Introduction
« Extension, expansion et débats : douze regards sur soixante ans d’histoire des sciences à l’âge de la big science et des nouvelles technologies »
p. 7-14
Texte intégral
1Le développement considérable des sciences, des techniques et des technologies au cours de la seconde moitié du xxe siècle n’a pas laissé nos sociétés indifférentes : médias (écrits comme audio-visuels), enseignements, réseaux sociaux en diffusent les démarches, en vulgarisent les résultats, en louent les hauts faits. Notre monde social les a érigées en valeur cardinale au moins autant qu’en objets d’études. Mais qu’en est-il de ceux qui font profession de les analyser ? Contribuent-ils aux débats parfois virulents sur les valeurs et/ou les méfaits associés aux sciences et aux technologies ? Leurs enquêtes se sont-elles fait l’écho des transformations contemporaines, de l’émergence d’une « société de la connaissance » (pour reprendre l’expression activement promue par l’Union européenne depuis le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000) ou des interrogations sur les technologies nocives pour la santé ou l’environnement ? Ou se tiennent-ils à l’écart de ces controverses ? Restent-ils cantonnés dans leur supposée tour d’ivoire ? Surtout, bien que souvent explicitement situées à distance de l’actualité la plus vive, leurs interrogations ne témoignent-elles pas, même inconsciemment, de ces débats de société ?
2Le domaine des études sur les sciences a connu de profondes transformations au cours des soixante dernières années : le nombre de ses praticiens s’est décuplé, les méthodes d’investigation se sont multipliées et différenciées, les objets d’étude se sont considérablement diversifiés.
3Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les philosophes ou historiens des sciences formaient de toutes petites communautés, dont l’objet d’investigation se limitait pour l’essentiel aux sciences physico-mathématiques et à ce qu’Alexandre Koyré avait qualifié de « révolution scientifique » de l’âge moderne : Galilée puis Newton, érigés en héros de la science moderne, auraient fait basculer notre vision du monde, du monde clos d’Aristote à l’univers infini de la physique moderne1. Leur approche se concentrait sur l’analyse des textes écrits par les scientifiques, se focalisait sur les « grands hommes » qui avaient été panthéonisés par les scientifiques eux-mêmes2. Il existait certes des sociologues des sciences, comme Robert Merton, mais leurs analyses sur l’ethos de la science laissaient le contenu scientifique aux épistémologues3.
4Soixante ans plus tard, la donne a radicalement changé. Les historiens, les philosophes et les sociologues des sciences se sont vus rejoindre par des chercheurs issus d’autres disciplines académiques, parmi lesquels on peut citer, sans prétention à l’exhaustivité :
- des sociologues d’un nouveau type, promoteurs du domaine interdisciplinaire des Science and technology studies(ou STS)4, émergeant principalement en Grande-Bretagne dans les années 19705, qui insistent sur le dépassement des clivages disciplinaires entre histoire, philosophie, et sociologie des sciences, et de la dichotomie entre le contenu des énoncés scientifiques et leur contexte social d’émergence et de déploiement, ainsi que sur la nécessité d’adopter le même traitement analytique pour étudier symétriquement les « vainqueurs » et les « vaincus » de l’histoire des sciences6 ;
- des praticiens de l’anthropologie de laboratoire, inspirés notamment par l’ethnométhodologie de Harold Garfinkel7, qui s’intéressent à ce qui se passe concrètement dans les laboratoires scientifiques, et qui rejettent eux aussi la distinction entre contenu scientifique et contexte social, puis élargissent le spectre de leurs analyses à des objets d’étude auparavant négligés comme non authentiquement scientifiques (savoir-faire traditionnels, matérialité des instruments, forme des articles scientifiques, etc.) ;
- des historiens8, philosophes9, sociologues10, politistes11, et économistes12 qui auscultent les grands systèmes technologiques, et se focalisent notamment sur l’histoire des rapports complexes entre l’industrie, les États, et les scientifiques académiques ;
- des sociologues plus généralistes qui se penchent notamment sur la notion contemporaine de risque et sur les liens entre sciences et modernité13.
5Le périmètre des objets légitimes s’est donc, lui aussi, considérablement étendu : il inclut désormais les savoir-faire traditionnels comme les technologies de pointe, porte sur les sciences humaines14 autant que sur les rapports d’experts, inclut les pratiques non occidentales et les nombreuses circulations transnationales de savoirs15.
6Surtout, l’étude historique ou philosophique des sciences, qui était un domaine très spécifique, voire marginal, est devenue beaucoup plus centrale dans les sciences humaines et sociales. En philosophie, certains ont opéré une critique du mépris pour les sciences et les techniques et ont promu la philosophy of science, un courant qui, bien qu’ancien à l’échelle internationale, a de nos jours une audience croissante y compris en France16. En histoire et en sciences sociales, la dénonciation d’une tendance « positiviste », celle de l’histoire sérielle, ou de l’usage naturaliste des catégories de « genre », de « race », de « nation », a amené de nombreux praticiens des sciences humaines et sociales à se faire historiens des savoirs17. Pour ne pas proroger les représentations héritées et liées à des savoirs perçus comme idéologiques, il fallait faire œuvre d’historien des sciences, voire des sciences sociales, avant même d’aborder son propre objet. En somme, il s’agissait de déconstruire avant de construire.
7Ces nombreuses mutations du domaine de l’étude des sciences et des techniques ont donné lieu, dans les années 1990, à un affrontement (verbalement) violent, qui a été initié par le canular d’un physicien états-unien, Alan Sokal, et a souvent été qualifié d’« affaire Sokal », ou de « guerre des sciences »18. L’objet de l’affrontement était notamment l’affirmation, par un certain nombre de physiciens19, de sociologues20 ou de philosophes21, de la non-légitimité de l’utilisation, notamment par des chercheurs en STS, en psychanalyse… de métaphores issues du domaine des sciences de la nature22. Deux mots en « isme » ont alors souvent servi d’anathèmes prétendant délégitimer le camp adverse, les accusations de « rationalisme » ayant répondu à celles de « relativisme. » Les effets s’en ressentent jusqu’à nos jours.
8L’histoire des techniques, qui existait auparavant23, s’est, elle aussi, largement développée et a étendu son spectre d’intérêt24. Il en va de même de l’histoire de la médecine, longtemps domaine réservé des médecins, et qui connaît depuis quelques décennies de profonds renouvellements25. Enfin, la prise en compte du poids des politiques publiques en matière de développement technologique et scientifique a suscité toute une série de recherches sur la configuration institutionnelle des sciences et des technologies.
9Par-delà leurs divergences, il est notable que tant des spécialistes des études classiques que des aires culturelles européennes26, des praticiens des STS27 comme de l’histoire culturelle se retrouvent dans la promotion contemporaine de la catégorie de « savoirs » ou du terme anglais de « knowledge »28, avec sa féconde polysémie, renvoyant tantôt à la faculté de connaître tantôt à la pluralité des pratiques savantes. Ces catégories semblent aptes à englober la très grande diversité de ces nouveaux objets, et pertinentes pour la majeure partie de ces approches tout en marquant l’écart avec notamment les promoteurs de la « philosophy of science » qui souhaitent rappeler l’irréductibilité de « la science » – au singulier – que ces derniers considèrent comme unitaire et irréductible à des pratiques savantes moins formalisées.
10Pour rendre compte de ces mutations, de la pluralité des perspectives existantes, nous ne proposons pas ici une histoire du domaine, de ses fragmentations et de ses alliances, de sa morphologie, de sa démographie variable, de ses organes de diffusion (revues, encyclopédies, ouvrages collectifs…), de ses chaires, de ses acteurs. Ce travail reste largement à faire29. Nous avons opté pour une autre perspective. Nous avons recueilli les témoignages de chercheurs vivants de cette histoire, en nous limitant à des chercheuses et des chercheurs ayant principalement travaillé en France, et qui sont nés au plus tard en 1944, c’est-à-dire qui avaient au moins 18 ans en 1962. Ce choix, en partie arbitraire et surtout destiné à limiter le nombre d’acteurs potentiellement mobilisés, repose sur le fait que cette année 1962 est souvent considérée dans ce milieu académique français comme importante, car celle de la parution de La structure des révolutions scientifiques de Thomas S. Kuhn30, l’un des ouvrages canoniques du domaine, et qui fut aussi un best-seller. Nous avons donc contacté, sans autre critère formel que celui de leur année de naissance, des chercheurs ayant traversé toute la période de bouleversement profond qu’a connue ce domaine de recherches. Ce choix n’est pas sans conséquences. Les chercheurs en question ont été formés avant l’entrée des Science and technology studies dans le paysage des études sur les sciences et les techniques. Lorsque certains évoquent cette entrée, c’est donc moins en tant que promoteurs du domaine qu’en tant que récepteurs de ces travaux. Certains n’en furent pas moins d’enthousiastes défenseurs comme Jean-Marc Lévy-Leblond ou Michel Serres. Par ailleurs, l’échantillon de témoignages recueillis ne peut prétendre à une quelconque représentativité, mais, à l’échelle nationale, il garde une pertinence. Voilà pourquoi nous n’avons contacté que des chercheurs ou des enseignants-chercheurs ayant principalement œuvré en France31. L’enquête à l’échelle internationale serait passionnante à mener, mais était très largement hors de notre portée. Ceci ne signifie pas que les enjeux qui ressortent de ces témoignages soient uniquement franco-centrés. Tous ces chercheurs n’ont cessé d’être en contact avec des collègues travaillant dans d’autres pays, ont eux-mêmes parfois enquêté sur des objets très éloignés de la France, et ils en parlent largement dans les témoignages publiés ici.
11Au départ, nous avons ainsi contacté une vingtaine de témoins choisis non pour leur célébrité – notion éminemment équivoque et difficile à circonscrire – mais pour la variété de leurs centres d’intérêt et de leurs formations disciplinaires initiales : philosophie, histoire, épistémologie, histoire des sociabilités savantes, histoire des sciences sociales, sociologie des sciences et des institutions scientifiques, critique de sciences, mathématiques, physique... Certains avaient accepté, mais sont décédés avant de rendre leur texte, d’autres n’ont pas donné suite. Douze ont très généreusement répondu positivement et nous les en remercions vivement. Il s’agit (par ordre chronologique de leur année de naissance) de Michel Serres, Bertrand Saint-Sernin, Daniel Roche, Roshdi Rashed, Viktor Karady, Anne Fagot-Largeault, Denis Woronoff, Jean-Marc Lévy-Leblond, Hourya Sinaceur, Jean-Pierre Dupuy, Jean Dhombres, et Christian Topalov. Une caractéristique de cette liste saute aux yeux : sur ces douze chercheurs, deux seulement sont des femmes. Nous voyons essentiellement deux causes à cette asymétrie de genre, qui ne relève pas d’un choix délibéré de faire la part belle aux hommes : la première est sans aucun doute la faible proportion de femmes parmi les historiens des sciences de cette génération ; la seconde est plus contingente : un certain nombre de femmes (trois, précisément) que nous avons contactées n’ont pas souhaité participer à cette entreprise ou sont décédées avant d’avoir pu écrire leur témoignage.
12À tous ces chercheurs nous avons demandé d’écrire un texte en répondant à quatre questions :
- Comment êtes-vous entré(e) dans le domaine de l’histoire des sciences (au sens large) ? Quel avait été votre parcours antérieur ?
- Pourriez-vous caractériser ce domaine au moment où vous y entrez (son périmètre, ses modes de socialisation, ses références canoniques, ses pratiques dominantes, ses objets d’investigation, ses principaux lieux de production…) ?
- Comment scanderiez-vous et caractériseriez-vous son développement, national comme international, depuis lors (son périmètre, ses acteurs, ses lieux, ses controverses…) ?
- Quelle place accorderiez-vous aux facteurs politiques dans les évolutions françaises de ce domaine ?
13Nous avons laissé les auteures et auteurs entièrement libres de choisir la forme de leur contribution, en suivant, ou pas, la scansion induite par ces quatre questions. Surtout, nous avons décidé de publier ces contributions telles quelles – à l’exception de notes de bas de pages supplémentaires nécessaires à l’intelligibilité des textes –, sans chercher à en harmoniser la forme, tant la variété de styles déployée par les auteurs nous semble refléter à la fois la singularité de chacune de leurs façons académiques d’écrire que la diversité et l’hétérogénéité profondes du domaine de l’histoire des sciences. Dans une visée pédagogique, nous avons fait précéder chaque contribution d’une courte biographie de son auteur, en nous efforçant de rester le plus factuels possible et en mentionnant systématiquement quelques ouvrages publiés par cet auteur. Il va sans dire que ces petits textes préliminaires n’engagent en rien les contributeurs qu’ils servent à présenter. Les témoignages ainsi rassemblés sont publiés dans l’ouvrage par ordre chronologique des dates de naissance des auteurs32, à une exception près. Trois ans avant son décès, Michel Serres avait très aimablement souhaité participer à l’entreprise, mais sous la forme d’un entretien. Voilà pourquoi son témoignage est situé après les autres. Enfin, pour ne pas alourdir les textes, nous avons rejeté en toute fin de volume l’explicitation des principaux noms propres – essentiellement ceux d’acteurs de l’histoire des sciences au sens large ayant vécu en partie ou intégralement au xxe siècle –, dans un index biographique dédié, l’aspect biographique se limitant en l’occurrence aux années de naissance et de mort, à la nationalité et aux disciplines pratiquées par les acteurs en question.
14Il ressort de l’ensemble constitué par ces douze témoignages un paysage très riche et fortement discuté. La singularité des parcours et des perspectives, des débats et des controverses y apparaît nettement. Lecteurs de Lucien Febvre et de ses admonestations vis-à-vis de l’anachronisme, « le péché des péchés »33, nous ne prétendons nullement que ces témoignages recueillis dans les années 2010 puissent remplacer un travail en archives sur les transformations du domaine. Au contraire, nous assumons leur caractère situé et pensons qu’ils sont au moins autant des témoignages sur la configuration de ces années 2010. C’est en effet à cette aune que les auteurs reviennent sur leurs trajectoires.
15À la suite de ces contributions, nous reviendrons, dans une courte postface, sur quelques remarques que la mosaïque de témoignages variés ainsi recueillis nous semble susceptible d’inspirer, malgré notre volonté délibérée de ne surtout pas réduire la richesse et la diversité du domaine de l’histoire des sciences que les textes qui suivent permettent de mettre en lumière.
Notes de bas de page
1 Pour des éléments historiques sur l’histoire de l’histoire des sciences avant la Seconde guerre mondiale, on pourra se reporter notamment à : Redondi Pietro, Pillai Padmanabh Vijai (dir.), The History of Sciences: The French Debate, New Delhi, Orient Longman, 1989 ; Braunstein Jean-François (dir.), L’histoire des sciences. Méthodes, styles et controverses, Paris, Vrin, 2008. Pour des éléments sur l’œuvre et la vie d’Alexandre Koyré, on pourra consulter : Zambelli Paola, Alexandre Koyré in incognito, Florence, Leo S. Olschki, 2016 ; Seidengart Jean (dir.), Vérité scientifique et vérité philosophique dans l’œuvre d’Alexandre Koyré, suivi d’un inédit sur Galilée, Paris, Les Belles Lettres, 2016 ; ou encore au volume édité par Pietro Redondi : Koyré Alexandre, De la mystique à la science. Cours, conférences et documents, 1922-1962, Paris, Éditions de l’EHESS, 2016.
2 Voir Koyré Alexandre, Études galiléennes, Paris, Hermann, 1939 ; Idem, Études newtoniennes, Paris, Gallimard, 1968.
3 Merton Robert, « A note on Science and Democracy », Journal of Legal and Political Sociology, vol. 1, no 1-2, 1942, p. 115-126 ; sur Merton, voir Saint-Martin Arnaud, La sociologie de Robert K. Merton, Paris, La Découverte, 2013.
4 Voir Callon Michel, Latour Bruno (dir.), La science telle qu’elle se fait. Anthologie de la sociologie des sciences de langue anglaise, La Découverte, Paris, 1991 [1982] ; Pestre Dominique, Introduction aux Science Studies, Paris, La Découverte, 2006 ; Bonneuil Christophe, Joly Pierre-Benoît, Sciences, techniques et société, Paris, La Découverte, 2013 ; Guesnerie Roger, Hartog François (dir.), Des Sciences et des Techniques : un débat, Paris, Éditions de l’EHESS/Armand Colin, 1998.
5 L’émergence de ce domaine, d’abord désigné comme Sociology of Scientific Knowledge (ou SSK), se déploie à l’origine, dans sa dimension programmatique, autour de deux pôles britanniques : l’université d’Édimbourg autour de la figure de David Bloor, et l’université de Bath autour de celle de Harry Collins. Pour des textes à portée programmatique de ce domaine, on se reportera par exemple à Bloor David, Knowledge and social imagery, Londres, Routledge/Kegan Paul, 1976, et à Collins Harry, Pinch Trevor, The Golem: What Everyone Should Know about Science, Cambridge, Cambridge University Press, 1993. Notons aussi que, sans être directement lié au courant de la SSK, un groupe d’études franco-britannique, fondé en 1971 et baptisé PAREX (pour Paris et Sussex), comprenant notamment le sociologue Gérard Lemaine et l’historien des sciences Roy MacLeod, aborde les sciences avec une méthodologie proche de celle de la SSK ; ce groupe s’intéresse notamment aux conditions sociales de l’émergence de nouvelles disciplines scientifiques : Lemaine Gérard, MacLeod Roy, Mulkay Michael, Weingart Peter (dir.), Perspectives on the Emergence of Scientific Disciplines, La Haye, Mouton, 1976.
6 Ce domaine de recherches issu de la SSK britannique connaît plusieurs dénominations, successives ou simultanées, et nous avons choisi de le désigner par la catégorie académique générique anglophone de Science and technology studies (STS), parfois traduite en français par « Études sur les sciences et les technologies. » Les STS sont importées en France à la fin des années 1970 principalement dans deux lieux précis : le Conservatoire national des arts et métiers, où Jean-Jacques Salomon obtient en 1978 la chaire « Technologie et société » et où il crée le Centre de recherches « Sciences, techniques et société » (STS) ; l’École des Mines de Paris, où Bruno Latour et Michel Callon développent des recherches en STS dès le tout début des années 1980 au sein du Centre de sociologie de l’innovation.
7 Voir par exemple : Latour Bruno, Woolgar Steve, Laboratory Life. The Social Construction of Scientific Facts, Los Angeles/Londres, Sage, 1979. Sa traduction française : La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988.
8 Voir par exemple : Edgerton David, The Shock of the Old. Technology and Global History since 1900, Londres, Profile Books, 2006 ; sa traduction française : Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l'histoire globale, Paris, Éditions du Seuil, 2013 ; ou encore Pestre Dominique, Science, argent et politique. Un essai d'interprétation, Paris, INRA Éditions, 2003.
9 Winner Langdon, The whale and the reactor: a search for limits in an age of high technology, Chicago, University of Chicago Press, 1986. Sa traduction française : La baleine et le réacteur. À la recherche de limites au temps de la haute technologie, Paris, Descartes & Cie, 2002.
10 Etzkowitz Henry, Leydesdorff Loet (dir.), Universities and the Global Knowledge Economy: A Triple Helix of University-Industry-Government Relations, Londres, Pinter, 1997.
11 Mitchell Timothy, Carbon Democracy. Political Power in the Age of Oil, Londres/New York, Verso, 2011. Sa traduction française : Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Paris, La Découverte, 2013.
12 Mirowski Philip, Science Mart. Pivatizing American Science, Cambridge, Harvard University Press, 2011.
13 Beck Ulrich, Risikogesellschaft, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp Verlag, 1986 ; sa traduction française : La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Paris, Flammarion, 2001 ; Giddens Anthony, The Consequences of Modernity, Cambridge, Polity Press, 1991 ; sa traduction française : Les conséquences de la modernité, Paris, L’Harmattan, 2004.
14 Il est en effet apparu que les sciences humaines et sociales, ne serait-ce qu’à cause de la revendication de scientificité inhérente à leur désignation, étaient des objets légitimes pour l’histoire des sciences ; voir Blanckaert Claude, Blondiaux Loïc, Loty Laurent, Renneville Marc, Richard Nathalie (dir.), L’histoire des sciences de l’homme. Trajectoire, enjeux et questions vives, Paris, L’Harmattan, 1999. C’est pourquoi nous avons estimé que les témoignages des sociologues et historiens des sciences sociales Viktor Karady et Christian Topalov avaient toute leur place dans le présent ouvrage.
15 Pour une présentation des débats sur l’histoire connectée, transnationale, globale des savoirs, voir Romano Antonella, « Fabriquer l’histoire des sciences modernes. Réflexions sur une discipline à l’ère de la mondialisation », Annales HSS, vol. 2, 2015, p. 381-408 ; Idem, « Des sciences et des savoirs en mouvement : réflexions historiographiques et enjeux méthodologiques », Diasporas. Circulations, migrations, histoire, vol. 23-24, 2014, p. 66-79.
16 La revue Philosophy of science a été fondée en 1934. La « Société de philosophie des sciences » francophone a été fondée en 2002.
17 Voir la contribution de Christian Topalov dans ce volume. Voir aussi Jacob Christian (dir.), Lieux de savoir, 2 vol., Paris, Albin Michel, 2007 et 2011.
18 Voir Jeanneret Yves, L’affaire Sokal ou la querelle des impostures, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
19 Sokal Alan, Bricmont Jean, Impostures intellectuelles, Paris, Éditions Odile Jacob, 1997.
20 Bourdieu Pierre, Science de la science et réflexivité, Paris, Raisons d’agir, 2001.
21 Bouveresse Jacques, Prodiges et vertiges de l’analogie, Paris, Raisons d’agir, 1999.
22 Pour l’une des ripostes par les praticiens des STS, on pourra se reporter à Jurdant Baudouin (dir.), Impostures scientifiques. Les malentendus de l’affaire Sokal, Paris/Nice, La Découverte/Alliage, 1998.
23 Daumas Maurice (dir.), Histoire de la science, Paris, Gallimard, 1957 ; Histoire générale des techniques, 5 vol., Paris, Presses universitaires de France, 1962-1979.
24 En témoigne la création récente de revues francophones dédiées à cette thématique : e-Phaïstos, sous-titrée « Revue d’histoire des techniques », fondée en 2012 ; Artefact, sous-titrée « Techniques, histoire et sciences humaines », fondée en 2013.
25 L’histoire du Bulletin du Centre d’Étude d’Histoire de la Médecine, né en 1992 et devenu en 2012 la revue Histoire, Médecine et Santé, en témoigne éloquemment. Elle se définit désormais comme une revue publiant des « contributions en histoire sociale et culturelle de la médecine, de la santé et du corps (histoire antique, médiévale, moderne et contemporaine ; toutes aires culturelles). »
26 Jacob Christian (dir.), Lieux de savoir, op. cit.
27 Pestre Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, 3 vol., Paris, Éditions du Seuil, 2015.
28 Burke Peter, A Social History of Knowledge: From Gutenberg to Diderot, 2 vol., Cambridge, Polity Press, 2000 et 2011. Pour une discussion des différences entre l’« anthropologie des savoirs » développée en France et l’history of knowledge, voir : Van Damme Stéphane, « When Practices, Places and Materiality Matter: A French Trajectory in the History of Knowledge », Journal for the History of Knowledge, vol. 1, no 1, 2020 [en ligne], DOI : 10.5334/jhk.26. Il existe actuellement plusieurs périodiques qui revendiquent ce label anglophone dont Know ; Journal for the History of Knowledge [en ligne].
29 Parmi les nombreux ouvrages de synthèse récents rendant compte partiellement de l’histoire de ce domaine, il faut signaler, outre l’ouvrage de 2008, déjà cité, dirigé par Jean-François Braunstein, et sans prétention à l’exhaustivité : Vinck Dominique, Sociologie des sciences, Paris, Armand Colin, 1997 ; Lecourt Dominique (dir.), Dictionnaire d’histoire et philosophie des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 1999 ; Barberousse Anouk, Kistler Max, Ludwig Pascal, La philosophie des sciences au xxe siècle, Paris, Flammarion, 2000 ; Martin Olivier, Sociologie des sciences, Paris, Nathan, 2000 ; Dubois Michel, La nouvelle sociologie des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 2001 ; Wagner Pierre (dir.), Les philosophes et la science, Paris, Gallimard, 2002 ; Andler Daniel, Fagot-Largeault Anne, Saint-Sernin Bertrand, Philosophie des sciences, 2 vol., Paris, Gallimard, 2002 ; Laugier Sandra, Wagner Pierre, Philosophie des sciences, 2 vol., Paris, Vrin, 2004 ; Shinn Terry, Ragouet Pascal, Controverses sur la science. Pour une sociologie transversaliste de l'activité scientifique, Paris, Raisons d’agir, 2005 ; Chimisso Cristina, Writing the History of the Mind. Philosophy and Science in France, 1900 to 1960s, Aldershot, Ashgate, 2008 ; Gingras Yves, Sociologie des sciences, Paris, Presses universitaires de France, 2013 ; Nadeau Robert (dir.), Philosophies de la connaissance, Paris, Presses de l’université de Montréal/Vrin, 2017. Bertrand Emanuel, Feuerhahn Wolf, Tesniere Valérie (dir.), Éditer l’histoire des sciences (France, xxe siècle). Entre sciences et sciences humaines, Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022. Voir aussi : Salomon-Bayet Claire, « L’histoire des sciences et des techniques », dans Bédarida François (dir.), L’histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1995, p. 279-292.
30 Thomas Samuel Kuhn est notamment l’auteur de The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, 1962 ; sa traduction française : La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1972.
31 Notons tout de même que Michel Serres enseigne dès 1968 aux États-Unis, d’abord à l’université Johns-Hopkins (Baltimore), puis à l’Université Stanford, dans la Silicon Valley, au sud de San Francisco, où il est nommé professeur en 1984, et où il enseigne chaque année jusqu’en 2013. Quant à Jean-Pierre Dupuy, sa carrière d’enseignant-chercheur se déroule à la fois à l’école Polytechnique et dans cette même université de Stanford, où il enseigne encore aujourd’hui comme professeur. Le cas de Victor Karady est plus complexe, car s’il est né en Hongrie en 1936, et arrive en France en 1958, où se déroule l’intégralité de sa carrière académique, il passe quelques mois de recherches par an dans son pays natal, quasiment chaque année depuis 1972, et retourne s’y installer dès sa retraite du CNRS, en 2003, pour y poursuivre ses recherches.
32 Michel Serres, philosophe, né en 1930 et mort en 2019 ; Bertrand Saint-Sernin, philosophe des sciences, né en 1931 ; Daniel Roche, historien, né en 1935 et mort en 2023 ; Roshdi Rashed, historien des sciences, né en 1936 ; Viktor Karady, sociologue et historien des sciences sociales, né en 1936 ; Anne Fagot-Largeault, psychiatre et historienne et philosophe des sciences, née en 1938 ; Denis Woronoff, historien des techniques et de l’industrie, né en 1939 ; Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien, critique de sciences et éditeur, né en 1940 ; Hourya Sinaceur, historienne et philosophe des sciences, née en 1940 ; Jean-Pierre Dupuy, philosophe des sciences, né en 1941 ; Jean Dhombres, mathématicien et historien des sciences, né en 1942 ; Christian Topalov, sociologue et historien des sciences sociales, né en 1944.
33 Febvre Lucien, Rabelais ou le problème de l’incroyance au xvie siècle [1942], Paris, Albin Michel, 1968, p. 15.
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