3. Le trophée et la perruque
p. 89-109
Texte intégral
1La guerre industrielle bouleversa les activités humaines qu’elle modifia à des degrés divers, en en suscitant même de nouvelles, parmi lesquelles le recyclage et le bricolage occupèrent une place d’autant moins négligeable que, très tôt, les combattants apprirent à récupérer, adapter et détourner toutes sortes de matériaux et débris générés par le conflit, pour des usages innombrables. Ainsi, les poilus fabriquèrent-ils des armes que leur paquetage ne comprenait pas initialement, comme des poignards de fortune conçus à partir de baïonnettes Lebel raccourcies – les terrifiantes « nettoyeuses de tranchée1 ». Dès lors que les gaz asphyxiants furent massivement utilisés, les douilles d’obus de gros calibre furent converties en gongs d’alerte : les soldats les frappaient avec une barre de fer – avant qu’un système de battant métallique y soit fixé, les transformant ainsi en cloches – pour sonner l’alarme et inciter les soldats à mettre leur masque. L’historien Jules Isaac a longuement raconté cette activité dans une lettre adressée à son épouse en décembre 1915 :
Hier dans la soirée à l’heure de la soupe […], j’ai été appelé d’urgence pour conduire une corvée de douilles d’obus (qu’on transforme en cloches d’alarme pour les gaz) à un PC (poste de commandement)
d’un régiment qui est en ligne. La nuit, à travers des boyaux qu’on ne connaît pas, même avec un guide : mauvaise affaire. Je prends mon casque, mon tampon […], je rassemble mes poilus […]. Et je m’en vais chercher, un peu à l’aventure – car il n’y a jamais moyen d’avoir des indications précises – mes douilles […]. Il fait noir […]. Je trouve des douilles abandonnées dans la boue […]. Lentement, péniblement, les pauvres poilus en ayant plein les bras avec leurs 3 douilles de 155 – deux, passe encore, mais où fourrer la 3e ? Il faut s’arrêter toutes les cinq minutes pour les laisser reprendre haleine2.
2Des ustensiles et des objets utilitaires adaptés aux conditions de la vie quotidienne dans la cagna furent également élaborés par les combattants : bouillottes à eau chaude – les « moines » – ou chaufferettes tirées de douilles de 75 et destinées à réchauffer les pieds et les mains des poilus3, bougeoirs adaptés de baïonnettes Lebel, lampes à huile faites dans des boîtes de conserve… Les douilles des munitions furent également récupérées pour des usages funéraires, auxquels la presse s’intéressa par des reportages illustrés publiés dès janvier 19154. Dans les premiers mois du conflit, d’août 1914 au début de 1915, quand des cérémonies funèbres hâtives pouvaient encore être organisées, les combattants improvisaient des vases dans des douilles de 75, destinés à fleurir les sépultures des soldats tombés au combat. Sans doute cet usage initial est-il à l’origine des vases rétreints [Fig. 19], cannelés et gravés qui se répandraient ensuite, d’une facture plus ou moins sommaire. Dans ce contexte, des douilles de calibres différents pouvaient être grossièrement emboîtées ou soudées – parfois assemblées à des branchages – pour obtenir des croix funéraires. D’autres encore servaient d’étuis dans lesquels les effets personnels d’un soldat étaient resserrés, disposés à proximité du corps, en vue de leur restitution future aux familles, à l’issue du conflit5.
Fig. 19 : Vase rétreint et torsadé à motif floral, accompagné d’un obus gravé à motif de feuilles de chêne et glands, 1914-1918, laiton.

3Dans ces quelques configurations, l’urgence de la nécessité l’emportait sur les préoccupations esthétiques. Mais d’autres usages, à caractère artistique, se développèrent, notamment chez les graveurs. Ainsi, Jean-Émile Laboureur récupéra-t-il des douilles d’obus et des couvercles de boîtes à cartouches, qui lui servirent de support pour graver et tirer quelques estampes, parmi lesquelles Bivouac sur les bords de l’Ancre (1916), exécutée « en plein air, sur un cuivre de caisse à cartouches d’obus simplement passé au papier de verre et brunissoir », comme l’indique l’annotation manuscrite d’une épreuve6. André Mantelet-Martel, un artiste amateur dont l’œuvre se limite à quelques gravures et dessins de guerre, pour l’essentiel réunis dans un album7, est l’auteur d’eaux-fortes exécutées au vif de la guerre. Deux épreuves de 1915-1916 retrouvées par Marine Branland8 portent la trace de la matérialité originelle des matrices issues d’une économie du remploi, que leur auteur prit soin de ne pas dissimuler aux amateurs. Fey en Haye et le quart en réserve9 porte la mention manuscrite au crayon : « Eau-forte gravée dans une grange de Lucey, sur un zinc provenant d’une boîte à cartouches, en souvenir des travaux de nuit exécutés par ma compagnie à la cote 330 aux environs de la route de Thiaucourt ». Tandis que Le Bois-le-Prêtre10 [Fig. 20] provient, comme l’indique son inscription, d’« une douille de 75 aplanie et martelée » pour être ramenée à une plaque de 25 x 25 centimètres, dont subsistent les marques de martelage et les traces de découpe à la cisaille, toutes maintenues très apparentes sur le tirage.
Fig. 20 : MANTELET-MARTEL André, Le Bois-le-Prêtre, 1916, eau-forte gravée sur une douille de 75 aplanie et martelée.

4En dépit de ces diverses productions issues du recyclage massif des matériaux de la guerre moderne, la récupération et la transformation des douilles étaient des pratiques officiellement interdites. D’une part, selon une stricte logique d’économie industrielle, les pays belligérants avaient originellement prévu de remettre dans le circuit de la production d’armement les douilles susceptibles d’être réarmées. En conséquence, les combattants n’étaient autorisés, au gré de la mobilité des lignes de front, qu’à s’approprier les douilles ennemies glanées sur les champs de bataille, que les industries adverses n’étaient pas en mesure de réinjecter dans leur propre processus de fabrication. L’activité de recyclage des poilus était donc tolérée si elle s’inscrivait dans la vieille culture militaire des trophées symbolisant les prises à l’ennemi11. Mais dans les faits, comme l’attestent en nombre les photographies, les journaux et les correspondances de combattants, de même que la masse considérable des objets fabriqués par ceux-ci, les douilles usagées s’accumulaient sur le terrain dans des dépôts plus ou moins organisés, dont la gestion souvent chaotique s’apparentait parfois à un abandon [Fig. 21]. Évoquant un train régimentaire d’artillerie à Chelles, Édouard Cœurdevey décrivit le spectacle de cette abondance désolée :
Ils avaient rassemblé des piles de douilles d’obus. On en a enlevé quelques-uns ; nous en avons fait ramasser par pure bonne volonté 800. Près des auto-canons vous trouverez du cuivre, de l’étain à profusion, qui se perdent. Les étuis de cartouches, les cartouches chargées elles-mêmes traînent à foison sur le passage des troupes. Et cela dans les cantonnements où aucun danger n’est un obstacle au rassemblement de ces débris précieux. Mais voilà, personne n’en est spécialement chargé. Poussez le zèle à ramasser quelques épaves de ce genre, nul ne voudra s’en préoccuper. Au contraire, on risque de vous prier de rester tranquille12.
Fig. 21 : Agence Rol, En Grèce, après un tir d’artillerie anglaise [tas de douilles d’obus], 1916, photographie de presse.

5En pratique, chaque soldat pouvait donc se servir à sa guise dans ces stocks que la guerre rendait inépuisables – jusque dans les années 1930, les quantités résiduelles furent telles, que des douilles abandonnées étaient encore récupérées et gravées pour être vendues comme des « souvenirs de guerre13 » – et des douilles de toutes nationalités furent donc indifféremment recyclées par les combattants sans qu’ils soient inquiétés par leurs supérieurs qui, parfois même, leur commandaient des bagues, des coupe-papier ou des objets décoratifs. « Il y a un lieutenant du 118 qui vient causer avec nous, il est amateur de bibelots d’art et est envieux de tous ceux qu’il voit. Il me fait une commande de coupe-papier », notait Gaston Mourlot en février 191614.
6D’autre part, devant l’engouement social suscité par ces productions, à l’avant comme à l’arrière, les autorités tentèrent, sans grande conviction, assez tardivement et par des décisions partielles, d’encadrer l’activité artisanale des poilus. Ainsi, en France, ce n’est qu’en 1917, qu’interdiction formelle fut faite aux soldats de réaliser leurs objets en première ligne. Les risques encourus et les blessures occasionnées par la récupération et la manipulation d’obus et de fusées furent l’un des arguments avancés pour justifier cette opposition d’une partie de l’état-major à la pratique de l’art des tranchées15. Le médecin Louis Maufrais s’émut des conséquences de ces pratiques relevant plus ou moins de la rapine :
On ne se bat guère, certes, mais avec un bonhomme comme le commandant Lazard, on a fini par avoir des blessés : tous les matins, il s’en va chatouiller les Allemands, qui ripostent immédiatement en envoyant quelques coups. Il faut le voir partir entre chien et loup avec sa musette sous prétexte de voir les positions de l’infanterie et rentrer avec une cueillette de douilles, de boutons boches, enfin de tous les objets en cuivre qu’il peut dénicher – il prétend qu’avec une camionnette et le droit de prospecter quelques hectares, on pourrait faire fortune, dans le coin. Mais tout le monde est furieux, et il finit par se faire rappeler à l’ordre16.
7Les opérations techniques telles que la fusion ou la soudure des métaux, si elles étaient mal maîtrisées, s’avéraient aussi dangereuses, au point que Joffre dut prendre des mesures de restriction dès l’été 1915, dont le ferronnier de métier qu’était le soldat Mourlot reconnut le bien-fondé : « L’ordonnance du général Joffre nous interdisant de fondre de l’aluminium à cause des accidents produits par le coulage n’est pas trop d’imprudence pour ceux qui ne sont pas au courant17 ». Le bruit du martelage, la lumière et la fumée des opérations de fonte ou de soudure provoqués par l’activité bricoleuse fut une autre raison invoquée18. Roger Boutefeu rapporte ainsi le témoignage d’un combattant :
[…] les plus adroits bricolaient à la lueur chancelante de lampes de fortune, accrochées à des fils de fer. On les fabriquait avec des boîtes de singe remplies de coton hydrophile où brûlait une mèche de fusil. […] On travaillait de nuit, car le jour la fumée nous aurait fait repérer. […] Il fallait faire rougir le cuivre avant de le tremper dans l’eau pour le travailler sur une enclume improvisée, le plus souvent un culot d’obus de fort calibre (du 155 au 520). Le tôlier professionnel aplatissait les douilles d’obus de 75 et nous le payions d’un litre de pinard acheté de 7 à 10 sous. Un petit commerce de récupération s’était organisé qui ne nous rapportait guère, mais améliorait notre ordinaire : souvent au péril de notre vie, nous allions ramasser sur le front le cuivre des douilles abandonnées […] ; commerce illicite, mais que les autorités toléraient19.
8Enfin, en raison de la pénurie des métaux, les soldats ne furent plus autorisés à récupérer les débris des munitions et incités à les restituer. Cette décision fut d’autant plus sévèrement appliquée outre-Rhin que l’instauration du blocus allié eut pour conséquence de raréfier les ressources en cuivre de l’industrie de l’armement allemande qui, dès l’hiver 1914-1915, dut remplacer cette matière première par de l’aluminium. Mais ces interdictions, qui n’étaient jamais totales, furent globalement peu respectées de chaque côté des fronts, d’autant que la demande d’artefacts se fit croissante – dans les sociabilités des tranchées mêmes et dans l’ensemble de la société civile –, favorisant jusqu’à l’essor d’une production commerciale et manufacturée qui n’avait plus rien d’artisanal et à laquelle les poilus n’étaient pas toujours associés, au point que certains d’entre eux en dénoncèrent le statut de contrefaçon20.
9En écho à l’instauration de la guerre de position et au développement de la vie de tranchée, les combattants se mirent à bricoler, en recyclant les matériaux les plus abondants et les plus malléables, dérivés de la guerre industrielle : le cuivre et le laiton des culasses d’obus, l’aluminium des fusées. Il s’agissait donc d’une activité de glanage, de récupération et de remploi, d’un art du détournement des matériaux et de l’inventivité technique, reposant sur le retournement symbolique de l’œuvre d’anéantissement et de mort de la guerre : créer à partir de ce qui sert à détruire. En s’emparant, pour les métamorphoser, des rebuts et des débris de la guerre, les soldats tentaient de modifier partiellement et temporairement leur rapport non seulement aux armes, aux munitions et aux combats, mais aussi à la vie quotidienne et à la perspective de la mort, en y introduisant les incertitudes du hasard et de l’improvisation, c’est-à-dire la rencontre fortuite de l’homme avec le matériau abondant sur les champs de bataille et les possibilités ludiques qu’offraient les occupations artisanales.
10L’une des caractéristiques de la guerre moderne et de son pouvoir de destruction, c’est qu’elle nécessitait des quantités impressionnantes d’armement tout en produisant des masses colossales de vestiges, débris et rebuts, observées et déchiffrées par les combattants comme de potentielles ressources infinies pour leur activité artisanale. Non sans une pointe d’ironie, le soldat Mornet consigna ainsi dans ses souvenirs de Verdun :
Dans le secteur de Verdun, il y a du moins cet avantage que la matière première ne manque pas. Il suffit de se baisser pour trouver, à foison, des fusées d’obus, des ceintures, des douilles, etc. Malgré le poids du barda, les artistes de la compagnie emportent pieusement leurs outils, scies, limes, burins, étaux. Au moindre répit, chacun commence, continue ou achève une bague, un médaillon, un briquet, un coupe-papier, un encrier. Seuls les artilleurs, les automobilistes et tous ceux qui ne se déplacent pas à pied peuvent entreprendre les grosses pièces : vases de cuivre, lourds encriers, etc. Les fantassins s’en tiennent à la bijouterie fine. Ils y réussissent communément. Des poilus qui étaient maçons ou cultivateurs ou comptables manient très vite la lime ou le burin avec une surprenante dextérité. Assurément s’ils sont adroits, ils n’ont pas tous un goût très neuf ou très sûr. Ils sont des artisans ingénieux ; il serait surprenant qu’ils fussent artistes. Ils suivent ordinairement des traditions naïves ou des modes banales. Les chatons des bagues portent des trèfles à quatre feuilles, des croix de Lorraine ou un morceau de vitrail brisé d’une église. On y encastre un bouton d’uniforme boche ou le buste de la déesse qui orne les sous anglais. Les pendentifs sont des cœurs qui portent gravés les noms aimés, une marguerite, une pensée21.
11À l’abondance des matériaux répondait l’intensité de l’activité de récupération, que structuraient des réseaux de troc et de revente, des modalités de circulation fondées sur l’offre des « chasseurs » de fusées ou des glaneurs de métaux, sur la demande des soldats-bricoleurs et autres « bijoutiers de tranchée » et sur un sens partagé de l’opportunité. « Les chasseurs sont pris d’une passion : la chasse aux fusées d’obus. Les fusées sont en aluminium, et dans les moments de loisir les hommes les transforment en bagues », résuma le soldat Simon22.
12La charge de poudre ayant propulsé le projectile d’une arme à feu après la percussion de l’amorce, les douilles de munitions étaient éjectées de la culasse et tombaient au sol qu’elles jonchaient en quantités effarantes. Elles constituaient donc la principale ressource des combattants : douilles de fusils Lebel ou Mauser qu’on fendait pour servir de manche à des coupe-papier ou qu’on assemblait pour obtenir des pique-fleurs, des chausse-pieds ou des tire-boutons à bottines, mais aussi des porte-plume ou porte-crayon et toutes sortes d’objets miniatures (avions, sous-marins, chars d’assaut…) ; douilles de canon-revolver de 37 millimètres, légères, logeables et faciles à transformer en petits bougeoirs, objets d’écritures, briquets ou lumignons23 ; douilles d’obus aux calibres divers, parmi lesquels celles de 75 français et de 77 allemand étaient les plus répandues, dont on fit des vases de tailles variables ; têtes arrondies des fusées éclairantes abondamment utilisées nuitamment depuis les tranchées – les anneaux crantés et gradués permettant le réglage des tirs étaient intégrés comme des éléments ludiques – transformées en encriers à couvercle montés sur des socles eux-mêmes tirés d’un « souvenir de guerre » ramassé sur les champs de bataille tels les fragments d’avions ou de Zeppelins abattus ; ceintures d’obus dont on obtenait par chauffage et martelage des bracelets et des coupe-papier sommaires ou au contraire très ouvragés [Fig. 22], à lame droite ou ovoïde, courbée comme celle d’un yatagan, fine ou épaisse, gravée ou repercée24… Les matériaux de prédilection des poilus étaient donc le laiton des douilles – le laiton, dit aussi « cuivre jaune », est un alliage de cuivre rouge et de zinc –, le cuivre rouge des ceintures d’obus, l’aluminium des fusées. À quoi il faut ajouter tout un bric-à-brac de décorations, pièces de monnaie, boutons d’uniformes [Fig. 23] pris sur les cadavres ennemis, extorqués à des prisonniers ou rapinés dans des maisons désertées de leurs occupants25. Des bibelots furent aussi fabriqués dans des matériaux d’origine animale : os de bœufs et cornes de vaches issus du ravitaillement, sabots des chevaux de cavalerie parfois agrémentés d’un fer en guise de porte-bonheur permirent de concevoir des timbales, tabatières, ronds de serviette, porte-bouquet, bénitiers, tirelires, encriers ou cendriers26.
Fig. 22 : Modèles divers de coupe-papier, 1914-1918, laiton et cuivre.

Fig. 23 : Cendrier fabriqué à partir d’un culot d’obus, sur lequel ont été soudés des pièces de monnaie et un bouton d’uniforme, 1914-1918, laiton et cuivre.

13Les poilus bricoleurs développèrent progressivement une connaissance fine des qualités de ces matériaux, de leur compatibilité avec le plomb de la soudure, de leur résistance ou de leur malléabilité. L’aluminium des fusées allemandes, léger et facile à travailler, put être directement utilisé par découpage et limage ; il supportait également la fusion à 650°, pour être ensuite moulé : on en tirait donc aisément des bagues. Le laiton des douilles, une fois dissocié du culot et séparé de son bourrelet, supportait les opérations par lesquelles étaient produits des effets de cannelure, de ciselure et de repoussage. Le cuivre rouge des ceintures d’obus de gros calibre était mou, se prêtant aussi bien au découpage, au formage et à l’aplanissement, qu’à la gravure de motifs ou d’inscriptions. En octobre 1915, un soldat expliquait ainsi à sa sœur, longuement et sur un ton blagueur :
Je voudrais faire un coupe-papier avec une ceinture d’obus boche de 77, ça va parfaitement bien, mais voilà c’est que le 77 dont les Allemands n’ont pas à se louer commence à faire défaut et est remplacé par du 74 autrichien qui se brise comme du verre et est vingt fois plus dangereux. Comme dans notre secteur nous sommes de très bons clients, ils n’ont pas hésité à nous en offrir la primeur et à emmener leurs giclées de 77 vers d’autres coins moins exigeants sur la précision et la qualité de l’obus qui doit les démolir. Il y a donc pénurie de ceintures, en d’autres termes c’est nous qui nous l’accrochons, la ceinture. Je m’aperçois que voilà trois pages que je te barbe avec ce mot ceinture et que je ne t’ai pas dit ce que c’est. C’est un anneau de cuivre très tendre serti autour de l’obus et sur lequel s’impriment les rayures du canon. Quand on en trouve un, on enlève cet anneau en le cassant et on en aplatit une partie pour faire la lame tandis que le manche reste avec des stries du canon, bien arrangé c’est très joli27.
14Quant au plomb, il était extrait des boîtes de conserve et boîtes à sardines usagées, qu’on faisait fondre pour en extraire de quoi souder, souvent grossièrement, les objets exigeant des assemblages.
15Au printemps 1918, Gaston Mourlot notait dans ses carnets, à propos de son activité de soldat-bricoleur qu’il pratiqua avec intensité tout au long de la guerre : « Je suis de repos aujourd’hui, ce qui ne m’empêche pas de me lever d’aussi bonne heure que les autres jours, pour commencer la fabrication de mon nouveau boulot personnel. Je ne songe qu’à la perruque, et m’y adonne le plus possible28 ». L’irruption de ce terme, sous la plume d’un ouvrier d’art du métal, n’est pas anodine. Dans le langage argotique des ateliers et des manufactures, le mot désigne les petits travaux que l’ouvrier exécute en contrebande, pour son propre compte, grâce aux outils, aux matériaux et au temps du patron. Michel de Certeau n’a pas omis la perruque dans l’étude de ses « arts de faire » du travailleur : « Sur les lieux mêmes où règne la machine qu’il doit servir, il ruse pour le plaisir d’inventer des produits gratuits destinés seulement à signifier par son œuvre un savoir-faire propre et à répondre par une dépense à des solidarités ouvrières ou familiales29 ». L’usage de l’expression est fréquent dans nombre d’écrits de poilus, témoignant d’un glissement de culture civile vers le quotidien de la guerre, dénotant un sentiment de professionnalisation des hommes mobilisés. Encore faut-il comprendre quel patron les combattants « perruquaient » : le commandement qu’ils dupaient ou leurs supérieurs directs qu’ils roulaient, alors que la réglementation était plus ou moins strictement interprétée et appliquée ? L’armée à laquelle ils dérobaient des moyens matériels dans un jeu de défiance vis-à-vis de l’autorité ? Ou encore l’ennemi, dont ils détournaient des matériaux assimilés à des trophées, avec la sensation d’un acte patriotique30 ? Ces différentes configurations jouèrent à des degrés divers, selon les individus et les circonstances ; sans doute s’amalgamèrent-elles aussi plus ou moins confusément dans les motivations de certains. Mourlot mentionne et commente les ennuis d’un camarade bricoleur avec sa hiérarchie :
Ce matin un poilu s’est fait attraper par un officier d’artillerie pour travailler sur une douille de 75, il le menaçait de conseil de guerre. Il est évident que c’est une destruction de matériel, mais à côté de cela il y a des magasins, en pays jadis reconquis, qui vendaient des douilles pareilles mais ouvragées et que celles-ci étaient en vitrine. Avec l’insouciance dont fait preuve Marianne qui laisse traîner partout sa marchandise, il n’y a qu’à profiter de ses défauts de laisser des dix francs partout sur la plaine31.
16Mais, entre le trophée et le vestige, l’origine ennemie des matériaux « perruqués » stimula sans doute la dimension symbolique la plus forte – c’est la « douille boche » mentionnée dans tant de lettres ou carnets de poilus et parfois gravée à même les artefacts, au même titre que les indications figurant dans les notices de plusieurs catalogues des expositions d’art du soldat organisées pendant la guerre –, compatible avec la mise en œuvre pratique. « Il se produisit ceci qu’à certains moments, comme on manquait d’aluminium, les hommes attendaient impatiemment le prochain bombardement qui leur fournirait la matière première indispensable », peut-on lire dans un article de L’Illustration consacré aux bagues des poilus32. En effet, l’installation durable du conflit dans la guerre de position, propice au développement des tranchées, est liée à l’explosion des pratiques artisanales et artistiques des soldats, qui trouvaient dans les bombardements sans fin les conditions favorables à la récupération de matériaux33.
17Dans une perspective anthropologique, Stéphane Audoin-Rouzeau34 a étudié l’importance symbolique du contact physique du combattant avec les armes – non seulement les siennes qui assurent sa survie, mais aussi celles de son ennemi qui le menacent. L’arme avec laquelle vit le soldat, pendant des mois ou des années, prolonge son corps et matérialise un « rapport d’intimité d’une grande force35 ». Mais cette « physicalité » des armes36 avec lesquelles le combattant « vit, littéralement37 » opère aussi dans le rapport à l’ennemi. Ainsi, s’emparer des armes de l’adversaire revenait à « se saisir de lui, [à] s’emparer, par métonymie, de son corps lui-même38 ». C’est ce qui explique, jusque dans la guerre industrielle où la production d’armement en masse permettait pourtant de remplacer aisément le matériel perdu, la persistance de la pratique des trophées d’armes, en dehors de toute rationalité apparente : les combattants de la Grande Guerre prenaient souvent des risques inconsidérés pour rapporter dans leurs lignes les mitrailleuses adverses, pour détrousser les cadavres ennemis de leurs effets militaires ou de leur arme ou pour récupérer des fusées ou des obus venus de l’autre côté des lignes. Ces armes, munitions ou menus effets pris à l’ennemi disaient la bravoure individuelle, le courage de l’instant, la promesse d’une victoire collective – dès le début des années 1920, les municipalités françaises qui en faisaient la demande recevaient des obus ou des armes allemandes pour orner les socles de leur monument aux morts39.
18Ces significations symboliques éclairent l’activité de récupération des matériaux ennemis en vue de les transformer en artefacts, auxquels elles confèrent une valeur supplémentaire. Par là-même, sans toutefois les confondre complètement, elles rapprochent aussi ces pratiques artisanales du commerce des « souvenirs de guerre », dont Jacques Meyer a dénoncé la « manie » défavorablement comparée à « l’obsession du voyageur et du touriste40 ». L’écrivain-éditeur allemand Wieland Herzfelde – fondateur du Malik Verlag et frère de l’artiste dadaïste John Heartfield – rapporterait une scène située dans un café berlinois, pendant la guerre, où un jeune affairiste hollandais expliquait, non sans cynisme, à la cantonade attablée :
Nous autres Hollandais ne menons pas de guerre. Nous considérons ces choses d’un point de vue – je n’oserais pas dire supérieur, disons plutôt plus froid que vous […]. Des guerres, comme tout le monde le sait, il y en a toujours eu. Chacun doit essayer d’en tirer pour lui-même le meilleur parti. […] Voyez-vous, nous autres, Hollandais, avons l’esprit beaucoup plus pratique. […] Sur les champs de batailles à l’arrière, gisent des millions d’éclats d’obus. De l’argent liquide ! Croyez-moi. Et qu’en fait-on ? Rien ! Même moins que rien : les Belges meurent de faim en glandouillant autour. C’est tout simplement scandaleux. Vos militaires sont all right. Aucun doute. Mais sinon ? Personne ne prend d’initiative. Aucun esprit d’entreprise. Aucun élan. Notre petite Hollande, et ne dîtes pas le contraire, s’y connait mieux en affaires. Dès que j’en aurai l’autorisation, ni une, ni deux, je récupérerai la marchandise et la ferai charger. Et ici, mes éclopés me peindront tout cela bien proprement. Du travail au pochoir, mais fait-main bien entendu, original. Vrai ! Cela facilite la vente. Et intelligent. Avec la croix de fer première classe ou “la grosse Bertha”. En-dessous, en lettres capitales : “En souvenir de la grande époque” ou encore “À chaque tir, un Russe”, c’est ce qui touche bien le cœur du peuple. Et un cadre en lierre tout autour, pardon, en feuilles de chêne. Pour les âmes plus pieuses peut-être : “Le Dieu qui a fait pousser le fer”… et cætera, ou encore “Tout est soumis à la bénédiction du Seigneur”. Vous comprenez ce que je veux dire. Une douzaine de commis voyageurs, de préférence naturellement des mutilés de guerre eux aussi – ces gens-là, on ose moins les rembarrer. Haha. J’ai hâte de voir si dans peu de temps, on ne trouvera pas sur chaque bureau allemand un presse-papier bien proprement astiqué ou bien un cendrier. On peut se faire des millions, Messieurs, je dis bien des millions, car les gens reçoivent quelque chose d’intelligent à mettre chez eux. Et en plus, ils aident les pauvres diables. Et – hum, cela va de soi, ils m’aident aussi41.
19Qu’elle ait été observée ou imaginée, cette scène où les perspectives commerciales menacent de balayer les raisons et les justifications mêmes de la guerre, s’appuyait précisément sur l’acculturation sociale de la chasse aux trophées et du collectionnisme attaché aux « souvenirs de guerre ». Jacques Meyer a souligné qu’ils procédaient, souvent à l’encontre des cadavres détroussés, d’une « rage du butin » et d’un « goût du pillage » s’exerçant sur les « fusils Mauser, revolvers parabellum, couteaux-scies, casques, aigles impériales, plaques de ceinturon portant la couronne prussienne et la devise Gott mit uns42 », chapardés à l’ennemi. Les productions artisanales ou artistiques, tirées des rebuts des champs de bataille, furent également l’objet de cette « collectionnite43 », à propos de laquelle Jean Norton Cru ne cachait pas son profond dégoût :
J’ai la phobie des souvenirs de guerre dont on est si friand. Je crois comprendre que mes amis américains s’attendent à m’en voir rapporter une cargaison. Quelle passion mesquine ! C’est ravaler la guerre à une chasse aux curiosités. Est-ce pour cela que j’ai tant souffert et que tant de pauvres gars sont morts ? Que ceux qui veulent des souvenirs viennent donc en ramasser où il y en a44.
20À l’inverse de cette incompréhension, François Blayrac, un officier d’administration de l’ambulance en 1915, disposant d’une fortune personnelle lui permettant d’assouvir sa passion de grand collectionneur de souvenirs et de trophées, acheta en masses à d’autres combattants des porte-plume, des bagues, des briquets fabriqués par les combattants, mais aussi des armes ou des obus et des casques ennemis… Il envoyait régulièrement le produit de ses acquisitions à son fils, à Montpellier, dans la perspective de la fin du conflit. Il s’agit là d’un souci d’archiver la guerre et de documenter son expérience propre en son sein, en en recueillant des traces et des reliques destinées à soi et à ses proches. « Je rapporte une admirable ogive d’obus avec sa fusée qui a frappé un arbre tout voisin de moi au cours d’un bombardement et s’est dévissée pour une raison ignorée. Ce sera un beau presse-papier », notait le soldat Allemane dans son journal en mai 191645. Recueillir un obus ou un éclat d’obus ou de shrapnel tombé tout près de soi et de l’effet duquel on avait été miraculeusement protégé constituait un « réflexe courant » chez les poilus de la Première Guerre mondiale46, dont témoignent nombre de photographies où les soldats posent fièrement à côté de leur(s) trophée(s). Maurice Genevoix en évoqua la fonction autobiographique doublée d’une projection commémorative étendue au sort de ses compagnons tombés sous ses yeux :
Avant de partir, j’ai ramassé un éclat d’obus contre lequel mon pied a cogné : long de cinquante centimètres, large de quinze, des arêtes coupantes, des dents de scie, des pointes aiguës. Je considère l’affreuse chose qui pèse à mon bras. Quel énorme obus l’a projetée, rapide et ronflante, faisant se courber les têtes sous son vol ? Cet éclat est de ceux qui tranchent net un bras ou une jambe, arrachent une tête, coupent un homme en deux par le milieu du corps. Et je pense, à le tenir ainsi, lourd et froid, entre mes mains, à un pauvre petit cycliste de bataillon qui fut tué près de nous dans le bois de Septsarges, une jambe décollée à hauteur de la hanche et le bas-ventre broyé47.
21Si nombre d’anciens combattants conservèrent avec eux des obus, parfois soigneusement étiquetés ou montés sur un socle, exposés dans leur intérieur à la manière d’un objet d’art, d’un souvenir ou d’un reliquaire, c’est qu’ils disaient leur fascination pour des vecteurs de mort les ayant épargnés, comme s’ils s’attachaient non seulement à en conserver la trace et à en faire perdurer le spectacle, mais aussi à en exhiber la neutralisation. Les artefacts conçus par les poilus cristallisent des procédés et des croyances similaires, les assimilant nettement à des trophées, selon une corrélation établie par l’écrivain Georges Spitzmüller, lui-même mobilisé pendant la Grande Guerre comme capitaine dans l’artillerie lourde :
Du très gros. On vous apporte le culot, il ne pèse pas loin de 100 kg, ce morceau-là. Et la belle ceinture de cuivre rouge ! Vous parlez de coupe-papier à fabriquer là-dedans ! Du 380. Allons voir l’entonnoir. Car il existe une vieille tradition dans l’armée française : dès qu’un coup ennemi tombe quelque part, il faut avoir la fusée du projectile. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord, cette fusée indique la distance à laquelle le coup a été tiré. […]. Ensuite, elle révèle le calibre, car elle reste presque toujours intacte […]. Enfin, sa position dans le sol […] donne exactement la direction de la trajectoire. […] La connaissance de ces données n’est pas le seul mobile auquel obéissent les poilus qui grattent les entonnoirs. Pour eux, c’est peut-être le moins important. La découverte et la possession de la fusée impliquent un autre avantage : celui d’avoir un trophée intéressant, riche en cuivre dont on fera des encriers ou des presse-papiers, et en aluminium où d’habiles sculpteurs de la tranchée sertiront des bagues48.
22À l’instar des trophées, les artefacts de poilus sont donc des objets situés. Ils renvoyaient à une expérience personnelle et singulière de la guerre et ils avaient pour fonction d’en cristalliser la mémoire, pour tenter de la perpétuer. Mais leur pratique avait eu pour fonction première de résister au désœuvrement d’une guerre de position, minée par l’attente et le cafard.
Notes de bas de page
1 Chavaroche Dimitri, « Faire place nette. Les coups de main et le nettoyage des tranchées de la Première Guerre mondiale sur le front occidental (1915-1918) », mémoire de master 2 en histoire sous la direction de Dominique Kalifa, Paris, université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, 2010.
2 Isaac Jules, Un historien dans la Grande Guerre. Lettres et carnets, 1914-1917, édition établie par Marc Michel, Paris, Armand Colin, 2004, p. 166-167 (à la date du 29 décembre 1915).
3 Il suffisait de souder une plaque ronde sur le haut de la douille de 75 et de tarauder un pas de vis à la place de l’amorce pour y visser un bouchon généralement percé d’un anneau. Ces bouillottes furent utilisées dans l’entre-deux-guerres dans la vie domestique.
4 Voir, entre autres exemples, Le Miroir, janvier 1915 (reproduit par Warin Patrice, Artisanat de tranchée & briquets de poilus de la guerre 14-18, op. cit., p. 66).
5 Sur ces pratiques du détournement, où les opérations de transformation sont légères ou inexistantes, voir les volumes de Warin Patrice, Artisanat de tranchée & briquets de poilus de la guerre 14-18, op. cit. ; Artisanat de tranchée, op. cit.
6 Laboureur Sylvain, Jean-Émile Laboureur, gravures et lithographies individuelles, vol. 1, Neuchâtel, Ides et Calendes éditeur, 1989, p. 165. Voir le catalogue de l’exposition Jean-Émile Laboureur. Images de la Grande Guerre, textes de Marine Branland et Gaëlle David, Nantes, musée d’Histoire, Éditions du château de Bretagne, 2015.
7 [Mantelet-Martel André], L’Hiver 1914 dans les Hauts de Meuse, vingt-quatre dessins d’après nature par Mantelet-Martel, avec une lettre-préface de Ch. Igounet de Villers, Paris/Nancy, Berger-Levrault, 1917.
8 Branland Marine, « La gravure en Grande Guerre : donner corps à son expérience (France, Belgique, Angleterre) », thèse de doctorat en histoire de l’art sous la direction d’Annette Becker et Thierry Dufrêne, Paris, université Paris Ouest Nanterre, 2013, p. 462-464.
9 Mantelet-Martel André, Fey en Haye et le quart en réserve, eau-forte, 1915, Paris, Bibliothèque de l’INHA.
10 Mantelet-Martel André, Le Bois-le-Prêtre, eau-forte, 1916, Paris, La Contemporaine.
11 Saunders Nicholas J., Trench Art. Materialities and Memories of War, op. cit., p. 59.
12 Cœurdevey Édouard, Carnets de guerre, 1914-1918. Un témoin lucide, Paris, Plon, « Terre humaine Poche », 2011, p. 309 (à la date du 4 avril 1916).
13 Warin Patrice, Artisanat de tranchée, op. cit., p. 35.
14 [Mourlot Gaston], Un ouvrier-artisan en guerre…, op. cit., p. 136 (à la date du jeudi 10 février 1916).
15 Kabbach Nadia, « Art des tranchées », dans Garnier Claire, Le Bon Laurent (dir.), 1917, catalogue d’exposition, op. cit., p. 333.
16 Maufrais Louis, J’étais médecin dans les tranchées, 2 août 1914-14 juillet 1919, édition établie par Martine Veillet, Paris, Robert Laffont, 2008, p. 276.
17 [Mourlot Gaston], Un ouvrier-artisan en guerre…, op. cit., p. 100 (à la date du 5 septembre 1915).
18 Prévost-Bault Marie-Pascale, « L’objet du soldat : entre savoir-faire artisanal et production commerciale », dans Becker Annette, Saunders Nicholas J., Prévost-Bault Marie-Pascale, Krumeich Gerd et al., Petites histoires de la Grande Guerre. Les objets insolites de l’Historial, catalogue d’exposition, Gand/Péronne, Snoeck/Historial de la Grande Guerre, 2001, p. 32.
19 Cité par Boutefeu Roger, Les Camarades. Soldats français et allemands au combat, 1914-1918, op. cit., p. 121-122.
20 Cf. infra.
21 Mornet Daniel, Tranchées de Verdun : juillet 1916-mai 1917, Paris, Berger-Levrault, 1918, p. 68.
22 Simon Paul, Fanion bleu-jonquille. Carnet de campagne d’un chasseur de Driant, Triel-sur-Seine, Éditions Italiques, 2014 [1930], p. 80.
23 Warin Patrice, Artisanat de tranchée, op. cit., p. 36.
24 Warin Patrice, Artisanat de tranchée & briquets de poilus de la guerre 14-18, op. cit., p. 77.
25 Ibid., p. 21.
26 Voir le catalogue de l’exposition À l’Est, du nouveau ! Archéologie de la Grande Guerre en Alsace et en Lorraine, op. cit.
27 Cité par Warin Patrice, Artisanat de tranchée, op. cit., p. 42-43.
28 [Mourlot Gaston], Un ouvrier-artisan en guerre…, op. cit., p. 362 (à la date du 10 mars 1918) [Je souligne dans le texte, NdA].
29 Certeau Michel de, L’Invention du quotidien, vol. 1, « Arts de faire », Paris, Gallimard, « Folio essais », 1990, p. 45.
30 Warin Patrice, Artisanat de tranchée, op. cit., p. 23.
31 [Mourlot Gaston], Un ouvrier-artisan en guerre…, op. cit., p. 388 (à la date du 26 avril 1918).
32 « Les bagues de tranchées », L’Illustration, no 3374, 3 juillet 1915, p. 20.
33 Saunders Nicholas J., Trench Art. Materialities and Memories of War, op. cit., p. 56.
34 Audoin-Rouzeau Stéphane, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (xix e-xxi e siècle), Paris, Seuil, « Les Livres du nouveau monde », 2008, p. 253 et suiv.
35 Ibid., p. 253.
36 Ibid., p. 256.
37 Ibid., p. 253.
38 Ibid.
39 Demiaux Victor, « Le Phénomène des trophées pendant la Grande Guerre (1914-années 1920) », mémoire de master 2 sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau, Paris, EHESS, 2006.
40 Meyer Jacques, La Vie quotidienne des soldats pendant la Grande Guerre, op. cit., p. 154.
41 Herzfelde Wieland, Immergrün. Merkwürdige Erlebnisse und Erfahrungen eines fröhlichen Waisenknaben, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt Verlag, 1961, p. 167-170 (aimable communication de Catherine Wermester et traduction d’Hélène Samson, que je remercie).
42 Meyer Jacques, La Vie quotidienne des soldats pendant la Grande Guerre, op. cit., p. 154-155.
43 Ibid.
44 Cru Jean Norton, Lettres du front et d’Amérique (1914-1919), op. cit., p. 233.
45 Allemane Auguste, Journal d’un mobilisé…, op. cit., p. 122 (à la date du 4 mai 1916).
46 Audoin-Rouzeau Stéphane, Les Armes et la chair…, op. cit., p. 20.
47 Genevoix Maurice, Ceux de 14, op. cit., p. 64-65.
48 Spitzmüller Georges, Épisodes de la vie d’un 400, Paris, F. Rouff, « Patrie », no 80, 1918, p. 2-3.

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