, nous était apparu comme inacceptable, c’est-à-dire l’attitude de ces scientifiques « de gauche » qui signaient des pétitions à tour de bras, hors de leur laboratoire, et qui se comportaient à l’intérieur comme des petits chefs et, dans leurs activités proprement scientifiques, ne mettaient pas en cause les doxas dominantes. Je me suis alors, à titre plus personnel, mis à jeter un regard critique sur toute une série d’idées théoriques reçues de la physique moderne. C’est ainsi que j’ai tenté de faire le lien entre ma pratique professionnelle de la physique théorique et un engagement politico-idéologique plus général, via, entre les deux, une activité épistémologique qui oblige à la fois à garder un pied dans la physique et à mettre l’autre dehors afin de pouvoir la considérer de l’extérieur. Cela m’a amené à reprendre toute une série de problèmes, des questions de fondement, notamment en mécanique quantique, avec un regard allant au-delà d’une réflexion purement conceptuelle, en l’élargissant au champ culturel.
9C’est en particulier la dimension linguistique de la pratique scientifique qui m’a offert un terrain de travail permettant d’articuler les énoncés scientifiques avec leurs contextes idéologiques et historiques En analysant le langage de la physique, on peut mettre en évidence tout ce qu’il emporte avec lui de marquage idéologique et de contingence historique. Ainsi les apories épistémologiques traditionnelles de la physique quantique reposent-elles en grande partie sur des abus de langage inconscients et permanents. Le prétendu « principe d'incertitude » de Heisenberg en est un bon exemple. Je me suis alors efforcé de maintenir une certaine continuité entre ce que je fais en physique, que je publie dans des revues spécialisées, et des textes plus proprement épistémologiques, ainsi que d’autres que l’on pourrait qualifier de plus culturels. C’est sans doute via cette production épistémologico-culturelle, que je peux prétendre poser un doigt de pied dans l’histoire des sciences, au sens le plus large, dans la mesure où la réflexion, si elle se veut réellement critique, doit examiner ce qui s’est dit et écrit auparavant. C’est ce qui m’a m'amené à m’intéresser de près à la façon dont la physique s’est faite au cours du xxe siècle, non seulement pour mes écrits propres, mais aussi pour mon travail éditorial aux Éditions du Seuil. Un bon exemple en est fourni par mes contacts avec des collègues (et camarades !) physiciens italiens dans les années 1970. J’ai ainsi publié, dès les premières années de la collection « Science ouverte », en 1978 ou 1979, la traduction d’un livre italien collectif de quatre auteurs, qui s’appelait, en italien, L’ape e l’architetto, d’après une célèbre phrase de Marx, où il compare l’abeille et l’architecte. La version française est intitulée L’araignée et le tisserand9, car c’est ainsi que Marx redouble sa métaphore. C’était un ouvrage, disons, marxien, de critique historique, politique et épistémologique de la science moderne dans le monde capitaliste. Ses auteurs étaient passés par le Parti Communiste Italien, dont le marxisme était certainement plus ouvert et plus évolué que celui de son homologue français.
10Peut-être vaut-il la peine d’expliciter la façon dont j’entre en contact avec les éditions du Seuil, fort caractéristique, justement, de ce début des années 1970. À cette époque, le Seuil était très engagé. C’était l’une des quelques maisons d’édition qui avaient très bien compris les bouleversements de 1968. Avait été ainsi lancée la collection « Combats », dirigée par Claude Durand. Cette collection publiait alors beaucoup des textes emblématiques de l’époque : les premiers ouvrages de Soljenitsyne, qui n’apparaissait pas encore comme le profond conservateur qu’il s’est révélé être par la suite, mais aussi, plus intéressants, des textes venant d’Amérique latine, de la mouvance castriste, guévariste, etc. Donc une grande attention portée à tous les conflits de cette période. C’est aussi le Seuil qui, à la même époque, publie Lacan. Le Seuil avait créé, dès 1967, la collection « Science ouverte », alors que la maison ne publiait guère auparavant d’ouvrages de sciences « dures ». Mais, au départ, cette collection n’était pas très « ouverte », justement : cinq ou six livres, pas déshonorants, mais assez académiques. La direction du Seuil se rend alors compte que l’on peut imaginer une autre ligne éditoriale. Je garde un très grand respect pour les dirigeants du Seuil de cette époque, Paul Flamand et Jean Bardet10. Venant des milieux chrétiens, en particulier du courant personnaliste, à la Mounier, leur vision du monde n’était certes pas soixante-huitarde. Paul Flamand était quelqu’un de vraiment remarquable, avec une réelle capacité d’attention à des idées qui n’appartenaient pas du tout à son monde culturel, provincial et catholique. Sans aucunement prendre ses distances avec la tradition initiale de la maison, il a su élargir son horizon. Ainsi, au début des années 1970, les dirigeants du Seuil cherchent-ils à réorienter la collection « Science Ouverte ». Or, à ce moment, la revue de haute vulgarisation La Recherche11 appartenait au Seuil ; on trouvait dans son comité de rédaction le physicien Claude Cherki12, qui était mon collègue à l’université Paris 7. Il savait que la vulgarisation m’intéressait beaucoup. J’en avais d’ailleurs fait dès que j’étais devenu aspirant physicien professionnel, c’est-à-dire pendant que je faisais ma thèse de 3ème cycle (équivalent à l’époque de la maîtrise actuelle), au début des années 1960. J’avais écrit des articles pour une revue qui s’appelait Atomes, et qui, ultérieurement, s’est fondue dans La Recherche. J’ai employé le mot de « vulgarisation scientifique », mais je préfère aujourd’hui parler plutôt de « mise en culture des sciences ». Au fond d’ailleurs, ce n'est pas la vulgarisation en tant que telle qui m'intéressait : c’est plutôt que je n’ai jamais compris comment on peut savoir quelque chose d’intéressant sans avoir envie de le raconter aux autres. C'est pour cela d’ailleurs que j’ai fait ma carrière dans l’enseignement supérieur, et non au CNRS. Je n’ai jamais pu séparer mon travail de recherche de mon travail d’enseignement. Cela fonctionne d’ailleurs dans les deux sens : nombre de mes travaux de recherches sont nés de mon enseignement. C’est que je ne comprends vraiment quelque chose que quand je me mets à l’expliquer. Il m’est arrivé assez souvent, en amphi, de voir que certains étudiants, parmi les meilleurs, ne comprenaient pas ce que je racontais. Je détectais un éclair d’incompréhension dans leur regard, et me rendais compte alors qu’il y avait effectivement un problème, un problème non réglé, dans la théorie telle que je l’exposais : ils ont raison de ne pas comprendre parce que ce n’est pas clair, et qu’il faut reprendre la question. Donc je ne peux pas séparer la recherche de l’enseignement. Il faut même aller au-delà : en terme plus général, c’est la question du partage du savoir qui se pose, ou en tout cas devrait se poser, dès le moment même de sa production.
11J’en reviens au Seuil. Cherki savait que la vulgarisation m’intéressait et proposa au Seuil de me confier la direction de la collection « Science ouverte », ce que j’ai accepté avec enthousiasme mais non sans crainte, car je ne connaissais rien à l’édition, absolument rien. Écrire un article ou un livre est une chose, l’éditer et le publier, c’en est une autre. Et j’ai donc dû apprendre un second métier, celui d’éditeur, un vrai métier, ardu mais passionnant. Je n’ai d’ailleurs guère eu de difficultés à partager mon temps entre mes activités d’éditeur et de chercheur, car elles font partie d’un même tout. Entre mon travail de recherche, la façon dont il va se traduire dans l’enseignement, un article de vulgarisation, une conférence pour grand public, l’élaboration d’un projet de livre et la recherche d’un auteur, il y a pour moi un continuum parfait. Certes, dans le milieu académique, mes activités de mise en culture de la science ont pu décevoir, voire irriter, certains de mes collègues qui attendaient de moi des résultats scientifiques plus importants ou des prises de responsabilité institutionnelles. Mais cette attente était vaine parce que je suis quelqu’un qui a fort peu de créativité, mais beaucoup (trop ?) d’esprit critique.
2) Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, ses modes de socialisation, ses références canoniques, ses pratiques dominantes, ses objets d’investigation, ses principaux lieux de production…) ?
12Je suis incapable de répondre à cette question, car je n’avais pas à l’époque une connaissance suffisante du milieu académique de l’histoire des sciences. Et que les travaux des grands noms du moment, René Taton par exemple, ne me passionnaient pas. J’y voyais une histoire des sciences événementielle, historique, chronologique, qui ne me fascinait pas outre mesure. Sur le versant épistémologique, j’étais plus tributaire de lectures philosophiques générales que des épistémologues universitaires reconnus, comme Granger ou Vuillemin. Je lisais en revanche Desanti, que j’ai bien connu – un personnage très attachant. François Châtelet aussi. Son petit livre Une histoire de la raison, au Seuil (1992), est magnifique. Il n’a pas laissé une œuvre aussi importante que celle d’un Derrida ou d’un Foucault, mais c’était un maître, sans prétention ni ostentation. Quant aux scientifiques qui s’essayaient à la philosophie, j’ai évidemment lu le livre de Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, en 1970. J’avais un peu connu Monod, bien plus tôt, dans les années 1950, via le milieu protestant de Cannes, où je vivais, et où Monod venait de temps en temps. Mais je n’étais que lycéen et il n’avait pas encore le prix Nobel. Son livre, en 1970, ne m’a pas vraiment intéressé : sa réflexion y était plus métaphysique qu’épistémologique. Il faut aussi que je parle de Bernard d'Espagnat et de ses travaux sur l’interprétation de la physique quantique. Je l’avais eu comme enseignant en troisième cycle, au début des années 1960. Or, à cette époque, quand on était jeune physicien, et que par ailleurs on s’intéressait à des réflexions philosophiques et historiques sur la science que l’on était en train d’apprendre, on s’exposait à des remarques du genre : « ne te disperse donc pas ! Tu n’as pas le temps. Pour l’instant, fais de la physique, et plus tard tu pourras faire de la philo ! ». D’Espagnat lui-même nous déconseillait de nous intéresser à la philosophie des sciences. Il nous disait : « apprenez à calculer, vous réfléchirez plus tard ! », au moment où lui-même commençait à se tourner vers la philosophie des sciences, tardivement, mais sous des formes que je n’ai jamais trouvées très pertinentes car, là encore, trop métaphysiques et décontextualisées. En revanche, j’ai été assez marqué, et je ne suis pas le seul, par le Cours de philosophie pour scientifiques d’Althusser, qui date des années 1966-1967. Ce cours « épistémologico-marxiste » avait bien des défauts, qu’on peut voir aujourd’hui : il était assez formel, trop rigide intellectuellement, et trop peu ancré historiquement, mais quand même extrêmement intéressant, car on y trouvait une matrice politique et idéologique claire.
13En termes de références canoniques, La structure des révolutions scientifiques, de Thomas Kuhn, est devenue incontournable à ce moment. Mais, étant donné le contexte épistémologique français, à savoir l’influence de Bachelard, de Canguilhem, d’Althusser, l’idée de « révolution scientifique », l’idée qu'il y a de la discontinuité dans l’histoire des sciences, des ruptures, des coupures, ne nous a pas paru très… révolutionnaire, même si, de toute évidence, cette idée a été perçue de façon bien plus radicale dans le monde anglo-saxon. En vérité, ce qui m’a toujours gêné chez Kuhn, ce n’est pas l’idée de « science révolutionnaire », de « changement de paradigme » – était-ce d’ailleurs bien nécessaire d’adopter cette terminologie ? – mais c’est l’idée qu’il puisse y avoir une « science normale ». Certes, il y a des ruptures, mais, entre ces ruptures, l’évolution est loin d’être arrêtée, il n’y a pas de stase sur un « paradigme » stationnaire. Je crois tenir de Bachelard – mais il faudrait que je retrouve la source –, et en tout cas de ses commentateurs althussériens (Regnault, Balibar, Lecourt), la notion de « refonte épistémologique ». C’est que, après une révolution, d’une certaine façon, tout reste à faire, rien n’est joué. Même ses protagonistes n’ont pas encore compris la nature et les enjeux de la rupture. C’est évident dans l’histoire politique. On fait la Révolution en 1789, mais il va falloir un siècle pour qu’on en arrive à un régime démocratique à peu près stable. En sciences, et plus généralement dans le domaine des idées et de la culture, quand on rompt avec le « paradigme » dominant, on ne peut pas encore avoir compris le nouveau ! Il va falloir vraiment le mettre en œuvre, trouver des formulations adéquates, réorganiser les architectures conceptuelles. Et cela n’est pas chez Kuhn ; c’est son idée de science normale qui fait problème. Chez Bachelard, l’essentiel, c’est sa « « philosophie du non » : ce qui importe, dans l’histoire des idées, c’est ce qu’on ne veut pas, ce qu’on refuse, ce qu’on réfute. Cela dit, Bachelard lui-même n’a pas été toujours cohérent à cet égard : quand il discute la physique moderne de son temps, la relativité ou la théorie quantique, il est moins pertinent, car il prend pour argent comptant les énoncés des physiciens contemporains, qui, justement, n’ont pas entrepris la refonte épistémologique qui permettrait une vision plus aiguë, et dont Bachelard ne perçoit pas le manque. En élargissant un peu le point de vue, en sortant du champ proprement épistémologique, il y a aussi, dans les années 1970, Marcuse. Et puis l’École de Francfort13, dont la profonde dialectique m’a beaucoup marqué. Et des références plus littéraires : très grande a été sur moi l’influence de Brecht, dont le rapport à la science est intense, constant et fascinant.
14Dans un autre registre, il faut mentionner l’approche d’Ilya Prigogine et d’Isabelle Stengers, dont La Nouvelle Alliance (1979)14 a suscité un fort intérêt. Mais, si la remise en perspective que proposait ce livre m’a intéressé, sa thèse essentielle, que traduisait son titre, m’a laissé plus que sceptique, et j’en ai fait à l’époque une recension assez critique. D’ailleurs, si le travail scientifique de Prigogine est parfaitement respectable, on ne peut guère le considérer comme fondant un nouveau paradigme, contrairement à ce qu’il croyait15. Et l’idée d’une « alliance » entre les sciences de la nature et les sciences humaines me semblait dès ce moment relever d’un concordisme et d’un irénisme assez naïfs. Je pensais, en revanche, et pense toujours, que les sciences humaines et les sciences sociales ont un grand intérêt pour permettre de comprendre vraiment comment fonctionnent les sciences de la nature, par-delà les seules analyses épistémologiques, qui risquent de se cantonner à une vision purement idéelle. Et donc, dès que la nouvelle sociologie des sciences a commencé à émerger, avec Bruno Latour par exemple, je m’y suis tout de suite intéressé.
3) Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement, national comme international, depuis lors (son périmètre, ses acteurs, ses lieux, ses controverses…) ?
15Le tournant des science studies a été pour moi fort important, sans aucune réserve possible. J’ai lu David Bloor et Harry Collins, mais surtout Bruno Latour et Michel Callon, qui ont introduit ces approches en France. J’ai d’ailleurs publié au moins deux livres de Collins dans ma collection « Science ouverte »16, mais ils n’ont guère eu de succès, sans doute trop anglo-saxons d’esprit. La revue de Latour, Pandore17, a joué un grand rôle, et bien sûr, son livre fondateur, La vie de laboratoire18. Mais ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les analyses brèves et concrètes de Latour sur des sujets spécifiques, que nous avons réunies et publiées sous le titre Petites leçons de sociologie des sciences19. Je trouve encore aujourd’hui que c’est un travail remarquable.
16Mais il faut surtout que je cite ici Paul Feyerabend, dont j’ai publié les ouvrages dans ma collection20. C’est pour moi un auteur essentiel, car il ne sépare pas ses analyses philosophiques du contexte social et politique de la science. J’apprécie par ailleurs, sur un plan plus personnel, sa tournure d’esprit systématiquement critique (« dadaïste », dit-il), et qui se revendique comme telle. Ainsi, lorsqu’on adresse à Feyerabend le reproche classique : « mais tu bascules dans le relativisme intégral !», il endosse le rôle de l’avocat du diable et répond : « non, je ne suis pas relativiste, mais prouvez-moi que le point de vue relativiste est intenable. ». Et ses textes sont lisibles et drôles. Il n’est sans doute plus aussi lu aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans, mais l’intérêt pour son œuvre reviendra.
17Quant à l’évolution récente du domaine de l’histoire des sciences, c’est sans doute son expansion qu’il faut d’abord remarquer. Il existe maintenant un vrai corps de spécialistes, dont nombre de jeunes et brillants chercheurs. Ce que je trouve très intéressant, c’est que nombreux sont ceux qui réussissent à ne pas se laisser enfermer dans le domaine académique. On le voit, par exemple, avec la remarquable entreprise en trois volumes de l’Histoire des sciences et des savoirs, déjà mentionnée, publiée au Seuil sous la direction de Dominique Pestre. Ou encore avec le travail accompli autour d’Amy Dahan au Centre Alexandre-Koyré, sur les enjeux du changement climatique. Il me semble que l’on compte, en France, en ce moment, dans le domaine de l’histoire des sciences (des sciences modernes en particulier), des chercheurs parmi les meilleurs.
18Mais ce que l’on doit déplorer, c’est que ce travail reste largement ignoré des milieux scientifiques eux-mêmes : les chercheurs auraient pourtant bien besoin d’une meilleure culture historique pour mieux faire face à leurs difficultés épistémologiques et à leurs responsabilités sociales. Il y a là un manque à gagner évident. La responsabilité en est institutionnelle avant tout. J’ai été, pendant deux ou trois ans, il y a une vingtaine d’années, détaché au CNRS, auprès du Centre de recherche en histoire des idées, au département de philosophie de l’université de Nice. Je me souviens avoir rencontré les responsables nationaux du secteur SHS (sciences humaines et sociales) du CNRS pour leur dire : « Je ne comprends pas : vous avez, au CNRS, parmi les meilleurs chercheurs en histoire et philosophie des sciences du moment. Pourquoi n’en profitez-vous pas pour organiser, dans les secteurs des sciences dites « dures », au sein des écoles doctorales, des stages d’initiation des jeunes chercheurs ? ». On m’a répondu : « Ah oui, c’est une bonne idée, on va y réfléchir » – et rien, ou presque, ne s’est passé. Certes, peu de mathématiciens, de physiciens, de biologistes ont ce désir de confrontation avec leurs collègues historiens et épistémologues. Combien de chercheurs en physique des particules se sont-ils intéressés au travail de Dominique Pestre sur l’histoire du CERN21. Et si, enseignant à l’université, j’ai pu donner un certain nombre de cours de philosophie et d’histoire des sciences, ce n’était pas dans les UFR de sciences, mais dans celles de lettres ! Je pense cependant que lesdits historiens et épistémologues devraient avoir une démarche plus conquérante, et permanente, au sein même des institutions académiques.
19En ce qui concerne maintenant mon autre métier, celui d’éditeur de sciences et d’histoire des sciences, j’ai constaté une double évolution. Il y a d’abord le côté très positif : ce que j’ai pu faire au Seuil, mais je ne suis pas le seul, matérialise le fait qu’on ne peut plus séparer la diffusion des connaissances scientifiques de leur histoire. Ainsi, la collection « Science ouverte » vise tant au partage des savoirs dans tel ou tel domaine qu’à éclairer leur histoire – parfois dans les mêmes livres. De même pour la collection de poche « Points Sciences », où je suis assez fier d’avoir publié récemment un remarquable ouvrage inédit de Michel Morange, Une histoire de la biologie22. Et, bien sûr, je ne saurais omettre de mentionner la collection « Sources », où nous publions de grands textes classiques, indisponibles ou inédits, par exemple le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde de Galilée23, en français ! Par contre, le côté négatif, c'est que le lectorat de ces livres a rétréci au fil des années. En particulier, les étudiants lisent désormais très peu de livres – c’est d’ailleurs largement la faute des enseignants, qui ne prescrivent pas de lectures. Et cela ne concerne pas seulement l’édition papier, car le recours à l’édition numérique reste épiphénoménal.
4) Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques dans les évolutions de ce domaine ?
20Ils sont évidemment majeurs, omniprésents, et j’ai le sentiment de m’y être constamment référé dans mes réponses aux trois questions précédentes !
Notes de bas de page
1 Note des éditeurs (NdE) : Jaubert Alain, Lévy-Leblond Jean-Marc (dir.), (Auto)critique de la science, Paris, Éditions du Seuil, 1973.
2 NdE : En 1972, en raison de son implication dans la politique de la guerre du Vietnam, Murray Gell-Mann est fortement chahuté, au Collège de France, à Paris, et même chassé de la salle où il donne une conférence.
3 NdE : Le comité Jason, créé en 1960, est un groupe de scientifiques états-uniens conseillant leur gouvernement fédéral, et qui s’est fait connaître à l’occasion de son action de conseil lors de la guerre du Vietnam.
4 NdE : Pestre Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, 3 vol., Paris, Éditions du Seuil, 2015.
5 NdE : Jungk Robert, Plus clair que mille soleils. Le destin des atomistes, Grenoble, Arthaud, 1958.
6 NdE : La légende dorée raconte la vie d’un grand nombre de saints et martyrs chrétiens ; voir la traduction de Thérèse de Wyzewa, Paris, Éditions du Seuil, « Points Sagesses », 2004.
7 NdE : Science for the people est une organisation de gauche fondée aux États-Unis en 1969-1970 et issue du mouvement pacifiste de l’époque.
8 Voir Alliage, vol. 41-42, 1999, p. 180-187.
9 NdE : Ciccotti Giovanni, Cini Marcello, Maria Michelangello de, Jona-Lasinio Giovanni, L’araignée et le tisserand. Paradigmes scientifiques et matérialisme historique, Paris, Éditions du Seuil, 1979.
10 NdE : Paul Flamand et Jean Bardet ont pris la direction des Éditions du Seuil (créées en 1935) en 1937.
11 NdE : La Recherche est un magazine mensuel français, propriété des Éditions du Seuil, traitant de l’actualité des sciences, et créé en mai 1970 comme continuation du magazine Atomes (fondé en 1946).
12 NdE : Claude Cherki dirige les Éditions du Seuil de 1989 à 2004.
13 NdE : l’École de Francfort désigne un groupe d’intellectuels allemands réunis autour de l’Institut de recherche sociale fondé à Francfort en 1923.
14 NdE : Ilya Prigogine et Isabelle Stengers ont publié ensemble La Nouvelle Alliance. Métamorphose de la science, Paris, Gallimard, 1979.
15 NdE : pour une étude de la réception de l'ouvrage de Prigogine et Stengers, et des controverses qu'ont suscitées ce livre et l'interprétation des travaux de physique de Prigogine, on pourra se reporter à Bertrand Emanuel, Extension du domaine de la thermodynamique. Anatomie d'une controverse, Paris, Classiques Garnier, 2023.
16 NdE : Collins Harry, Experts artificiels. Machines intelligentes et savoir social, Paris, Éditions du Seuil, 1992 ; Collins Harry, Pinch Trevor, Tout ce que vous devriez savoir sur la science, Paris, Éditions du Seuil, 1994.
17 NdE : Pandore est un bulletin bimestriel, dirigé par Bruno Latour, qui paraît de 1978 à 1983.
18 NdE : Latour Bruno, Woolgar Steve, La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques [1979], Paris, La Découverte, 1988.
19 NdE : Latour Bruno, Petites leçons de sociologie des sciences [1993], Paris, Éditions du Seuil, collection « Points Sciences », 1996.
20 NdE : voir par exemple Feyerabend Paul, Contre la méthode. Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance [1975], Paris, Éditions du Seuil, 1979.
21 NdE : Pestre Dominique, Hermann Armin, Krige John, Mersits Ulrike (dir.), History of CERN, 2 vol., Amsterdam, North Holland, 1987, 1990.
22 NdE : Morange Michel, Une histoire de la biologie, Paris, Éditions du Seuil, 2017.
23 NdE : Galilée, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Paris, Éditions du Seuil, 1992.

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