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    Plan détaillé Texte intégral 1) Comment êtes-vous entré dans le domaine de l’histoire des sciences ? Quel avait été votre parcours antérieur ? 2) Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, socialisation, références, pratiques, objets, lieux de production) ? 3) Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement national comme international depuis lors (son périmètre, ses acteurs, ses lieux, ses controverses) ? 4) Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques en ce domaine ? Notes de bas de page

    Arpenter l'histoire des sciences

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 2. Daniel Roche

    « En marge mais avec : un rapport singulier à l’Histoire des Sciences »

    p. 39-60

    Texte intégral 1) Comment êtes-vous entré dans le domaine de l’histoire des sciences ? Quel avait été votre parcours antérieur ? 2) Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, socialisation, références, pratiques, objets, lieux de production) ? 3) Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement national comme international depuis lors (son périmètre, ses acteurs, ses lieux, ses controverses) ? 4) Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques en ce domaine ? Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Daniel Roche est né en 1935 à Paris et mort en 2023 dans la même ville. Il intègre l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1956 et obtient l’agrégation d’histoire en 1960. De 1960 à 1962, il est professeur en lycée dans le département de la Marne. De 1962 à 1965, il est à la fois chargé de recherches au CNRS et « caïman » – nom traditionnellement donné à un préparateur à l’agrégation, dans une École normale supérieure – d’histoire à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Il soutient une thèse sur les académies provinciales du xviiie siècle, sous la direction d’Alphonse Dupront. Il est ensuite maître de conférences à l’Université Paris VII de 1974 à 1977, puis professeur à l’Université Paris I à partir de 1978. En parallèle, il occupe une fonction de professeur à l’Institut européen de Florence de 1985 à 1989. En 1989, il devient directeur d’études cumulant à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), puis est nommé en 1998 professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Histoire de la France des Lumières. De 1990 à 2000, il dirige l’Institut d’histoire moderne et contemporaine, qui dépend de l’École normale supérieure, de l’Université Paris I et du CNRS. Il a dirigé environ cinquante thèses de doctorat au cours de sa carrière. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres, consacrés notamment à la société française d’Ancien Régime, à la France des Lumières, à la République des Lettres, à la culture populaire française du xviiie siècle, ou encore à l’histoire de la culture équestre occidentale du xvie au xixe siècle.

    1) Comment êtes-vous entré dans le domaine de l’histoire des sciences ? Quel avait été votre parcours antérieur ?

    2Il me semble pouvoir dire sans fausse modestie, que je n’ai jamais été un véritable historien des sciences mais que, sur les marges de l’histoire des sciences, j’ai participé à certains développements des questions qu’affrontaient les vrais spécialistes qui ont été trop peu nombreux et peut-être trop spécialistes. Mon itinéraire scolaire a été original et ne m’a pas formé à l’instar des élèves de lycée classique ou moderne. Au début des années cinquante, pour des raisons trop longues à expliquer, ma famille m’a fait poursuivre, après le certificat d’études, des études pour le brevet. Après le brevet, j’ai été dans l’enseignement technique, et, après le Bac Technique j’ai passé le Bac Philo et préparé l’ENS de Saint-Cloud, où j’ai achevé un cursus de Licencié, de diplômé d’Études Supérieures, puis d’Agrégé d’Histoire. Dans le premier temps de ces études, les professeurs d’Histoire pouvaient se contenter de faire une place infime à l’évolution des mouvements scientifiques, qui ne tenait pas grand espace dans les études para-secondaires ou secondaires, dominantes alors, et programmées officiellement. Ayant eu à enseigner au lycée j’ai pris fortement conscience de la difficulté, principalement à l’occasion des programmes de seconde, de première, de terminale « philo », de terminale « maths élémentaires », et de terminale « sciences expérimentales ». On voyait les grands hommes de sciences, Descartes et sa méthode, Pascal, génie précoce publiant à 16 ans son Essai pour les coniques (1640), sans qu’on n’ait jamais expliqué à nos élèves en quoi cela consistait. Au temps des Lumières, on retrouvait quelques grandes figures du mouvement scientifique : D’Alembert et Lavoisier, entre autres. Au xixe siècle, quelques grandes illustrations du progrès des sciences accompagnaient la transformation des sociétés. Bref, à mon échelle, l’histoire de la science apparaissait de trois façons. C’était une brève incursion dans le domaine des découvertes et des transformations techniques, c’était une illustration de l’idée d’un progrès linéaire centré sur le développement des cultures nationales – mais avec des exemples internationaux (Galilée, Newton) – et, enfin, c’était un enseignement peu rigoureusement défini, et qui dépendait du hasard de l’intérêt et de la culture personnelle du professeur, et, qui, surtout, n’était jamais coordonné avec l’enseignement des mathématiques, des sciences physiques et des sciences naturelles qui nous avait été prodigué. Cette articulation était encore moins explicite quand nous devions nous former directement, et seuls, à la pédagogie de l’Histoire. C’était quelquefois avec surprise que nous découvrions le lien qui pouvait exister entre l’un et l’autre domaine. D’Alembert était plus philosophe que mathématicien, Pasteur pouvait apparaître comme un super vétérinaire inventif plus que comme un expérimentateur. De cette conception culturelle et progressiste il ressortait que le domaine de l’histoire des sciences relevait de deux points de vue. Le premier était celui de l’éclairage spécifique et nécessaire de l’histoire des civilisations ; en 1953, paraissait le Tome I de l’Histoire générale des civilisations, sous la direction de Maurice Crouzet1, cette fois-ci placé dans la perspective de l’analyse générale des hautes et basses réalités de la culture, sans ambition clairement métaphysique. À chaque siècle on retrouvait ainsi, largement conceptualisées et analysées des étapes de l’évolution ultérieure. La seconde approche se trouve exposée et précisée dans l’Histoire générale des sciences en trois tomes, publiée à la même époque (1957-1964), chez le même éditeur, par René Taton2. Ces trois tomes rassemblent des études très spécialisées, par périodes, et en morcelant les « disciplines », quelques fois au détriment de l’unité des développements généraux. L’ensemble n’avait rien d’immédiatement accessible pour quelqu’un dépourvu de formation initiale dans ce domaine. Pour qui n’avait jamais suivi de cours d’histoire des sciences – toutefois, en propédeutique3, j’avais tenté d’écouter Bachelard, qui me paraissait fascinant et attirant – pour qui n’avait pas été formé à une étude de l’épistémologie plus large, c’était les deux instruments que l’on pouvait mobiliser dans des licences d’histoire ou pour les questions d’agrégation et notamment pour la redoutable leçon « hors programme » de l’oral. Il y avait quelques exceptions : certains historiens, plus philosophes et plus mathématiciens, étaient plus intéressés par l’histoire des techniques et des technologies. Nous étions, pour la plupart, des autodidactes assez mal conditionnés pour poursuivre des études en ce domaine sans autre spécialisation solide. Notons bien qu’il en allait pratiquement de même pour notre formation à l’étude statistique. Mon besoin d’histoire des sciences restait très dépendant des circonstances et de l’improvisation. Il faut aussi se souvenir que nous devions préparer des épreuves de géographie physique et humaine pour lesquelles les connaissances de la géologie, de la botanique, des équilibres climatiques et atmosphériques nous avaient été inégalement transmises et le plus souvent sans aucune perspective historique. Ce sont d’une part les nécessités pédagogiques qui m’obligeaient à enseigner des choses auxquelles je ne comprenais pas forcément grand-chose, au fond, et, d’autre part, les contraintes de ma propre recherche qui m’ont fait retrouver le besoin d’une formation plus complète, sinon plus adéquate. On admettra que, le temps étant compté, je l’ai fait de façon incohérente, pour répondre à la demande, et avec des instruments divers : dictionnaires généraux du xixe siècle, Berthelot, Larousse, livres d’initiation de la collection Que sais-je, où l’on trouvait explications et informations plus ou moins accessibles. Mais, cinquante-soixante années ayant passé, ce n’est pas sans l’impression d’avoir vécu un mauvais rêve que je me rappelle comment, désorienté par les questions des élèves de seconde du Lycée de Châlons-sur-Marne, j’avais tenté de retrouver l’histoire des mouvements de rotation terrestre et d’expliquer les expressions du pendule de Foucault. Ma connaissance est restée fragile et j’ai toujours admiré mes collègues dix-huitièmistes littéraires qui comprenaient clairement l’évolution globale des sciences des Lumières !

    2) Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, socialisation, références, pratiques, objets, lieux de production) ?

    3C’est pour répondre à une double pression que j’ai poursuivi une initiation plus précise. La première me renvoie à la nécessité pédagogique du « caïman4 » qui a eu à préparer les normaliens à des questions de programme ou de hors programme. J’ai pour ce faire mobilisé les connaissances pragmatiques dont j’avais besoin dans le domaine de la science à partir du Taton, et, en cas de nécessité, en exploitant des références bibliographiques accessibles. Je serais bien incapable aujourd’hui, sans me remettre au travail longuement, de faire une leçon d’oral sur, par exemple, « chimies et chimistes au Siècle des Lumières » ou « mécanique et travail à l’aube de la Révolution industrielle » ! La seconde contrainte relève d’un ordre intellectuel. J’ai eu la chance de pouvoir participer à l’enquête d’histoire du livre initiée à l’EHESS par François Furet et Alphonse Dupront. J’ai, au même moment, déposé et étudié un sujet de thèse sur « Académiciens et Académies provinciales et parisiennes au xviiie siècle ». J’ai étudié l’ensemble des sociétés de province mais je n’ai pu aborder qu’imparfaitement les académies de la capitale qui ont sans doute mobilisé – au moins en ce qui concerne l’Académie Royale de Sciences – une masse d’archives et de connaissances dont je ne pouvais seul venir à bout. Je me suis contenté de comparer certains points de vue. Toutefois, l’une et l’autre perspectives se complétaient d’une façon suffisante pour que je m’intéresse, de façon sans doute trop opératoire, à l’histoire des sciences stricto sensu d’une manière générale.

    4Pour les besoins de l’enquête « Livre et Société5 », j’ai été chargé de réfléchir à la classification des livres et à ce qui caractérisait la façon de publier et lire des ouvrages qui relevaient d’une matière mobile et en pleine expansion. La montée des sciences et des arts et le déplacement des intérêts ont pu, à partir de ce moment, être interrogés de multiples façons : laïcisation des connaissances, montée des spécialisations nouvelles, débats et controverses majeures. Nous espérions ainsi participer au renouvellement d’un questionnaire où régnait le poids des disciplines scientifiques, mais, de fait, il n’y a pas eu de rencontres précises. Dans l’équipe, cependant, nous travaillions avec Jean Ehrard et Jacques Roger, tous deux grands spécialistes des idées fondamentales des Lumières sur les journaux. Jacques Roger venait de soutenir sa thèse sur Les sciences de la vie dans la pensée française du xviiie siècle, où, dans l’édition de 19636, il s’excusait avec humour d’avoir écrit un livre sur la pensée biologique sans être biologiste ou philosophe. Les conclusions de leur analyse confirmaient celles délivrées par l’analyse de la production du livre et pouvaient déboucher sur une relecture du rapport à l’ensemble de l’histoire des sciences, qui avait désormais un cadre pour les échanges européens, entrainés par les journaux scientifiques. Surtout, il était désormais possible d’avoir une vision plus fine des composantes de la production comme de la réception, en matière savante : place considérable de la physique et de la médecine, place croissante des mathématiques, et régression des sciences naturelles. On imaginait un rendez-vous, qui n’a pas eu lieu, pour mieux comprendre les résultats d’une première approche statistique dont les questions n’obtenaient pas encore de réponses satisfaisantes. À quelques signes d’intérêts personnels manifestés près, on n’a pas constaté une mobilisation collective forte, y compris au sein de l’EHESS, où évoluaient déjà des maîtres qui ont participé à l’élaboration du Centre Alexandre-Koyré, et promouvaient une relecture plus culturelle des sciences dans l’Histoire.

    5Il me semble que le domaine de l’histoire des sciences souffrait en quelque sorte d’une non-reconnaissance globale par l’ensemble des historiens et d’une dispersion interdisciplinaire et institutionnelle. Ces deux caractères ont certainement été atténués depuis les années 1960-1970, mais sans jamais disparaître. Un indice de cette transformation est la composante référentielle et disciplinaire des recensements des seuls historiens dans les centres et départements d’Histoire des universités et grands établissements. À l’IHMC7, en 1991, le répertoire français des historiens de la période moderne et contemporaine8 n’a pas retenu, faute de moyens d’interrogation, la catégorie « historiens des sciences » dans ses index. On la trouve dispersée, et plus particulièrement dans la catégorie « historiens des civilisations ». En 20009, la catégorie « historiens des sciences » regroupe ceux qui se sont reconnus comme tels, même s’ils n’étaient pas seulement historiens des sciences, et l’on en décompte une centaine, à laquelle il faut ajouter un certain nombre de ceux qui se réclament de l’histoire de la philosophie et des idées et sont parfois classés dans la catégorie « historiens de la philosophie », et ceux qui se déclarent historiens de la santé et de la médecine, voire encore historiens des techniques. Trente ans plus tôt, l’histoire des sciences, en tout cas à mes yeux, était d’abord caractérisée par sa dispersion entre de multiples intérêts et entre des disciplines nombreuses. On pouvait toutefois y percevoir des modes d’études et d’appréhension unifiants. Le premier était plutôt orienté vers l’étude « internaliste10 » des diverses sciences, on le trouve exposé dans la table des matières de la Science Moderne11 de René Taton avec des variantes catégorielles qui expriment plusieurs choses à la fois et des variantes dans les objets et les méthodes retenus. On pouvait s’en faire une idée dans les revues françaises ou étrangères telle qu’Isis. Le second, depuis Henri Berr, Pierre Duhem, et Abel Rey, concevait l’histoire des sciences comme une histoire philosophique, à la fois histoire des idées mais aussi des problèmes scientifiques. Enfin, la troisième perspective, dont le poids unificateur pouvait me paraître décisif, est engagée dans la conquête de la revue des Annales12, et visait à écrire une histoire plus externe, influencée par les débats sur la logique du savoir, sur le rôle des contextes culturels, sur l’action de la société.

    6La dispersion des lieux d’enseignement, l’impossibilité personnelle de tout savoir et de tout dominer m’oblige à réduire le catalogue de mes références. Leur choix était pour moi dicté par le besoin et l’occasion. L’analyse sociologique des milieux académiques où se mêlaient les professionnels, les vrais savants avec les amateurs m’imposait des contraintes. Mes réponses n’ont d’objectivité que parce que j’ai à ce moment essayé d’interroger les spécialistes dont certains pouvaient avoir une pratique dominante ou une influence forte, et d’autres moins. Gaston Bachelard, historien des frontières et des coupures, notamment avec son ouvrage Le Nouvel esprit scientifique13, a été particulièrement efficace. Mais à ses côtés il y avait l’ombre d’Alexandre Koyré, d’Ernst Cassirer, et de quelques autres. Ce faisant, je suivais les voies ouvertes ou indiquées par Marc Bloch et Lucien Febvre car je m’intéressais plus aux pratiques sociales qu’aux théories. L’étude des académies interrogeait surtout une sociologie des savoirs plutôt qu’une histoire de la pratique et de l’image des découvertes. C’est seulement à la veille de ma soutenance de thèse, en 1972, que j’ai lu La structure des révolutions scientifiques de Thomas S. Kuhn14 : avec sa notion de « science normale » née d’un paradigme accepté, je pouvais me retrouver dans les traditions académiques parisiennes ou provinciales, et comprendre le jeu social des institutions et de leur influence. La leçon principale qui pouvait s’imposer à moi comme à d’autres me paraît encore aujourd’hui, de comprendre le rapport entretenu entre les aspects sociaux et le caractère cognitif rationnel de la science. Ma contribution a peut-être incité à mieux mesurer les demandes diverses qui pèsent sur la théorie, l’expérimentation, ou les motivations irrationnelles, comme le suggérait Krzysztof Pomian, et où dialoguent la spécificité de la science et celle de son contexte. L’académisme provincial, qui refusait la difficulté mathématique et les contraintes de la physique, a oscillé entre la distraction mondaine et l’empirisme utilitaire, et il a participé à l’engouement pour les sciences de la nature, en apparence plus faciles d’accès, tiraillé entre les connaissances géologiques et géographiques, la médecine et la botanique dont on entendait, avec Rousseau, les capacités sociales. On conçoit aussi que l’un des enrichissements possibles de ce savoir social savant n’était jamais séparé de préoccupations techniques, ce qui renvoyait à une autre analyse et sans doute d’autres développements sur le rôle de la science, de l’invention, de ses appropriations. En tout cas je pense que Le siècle des lumières en province15 a contribué à définir, à l’instar de la République des Lettres avec Les Républicains des Lettres16, la République des Sciences et ses réseaux, ses échanges, ses enjeux sociaux et politiques.

    3) Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement national comme international depuis lors (son périmètre, ses acteurs, ses lieux, ses controverses) ?

    7Depuis la fin des années soixante-dix, mon rapport à l’histoire des sciences et aux historiens des sciences ne s’est pas modifié. Je ne participe du champ qu’en tant que référence plus ou moins obligée sur le public des sciences au xviiie siècle. Récemment encore, un éminent collègue anglais, historien de la médecine, pouvait écrire que dans Le siècle des lumières en province, il n’y avait aucune idée utile pour comprendre les échanges intellectuels de la République des Lettres, les statistiques n’aidant qu’à en comprendre le squelette dont la chair reste à lire ailleurs dans l’échange traditionnel des idées. C’est un point de vue, qui peut être sans doute appliqué au domaine scientifique, dans lequel l’analyse propose un cadre d’évolution et d’interprétation des choix savants. En tout cas, cela explique qu’on ne m’ait jamais invité à discuter de ce problème dans les endroits où, comme le Centre Alexandre-Koyré, il aurait pu intéresser certains. Il me semble que le développement de l’histoire des sciences en France a été concentré sur quelques points et essentiellement porté par des individus qui s’engageaient dans les agendas de recherche pouvant relever de l’histoire des sciences, stricto sensu, de l’histoire de la culture et des sociabilités culturelles. Ce qu’illustre la liste de ceux ayant répondu à la demande de recensement en 2000 et leurs sujets d’étude. Répondre à cette question exigerait une enquête plus documentée et qui comparerait les niveaux d’intégration dans la discipline et dans ses institutions de recherche et d’enseignement. Cela échappe à mes compétences actuelles. Toutefois, si je reprends les réponses du recensement de 2000, je retrouve d’abord la dispersion des sujets, de la biographie de Cauchy à l’étude des histoires naturelles de l’homme en France, de l’histoire des institutions à celle des acteurs, des pratiques et des savoirs scientifiques. Quant à la localisation et à l’encadrement des sujets, ils se fixent principalement dans les universités avec une dominante philosophique, littéraire et historique et généralement un double rattachement : affiliation universitaire et association au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avec quelques laboratoires majeurs reconnus comme le Centre Alexandre-Koyré, à l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS). Dans le cadre national, Paris exerce une influence prépondérante, avec ses universités et ses grands établissements. Le rayonnement national ne m’est accessible qu’à l’occasion rare d’invitation à participer à un jury d’histoire des sciences. Le rayonnement international m’aurait échappé plus encore si, à l’occasion de mon travail à l’Institut Universitaire de Florence17, je n’avais pas eu la chance de rencontrer des collègues italiens éminents, et d’aller à la découverte d’autres historiens des sciences américains, dont le plus marquant à mes yeux a été Charles C. Gillispie, de Princeton, et le plus proche Roger Hahn, auteur de The Anatomy of a Scientific Institution. The Paris Academy of Sciences, 1666-180318. Grâce à James E. McClellan, leur élève, j’ai, avec son « Europe des académies »19, et plus encore avec son livre cosigné avec Harold Dorn, Science and Technologie in World History: An Introduction20, pu mesurer combien l’influence de la production française était limitée, sans doute à cause de la langue et du recul des traditions, sans doute aussi, à cause d’une optique plus pragmatique encore et de la réception privilégiée, aux États-Unis, du livre et des thèses de Thomas Kuhn. La liaison à retrouver en ce domaine concernait la façon dont se rejoignaient l’histoire des idées et la sociologie historique des sciences à la française. De l’observatoire florentin et des rapports qu’il m’offrit, je pouvais mieux voir chez Paolo Rossi, Pietro Corsi, Walter Téga, et le jeune Enzo Ferrone, comment l’histoire des sciences italiennes suivait sa voie propre, avec un intérêt pour le développement interne des sciences mais aussi une volonté de discuter les apports français de l’histoire sociale et culturelle des institutions scientifiques, voire l’importance du rapport aux développements technologiques. L’étude de l’époque des Lumières se prêtait spécialement à ces échanges. L’importance des institutions scientifiques, le réseau de professionnalisation et de diffusion, y favorisent un développement autonome des sciences. Toutefois ce développement ne débouche pas sur un scientisme, conclusion que fournissait déjà Livre et Société dans la France du xviiie siècle, et les réflexions d’Alphonse Dupront21 quant à l’interprétation des sciences de la nature et de l’homme, et surtout à propos du triomphe des sciences baconiennes et expérimentales qu’illustre le mouvement des sociétés savantes par ses concours, ses publications, ses expériences. Il m’est cependant difficile de mesurer aujourd’hui précisément l’entrelacement des débats, la richesse des échanges que pouvaient percevoir des acteurs multiples avec des engagements divers, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle internationale. Il me semble toutefois que l’intérêt pour l’histoire des sciences s’est accru fortement, et de façon directement liée, dans ses deux dimensions. Margaret C. Jacob en donne un exemple dans son livre de 1988, The Cultural Meaning of Scientific Revolution22, dont l’enjeu est de voir quelle méthode d’enquête adopter, comment interroger le modèle mécaniste et mathématique, de Galilée à Newton, avec les Lumières. Une partie des débats pouvait apparaître dans la revue Dix-huitième siècle, organe d’une société beaucoup plus ouverte alors aux historiens qu’aujourd’hui. Une partie se développait dans la Revue de synthèse, dont Jean-Claude Perrot et Eric Brian avaient relancé l’intérêt pour ces questions et plus particulièrement dans la dimension de l’histoire des sciences humaines et sociales. Avec les Annales. Économies, Sociétés, Civilisations23, c’était l’une des références en ce domaine, où s’exprimaient les chercheurs du Centre Koyré et d’autres laboratoires. Les autres revues historiques nationales ou provinciales ont durant cette période accordé certainement moins de place aux historiens des sciences. Une étude d’ensemble de la diffusion reste à faire.

    8Arrivé à ce point, et à partir d’une seule expérience, celle d’un professeur d’université, à Paris, engagé dans sa double activité d’enseignement et de recherche, quelle place pouvait-il accorder à l’histoire des sciences dans ses cours ses travaux personnels et les travaux collectifs et individuels des élèves, par exemple à l’ENS, et dans les universités, à Paris VII et, après 1978, à Paris I ? Il est assez peu facile de tirer des conséquences générales. En ce qui me concerne, je pense avoir tenu compte des développements immédiats de l’histoire des sciences de deux façons. La première relève de la diffusion de l’information plus ou moins développée, à l’occasion des cours et séminaires en ce domaine. Elle découle des intérêts et des occasions personnels dus au hasard, car je n’ai jamais été intégré dans une équipe de spécialistes. La connaissance des ouvrages, parfois avec retard, et celle de leurs comptes-rendus pouvaient autoriser un accès aux controverses sans justifier une intervention directe, sauf en ce qui concernait l’interprétation des rapports de la science et de la société. La seconde, en revanche, avec la direction des mémoires de maîtrise et celle des thèses, autorisait plus de choix pouvant renvoyer à des développements engagés dans le développement de l’histoire des sciences, avec les travaux personnels que je pouvais encourager.

    9C’est ainsi que j’ai découvert l’Histoire de la folie à l’âge classique24 et la Naissance de la clinique25 avec les agrégatifs normaliens, entre 1961 et 1964. Plus précisément, c’est Roger Chartier, entré à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1964, qui m’a fait découvrir le premier. Ces deux livres permettaient de distinguer des moments majeurs des représentations sociales sur la pauvreté, la maladie, les rapports des élites et des classes populaires.

    10Foucault invitait à revoir les chronologies mêmes de ces rapprochements et de ces oppositions dans l’ordre des savoirs comme dans celui des partages de pouvoir. J’ai sans doute été moins sensible à ses ouvrages Les mots et les choses (1966)26 et L’archéologie du savoir (1969)27. Peut-être que l’historien des pratiques de sociabilité et de connaissances à l’œuvre entre le classicisme et les Lumières était moins intéressé au fonctionnement des épistémès par rapport à la réalité des imbrications temporelles ? Cela n’enlève rien au rôle d’un penseur qui a renouvelé de grands débats sur les institutions, la justice, la prison, et peut-être plus encore sur le corps et la médicalisation, d’une manière générale, et sur les sociétés elles-mêmes face à d’autres interrogations sociologiques. Il me semble que l’on doit beaucoup à Michel Foucault pour sa réflexion sur la « production de la vérité » impliquée dans la formalisation des pratiques scientifiques comme pour celle de l’anthropologie du corps. Aussi on doit se rappeler des travaux qui ont répondu à Foucault. Je pense en particulier à ceux de Jacques Léonard, dont Les médecins de l’Ouest au xixe siècle (1978)28 et La médecine entre les pouvoirs et les savoirs (1981)29 ont été parmi les exemples que je pourrais citer comme une manière de désenclavement grâce à la discussion par rapport à l’histoire traditionnelle des progrès scientifiques médicaux, restée fidèle aussi à l’historiographie des grandes figures. Jean-Pierre Peter a rappelé la difficulté d’organiser et de rassembler autour de ce « carrefour de tout »30 qu’est l’histoire de la médecine, mettant en question les sciences, les savoirs, les institutions, l’organisation universitaire, l’espace social. C’est peut-être un bon exemple de la façon dont, en appréhendant l’histoire des sciences, celle des sciences naturelles, celle de la chimie, celle des pratiques quotidiennes, on butait sur des cloisonnements décourageants.

    11Je serais toutefois injuste si, dans ce dialogue, j’oubliais de citer d’autres grands acteurs de l’épistémologie de la discipline. Au tournant des années 1980, je me suis orienté dans une perspective de recherche qui, partant du social (Le Peuple de Paris, 1981)31, tentait de comprendre le développement des rapports entre production et consommation, tant pour les objets que pour les savoirs, les idées. Pour cela, la question des classifications, dans le langage des choses comme dans les relations entre manière d’appropriation et façon de savoir et de faire, retrouvait l’interrogation mobilisatrice : qu’est-ce que le progrès ? Je pouvais entendre question et réponse dans le travail de Georges Canguillem, La connaissance de la vie (1965)32 ou Le normal et le pathologique (1966)33. Il éclairait non seulement l’objet de l’histoire des sciences, le rapport externaliste-internaliste, mais aussi l’effort pour rechercher comment des attitudes admises avaient constitué un dépassement. L’histoire des sciences est l’histoire d’objets qui ont une histoire par leur mise en rapport avec leurs destinataires et leurs usagers (Étude d’histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie, 1968)34. De la même façon, je trouvais dans les travaux de Judith Schlanger, depuis Les métaphores de l’organisme (1971)35 jusqu’aux travaux sur L’invention intellectuelle (1983)36, l’interrogation sur ce qu’est l’ordre du nouveau, ou la fécondation du neuf, aussi bien applicable à la culture matérielle qu’à la diversité des débats culturels sur les sciences. On pouvait y trouver de quoi renvoyer à l’histoire des sciences dans son rôle critique et une manière de comprendre Kuhn. Avec François Dagognet, je retrouvais, par exemple dans la Raison et les remèdes (1964)37, la médecine entre société et science, et, peu à peu, à travers des ouvrages multiples, une invitation à comprendre l’évolution des savoirs comme celle des choses à travers des formes, des espaces, des lieux, bref une « rematérialisation »38 générale. Ainsi, L’éloge de l’objet (1989)39 pouvait nourrir le rapport de l’homme à la marchandise et aux choses par une épistémologie enracinée dans une corrélation discutée vis-à-vis de l’évolution scientifique. Je ne suis pas sûr que cet exemple, encourageant au décloisonnement disciplinaire – voir pour preuve son Catalogue de la vie (1970)40 enraciné dans les sciences administratives et l’exercice caméraliste – ait été entendu par les historiens. En tout cas, comprendre la mobilité passe en partie par les propositions de Dagognet, ce qu’on peut voir dans mon ouvrage Humeurs vagabondes (2003)41. Il me reste à citer aussi un versant de la philosophie – donc de l’histoire des sciences – qui orientait la réflexion des historiens vers l’interprétation des techniques, avec Gilbert Simondon, dont j’ai connu l’œuvre tardivement, notamment Du mode d’existence des objets techniques42, et aussi Jean-Pierre Séris, avec Machine et communication (1987)43 et La technique (1994)44. Chez l’un comme chez l’autre, le rapport des techniques et des sciences est majeur pour comprendre les activités humaines et les transformations du monde. Surtout, le développement expérimental des sciences met en cause des techniques : songeons aux instruments et aux mesures, à l’orientation utilitaire des institutions savantes, mais aussi à la complexité de l’écart qui sépare la technique et la science, comme le pensait Kuhn, avant la situation actuelle d’une rencontre associative et discutée, et qui reste un champ ouvert aux recherches des historiens. C’est notamment le cas de l’histoire militaire ou vétérinaire, comme j’ai pu le montrer en étudiant la culture équestre (2008-2015)45. Autrement dit, on retrouve l’interrogation sur le « filtrage social » de l’invention, avec ses logiques de rapport à la science, ce que l’on peut voir dans la transformation des véhicules hippomobiles.

    12Arrivé à ce point, on peut comprendre combien j’ai été intéressé et convaincu par la diffusion des recherches de ce que j’appelle la « Nouvelle Histoire des Sciences britannique », celle qu’illustrent, parmi d’autres, Steven Shapin et Simon Schaffer. Leur premier ouvrage commun m’a été révélé par un doctorant travaillant en Angleterre, et ce Léviathan et la Pompe à air46 est devenu dès 1985 une référence collective de mon séminaire pour souligner la dimension scientifique de la genèse des savoirs sociaux, et pour insister sur le rôle des lieux et des objets matériels dans l’« ordre matériel des connaissances ». Françoise Waquet consacrera un ouvrage à ces questions en 201547, où les outils de travail des savants sont identifiés à leur fonction cognitive centrale. Simon Schaffer, avec La fabrique des sciences modernes (2014)48, rassemble vingt-cinq années de publications qui éclairent les nouvelles méthodes et les nouvelles questions de l’histoire des sciences. Désormais, le rôle des pratiques d’expérimentation, de fabrication et d’usage des instruments, de confrontation des activités à travers l’espace et les laboratoires est devenu général et intégré aux recherches, y compris dans leur dimension spectaculaire, comme l’a montré Marie Thébaud-Sorger dans ses travaux sur l’aérostation en Europe49. L’Histoire sociale de la vérité (1994)50 de Steven Shapin en reprend les dimensions sociales de la constitution de tout savoir. Ces rappels montrent ce qu’a été le chemin parcouru depuis les années 1960-1970, jusqu’au moment où je n’ai plus exercé de responsabilité pédagogique. Cette image nouvelle de l’histoire des sciences a pu en tout cas nourrir ma compréhension de l’interdisciplinarité et ma façon de percevoir les rapports entre les catégories de savoir, leurs intérêts réels et matériels. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le rapport de la science et des scientifiques à l’histoire sur ce point. Finalement, au terme du parcours entrepris, j’ai pu découvrir que j’avais contribué, dans une certaine mesure, à la manière dont avaient pu naître et grandir quelques représentants des nouvelles façons de voir et d’écrire une histoire des sciences répondant aux critères de la raison pragmatique, chère à Gérard Noiriel (Sur la « crise » de l’Histoire, 1996)51. Dans l’Histoire des sciences et des savoirs dirigée par Dominique Pestre52, qui se propose de ne plus voir dans la science une chose évidente, et de donner à comprendre plutôt un ensemble de connaissances instables et équivoques, dépendantes des groupes et des acteurs en société, outre le directeur du premier tome53, Stéphane Van Damme, sur la vingtaine d’auteurs qui abordent la période de l’Ancien Régime, la moitié au moins a suivi mon séminaire de Paris I, et certains ont parcouru plusieurs étapes de leur cursus en compagnie de Jean-Claude Perrot et de moi-même, avec fidélité. Pour illustrer cet écho et ce rapport à une certaine dimension des sciences humaines et sociales on peut en retenir les noms : Marie-Noëlle Bourguet, Maria Pia Donato, Liliane Hilaire-Perez, Isabelle Laboulais, Grégory Quénet, François Regourd, Antonella Romano, Marie Thébaud-Sorger, sans oublier Pascal Brioist. Je peux peut-être alors raisonnablement dire que j’ai été un historien des sciences d’aventure, ou d’occasion, et un faiseur de vrais historiens reconnus des sciences.

    4) Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques en ce domaine ?

    13Répondre à cette question impose peut-être de distinguer dimension historique et constat historiographique. Dans la première perspective, l’histoire de la France moderne, l’histoire scientifique de la science montre l’importance des facteurs politiques et, pour simplifier, de l’idéologique. Le mouvement des sciences modernes en Europe ne peut se comprendre sans l’aide, l’appui, la résistance et la méfiance que les pouvoirs politiques ont accordés aux sciences de la nature. Les croyances et les pouvoirs religieux pourront au cours de l’histoire renforcer ou contrarier l’ordre juridique qui organise la société savante, et conférer plus ou moins de liberté dans le domaine scientifique, disons, d’une manière générale, la capacité d’encourager ou de freiner la novation. Au xviiie siècle, commence à se développer l’histoire des sciences, une curiosité universelle pour l’ensemble des savoirs. Ainsi, on peut prendre Fontenelle comme témoin, avec sa « Préface sur l’utilité des Mathématiques et de la Physique et sur les travaux de l’Académie des Sciences » (1699)54, où il compare certitude de l’esprit géométrique et vicissitude de l’esprit historique. L’histoire des sciences apparaît comme le moyen de réconcilier les deux influences contradictoires sous le regard des pouvoirs. Pour eux, l’enjeu est le bien public. Il suffit d’évoquer la manière dont à Florence, à Londres, à Paris, la science nouvelle a pu s’appuyer sur le mouvement académique et comment celui-ci agissait aux deux extrémités de la chaîne de production et de consommation des connaissances nouvelles et au niveau de leur utilité générale et locale. Insuffisante, parfois tatillonne, mais rarement pour censurer les travaux utiles, l’administration a soutenu l’établissement du nouvel ordre scientifique, à Paris et dans la quarantaine de sociétés locales, avec leurs concours, leurs enquêtes, leurs observatoires. La science est inscrite dans le catalogue des exigences sociales. Il en va de même dans les sociétés anglaises, dans l’Empire, comme l’a montré James McClellan. À Rome, au cœur de la Chrétienté, Maria Pia Donato et Gilles Montègre ont montré comment les sciences ont été pratiquées, enseignées et transmises. Plus encore, la capacité culturelle de la capitale romaine laisse entrevoir, dans leurs publications55, comment l’intérêt scientifique épaule celui pour l’Antiquité et comment les pontifes ont encouragé l’Institut de Bologne, les chaires scientifiques de l’université et laissé se développer les discussions des jésuites sur le newtonianisme. Les éditeurs romains suivent le mouvement. La revue Antologia romana, après le Giornale de’ Letterati, défend une apologétique catholique conciliable avec la science moderne. L’exemple permet de voir comment peuvent s’accorder des contraintes qui partagent politiques et sociétés civiles. Bien sûr, on sait le rôle joué par l’expansion coloniale et maritime dans l’économie des sciences modernes. C’est une nécessité d’examiner partout différentes expressions de ces rapports des pouvoirs « politiques » aux sciences, car ils autorisent la conception de l’engagement dans la recherche, des échanges entre la société et la science, des manifestations de vérité et de l’objectivité scientifique (Lorraine Daston et Peter Galison56). Accepter cette relation du conceptuel et du technique au politique n’implique pas que l’on renonce à l’existence d’une vérité scientifique établie par la construction des faits qui contribuent à faire la réalité, et non pas seulement à la refléter, comme le rappelle Alain Desrosières à propos des statistiques du chômage57. Dans le domaine de l’histoire des sciences, et des discussions provoquées autour de la naissance des sciences humaines, on peut découvrir l’importance et la nécessité d’un approfondissement du travail sur le rapport au politique, avec l’étude des transformations liées à la Révolution, ce qu’illustrent les travaux importants de Jean-Luc Chappey58.

    14Le rapport des savants au politique est une chose importante, à certains moments, décisive. Songeons à Benjamin Franklin et à son rôle dans la négociation pour une nation américaine, songeons au destin de Lavoisier, de la Ferme générale à l’exécution publique. Cette contrainte s’inscrit au cœur de l’interprétation de la vérité scientifique, ce qu’a démontré Steven Shapin, pour restituer aux mœurs, aux codes de conduite, leur impact pour la crédibilité des sciences. Si l’on veut bien prolonger cette question jusqu’à notre temps on retrouvera la dépendance réelle qui lie les choix des politiques et les développements de la science. Notre système éducatif en mathématiques, en sciences naturelles et physiques, pour une part globale, et pour une part absolue en sciences humaines, repose sur les universités et les grandes écoles. La recherche est, chez nous, sous la dépendance de l’État, et nos institutions sont sous la protection du chef de l’État, Académies et Collège de France en tête. Les universités le sont moins directement, mais sont les cibles premières des mesures de réforme et de transformation du modèle de l’enseignement et de la recherche. L’histoire des sciences, qui se situe à l’interface de ces pédagogies, ne peut rester sans question sur le développement actuel des enjeux qui concernent le rapport à la matière vivante et à la gestion de la nature, au monde animal, aux changements des équilibres climatiques. Dès qu’arrive une menace de canicule ou d’inondation, la presse retrouve le chemin des bureaux où travaillent les historiens du climat, comme Emmanuel Garnier59, et, grand aiguilleur en ce domaine, Emmanuel Le Roy Ladurie60. Leurs travaux, qui interrogent la capacité historienne à questionner des systèmes de mesure complexes et à comparer des politiques de contrôle et d’aménagement, relève d’une histoire des sciences dont l’avenir est prévisible. Il n’est cependant pas tout à fait garanti.

    15Les réformes universitaires sont en train de faire basculer les chercheurs dans un autre univers, inspiré par le succès des grandes universités américaines. Si on ne peut nier que des réformes doivent être faites, l’actuel modèle culturel du projet et de la concurrence dans la recherche est en train de bouleverser la formation et la carrière des chercheurs. Il n’est pas sûr que les anciennes structures, Institut d’histoire des sciences et des Techniques61, Centre Alexandre-Koyré62, etc., y résistent, car leurs discours, leurs apports profonds ne sont pas forcément popularisables, opératoires, et immédiatement perçus. Que l’on songe à l’austérité philosophique et détachée chez un Georges Canguilhem, sans laquelle la discipline ne serait pas ce qu’elle est devenue, et si éloignée en apparence des interrogations et des joutes médiatiques rentables. On sait ce qu’a été son action avant qu’il exerce entre philosophie du savoir et philosophie de l’expérience son « magistère invisible », qu’a évoqué Michel Foucault63, et, après lui, Jacques Bouveresse64. Car c’est peut-être de cela qu’il s’agit : en fondant le nouveau modèle de recherche, on peut voir la montée de nouveaux acteurs. On ne discutera pas de l’intérêt scientifique de leurs travaux, il est incontestable. Pour ne retenir qu’un exemple, je voudrais évoquer Bruno Latour. Son œuvre a interrogé notre vision de l’histoire de sciences. Avec La vie de laboratoire (1979)65, elle ranime la querelle entre relativistes et rationalistes. Je ne pense pas qu’il y ait d’un côté la nature et de l’autre le social, mais une action réciproque qui est l’objet de l’étude, et confirme l’existence de la réalité et la nécessité de la vérité savante et de ses protocoles. Toutefois, ceci dit, l’itinéraire universitaire de Latour l’identifie avec le succès d’un modèle académique, différent, de la Californie à l’École des mines, et enfin à Sciences Po. Il accompagne une reconnaissance savante et médiatique indiscutée. Sa figure me paraît évoquer moins le constructivisme radical que l’engagement dans une autre politique de gestion de l’enseignement et de la science, qu’il analysait en 199866 et dans laquelle il a vécu. La question reste entière car comment concilier l’égalité réelle et le progrès possible, les valeurs morales et le changement, la critique raisonnable et l’inégalité d’accès aux réseaux de connaissance et de reconnaissance. Le problème est celui de l’incitation nécessaire, mais discutée dans les institutions démocratiques. Par exemple, quand le pouvoir politique propose à l’université de reconnaître la criminologie, il bouleverse les règles de travail des universitaires et leur choix de garantir l’esprit de liberté dans les connaissances. La question, résolue en 200967, pourra constituer un beau sujet d’histoire des sciences comparatives ! Quand le gouvernement décide de supprimer des millions d’euros de crédits promis, il se voit obligé de reculer en partie devant les protestations des autorités savantes68. Les historiens des sciences auront à reprendre la question, en n’oubliant pas de comparer la médiocrité de leur budget avec les ressources nécessaires et reconnues des grands laboratoires. La crise s’achève par une déclaration ministérielle (Le Monde, mai 2016)69 sur l’implication nécessaire de revoir la définition du pacte entre la nation et sa recherche, surtout quand le secrétaire d’État déclare avoir pris conscience de la richesse et de la puissance des sciences humaines et sociales. Enfin, quand le gouvernement s’engage sur la réforme d’un doctorat70, qui reste, en histoire des sciences comme dans toutes les sciences historiques un moment et un moyen majeur, pour mesurer et encourager les progrès des recherches, leur capacité à innover, on voit ce que l’on peut perdre et risquer pour le développement d’un champ de travail déjà menacé par une histoire spécifique, divisée entre des attractions intellectuelles et plus encore des capacités de travail inégales.

    16Si j’achève cette réponse dans l’affirmation d’une vigilance politique active nécessaire, c’est qu’elle a été ma règle dans mon travail, et plus particulièrement quand j’ai été amené à orienter des jeunes chercheurs dans le domaine de la compréhension de la société scientifique d’autrefois. Mon témoignage voudrait d’abord rappeler qu’un travail interdisciplinaire répond à trois conditions principales, que Gérard Noiriel avait défini dans Sur la « crise » de l’Histoire (1996)71. Premièrement, il s’agit de traduire les innovations nées dans une discipline dans le langage des autres. Deuxièmement, il faut croire en la mise en œuvre de programmes de recherche fondés sur l’intelligence du projet et l’affinité intellectuelle et humaine, définis sans contrainte, collectivement, sans dépendre immédiatement des instances comptables. Troisièmement, il faut admettre que la compétence institutionnalisée des groupes de travail permet de gérer les rapports entre les objectifs scientifiques et les capacités de reconnaissance, avec leurs normes qui ne sont pas celles du jugement politique ou économique, mais celles de la science sans doute ?

    Notes de bas de page

    1 Note des éditeurs (NdE) : cette Histoire générale des civilisations, éditée sous la direction de Maurice Crouzet, comprend 7 tomes, publiés entre 1953 et 1957. Le premier est : Aymard André, Auboyer Jeanine, T. 1 – L’Orient et la Grèce Antique, Paris, Presses universitaires de France, 1953. Le septième et dernier tome, écrit par Maurice Crouzet, concerne l’époque contemporaine, considérée comme la période allant de 1914 à 1957.

    2 NdE : Taton René (dir.), Histoire générale des sciences, t. 1 « La science antique et médiévale » (1957), t. 2 « La science moderne » (1958), t. 3 « La science contemporaine » (1964, 2 vol.), Paris, Presses universitaires de France, 1957-1964.

    3 NdE : première année d’études supérieures, mise en place progressivement à partir de 1896. Cette année préparatoire aux licences, aussi bien dans les facultés de sciences que dans celles de lettres, fut abord facultative, puis obligatoire à partir de 1947. Les certificats propédeutiques disparurent à la suite de la réforme Fouchet de 1966.

    4 NdE : Daniel Roche a été caïman d’histoire à l’École normale supérieure de Saint-Cloud entre 1962 et 1969.

    5 NdE : cette enquête donnera lieu à deux volumes collectifs : Bollème Geneviève, Ehrard Jean, Furet François, Roche Daniel, Roger Jacques, Livre et société dans la France du xviiie siècle, postface d’Alphonse Dupront, vol. 1, Paris/La Haye, Mouton & Co, 1965 ; Bouyssy Marie-Thérèse, Brancolini Julien, Flandrin Jean-Louis, Fontana Maria Flandrin, Alessandro, Furet François, Roche Daniel, Livre et société dans la France xviiie siècle, vol. 2, Paris/La Haye, Mouton & Co, 1970.

    6 NdE : Roger Jacques, Les sciences de la vie dans la pensée française du xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1963.

    7 NdE : Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine (IHMC), laboratoire du CNRS fondé en 1978 et hébergé, dès sa création, par l’École Normale Supérieure.

    8 NdE : Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine, Les historiens français de la période moderne et contemporaine : annuaire [rééd. par Arlette Faugères], Paris, CNRS Éditions, 1991.

    9 NdE : Roche Daniel (dir.), Répertoire des historiens français de la période moderne et contemporaine : annuaire, Paris, CNRS Éditions, 2000.

    10 NdE : l’approche « internaliste » de l’histoire des sciences consiste à considérer que les déterminants de l’évolution d’un domaine scientifique sont essentiellement internes à ce domaine et ne relèvent pas de facteurs sociaux plus généraux, considérés comme « externes ».

    11 NdE : tome 2 de l’Histoire générale des sciences déjà évoquée.

    12 NdE : la revue des Annales, fondée en 1929 par les historiens Marc Bloch et Lucien Febvre, et qui avait pour sous-titre « Economies, sociétés, civilisations » entre 1946 et 1993, l’a modifié en 1994 et s’intitule depuis lors : Annales. Histoire, Sciences sociales.

    13 NdE : Bachelard Gaston, Le nouvel esprit scientifique, Paris, Alcan, 1934.

    14 NdE : Kuhn Thomas S., The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, 1962 ; sa traduction française : La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1972.

    15 NdE : Roche Daniel, Le siècle des lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1689-1789, 2 vol., Paris/la Haye, Mouton, 1978.

    16 NdE : Roche Daniel, Les républicains des lettres : gens de culture et Lumières au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988.

    17 NdE : Daniel Roche a été professeur à l’Institut universitaire européen de Florence entre 1985 et 1989.

    18 NdE : Hahn Roger, The Anatomy of a Scientific Institution. The Paris Academy of Sciences, 1666-1803, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1971.

    19 NdE : McClellan James E., « L’Europe des académies », Dix-huitième siècle, vol. 25, 1993, p. 153-165.

    20 NdE : McClellan James E., Dorn Harold, Science and Technologie in World History: An Introduction, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1999.

    21 NdE : Dupront Alphonse, « Postface », dans Livre et société dans la France du xviiie siècle, vol. 1, op. cit., p. 185-238.

    22 Jacob Margaret C., The Cultural Meaning of Scientific Revolution, New York, McGraw-Hill, 1988.

    23 NdE : nom de la revue des Annales de 1946 à 1993.

    24 NdE : Foucault Michel, Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge Classique, Paris, Librairie Plon, 1961.

    25 NdE : Foucault Michel, Naissance de la clinique. Une archéologie du regard médical, Paris, Presses Universitaires de France, 1963.

    26 NdE : Foucault Michel, Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966.

    27 NdE : Foucault Michel, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.

    28 NdE : Léonard Jacques, Les médecins de l’Ouest au xixe siècle, Atelier de reproduction des thèses, université de Lille III, 1978.

    29 NdE : Léonard Jacques, La médecine entre les pouvoirs et les savoirs, Paris, Aubier-Montaigne, 1981.

    30 NdE : L’expression de Jacques Léonard a été reprise à deux occasions par Jean-Pierre Peter : Peter Jean-Pierre, « Jacques Léonard, un historien face à l'opacité », introduction au recueil posthume de textes de Jacques Léonard : Médecins, malades et société dans la France du xixe siècle, Paris, Sciences en Situation, 1992, p. 9-19 ; Peter Jean-Pierre, « Réflexions sur l’histoire de la médecine », dans Lagrée Michel, Lebrun François (dir.), Pour l’histoire de la médecine. Autour de l’œuvre de Jacques Léonard, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1994, p. 85-88.

    31 NdE : Roche Daniel, Le peuple de Paris : essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Aubier, 1981.

    32 NdE : Canguilhem Georges, La connaissance de la vie, réédition revue et augmentée, Paris, Vrin [1952] 1965.

    33 NdE : Canguilhem Georges, Le normal et le pathologique, augmenté de Nouvelles réflexions concernant le normal et le pathologique, Paris, Presses universitaires de France/Quadrige, [1943] 1966.

    34 NdE : Canguilhem Georges, Étude d’histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie, Paris, Vrin, 1968.

    35 NdE : Schlanger Judith, Les métaphores de l’organisme, Paris, Vrin, 1971.

    36 NdE : Schlanger Judith, L’invention intellectuelle, Paris, Fayard, 1983.

    37 NdE : Dagognet François, La raison et les remèdes. Essai sur l'imaginaire et le réel dans la thérapeutique contemporaine, Paris, Presses universitaires de France, 1964.

    38 NdE : Dagognet François, Rematérialiser. Matières et matérialismes, Paris, Vrin, 1989.

    39 NdE : Dagognet François, Éloge de l'objet. Pour une philosophie de la marchandise, Paris, Vrin, 1989.

    40 NdE : Dagognet François, Le catalogue de la vie : étude méthodologique sur la taxinomie, Paris, Presses universitaires de France, 1970.

    41 NdE : Roche Daniel, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2003.

    42 NdE : Simondon Gilbert, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958.

    43 NdE : Séris Jean-Pierre, Machine et communication. Du théâtre des machines à la mécanique industrielle, Paris, Vrin, 1987.

    44 NdE : Séris Jean-Pierre, La technique, Paris, Presses universitaires de France, 1994.

    45 NdE : Daniel Roche a publié trois volumes sur la culture équestre occidentale : La culture équestre de l'Occident, xvie-xixe siècle. L'ombre du cheval, t. I « Le cheval moteur », Paris, Fayard, 2008 ; Histoire de la culture équestre, xvie-xixe siècle, t. II « La gloire et la puissance », Paris, Fayard, 2011 ; Histoire de la culture équestre, xvie-xixe siècle, t. III « Connaissances et passions », Paris, Fayard, 2015.

    46 NdE : Shapin Steven, Schaffer Simon, Leviathan and the Air-Pump: Hobbes, Boyle, and the Experimental Life, Princeton, Princeton University Press, 1985 ; sa traduction française : Léviathan et la pompe à air. Hobbes et Boyle entre science et politique, Paris, La Découverte, 1993.

    47 NdE : Waquet Françoise, L'ordre matériel du savoir. Comment les savants travaillent, xvie-xxie siècles, Paris, CNRS Éditions, 2015.

    48 NdE : Schaffer Simon, La fabrique des sciences modernes, Paris, Éditions du Seuil, 2014.

    49 NdE : Thébaud-Sorger Marie, L’Aérostation au temps des Lumières, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

    50 NdE : Shapin Steven, A Social History of Truth: Civility and Science in Seventeenth-Century England, Chicago, University of Chicago Press, 1994 ; sa traduction française : Une histoire sociale de la vérité. Science et mondanité dans l’Angleterre du xviie siècle, Paris, La Découverte, 2014.

    51 NdE : Noiriel Gérard, Sur la crise de l’histoire, Paris, Belin, 1996.

    52 NdE : Pestre Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, 3 vol., Paris, Éditions du Seuil, 2015.

    53 NdE : Van Damme Stéphane (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, t. I « De la Renaissance aux Lumières », Paris, Éditions du Seuil, 2015.

    54 NdE : Le Bouyer de Fontenelle Bernard, « Préface sur l’utilité des Mathématiques et de la Physique et sur les travaux de l’Académie des Sciences » [1699], dans Œuvres complètes, t. VI (1694-1727), Paris, Fayard, p. 44, 1994.

    55 NdE : Montègre Gilles, « Un pas vers la mesure du monde. Le voyage scientifique français à Rome et la quête de l’antique dans la seconde moitié du xviiie siècle », dans Romano Antonella (dir.), Rome et la culture scientifique moderne. Entre Renaissance et Lumières, « Collection de l’École Française de Rome », 2008, p. 153-169 ; Donato Maria Pia, « Scienza e teologia nelle congregazioni romane. La questione atomista, 1626-1727 », dans Romano Antonella (dir.), Rome et la culture scientifique moderne. Entre Renaissance et Lumières, « Collection de l’École Française de Rome », 2008, p. 595-634.

    56 NdE : Daston Lorraine, Galison Peter, Objectivity, Boston, Zone Books, 2007.

    57 NdE : voir, par exemple, Desrosières Alain, La Politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993.

    58 NdE : voir, par exemple, Chappey Jean-Luc, Des naturalistes en Révolution. Les procès-verbaux de la Société d’histoire naturelle de Paris (1790-1798), Paris, Éditions du CTHS, 2010.

    59 NdE : voir, par exemple, Garnier Emmanuel, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe, Paris, Plon, 2010.

    60 NdE : voir, par exemple, Le Roy Ladurie Emmanuel, Histoire humaine et comparée du climat, 3 vol., Paris, Fayard, 2004-2009.

    61 NdE : fondé en 1932, l’Institut d’histoire des sciences et des techniques (IHST) devient l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) en 1992. Ses tutelles actuelles sont le CNRS, L’université Paris I, et l’École Normale Supérieure.

    62 NdE : fondé en 1958 comme « Centre de recherches d’histoire des sciences et des techniques », puis devenu Centre Alexandre-Koyré en 1966, ses tutelles actuelles sont l’EHESS, le CNRS et le Museum national d’histoire naturelle.

    63 NdE : Foucault Michel, « La vie : l’expérience et la science », Revue de métaphysique et de morale, vol. 90, no 1, janvier-mars 1985, p. 3-14.

    64 NdE : Bouveresse Jacques, « Préface », dans Canguilhem Georges, Œuvres complètes, t. I « Écrits philosophiques et politiques (1926-1939) », Paris, Vrin, 2011, p. 7-66.

    65 NdE : Latour Bruno, Woolgar Steve, Laboratory Life. The Social Construction of Scientific Facts, Los Angeles/Londres, Sage, 1979 ; sa traduction française : La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988.

    66 NdE : Latour Bruno, « Les chantiers actuels des études sociologiques sur les sciences exactes », dans Guesnerie Roger, Hartog François (dir.), Des sciences et des techniques : un débat, Cahier des Annales, vol. 45, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998, p. 11-24. Voir notamment p. 11 : « Notre centre de recherche, à l’École des mines, se plaint assez de l’absence d’évaluation des recherches pour ne pas saluer ce louable effort de politique scientifique [de l’EHESS], encore trop rare dans les sciences sociales, et qui vous a incités à définir les enjeux intellectuels avant de décider des postes, des mètres carrés et des financements. »

    67 NdE : en mars 2009, Alain Bauer devient le premier professeur titulaire de la chaire de « criminologie appliquée » du Conservatoire National des Arts et Métiers, ce qui provoque une réelle controverse dans le milieu académique.

    68 NdE : mercredi 18 mai 2016, le gouvernement annonce l’annulation de 256 millions de crédits pour l’enseignement supérieur et la recherche. Lundi 23 mai, une tribune (Le Monde, édition datée du 24 mai 2016) de sept Prix Nobel et un Médaille Fields dénonce un « suicide scientifique et industriel ». Finalement, lundi 30 mai 2016, le président de la République annonce l’annulation de cette mesure.

    69 NdE : « Un nouveau pacte avec la recherche », entretien avec Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche, Le Monde, édition datée du 31 mai 2016.

    70 NdE : La réforme du doctorat, fixée par un arrêté du 25 mai 2016, a donné lieu à de multiples débats entre le milieu académique et le pouvoir politique.

    71 NdE : Noiriel Gérard, Sur la « crise » de l’Histoire, Paris, Belin, « Socio-Histoires », 1996.

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    Instruments, images et culture du secret

    Mario Biagioli Alcime Steiger et Émilie Dauphiné (trad.)

    2022

    Arpenter l'histoire des sciences

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    Témoignages de chercheurs français contemporains

    Emanuel Bertrand et Wolf Feuerhahn (dir.)

    2023

    Descartes en Allemagne, 1619-1620. Seconde édition, corrigée et augmentée

    Descartes en Allemagne, 1619-1620. Seconde édition, corrigée et augmentée

    Le contexte allemand de l’élaboration de la science cartésienne

    Édouard Mehl

    2019

    La prose des savoirs

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    Pragmatique des mondes intellectuels

    Stéphane Van Damme

    2020

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    1 Note des éditeurs (NdE) : cette Histoire générale des civilisations, éditée sous la direction de Maurice Crouzet, comprend 7 tomes, publiés entre 1953 et 1957. Le premier est : Aymard André, Auboyer Jeanine, T. 1 – L’Orient et la Grèce Antique, Paris, Presses universitaires de France, 1953. Le septième et dernier tome, écrit par Maurice Crouzet, concerne l’époque contemporaine, considérée comme la période allant de 1914 à 1957.

    2 NdE : Taton René (dir.), Histoire générale des sciences, t. 1 « La science antique et médiévale » (1957), t. 2 « La science moderne » (1958), t. 3 « La science contemporaine » (1964, 2 vol.), Paris, Presses universitaires de France, 1957-1964.

    3 NdE : première année d’études supérieures, mise en place progressivement à partir de 1896. Cette année préparatoire aux licences, aussi bien dans les facultés de sciences que dans celles de lettres, fut abord facultative, puis obligatoire à partir de 1947. Les certificats propédeutiques disparurent à la suite de la réforme Fouchet de 1966.

    4 NdE : Daniel Roche a été caïman d’histoire à l’École normale supérieure de Saint-Cloud entre 1962 et 1969.

    5 NdE : cette enquête donnera lieu à deux volumes collectifs : Bollème Geneviève, Ehrard Jean, Furet François, Roche Daniel, Roger Jacques, Livre et société dans la France du xviiie siècle, postface d’Alphonse Dupront, vol. 1, Paris/La Haye, Mouton & Co, 1965 ; Bouyssy Marie-Thérèse, Brancolini Julien, Flandrin Jean-Louis, Fontana Maria Flandrin, Alessandro, Furet François, Roche Daniel, Livre et société dans la France xviiie siècle, vol. 2, Paris/La Haye, Mouton & Co, 1970.

    6 NdE : Roger Jacques, Les sciences de la vie dans la pensée française du xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1963.

    7 NdE : Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine (IHMC), laboratoire du CNRS fondé en 1978 et hébergé, dès sa création, par l’École Normale Supérieure.

    8 NdE : Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine, Les historiens français de la période moderne et contemporaine : annuaire [rééd. par Arlette Faugères], Paris, CNRS Éditions, 1991.

    9 NdE : Roche Daniel (dir.), Répertoire des historiens français de la période moderne et contemporaine : annuaire, Paris, CNRS Éditions, 2000.

    10 NdE : l’approche « internaliste » de l’histoire des sciences consiste à considérer que les déterminants de l’évolution d’un domaine scientifique sont essentiellement internes à ce domaine et ne relèvent pas de facteurs sociaux plus généraux, considérés comme « externes ».

    11 NdE : tome 2 de l’Histoire générale des sciences déjà évoquée.

    12 NdE : la revue des Annales, fondée en 1929 par les historiens Marc Bloch et Lucien Febvre, et qui avait pour sous-titre « Economies, sociétés, civilisations » entre 1946 et 1993, l’a modifié en 1994 et s’intitule depuis lors : Annales. Histoire, Sciences sociales.

    13 NdE : Bachelard Gaston, Le nouvel esprit scientifique, Paris, Alcan, 1934.

    14 NdE : Kuhn Thomas S., The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, 1962 ; sa traduction française : La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1972.

    15 NdE : Roche Daniel, Le siècle des lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1689-1789, 2 vol., Paris/la Haye, Mouton, 1978.

    16 NdE : Roche Daniel, Les républicains des lettres : gens de culture et Lumières au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988.

    17 NdE : Daniel Roche a été professeur à l’Institut universitaire européen de Florence entre 1985 et 1989.

    18 NdE : Hahn Roger, The Anatomy of a Scientific Institution. The Paris Academy of Sciences, 1666-1803, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1971.

    19 NdE : McClellan James E., « L’Europe des académies », Dix-huitième siècle, vol. 25, 1993, p. 153-165.

    20 NdE : McClellan James E., Dorn Harold, Science and Technologie in World History: An Introduction, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1999.

    21 NdE : Dupront Alphonse, « Postface », dans Livre et société dans la France du xviiie siècle, vol. 1, op. cit., p. 185-238.

    22 Jacob Margaret C., The Cultural Meaning of Scientific Revolution, New York, McGraw-Hill, 1988.

    23 NdE : nom de la revue des Annales de 1946 à 1993.

    24 NdE : Foucault Michel, Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge Classique, Paris, Librairie Plon, 1961.

    25 NdE : Foucault Michel, Naissance de la clinique. Une archéologie du regard médical, Paris, Presses Universitaires de France, 1963.

    26 NdE : Foucault Michel, Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966.

    27 NdE : Foucault Michel, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.

    28 NdE : Léonard Jacques, Les médecins de l’Ouest au xixe siècle, Atelier de reproduction des thèses, université de Lille III, 1978.

    29 NdE : Léonard Jacques, La médecine entre les pouvoirs et les savoirs, Paris, Aubier-Montaigne, 1981.

    30 NdE : L’expression de Jacques Léonard a été reprise à deux occasions par Jean-Pierre Peter : Peter Jean-Pierre, « Jacques Léonard, un historien face à l'opacité », introduction au recueil posthume de textes de Jacques Léonard : Médecins, malades et société dans la France du xixe siècle, Paris, Sciences en Situation, 1992, p. 9-19 ; Peter Jean-Pierre, « Réflexions sur l’histoire de la médecine », dans Lagrée Michel, Lebrun François (dir.), Pour l’histoire de la médecine. Autour de l’œuvre de Jacques Léonard, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1994, p. 85-88.

    31 NdE : Roche Daniel, Le peuple de Paris : essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Aubier, 1981.

    32 NdE : Canguilhem Georges, La connaissance de la vie, réédition revue et augmentée, Paris, Vrin [1952] 1965.

    33 NdE : Canguilhem Georges, Le normal et le pathologique, augmenté de Nouvelles réflexions concernant le normal et le pathologique, Paris, Presses universitaires de France/Quadrige, [1943] 1966.

    34 NdE : Canguilhem Georges, Étude d’histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie, Paris, Vrin, 1968.

    35 NdE : Schlanger Judith, Les métaphores de l’organisme, Paris, Vrin, 1971.

    36 NdE : Schlanger Judith, L’invention intellectuelle, Paris, Fayard, 1983.

    37 NdE : Dagognet François, La raison et les remèdes. Essai sur l'imaginaire et le réel dans la thérapeutique contemporaine, Paris, Presses universitaires de France, 1964.

    38 NdE : Dagognet François, Rematérialiser. Matières et matérialismes, Paris, Vrin, 1989.

    39 NdE : Dagognet François, Éloge de l'objet. Pour une philosophie de la marchandise, Paris, Vrin, 1989.

    40 NdE : Dagognet François, Le catalogue de la vie : étude méthodologique sur la taxinomie, Paris, Presses universitaires de France, 1970.

    41 NdE : Roche Daniel, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2003.

    42 NdE : Simondon Gilbert, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958.

    43 NdE : Séris Jean-Pierre, Machine et communication. Du théâtre des machines à la mécanique industrielle, Paris, Vrin, 1987.

    44 NdE : Séris Jean-Pierre, La technique, Paris, Presses universitaires de France, 1994.

    45 NdE : Daniel Roche a publié trois volumes sur la culture équestre occidentale : La culture équestre de l'Occident, xvie-xixe siècle. L'ombre du cheval, t. I « Le cheval moteur », Paris, Fayard, 2008 ; Histoire de la culture équestre, xvie-xixe siècle, t. II « La gloire et la puissance », Paris, Fayard, 2011 ; Histoire de la culture équestre, xvie-xixe siècle, t. III « Connaissances et passions », Paris, Fayard, 2015.

    46 NdE : Shapin Steven, Schaffer Simon, Leviathan and the Air-Pump: Hobbes, Boyle, and the Experimental Life, Princeton, Princeton University Press, 1985 ; sa traduction française : Léviathan et la pompe à air. Hobbes et Boyle entre science et politique, Paris, La Découverte, 1993.

    47 NdE : Waquet Françoise, L'ordre matériel du savoir. Comment les savants travaillent, xvie-xxie siècles, Paris, CNRS Éditions, 2015.

    48 NdE : Schaffer Simon, La fabrique des sciences modernes, Paris, Éditions du Seuil, 2014.

    49 NdE : Thébaud-Sorger Marie, L’Aérostation au temps des Lumières, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

    50 NdE : Shapin Steven, A Social History of Truth: Civility and Science in Seventeenth-Century England, Chicago, University of Chicago Press, 1994 ; sa traduction française : Une histoire sociale de la vérité. Science et mondanité dans l’Angleterre du xviie siècle, Paris, La Découverte, 2014.

    51 NdE : Noiriel Gérard, Sur la crise de l’histoire, Paris, Belin, 1996.

    52 NdE : Pestre Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, 3 vol., Paris, Éditions du Seuil, 2015.

    53 NdE : Van Damme Stéphane (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, t. I « De la Renaissance aux Lumières », Paris, Éditions du Seuil, 2015.

    54 NdE : Le Bouyer de Fontenelle Bernard, « Préface sur l’utilité des Mathématiques et de la Physique et sur les travaux de l’Académie des Sciences » [1699], dans Œuvres complètes, t. VI (1694-1727), Paris, Fayard, p. 44, 1994.

    55 NdE : Montègre Gilles, « Un pas vers la mesure du monde. Le voyage scientifique français à Rome et la quête de l’antique dans la seconde moitié du xviiie siècle », dans Romano Antonella (dir.), Rome et la culture scientifique moderne. Entre Renaissance et Lumières, « Collection de l’École Française de Rome », 2008, p. 153-169 ; Donato Maria Pia, « Scienza e teologia nelle congregazioni romane. La questione atomista, 1626-1727 », dans Romano Antonella (dir.), Rome et la culture scientifique moderne. Entre Renaissance et Lumières, « Collection de l’École Française de Rome », 2008, p. 595-634.

    56 NdE : Daston Lorraine, Galison Peter, Objectivity, Boston, Zone Books, 2007.

    57 NdE : voir, par exemple, Desrosières Alain, La Politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993.

    58 NdE : voir, par exemple, Chappey Jean-Luc, Des naturalistes en Révolution. Les procès-verbaux de la Société d’histoire naturelle de Paris (1790-1798), Paris, Éditions du CTHS, 2010.

    59 NdE : voir, par exemple, Garnier Emmanuel, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid en Europe, Paris, Plon, 2010.

    60 NdE : voir, par exemple, Le Roy Ladurie Emmanuel, Histoire humaine et comparée du climat, 3 vol., Paris, Fayard, 2004-2009.

    61 NdE : fondé en 1932, l’Institut d’histoire des sciences et des techniques (IHST) devient l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) en 1992. Ses tutelles actuelles sont le CNRS, L’université Paris I, et l’École Normale Supérieure.

    62 NdE : fondé en 1958 comme « Centre de recherches d’histoire des sciences et des techniques », puis devenu Centre Alexandre-Koyré en 1966, ses tutelles actuelles sont l’EHESS, le CNRS et le Museum national d’histoire naturelle.

    63 NdE : Foucault Michel, « La vie : l’expérience et la science », Revue de métaphysique et de morale, vol. 90, no 1, janvier-mars 1985, p. 3-14.

    64 NdE : Bouveresse Jacques, « Préface », dans Canguilhem Georges, Œuvres complètes, t. I « Écrits philosophiques et politiques (1926-1939) », Paris, Vrin, 2011, p. 7-66.

    65 NdE : Latour Bruno, Woolgar Steve, Laboratory Life. The Social Construction of Scientific Facts, Los Angeles/Londres, Sage, 1979 ; sa traduction française : La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988.

    66 NdE : Latour Bruno, « Les chantiers actuels des études sociologiques sur les sciences exactes », dans Guesnerie Roger, Hartog François (dir.), Des sciences et des techniques : un débat, Cahier des Annales, vol. 45, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998, p. 11-24. Voir notamment p. 11 : « Notre centre de recherche, à l’École des mines, se plaint assez de l’absence d’évaluation des recherches pour ne pas saluer ce louable effort de politique scientifique [de l’EHESS], encore trop rare dans les sciences sociales, et qui vous a incités à définir les enjeux intellectuels avant de décider des postes, des mètres carrés et des financements. »

    67 NdE : en mars 2009, Alain Bauer devient le premier professeur titulaire de la chaire de « criminologie appliquée » du Conservatoire National des Arts et Métiers, ce qui provoque une réelle controverse dans le milieu académique.

    68 NdE : mercredi 18 mai 2016, le gouvernement annonce l’annulation de 256 millions de crédits pour l’enseignement supérieur et la recherche. Lundi 23 mai, une tribune (Le Monde, édition datée du 24 mai 2016) de sept Prix Nobel et un Médaille Fields dénonce un « suicide scientifique et industriel ». Finalement, lundi 30 mai 2016, le président de la République annonce l’annulation de cette mesure.

    69 NdE : « Un nouveau pacte avec la recherche », entretien avec Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche, Le Monde, édition datée du 31 mai 2016.

    70 NdE : La réforme du doctorat, fixée par un arrêté du 25 mai 2016, a donné lieu à de multiples débats entre le milieu académique et le pouvoir politique.

    71 NdE : Noiriel Gérard, Sur la « crise » de l’Histoire, Paris, Belin, « Socio-Histoires », 1996.

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    Bertrand, E., & Feuerhahn, W. (éds.). (2023). Chapitre 2. Daniel Roche. In Arpenter l’histoire des sciences (1‑). Presses universitaires de Strasbourg. https://doi.org/10.4000/books.pus.37536
    Bertrand, Emanuel, et Wolf Feuerhahn, éd. « Chapitre 2. Daniel Roche ». In Arpenter l’histoire des sciences. Strasbourg: Presses universitaires de Strasbourg, 2023. https://doi.org/10.4000/books.pus.37536.
    Bertrand, Emanuel, et Wolf Feuerhahn, éditeurs. « Chapitre 2. Daniel Roche ». Arpenter l’histoire des sciences, Presses universitaires de Strasbourg, 2023, https://doi.org/10.4000/books.pus.37536.

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    Bertrand, Emanuel, et Wolf Feuerhahn, éditeurs. Arpenter l’histoire des sciences. Presses universitaires de Strasbourg, 2023, https://doi.org/10.4000/books.pus.37461.
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