Les malades de l’hôpital Saint-Jean d’Angers aux XVIIe et XVIIIe siècles
p. 81-88
Texte intégral
1L’hôpital Saint-Jean d’Angers est le plus ancien et le plus important des hôpitaux de la province. Au cours du XVIIe siècle, il a connu deux transformations importantes qui lui ont permis de mieux accueillir et soigner les malades : en 1640, l’installation des filles de la Charité donne à la maison un personnel stable et de qualité pour assurer les soins quotidiens tandis que la réorganisation du service des médecins, à partir de 1662, sous l’impulsion de Pierre Hunauld et de son fils, lui assure un personnel médical effectuant des visites régulières, tout en permettant une meilleure formation pratique des médecins exerçant en ville1. Mais au XVIIIe siècle, comme beaucoup d’autres institutions, l’hôpital connaît de grandes difficultés financières. En 1720-1721, il est ruiné par la banqueroute de la banque royale, ayant amorti la plus grande partie de ses anciens contrats de constitutions de rentes en échange de billets de banque2. De 1720 à la Révolution, les administrateurs doivent, à plusieurs reprises, modifier les conditions d’accueil des malades, car l’hôpital est incapable de faire face à ses obligations traditionnelles. Au cours de ces deux siècles, comment sont accueillis les malades qui se présentent à la porte de l’hôpital, qui sont-ils et que deviennent-ils une fois qu’ils ont franchi le seuil de la grande salle des malades3 ?
L’accueil des malades
2Tous les pauvres malades, sauf ceux atteints de maladies incurables4, peuvent être reçus à l’hôpital, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.
3Cette mission fondamentale est régulièrement rappelée. En 1645, par exemple, les officiers du grenier à sel d’Angers dans le rapport qu’ils établissent à la demande de la cour des aides de Paris écrivent que l’hôpital reçoit des pauvres malades « non seulement de la province d’Anjou, mais de toute la chrétienté, n’estant refusé aucuns pauvres malades de quelque nation qu’ils soient5 », tandis qu’en 1721 le maire d’Angers déclare que la maison est ouverte « aux pauvres de toutes les nations du monde6 ». En 1764, encore, dans le rapport qu’ils adressent au contrôleur général des finances, les administrateurs insistent sur cet accueil généreux de tous les malades à l’hôpital Saint-Jean7 : « Un pauvre malade y est reçu avant qu’on sache le nom du Pays qui le vit naître. Il sonne à la porte, le garçon chirurgien vient s’informer de son indisposition, s’il est recevable lui donne son billet d’admission […]. Le pauvre malade n’est point renvoyé faute de lit […]. Tout s’y passe dans l’ordre de la Douceur et de la Charité. »
4Les règlements qui précisent dans quelles conditions les malades doivent être accueillis sont simples et ils n’ont pas varié officiellement au cours des siècles que nous étudions8. Depuis une décision des officiers du présidial, en juin 1607, ils sont écrits sur un grand tableau, à l’entrée de la grande salle des malades, du côté des hommes9. À son arrivée aux portes de la maison, seul ou accompagné, suivant son état, le pauvre malade est reçu par un des garçons chirurgiens qui vérifie s’il satisfait aux conditions d’entrée10. Le malade reçoit alors des vêtements nouveaux, tandis que ses habits anciens sont mis dans un paquet et marqués pour lui être rendus à sa sortie, ou, s’il meurt, pour être employés aux besoins des pauvres. On lui remet un billet d’admission et, s’il le peut, il se fait inscrire sur le registre des entrées, tenu par les prêtres de l’hôpital11 qui lui remettent un autre billet qu’il conserve avec lui durant tout son séjour. Ces formalités accomplies, le malade est conduit dans la grande salle des malades où il est installé dans un lit12.
5Dans les années qui précèdent la Révolution, à cause des graves problèmes financiers qu’ils rencontrent13, les administrateurs de l’hôpital Saint-Jean ne respectent plus ces critères d’admission. Ils admettent régulièrement des malades payants, de préférence aux pauvres14. Dans les mémoires qu’ils adressent au contrôleur général des finances entre 1784 et 178715, les médecins d’Angers, en conflit avec les administrateurs, reprochent à ces derniers de demander une rétribution à de nombreux malades avant de les recevoir16. En 1786, ils les accusent d’avoir refusé une pauvre malade de Saint-Georges-sur-Loire car elle ne pouvait verser les douze livres qui lui étaient demandées pour son admission. En juillet 1786, d’après eux, il y aurait eu à Saint-Jean entre soixante et quatre-vingts malades payants alors que de pauvres malades venus des paroisses rurales voisines « se traînaient aux portes de l’hôpital où on avait la cruauté de les laisser mourir ». Les registres des conventions particulières passées entre les administrateurs et ces malades payants montrent que des malades ne répondant pas aux critères d’admission ont, effectivement, été reçus17, comme un épileptique, âgé de 16 ans entré en juillet 1764 après avoir versé 4 000 livres18, ou une femme « attaquée de paralysie » admise en novembre 1780 après avoir payé 1 000 livres19. Pour faire face à leurs difficultés financières, les administrateurs ont privilégié cet accueil de malades payants, ouvrant les portes de la maison à des malades atteints de maladies incurables jusqu’alors refusés ou renvoyés si cette maladie incurable était découverte par les médecins après l’entrée du malade20. Le cas des personnes considérées comme « folles » témoigne de cette évolution. Officiellement, l’hôpital leur est fermé, mais dès 1756, le corps de ville a permis leur accueil, en décidant la construction d’une salle pour recevoir « ceux qui sont nouvellement attaqués de la folie dont on entreprend la guérison et les galeux qui communiquent cette maladie aux autres malades21 ». Très vite cette salle a été détournée de son but original et réservée aux militaires, mais des loges ont été aménagées pour les fous22 que les administrateurs déclarent admettre « par esprit de charité et de bienfaisance » en demandant toutefois, d’après les médecins, 39 livres pour une admission. Dans les années qui précèdent la Révolution ces nouvelles conditions d’accueil ont de graves conséquences pour les plus pauvres, car les difficultés financières de l’hôpital conduisent les administrateurs, à la demande de l’échevinage, à supprimer de nombreux lits. En 1783, le nombre des lits est ainsi réduit à 12023. Cette diminution, jointe à l’accueil de malades payants, ne permet plus de recevoir tous ceux qui ont besoin de secours. Les administrateurs le reconnaissent dans une annonce qu’ils font paraître dans le numéro des Affiches d’Angers du 27 septembre 1787 : « Les administrateurs de l’Hôtel-Dieu d’Angers prient les curés du diocèse de n’envoyer aucuns malades de leurs paroisses audit Hôtel-Dieu, sans avoir prévenu et savoir s’il y a des lits vacants. L’expérience démontre que tous les jours il est renvoyé des malades qu’on ne peut recevoir, faute de lits. » À la veille de la Révolution, tous les pauvres malades qui se présentent pour être soignés ne sont donc plus accueillis.
Les malades accueillis
6Il est difficile de présenter un état global du nombre des malades accueillis dans l’hôpital, car celui-ci est très variable, connaissant de fortes augmentations, en temps de peste au XVIIe siècle, ou de crises frumentaires ou épidémiques diverses au XVIIIe siècle. Notre étude ne porte que sur les entrées « en temps ordinaire24 », écartant les années de crises. L’examen des documents disponibles25 permet tout d’abord de constater une forte augmentation du nombre des entrées au cours du XVIIe siècle, signe d’une augmentation importante de la pauvreté à Angers et dans la province. Alors que, dans les dix premières années du siècle, la moyenne mensuelle du nombre des entrées n’était que de 93 malades, celle-ci passe à 131 malades au milieu du siècle pour atteindre 416 malades au cours des années 1689-1720, ce qui représente alors près de 14 entrées par jour. Les difficultés financières liées à la banqueroute de Law s’accompagnent d’une forte diminution du nombre des entrées de 1720 à 1725, qui descend à environ 250 malades par mois, mais très vite le nombre des malades reçus à l’hôpital retrouve les chiffres de la fin du siècle précédant. Entre 1751 et 1782, il y a en moyenne 540 malades présents chaque jour à l’hôpital. En 1751, les administrateurs déclarent que le nombre des malades est monté à 60026. En 1780 il s’établit même à 830. Durant ces années, malgré ses difficultés financières, l’hôpital est donc toujours fidèle à sa mission. Il reçoit des pauvres malades de plus en plus nombreux venus des paroisses de la ville et de la province. Dans ces conditions, il faut mettre plusieurs malades par lit. En 1750, les administrateurs déclarent qu’il y a souvent deux ou trois malades par lit, rarement quatre27. En 1751, le corps de ville, considérant « comme un des premiers secours qu’on puisse procurer à un malade l’avantage de coucher seul dans un lit », demande aux administrateurs de donner un lit aux ouvriers de la nouvelle manufacture des toiles à voiles qui vient de s’installer dans la ville28. En 1783, au lendemain de la réduction du nombre de lits, la chute du nombre des malades reçus est brutale : de 1784 à 1788, la moyenne mensuelle des entrées n’est plus que de 14729. Durant ces années, combien de pauvres malades n’ont pas trouvé de place à l’hôpital et sont morts sans soins dans leurs maisons ?
7La population hospitalière est dans l’ensemble jeune. De 1598 à 1688, les moins de 30 ans représentent entre 50 et 60 % de l’ensemble des malades, tandis que ceux de plus de 50 ans ne constituent que 7 % de cette population. Entre 70 % et 75 % des malades ont entre 11 et 50 ans. Cette situation connaît peu de modifications, avec toutefois un vieillissement régulier de la population de l’hôpital. Dans les années qui précèdent la Révolution, les plus de 50 ans représentent 20 % des malades. L’âge moyen des malades qui était de 29 ans à la fin du XVIIe siècle est passé à plus de 34 ans à la veille de la Révolution.
8Durant les deux siècles que nous étudions, cette population hospitalière est composée en majorité d’hommes. Il faut noter, toutefois, que les pourcentages respectifs des hommes et des femmes connaissent quelques évolutions. Au XVIIe siècle, cette présence majoritaire des hommes ne cesse de diminuer : au début du siècle, les hommes représentaient 61 % des malades, ils ne sont plus que 53 % en 1686 et, en 1695, les femmes sont plus nombreuses que les hommes, 1642 pour 1573. Cette situation dure peu et durant tout le XVIIIe siècle, la population masculine l’emporte à nouveau. Les hommes représentent 56 % des malades dans la première moitié du siècle, 52 % dans les années qui précèdent la Révolution. Les hommes prédominent surtout dans les tranches d’âge de 10 à 50 ans. Après cet âge, le pourcentage des femmes augmente progressivement et l’emporte après 70 ans, les femmes vivant plus vieilles que les hommes. Peu nombreux, les malades de plus de 90 ans sont tous des femmes.
9Les pauvres admis à l’hôtel-Dieu d’Angers sont presque tous natifs du royaume de France. L’ouverture aux « pauvres de toutes les nations du monde » reste limitée. Elle ne dépasse jamais 1 % du total des hospitalisés. Les trois quarts des malades ont vu le jour à Angers ou en Anjou au XVIIe siècle, et ce pourcentage dépasse les 80 % au siècle suivant. Environ 25 % des malades sont nés dans une des seize paroisses d’Angers. Près de 40 % des malades nés à Angers ont été baptisés dans la paroisse de la Trinité au XVIIe siècle, et 51 % de 1720 à 1789. Cette paroisse est la plus peuplée de la ville, la plus pauvre aussi, et elle est proche de l’hôpital. On peut considérer qu’environ un malade sur dix admis à Saint-Jean a été baptisé dans l’église de la Trinité. Les paroisses d’Angers les plus aisées envoient moins de malades, proportionnellement à leur population. Quant aux malades originaires de la province, et dont le nombre ne cesse d’augmenter au cours des années 1720-1789, ils sont issus, en majorité, de paroisses proches d’Angers. Très peu de malades sont originaires des Mauges et du Baugeois, régions isolées.
10Nous connaissons mal les professions des malades car elles sont rarement mentionnées, ce qui interdit toute étude statistique satisfaisante. On peut noter, toutefois, que la majorité des professions connues sont des professions manuelles. Sur les 495 métiers indiqués sur les registres des sépultures des années 1754 à 1760 on trouve 43 ouvriers ou ouvrières du textile, 22 perrayeurs, 149 domestiques, 76 travailleurs à la journée, 19 cordonniers, 54 travailleurs de la terre.
Le devenir des malades
11Les malades qui décèdent à l’hôpital sont peu nombreux. Hors périodes de crise, les décès ne représentent qu’un admis sur dix. Ce pourcentage semble assez stable durant la période étudiée : 10 % au cours des années 1598-1688, 10,7 % entre 1689 et 1720, 9,6 % de 1720 à 1740. Entre 1720 et 1789, il meurt, en moyenne 387 malades par an à Saint-Jean30. Ces chiffres montrent que l’hôpital n’est pas un mouroir épouvantable. La mortalité à l’hôpital est toutefois plus forte chez les personnes les plus âgées, puisque plus de 20 % des malades de plus de 60 ans meurent à l’hôpital, tandis que les enfants et les jeunes de moins de 20 ans sont moins de 10 % dans cette situation. Il semble aussi que les malades originaires de l’Anjou soient plus nombreux à mourir à l’hôpital que ceux nés à Angers. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’étude des registres des sépultures montre que plus de 70 % des malades décédés sont natifs d’une paroisse rurale de la province, moins de 20 % étant natifs d’Angers, alors que les paroisses de la ville ont fourni alors près de 30 % des malades. À plusieurs reprises, les Affiches d’Angers le constatent, comme le 13 avril 1787, en écrivant « la plupart de ceux qui décèdent à l’Hôtel-Dieu […] ne sont pas de la ville, ils y sont ou étrangers passant, ou des paroisses de la campagne ». Plus du tiers de ces décès sont arrivés dans les dix jours qui ont suivi l’admission du malade, les trois quarts dans le mois. Rares sont ceux qui sont restés longtemps dans la maison avant de mourir : moins de 5 % des malades décèdent plus de cent jours après leur admission.
12L’étude comparée des entrées et des décès permet d’affirmer que près de 90 % des malades qui ont été reçus à l’hôpital en sont ressortis. Mais, comme ces registres ne mentionnent pas les sorties des malades, il est impossible de savoir dans quelles conditions ont eu lieu ces sorties et de calculer la durée d’hospitalisation des sortants. Chaque mois, une somme de 10 livres est partagée entre ceux qui quittent l’hôpital pour faciliter leur retour dans leur maison. Ceux qui sortent ne sont pas guéris. Les malades quittent l’hôpital convalescents. Ainsi, les malades envoyés par les administrateurs de l’hôpital général ne reviennent pas entièrement guéris. À leur retour de Saint-Jean, la supérieure de l’institution doit leur faire « donner quelques petites douceurs pour les rétablir, n’estant d’ordinaire qu’à demy guéris quand ils reviennent31 ». Certains malades reviennent à l’hôpital Saint-Jean peu de temps après cette sortie, parfois pour y mourir. Dans les années qui précèdent la Révolution, le manque de places conduit à renvoyer chez eux les malades dès que possible. En 1784, les administrateurs demandent aux médecins de débarrasser les salles « des convalescents qui les encombrent et empêchent l’admission des pauvres malades32 ». Mais les médecins refusent de renvoyer trop vite les malades chez eux en déclarant que « le médecin ne peut donner l’exeat à un convalescent que lorsque la convalescence est sûre, sans quoi il manquerait à son état et à lui-même ». Pour gagner des places dans la grande salle des malades, les médecins voudraient séparer les convalescents des malades en les plaçant dans les chambres occupées par les pensionnaires payants, mais les administrateurs refusent33.
Conclusion
13Pendant de nombreuses années, tous les malades non atteints de maladies incurables ont été accueillis à l’hôpital Saint-Jean. À partir de 1780 une évolution importante se produit : pour faire face à de grandes difficultés financières, les responsables de la maison réduisent le nombre des lits disponibles qui passe de 300 à 120 et, comme la priorité semble accordée aux malades qui peuvent verser une somme à leur arrivée, tous les pauvres malades ne sont plus reçus. C’est une rupture profonde avec la tradition charitable de l’institution. S’agit-il d’un changement temporaire pour des raisons financières ou les décisions prises traduisent-elles une modification de l’attitude vis-à-vis des pauvres ? À l’époque de la Révolution, les hôpitaux d’Angers sont entièrement réorganisés pour mieux accueillir ceux qui sont dans le besoin, mais de nouvelles difficultés financières rendent difficile la mise en place des nouvelles structures envisagées.
Notes de bas de page
1 Lebrun F., Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, Paris, Mouton, 1971, p. 242-249.
2 Le 19 juillet 1720, les administrateurs estiment qu’ils détiennent pour 221 000 livres en billets de banque. Ils décident de profiter de l’arrêt du conseil du 24 juin 1720 et d’acquérir des rentes sur l’Hôtel de Ville de Paris au denier quarante, Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS E 9, f° 24.
3 Cette communication doit beaucoup à trois mémoires de maîtrises de mes étudiants à l’université d’Angers, Rabaté P., Les malades de l’hôpital Saint-Jean de 1598 à 1688, Angers, 1996 ; Hervé V., Les malades de l’Hôtel-Dieu d’Angers (1689-1720), Angers, 1996 ; Mairot S., Les malades de l’Hôtel-Dieu d’Angers, 1720-1789, Angers, 1998.
4 L’hôpital ne reçoit pas non plus « les larrons, brigans et destrousseurs », ni les enfants trouvés.
5 Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS A 3, f° 217.
6 Arch. mun. Angers, BB 107 f° 14.
7 Arch. nat., M 680.
8 Les différents statuts de la maison, et plus particulièrement celui de 1408, énumèrent de façon détaillée ces critères d’admission, Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS E 1, f° 28.
9 D’après Bruneau de Tartifume J., Angers. Contenant ce qui est remarquable en tout ce qui estoit anciennement dict la ville d’Angers, T. Civrays (éd.), Angers, 1932, t. 2, p. 93-94.
10 Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS B 7. L’article XXI du règlement adopté en 1715 pour le service des chirurgiens précise qu’un des garçons chirurgiens doit toujours être présent pour cet accueil des malades. Ce règlement ordonne aux garçons chirurgiens d’observer les règles traditionnelles concernant les incurables.
11 Il doit donner ses nom, prénom, âge, lieu et date de naissance.
12 Dans leur rapport de 1764, les administrateurs déclarent que si tous les lits sont occupés, les malades ne sont pas renvoyés, « on tend des couchettes », Arch. nat. M 680. En 1645, lors de leur visite, les officiers du grenier à sel notent la présence de 161 « charlits de bois », avec des matelas et des « coettes qui servent à la nécessité si le nombre des malades augmente ».
13 Depuis les années 1720, la situation financière de la maison est mauvaise, mais les administrateurs réussissent à faire face à leurs obligations grâce aux nombreux dons reçus « à fonds perdus » moyennant la constitution de rentes viagères. Considérant que le paiement de ces rentes devient trop lourd, le pouvoir royal interdit cette pratique. Dans ces conditions les ressources diminuent fortement. En 1783, le corps de ville constate que l’hôpital dépense 79 000 livres par an au-dessus de ses revenus, Arch. mun. Angers, BB 130, f° 125.
14 D’après Bath L., Les Hospices d’Angers sous la Révolution et le début de l’empire, 1789-1806, thèse de l’École nationale des chartes, 1957, p. 190.
15 Arch. dép. Maine-et-Loire, 4 D 11. Les accusations des médecins sont considérées comme fausses par les administrateurs, Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS E 426, f° 121 et suivants.
16 Boquel A., « Maîtres administrateurs et faculté de médecine au temps de l’hôpital Saint-Jean l’Évangéliste (1784) », Province d’Anjou, t. XIII, 1938, p. 175-189 et 217-237.
17 Nous ne comptons pas parmi eux les pensionnaires aisés logés dans un appartement d’une ou deux pièces, car ils n’occupent pas un lit réservé aux pauvres.
18 Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS, B 266, f° 73.
19 Ibid., 1 HS, B 268, f° 36. Le 4 avril 1784, une personne charitable verse 300 livres pour l’admission d’Étienne Legros, âgé de 7 ans et atteint « du mal d’humeur froide ».
20 En 1646, « le sieur Mombrun » doit quitter l’hôpital car les médecins « ont recognu sa maladie estre incurable comme estant dans la vessie, dans les uretaires et les roignons », arch. départ. Maineet-Loire, 1 HS F1.
21 Arch. mun. Angers, BB 117, f° 52.
22 D’après un rapport de la Commission administrative des hospices d’Angers, daté de 1819, cinq loges avaient été aménagées pour les fous avant la Révolution, cf. Petit J., « Folie, langage, pouvoirs en Maine-et-Loire (1800-1841) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1980, p. 537.
23 En 1645, il y avait 360 lits disponibles. Il y en avait encore 315 en 1750 d’après un mémoire adressé à l’intendant, arch. départ. d’Indre-et-Loire, C 305. En décembre 1783, comme la situation financière de l’hôpital est très mauvaise, le corps de ville demande de réduire le nombre des lits à 200. Mais comme on découvre que le nombre des lits est déjà inférieur à 200, il est décidé de réduire le nombre des lits à 120 et de ne mettre qu’un seul malade par lit. Le 4 janvier 1784, les administrateurs décident de communiquer cette décision du corps de ville aux sœurs hospitalières « pour qu’elles eussent à se conformer en tous points aux dispositions portées par icelle délibération », Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS 426 f° 107.
24 Elle ne porte pas non plus sur les militaires accueillis en grand nombre dans les années qui précèdent la Révolution.
25 Cette étude est réalisée à partir de deux sources : les registres d’entrée des pauvres admis à l’hôpital conservés aux archives municipales d’Angers pour les années 1605-1741, GG 312-351 et 1781-1788, GG 371 et le relevé du nombre de journées de pauvres malades réalisé par Célestin Port pour les années 1552-1782 à partir des comptes des receveurs, Port C., Inventaire des archives anciennes de l’hôpital Saint-Jean d’Angers, Angers, 1870, p. xxi-xxii.
26 Arch. dép. Maine-et-Loire, 1 HS F 10.
27 Arch. départ. d’Indre-et-Loire, C 305.
28 Arch. mun. Angers, BB 114, f° 204.
29 Cette chute est compensée par l’arrivée des militaires : soit plus de 1 000 soldats par an durant ces années.
30 L’absence de registres d’entrée après 1740 ne permet pas de donner des pourcentages.
31 Archives privées de la congrégation de Sainte-Marie-la-Forêt d’Angers, Règlement de l’hôpital général du 13 mai 1679, chapitre « De la supérieure ».
32 Arch. dép. Angers, 4 D 11.
33 Ibid. Les médecins déclarent que les convalescents sont gardés dans la grande salle à côté des moribonds alors que de nombreux bâtiments sont occupés par des pensionnaires payants.
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