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    Presses universitaires de Rouen et du Havre
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Mesures conservatoires et méthodes d’analyse Cadre chronostratigraphique du site Les occupations anthropiques Pour conclure sur la chronostratigraphie et les niveaux anthropisés L’ensemble « supérieur » L’ensemble « inférieur » Les assemblages lithiques Des empreintes humaines Organisation de l’espace et fonction des niveaux d’occupation Pour conclure Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Journées archéologiques de Normandie

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Le site paléolithique moyen du « Pou » au Rozel (Manche) : des aires de travaux spécialisés et des habitats vieux d’environ 80 000 ans

    Un premier bilan

    The Middle Palaeolithic site of “Le Pou” in Le Rozel (Manche) : specialised work areas and old settlements of around 80,000 years old. An initial overview

    Dominique Cliquet

    p. 13-35

    Résumés

    Révélé par l’érosion littorale à la fin des années 1960, le site du Rozel (Manche) correspond à un ensemble d’occupations néandertaliennes conservées dans un massif dunaire implanté dans une crique au pied d’une falaise de schiste, topographie favorable au retour périodique des paléolithiques. L’érosion s’intensifiant, une fouille de sauvetage est engagée depuis 2012. L’intérêt majeur du site réside dans l’exceptionnel état de conservation des vestiges : structures, matériel osseux, microfaune et nombreuses empreintes de pas humains.

    Revealed by coastal erosion in the late 1960s, the Le Rozel (Manche) site is a set of Neanderthal occupations preserved in a sand dune area located in an inlet at the foot of a schist cliff, which provided a topography conducive to regular Palaeolithic returns. As the erosion had intensified, a rescue excavation has been in progress since 2012. This site is of major interest due to the exceptional state of preservation of the remains: structures, bone material, microfauna and many human footprints.

    Entrées d’index

    Mots-clés : paléolithique moyen, Néandertal, massif dunaire, aires de travaux de boucherie, empreintes de pieds et de mains, débitage laminaire et lamellaire, colorant

    Note de l’auteur

    D’après les travaux de Patrick Auguste (CNRS, UMR 8217, CNRS-université Lille 1), Jean-Pierre Coutard (PCR « Les premiers hommes en Normandie »), Lionel Dupret (PCR « Les premiers hommes en Normandie », Jérémy Duveau (UMR 7194, Museum national d’Histoire naturelle, Paris), Nicolas Garnier (SAS Nicolas Garnier, 63270 Vic-le-Comte), Gilles Laisné (PCR « Les premiers hommes en Normandie », Nancy Marcoux (UMR 6566, CNRS, université de Rennes I), Norbert Mercier (Institut de Recherche sur les Archéomatériaux, UMR 5060, CNRS, Université Bordeaux Montaigne), Philippe Ponel (Institut Méditerranéen d’Écologie et de Paléoécologie, CNRS, UMR 6116, Aix-en-Provence), Yves Roupin (PCR « Les premiers hommes en Normandie », Noémie Sévèque (CNRS, UMR 8164, université Lille 3, laboratoire HALMA-IPEL et CNRS, UMR 8217, université Lille 1), Emmanuelle Stoetzel (CNRS, UMR 7194, Museum national d’Histoire naturelle, Paris), et Brigitte Van Vliet-Lanoë (CNRS, UMR 6538, Domaines Océaniques, IUEM, Brest).

    Texte intégral Bibliographie Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Situé sur la côte ouest du Cotentin, au nord de la plage de Surtainville, le gisement du Rozel (Manche) s’inscrit dans une formation dunaire piégée dans une ancienne crique ouverte dans une falaise de schistes parcourus de filons de quartz (fig. 1). Ce massif dunaire, composé d’un sable éolien meuble, s’est mis en place durant le début de la dernière glaciation, entre 115 000 et 70 000 ans.

    2L’érosion littorale a permis à Yves Roupin, entre 1963 et 1967, la découverte de plusieurs amas d’ossements en pied de dune sableuse. Un sondage (en 1967) puis une campagne de fouilles de sauvetage (en 1969), sous la direction de Frédéric Scuvée, ont été décidés afin de procéder à la fouille intégrale du remplissage de l’abri exposé à l’érosion (fig. 2A). Les résultats de ces travaux ont fait l’objet, en 1984, de la publication d’une monographie intitulée Paléolithique supérieur en Normandie occidentale : l’abri sous-roche de la pointe du Rozel (Manche) (Scuvée et Vérague, 1984), dont les conclusions chronostratigraphiques et chrono-culturelles avaient suscité quelques interrogations. Le contexte chronostratigraphique a alors fait l’objet d’une nouvelle analyse (Van Vliet-Lanoë, 1988) et le mobilier lithique partiellement observé en 1989 a pu être étudié en 19971. Par ailleurs, des datations OSL (par luminescence optique sur sédiments) ont été tentées sur la grande dune limitrophe (« dune ocre » et « dune humifère ») et dans l’abri (Folz, 2000). Enfin, la faune a fait l’objet d’un nouvel examen par Patrick Auguste pour les mammifères et David Keen pour les mollusques (Van Vliet-Lanoë et al., 2006).

    3Depuis ces premières investigations, Le Rozel compte parmi les sites majeurs du Paléolithique moyen de France septentrionale, du fait de l’exceptionnel état de conservation des structures d’occupation (foyers, amas de débitage), du matériel osseux (faune chassée, « charognée » et consommée), pour l’originalité de ses industries lithiques (production de « micro-éclats », de lames et de lamelles ; Van Vliet-Lanoë et al., 2006) et ses nombreuses empreintes humaines.

    4Après une longue période de stabilité, l’érosion s’est intensifiée, nécessitant l’intervention des services archéologiques de l’État (Service régional de l’archéologie de Normandie).

    Mesures conservatoires et méthodes d’analyse

    5Les destructions successives qui ont affecté le site du Rozel depuis le début des années 2010 ont motivé la mise en place de mesures conservatoires spécifiques : conduite, en 2011, d’une série de sondages visant à reconnaître le tracé de la paléo-falaise de schiste, dégagement et stockage d’un important volume de sable en préalable à la fouille engagée en 2012 (fig. 2C) et mise en place d’un enrochement en pied de dune suite à la tempête du 31 décembre 2013, qui a emporté tous les niveaux archéologiques se superposant sur 30 m2 (fig. 3).

    6Cet épisode témoigne de la fragilité du site, principalement constitué de sable éolien, donc sujet à l’érosion des vents. Rappelons cependant que c’est cette dynamique éolienne qui a permis la constitution du massif dunaire et la conservation de certains niveaux d’occupation, rapidement recouverts par les dépôts de sable. Ces sols incorporent dans un état de conservation exceptionnel des structures de combustion, des amas de débitage, de la microfaune, de la grande faune consommée et surtout de nombreuses empreintes humaines.

    Fig. 1. Localisation du site et vue aérienne du gisement dans les années 1990 (cliché : A. Chancerel).

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    7Du fait de cette fragilité, l’exploitation du gisement a nécessité des aménagements constants des stratégies de fouille, notamment pour la circulation et les espaces de travail des fouilleurs. En effet, la constitution même du gisement, un sable meuble, implique de protéger les sols archéologiques tout au long de la fouille avec la mise en place de treillis soudés ou de « boudins à silo » remplis de sable, se prêtant davantage à la morphologie du terrain. Ces éléments permettent de répartir la masse corporelle des intervenants et évitent le poinçonnement des horizons archéologiques. Ainsi, la densité des empreintes humaines sur l’ensemble des sols investigués en 2016 a nécessité la mise en place de « planchers » entièrement faits de « boudins à silo ».

    8Par ailleurs, l’action du vent nous a forcés à procéder au fur et à mesure de l’avancée des investigations à l’« emballage » de la dune, sur les bordures internes et externes du site, notamment au niveau de la « banquette » sud qui fait écran, assurant une protection efficace contre les embruns et les vents de sable du sud-ouest et d’ouest.

    9Toutes ces contraintes, ainsi que des conditions météorologiques défavorables, nous ont obligés à composer. Cependant, 183 empreintes ont été enregistrées depuis 2012, dont 132 pour la seule année 2016. Ces dernières se trouvent principalement sur des secteurs se situant en marge des aires d’activités techniques. Chaque empreinte a fait l’objet d’une description détaillée, d’un repérage topographique, d’un enregistrement photographique permettant une restitution photogrammétrique et d’une acquisition au scanner 3 D. Pour les mieux conservées, un moule en silastène a été réalisé. Cette documentation est actuellement unique pour le monde néandertalien.

    Cadre chronostratigraphique du site

    10Le cadre stratigraphique proposé par B. Van-Vliet-Lanoë dans sa thèse (Van-Vliet-Lanoë, 1988 ; Van-Vliet-Lanoë, et al., 2006) a globalement été confirmé par les observations géomorphologiques faites par Jean-Pierre Coutard lors des terrassements et pendant la fouille. Elles renseignent la chronologie des évènements, les conditions de dépôt et d’érosion et les environnements (fig. 4). Les grandes lignes de la stratigraphie du gisement ont été présentées dans l’article publié dans la revue Quaternaire (Van Vliet-Lanoë et al., 2006, p. 218), dont nous reprenons les principaux éléments.

    11Au sud du site, un niveau sableux d’estran (D0) a été observé en sondage en 1998 sous la plage (Scuvée et Vérague, 1984 ; Van Vliet-Lanoë, 1988). Ce sable est coiffé par un cordon de galets ronds (D1a), gréseux, avec quelques silex, bien émoussés, situé au niveau des hautes mers actuelles (+ 4 m NgF) et par un sol (D1b) recouvert par 50 cm de galets de schistes verts du Rozel posés à plat, avec une matrice sableuse, dont la composition pétrographique atteste d’un remaniement de dépôts de pente locaux, comme c’est le cas aujourd’hui (érosion). Cette plage corrélée avec l’Éémien est surmontée d’un massif dunaire qui se décline en une « dune inférieure » peu épaisse et une « dune supérieure » de forte épaisseur. La « dune inférieure » est constituée de 80 cm de sables (D1c), parfois limoneux, compactés, datés de 115 ± 11 ka (LR1 ; Folz, 2000), puis de 1,50 m de sable dunaire (D1d), décarbonaté, daté de 107 ± 10 ka (LR2 ; Folz, 2000).

    12Ce sable est stabilisé par un petit sol humifère (D2a1), postérieurement illuvié d’argiles (environ 50 cm), lui-même recouvert par un ensemble de niveaux d’occupation (D2). Cet ensemble se subdivise en plusieurs unités :

    • un head sableux humifère (D2a2) incluant des blocs de schistes flués, également illuvié d’argiles et renfermant des charbons d’if, recouvert par un sol (D2b1) tronqué (horizon illuvial en bande Bt), puis un horizon correspondant à un remaniement des sables par les sols d’habitats en contexte déjà froid : trois récurrences distinctes ont pu être observées dans la « grande dune », avec incorporation de gros blocs déplacés par cryoreptation (D2b2) ; c’est dans ce niveau que l’industrie laminaire a été observée dans l’abri fouillé latéralement par F. Scuvée ;

    • un sable à peine stratifié (D2c1) incorporant des fragments d’os altérés (consistance pâteuse) dont le sommet est marqué par un alignement de plaquettes schisteuses ; il s’agit de la couche E2 de F. Scuvée, vraisemblablement dérivée du niveau principal d’habitat.

    13Au sommet de ces niveaux anthropisés, un podzol humo-ferrique à glosses se développe (D2c21). Il est ensuite cryoturbé, flué et recouvert par un mince niveau sableux clair coiffé par un horizon sablograveleux humifère riche en charbon (D2c22) : il s’agit de la couche E3 de F. Scuvée. Les éléments fauniques ont été trouvés dans toutes les strates de cette unité (Cervus elaphus, Equus).

    14La « dune supérieure » est quant à elle constituée par un sable massif sans illuviation argileuse (D3a). Une déstabilisation de la falaise se produit au début de la mise en place de cette « dune supérieure », remaniant des éléments du corps dunaire initial, carbonaté (datation LR4 à 103 ± 10 ; LR3 à 113 ± 11 ka ; Folz, 2000). Le remaniement a dû s’effectuer au début, par glissement en masse sans blanchiment du sable, puis par ruissellement de la surface effondrée permettant une concentration d’artefacts et un blanchiment modeste. Il est coiffé par un apport latéral de head sableux humifère recouvert de très grosses dalles (D3b). Ce matériel est ensuite enfoui par un corps dunaire (D3c) remanié par ruissellement, de plus en plus riche en blocs vers son sommet et incluant de très gros blocs d’éboulement en proximité de falaise. Il s’agit d’un sable assez fin, riche en grains non usés anguleux repris à partir de lœss et de colluvions. La partie sommitale de la « dune supérieure » correspond à un dépôt de pente gravelo-sableux (D3d1), dont la partie supérieure est rubéfiée par un horizon B2t en bandes (D3d).

    Fig. 2. Vues du site. A : en 1970- 1971, lors des fouilles conduites par F. Scuvée (cliché : F. Scuvée) ; B : en 2003 (cliché : D. Cliquet) ; C : en 2012, lors du terrassement préalable à la fouille (cliché : J. Barge).

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    Fig. 3. Mesures de protection mises en œuvre : emballage du massif dunaire avec du géotextile, pose de clôtures et mise en place d’un enrochement (cliché : J. Guériel ou J. Richard).

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    15Le haut de la séquence passe ensuite à des dépôts de pente à blocs, les heads (E), dépôts de solifluxion limono-sableux entrecoupés de paléosols humifères, puis à matrice plus limoneuse avec développement d’un sol lessivé à leur sommet. À l’aplomb de la « grande dune », ils sont relativement minces, puis s’épaississent vers le sud, où ils sont recouverts par 1,50 m de colluvions schisteuses (F) grises.

    16L’importance de l’excavation creusée en 2012 permet d’apporter de nouvelles données sur la nature des sédiments, leur épaisseur et leur géométrie. Le creusement a dégagé un rentrant à angle droit de la falaise morte et un couloir, haut et étroit, délimité par deux diaclases majeures affectant les schistes cambriens. De ce fait, il semble utile de reprendre les codes de désignation des unités utilisés dans l’article de Quaternaire (Van Vliet-Lanoë et al., 2006). Le déblaiement a commencé par celui d’un head, épais de 4 à 5 m, constitué de dalles et de plaquettes de schiste et de blocs dispersés pris dans une matrice sablo-graveleuse et limoneuse parallélisée avec le sommet de l’unité E de B. Van Vliet-Lanoë. En dessous vient un dépôt de pente stratifié (base de l’unité E de B. Van Vliet-Lanoë) présentant des caractères particuliers. Son épaisseur visible va de 2 à 3,5 m, selon les coupes dégagées. Il est constitué pour l’essentiel de sable dunaire, redistribué selon une pente de 20 à 25°, et qui renferme de nombreux et minces lits de petites plaquettes et de feuillets de schiste. Des grano-classements existent, allant du sable graveleux au sable fin. En de nombreux endroits apparaissent des structures tourmentées, ondulations, rebroussements de lits, qui suggèrent qu’en plus du ruissellement, des épisodes de liquéfaction des sables ont eu lieu. L’altération chimique des schistes a libéré en abondance des sels de fer qui sont venus cimenter et durcir les lits fins. Vers la base du dépôt stratifié prend place un horizon gris uniforme ou marbré d’ocre, épais de 30 à 40 cm. Comme le souligne justement J.-P. Coutard (Cliquet et Deneuve, 2013, p. 35), faute d’analyses, on ne peut certifier qu’il s’agit du sol E2 de B. Van Vliet-Lanoë, mentionné dans l’article de référence et interprété comme un petit sol de prairie arctique. Les observations directes sur coupe font également penser à un paléo-horizon hydromorphe (gley). Dans cet horizon, et juste en dessous, le sable renferme des lignes de graviers nettement inclinées. La coupe est de la fouille met en évidence des mouvements de terrain. Sur plusieurs mètres en arrière de la falaise vive, les lits sableux imprégnés de fer et le niveau gris sont dénivelés par plusieurs plans de glissement de forme courbe impliquant une attaque de la base des dépôts par la mer, ce qui a engendré des mouvements rotatifs. La superposition du head à un dépôt de pente à dominante sableuse implique qu’au début des actions périglaciaires qui ont procédé à leur mise en place, la dune devait monter jusqu’au sommet de la falaise, et peut-être débordait sur le rebord du plateau, en masquant la roche fortement diaclasée. Ceci explique l’abondance de sables dans le dépôt de pente stratifié et le simple nettoyage des petits gélifracts de sub-surface. La découverte de quelques artefacts lithiques (deux en silex et un en quartz), au contact du sable roux et de la roche, pourrait correspondre à une implantation humaine en sommet de dune immédiatement en rebord de plateau. Malheureusement, le démantèlement des niveaux sommitaux de la dune, lié à la mise en place des formations superficielles grossières (heads) dans l’ancienne crique de la falaise de schiste, n’a pas permis de suivre ce niveau d’occupation. Ensuite, la roche étant à nu, le gel a attaqué le schiste en utilisant les diaclases et les plans de schistosité pour abonder le head.

    Fig. 4. Log synthétique des dépôts sédimentaires et des occupations associées (d’après B. Van Vliet-Lanoë).

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    Fig. 5. Coupe synthétique des dépôts sédimentaires et localisation des niveaux d’occupation associés (d’après B. Van Vliet-Lanoë).

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    17À une profondeur moyenne de 8 m, le déblaiement a atteint le sable dunaire à proprement parler (unité D3 de B. Van Vliet-Lanoë), fin à moyen, blanc à beige et d’aspect homogène. Cependant, dans le détail, ce sable présente un litage très fin, légèrement ondulé, des petites séquences grano-classées ainsi que des liserés ferrugineux ténus. L’inclinaison des lits est nettement inférieure à celle des lits du dépôt de pente sus-jacent. À hauteur des premiers niveaux renfermant de la faune et des traces d’établissement humain, leur pente est de l’ordre de 5 à 6°. Dans la fissure ouverte dans la falaise de schiste (coupe ouest), le sable dunaire est très épais (8 m estimés). Il porte à son sommet un Bt en bandes, illuviation ferrugineuse et limoneuse (horizon D3d2 de B. Van Vliet-Lanoë), considéré comme la base conservée d’un sol attribué à l’interstade 5a, Saint-Germain II/ Odderade. En pied de falaise, le sable dunaire est massivement coloré en brun par les sels de fer et comporte des bandes noirâtres riches en manganèse. Il repose sur un éboulis.

    Apports des observations stratigraphiques de 2016

    18L’extension est de la fouille programmée en 2016 a été l’opportunité d’observer la stratigraphie du site en début de campagne, sur le flanc est de l’ouverture et sur la paroi orientale de l’ouverture étendue.

    19Comme nous l’avions déjà constaté en 2012, on observe un massif de sable soufflé, fin à moyen, beige et jaune à blanc du fait de l’incorporation de carbonates, mis en place par épisodes successifs, à litage très fin, légèrement ondulé, incorporant des petites séquences grano-classées ainsi que des liserés ferrugineux ténus. La dynamique dunaire est illustrée par des niveaux de « volage » qui incorporent des fragments de coquilles de mollusques, des fragments osseux de petites dimensions et des charbons de bois qui présentent l’aspect émoussé caractéristique des éléments de petites dimensions arrachés au sable par le vent, remobilisés et déposés en lits fins. Ils témoignent des phases érosives qui ont affecté le massif dunaire, détruisant les sols archéologiques, souvent pelliculaires, et emportant les artéfacts de petites dimensions, comme nous avons pu le constater en 2012 sur les espaces sableux interstitiels se trouvant entre les lambeaux de sols. Si, sur les sols organiques, l’ensemble des vestiges, dont les « micro éléments », étaient conservés, seuls les artefacts de grands modules étaient préservés dans les plages sableuses interstitielles. Le même phénomène avait été observé avec certains remplissages de foyers dont seule la couronne rubéfiée subsistait, la partie centrale cendreuse et charbonneuse ayant été emportée par le vent. L’expérimentation effectuée en 2013 nous a montré que la combustion du bois végétal et des os spongieux détruisait le système racinaire des sols de dune dégradée qui maintenait les remplissages. Aussi remarque-t-on une légère dépression centrale, tant sur les foyers anciens que sur les structures de combustion expérimentales, correspondant à l’emport des cendres et de la « sole » du foyer par déflation.

    20Sous ce massif dunaire, on trouve la séquence des niveaux archéologiques qui s’inscrivent dans une dépression naturelle constituée de niveaux d’éboulis à l’ouest, au nord-est et partiellement à l’est. Ils correspondent à plusieurs phases d’effondrement et d’altération de la partie sommitale de la falaise de schiste et de bourrelets dunaires au pied de celle-ci, au nord-ouest et sur toute la frange sud de la zone occupée. Cette séquence vient s’appuyer dans la partie nord sur les différentes générations de produits de petits éboulements ; certaines unités stratigraphiques sableuses, organiques, à sols d’occupation, se trouvent interstratifiées entre celles-ci. La séquence stratigraphique est constituée des niveaux suivants, de haut en bas (fig. 5) :

    • sol organique (D3-1 ; fig. 5, 1er sol), correspondant à un niveau de dune dégradée, centimétrique, incorporant des vestiges anthropiques : os, charbons, silex, foyer, empreintes humaines et traces ;

    • sable fin à moyen, jaune à orangé (coloration liée à la pénétration des oxydes de fer dans le massif dunaire, principalement en bordure des niveaux d’éboulis riches en oxydes de fer et de manganèse) incorporant dans sa masse des vestiges anthropiques : os, charbons, objets lithiques ; ce sable, relativement épais (70 à 90 cm), conserve des plages de sols de dune dégradée anthropisés (D3-2 et D3-3 ; fig. 5, 2e et 3e sols) qui incorporent des vestiges osseux, des charbons, des artefacts lithiques et des empreintes ;

    • ensemble organique brun noir (complexe D3-4 ; fig. 5, 4e complexe de sols) correspondant dans sa partie septentrionale à un sol dégradé de dune, affecté et recouvert dans la partie centrale et méridionale de nombreuses coulées boueuses incorporant quelques plaquettes de schiste de petites dimensions, instertratifiées avec des passées de sable éolien ; cet ensemble conserve, outre de l’industrie lithique, des vestiges de faune et des charbons, de nombreuses structures de combustion et plus de la moitié des empreintes humaines ; sa fouille n’est pas achevée ;

    • sable fin à moyen, jaune à orangé, incorporant quelques vestiges anthropiques : charbons, silex taillés, os ;

    • ensemble organique brun noir (complexe D3-5 ; fig. 5, 5e complexe de sols) constitué de coulées boueuses incorporant des plaquettes de schiste, interstratifiées avec de fins dépôts sableux éoliens (centimétriques) ; cet ensemble a livré des structures de combustion, des empreintes humaines, du mobilier lithique, des charbons et quelques vestiges de faune mal conservés ; sa fouille n’est pas terminée.

    Essai de synthèse

    21Comme nous l’avons évoqué plus haut, le massif dunaire supérieur se développe sur un « éboulis » constitué de blocs pluri-décimétriques et de très gros blocs (métriques), avec peu de matrice (schiste décomposé). Un tablier d’éboulis, constitué de petits blocs et de plaquettes de schistes liés à la desquamation de la falaise cambrienne, vient ensuite s’appuyer dans sa partie sommitale directement sur la paroi. À sa base, ce tablier est séparé du front de falaise de quelques mètres ; il se développe parallèlement au pied de la falaise sur une largeur moyenne d’une vingtaine de mètres, avec un pendage nord-sud d’environ 25°. Les observations effectuées en 2015 et en 2016 attestent que ce dépôt correspond bien à des pans de falaise qui ont basculé dans le vide, oblitérant le massif dunaire sur lequel il s’appuie. Cette surface a été occupée par les paléolithiques, comme en témoignent les vestiges rencontrés (objets lithiques, ossements animaux, charbons de bois, foyers) et les traces de pas conservées en périphérie de l’aire investie.

    22Vers l’ouest, des blocs importants et des dalles de schiste ont chuté à plusieurs reprises dans le sable dunaire. Sous environ 2 à 2,5 m, le creusement a mis au jour un niveau présentant de grandes ondulations qui est jalonné par de nombreuses poupées de carbonates cylindriques, allongées et de petit diamètre. Ce niveau correspond à la limite inférieure de la zone décarbonatée de la dune.

    23La base de la dune, à lits faiblement inclinés, mesure au moins 2,10 m d’épaisseur (épaisseur actuellement visible). Elle représente une première période de dépôt de sables éoliens, après le retrait de la mer, sous la forme d’une couverture, à topographie plane d’arrière dune, précédant celle où la dune viendra se drosser sur toute la hauteur de la falaise morte. Au sein du sable de couverture apparaissent quelques minces niveaux grisâtres et brunâtres, plus humifères et limoneux, qui forment des petits encroûtements. Ces niveaux semblent être des plages de décantation de produits de lavages superficiels de la falaise et des sables éoliens.

    24La fouille des aires de travaux de boucherie atteste que, vers 80 000 ans BP (selon les nouvelles datations effectuées par N. Mercier, inédit), l’homme préhistorique disposait pour établir son campement d’un espace encore plan avec un léger pendage, accoté à un angle de la falaise morte et limité au sud par un « bourrelet » dunaire. L’invasion postérieure des lieux par une masse imposante de sables éoliens puis le refroidissement sensible du climat l’ont contraint à abandonner le site.

    Les occupations anthropiques

    25Les travaux de fouilles effectués par F. Scuvée dans les années 1960 avaient mis en évidence au moins deux niveaux d’occupation dans les formations dunaires :

    • le niveau Scuvée E2-E3 (fig. 4), qui associe un paléosol à des restes de faune et des artefacts en silex ;

    • le niveau Scuvée F2 (fig. 4) de l’abri TR 67 (fig. 5), sable pédogénéisé qui conserve des lambeaux de structures de combustion, des vestiges de faune consommée et des artefacts de silex et de quartz.

    26Ces niveaux sont sous-jacents aux sols investigués depuis 2012, ils seront abordés ultérieurement, la priorité allant à l’achèvement de la fouille des complexes à empreintes D3.4 et D3.5 (fig. 5 ; 4e et 5e complexes de sols).

    27L’extension de la surface de fouille pratiquée à l’est de l’ouverture initiale, conditionnée par l’engagement d’un doctorat relatif à la locomotion des Néandertaliens (voir infra), nous donne les limites de l’espace occupé par les paléolithiques pour les trois sols supérieurs. Le mobilier et les structures s’avèrent rares, seules quelques empreintes de pas témoignent d’aires de circulation investissant les bords de la dépression constituée par la bordure de l’éboulis (à l’est) et le flanc interne du bourrelet dunaire (au sud).

    28Ainsi, les investigations conduites depuis 2012 ont révélé (fig. 5) :

    • un lambeau de niveau d’occupation (Hor. D3-0) dans la partie sommitale de la dune, deux éclats de décorticage et un objet en quartz filonien, associés au sable roux (D3d2 de B. Van Vliet-Lanoë ; fig. 4) ;

    • un sol d’occupation organique brun à noir (D3-1), de pente nord-sud de 3° et est-ouest de 3°, constitué de nombreux vestiges de faune liés à des activités de boucherie, incluant des artefacts lithiques en silex et en quartz de filon ainsi que deux foyers, et qui a « fossilisé » des empreintes humaines (fig. 6A) ; quelques galeries de rongeurs débouchent de ce sol ; certaines ont livré des squelettes de ces petits mammifères.

    • un deuxième sol d’occupation organique brun à noir, de même nature (D3-2), sub-plan, témoignant aussi d’activités liées à l’acquisition de matières carnées, a livré outre des empreintes de pas, celle d’une main droite appliquée sur la surface de la dune ; ce sol, situé au moins à une vingtaine de centimètres sous l’occupation sus-jacente, conservait plusieurs structures de combustion dont seule la « couronne » rubéfiée subsistait ;

    • un troisième sol d’occupation organique brun à noir, de même nature (D3-3), sub-plan, présente une organisation spatiale similaire à ce qui a été observé dans les deux niveaux supérieurs ; l’activité se développe autour d’enclumes en pierre, de foyers à plat (fig. 7), et pour les sols D3-2 et D3-3, d’amas de débitage (fig. 6B et C) ; ce sol comporte, comme les deux niveaux sus-jacents, de nombreuses pièces de faune consommée, des artefacts lithiques (principalement en silex), des charbons de bois…

    29Ces trois niveaux sus-jacents aux sols anthropiques mis en évidence par F. Scuvée s’individualisent donc par un « horizon repère » (sol organique pelliculaire, parfois recouverts d’un nappage boueux), qui correspond vraisemblablement à des sols végétalisés, parfois dégradés, rapidement enfouis par le sable dunaire. Des sols holocènes de même nature ont été mis en évidence sur le secteur de Saint-Lô d’Ourville (Manche), plus au sud, sur la côte ouest du département.

    Pour conclure sur la chronostratigraphie et les niveaux anthropisés

    30Il est manifeste que le site s’avère plus complexe que prévu, avec notamment la présence de plusieurs sols d’occupation correspondant à au moins trois aires de travaux de boucherie et à des implantations interstratifiées dans un éboulis naturel, constitué de plusieurs phases d’effondrement et de desquamation de la paroi. Cela semble traduire des épisodes humides avec l’incidence d’un gel intense (fracturation des blocs et desquamation de la roche altérée). Ces évènements peuvent être très brefs (pulsions). Dans l’état actuel d’avancement des travaux, il serait superfétatoire de proposer une hypothèse de fonctionnement des différents sols d’occupation du site, l’analyse spatiale, fondée sur les observations taphonomiques et microtopographiques, sur les raccords de mobilier osseux et les remontages d’artefacts lithiques étant en cours. Cependant, il semble acquis que nous avons au Rozel, deux mondes techno-culturels et de gestion de l’espace :

    • le plus récent, correspondant aux aires de travaux de boucherie (D3-1 à D3-3) ;

    • les niveaux sous-jacents (complexe D3-4/5 et les niveaux investigués par F. Scuvée), dont la fonction n’est pas encore établie.

    31Nous allons, pour chacun de ces deux grands ensembles, aborder le contexte environnemental, la mise en œuvre des matières premières lithiques et les éléments susceptibles de préciser la fonction des occupations. Ces résultats sont préliminaires et de ce fait mériteront d’être affinés, voire reconsidérés après achèvement des études en cours.

    Fig. 6. Vues des niveaux d’occupation. A : enclume en quartz ; B : sol D3-2 ; C : sol D3-3 (clichés : D. Cliquet).

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    Fig. 7. Foyer allumé directement à plat sur le sol (cliché : D. Cliquet).

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    L’ensemble « supérieur »

    32Comme nous l’avons déjà souligné, les conditions de conservation sont exceptionnelles dans ce massif du début du dernier Glaciaire. Elles permettent d’appréhender l’environnement des sols d’occupation des aires de travaux de boucherie et en particulier les biotopes pour chaque espèce, ce qui favorise une approche fine des conditions environnementales dans lesquelles évoluaient les Paléolithiques.

    Le couvert végétal

    33Si les résultats des analyses palynologiques ne sont pas pertinents du fait de la mauvaise conservation des grains et des pollens2, l’anthracologie apporte davantage de renseignements avec un corpus de plusieurs centaines d’éléments3. La plupart des charbons affichent une taille supérieure au millimètre, certains présentent une taille supérieure à 5 mm et quelques fragments de brindilles et de bûches ont été mis au jour. Au regard de l’importante quantité de charbons contenus dans les niveaux d’occupation, les structures de combustion ont été privilégiées ; un lot de charbons incorporés aux trois premiers sols anthropisés est en cours de détermination et de caractérisation.

    34Les bois issus du sol D3-1 témoignent d’une ambiance fraîche plutôt que froide, ce que confirme l’étude des faunes. Les boisements, clairs, sont dominés par les conifères, pin sylvestre (Pinus sylvestris), épicéa (Picea), sapin (Abies), genévrier (Juniperus) et if (Taxus), avec des bosquets de feuillus dans les zones abritées constitués de bouleaux (Betula), saules (Salix) et ormes (Ulmus).

    35Les foyers s’individualisent avec une dominance de pin sylvestre et d’if. Ce fait a déjà été noté sur deux sites cotentinois (Thiébault et al., 1988), au Port-Racine, à Saint-Germain-des-Vaux (Cliquet, 1994), et au Fort, à Saint-Vaast-la-Hougue (Masson, 2010), où les foyers domestiques livraient tout un ensemble d’essences présentes dans l’environnement immédiat du site, alors que les zones dédiées aux structures de combustion affichaient une sélection quasi exclusive du pin sylvestre.

    36Les faunes nous renseignent aussi sur le couvert végétal par le biais des niches écologiques. Paradoxalement, ce sont les espèces animales les plus petites qui nous donnent le plus de renseignements (insectes4, mollusques terrestres5, rongeurs6…) du fait de leur adaptation à des niches écologiques bien spécifiques en terme de substrat, de couvert végétal, de climat, d’association d’espèces… Tous ces éléments participent à une meilleure caractérisation de l’environnement, ou plus exactement, des environnements dans lesquels ont évolué les populations préhistoriques.

    L’étude de la faune

    La microfaune de l’horizon D3-1

    37Les échantillons étudiés par E. Stoetzel proviennent du premier sol d’occupation et du sable fin jaune immédiatement sus-jacent investigués en 2012. Plus de 700 restes ont été référencés et 11 taxons identifiés (à l’exclusion des oiseaux et des poissons). L’essentiel de l’assemblage faunique est constitué de rongeurs : restes crânio-dentaires de trois ou quatre espèces différentes de campagnols, d’un muriné ou cricetiné et d’humérus de taupes (mais pas d’éléments crâniens). Cependant, certains échantillons ont livré une grande quantité de restes d’amphibiens (grenouilles et crapauds) et de plusieurs reptiles (serpents et lézards apodes).

    38Cette microfaune montre une association typique de la fin du Pléistocène, il n’a pas été observé d’espèces relictuelles du Pléistocène moyen. L’environnement apparaît comme typiquement tempéré, relativement humide, avec des zones boisées, des prairies et des plans d’eau. Toutes les espèces rencontrées existent encore aujourd’hui en Europe occidentale. Ainsi, le petit assemblage de mammifères ainsi que les caractéristiques d’Arvicola s’inscrivent dans une phase inter-stadiaire du Weichselien (MIS 5), ce qui est en accord avec la grande faune dominée par le cerf, l’aurochs et le cheval. Ces espèces sont caractéristiques d’un paysage ouvert de prairies semi-boisées tempérées. Les échantillons correspondant aux niveaux sous-jacents sont en cours d’étude.

    Apports à la connaissance de la mégafaune

    39Le site a livré ces quatre dernières années environ 8 000 restes osseux de grands mammifères permettant de conduire une étude paléontologique et archéozoologique7. Les assemblages osseux permettent de restituer le contexte climatique et environnemental du site au cours des différentes occupations humaines, d’appréhender les modalités de gestion du gibier et du territoire par les Préhistoriques responsables de ces accumulations osseuses, et ainsi de mieux connaître le mode de vie de Néandertal dans la péninsule du Cotentin au début du dernier Glaciaire (voir infra).

    40Les résultats préliminaires montrent que l’assemblage des niveaux supérieurs (sol D3-1 à D3-3) est largement dominé par le cerf élaphe, tant au niveau du nombre de restes que du nombre minimum d’individus. Le cheval est la deuxième espèce la mieux représentée (fig. 8). Viennent ensuite, par ordre décroissant, l’aurochs, le rhinocéros de prairie, le lapin, le chevreuil et l’éléphant antique. Ces animaux témoignent de conditions climatiques plutôt clémentes (chevreuil, éléphant), en accord avec l’étude des insectes, des mollusques et des micro-vertébrés.

    41Par ailleurs, l’étude de cette mégafaune montre que les cerfs, de très grande taille, ont souvent été apportés entiers sur les aires de travaux de boucherie, ce qui plaiderait en faveur d’un abattage à proximité du site, alors que les chevaux et les aurochs ont été, le plus souvent, introduits par quartiers. La plupart de ces animaux ont été dépecés sur les sites d’abattage, comme le suggère la quasi-absence des ossements d’extrémités de pattes de notre corpus, ces os restant souvent accolés aux peaux lors des opérations de dépouillage. Cela suggérerait une proximité relative de l’habitat, au regard du poids représenté par les peaux brutes à transporter. Enfin, l’excellent état de conservation des vestiges osseux nous apporte quelques éléments sur les techniques de dépouillage, de désarticulation et de découpe de la viande.

    L’ensemble « inférieur »

    42Ces niveaux sont bien moins documentés que ceux de l’ensemble sus-jacent, les investigations n’étant qu’amorcées pour le complexe D3-4/5, et les niveaux sous-jacents n’étant connus que par les travaux effectués par F. Scuvée (1984).

    La mégafaune de l’ensemble inférieur

    43Dans le complexe D3-4 et D3-5, les sols sont partiellement affectés par les différents épisodes d’éboulement de blocs et de desquamation de la falaise. Les vestiges de faune sont bien moins préservés que dans l’ensemble supérieur. Ce sont principalement les dents qui sont conservées, les parties spongieuses ayant été altérées par les oxydes de fer et de manganèse apportés par ruissellement sur la masse compacte de l’éboulis. Dans ces niveaux, le cerf s’avère de nouveau dominant, accompagné du cheval et de l’aurochs.

    Fig. 8. Hémi-mandibules d’un poulain d’environ dix mois, présentant des stries témoignant de la récupération de la langue de l’animal par l’homme (clichés : N. Sévêque).

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    44Enfin, rappelons que la faune mise au jour par Y. Roupin et F. Scuvée présente un état de conservation variable, en fonction de la localisation des pièces osseuses par rapport à la proximité de la paroi rocheuse et de l’éboulis. Parmi les 359 ossements de grands mammifères provenant des deux niveaux d’occupation, la faune consommée comprend des restes d’aurochs (Bos primigenius), de cheval (Equus sp.), de cerf élaphe (Cervus elaphus), de mégacéros (Megaloceros giganteus), d’un petit carnivore et de morse (Odobenus rosmarus ; fig. 9)8.

    45L’originalité de ce corpus réside dans la présence d’un fragment de mandibule de morse adulte associé à l’occupation humaine. Elle pourrait témoigner de conditions froides temporaires. Rappelons cependant que l’hiver 1962-1963, long et très rigoureux, avait vu la formation d’une banquise sur les côtes de la Manche et qu’un morse a été observé à plusieurs reprises sur le littoral de Gironde en 1985 (Duguy, 1986), sans condition climatique particulière. L’intérêt de cette découverte réside davantage dans l’exploitation d’une carcasse de morse par les paléolithiques, fait qui semble actuellement unique pour le « monde néandertalien », qu’un indicateur paléo-climatique.

    46Ces niveaux semblent se rapporter à des aires d’habitat ou à des haltes de chasses dont une partie en abris (TR 67 ; fig. 5).

    Les assemblages lithiques

    47La dichotomie entre les deux ensembles d’occupation se retrouve au sein de l’industrie en silex qui est très majoritaire. Cependant, le quartz a aussi souvent été utilisé, à la différence des grès et de la mylonite, dont l’emploi apparaît anecdotique.

    48L’essentiel des artefacts en quartz associés aux sols d’occupation correspondent à des fragments de plaquettes issues de veines du massif schisteux constituant la falaise morte du Pou. Bien que de mauvaise qualité, ce quartz filonien, systématiquement mis en œuvre, se rencontre dans tous les niveaux. Il comporte des plages de cristallisation, de nombreux vides au sein de la structure cristalline, elle-même hétérogène. L’analyse des artefacts atteste d’un débitage direct et d’une production sur enclume de faible productivité.

    49Seuls trois artefacts en grès ont été reconnus. Ils appartiennent à des formations géologiques présentes en Normandie occidentale et illustrent les espaces parcourus à partir des gîtes de matières premières potentiels. Deux d’entre eux sont en grès armoricain, donc d’origine locale ; les affleurements les plus proches se situent à 4 km au nord du site. Par contre, l’artefact en grès tertiaire provient de régions plus lointaines, situées plus au sud, dans le secteur de Saint-Lô, soit à environ 80 km, ou plus à l’est (secteur de Falaise, Argentan, Alençon…), soit entre 160 et 240 km.

    50Enfin, plusieurs blocs et éclats en mylonite d’origine locale qui présentent des géodes cristallisées et de fins filons de quartz pourraient être d’origine anthropique. Les stigmates de fragmentation semblent confirmer cette hypothèse, et comme pour le quartz filonien, il reste à déterminer l’utilisation de cette matière d’œuvre.

    51Rappelons que l’utilisation de roches de substitution ou complémentaires au silex s’avère très originale en Normandie armoricaine.

    52Tout le silex utilisé est d’origine littorale, soit issu de cordons littoraux (galets au cortex « nettoyé », coups d’ongles), soit de placages d’argile à silex actuellement submergés. C’est du moins ce que suggèreraient quelques pièces dont le cortex épais encore teinté d’oxydes de fer conserve des puits de dissolution.

    Les assemblages associés à la « dune supérieure »

    53L’analyse taphonomique, micro-topographique et techno-typologique des artefacts en silex est en cours ; aussi, nous ne donnerons que quelques observations préliminaires. Les assemblages apparaissent constitués d’une vingtaine de rognons de silex différents, dont seulement cinq semblent avoir été partiellement mis en œuvre sur l’espace investigué. Par ailleurs, plusieurs amas de débitage ont été mis au jour, incorporés aux niveaux d’occupation D3-2 et D3-3. Associés aux aires de travaux de boucherie et aux foyers à plat, ils sont uniquement constitués de silex et conservent une très grande proportion de petits éléments et d’esquilles (plusieurs milliers d’objets). Ces derniers attestent d’un état de conservation exceptionnel du fait d’un recouvrement rapide par les sédiments éoliens. Aussi, les enlèvements et la nappe des micro-éléments (de 0,5 à 5 mm) se superposent complètement, avec une dispersion verticale des artefacts infime (quelques centimètres).

    54Au sein de ces amas, les pièces de plein débitage ont été prélevées et pour la plupart « exportées » hors de l’aire de travaux de boucherie. Cependant, les raccords et remontages d’artefacts illustrent certaines séquences de production par un débitage direct et par la méthode Levallois, où les gestions unipolaire parallèle et unipolaire convergente dominent. La finalité de la production semble être l’obtention d’éclats et d’éclats allongés (éclats laminaires et lames morphométriques). Dans cet ensemble supérieur, les enlèvements allongés n’ont pas été obtenus par un débitage semi-tournant ou tournant, mais par une gestion faciale.

    55Si nombre de supports ont pu être utilisés bruts de débitage, la panoplie instrumentale apparaît constituée d’outils pour la plupart aménagés sur support Levallois, pour certains déjetés, souvent transformés en racloirs double-convergents (fig. 10). Les concentrations d’éclats de retouche et de réaménagements de tranchants, donc de volume du support (éclats de confection), plaident en faveur d’opérations de réaffûtage sur les aires de travaux de boucherie des sols D3-1 et D3-2.

    56Enfin, certains racloirs ont été introduits sur le site. Nous retrouvons donc le phénomène classique d’« import » et d’« emport » d’outils spécifiques, dans le cas présent lié aux activités d’acquisition de matières carnées, comme nous l’avions observé sur le site pléistocène moyen de Ranville, dans le Calvados (Cliquet dir., 2008).

    Fig. 9. Hémi-mandibule de morse (Odobenus rosmarus ; cliché : D. Cliquet).

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    57En somme, les modes de débitage mis en œuvre sur les trois sols de travaux de boucherie présentent les mêmes caractéristiques : débitage direct d’éclats et production Levallois d’éclats et d’éclats laminaires. Sur ces trois niveaux, l’outillage est uniquement constitué de racloirs.

    Fig. 10. Racloir double convergent sur éclat Levallois (cliché : D. Cliquet).

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    Les assemblages associés à la « dune inférieure »

    58Comme pour les assemblages issus de la « dune supérieure », le mobilier lithique de l’ensemble inférieur a été produit dans le quartz de filon, prélevé directement dans l’abri et la falaise ainsi que dans des galets marins collectés dans les cordons littoraux. Parmi les originalités présentées par les assemblages de la « dune inférieure » figurent la production d’éclats Levallois de très petites dimensions et la mise en évidence d’une ramification de la chaîne opératoire de production laminaire et lamellaire (fig. 11). Si certaines lames proviennent, comme les éclats, d’un débitage direct ou Levallois, la plupart d’entre-elles s’individualise par la mise en œuvre de conceptions volumétriques, gérée selon un débitage tournant et semi-tournant. Les lamelles ont, quant à elles, été produites à partir de nucléus de petite taille et de typo-burins. Ces derniers sont soit des lames dont l’extrémité a été mise à profit, soit des éclats trapus (typo-burins carénés ; fig. 12). Les observations effectuées sur ces « burins-nucléus » montrent que les dièdres n’ont pas été utilisés, à la différence des lamelles, dont les tranchants présentent des esquillements. Enfin, cette production laminaire « volumétrique » est illustrée par un amas (fig. 13) et par divers produits retrouvés dans les sols sous-jacents à l’éboulis où figurent certaines pièces caractéristiques : crêtes frontales d’initialisation du débitage et crêtes latérales de réaménagement de la table laminaire. Comme pour les niveaux de la « dune supérieure », seuls de rares racloirs ont été reconnus au sein de ces assemblages lithiques.

    Fig. 11. Production d’éclats et de « micro-éclats » selon la méthode Levallois (cliché : D. Cliquet).

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    59Si les exemples de débitages laminaires semi-tournants et tournants s’avèrent bien représentés dans le nord de la France (Révillion et Tuffreau dir., 1994), la production de lamelles n’a été mise en évidence que sur le site de Riencourt-lès-Bapeaume dans le Pas-de-Calais (Tuffreau dir., 1993). Enfin, rappelons que le site du Rozel est actuellement le site le plus occidental où s’exprime le débitage laminaire. L’approche techno-fonctionnelle de ce matériel a été testée. En effet, un échantillon d’une quarantaine de pièces lithiques en silex d’aspect bien conservé a été soumis à l’analyse tracéologique. Toutes ces pièces sont patinées blanches, ce qui les rend impropres à l’examen microscopique (dissolution de la surface du silex), mais l’absence d’ébréchure parasite sur leurs tranchants les prédispose favorablement à l’analyse macroscopique avec une loupe binoculaire. Quinze de ces pièces sont clairement marquées par l’usage : découpe de matière tendre ou de boucherie, raclage d’une matière organique souple (fig. 14).

    60Enfin, parmi les vestiges lithiques conservés dans cette « dune inférieure » figurent quelques objets originaux, habituellement peu représentés dans les gisements moustériens : deux galets affectés de « raclages » (fines stries) à l’une de leurs extrémités qui évoquent davantage des « broyeurs » que des percuteurs, deux supposées meules, dont une des faces apparait très abrasée, voire polie, et un bloc de matière colorante, mis au jour à proximité d’un des « broyons ».

    61Les potentielles meules dormantes sont constituées de deux plaques de grès affectant une surface polie, de dimensions modestes (150 mm par 150, pour une épaisseur de 70 mm et des masses de 2 et 2,54 kg). Les deux « broyeurs » ou « broyons » en grès sont de dimensions moyennes : 85 mm par 60 par 40 pour le premier et 90 mm par 60 par 50 pour le second. Ces deux « meules » et les deux « broyons » ont été examinés par les chercheurs du Max Planck Institut de Leipzig (Allemagne) ; aucun élément chimique n’était préservé, pas plus que d’éventuels phytolithes. Rappelons que ces vestiges ont pu être « abrasés » par la dynamique dunaire avant recouvrement. L’un des « broyons » conservait dans les stries des particules de colorant, actuellement en cours de détermination. Les équipements du Max Planck Institut ne permettant pas d’effectuer ce travail, cette collaboration s’est étendue aux laboratoires des universités de Tübingen (Allemagne) et de Leiden (Pays-Bas). Bien que rares, rappelons que plusieurs éléments de mouture sont attestés dans des niveaux moustériens, comme les « broyeurs » de la grotte de Raj, en Pologne, datés d’environ 60 à 70 000 ans (Kozlowski, 1992, p. 34-35), de Tata, en Hongrie (Beaune, 2000, p. 94), de Mauran, en Haute-Garonne, vers 40 000 ans (Jaubert, 1994, p. 124) ou encore de Laussel, en Dordogne (Beaune, 2000, p. 94).

    62Le petit bloc de matière colorante rouge, trouvé sur le sol d’occupation incorporé à l’éboulis, se présente sous la forme d’une pyramide allongée à base carrée, dont les angles sont « cassés ». Il mesure 30 mm pour une section de 13 mm par 13. Il pourrait s’agir d’hématite. Il semble vraisemblable que cet objet ait été collecté en dehors du gisement puis apporté sur le site par les Paléolithiques. Il a été également confié pour examen aux chercheurs du Max Planck Institut afin d’en préciser la nature et sa fonction. Le micro-prélèvement fait sur la surface de cassure de ce petit bloc est étudié, ici aussi, en partenariat avec les universités de Tübingen et de Leiden.

    Fig. 12. A et C : lames et lamelles ; B et D : nucléus laminaires et lamellaires (clichés : D. Cliquet).

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    Fig. 13. Amas de débitage de produits laminaires (cliché : D. Cliquet).

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    Fig. 14. Traces d’utilisation sur un racloir (« couteau de boucherie » ; cliché : H. Plisson).

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    63Rappelons que les matières colorantes semblent avoir été utilisées dès l’Acheuléen, comme à Bečov, en république tchèque (Marshack, 1981). Marie Soressi et Francesco d’Érrico (2007) signalent pour l’Europe plus de 70 niveaux datés entre 60 000 et 40 000 ans ayant livré des blocs de pigments ou des objets de broyage des colorants. La couleur noire (dioxyde de manganèse) est plus fréquente que les rouges (ocres). Signalons à ce propos la découverte récente à Ormesson (Seine-et-Marne) par l’équipe de P. Bodu, dans un niveau moustérien daté de 47 000 ans, de blocs d’hématite-goethite de couleur rouge, brun et jaune présentant des marques de raclage qui évoquent un prélèvement de poudre colorante9.

    64Si tous ces éléments participent à une meilleure connaissance des environnements dans lesquels évoluaient nos chasseurs-cueilleurs et de leurs modes de vie, l’analyse des acides organiques contenus dans les remplissages de foyers et les empreintes de pas apportent un autre éclairage.

    65Dans tous les échantillons prélevés dans les foyers, on note la présence systématique de graisse d’animal ruminant et pour l’un d’entre eux une utilisation intense de végétaux comme combustible10. La destination de ces foyers est sans doute variée, certains étant dédiés à des activités domestiques, d’autres au traitement des matières carnées (cuisson et/ou fumage). Rappelons que la plupart ont livré, outre de nombreux charbons de bois, des vestiges d’os spongieux brûlés. Les questionnements inhérents à la fonction de ces structures nécessitent le recours à l’expérimentation (en cours).

    Des empreintes humaines

    66Comme nous l’avons évoqué, la particularité du site réside dans l’exceptionnelle conservation d’empreintes de pas des Paléolithiques. Cette découverte a motivé l’engagement d’une thèse portant sur la locomotion des Néandertaliens, effectuée au muséum d’Histoire naturelle de Paris (Duveau, 2016)11. À ce jour, cinq des six sols anthropisés reconnus conservent des empreintes de pas et de mains, pour certaines très bien préservées (enregistrées comme empreintes), pour d’autres plus diffuses (enregistrées comme traces). Dans le but de bien caractériser ces poinçonnements, nous avons eu recours aux procédés photographiques, à l’acquisition 3D de toutes les traces et empreintes, et au moulage direct pour les empreintes de pas et de mains les mieux conservées.

    67Comme nous l’avons déjà souligné depuis les premières découvertes en 2012, les empreintes d’homininés sont très rares dans le registre fossile, d’autant plus pour des espèces ayant vécu avant l’Holocène (Lockley et al., 2008). Jusqu’à présent, seule une empreinte très endommagée retrouvée dans le Pas-de-Calais, à Biache-Saint-Vaast (Tuffreau, 1978), vieille de plus de 180 000 ans, et trois empreintes de la grotte roumaine de Vârtop (Onac et al., 2005), datées d’environ 62 000 ans, ont été associées aux Néandertaliens. Une autre série de quatre empreintes mises au jour dans la grotte de Théopétra (Grèce), datées par14C de 48 ka, pourraient aussi se rapporter aux Néandertaliens (Facorellis et al., 2001). Le faible nombre de ces empreintes et leur conservation parcellaire en limitent l’étude. De ce fait, le site du Rozel se révèle être un véritable observatoire pour la connaissance des Néandertaliens.

    68Ainsi, c’est actuellement le seul gisement qui permette de réaliser une analyse statistiquement représentative avec actuellement 183 empreintes enregistrées. Cela représente le plus grand échantillon d’empreintes néandertaliennes jamais découvert, soit plus de 90 % des empreintes associées aux Néandertaliens (fig. 15).

    69Cependant, ce bilan doit être pondéré, notamment pour les sols supérieurs (D3-1 à D3-3), qui ne comptent que 38 empreintes. Si cet échantillonnage permet de faire des observations d’ordre morphologique, morphométrique et bio-mécanique, l’impact palethnographique reste malheureusement anecdotique. Par contre, la documentation s’avère plus démonstrative pour le complexe D3-4 et 5 dont la fouille n’est pas achevée, avec 117 empreintes de pas pour D3-4 et 28 pour D3-5.

    70Ces empreintes nous informent donc sur la composition d’un groupe, la biologie des individus le constituant (estimation de la stature, de la masse corporelle), et apportent des informations fonctionnelles. Elles présentent quelques particularités par rapport aux empreintes expérimentales, montrant une zone médio-plantaire large, un talon large et des orteils plus courts. Ces observations sont en accord avec nos connaissances sur l’anatomie osseuse néandertalienne (Trinkaus, 1983 ; Trinkaus et Hilton, 1996 ; Schmitt, 1998 ; Berillon, 2000).

    71Actuellement, le nombre minimum d’individus est compris entre six et sept personnes, dont de très jeunes enfants (bébés ; fig. 15C et D), des enfants, des adolescents et des adultes (fig. 15A et B), ce qui laisserait présager de la proximité du « camp de base ».

    Fig. 15. Empreintes. A : piste de pas d’adultes ; B : pieds d’adolescent ; C : pieds de bébé ; D : main de bébé (clichés : D. Cliquet, G. Laisné et J. Duveau).

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    Fig. 16. Évocation d’une occupation de la « dune supérieure », correspondant aux aires de travaux de boucherie (illustration : L. Juhel).

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    72Par ailleurs, la découverte de ces empreintes suscite quelques interrogations : ces individus étaient-ils chaussés ? La première preuve directe de pied chaussé remonte à 8 300 ans BP (Kuttruff et al., 1998) et a été fournie par le site d’Arnold Research Cave (États-Unis, Missouri). Il comporte plusieurs porches de grottes occupés à l’Holocène par les Amérindiens et présente une longue séquence d’occupations (entre 8 300 et 1 000 BP) où les matières organiques sont conservées du fait de l’aridité du climat, notamment plusieurs sandales et mocassins. D’autres modes de protection des pieds sont attestés, pour les périodes récentes, notamment les « chaussettes russes », pièces carrées en tissu « emballant » le pied et protégeant des engelures. C’est sur cette base que Gilles Laisné a fait une expérience de piétinement en utilisant un « carré de cuir souple ». Le pied est bien protégé, à l’abri de l’eau et de l’humidité, et poinçonne le sol de la même manière qu’un pied nu. En effet, les orteils sont bien marqués ainsi que le petit bourrelet compris entre les orteils et la voûte plantaire. Certains paléoanthropologues ont avancé, en fondant leurs hypothèses sur les résultats d’études bio-mécaniques, notamment la robustesse des phalanges, que les Néandertaliens avaient pu être chaussés dès 40 000 ans (Trinkaus, 2005 ; Trinkaus et Shang, 2008). Il reste donc à espérer que les relevés effectués depuis 2013 et que l’expérimentation permettront d’apporter des réponses à ce questionnement.

    Organisation de l’espace et fonction des niveaux d’occupation

    73Les trois sols d’occupation du massif dunaire supérieur (D3-1, D3-2 et D3-3) se développent autour d’éléments structurants sur un sol sub-plan ou à léger pendage qui rappelle les replats d’arrière de cordons dunaires actuels. Parmi les éléments majeurs qui définissent l’espace figurent la falaise, à l’ouest, et une barre d’éboulis, au nord (fig. 16).

    74La falaise de schiste à l’ouest et les blocs effondrés correspondent vraisemblablement à une déstructuration de la paroi verticale et à l’effondrement d’anciennes voûtes d’abris peu profonds, comme ceux qui sont encore visibles sur la face ouest du promontoire et qui ont fait l’objet des premières fouilles sous la direction de F. Scuvée. Ces blocs sont tombés avant l’installation des Néandertaliens sur la dune, comme l’attestent les sols D3-1, D3-2 et D3-3, qui viennent buter sur les blocs effondrés. Cependant, un petit cône d’éboulis lié à la desquamation de la paroi, très altérée par endroits, a continué à se former pendant l’occupation en bordure sud-ouest de la crique, comme le suggère la présence de quelques pièces osseuses et d’un petit amas de débitage, incorporés à ce head.

    75La barre d’éboulis au nord est constituée de blocs de schistes, de plaquettes et d’un sédiment dérivé de l’altération du schiste mêlé à du sable. Ce massif, épais de plusieurs mètres, s’adosse à la falaise en deux points. Comme nous l’avons souligné dès 2012, la dune de sable vient s’asseoir sur cette barre sans atteindre la fissure qui s’ouvre à l’ouest dans la falaise, formant un piège pour les sables éoliens. Le décapage du sable éolien ainsi que le sondage pratiqué au pied de la coupe ouest n’ont livré aucun vestige. Cette zone de turbulence a été rapidement comblée par les sédiments durant le début du dernier Glaciaire. La barre d’éboulis s’adosse à la paroi de schiste dans sa partie sommitale sous forme d’un glacis, alors qu’à sa base, constituée de blocs de schiste de gros modules (plurimétriques), elle se développe parallèlement à la falaise, le long d’une bande de sable dunaire. Les « encoches » visibles dans la partie sommitale de la falaise schisteuse correspondent aux négatifs des pans de parois qui ont basculé sur la dune. Au moins deux « encoches » ont ainsi été reconnues sur le flanc sud du Cap du Pou ; elles correspondent aux massifs de blocs effondrés qui ont structuré l’espace. Le plus occidental dessine une dépression dans laquelle se sont installés les Paléolithiques. Le second reste à investiguer ; il se trouve dans la partie orientale de l’ouverture, sous la zone de stockage des déblais de fouille.

    76À ce jour, nous ne connaissons pas les limites des trois sols supérieurs à l’est de l’implantation. Leurs limites naturelles sont connues, à l’ouest (falaise de schiste et voûte effondrée), au nord (barre d’éboulis) et au sud (bourrelet dunaire). Cependant, la raréfaction des vestiges et des structures montre que l’espace de vie privilégié des préhistoriques se trouvait dans la dépression fouillée de 2012 à 2015. Les aires de circulation sur ses flancs sud et surtout est ont livré la plupart des empreintes associées aux sols D3-1 à D3-3.

    77Au sud, de l’espace fouillé, les travaux effectués montrent que les trois sols d’occupation venaient « mourir » sur l’arrière d’un bourrelet dunaire. De ce fait et contrairement à nos attentes, l’intégralité des trois sols (D3-1, D3-2 et D3-3) était préservée, à la différence du sol d’occupation immédiatement sus-jacent à l’éboulis, qui a été affecté par l’érosion littorale dans de faibles proportions, et des niveaux anthropiques incorporés au massif dunaire inférieur, qui ont été partiellement tronqués par cette érosion. Dans l’état d’avancement des recherches, nous remarquons que les trois aires de travaux de boucherie présentent une structuration de l’espace similaire. Les activités paraissent s’organiser autour de gros blocs de roche (quartz de filon et de schiste de grande densité) apportés sur la dune. Ils ont probablement servi d’enclumes destinées à la fracturation des os longs dans le but d’en extraire la moelle. C’est du moins ce que suggère leur morphologie, avec la recherche d’arêtes linéaires bien marquées permettant une fracturation des épiphyses par percussion lancée, comme pourraient en attester les expérimentations conduites par G. Laisné durant l’été 2014. Par ailleurs, d’abondantes esquilles internes d’os, dues à la fracture en encoche sur os frais, ont été trouvées en périphérie de ces blocs. De nombreux vestiges osseux portent des traces de désarticulation, de découpe et des stigmates liés à la fracturation des os longs afin d’en extraire la moelle. Sur ces sols, ce sont le plus souvent des portions de carcasses qui ont été apportées. Ces quartiers d’animaux ont été découpés à l’aide d’éclats bruts et de racloirs, « couteaux de boucherie » qui ont été réaffutés, comme en témoignent plusieurs postes d’affûtage. Ils peuvent être associés à des retouchoirs. Une vingtaine d’entre eux a été aménagée principalement sur des fragments de mandibule, de diaphyses de fémur et de tibia (fig. 17) de cerf élaphe, voire sur des esquilles d’os longs d’aurochs et de chevaux.

    78Enfin, l’aire d’activité comporte sur les trois niveaux analysés de grandes plaques de schiste apportées par les Néandertaliens. Ces dalles ont pu être prélevées dans le cône d’éboulis ; elles ne sont présentes en grand nombre que dans l’aire dense de travaux de boucherie. Au sud et à l’est des aires de travail, elles sont peu nombreuses, voire absentes. Il est possible qu’elles aient servi de plats destinés à isoler les matières carnées du sol, qui bien que partiellement végétalisé, était constitué de sable. Par ailleurs, ces dalles ont dû servir de support pour les travaux de boucherie : billots, planches à découper… Cependant, l’importante altération de l’épiderme de ces plaques de schiste, fréquemment fragmentées en place par la compression des sédiments sus-jacents, n’a pas permis de reconnaître d’incisions liées à d’éventuelles activités de découpe ou de désarticulation.

    Fig. 17. Quadruple retouchoir en tibia de cerf, présentant une fracturation hélicoïdale liée à la récupération de moelle, des stries de découpe et des marques de raclage (clichés : N. Sévêque).

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    79De nombreux foyers allumés directement sur le sol ont été reconnus sur les trois sols analysés. Tous se caractérisent par la présence de charbons de bois et d’os spongieux. Si deux d’entre eux, situés en pied des blocs effondrés à l’ouest de la fouille, sont périphériques à l’aire d’activité, la plupart ont été implantés sur l’aire centrale de travail. Bien que la fonction de ces foyers ne soit pas encore élucidée, les analyses chimiques apportent quelques éléments de réponse. À ce jour, il paraît raisonnable de penser qu’outre une fonction immédiatement liée à la consommation de viande sur le site, ces structures avaient pour destination le traitement des matières carnées pour leur conservation (fumage, récupération de cendres pour badigeonner la viande afin d’isoler les matières carnées des insectes notamment…). Ces interrogations ont motivé la programmation d’une campagne d’archéologie expérimentale.

    80Enfin, cinq amas de débitage ont été reconnus sur les deux niveaux de sol inférieurs (D32 et D3-3). Ces amas se trouvent en périphérie des aires de travaux de boucherie ou en partie sur la limite ouest de ces aires. Ils sont tous bien circonscrits et conservent de nombreuses micro-esquilles (plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers) qui ont été collectées par tamisage. Ce constat plaiderait en faveur d’un recouvrement rapide des niveaux d’occupation par le sable éolien. Ces amas illustrent la production d’éclats par un débitage direct et par la méthode Levallois. Rappelons que la plupart des racloirs doubles collectés dans ces niveaux (« couteaux » utilisés pour les travaux de boucherie) ont été aménagés sur des supports Levallois.

    81L’éboulis qui recouvre le massif dunaire « inférieur », malgré un pendage bien marqué, a été investi par les Néandertaliens (complexe D3-4). En témoignent des vestiges de faune consommée, notamment du cerf, des os chauffés, des charbons de bois et des artefacts en silex et en quartz. Un nucléus, débité sur cet éboulis, et quelques éclats, esquilles et micro-esquilles attestent d’un léger fluage des artefacts sur la pente du glacis. Ce sol anthropisé affiche une densité de vestiges moindre que les niveaux sus-jacents. Notons d’emblée une moins bonne conservation des vestiges de faune liée à l’altération des matières organiques au contact du schiste et de l’altérite de schiste (présence d’oxydes de fer et de manganèse). Par ailleurs, lors du démontage de l’éboulis en pied de paroi ouest de la falaise, un amas de débitage avait été mis en évidence. Ce dernier, de petites dimensions, correspond à la mise en œuvre d’au moins trois rognons de silex issus des cordons littoraux (coups d’ongles caractéristiques). Toutes les étapes de la chaîne opératoire de débitage y sont présentes, et les petits éléments très nombreux. Cet amas d’à peine 1 m2 s’avère peu dispersé en épaisseur malgré la nature du substrat, constitué de plaquettes de schiste « pourri » liées à la desquamation de la paroi de la falaise, très altérée en cet endroit. Les produits de débitage illustrent une production d’éclats et de lames. Les pièces de plein débitage sont absentes. L’amas est essentiellement constitué d’esquilles et de petits éléments, d’éclats d’aménagement et de décorticage. En périphérie de cette aire d’occupation, en bordure du massif dunaire, au moins deux « secteurs de circulation » des individus ont été mis en évidence dans les complexes D3-4 et D3-5, qui regroupent 79 % des 183 empreintes de pas retenues.

    82Enfin, une fenêtre exploratoire a été ouverte, au nord-ouest de l’ouverture occidentale, dans un secteur où l’éboulis était moins épais et achevé d’être étudié. Ce « sondage » a été pratiqué afin de tenter d’appréhender le potentiel des sols anthropiques de la « dune inférieure ». Quelques vestiges de faune bien conservés ont été trouvés, associés à quelques lambeaux de sol, à de rares artefacts et à un foyer en cuvette (sol D3-6 ; fig. 5). Cette fenêtre a permis de reconnaître plusieurs niveaux de coulées boueuses susceptibles de conserver de nouvelles empreintes. Les niveaux du complexe D3-5 de la « dune inférieure » ont une extension spatiale plus étendue que ceux des aires de travaux de boucherie sus-jacents. Il est vraisemblable que le cordon dunaire était alors situé plus au sud du site que le cordon sus-jacent, qui participe à la structuration de la dépression dans laquelle se sont installés à plusieurs reprises les Néandertaliens. Ces sols d’occupation ont été détruits par l’érosion littorale, leur analyse sera donc partielle. Ces niveaux restent à investiguer, cependant les premières observations effectuées plaident en faveur d’une occupation des abris, avec des aires de travaux spécifiques en périphérie (foyers, amas osseux de grands mammifères consommés) et évoquent plutôt des configurations de haltes de chasse ou d’habitats d’abris et de pied de falaise (fig. 18).

    Fig. 18. Évocation de la plaine littorale contemporaine des occupations du « massif dunaire inférieur » (illustration : L. Juhel).

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    83Seules les fouilles à venir permettront de préciser la nature et la fonction de ces sols d’occupation et de remettre en perspective les découvertes effectuées par Y. Roupin durant les années 1960 et les travaux conduits par F. Scuvée de 1969 à 1971.

    Pour conclure

    84Les investigations menées depuis 2012 sur le site du Rozel ont largement dépassé nos espérances avec la mise au jour de sols d’occupation très bien préservés, livrant des structures (foyers, concentration de matériel osseux, amas de débitage) et des vestiges de faune (mollusques, insectes, micro et mégafaune) dans un état de conservation exceptionnel, du fait d’un recouvrement rapide par les sédiments éoliens (Cliquet, 2016). Le bilan sédimentaire éolien du début du dernier Glaciaire se développe sur une vingtaine de mètres de puissance, fait rarissime sur les côtes de Normandie armoricaine et, par extension, de l’ouest de la France.

    85Le site se distingue en premier lieu par une production bien affirmée de lames et de lamelles conduits selon des débitages semi-tournants et tournants et un débitage de lamelles sur « micro-nucléus » et « burins-nucléus », concepts rares au Paléolithique moyen récent. Le Rozel est actuellement le gisement le plus occidental où s’expriment ces débitages « volumétriques » en contexte de production d’éclats et de pointes, menés selon une gestion faciale, par débitage direct ou par la méthode Levallois.

    86En second lieu, le site est remarquable par la conservation d’empreintes de pas et de mains d’individus laissées par les groupes installés à l’abri du cordon dunaire en pied d’une falaise exposée au sud. Plus de 180 empreintes ont été répertoriées et analysées, ce qui confère une valeur toute particulière à ce site, actuellement unique pour l’ensemble du monde néandertalien. Sur les cinq sols d’occupations ayant livré des empreintes, toutes les classes d’âge sont représentées, tant dans les trois niveaux supérieurs accueillant les aires de travaux de boucherie que dans les complexes de sols sous-jacents, correspondant davantage à des espaces de vie (haltes de chasse, habitats saisonniers…).

    87Cette qualité de conservation des informations archéologiques sans équivalent connu en Europe pour cette période présage d’un renouvellement considérable de notre connaissance des modes de vie des populations de chasseurs-cueilleurs collecteurs du Paléolithique moyen récent. ■

    Bibliographie

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    Trinkaus E. et Shang H. (2008) – Anatomical evidence for the antiquity of human footwear : Tianyuan and Sunghir. Journal of Archaeological Science 35 (7), p. 1928-1933.

    Tuffreaua. (1978) – Les fouilles du gisement paléolithique de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) : années 1976 et 1977. Premiers résultats. Bulletin de l’Association française pour l’étude du quaternaire, 15 (1-3), p. 46-55.

    Tuffreau A. dir. (1993) – Position stratigraphique des industries moustériennes à lames en Europe Occidentale, dans Riencourt-lès-Bapaume (Pas-de-Calais). Un gisement Paléolithique moyen. Documents d’Archéologie Française, 37, p. 104-106.

    Van Vliet-Lanoë B. (1988) – Le rôle de la glace de ségrégation dans les formations superficielles de l’Europe de l’Ouest. Processus et héritages. Caen, Éditec, 854 p.

    Van Vliet-Lanoë B., Cliquet D., Auguste P., Folz E., Keen D., Scwenninger J.-L., Mercier N., Alix P., Roupin Y., Meurisse M. et Seignac H. (2006) – L’abri sous roche du Rozel (France, Manche) : un habitat de la phase récente du Paléolithique moyen dans son contexte géomorphologique. Quaternaire, 17 (3), p. 207-258.

    Notes de bas de page

    1  Par D. Cliquet.

    2  Étude d’Agnès Gauthier (CNRS, Meudon).

    3  Étude de Nancy Marcoux (UMR 6566, CNRS, université de Rennes I).

    4  Étude de Philippe Ponel (CNRS).

    5  Étude de David Keen (Van Vliet-Lanoë et al., 2006) et Olivier Moine (CNRS, Meudon).

    6  Étude d’Emmanuelle Stoetzel (CNRS, Paris).

    7  Les premiers résultats portant sur l’étude de la mégafaune ont été présentés dans les rapports de fouille annuels. Une analyse plus détaillée sera proposée par Noémie Sévêque, dans le cadre de son doctorat, intitulé Changements climatiques et variabilités des comportements alimentaires au Paléolithique moyen en France septentrionale. Apports des études couplées archéozoologiques et biogéochimiques, en cours à l’université de Lille, sous la direction de A. Lehoerff et P. Auguste.

    8  Étude de Patrick Auguste (Van Vliet-Lanoë et al., 2006).

    9  Information orale de Pierre Bodu.

    10  Étude de Nicolas Garnier.

    11  Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet doctoral intitulé Besoins énergétiques et mobilité des Néandertaliens. Approche croisée anatomo-fonctionnelle et archéologique, sous la direction de Gilles Bérillon et Christine Verna.

    Auteur

    • Dominique Cliquet

      DRAC Normandie, CNRS, UMR 6566

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    1  Par D. Cliquet.

    2  Étude d’Agnès Gauthier (CNRS, Meudon).

    3  Étude de Nancy Marcoux (UMR 6566, CNRS, université de Rennes I).

    4  Étude de Philippe Ponel (CNRS).

    5  Étude de David Keen (Van Vliet-Lanoë et al., 2006) et Olivier Moine (CNRS, Meudon).

    6  Étude d’Emmanuelle Stoetzel (CNRS, Paris).

    7  Les premiers résultats portant sur l’étude de la mégafaune ont été présentés dans les rapports de fouille annuels. Une analyse plus détaillée sera proposée par Noémie Sévêque, dans le cadre de son doctorat, intitulé Changements climatiques et variabilités des comportements alimentaires au Paléolithique moyen en France septentrionale. Apports des études couplées archéozoologiques et biogéochimiques, en cours à l’université de Lille, sous la direction de A. Lehoerff et P. Auguste.

    8  Étude de Patrick Auguste (Van Vliet-Lanoë et al., 2006).

    9  Information orale de Pierre Bodu.

    10  Étude de Nicolas Garnier.

    11  Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet doctoral intitulé Besoins énergétiques et mobilité des Néandertaliens. Approche croisée anatomo-fonctionnelle et archéologique, sous la direction de Gilles Bérillon et Christine Verna.

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    Cliquet, Dominique. « Le site paléolithique moyen du “Pou” au Rozel (Manche) : des aires de travaux spécialisés et des habitats vieux d’environ 80 000 ans ». In Journées archéologiques de Normandie, édité par Jean-Paul Ollivier. Mont-Saint-Aignan: Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2018. doi:10.4000/books.purh.17280.
    Cliquet, Dominique. « Le site paléolithique moyen du “Pou” au Rozel (Manche) : des aires de travaux spécialisés et des habitats vieux d’environ 80 000 ans ». Journées archéologiques de Normandie, édité par Jean-Paul Ollivier, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2018, https://doi.org/10.4000/books.purh.17280.

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