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L'Asie mineure dans l'Antiquité : échanges, populations et territoires

 | 
Hadrien Bru
, 
François Kirbihler
, 
Stéphane Lebreton

Deuxième partie. Gérer, contrôler et s'approprier un territoire : l'Asie Mineure à l'échelle régionale

Brèves remarques à propos du Taurus cilicien, des Hittites aux Romains

Olivier Casabonne

Texte intégral

Pour Hadrien et Stéphane, merveilleux organisateurs, qui partagent avec moi une passion taurique.

1Dans les textes classiques, le Taurus est un repère physique et mental. Imposante barrière montagneuse, elle permet de distinguer les peuples d’en deçà de ceux d’au-delà, sans oublier ceux qui y vivent. Ainsi Strabon (II. 5.31-32) :

« L’Asie est divisée en deux par la chaîne du Taurus, qui s’étend des promontoires de Pamphylie jusqu’à la mer orientale en Inde et à la plus lointaine Scythie ; les Grecs donnèrent le nom de Cis-taurique à la partie du continent qui regarde vers le Nord, et le nom de Trans-taurique à la partie qui regarde vers le Sud… Suivant immédiatement les peuples cis-tauriques viennent les peuples qui habitent les montagnes : les Paropamisades, les tribus des Parthes, des Mèdes, des Arméniens, et des Ciliciens, des Cataoniens et des Pisidiens. Puis après les montagnardes viennent les régions trans-tauriques… »

  • 1 Sur le nom Pirindu/Piriddu, probablement un dérivé assyro-babylonien du louvite *Pirwanda « (pays) (...)
  • 2 Sur cette question, voir ibid., p. 50-58.

2En Anatolie, c’est à la latitude de la Cilicie que le Taurus est certainement le plus impressionnant. La vue est saisissante quand on descend du plateau cappadocien ou des plaines lykaoniennes. Il convient ici d’opérer une distinction : à l’Ouest, de Sélinonte au fleuve Lamos (si on suit la côte), le Taurus est un épais bourrelet montagneux qui plonge directement et en cascade dans la mer et qui compose la Cilicie Trachée, l’actuel pays de Taşeli, appelé Pirindu/Piriddu dans les annales néo-babyloniennes1. À l’Est, où il atteint son altitude la plus élevée (il approche les 4 000 mètres), le Taurus ferme au Nord la vaste et fertile Çukurova, la Cilicie Plane des Anciens, dont la bordure naturelle orientale est l’Amanus. Au Nord-Est de la Cilicie Plane, le Taurus se sépare : il se prolonge vers l’Est pour former le Taurus oriental jusqu’aux montagnes d’Iran (Zagros) ; il s’oriente vers le Nord-Est et rejoint les montagnes d’Arménie. Il est alors l’Antitaurus qui compose la majeure partie de la Cataonie. Si Taurus et Amanus paraissent bien être des barrières, ils offrent de nombreux passages et n’ont pas toujours servi de frontières naturelles à la Cilicie. Enfin, ces montagnes sont des lieux de vie, mais il ne convient pas d’opposer les populations montagnardes à celles des riches cités des plaines et du littoral. La construction navale, ne serait-ce qu’elle, induit une exploitation forestière et donc un contrôle de territoires, et toutes deux lient étroitement montagnards et gens du bas-pays2.

La vallée du Göksu et la Cataonie : voies majeures à l’époque hittite

  • 3 F. Hild, « Die Route der Tabula Peutingeriana (Tab. Peut.) von Iconium über Ad Fines und Tetrapyrg (...)
  • 4 Voir O. Casabonne, op. cit., p. 42.

3D’Ouest en Est les principales voies de passages du Taurus et de l’Amanus sont : le col de Sertavul et la vallée du Kalykadnos (Göksu), le défilé des Portes ciliciennes (Gülek Boğazı) et les Portes Amaniques (cols de Bahçe et de Nurdağı). Il existe bien d’autres routes trans-tauriques. Ainsi celle qui relie Laranda à Soloi-Pompéiopolis, mentionnée dans la Table de Peutinger et reconnue par Hild3. Si les Portes ciliciennes sont fameuses dans la littérature classique pour avoir vu passer les armées de Cyrus le Jeune en 401, d’Alexandre le Grand en 333, et Cicéron en 51, il apparaît qu’au second millénaire ce n’était pas la voie la plus importante pour le pouvoir central hittite, même s’il est fort probable que le plomb argentifère issu des mines du versant Nord du Bolkar Dağ (en Tyanitide, non loin du site de Porsuk-Zeyve Höyük) transitait par là avant de rejoindre la région de Tarse d’où il était exporté4.

  • 5 M.H. Gates, « Potmarks at Kinet Höyük and the Hittite Ceramic Industry », dans É. Jean et alii (éd (...)
  • 6 E. Kozal, « Analysis of the Distribution Patterns of Red Lustrous Wheel-made Ware, Mycenaean and C (...)
  • 7 Sur Ura et son rapport probable avec le commerce de la Red Lustrous Wheel-made Ware, voir récemmen (...)
  • 8 H. Ehringhaus, Götter, Herrscher, Inschriften. Die Felsreliefs der hethitischen Grossreichzeit in (...)

4La céramique fine appelée Red Lustrous Wheel-made ware se trouve principalement à Chypre, en Cilicie Trachée (site de Kilise Tepe, à l’entrée méridionale du bassin de Mut, dans la vallée du Kalykadnos) et Hattusa (Boğazköy). À la suite de M.H. Gates5, E. Kozal a bien montré que la répartition des différentes céramiques en Anatolie au Bronze Récent participait probablement d’une géopolitique voulue et organisée par le pouvoir central hittite en fonction de ses relations avec les potentats locaux et du degré de sa mainmise sur les différentes régions (contrôle direct ou indirect, traités avec des dynastes locaux)6. Nous savons par ailleurs, grâce notamment à la documentation ougaritique, que le roi hittite possédait une importante base navale commerciale sur la côte de Cilicie Trachée : Ura, probablement à Silifke ou dans ses environs, la Séleucie-du-Kalykadnos hellénistique et romaine7. C’est à quelques kilomètres de là, au Nord de Silifke, dans le ressort du village de Keben, que l’on peut voir un bas-relief de style hittite dont la datation pose toutefois problème : seconde moitié du XIIIe siècle, XIIe-XIe siècles, début du premier millénaire8 ? Nonobstant, et quelle que soit l’origine de la Red Lustrous Wheell-made Ware (Chypre ou Cilicie Trachée), il est clair que la vallée du Kalykadnos et Ura étaient l’une des principales voies d’accès à la mer pour le pouvoir hittite, directement (j’insiste sur ce point) contrôlée par lui.

  • 9 Les reliefs hittites de Fıraktın, İmamkulu, Hanyeri, Taşcı, en Cataonie septentrionale, de Hemite (...)
  • 10 O. Casabonne, « Syro Anatolica Scripta Minora I. 2 : La notion de ville-sainte en Anatolie et les (...)
  • 11 R. Lebrun, « Kummanni et Tarse, deux centres ciliciens majeurs », dans É. Jean et alii (éd.), La C (...)
  • 12 P. Briant, Histoire de l’empire perse de Cyrus à Alexandre, Paris, 1996, p. 732. Aspis – anthropon (...)

5Si la Cilicie Plane (Kizzuwatna) fut soumise progressivement par les rois de Hattusa, et même s’il est probable que les Portes ciliciennes furent largement empruntées, c’est en Cataonie septentrionale et dans l’Est de la Çukurova, à Sirkeli, que l’on trouve des traces du pouvoir hittite attestant de l’importance des routes de l’Antitaurus. Dans la zone de Fıraktın et de Gezbeli, plusieurs bas-reliefs hittites, dont un assurément royal (Fıraktın), ont été découverts depuis longtemps. À Sirkeli, le Grand Roi Muwatalli II a fait sculpter son image sur la rive gauche du Pyramos (Ceyhan Nehri). Il faut également signaler le bas-relief princier de Hemite dans la moyenne vallée de ce même fleuve, non loin de la classique Kastabala9. Si, comme je l’ai proposé à titre d’hypothèse10, les sites de Kastabala et Sirkeli doivent être identifiés respectivement à Kummanni-Kizzuwatna et Lawazantiya, les deux principales métropoles de Cilicie Plane à l’époque hittite, cela pourrait expliquer que le pouvoir central ait préféré la voie trans-cataonienne pour pénétrer en Cilicie Plane, les Portes ciliciennes débouchant directement à Tarse dont le statut pourrait avoir été quelque peu autonome. Ceci expliquerait qu’elle soit si peu mentionnée dans les textes émanant de la chancellerie hittite et que l’on y ait retrouvé beaucoup de sceaux princiers11. La Cataonie reste à l’époque classique une importante voie de passage : par C. Népos (Dat. IV. 2) nous savons qu’à la période achéménide « le pays était traversé par des voies très importantes puisque c’est en profitant de sa situation qu’Aspis s’emparait des tributs qui étaient envoyés au Grand Roi12 ».

Barrières perméables et territoires outre-monts

  • 13 On lira, entre autres à ce propos, les merveilleux essais de P. George, La géographie à la poursui (...)
  • 14 A. Porcher, « Notes ciliciennes – 16. Le Mélas, Sidè et quelques villes de Cilicie Trachée occiden (...)
  • 15 Voir bientôt O. Casabonne, En Cappadoce, Études sur l’Anatolie centrale des Hittites aux Romains, (...)
  • 16 Voir le bel essai de L. Febvre, Le Rhin. Histoire, mythes et réalités, Paris, 1997 (seconde éditio (...)

6Comme on le sait bien, géomorphologie, géographie culturelle et géopolitique ne font pas toujours bon ménage13. Montagnes et fleuves, même s’ils paraissent l’être aux yeux de certains, n’ont pas toujours naturellement été des frontières. Nous l’observons clairement à propos de celle qui se tient entre Cilicie Trachée et Pamphylie malgré le discours de Pline l’Ancien (Hist. Nat. V. 93) qui confère au Mélas un rôle frontalier14. C’est également le cas du fleuve Halys. Combien Phrygiens et Lydiens ont pu vouloir s’installer, et l’ont fait, à l’Est de celui-ci malgré l’affirmation d’Hérodote (I. 6 et 72), sans évoquer les Galates plus tardifs : l’Halys n’est pas une frontière15. Plus près de nous, le Rhin n’a pas toujours été la frontière nord-orientale naturelle de la France, comme d’aucuns voudraient le faire accroire, ni politiquement, ni culturellement16. Quant aux montagnes, que dire des Pyrénées, des Basques et des Catalans ? Des Alpes et des Savoyards ? Les exemples ou contre-exemples ne manquent pas. Pour l’Anatolie ancienne en particulier, il faut se dégager de ce que j’appellerais, avec quelque peu d’ironie, le « syndrome du Traité des Pyrénées » signé en 1659 par les représentants des couronnes de France et d’Espagne sur l’île des Faisans (en fait, un simple îlot) au beau milieu de la Bidassoa, en pays Basque.

  • 17 J.D. Hawkins, s.v. « Hilakku », Reallexikon der Assyriologie, 4, Berlin-Leipzig, 1972-1975, p. 402 (...)
  • 18 J.N. Postgate, « Assyrian Texts and Fragments », Iraq, 35 (1973), p. 13-36.
  • 19 Grosse bibliographie à ce sujet. Voir e. g. P. Briant, op. cit., index s.v. « Don royal », « Dôrea (...)
  • 20 Voir la note 17.
  • 21 O. Casabonne, op. cit., p. 22. J. Freu, « De l’indépendance à l’annexion. Le Kizzuwatna et le Hatt (...)

7En 713, le roi néo-assyrien Sargon donne comme dot du mariage de sa fille Ahat-abiša avec Ambaris, roi du Tabal (Cappadoce), le Hilakku qui correspond généralement à la Cilicie Trachée ou à sa partie orientale17. J.N. Postgate a trouvé problématique une telle extension du pouvoir cappadocien: « If Hilakku bordered on Que [Cilicie Plane] (as one is tempted to assume because of the location of later Cilicia), it is a little surprising to find it given by Sargon to Ambaris as his dowry. For his kingdom would then have been in two halves, separated by a large block of presumably hostile states in the central Taurus18. » Quant aux « hostiles states », J.N. Postgate fait ici allusion à la Tyanitide (Cappadoce méridionale), partie intégrante du Tabal, dont les dynastes locaux ne cessent pourtant de fomenter des révoltes contre le pouvoir assyrien, en étroite association avec les Muški-Phrygiens, puis les Cimmériens, tout désireux qu’ils sont probablement de garder, entre autres, le plein contrôle de leurs mines de plomb argentifère. Contrairement à J.N. Postgate, je n’ai aucun mal à considérer que le roi du Tabal se vît attribuer une portion de Cilicie Trachée. Une telle extension de territoire correspond à la pratique bien connue de dôrea (don) aux époques achéménide, hellénistique et romaine19. Si le Hilakku en question correspond bien à une portion de la Cilicie Trachée20, le pouvoir assyrien avait tout intérêt à s’octroyer les services d’un fidèle sujet pour contrôler une région qui, si l’on s’en tient aux textes, ne cesse de paraître hostile au pouvoir central mésopotamien. Une situation semblable se retrouve bien plus tard, dans la seconde moitié du Ier siècle, quand le pouvoir romain attribue à Archélaos, le roi de Cappadoce taurique (qui correspond grosso modo à ce que fut le Tabal), la partie de la Cilicie Trachée autour d’Élaioussa-Sébastè où le nouveau régent fera bâtir un palais (Strabon XII. 1.4 et XIV. 5.6). Il faut alors à Rome s’assurer que les populations locales qui formaient auparavant les terribles pirates ciliciens, vaincus par Pompée, sont bien calmes et ainsi contrôler le chapelet sylvestre du Taurus cilicien pour sa force navale. Désormais, comme l’écrit si bien Lucain (Phars. III. 225-228), en Cilicie Plane, « Mallos et la lointaine Égès [Aigéai] résonnent du bruit des chantiers, et le Cilicien, non plus en pirate cette fois, va dans une carène régulière ». Nous le voyons bien au travers de ces deux exemples éloignés dans le temps : le Taurus ne compose pas naturellement une frontière, d’un point de vue géopolitique tout au moins. Il en est de même de l’Amanus : au IXe siècle assurément, peut-être également aux XVIe et XVe, le royaume de Cilicie Plane s’est étendu outre-monts, au-delà de l’Amanus, et a dominé le Sam’al (Commagène méridionale)21.

  • 22 O. Casabonne, « Kiršu, une capitale cilicienne (VIe-IVe s. av. J.-C.) », dans M. Mazoyer et alii ( (...)
  • 23 X. de Planhol, « Estivage et exploitation des montagnes de Pisidie », Bulletin de l’Association de (...)
  • 24 Y. Kemal, Entretiens avec Alain Bosquet, Paris, 1992, p. 10 et 104.

8Dans les relations intra- et trans-tauriques, il faut enfin tenir grandement compte de l’exploitation des territoires qui, dans le cas de la coupe du bois par exemple, a pu entraîner des migrations saisonnières voire un semi-nomadisme et la création de centres-relais22. La « véritable tyrannie23 » qu’imposent les travaux agro-pastoraux a toujours engendré un mouvement perpétuel des populations dans et de part et d’autre des montagnes tauriques, et la création de modes de vie originaux. Le grand écrivain Yaşar Kemal, originaire du village de Hemite, en Cilicie Plane orientale (supra), donne, en se présentant, un beau portrait du Cilicien : « Je suis né, semble-t-il, au moment du retour des nomades de leurs lieux d’estivage. Les gens de chez nous, à Çukurova, rentraient vers la fin octobre… Je suis un homme de montagne, de plaine et de mer24. »

L’Anatolie méridionale des hittites aux Romains. Principales villes et régions.
Entre parenthèses les noms classiques des régions ; en italique, les toponymes antiques.
Les tirets indiquent les limites hypothétiques des régions à l’époque hittite.

Bibliographie

Bibliographie

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Postgate (J.N.), « Assyrian Texts and Fragments », Iraq, 35 (1973), p. 13-36.

Notes

1 Sur le nom Pirindu/Piriddu, probablement un dérivé assyro-babylonien du louvite *Pirwanda « (pays) riche en pierres, pierreux » et parfait équivalent du turc Taşeli (« pierreux »), voir O. Casabonne, La Cilicie à l’époque achéménide, Paris (Persika, 3), 2004, p. 143 et note 605.

2 Sur cette question, voir ibid., p. 50-58.

3 F. Hild, « Die Route der Tabula Peutingeriana (Tab. Peut.) von Iconium über Ad Fines und Tetrapyrgia nach Pompeiopolis in Kilikien », Anatolia Antiqua, I (1991), p. 310-316.

4 Voir O. Casabonne, op. cit., p. 42.

5 M.H. Gates, « Potmarks at Kinet Höyük and the Hittite Ceramic Industry », dans É. Jean et alii (éd.), La Cilicie : espaces et pouvoirs locaux (IIe millénaire av. J.-C.-IVe siècle apr. J.-C.). Actes de la Table Ronde d’Istanbul (novembre 1999), Istanbul-Paris (Varia Anatolica, XIII), 2001, p. 137-157 (à propos d’un autre type de céramique que l’on rencontre à Hattusa et en Cilicie Plane).

6 E. Kozal, « Analysis of the Distribution Patterns of Red Lustrous Wheel-made Ware, Mycenaean and Cypriot Pottery in Anatolia in the 15th-13th Centuries B.C. », dans B. Fischer et alii (éd.), Identifying Changes: The Transition from Bronze to Iron Ages in Anatolia and its Neighbouring Regions, Proceedings of the International Workshop held in Istanbul (November 2002), Istanbul, 2003, p. 65-77. Id., « Regionality in Anatolia between 15th and 13th Centuries B.C. : Red Lustrous Wheel-made Ware versus Mycenaean Pottery », à paraître dans The Lustrous Wares of Late Bronze Age Cyprus and the Eastern Mediterranean, Proceedings of the Vienna Symposium (November 2004), Vienne (sous presse).

7 Sur Ura et son rapport probable avec le commerce de la Red Lustrous Wheel-made Ware, voir récemment O. Casabonne, « Quelques remarques et hypothèses sur Ura et la Cilicie Trachée », Colloquium Anatolicum, 4 (2005), p. 67-81.

8 H. Ehringhaus, Götter, Herrscher, Inschriften. Die Felsreliefs der hethitischen Grossreichzeit in der Türkei, Mayence-sur-le-Rhin, 2005, p. 112-118.

9 Les reliefs hittites de Fıraktın, İmamkulu, Hanyeri, Taşcı, en Cataonie septentrionale, de Hemite et Sirkeli en Cilicie orientale sont magnifiquement présentés et commentés dans H. Ehringhaus, op. cit., p. 59-80 et 95-111.

10 O. Casabonne, « Syro Anatolica Scripta Minora I. 2 : La notion de ville-sainte en Anatolie et les deux Kastabala », Le Muséon, 114/3-4 (2001), p. 246-250. Id., « Notes ciliciennes – 12. Quelques villes et capitales ciliciennes à l’âge du Fer : toponymie et géographie historique », Anatolia Antiqua, X (2002), p. 185-195.

11 R. Lebrun, « Kummanni et Tarse, deux centres ciliciens majeurs », dans É. Jean et alii (éd.), La Cilicie : espaces et pouvoirs locaux, op. cit., p. 87-94, spécialement p. 91-93. Contrairement à ce que j’ai précédemment écrit (O. Casabonne, op. cit., 2002), je considère aujourd’hui que Tarse est devenue la capitale cilicienne (ou l’une des capitales de la région) à une époque relativement tardive, peut-être à la période achéménide. C’est en effet sous la domination perse que la Cilicie Plane et la Cilicie Trachée furent réunies pour la première fois au sein d’une seule et même entité administrative – ce qui n’empêche nullement l’existence d’une pluralité de pouvoirs locaux : voir mon livre La Cilicie, op. cit., passim. Une telle extension a pu avoir pour conséquence le déplacement vers l’Ouest du centre politique de la province. Tarse est en effet bien placée pour contrôler à la fois les montagnes de Trachée et les riches plaines de la Çukurova, jusqu’à Issos.

12 P. Briant, Histoire de l’empire perse de Cyrus à Alexandre, Paris, 1996, p. 732. Aspis – anthroponyme iranien – est gouverneur de Cataonie.

13 On lira, entre autres à ce propos, les merveilleux essais de P. George, La géographie à la poursuite de l’histoire, Paris, Armand Colin, 1992 ; id., Chronique géographique du XXe siècle, Paris, 1994.

14 A. Porcher, « Notes ciliciennes – 16. Le Mélas, Sidè et quelques villes de Cilicie Trachée occidentale : questions de frontières », Anatolia Antiqua, XI (2003), p. 135-138.

15 Voir bientôt O. Casabonne, En Cappadoce, Études sur l’Anatolie centrale des Hittites aux Romains, Istanbul (Studia ad Orientem Antiquum Pertinentia), à paraître.

16 Voir le bel essai de L. Febvre, Le Rhin. Histoire, mythes et réalités, Paris, 1997 (seconde édition).

17 J.D. Hawkins, s.v. « Hilakku », Reallexikon der Assyriologie, 4, Berlin-Leipzig, 1972-1975, p. 402-403. Nous devons rester cependant très prudent : il existait une Cilicie en Cappadoce, autour de Mazaka-Césarée, qui pourrait être, ici, le Hilakku donné à Ambaris. Dès lors, l’extension de territoire ne concernerait que le Tabal. Sur la Cilicie cappadocienne : O. Casabonne, op. cit., p. 24-29 ; id., « Notes ciliciennes – 17. À propos de la Cilicie cappadocienne et des régions adjacentes », Anatolia Antiqua, XII (2004), p. 43-44.

18 J.N. Postgate, « Assyrian Texts and Fragments », Iraq, 35 (1973), p. 13-36.

19 Grosse bibliographie à ce sujet. Voir e. g. P. Briant, op. cit., index s.v. « Don royal », « Dôrea/ai », « Dôron », « Attribution de terres » ; F. Papazoglou, Laoi et Paroikoi. Recherches sur la structure de la société hellénistique, Belgrade, 1997, index des termes s.v. « Donation » ; J.-M. Bertrand, « Le statut du territoire attribué dans le monde grec des Romains », dans Ed. Frezouls (éd.), Sociétés urbaines, sociétés rurales dans l’Asie Mineure et la Syrie hellénistiques et romaines. Actes du Colloque de Strasbourg (novembre 1985), Strasbourg, 1987, p. 95-106 ; id., « Territoire donné, territoire attribué. Note sur la pratique de l’attribution dans le monde impérial de Rome », Cahiers du Centre Glotz, 2 (1991), p. 125-164.

20 Voir la note 17.

21 O. Casabonne, op. cit., p. 22. J. Freu, « De l’indépendance à l’annexion. Le Kizzuwatna et le Hatti aux XVIe et XVe siècles avant notre ère », dans É. Jean et alii (éd.), op. cit., p. 13-36.

22 O. Casabonne, « Kiršu, une capitale cilicienne (VIe-IVe s. av. J.-C.) », dans M. Mazoyer et alii (éd.), Ville et pouvoir : origines et développements. Actes du Colloque de Paris (décembre 2000), (Kubaba-Actes I/1), 2001, p. 101-114, partiellement repris dans O. Casabonne, op. cit., p. 52-58 et p. 164-165. Pour la Lycie et la question des migrations de populations : O. Casabonne, « Communauté citoyenne et exploitation du territoire en Lycie à l’époque achéménide : le cas de Xanthos », dans La campagne antique : espace sauvage, terre domestiquée, Paris (Kubaba, V), 2003, p. 91-108, spécialement p. 91-97.

23 X. de Planhol, « Estivage et exploitation des montagnes de Pisidie », Bulletin de l’Association des Géographes Français, 208/209 (1950), p. 81-88, spécialement p. 84.

24 Y. Kemal, Entretiens avec Alain Bosquet, Paris, 1992, p. 10 et 104.

Table des illustrations

Légende L’Anatolie méridionale des hittites aux Romains. Principales villes et régions.Entre parenthèses les noms classiques des régions ; en italique, les toponymes antiques.Les tirets indiquent les limites hypothétiques des régions à l’époque hittite.
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