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  • Chapitre 5. Anne Fagot-Largeault
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Introduction [Question 1]
    Le parcours, en bref
    [Question 2] La Société française d’histoire des sciences et des techniques (SFHST) [Questions 3 et 4] Notes de bas de page

    Arpenter l'histoire des sciences

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 5. Anne Fagot-Largeault

    « Un cheminement en histoire (et philosophie) des sciences de la côte ouest des États-Unis à la région parisienne, 1967-2015 »

    p. 103-131

    Texte intégral Introduction [Question 1]
    Le parcours, en bref
    Les personnes qui m’ont initiée à l’HPS L’institution : le programme des « prelims » Le style HPS à Stanford Faire l’histoire vs. étudier l’histoire [Question 2] Première période : années 1970-1987 Les personnes Un cas parmi d’autres : la pratique cristolienne L’histoire des sciences à l’IHS (1932) devenu IHST (35), puis IHPST (1989) La Société française d’histoire des sciences et des techniques (SFHST) Bilan de la période 1971-1987 Seconde période : années 1987-2010 Les personnes Les institutions Histoire de la médecine : comment se fait l’histoire, un exemple Le devenir de l’IHPST [Questions 3 et 4] Les personnes Les journaux Les collections Les bibliothèques Les archives Et l’internet... Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Anne Fagot-Largeault est née en 1938 à Paris. Ancienne élève de l’École normale supérieure de jeunes filles (1957-1961), elle passe un certificat de mathématique générale et physique, ainsi que l’agrégation de philosophie en 1961. D’abord professeure en lycée, elle devient l’assistante de Gilbert Simondon à la Sorbonne (1966-1967). Elle est ensuite détachée à l’Université Stanford, aux États-Unis (1967-1971), où elle étudie la philosophie des sciences et soutient une thèse de doctorat (PhD) intitulée Logic and philosophy of science, en 1971. Assistante à l’Université Paris XII (1971-1972), elle y devient maîtresse-assistante en 1972, puis maîtresse de conférences en 1984. Elle soutient une thèse de psychiatrie en 1978 et une thèse de doctorat en sciences humaines en 1986. Elle devient ensuite professeure de philosophie à l’Université Paris X-Nanterre de 1987 à 1995, puis à l’Université Paris I de 1995 à 2000, où elle dirige l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST). Elle est enfin élue professeure au Collège de France, titulaire de la chaire de Philosophie des sciences biologiques et médicales, de 2000 à 2009. Depuis, elle y est professeure honoraire. Elle est également élue en 2002 membre de l’Académie des Sciences, en section Biologie humaine et sciences médicales. En parallèle, elle mène une activité hospitalière, en tant que médecin attachée (1979-1984), puis médecin spécialiste attachée (1984-2003) à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. Ses travaux portent sur l’histoire et la philosophie des sciences du vivant. Auteure de plusieurs livres, elle a notamment écrit l’ouvrage Médecine et philosophie, publié en 2010 aux Presses universitaires de France, et co-écrit avec Daniel Andler et Bertrand Saint-Sernin l’ouvrage de synthèse en deux volumes, Philosophie des sciences, publié en 2002 aux éditions Gallimard.

    Introduction

    2Ce qui suit est un simple témoignage.

    3Comment je me situe par rapport aux questions posées :

    4– des 4 questions j’en fais 3 (les deux dernières étant jointes),

    5– ma formation est en histoire et philosophie des sciences (HPS) et non pas en histoire seule,

    6– mon style en histoire des sciences est à peu près celui que Canguilhem a défini comme celui de l’Institut d’histoire des sciences1 : le « style français » (histoire et philosophie des sciences sont rarement tout à fait dissociables),

    7– ma spécialité c’est les sciences de la vie, mon domaine scientifique de compétence est la médecine, et les neurosciences vues à travers la psychiatrie,

    8– je crois que la pratique de l’HPS requiert une formation scientifique solide,

    9– l’histoire des sciences est faite par des individus qui ont la patience et la minutie d’aller chercher dans les archives, de comparer les sources, bref d’aller sur le terrain ; le rôle des institutions est de rendre les archives disponibles, et les laboratoires accessibles ; actuellement l’internet joue un rôle important dans l’accès aux archives, mais ce qui peut se faire par cette voie n’est pas encore clair,

    10– en HPS mon repérage est de personnes ou d’œuvres, plutôt que d’institutions,

    11– dans ce qui suit « HPS » signifie toujours « histoire et philosophie des sciences ».

    [Question 1]
    Le parcours, en bref

    12– Je suis entrée dans le domaine de l’histoire des sciences lors de mon séjour aux États-Unis (1967-71, Stanford University, PhD 1971).

    13– Mon parcours antérieur était un parcours français classique de jeune philosophe : bac philo 1955, classe prépa (hypokhâgne et khâgne, lycée Fénelon), ENS filles (Jourdan, 1957-1961), licence de philo à la Sorbonne, DES2 sous la direction de René Poirier 1960, agrégation de philosophie 1961, cinq années (1961-1966) d’enseignement de la philosophie pour le baccalauréat (4 ans au lycée de filles de Douai, un an au lycée Hélène Boucher à Paris).

    14– La motivation pour aller aux États-Unis fut que, chargée de faire des cours de philosophie à la Sorbonne, au département de psychologie, sous la direction de Gilbert Simondon (1966-1967), à un moment où la psychologie se dissociait de la philosophie et s’affirmait comme science, j’ai voulu apprendre la philosophie des sciences.

    15– À l’époque, la philosophie des sciences était plus ou moins identifiée à la logique mathématique, et il n’existait à la Sorbonne aucun enseignement de logique mathématique.

    16– L’enseignement de la logique des sciences le plus réputé était celui du polonais (émigré aux USA) Alfred Tarski, à l’University of California Berkeley. Mais en raison d’un congé sabbatique du professeur qui s’occupait des étudiants de première année, Berkeley me redirigea vers Stanford Univ., où je fus accueillie par Patrick Suppes, et orientée vers la filière spécialisée en histoire et philosophie des sciences qui moyennant un concours sur programme (« prelims ») conduisait au PhD en HPS.

    17– À Berkeley, la philosophie des sciences, enseignée dans le département de philosophie, se distinguait clairement de l’histoire des sciences, enseignée dans le département d’histoire (Roger Hahn). À Stanford, Suppes (qui enseignait la logique) entretenait des liens étroits avec nombre de scientifiques, et la présence d’un ancien élève de Whitehead parmi les professeurs dans un département où tout le monde se parlait (les étudiants n’étaient pas plus nombreux que les professeurs) rendait tout le monde conscient que la philosophie des sciences doit tenir compte de la dimension historique des sciences.

    18– C’est à Stanford, en fouillant dans les bibliothèques et dans les archives de la faculté de médecine, que j’ai trouvé le thème de ma (future) thèse d’État : l’évolution de la classification internationale des maladies, à partir des listes de causes de mort – Patrick Suppes et Wesley Salmon me confirmèrent l’intérêt du sujet.

    Les personnes qui m’ont initiée à l’HPS

    19– À Stanford University j’ai suivi les enseignements de (et j’ai maintenu des liens avec) : Patrick Suppes (1922-2014), Jean van Heijenoort3 (1912-1986), Georg Kreisel4 (1923-2015), Jaakko Hintikka5 (1929-2015), Solomon Feferman6 (1928-2016), et aussi Dana S. Scott, Andrzej Ehrenfeucht, Dag Prawitz, Dagfinn Follesdal, Daniel Lacombe, Ian Hacking...

    20– Rencontrés à Berkeley occasionnellement : Alfred Tarski (1901-1983), qui parlait un excellent français ; Karl Popper (1909-1994), qui lors d’une conférence piqua une énorme colère devant Tarski et une salle de 300 personnes ; Paul Feyerabend (1924-1994), très amical, volubile, histrionique ; et l’historien Roger Hahn7, charmant.

    L’institution : le programme des « prelims »

    21Les prelims étaient un examen du niveau de notre agrégation, qui servait à filtrer les étudiants jugés aptes à faire une thèse de doctorat (un PhD en HPS). Les étudiants dont le résultat était jugé insuffisant recevaient un master et quittaient l’université.

    22À l’écrit il y avait une épreuve de logique, et une épreuve de méthodologie, que les étudiants préparaient seuls, en cherchant dans les livres ou les notes prises aux cours qu’ils avaient suivis.

    Logique : Object language vs. metalanguage, syntax and semantics / Propositional logic / Predicate logic / Limitations of formal systems and decidability / Set theory / Philosophy of mathematics (Hilbert’s program, intuitionism, predicative set theory, logicism).

    Methodology : Scales / Cantor’s theorem / Russell’s paradox / Schröder-Bernstein’s theorem / Representation and uniqueness theorem / Measurement of utility and probability by Ramsey’s method / Event, experiment, independence / Bayes theorem / Bertrand’s paradox / Foundations of probability theory / Two concepts of probability, one empirical, one logical ? / Expected utility hypothesis / Causality ...

    Le style HPS à Stanford

    23– Lorsque j’étais à Stanford, le principal souci en HPS était de dégager les « fondements » des sciences, en explicitant les axiomes dont pouvaient être déduits les résultats scientifiques. La tâche du philosophe était de formuler les axiomes, de prouver leur cohérence, et autant que possible leur non-redondance. Je me souviens d’un petit livre du psychologue européen Jean Piaget, dont Suppes m’avait demandé d’axiomatiser un fragment théorique, pour montrer que la théorie était cohérente... à condition que les modèles auxquels elle s’appliquait ne comptent qu’un seul élément ! Piaget était ridiculisé. Une philosophie analytique des sciences, qui utilise la logique comme une technique pour « analyser » le langage scientifique, est une philosophie des sciences anhistorique.

    24– L’arrière-plan de cette approche était le dogme de l’unité de la science8, hérité du Cercle de Vienne, développé aux USA principalement par Rudolf Carnap9, et assorti d’un discret empirisme logique. LA science (au singulier) était conçue comme un vaste édifice dont il fallait, au moyen de la logique, consolider la structure et relier les parties (notons que cette ambition n’est pas si éloignée de celle de Descartes10). Ainsi on espérait montrer que la physique se « réduit » aux mathématiques, et les mathématiques à la logique, en suivant le chemin tracé en 1910-1913 par Russell et Whitehead11. Les mathématiciens de Stanford discutaient des axiomes de Peano et des diverses façons d’axiomatiser l’arithmétique. Patrick Suppes disait qu’étant jeune, il aurait voulu être « le Bourbaki de la physique12 ». Mais plus tard il s’est rendu compte que la « réduction » est rarement possible13.

    25– Ce style de philosophie analytique des sciences a régressé aux USA dès la fin du xxe siècle, il n’a jamais été dominant en UK, il subsiste en Europe. Ainsi, à l’IHPST (rue du Four, Paris)14, la dominante (assumée par Maximilian Kistler, directeur) est en 2016 « une philosophie des sciences sans histoire des sciences ». On trouve aussi cette position, mais relativisée à une histoire et à un contexte socioculturels, dans le livre (traduit en anglais) de Vyacheslav Stepin15 (Russian Academy of Science, Moscow), sur la « connaissance théorique ». L’auteur distingue trois états successifs du savoir : la science classique (une approche naïvement « scientifique » du monde), la science non classique (notion de « théorie » dont les axiomes ne peuvent pas être vérifiés empiriquement : c’est la position « analytique », manière Carnap et Neurath), et la science « post-non-classique » (qui intègre la notion d’évolutionnisme).

    Faire l’histoire vs. étudier l’histoire

    26– À Stanford U (et UC Berkeley) dans les années 1960-1970, les enseignants de la filière HPS avaient conscience de vivre l’histoire d’une nouvelle discipline qui s’intéresserait aux sciences de façon exigeante et rigoureuse (et non pas littéraire, voire mythique). Il ne s’agissait pas de chanter les louanges de tel ou tel grand homme de science, mais d’examiner les propositions scientifiques, et de les tester, pour voir jusqu’où elles résistaient à la critique. Il s’agissait aussi de fournir aux sciences émergentes les moyens techniques de se développer dans la rigueur scientifique : ainsi les travaux sur la théorie de la mesure16 visaient à donner aux sciences humaines et sociales des outils méthodologiques fiables17.

    27– Il était évident pour tous qu’être un étudiant en HPS nécessite une formation scientifique, la connaissance d’au moins deux langues, et une intelligence de l’histoire de la discipline. Le second réquisit fut abandonné plus tard (l’anglais a prévalu), mais le premier et le troisième réquisits ont tenu. J’approuve ces règles. En particulier, je pense qu’une bonne histoire des sciences nécessite une bonne formation dans la science dont on traite.

    28Ainsi à Stanford ai-je suivi (et validé) une partie des cours de la filière spécialisée en HPS dans le département de mathématiques ; j’ai pris les cours d’allemand donnés à Stanford ; et dans la bibliographie de ma thèse de PhD on trouve Kant (1790), Durkheim (1895), Pradines (1920), Ducasse (1925), Cannon (1939), Braithwaite (1946-7), aussi bien que Burks (1951), Nagel (1953), Hempel (1965), Pap (1958), Davidson (1963), et Suppes (1970).

    29Ma thèse de doctorat de philosophie (PhD) :

    Fagot A., Causal vs. teleological explanation of behavior, Ph.D. dissertation, Stanford, California: Stanford University Press, 1971.

    30– Je note par ailleurs que je ne me souviens d’aucune allusion à des « révolutions » scientifiques, ni aux travaux de Thomas Kuhn18, dans les enseignements HPS donnés à Stanford.

    [Question 2]

    31Le domaine HPS où j’entre en 1971, quand je reviens en France après avoir soutenu mon PhD américain, est très différent de ce que j’ai dit ci-dessus du domaine HPS américain.

    32Je vais tenter de caractériser ici le domaine HPS européen.

    33Je distingue deux temps successifs :

    34– d’abord (1971-1986) ce que je distingue à mon retour des US, lors de l’installation à Créteil, avec l’héritage de mai 1968 dans une université fraîchement créée (étudiants plus faibles que mes anciens élèves de terminale, enseignants peu nombreux) ;

    35– ensuite (1987-) devenue professeur à Nanterre, puis Paris-1, puis au Collège de France, mes responsabilités changent (direction de thèses, travail en équipe, publication), et l’état des choses aussi a changé.

    Première période : années 1970-1987

    36– J’entre dans l’univers « continental » de l’histoire des sciences au moment (automne 1971) où je reviens des États-Unis à la demande de Georges Canguilhem, pour occuper un poste d’assistant à Créteil, UPVM (Paris 12), département de philosophie. Cette période d’après 1968 est troublée, les repères académiques sont inexistants, Créteil est une friche en voie d’urbanisation, les étudiants sont en révolution perpétuelle. Le département de philosophie compte trois enseignants : un professeur (Olivier Bloch19, qui partira à l’université Paris 1), un maître-assistant, un assistant. Pas de bibliothèque. Pour compenser le vide intellectuel : en marge de mes tâches d’enseignement, je suis un cursus médical, à la Faculté de médecine de Créteil, seul morceau déjà consolidé de cette université – il fallait toutefois montrer sa carte d’étudiant pour accéder aux cours, j’ai donc pris la carte, donc j’ai été convoquée aux examens, donc j’ai accédé au diplôme (MD20 1978, CES 1984 spécialité psychiatrie).

    37– Alors qu’aux US le domaine HPS était constitué, en France au début des années 1970 il paraît marginal, avec d’un côté un Institut d’histoire des sciences et des techniques (IHST) annexé à la Sorbonne (puis à l’université Paris 1), et d’un autre côté des professeurs de sciences qui se sont groupés pour réclamer que l’histoire des sciences soit enseignée aux élèves et étudiants de sciences. Apparemment il n’existe aucun lien entre les deux.

    Les personnes

    38– Cherchant des repères, j’identifie en France (et ai des échanges avec) :

    39Roger Martin (1920-1979) à Paris 521, René Taton (1915-2004)22 (1915-2004), Claire Salomon-Bayet (1932-2016)23 ; Georges Canguilhem (1904-1995), et ses successeurs à la direction de l’IHST : Suzanne Bachelard (1919-2007), Jacques Bouveresse (1940-2021), François Dagognet (1924-2015), J.P. Séris (1941-1994) ; puis Jean-Louis Gardies24 (1925-2004) et Jackie Pigeaud25 (1937-2016) à Nantes, Gilles Gaston Granger26 (1920-2016) à Aix-en-Provence, Hervé Barreau (CNRS, 1929-2014) à Strasbourg, Mirko Grmek27 (1924-2000) à l’EPHE, Jean Largeault28 (1931-1995) qui enseigne la logique à la Sorbonne devenue université Paris 4, puis devient professeur à Toulouse-le-Mirail (succédant à Robert Blanché), et Jacques Merleau-Ponty29 (1916-2002) à Nanterre. J’invite J. Merleau-Ponty à venir faire un cours d’histoire des sciences à l’université Paris 12 (Créteil), ce qu’il fait de très bonne grâce et avec succès.

    40(Je connaissais l’existence de Pierre Costabel (1912-1989) et de Jean-Robert Armogathe dont Crombie parlait souvent ; mais je les ai peu rencontrés).

    41– Les repères et soutiens côté médecine : Georges Lanteri-Laura, psychiatrie30 (1930-2004), André Bourguignon, psychiatrie (1920-1996), Jacques Poirier (histologie).

    42– À l’Institut Pasteur : Jacques Monod31 (1910-1976), François Jacob32 (1920-2013), André Lwoff33 (1902-1994) (je n’ai bien connu personnellement que François Jacob).

    43– Mes repères hors de l’hexagone : à Oxford : Alistair C. Crombie34 (1915-1996), L. Jonathan Cohen35 (1923-2006) ; à Bruxelles : Jean Ladrière36 (1921-2007), et plus tard Paul Gochet37 (1932-2011), Gilbert Hottois38 (1946-2019) ; à Genève : Jean Starobinski39(1920-2019), Jeanne Hersch40 (1910-2000). Suis deux fois invitée aux Rencontres internationales de Genève, et vais souvent à Oxford (pour des recherches relatives à ma thèse d’État).

    44– Aux USA je suis restée en rapport avec Pat. Suppes, les Feferman, Wesley C. Salmon41, et j’ai appris à connaître Tris Engelhardt42.

    Un cas parmi d’autres : la pratique cristolienne

    45– Sur place, je contribue à lancer à Créteil un « atelier d’épistémologie » qui réunit des collègues de sciences, histoire, philosophie et médecine. Ce groupe organise, entre autres, un colloque franco-britannique en 1979, sur le thème des stratégies probabilistes en médecine, et particulièrement les procédures bayesiennes43. Les actes sont publiés44. Il lance aussi une série de cours sur les cinq sens (approche historique, scientifique, artistique).

    46Les liens noués avec la Faculté de médecine sont précieux, mais il ne faut pas trop en attendre. Avec le soutien du Pr Poirier (chaire d’histologie) il y a création, au cours des années 1980, à la Faculté de médecine de Créteil, d’un Département d’histoire et philosophie de la médecine. Grmek vient nous encourager, Lanteri-Laura y enseigne volontiers, j’en suis le coordinateur (bénévole) de 1985 à 1987 : mais en fait, les étudiants en médecine ne suivent que les cours obligatoires, et l’HPS n’est bien sûr pas obligatoire. Par contre, quelques étudiants en économie viennent suivre les cours de logique et/ou de méthodologie des sciences dans le département de philosophie (à la Faculté des lettres).

    47– Pour passer de l’état d’assistant à celui de maître-assistant je dois passer un examen (on me dit que mon PhD américain ne compte pas) ; je rédige en 1972 un texte (150 pages) intitulé : Recherche des causes par les probabilités. L’exemple du sex-ratio. La recherche qui sous-tend cette monographie me fait connaître les travaux des mathématiciens français sur la causalité, 18-19e siècles. J’aurai par la suite l’occasion d’en parler avec P. Suppes, très intéressé. Mais on me dit à Paris qu’il ne faut surtout rien publier avant d’avoir soutenu sa thèse. J’accède donc au statut de maître-assistant, mais la monographie (qui est essentiellement un texte d’histoire des sciences) reste non publiée.

    48– Devenue maître-assistant, je suis censée préparer un Doctorat d’État. La recherche d’un directeur se révèle compliquée. Gilbert Simondon se propose spontanément, mais il est malade. Jules Vuillemin, que je connais pour avoir suivi ses cours à l’ENS, et qui a encouragé mon départ aux USA, me dit qu’il ne dirige plus de thèses depuis qu’il est professeur au Collège de France. Il m’envoie à Maurice Clavelin (université Paris 4), qui accepte, mais souhaite que je fasse de la logique (ni médecine, ni probabilités). Aurais-je trouvé plus d’ouverture à l’Institut d’histoire des sciences de la rue du Four ?

    L’histoire des sciences à l’IHS (1932) devenu IHST (35), puis IHPST (1989)

    49L’évolution de l’IHST a été retracée par Jean Gayon45.

    50Créé par Abel Rey en 1932, avec pour objectif d’enseigner l’histoire des sciences et des techniques à l’université, l’IHS, vite devenu IHST, est dirigé de 1940 à 1955 par Gaston Bachelard, qui est en même temps professeur à la Sorbonne. Georges Canguilhem lui succède avec les mêmes prérogatives, de 1955 à 1971. Canguilhem prend sa retraite en 1971. Il a créé depuis 1967 au sein de l’IHST une petite équipe de chercheurs CNRS (dont aucun membre ne paraît soucieux de diriger des thèses). La personne qui lui succède (comme professeur université Paris 1 et directeur de l’équipe CNRS) est Suzanne Bachelard (de 1971 à 1984), avec qui j’aurai des rapports amicaux : mais elle s’intéresse aux sciences « dures » plus qu’à la médecine. Jacques Bouveresse prendra le relais dans les mêmes fonctions (de 1984 à 1988).

    51Si pendant cette période mes relations avec la rue du Four sont assez distendues, ce n’est pas seulement parce que le patron de thèse idéal qu’eût été pour moi Canguilhem n’est plus disponible, c’est probablement aussi parce que la rue du Four est en train d’amorcer un glissement : de l’histoire des sciences vers la logique et la philosophie, et (en partie sous l’influence de Bouveresse), vers une philosophie des sciences de style analytique : un style que j’ai connu aux USA, et avec lequel je vais prendre quelque distance. En 1989, juste après que François Dagognet a succédé à Bouveresse, l’Institut d’histoire des sciences et des techniques (IHST) devient Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST).

    Pour mémoire, les directeurs successifs de l’Institut d’histoire des sciences (tous sauf Rouilhan et Dubucs) étaient en même temps professeurs à la Sorbonne, ou après mai 1968 à université Paris 1) : Abel Rey 1932-1940, Gaston Bachelard 1940-1955 (secrétaire général Pierre Ducassé 1933-1955), Georges Canguilhem 1955-1971 avec création en 1967 au sein de l’IHST d’une unité CNRS, Suzanne Bachelard 1971-1983, Jacques Bouveresse 1984-1988, François Dagognet 1988-1991, Jean-Pierre Séris 1991-1994, Ph de Rouilhan & AFL 1995-2000, Jacques Dubucs 2002-2010, Jean Gayon 2010-2016, Maximilian Kistler (2016-). C’est dans la période de flottement qui suit la mort de Séris que le CNRS s’empare de l’Institut, réduit à son sigle, qui désigne l’unité CNRS, alors essentiellement composée de chercheurs en logique ou philosophie de la logique. L’apport de Gayon sera de revivifier la rue du Four par l’arrivée des jeunes étudiants inscrits dans l’École doctorale de philosophie, et dont la recherche a trait à l’histoire et/ou la philosophie des sciences.

    La Société française d’histoire des sciences et des techniques (SFHST)

    52Créée en 1980, présidée par Jacques Roger46, elle organise dès octobre (les 9-10-11 oct. 1980), à Nantes, trois « Journées sur l’enseignement de l’histoire des sciences ». J’ai participé à ces journées, j’en ai encore le programme, la liste des participants et les résumés d’interventions.

    53L’âme de ces Journées, qui réunissent près de 200 participants, est Jean Dhombres47 (Pr Univ Nantes), assisté de Pierre Dugac (université Paris 6) et Jean Rosmorduc (UBrest).

    54La première matinée (9 octobre, à la Fac des sciences) est ouverte par une conférence de J. Roger sur la toute neuve SFHST, suivie d’un rapport de Rosmorduc sur « l’enseignement en France de l’histoire des sciences aux scientifiques », et d’une comparaison avec les expériences étrangères : témoignages de Hall (UK), Gillispie (USA), Halleux (Belgique). L’après-midi Houzel donne « quelques réflexions sur l’histoire des mathématiques », puis on se répartit en commissions par disciplines : mathématiques Houzel, Sebestic (logique), Dugac, Caveing (épistémologie)/mécanique et astronomie Costabel, Débarbat/physique-chimie Rosmorduc, Sadoun-Goupil/sciences de la nature & médecine Roger, Duminil, Pujol/sciences sociales et humaines Pétard, Lécuyer, Normand, Le Marc, Drouard/commission pluridisciplinaire Ducasse, Cherkaoui.

    55La journée du 10 octobre (à la Fac des lettres) s’ouvre sur deux conférences : Coumet « sur l’histoire de l’enseignement de l’histoire des sciences », Costabel sur « l’enseignement de l’histoire de la mécanique », puis une table ronde « épistémologie, histoire des techniques, innovation » (Loi, Drouard, Coumet, Souffrin). L’après-midi Pacault donne un exposé suivi de discussions sur la « stratégie didactique d’intégration de l’histoire des sciences et de l’épistémologie dans les cursus scientifiques » ; puis on se répartit en commissions, cette fois par niveaux d’enseignement : enseignement secondaire (Cassinet, Hulin48, Giordan)/DEUG des instituteurs et formation des maîtres (Durier, Chevalley de Buzon)/1er cycle université (Bakouche, Brouzeng, Noel, Fagot, Durand)/2e cycle d’université (Gilain, Hurwic, Souffrin, Diara, Tran Huan)/formation continue (Ducasse, Sahlers)/sciences sociales et humaines : histoire de la sociologie (Lécuyer), de la psychologie (Pétard), de la statistique (Matalon). Suit une réunion plénière animée par René Taton.

    56La dernière matinée traite des « modalités pratiques d’introduction de l’histoire des sciences dans les différents cursus ; problèmes de carrière pour ceux qui enseignent l’histoire des sciences ; et rédaction d’une lettre aux autorités de tutelle ».

    57Il était prévu une publication des actes de ce colloque, cf. lettre de J. Dhombres aux « participants de l’Enseignement de l’histoire des sciences ». Je n’ai pas eu connaissance de cette publication. Je recopie ici mon propre rapport (Dhombres recommandait que les contributions soient brèves).

    Vendredi 10 octobre 1980, après-midi.

    Commission 1e cycle d’université.

    Histoire de la biologie.

    L’histoire de la biologie s’étudie, soit en option spécifique, soit intégrée aux cours de sciences. Les participants insistent pour que dans tous les cas, les connaissances acquises soient validées (notes, examens), ce qui n’est peut-être pas entièrement compatible avec le voeu, par ailleurs formulé, que cet enseignement éveille l’esprit critique.

    Beaucoup déplorent le niveau scientifique très faible des étudiants du premier cycle, qui rendrait illusoire un enseignement historique, dans la mesure où l’étudiant est incapable de comprendre le passé en fonction des connaissances présentes (on se plaint que le temps du cours d’histoire est perdu à exposer des acquis scientifiques « élémentaires »). On répond qu’il est vicieux 1) d’opposer la ‘vérité ‘ scientifique actuelle aux « erreurs » passées, 2) de taxer les étudiants d’ignorance. À Paris-XII, plusieurs expériences d’initiation aux sciences de la vie et à leur histoire ont été réalisées, par un groupe multidisciplinaire d’enseignants, pour un public naïf (étudiants de philosophie pour une part). Ainsi sur ‘l’oeil et la vision’. Quand un ophtalmologiste a expliqué l’anatomie de l’oeil, il n’a pas rendu ridicule l’optique de Descartes ou celle de Newton, lues et exposées par nos étudiants. Et le compte rendu par un biophysicien de l’évolution récente des idées sur la structure de la rétine a appris beaucoup de choses, non seulement aux étudiants, mais aussi à ses collègues neurologistes ou psychologues venus l’écouter. La spécialisation scientifique présente fait qu’un enseignant est souvent plus ignorant de disciplines voisines de la sienne propre, que les étudiants du premier cycle eux-mêmes. Il n’y a pas de honte à cela : c’est seulement une raison pour l’historien d’être modeste. 

    Bilan de la période 1971-1987

    58– J’ai appris beaucoup d’histoire des sciences, directement en préparant mon doctorat, ou indirectement à l’occasion d’autres travaux. Directement, en utilisant les ressources disponibles : Oxford Bodleian Libraries, bibliothèque de l’OMS à Genève, Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’INSERM en banlieue parisienne, etc. ; et j’ai parlé avec les personnes qui, à Londres, Genève ou Paris, s’occupaient des statistiques mondiales de mortalité (l’internet n’existait pas à l’époque). Indirectement, en saisissant des occasions. Par exemple Paul Ricoeur, à la fin des années 1970, me demande d’écrire à sa place, pour la série des Chroniques décennales de l’Institut International de Philosophie (IIP)49, un essai sur le thème « science et éthique ». Je découvrais un sujet dont je n’avais jamais eu aucune idée. Je me suis abonnée au Hastings Center Report50, qui m’a permis de tirer nombre de fils pertinents. De fil en aiguille j’ai pu entrer dans le sujet et écrire un texte. Ce texte a été publié51. Il a aussi été traduit et publié en norvégien. Il a été réédité en 1985 chez Maloine. La recherche qui sous-tend ce texte m’a énormément appris sur l’histoire des sciences biomédicales entre 1965 et 1980, et sur l’importance pour les chercheurs du tournant soixanthuitard (« science for the people »).

    59– Patrick Suppes avait habitué ses étudiants à relire les articles qu’il écrivait, et à les critiquer. Ayant écrit un article sur la logique du raisonnement médical (diagnostic), j’ai cherché depuis Créteil à qui je pouvais demander de le relire. Je l’ai envoyé à Jean Largeault. L’article fut publié en 1982. Inversement, j’avais très vite pris connaissance du volume de Largeault : Hasards, probabilités, inductions, lancé fin 1979 en souscription à 73 F par les Publications de l’Université de Toulouse-le-Mirail, paru en 1980. J’en avais fait un compte rendu pour la Revue de Synthèse. À cette époque, je ne voyais personne d’autre en France que Largeault, avec qui je puisse échanger sur l’histoire du raisonnement probabiliste, alors que je savais que tous les mathématiciens français du xixe siècle s’étaient intéressés à la question, et que si j’avais rédigé le papier en anglais j’aurais facilement trouvé des relecteurs à Stanford ou Berkeley.

    60– J’ai indiqué que mon patron de thèse, Maurice Clavelin, travaillait dans un domaine éloigné de mon sujet. Il accepta fin 1983 que je change de tutelle. Je terminai ma thèse d’État sous la direction de Jacques Merleau-Ponty, excellent relecteur et précieux conseiller. Ce fut un temps de bonheur. La thèse fut soutenue à Nanterre le 11 02 86. Publication des tomes I et II :

    Fagot-Largeault A., Les causes de la mort. Histoire naturelle et facteurs de risque, Collection : « Science, Histoire, Philosophie », Lyon : IIEE & Paris : Vrin, 1989 (ISBN 2-7116-9611-1, xviii+420 p.).

    Seconde période : années 1987-2010

    61Professeur des universités, à Nanterre (université Paris 10, 1987-1995) et à Paris 1 (université Paris 1, 1995-2000), je deviens aussi membre de l’Institut universitaire de France (1992-1997 et 1997-2002), puis professeur au Collège de France (2000-2009), et membre de l’Académie des sciences (Institut de France, 2002-). En même temps je reste depuis 1979, et jusqu’en 2003, un jour par semaine, médecin praticien, attaché à l’Assistance publique de Paris. Cela implique des responsabilités : choix du style d’enseignement, direction de thèses ou HDR sur des sujets HPS (32 entre 1988 et 2007), lecture de thèses dirigées par des collègues et jurys de soutenance (plus de 50 dans la même période), participation à des comités divers : par exemple, j’ai longuement fait partie du Conseil National des Universités, 72e section : Épistémologie – Histoire des sciences, j’ai été membre du Conseil Scientifique de la Cité des sciences (2006-2008), et du Haut Conseil pour la Science et la Technologie (2006-2009). Je ne retiens dans ce qui suit que ce qui me paraît réellement instructif pour le travail qu’on peut faire en histoire des sciences.

    Les personnes

    62– Quand les anciens thésards deviennent des collègues, on voit s’affirmer leurs choix. Ainsi M.-H. Parizeau à Québec, université Laval, s’intéresse à l’histoire des sciences de l’environnement et aux nanotechnologies ; Alain Leplège à l’INSERM, puis à l’université Paris-Diderot (université Paris 7), Département d’Histoire et de Philosophie des Sciences, s’intéresse (entre autres) à l’histoire des mesures de la qualité de vie.

    63– La collection « Science-histoire-philosophie » de Michel Delsol (où je publie ma thèse) recèle nombre de bons livres, ex. Hervé Le Guyader52, Olivier Perru53 ;

    64– et il y a des surprises : Bernard Teyssèdre 54 ;

    65– hors de l’hexagone des liens se nouent avec Philippe van Parijs55, Jean-Noël Missa56, Pascal Chabot57, Vincent Barras58, Pietro Corsi59 (EHESS, université Paris 1, Oxford...), ainsi que François Duchesneau (Ottawa), Bernard Feltz (Louvain-la-Neuve), Camille Limoges (Montréal), Lubos Novy (Prague), Lennart Nordenfelt (Suède), Jean-Claude Pont (Genève), Merrilee Salmon (Pittsburgh), Gabriel Sandu (Helsinki), Michael Ruse (Ontario, Canada), Elliott Sober ( Madison, Winconsin), etc. ;

    66– ou j’admire de loin Ernst Mayr60, Luca & Francesco Cavalli-Sforza61 ;

    67– s’ajoutent à mes grands repères en France :

    68Charles Galperin62, ses contributions à la Revue d’histoire des sciences, et son soutien indéfectible à la Société d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, ainsi qu’au Bulletin de cette société,

    69Michel Morange63, son enseignement à l’ENS (auquel j’ai participé), et ses remarquables publications en histoire de la biologie,

    70Pascal Acot64, sympathique figure de l’IHPST, et son Histoire du climat, en fait histoire de l'écologie scientifique et des sciences de l’environnement ; et Bernadette Bensaude-Vincent, membre de l’Académie des technologies,

    71Claude Debru65, qui m’a rejointe à l’Académie des sciences, s’occupe du Comité d’histoire des sciences de cette académie,

    72Gerhard Heinzmann66, à Nancy, fondateur des Archives Henri Poincaré, et président de l’Académie internationale de philosophie des sciences,

    73Jean Gayon67, co-auteur de nombreuses publications collectives, a rendu son lustre à l’IHPST,

    74et surtout

    75Bertrand Saint-Sernin68, et Daniel Andler69 : avec eux j’ai animé pendant dix années un séminaire interuniversitaire (université Paris 10, université Paris 4, université Paris 1, ENS), qui a abouti à la publication d’un livre, qui pour s’intituler « philosophie des sciences » n’en contient pas moins beaucoup d’histoire des sciences, et qui montre qu’un travail de recherche collectif, quoique (ou parce que) très exigeant, est possible :

    Andler Daniel, Fagot-Largeault Anne, Saint-Sernin Bertrand, Philosophie des sciences, Paris: Gallimard, 2002, Coll. Folio, 2 volumes. (ISBN 2-07-041866-9 et 2-07-042490-1, 1334 p.).

    76Ce séminaire, où discutaient ensemble scientifiques, historiens, sociologues et philosophes, n’a pas été repris, mais un séminaire du même genre existe à présent au département d’économie de l’université Paris I : c’est le « Cercle d’épistémologie économique », animé par Annie L. Cot. Il existe aussi depuis longtemps des séminaires d’histoire et/ou philosophie des mathématiques, comme (à l’EHESS) le séminaire d’Histoire du calcul des probabilités et de la statistique, cher à Marc Barbut, animé maintenant par Thierry Martin, Éric Brian, etc.

    Les institutions

    Histoire de la médecine : comment se fait l’histoire, un exemple

    77L’épidémie de SIDA fut identifiée en juin 1981, le lien de cette maladie avec un rétrovirus est établi en 1983-84, on cherche alors des médicaments antiviraux susceptibles d’enrayer la maladie. Des essais thérapeutiques de grande envergure s’ensuivent (avec typiquement deux exemplaires du même genre d’essai, un en Amérique du Nord, l’autre en Europe-Australie). En coordination avec le comité d’organisation dirigé côté français par le Pr Maxime Seligmann, j’ai co-présidé (avec un collègue britannique) le DSMC (Data and Safety Monitoring Committee) des essais cliniques internationaux Concorde (MRC/INSERM-ANRS, 1988-92), Alpha (ANRS/MRC, 1991-92), Delta (ANRS/MRC, 1992-95), Adhoc (EC-HIV-Connect, 1996-99), Initio (ANRS-MRC, 1999-2004). Les résultats de ces essais ont été publiés dans des journaux scientifiques. L’essai Concorde, étant donné son importance décisive, a fait l’objet ensuite d’un récit historique, rédigé au nom du Comité de coordination par le statisticien Peter Armitage :

    Concorde Coordinating Committee, “Concorde: MRC/ANRS randomised double-blind controlled trial of immediate and deferred zidovudine in symptom-free HIV infection”, Lancet, Saturday 9 April 1994, Vol. 343, N° 8902, Pages 871-881.

    78La Société européenne de philosophie de la médecine et de la santé (European Society for the Philosophy of Medicine and Health Care : ESPMH) fut créée en Hollande en 1987 (par Henk ten Have). J’ai été tôt sollicitée pour en être. J’en ai été présidente de 1993 à 1995, et à ce titre je fus responsable scientifique du congrès mondial "Médecine et Philosophie" (Paris, 1994) et éditeur des Actes du congrès.

    79Cette société européenne formait un groupe très multilingue, qui se réunissait annuellement (chaque fois dans une ville différente, nous faisions ainsi le tour de l’Europe), et qui publiait un petit bulletin. Le projet de créer un vrai journal, sérieux et référencé, fut discuté en assemblée générale, une AG que je présidais (à Paris, 1994). Je défendais la thèse du plurilinguisme, arguant que nous avions au bureau des natifs de toutes les langues européennes, capables de lire tous les projets d’articles, et de traduire ceux qui seraient sélectionnés pour la publication. Le fondateur de la société proposait que notre « official peer-reviewed journal » n’accepte en lecture que les articles rédigés dans un bon anglais. J’ai été mise en minorité, ten Have a gagné. Une revue strictement anglophone a été créée : Medicine, Health Care and Philosophy, publiée chez Springer. Je suis assez souvent sollicitée comme referee, pour évaluer des articles candidats à la publication. Le choix linguistique a fait que la clientèle de cette revue appartient à l’Europe du Nord, et que beaucoup d’articles lui viennent des USA. Les archives ou documents proprement européens sont largement ignorés. J’estime avoir là échoué à favoriser une documentation scientifique européenne.

    80Par contre, cette réunion de Paris qui se tenait en 1994 au Quartier latin, dans les locaux de l’ancienne École polytechnique, fut un immense succès, et grâce à l’ingéniosité de mes jeunes assistants (Legrand et Monod) les Actes en furent publiés sous forme numérique (une première !), le CD arrivant avec la prochaine livraison du bulletin de l’ESPMH :

    Médecine & Philosophie / Medicine & Philosophy, Actes du Premier Congrès Mondial / Proceedings of the First World Congress, La Sorbonne, Paris, France, 30 mai-4 juin 1994, édité sous la direction de/edited under the direction of A. Fagot-Largeault & G. Huber, par C. Legrand & P. Monod, Paris: Onotaxis, 1995, European Philosophy of Medicine and Health Care, Bulletin of the ESPMH, 1995, vol. 3:3, Special Issue, CD-Rom (ISSN : 0928-7493).

    81L’Union internationale d’histoire et philosophie des sciences et des technologies70 (IUHPST) est composée de deux « divisions soeurs » : celle d’histoire (DHST) et celle de logique, méthodologie et philosophie (DLMPST). Leurs congrès alternent. J’ai participé (et présenté une communication) à plusieurs congrès de la DLMPS(T) : Florence 1995, Oviedo 2003, Beijing 2007, Nancy 2011, Helsinki 2015. J’ai été membre du bureau de la DLMPST sous la présidence du mathématicien anglais Wilfrid Hodges (2007-2011). J’ai participé aux assemblées générales de Nancy et Helsinki. À Helsinki a été votée une résolution visant à renforcer l’union entre les deux divisions. Les rapports entre DLMPST et DHST (entre philosophes et historiens des sciences) n’ont pas toujours été simples. Jean Gayon (directeur de l’IHPST) a été membre du bureau de la DHST (2013-2017). Il m’est arrivé de participer aux congrès de la DHST, en particulier à celui de Budapest (2009), où eut lieu une confrontation entre les deux bureaux, celui des philosophes qualifiés de « logiciens » par les historiens, et celui des historiens d’alors, qui se prétendaient plus « philosophes » que ceux qu’ils appelaient logiciens. Cela s’expliquait par les péripéties d’une dérive de la DHST vers le tiermondisme, récupérée et redressée par une poignée de philosophes américains.

    82Dans ces grands congrès internationaux, les stratégies politiques sont plus importantes que la science, et si à Nancy le président élu Elliott Sober (USA) a succédé à Wilfrid Hodges (UK), qui lui-même succédait à Adolf Grünbaum (USA), le secrétaire général étant durant ce temps Dag Westerstahl (Suède), puis Peter Schroeder-Heister (Allemagne), c’est que la division des « philosophes des sciences » est prudemment restée dans les eaux occidentales, tandis que la division des « historiens des sciences » s’était autorisé un détour par le Mexique, avec les risques de corruption que cela avait signifié.

    83Ces grands congrès mondiaux sont-ils bons pour l’histoire (ou la philosophie) des sciences ? Ceux qui participent à ces grands congrès sont déjà des pratiquants : ils viennent communiquer leur travail, et écouter les autres. Pour les plus jeunes, la fonction éducative de ces congrès est indéniable. Ces réunions (d’un ou deux milliers de personnes) facilitent la circulation des informations – les maisons d’édition y dressent des étalages de livres et revues, donnant une idée de la diversité des intérêts. Les congrès ont peu d’impact sur la recherche, mais ils peuvent faciliter le lancement de modes intellectuelles, attirer l’attention sur des zones de faits encore mal déchiffrées71, ou (en médecine) faire le point sur des pratiques en cours de validation72.

    Le devenir de l’IHPST

    84Dagognet ayant peu d’années à consacrer à l’Institut, les grandes figures HPS du moment (S. Bachelard, G. Canguilhem, F. Dagognet) se concertent et tombent d’accord pour appeler à la direction de l’IHPST (de Montpellier, où il est professeur à l’université Paul-Valéry) Jean-Pierre Séris73, qui aura l’avantage de réintroduire à l’Institut une réflexion sur les techniques. Séris prend ses fonctions en 1991, à un moment où rue du Four la cohabitation de l’Institut et de l’équipe CNRS est peu cordiale. Il ne vient donc à Paris que le temps de ses cours, sa demeure principale restant à Montpellier. Une mort subite le frappe en décembre 1994 lors d’un de ses passages à Paris, il a alors 53 ans.

    85Pour comprendre la situation, il faut aussi parler finance. Jusqu’en 1994 les fonds de roulement de l’IHPST viennent de deux sources : le directeur de l’Institut gère les fonds venant de l’université (université Paris 1), le responsable de l’équipe de recherche gère les fonds venant du CNRS. À la mort de Séris, le responsable de l’équipe de recherche Ph. de Rouilhan se fait attribuer par le Département de philosophie (université Paris 1) la gestion de l’argent universitaire, sans que les philosophes voient la portée que peut avoir ce geste, qui ne sera pas réversible : désormais l’Institut est une coquille vide, il n’est plus que le nom d’une unité CNRS.

    86Lorsque je succède à Séris en octobre 1995, il me faut du temps pour comprendre la situation. Je suis professeur à l’université Paris 1, où l’on croit que je suis aussi directeur de l’IHPST, alors qu’à l’IHPST on me fait comprendre que je ne suis rien du tout, car je ne suis pas membre de l’unité CNRS : je suis juste le professeur qui vient faire son cours, et à qui on refuse jusqu’à l’usage des timbres de l’unité pour affranchir son courrier.

    87Entre 1995 et 2000 il se donnait des cours dans les locaux de l’IHPST (cours de logique et HPS). Mais en dehors des cours le lieu était désert. Les chercheurs travaillaient chez eux, ne faisaient une apparition rue du Four que rarement. Les personnels CNRS (une secrétaire, un bibliothécaire) ne souhaitaient pas être dérangés par des étudiants, qu’ils mettaient à la porte.

    88Cette situation ayant été plusieurs fois signalée au vice-président de l’université Paris 1 chargé de la recherche, et Jean Gayon, élu professeur à l’université Paris 1 pour me succéder, ayant compris la situation et refusé en 2000 son élection en attendant que les responsabilités soient bien définies, il y eut des efforts de conciliation. La transition rue du Four (avec réaménagement des locaux) fut confiée à Jacques Dubucs (jusqu’à 2010), puis Jean Gayon a fait de l’IHPST un vrai lieu de formation pour les doctorants de l’école doctorale de philosophie (ED 280) qui préparent une thèse d’histoire et/ou philosophie des sciences, ou de logique. L’université (université Paris 1) a partagé la tutelle avec l’ENS. Il est ouvertement reconnu que

    Au cours du temps, la priorité intellectuelle a évolué : histoire des sciences (1932-1970), logique (1970-2002), philosophie des sciences (depuis 2002). (en ligne, août 2016).

    89Voici comment l’IHPST se définit en 2010 (consulté en ligne également, août 2016) :

    Dès son origine, l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques illustre ce que Georges Canguilhem a appelé le « style français en histoire des sciences », qui récuse un point de vue historique purement érudit et ne se départit jamais d’une approche philosophique. Dès le début aussi apparaît la volonté d’impulser des travaux relatifs aux différents domaines de la pensée scientifique : logique et mathématiques, physique, chimie, biologie et médecine, sciences humaines. Il a également toujours été porté attention aux conditions sociales de l’activité scientifique et à l’histoire des techniques. Dès le début enfin l’Institut a cherché à établir une coopération entre philosophes et scientifiques intéressés par la recherche en histoire et philosophie des sciences, que l’Institut a largement contribué à développer en France.

    À partir des années 90, à côté du « style français » caractéristique de l’Institut, une importance toujours plus grande a été reconnue à la tradition et au style analytiques par l’équipe de recherche dirigée, jusqu’à la fusion des deux institutions, par Ph. de Rouilhan. La présence de Jacques Bouveresse avait auparavant pesé de tout son poids pour rendre possible cette nouvelle orientation. À l’heure actuelle [2010], les recherches menées rue du Four sous la direction de Jacques Dubucs comportent à la fois des études historiques relatives à la science moderne et contemporaine et des travaux philosophiques ayant trait à la logique, à la biologie, à la physique, à la théorie de la complexité ou aux sciences sociales.

    [Questions 3 et 4]

    90Ces questions ne sont pas claires. J’aurai tendance ici à faire le point aujourd’hui : qu’est-ce qui a changé, avec qui ai-je pu en parler que je n’ai pas encore cité, le terrain HPS est-il obsolète ou au contraire en plein essor...

    91Le grand tournant c’est l’internet comme source d’information (peu fiable), voie de diffusion (excellent mais pollué), instrument de rencontre... Mais comme l’impact de ce médium n’est pas encore très clair, je laisse initialement la question en suspens.

    Les personnes

    92Avec quels proches que je n’ai pas encore cités puis-je vouloir discuter du champ HPS ?

    93Jean-Gaël Barbara74, Anouk Barberousse75, Dominique Bourg76, Céline Chérici, Jean-Claude Dupont77, Evelyn Fox Keller78, Denial Girard79 & François Gros, Etienne Klein80, Dominique Lambert81, Emmanuel Le Roy Ladurie82, Jean-Pierre Luminet83, Olivier Perru84, Thomas Pradeu85, etc.

    94– Ainsi que des auteurs d’ouvrages signalés dans Science (« History of science »), comme :

    95Sommer Marianne, The Science, Culture and Politics of Bones, Organisms and Molecules, University of Chicago Press, 2016, (552 p., reviewed in Science, 17 June 2016), ou :

    96Mukherjee Siddhartha, The Gene. An Intimate History, Scribner, 2016 (611 p., reviewed in Science, 29 July 2016)

    97Je note que les ouvrages signés par plusieurs auteurs ne sont pas rares, et qu’on a souvent affaire à des recueils d’articles autour d’un thème central. Ainsi Jean-Gaël Barbara publie avec un neurobiologiste et un philosophe86, ou avec un médecin87. On peut commenter cela en disant que la publication originale est l’article, le livre d’histoire des sciences écrit par un seul auteur étant plus rare. Mais il existe, il existe beaucoup en langue anglaise, et il n’y a pas que Hawking88 pour réussir un livre d’histoire des sciences qui sera traduit en de nombreuses langues. Et si les travaux originaux prennent d’abord la forme d’un article, il faut regarder du côté des journaux d’histoire des sciences.

    Les journaux

    98Une liste de journaux spécialisés en histoire des sciences est donnée sur le web :

    journaux généraux ou spécialisés pour une science :
    Daedalus,
    History and philosophy of the life sciences,
    History of Science, Sage publications,
    Isis, a Journal of the History of science society
    89,
    Journal of the history of biology,
    Journal of the history of medicine and allied sciences, Oxford
    Nature
    NTM Zeitschrift für Geschichte der Wissenschaften, Technik und Medizin
    (Basel)
    Osiris90
    Perspectives in biology and medicin, the Johns Hopkins U, online 1958-2016,
    Philosophia scientiae,
    Revue d’histoire des sciences
    , sur le portail Persée (consulté en ligne, août 2016),
    Science,
    The British Journal for the History of Science,
    Persée : portail de revues en sciences humaines et sociales (site de numérisation rétrospective, par exemple : Actes de la recherche en sciences sociales)

    99Beaucoup de ces journaux sont l’expression de sociétés savantes. Ainsi le British Journal for the History of Science (formerly : Bulletin of the British Society for the History of Science, 1949-1961) est encore aujourd’hui « published for the British Society for the History of Science », avec le commentaire :

    This leading international journal publishes scholarly papers and review articles on all aspects of the history of science. History of science is interpreted widely to include medicine, technology and social studies of science. BJHS papers make important and lively contributions to scholarship and the journal has been an essential library resource for more than thirty years. It is also used extensively by historians and scholars in related fields. A substantial book review section is a central feature. There are four issues a year, comprising an annual volume of over 600 pages.

    100Le problème de la publication est alors celui du choix des referees, et de leur compétence ou habileté à identifier les meilleurs travaux. Je travaille comme referee occasionnellement pour plusieurs journaux HPS. Pour les journaux les plus automatisés, je souffre du nombre de précautions (séquences de mots de passe, etc.) qu’il faut prendre maintenant pour (soi-disant) éviter la triche. C’est contre-productif.

    Les collections

    101L’existence de livres d’histoire des sciences qui sont des recueils de pièces écrites par divers auteurs autour d’un thème central conduit à l’observation que nombre de maisons d’édition ont maintenant créé des collections d’histoire des sciences. On signalera, en France seulement :

    102– pour les jeunes la collection Le Pommier ;

    103– pour les adultes : les collections Champs sciences chez Flammarion, Science, histoire et société aux PUF, Histoire des sciences chez Hermann, Histoire des sciences (et des sciences humaines) chez L’Harmattan, Belin Sup Sciences – Histoire des Sciences, Sciences et histoire chez EDP Sciences ;

    104– et encore : les PUG (presses univ de Grenoble) pour les travaux universitaires, Peter Lang pour les sciences humaines et sociales, John Libbbey eurotexts pour la médecine, De Boeck pour les sciences humaines...

    105Ces collections multiples se vendent, apparemment, assez bien...

    Les bibliothèques

    106Il est évidemment impossible au chercheur (ou à l’enseignant qui prépare un cours d’histoire des sciences) d’acheter tous ces livres. Mais les ressources des bibliothèques sont là, ainsi la Bibliothèque Nationale de France (BNF) :

    Ressources de la BNF en histoire des sciences et des techniques : Présentation à visée encyclopédique de l'histoire des sciences et des techniques à travers les siècles et les continents, les collections en accès libre du site François Mitterrand couvrent principalement l’histoire des disciplines suivantes :
    mathématiques
    astronomie
    physique et chimie,
    sciences de la terre, paléontologie, anthropologie physique,
    histoire naturelle, biologie, botanique et zoologie,
    médecine
    histoire des techniques. (en ligne, août 2016)

    Les archives

    107Le chercheur ne se contente pas de livres et de revues, il voudra accéder aux archives. On a beaucoup progressé sur la mise à disposition des archives : ainsi j’ai pu trouver au CAPHES (ENS, rue d’Ulm) les brouillons qu’écrivait Georges Canguilhem quand il préparait ses cours. Et lorsque l’original n’est pas disponible, on peut en avoir une image. Ainsi à la Cité des sciences et de l’industrie (Universcience, Paris, 30 av Corentin Cariou, 75019), si l’on ne peut pas consulter un document sur papier, on peut le faire apparaître à l’écran.

    Cité des sciences :
    – Périodiques
    400 titres français et étrangers. De nombreuses collections complètes dont : Annals of Science ; Archives for History of Exact Sciences ; The British Journal for the Philosophy of Science ; Centaurus ; ISIS ; Journal of the History of Medicine and Allied Sciences ; Journal for the History of Arabic Science ; Nuncius ; Social Studies of Science ; Technology and Culture…
    60 titres de périodiques en ligne à consulter sur place.
    – Films
    300 titres consultables à la vidéothèque.
    – Bibliothèques de spécialistes
    Fonds Derek de Solla Price : instruments scientifiques et sociologie des sciences dans les années 1950 à 1970.
    Fonds Bertrand Gille : histoire des techniques. (en ligne, août 2016)

    Et l’internet...

    108Peut-on imaginer que tous les documents possibles soient mis en ligne (dans toutes les langues ?), et qu’un travail en histoire des sciences puisse s’effectuer uniquement avec la ressource d’un ordinateur connecté ?

    109– Autant c’est peut-être concevable pour l’histoire des mathématiques et, en général, les sciences théoriques, autant pour des sciences expérimentales le risque est de confusion entre le numérique et le réel.

    110– Il y a beaucoup d’erreurs ou de bêtises en ligne (même dans les Wiki-), il n’est pas certain qu’on puisse les débusquer seulement par critique et comparaison.

    111– Même sans erreur, il y a les mises à jour qui ne sont pas assurées ; les pages du web règnent dans un éternel présent, celles qui sont périmées comme les autres ; pour un historien c’est un défaut majeur, puisque la dimension historique est gommée.

    112– Il faut apprendre à chercher en ligne et j’appartiens à une génération qui l’ayant appris par tâtonnements le fait mal. Il faut que les institutions de recherche ou d’enseignement s’occupent de former leurs chercheurs à l’utilisation de l’internet. Jusqu’ici, des formations dont j’ai pu avoir connaissance (à l’université, pour les enseignants), j’ai jugé qu’elles étaient inadaptées, ennuyeuses, et très peu performantes, hélas.

    Notes de bas de page

    1 Note des éditeurs (NdE) : l’Institut d’histoire des sciences (de la rue du Four) est évoqué dans la contribution (supra) de Roshdi Rashed, et fait l’objet d’un long développement dans la présente contribution (infra).

    2 NdE : Le Diplôme d’études supérieures (DES) est un ancien diplôme national de l’enseignement supérieur français créé en 1886. Il représentait une première initiation à la recherche, dans le cadre de la préparation à la rédaction d’un mémoire. Il disparut en 1966 après la création du diplôme de Maîtrise.

    3 Van Heijenoort Jean, From Frege To Gödel: A Source Book in Mathematical Logic, 1879-1931, Harvard University Press, 1967 ; repr. avec corrections, 1977.

    4 Kreisel G., Krivine J.L., Éléments de logique mathématique : théorie des modèles, Dunod, 1967, 214 p. Sa version anglaise : Elements of mathematical logic, North Holland Publishing Company, 1967.

    5 Hintikka fut éditeur du journal Synthese de 1962 à 2002. Il est l’auteur d’un grand nombre de livres. Un volume de la Library of living philosophers lui est consacré : Auxier R.E., Hahn L. (dir.), The Philosophy of Jaakko Hintikka, Open Court, 2006.

    6 Dit « Sol », dont j’ai bien connu aussi la femme : Anita Burdman Feferman, à qui j’ai pu communiquer des lettres de van Heijenoort, alors qu’elle était en train d’écrire sa biographie : Politics, Logic and Love: The Life of Jean van Heijenoort (repr. From Trotsky to Gödel), 1993 ; repr. A K Peters/CRC Press, 2000. Elle est également co-auteur (avec Sol), d’une biographie de Tarski : Alfred Tarski: Life and Logic, Cambridge University Press, 2004.

    7 Hahn Roger, L’Anatomie d’une institution scientifique : l’Académie des sciences de Paris, 1666-1803, Paris-Yverdon, Éditions des archives contemporaines, 1994, 594 p.

    8 Cat Jordi, « The Unity of Science », The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Edward N. Zalta (dir.), hiver 2014, URL : http://plato.stanford.edu/archives/win2014/entries/scientific-unity/.

    9 Carnap Rudolf, dans Neurath O., Carnap R., Morris C. W. (dir.), International Encyclopedia of Unified Science, vol. 1 et 2, Foundations of the Unity of Science/The University of Chicago Press, 1938 ; traduction française par Mouchard Claude, « Fondements logiques de l’unité de la science », Romantisme, vol. 21-22, 1978 [Persée : en ligne]. Le philosophe allemand Rudolf Carnap avait rejoint le cercle de Vienne en 1926, puis enseigné à Prague. Il émigre fin 1935 aux États-Unis (avec l’aide de Quine). Il est professeur à Chicago, Princeton, puis UCLA, jusqu’en 1962. Il meurt en 1970.

    10 « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles... », voir Descartes René, Discours de la méthode, 2e partie.

    11 Whitehead Alfred North, Russell Bertrand, Principia Mathematica, Cambridge, University Press, 1910-1913.

    12 Suppes Patrick, Studies in the Methodology and Foundations of Science. Selected papers from 1951 to 1969, Dordrecht, Reidel, 1969, p. 191.

    13 Suppes Patrick, Representation and Invariance of Scientific Structures, Stanford, CSLI Publications, 2002, p. 467-468.

    14 NdE : l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) est l’héritier de l’Institut d’histoire des sciences créé en 1932 et déjà évoqué.

    15 Stepin V., Theoretical Knowledge, traduction anglaise par A.G. Georgiev et E.D. Rumiantseva, Synthese Library, Springer, 2005.

    16 Scott Dana, Suppes Patrick, « Foundational aspects of theories of measurement », Journal of Symbolic Logic, vol. 23, 1958, p. 113-128. Suppes Patrick, Zinnes Joseph L., « Basic measurement theory », Handbook of Mathematical Psychology, Luce R. Duncan, Bush Robert R., Galanter Eugene (dir.), New York, John Wiley and Sons, [1967] 1963.

    17 Krantz D. H., Luce R. D., Suppes P., Tversky A., Foundations of Measurement, vol. 1, 1971, vol. 2, 1989, vol. 3, 1990, Boston, Academic Press.

    18 Kuhn Thomas S., The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, 1962.

    19 Bloch Olivier, Le matérialisme du xviiie siècle et la littérature clandestine, Paris, Vrin, 1982.

    20 MD : medical doctor ; CES : certificat de spécialisation.

    21 Roger Martin, à l’université Paris 5, enseigne la logique aux étudiants de philosophie : le certificat de logique est devenu obligatoire pour l’obtention de la licence de philo. Chargée d’enseigner la logique à Créteil (université Paris 12), je pris très vite rendez-vous avec Martin, qui m’accueillit avec une grande bonté, et nous devinrent amis.

    22 Taton René (avec Suzanne Delorme) coordonnateur : Histoire générale des sciences, Paris, Presses universitaires de France, [1957-1964] 1966-1983.

    23 Salomon-Bayet Claire, L’institution de la science et l’expérience du vivant, Paris, Flammarion, 1978.

    24 Gardies Jean-Louis, Essai sur la logique des modalités, Paris, Presses universitaires de France, 1979.

    25 Pigeaud Jackie, Folie et cures de la folie chez les médecins de l’antiquité gréco-romaine, Paris, Les Belles Lettres, «  Études Anciennes », 1987, [2e éd., 2010, « Collection de l’âne d’or »].

    26 Granger Gilles-Gaston, La Mathématique sociale du marquis de Condorcet, Paris, Presses universitaires de France, 1956, [rééd. Odile Jacob, 1989].

    27 Grmek Mirko D., Catalogue des manuscrits de Claude Bernard, Collège de France, 1968.

    28 Largeault Jean, Logique et philosophie chez Frege, Paris, Nauwelaerts, 1970.

    29 Merleau-Ponty Jacques, Cosmologie du xxe siècle, Paris, Gallimard, 1965.

    30 Lanteri-Laura Georges, Histoire de la phrénologie, Paris, Presses universitaires de France, [1970] 2000.

    31 Monod Jacques, Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Paris, Éditions du Seuil, 1970.

    32 Jacob François, La logique du vivant, une histoire de l’hérédité, Paris, Gallimard, 1970.

    33 Lwoff André, L’ordre biologique, Paris, Robert Laffont, 1969.

    34 Crombie Alistair C., Augustine to Galileo: The History of Science A.D. 400-1650, Penguin, 1969 [1952] ; aussi publié sous le titre : Medieval and Early Modern Science.

    35 Cohen Laurence Jonathan, The Probable and the Provable, Oxford University Press, 1977.

    36 Ladrière Jean, Les limitations internes des formalismes. Étude sur la signification du théorème de Gödel et des théorèmes apparentés dans la théorie des fondements des mathématiques [1957], Gabay J. (dir.), Leuven-Paris, Nauwelaerts-Gauthier-Villars, « Les Grands Classiques », Paris, 1992.

    37 Gochet Paul, Esquisse d'une théorie nominaliste de la proposition, Paris, Armand Colin, 1972.

    38 Hottois Gilbert, L'inflation du langage dans la philosophie contemporaine (préface de Jean Ladrière), ULB, 2011, [1979].

    39 Starobinski Jean, Histoire du traitement de la mélancolie, des origines à 1900 (sa thèse), Bâle, Acta psychosomatica, 1960. Histoire de la médecine, Rencontre et ENI, 1963.

    40 Hersch Jeanne, Karl Jaspers, Lausanne, L’Âge d’Homme, « Poche Suisse », [1978] 2007.

    41 Salmon Wesley, Scientific Explanation and the Causal Structure of the World, Princeton University Press, 1984. Four decades of scientific explanation, University of Pittsburgh Press, [1989] 2006.

    42 Engelhardt Tristram H., Caplan Arthur L., Scientific controversies: case studies in the resolution and closure of disputes in science and technology, Cambridge University Press, 1987, 652 p.

    43 NdE : les procédures bayesiennes sont des méthodes statistiques d’inférence grâce auxquelles on calcule les probabilités de diverses causes hypothétiques à partir de l’observation des occurrences d’évènements connus.

    44 Fagot A. (dir.), Médecine et probabilités, actes de la Journée d'études franco-britannique du 15/12/1979, préface de François Dagognet, Paris, université de Paris XII/Didier-érudition, 1982, 264 p. (DL-20/12/1982-40296). Comprend les articles de : Crombie Alistair C., Oxford ; Hacking Ian, Stanford ; Cohen Jonathan L., Oxford ; Derouesné Christian, université Paris-VI ; Saint-Marc Girardin Marie-France et al., INSERM ; Fagot Anne M., université Paris XII.

    45 Gayon Jean, « L’Institut d’histoire des sciences », Cahiers Gaston Bachelard, vol. 14, 2016, p. 15-63, spécial « Bachelard et Canguilhem », sous la direction de P. Guenancia, M. Perrot, J. J. Wunenberger.

    46 Roger Jacques, Les sciences de la vie dans la pensée française du xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1971.

    47 Dhombres Jean, Nombre, mesure et continu : épistémologie et histoire, Paris, Cedic/Nathan, 1978 ; NdE : Jean Dhombres est l’un des contributeurs du présent volume (infra).

    48 Hulin Nicole, L’enseignement secondaire scientifique en France d’un siècle à l’autre : 1802-1980. Évolutions, permanences et décalages, postface de Jean-Pierre Kahane, INRP, 2007.

    49 NdE : L’Institut international de philosophie (IIP) est un lieu de rencontre de philosophes de tous pays et de toutes spécialités, fondé en 1937 à l’initiative de Åke Petzäll, grâce à la collaboration de la Sorbonne et de l’université de Lund, et constitué en association.

    50 NdE : Le Hastings Center Report est une revue académique bimensuelle de bioéthique.

    51 Fagot Anne, « Science et éthique », dans Guttorm Floistad (dir.), Contemporary Philosophy, A New Survey, vol. 3, Martinus Nijhoff Publishers, p. 277-249.

    52 Le Guyader Hervé, Théories et histoire en biologie, Paris, Vrin, 1988.

    53 Perru Olivier, De la société à la symbiose. Une histoire des découvertes sur les associations chez les êtres vivants, t. I : 1860-1930 ; t. II : 1920-1970, Paris, Vrin, 1988, 2007.

    54 Teyssèdre Bernard, La vie invisible. Les trois premiers milliards d’années de l’histoire de la vie sur la terre, Paris, L’Harmattan, 2002.

    55 Van Parijs Philippe, Le modèle économique et ses rivaux. Introduction à la pratique de l'épistémologie des sciences sociales, Droz, Genève & Paris, 1990.

    56 Missa Jean-Noël, Naissance de la psychiatrie biologique, Paris, Presses universitaires de France, 2006.

    57 Auteur, avec le cinéaste François Lagarde, d’un film sur Gilbert Simondon : Simondon du désert, Hors-Œil éditions.

    58 Barras Vincent, Gasser Jacques, « Histoire de la psychiatrie et des neurosciences en Suisse romande », Revue Médicale de la Suisse Romande, vol. 116, 1996.

    59 Corsi Pietro, Lamarck : Genèse et enjeux du transformisme, 1770-1830, CNRS Éditions, 2001.

    60 Mayr Ernst, The Growth of Biological Thought. Diversity, Evolution and Inheritance, Harvard, The Bellknap Press, 1982 ; sa traduction française par M. Blanc, Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, Paris, Fayard, 1979.

    61 Cavalli-Sforza Francesco, Cavalli-Sforza Luca, Chi Siamo. La storia della diversità umana, Milan, Arnoldo Mondadori, 1993 ; sa traduction française a été publiée en 1994 à Paris par Albin Michel.

    62 Galperin Charles, « Aspects du développement dans la biologie du xxe siècle, Introduction », Revue d’histoire des sciences, vol. 53, nos 3/4, juillet-décembre 2000, p. 331-338 ; « De l’embryologie expérimentale à la génétique du développement », ibid., p. 581-616.

    63 Morange Michel, Histoire de la biologie moléculaire, Paris, La Découverte, [1994] 2013.

    64 Acot Pascal, L’histoire des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 1999.

    65 Debru Claude, L’esprit des protéines. Histoire et philosophie biochimiques, Paris, Hermann, [1983] 2002.

    66 Heinzmann Gerhard, Entre intuition et analyse. Poincaré et le concept de prédicativité, Paris, Blanchard, 1985.

    67 Gayon Jean (dir.), Buffon 88 : actes du colloque international pour le bicentenaire de la mort de Buffon, d’un colloque s’étant déroulé à Paris, Montbard et Dijon, entre le 14-22 juin 1988, préface d'Ernst Mayr, postface de Georges Canguilhem, Paris/Lyon, Vrin ; Lyon, Institut interdisciplinaire d'études épistémologiques, 1992.

    68 Saint-Sernin Bertrand, Les Mathématiques de la décision, Paris, Presses universitaires de France, 1973 ; NdE : Bertrand Saint-Sernin est l’un des contributeurs du présent volume (supra).

    69 Andler Daniel, La silhouette de l'humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d’aujourd’hui ?, Paris, Gallimard, 2016.

    70 Le « T » des « technologies » a été ajouté à Helsinki, en 2015.

    71 Fagot-Largeault Anne, Rahman Shahid, Torres Juan Manuel (dir.), The Influence of Genetics on Contemporary Thinking, Dordrecht, Springer, « Logic, Epistemology, and the Unity of Science », 2007. DOI : 10.1007/978-1-4020-5664-2.

    72 Armanganidis A. (Athènes), Bonfill X. (Sabadell), Burchardi H. (Göttingen), Cook D. (Toronto), Fagot-Largeault A. (Paris), Suter P. (Genève), Thijs L. (Amsterdam), Vesconi S. (Milan), Williams A. (York), « Facteurs pronostiques chez les malades de réanimation », 2e Conférence de Consensus Européenne en Réanimation, Réanimation Urgences, vol. 3, no 2 bis, 1994, p. 143-152 ; « Predicting outcome in ICU patients », Consensus Conference organized by the ESICM and the SRLF, Intensive Care Medicine, vol. 20, 1994, p. 390-397.

    73 Séris Jean-Pierre, La technique, Paris, Presses universitaires de France, 1994 [« Quadrige », 2000/2013].

    74 Barbara Jean-Gaël, La naissance du neurone, Paris, Vrin, « Mathesis », 2010.

    75 Barberousse Anouk, Morange Michel, Pradeu Thomas (dir.), Mapping the Future of Biology: Evolving Concepts and Theories, Dordrecht, Springer, « Boston Studies in the Philosophy and History of Science », 2009.

    76 Bourg Dominique, Fragnière Augustin, La pensée écologique. Une anthologie, Paris, Presses universitaires de France, 2014.

    77 Barbara Jean-Gaël, Dupont Jean-Claude, Sirotkina Irina (dir.), History of Neurosciences in France and Russia, Paris, Hermann, 2011.

    78 Fox Keller Evelyn, The Century of the Gene, Harvard University Press, 2000.

    79 Girard Daniel (dir.), Biologistes et naturalistes français du xxe siècle, postface de François Gros, Paris, Hermann, 2012.

    80 Klein Étienne, Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, Paris, Flammarion, 2007 [poche 2009]. Idem, Discours sur l’origine de l’univers, Paris, Flammarion, 2012.

    81 Lambert Dominique, Reisse Jacques, Charles Darwin et Georges Lemaître, une improbable mais passionnante rencontre, Académie royale de Belgique, 2008.

    82 Le Roy Ladurie Emmanuel, Histoire du climat depuis l’an mil, Paris, Flammarion Champs, 1983.

    83 Luminet Jean-Pierre, Essais de cosmologie. L'invention du Big Bang [1997], édition revue, réactualisée et augmentée, « Points Sciences », 2014.

    84 Perru Olivier, « L'abbé Jacques-François Dicquemare (1733-1789), un zoologiste havrais et ses découvertes sur les anémones de mer », Bulletin d’Histoire et d’Épistémologie des Sciences de la Vie, vol. 19, no 2, 2012, p. 143-160.

    85 Pradeu Thomas, Carosella Edgardo D., « Proceedings of the National Academy of Science », vol. 103, no 47, On the Definition of a Criterion of Immunogenicity, 2006, p.  17858-17861. DOI : 10.1073/pnas.0608683103.

    86 Barbara Jean-Gaël, Debru Claude, Buser Pierre (dir.), Facets of the History of the Neurosciences, Elsevier, numéro spécial CR Biol, vol. 329, 2006.

    87 Barbara Jean-Gaël, Corvol Pierre (dir.), Les élèves de Claude Bernard, Paris, Hermann, 2012.

    88 Hawking Stephen, Une brève histoire du temps : du big bang aux trous noirs, Paris, Flammarion/Champs sciences, 2008.

    89 « George Sarton founded Isis, the premier international journal dedicated to the history of science, in Belgium in 1912. After World War I, Sarton and the journal moved to the United States. Today, Isis is edited by H. Floris Cohen at Utrecht University, and published and distributed quarterly by the University of Chicago Press. » URL : https://hssonline.org/page/isisosiris (consulté en août 2016).

    90 « This annual thematic publication addresses emergent research in the history of science and its cultural influences. Society Editor H. Floris Cohen supervises Osiris production, while W. Patrick McCray (University of California, Santa Barbara) and Suman Seth (Cornell University) edit the publication and coordinate the guest scholars who arrange particular issues. » URL : https://hssonline.org/page/isisosiris (consulté en août 2016).

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    1 Note des éditeurs (NdE) : l’Institut d’histoire des sciences (de la rue du Four) est évoqué dans la contribution (supra) de Roshdi Rashed, et fait l’objet d’un long développement dans la présente contribution (infra).

    2 NdE : Le Diplôme d’études supérieures (DES) est un ancien diplôme national de l’enseignement supérieur français créé en 1886. Il représentait une première initiation à la recherche, dans le cadre de la préparation à la rédaction d’un mémoire. Il disparut en 1966 après la création du diplôme de Maîtrise.

    3 Van Heijenoort Jean, From Frege To Gödel: A Source Book in Mathematical Logic, 1879-1931, Harvard University Press, 1967 ; repr. avec corrections, 1977.

    4 Kreisel G., Krivine J.L., Éléments de logique mathématique : théorie des modèles, Dunod, 1967, 214 p. Sa version anglaise : Elements of mathematical logic, North Holland Publishing Company, 1967.

    5 Hintikka fut éditeur du journal Synthese de 1962 à 2002. Il est l’auteur d’un grand nombre de livres. Un volume de la Library of living philosophers lui est consacré : Auxier R.E., Hahn L. (dir.), The Philosophy of Jaakko Hintikka, Open Court, 2006.

    6 Dit « Sol », dont j’ai bien connu aussi la femme : Anita Burdman Feferman, à qui j’ai pu communiquer des lettres de van Heijenoort, alors qu’elle était en train d’écrire sa biographie : Politics, Logic and Love: The Life of Jean van Heijenoort (repr. From Trotsky to Gödel), 1993 ; repr. A K Peters/CRC Press, 2000. Elle est également co-auteur (avec Sol), d’une biographie de Tarski : Alfred Tarski: Life and Logic, Cambridge University Press, 2004.

    7 Hahn Roger, L’Anatomie d’une institution scientifique : l’Académie des sciences de Paris, 1666-1803, Paris-Yverdon, Éditions des archives contemporaines, 1994, 594 p.

    8 Cat Jordi, « The Unity of Science », The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Edward N. Zalta (dir.), hiver 2014, URL : http://plato.stanford.edu/archives/win2014/entries/scientific-unity/.

    9 Carnap Rudolf, dans Neurath O., Carnap R., Morris C. W. (dir.), International Encyclopedia of Unified Science, vol. 1 et 2, Foundations of the Unity of Science/The University of Chicago Press, 1938 ; traduction française par Mouchard Claude, « Fondements logiques de l’unité de la science », Romantisme, vol. 21-22, 1978 [Persée : en ligne]. Le philosophe allemand Rudolf Carnap avait rejoint le cercle de Vienne en 1926, puis enseigné à Prague. Il émigre fin 1935 aux États-Unis (avec l’aide de Quine). Il est professeur à Chicago, Princeton, puis UCLA, jusqu’en 1962. Il meurt en 1970.

    10 « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles... », voir Descartes René, Discours de la méthode, 2e partie.

    11 Whitehead Alfred North, Russell Bertrand, Principia Mathematica, Cambridge, University Press, 1910-1913.

    12 Suppes Patrick, Studies in the Methodology and Foundations of Science. Selected papers from 1951 to 1969, Dordrecht, Reidel, 1969, p. 191.

    13 Suppes Patrick, Representation and Invariance of Scientific Structures, Stanford, CSLI Publications, 2002, p. 467-468.

    14 NdE : l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) est l’héritier de l’Institut d’histoire des sciences créé en 1932 et déjà évoqué.

    15 Stepin V., Theoretical Knowledge, traduction anglaise par A.G. Georgiev et E.D. Rumiantseva, Synthese Library, Springer, 2005.

    16 Scott Dana, Suppes Patrick, « Foundational aspects of theories of measurement », Journal of Symbolic Logic, vol. 23, 1958, p. 113-128. Suppes Patrick, Zinnes Joseph L., « Basic measurement theory », Handbook of Mathematical Psychology, Luce R. Duncan, Bush Robert R., Galanter Eugene (dir.), New York, John Wiley and Sons, [1967] 1963.

    17 Krantz D. H., Luce R. D., Suppes P., Tversky A., Foundations of Measurement, vol. 1, 1971, vol. 2, 1989, vol. 3, 1990, Boston, Academic Press.

    18 Kuhn Thomas S., The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, 1962.

    19 Bloch Olivier, Le matérialisme du xviiie siècle et la littérature clandestine, Paris, Vrin, 1982.

    20 MD : medical doctor ; CES : certificat de spécialisation.

    21 Roger Martin, à l’université Paris 5, enseigne la logique aux étudiants de philosophie : le certificat de logique est devenu obligatoire pour l’obtention de la licence de philo. Chargée d’enseigner la logique à Créteil (université Paris 12), je pris très vite rendez-vous avec Martin, qui m’accueillit avec une grande bonté, et nous devinrent amis.

    22 Taton René (avec Suzanne Delorme) coordonnateur : Histoire générale des sciences, Paris, Presses universitaires de France, [1957-1964] 1966-1983.

    23 Salomon-Bayet Claire, L’institution de la science et l’expérience du vivant, Paris, Flammarion, 1978.

    24 Gardies Jean-Louis, Essai sur la logique des modalités, Paris, Presses universitaires de France, 1979.

    25 Pigeaud Jackie, Folie et cures de la folie chez les médecins de l’antiquité gréco-romaine, Paris, Les Belles Lettres, «  Études Anciennes », 1987, [2e éd., 2010, « Collection de l’âne d’or »].

    26 Granger Gilles-Gaston, La Mathématique sociale du marquis de Condorcet, Paris, Presses universitaires de France, 1956, [rééd. Odile Jacob, 1989].

    27 Grmek Mirko D., Catalogue des manuscrits de Claude Bernard, Collège de France, 1968.

    28 Largeault Jean, Logique et philosophie chez Frege, Paris, Nauwelaerts, 1970.

    29 Merleau-Ponty Jacques, Cosmologie du xxe siècle, Paris, Gallimard, 1965.

    30 Lanteri-Laura Georges, Histoire de la phrénologie, Paris, Presses universitaires de France, [1970] 2000.

    31 Monod Jacques, Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Paris, Éditions du Seuil, 1970.

    32 Jacob François, La logique du vivant, une histoire de l’hérédité, Paris, Gallimard, 1970.

    33 Lwoff André, L’ordre biologique, Paris, Robert Laffont, 1969.

    34 Crombie Alistair C., Augustine to Galileo: The History of Science A.D. 400-1650, Penguin, 1969 [1952] ; aussi publié sous le titre : Medieval and Early Modern Science.

    35 Cohen Laurence Jonathan, The Probable and the Provable, Oxford University Press, 1977.

    36 Ladrière Jean, Les limitations internes des formalismes. Étude sur la signification du théorème de Gödel et des théorèmes apparentés dans la théorie des fondements des mathématiques [1957], Gabay J. (dir.), Leuven-Paris, Nauwelaerts-Gauthier-Villars, « Les Grands Classiques », Paris, 1992.

    37 Gochet Paul, Esquisse d'une théorie nominaliste de la proposition, Paris, Armand Colin, 1972.

    38 Hottois Gilbert, L'inflation du langage dans la philosophie contemporaine (préface de Jean Ladrière), ULB, 2011, [1979].

    39 Starobinski Jean, Histoire du traitement de la mélancolie, des origines à 1900 (sa thèse), Bâle, Acta psychosomatica, 1960. Histoire de la médecine, Rencontre et ENI, 1963.

    40 Hersch Jeanne, Karl Jaspers, Lausanne, L’Âge d’Homme, « Poche Suisse », [1978] 2007.

    41 Salmon Wesley, Scientific Explanation and the Causal Structure of the World, Princeton University Press, 1984. Four decades of scientific explanation, University of Pittsburgh Press, [1989] 2006.

    42 Engelhardt Tristram H., Caplan Arthur L., Scientific controversies: case studies in the resolution and closure of disputes in science and technology, Cambridge University Press, 1987, 652 p.

    43 NdE : les procédures bayesiennes sont des méthodes statistiques d’inférence grâce auxquelles on calcule les probabilités de diverses causes hypothétiques à partir de l’observation des occurrences d’évènements connus.

    44 Fagot A. (dir.), Médecine et probabilités, actes de la Journée d'études franco-britannique du 15/12/1979, préface de François Dagognet, Paris, université de Paris XII/Didier-érudition, 1982, 264 p. (DL-20/12/1982-40296). Comprend les articles de : Crombie Alistair C., Oxford ; Hacking Ian, Stanford ; Cohen Jonathan L., Oxford ; Derouesné Christian, université Paris-VI ; Saint-Marc Girardin Marie-France et al., INSERM ; Fagot Anne M., université Paris XII.

    45 Gayon Jean, « L’Institut d’histoire des sciences », Cahiers Gaston Bachelard, vol. 14, 2016, p. 15-63, spécial « Bachelard et Canguilhem », sous la direction de P. Guenancia, M. Perrot, J. J. Wunenberger.

    46 Roger Jacques, Les sciences de la vie dans la pensée française du xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1971.

    47 Dhombres Jean, Nombre, mesure et continu : épistémologie et histoire, Paris, Cedic/Nathan, 1978 ; NdE : Jean Dhombres est l’un des contributeurs du présent volume (infra).

    48 Hulin Nicole, L’enseignement secondaire scientifique en France d’un siècle à l’autre : 1802-1980. Évolutions, permanences et décalages, postface de Jean-Pierre Kahane, INRP, 2007.

    49 NdE : L’Institut international de philosophie (IIP) est un lieu de rencontre de philosophes de tous pays et de toutes spécialités, fondé en 1937 à l’initiative de Åke Petzäll, grâce à la collaboration de la Sorbonne et de l’université de Lund, et constitué en association.

    50 NdE : Le Hastings Center Report est une revue académique bimensuelle de bioéthique.

    51 Fagot Anne, « Science et éthique », dans Guttorm Floistad (dir.), Contemporary Philosophy, A New Survey, vol. 3, Martinus Nijhoff Publishers, p. 277-249.

    52 Le Guyader Hervé, Théories et histoire en biologie, Paris, Vrin, 1988.

    53 Perru Olivier, De la société à la symbiose. Une histoire des découvertes sur les associations chez les êtres vivants, t. I : 1860-1930 ; t. II : 1920-1970, Paris, Vrin, 1988, 2007.

    54 Teyssèdre Bernard, La vie invisible. Les trois premiers milliards d’années de l’histoire de la vie sur la terre, Paris, L’Harmattan, 2002.

    55 Van Parijs Philippe, Le modèle économique et ses rivaux. Introduction à la pratique de l'épistémologie des sciences sociales, Droz, Genève & Paris, 1990.

    56 Missa Jean-Noël, Naissance de la psychiatrie biologique, Paris, Presses universitaires de France, 2006.

    57 Auteur, avec le cinéaste François Lagarde, d’un film sur Gilbert Simondon : Simondon du désert, Hors-Œil éditions.

    58 Barras Vincent, Gasser Jacques, « Histoire de la psychiatrie et des neurosciences en Suisse romande », Revue Médicale de la Suisse Romande, vol. 116, 1996.

    59 Corsi Pietro, Lamarck : Genèse et enjeux du transformisme, 1770-1830, CNRS Éditions, 2001.

    60 Mayr Ernst, The Growth of Biological Thought. Diversity, Evolution and Inheritance, Harvard, The Bellknap Press, 1982 ; sa traduction française par M. Blanc, Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, Paris, Fayard, 1979.

    61 Cavalli-Sforza Francesco, Cavalli-Sforza Luca, Chi Siamo. La storia della diversità umana, Milan, Arnoldo Mondadori, 1993 ; sa traduction française a été publiée en 1994 à Paris par Albin Michel.

    62 Galperin Charles, « Aspects du développement dans la biologie du xxe siècle, Introduction », Revue d’histoire des sciences, vol. 53, nos 3/4, juillet-décembre 2000, p. 331-338 ; « De l’embryologie expérimentale à la génétique du développement », ibid., p. 581-616.

    63 Morange Michel, Histoire de la biologie moléculaire, Paris, La Découverte, [1994] 2013.

    64 Acot Pascal, L’histoire des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 1999.

    65 Debru Claude, L’esprit des protéines. Histoire et philosophie biochimiques, Paris, Hermann, [1983] 2002.

    66 Heinzmann Gerhard, Entre intuition et analyse. Poincaré et le concept de prédicativité, Paris, Blanchard, 1985.

    67 Gayon Jean (dir.), Buffon 88 : actes du colloque international pour le bicentenaire de la mort de Buffon, d’un colloque s’étant déroulé à Paris, Montbard et Dijon, entre le 14-22 juin 1988, préface d'Ernst Mayr, postface de Georges Canguilhem, Paris/Lyon, Vrin ; Lyon, Institut interdisciplinaire d'études épistémologiques, 1992.

    68 Saint-Sernin Bertrand, Les Mathématiques de la décision, Paris, Presses universitaires de France, 1973 ; NdE : Bertrand Saint-Sernin est l’un des contributeurs du présent volume (supra).

    69 Andler Daniel, La silhouette de l'humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d’aujourd’hui ?, Paris, Gallimard, 2016.

    70 Le « T » des « technologies » a été ajouté à Helsinki, en 2015.

    71 Fagot-Largeault Anne, Rahman Shahid, Torres Juan Manuel (dir.), The Influence of Genetics on Contemporary Thinking, Dordrecht, Springer, « Logic, Epistemology, and the Unity of Science », 2007. DOI : 10.1007/978-1-4020-5664-2.

    72 Armanganidis A. (Athènes), Bonfill X. (Sabadell), Burchardi H. (Göttingen), Cook D. (Toronto), Fagot-Largeault A. (Paris), Suter P. (Genève), Thijs L. (Amsterdam), Vesconi S. (Milan), Williams A. (York), « Facteurs pronostiques chez les malades de réanimation », 2e Conférence de Consensus Européenne en Réanimation, Réanimation Urgences, vol. 3, no 2 bis, 1994, p. 143-152 ; « Predicting outcome in ICU patients », Consensus Conference organized by the ESICM and the SRLF, Intensive Care Medicine, vol. 20, 1994, p. 390-397.

    73 Séris Jean-Pierre, La technique, Paris, Presses universitaires de France, 1994 [« Quadrige », 2000/2013].

    74 Barbara Jean-Gaël, La naissance du neurone, Paris, Vrin, « Mathesis », 2010.

    75 Barberousse Anouk, Morange Michel, Pradeu Thomas (dir.), Mapping the Future of Biology: Evolving Concepts and Theories, Dordrecht, Springer, « Boston Studies in the Philosophy and History of Science », 2009.

    76 Bourg Dominique, Fragnière Augustin, La pensée écologique. Une anthologie, Paris, Presses universitaires de France, 2014.

    77 Barbara Jean-Gaël, Dupont Jean-Claude, Sirotkina Irina (dir.), History of Neurosciences in France and Russia, Paris, Hermann, 2011.

    78 Fox Keller Evelyn, The Century of the Gene, Harvard University Press, 2000.

    79 Girard Daniel (dir.), Biologistes et naturalistes français du xxe siècle, postface de François Gros, Paris, Hermann, 2012.

    80 Klein Étienne, Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, Paris, Flammarion, 2007 [poche 2009]. Idem, Discours sur l’origine de l’univers, Paris, Flammarion, 2012.

    81 Lambert Dominique, Reisse Jacques, Charles Darwin et Georges Lemaître, une improbable mais passionnante rencontre, Académie royale de Belgique, 2008.

    82 Le Roy Ladurie Emmanuel, Histoire du climat depuis l’an mil, Paris, Flammarion Champs, 1983.

    83 Luminet Jean-Pierre, Essais de cosmologie. L'invention du Big Bang [1997], édition revue, réactualisée et augmentée, « Points Sciences », 2014.

    84 Perru Olivier, « L'abbé Jacques-François Dicquemare (1733-1789), un zoologiste havrais et ses découvertes sur les anémones de mer », Bulletin d’Histoire et d’Épistémologie des Sciences de la Vie, vol. 19, no 2, 2012, p. 143-160.

    85 Pradeu Thomas, Carosella Edgardo D., « Proceedings of the National Academy of Science », vol. 103, no 47, On the Definition of a Criterion of Immunogenicity, 2006, p.  17858-17861. DOI : 10.1073/pnas.0608683103.

    86 Barbara Jean-Gaël, Debru Claude, Buser Pierre (dir.), Facets of the History of the Neurosciences, Elsevier, numéro spécial CR Biol, vol. 329, 2006.

    87 Barbara Jean-Gaël, Corvol Pierre (dir.), Les élèves de Claude Bernard, Paris, Hermann, 2012.

    88 Hawking Stephen, Une brève histoire du temps : du big bang aux trous noirs, Paris, Flammarion/Champs sciences, 2008.

    89 « George Sarton founded Isis, the premier international journal dedicated to the history of science, in Belgium in 1912. After World War I, Sarton and the journal moved to the United States. Today, Isis is edited by H. Floris Cohen at Utrecht University, and published and distributed quarterly by the University of Chicago Press. » URL : https://hssonline.org/page/isisosiris (consulté en août 2016).

    90 « This annual thematic publication addresses emergent research in the history of science and its cultural influences. Society Editor H. Floris Cohen supervises Osiris production, while W. Patrick McCray (University of California, Santa Barbara) and Suman Seth (Cornell University) edit the publication and coordinate the guest scholars who arrange particular issues. » URL : https://hssonline.org/page/isisosiris (consulté en août 2016).

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    Bertrand, Emanuel, et Wolf Feuerhahn, éd. « Chapitre 5. Anne Fagot-Largeault ». In Arpenter l’histoire des sciences. Strasbourg: Presses universitaires de Strasbourg, 2023. https://doi.org/10.4000/books.pus.37551.
    Bertrand, Emanuel, et Wolf Feuerhahn, éditeurs. « Chapitre 5. Anne Fagot-Largeault ». Arpenter l’histoire des sciences, Presses universitaires de Strasbourg, 2023, https://doi.org/10.4000/books.pus.37551.

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