Chapitre V. Sociabilité posthume : le milieu dans les testaments1
p. 105-118
Texte intégral
1La richesse documentaire des testaments a été décrite dans les termes suivants : « Toutes les relations du testateur peuvent ici trouver place, et le testament serait l’observatoire idéal pour étudier la “sociabilité” si les légataires étaient toujours désignés avec la précision souhaitée2. » On ne peut que souscrire à ce constat, et pourtant il oublie une caractéristique essentielle du testament, qui n’est pas seulement reflet, mais aussi programme. Le testament n’est pas une photographie de groupe, malheureusement trop floue pour qu’on puisse reconnaître chaque personnage ; il correspondrait plutôt à une liste d’invités, dont on sait quand on l’envoie que certains ne viendront pas. Coucher une personne sur son testament, c’est l’inviter à être son ami, le garant de son souvenir, mais aussi l’ami et le soutien de ses héritiers. Aussi le testament n’est-il pas seulement témoin d’une position sociale, mais aussi créateur de notabilité.
2Voyons comment les testateurs, en particulier les membres de l’élite, tentaient dans leurs dernières volontés de rassembler, au-delà de leurs parents, leurs amis ou leurs réseaux de sociabilité. Mais nous verrons également comment ils mettaient en scène leurs légataires comme amis, autrement dit comment leurs testaments participaient de stratégies sociales. La figure de l’exécuteur testamentaire est ici importante, puisque son action doit être le prolongement de celle du testateur. Nous avons mis en évidence une évolution forte de la circonscription de la parenté pratique durant les XIVe et XVe siècles ; celle de la sociabilité n’est pas moins forte, tant on assiste durant cette période à un repli sur la famille.
Reconnaître et faire reconnaître les siens
3Le testament est la dernière occasion de rassembler tous ses amis, on pourrait dire : de reconnaître les siens. En cela il est un instrument de positionnement social : dis-moi qui sont tes légataires, et je te dirai qui tu es. Dans une société où les morts restent si présents, mettre ainsi en place une sociabilité posthume a tout son sens. Coucher quelqu’un sur son testament revient à le déclarer comme proche. Il reste alors à effectuer des dons correspondant au rang – à l’honneur – des légataires, ce que ne comprend pas le Mangeclous d’Albert Cohen qui tente sincèrement de signifier sa sympathie aux plus hauts personnages de l’Empire britannique en leur envoyant de petites sommes d’argent3. Deux choses importent : la nature de l’objet donné – sa valeur symbolique notamment – et la circulation de ces objets.
4Nous avons systématiquement tenté d’identifier les légataires et de définir le lien qui les unissait au testateur, et considérons par défaut que les légataires ne sont pas apparentés au testateur lorsque cela n’est pas dit et que nous n’avons pas trouvé trace d’une quelconque parenté par ailleurs, ce qui est le cas pour 29 % des légataires4. On les considérera alors faute de mieux comme des « amis », au sens moderne du terme, sauf lorsque les documents suggèrent nettement un autre type de relation. Nos sources ne nous permettent pas d’être plus précis ou exacts.
5Une étude sur les testaments de Douai affirme que les dons d’objets ne sont pas liés au rang du récipiendaire par rapport au donateur, mais au contraire transcendent les frontières sociales5 ; c’est tout le contraire à Ratisbonne. Nous avons vu que Clara Dürnsteter savait parfaitement à qui donner quel type de legs : aux domestiques une petite somme d’argent, aux notables des bijoux ; la règle ne souffre dans son cas aucune exception. Les autres testateurs et surtout testatrices issus de l’élite bourgeoise ne se comportent pas autrement. Cecilie Woller, en 1341, offre une coupe à boire (napf) à Lieb von Erlach, une autre (kopf) à Anna Straubinger, et une coupelle (schale) à Albrecht Zant le Schultheiß, alors qu’elle lègue de la nourriture ou des ustensiles de ménage à ses domestiques6. Margret, née Ingolsteter et épouse du Hansgraf Konrad Rausmar, désigne en 1380 61 légataires, parmi lesquels des membres de sa famille d’origine de sa belle-famille7. Quant aux autres légataires, quatorze viennent de familles représentées au Conseil ; douze d’entre eux reçoivent une pièce d’argenterie (kopf, schale) ou un bijou (patenôtre, bague, ou simplement nommé kleinod, « joyau »), et deux un vêtement. Parmi les autres, seul le prévôt de la collégiale de Rohr, donc un assez grand personnage, reçoit aussi un plat d’argent, les autres obtenant de petites sommes d’argent ou des vêtements.
6Cette pratique de délimitation du groupe patricien par des présents recognitifs est assez générale. Plus encore que les vêtements, en particulier des châles (schleier) donnés par les femmes, les « joyaux » (kleinod), c’està-dire de la vaisselle en argent ou en étain ou des bijoux sont les dons que l’élite bourgeoise s’échange. Ces bijoux ne sont pas forcément des objets que le testateur possède déjà ; il alloue souvent une petite somme d’argent à la fabrication ou à l’achat d’un bijou qu’il faudra donner au légataire pressenti : il s’agit vraiment d’offrir un souvenir8.
7Aussi n’est-il pas étonnant que tous ces bijoux circulent à l’intérieur du groupe patricien, passent d’une personne à l’autre, comme on l’avait vu à propos de la famille. La mémoire de l’objet donné est transmise aussi au légataire, lorsque Margret Rausmar offre à une Eckhartin « un châle en coton, que la Spitzzerin me légua », Konrad Grafenreuter à sa fille « la coupelle, que le Portner me légua » ou Clara Dürnsteter à son neveu Hans auf Donau Probst « une coupelle (…) que Friedrich Charg me légua9 ». Il se crée ainsi ainsi un réseau de personnes liées entre elles par des cadeaux qui ont eux-mêmes beaucoup circulé dans l’élite bourgeoise ; la cohésion du groupe patricien se trouve certainement renforcée par ce système complexe d’échanges, qui plus est étalé dans le temps, qui permet aux testateurs de rappeler qui ils sont et qui appartient à leur milieu. Les bijoux et autres godets portent parfois des marques permettant de les reconnaître : Cecilie Woller donne à Lieb von Erlach « [sa] coupe, sur laquelle figure le blason de [son] père10 ». Le livre de comptes des exécuteurs testamentaires de Hans Kastenmair révèle que ce genre de coupes circulait beaucoup : les exécuteurs en vendent deux qui portent le blason du défunt, plus un qu’il possédait et où figurait celui des Reich. Il est tout à fait caractéristique de voir que ces objets sont achetés par deux [futurs] Ratsherren, Ulrich Baumgartner et Albrecht Coppenwalder, alors que toutes sortes de personnes acquièrent les autres pièces d’argenterie de Kastenmair11.
8Terminons par trois remarques : d’abord les rejetons de l’élite bourgeoise de la cité vivant dans les couvents ne sont pas ou très peu inclus dans ce réseau de circulation de joyaux. Ils participent aussi à un système de don/contre-don, mais de nature différente, que nous verrons par la suite. Les testateurs leur donnent un peu d’argent. D’autre part, cet échange d’argenterie ou bijoux n’est pas uniquement une affaire de femmes, mais elles y contribuent au-delà de leur proportion parmi les testateurs12, et surtout les hommes donnent bijoux et argenterie d’abord à leur famille, et très rarement à des gens auxquels nous ne pouvons pas les relier13. Aussi peut-on avancer l’hypothèse que l’affermissement de la cohésion du groupe par ces petits présents recognitifs revenait d’abord aux femmes. On retrouve donc ce rôle déjà évoqué des femmes d’assurer le lien entre les lignages. Enfin, ces dons de bijoux ou pièces d’argenterie ressemblent tout à fait aux legs que reçoivent les membres de la famille qui n’héritent pas : des présents honorables, bien que de valeur marchande modeste. Tout se passe comme si les autres patriciens étaient considérés comme des membres de la famille éloignée – ce qui correspondrait à la réalité, tant ces lignages étaient apparentés –, c’est-à-dire comme si on imitait à leur endroit les legs que l’on faisait à la famille14.
9Qu’en est-il chez les testateurs n’appartenant pas à l’élite bourgeoise ? Ils dispersent d’abord moins leurs legs que les patriciens : généralement moins fortunés, ils ont moins à donner15. Les objets de luxe sont légués en priorité à la famille. Pourtant, comme on l’a vu, les bagues léguées par les patricien(ne) s ne coûtent parfois pas plus d’un florin : l’explication réside donc sans doute moins dans les possibilités financières que dans l’habitus patricien.
10Les testateurs et testatrices plus modestes lèguent assez souvent des vêtements, en particulier des châles, à leurs « amis16 ». Ceux-ci sont souvent difficiles à classer socialement ; sans doute appartiennent-ils souvent au même métier – mais il est rarement indiqué ; ils devaient être fréquemment voisins des testateurs, car on sait que le voisinage jouait un rôle éminent dans la sociabilité des citadins17, mais la proximité de résidence n’est pas signalée. Des sondages dans d’autres sources, rôles d’impôts par exemple, permettent cependant de découvrir des relations de voisinage18. Finalement, c’est seulement lorsque les testateurs font un legs à un patricien qu’ils offrent des « joyaux » en dehors de la famille, comme si le rang du légataire les y obligeait19. Le cas se présente régulièrement lorsqu’ils prennent des membres du Conseil comme exécuteurs testamentaires.
Les exécuteurs testamentaires
Une lourde tâche
11Le rôle des exécuteurs testamentaires est largement délaissé par la recherche20. Pourtant, ils jouent un rôle considérable dans la sociabilité posthume des testateurs, puisqu’ils sont chargés de l’organiser. À ce titre, ils sont les premières personnes à qui les testateurs confient leur mémoire.
12Loin de se contenter de réaliser les dernières volontés des défunts, les exécuteurs testamentaires en façonnent les contours. Nous avons par exemple vu qu’ils étaient chargés de sélectionner les parents pauvres à qui faire des legs ; c’est vrai aussi d’une bonne partie des fondations pieuses, on le verra plus tard. Leur tâche pouvait durer plusieurs années, même si l’on excepte les situations conflictuelles marquées par des procès : les six ans de travail de Jakob Perndl, exécuteur testamentaire de Margret, veuve du Ratsherr Ulrich Eckhart, ne sont pas exceptionnels21. Prendre possession des biens du défunt, en vendre une partie qui servirait à financer legs et fondations, payer créanciers ou ouvriers pouvait durer longtemps, et Niklas Schwaiger demande à ses légataires de ne pas être trop impatients : « Je vois bien que mes exécuteurs ne peuvent pas convertir en argent (numéraire) tous les biens que je laisse, marchandises, rentes et quoi que ce soit en un laps de temps court22. » Il fallait ensuite distribuer leurs parts aux héritiers et légataires, qui n’étaient pas forcément sur place, voire pas forcément connus. Eberhart Pörlinger qui lègue une ceinture et quatre florins à son neveu explique quelles questions il faudra lui poser pour s’assurer de son identité au cas où il ne serait pas mort et viendrait réclamer son dû23. Enfin les responsabilités des exécuteurs vis-à-vis des enfants des testateurs étaient souvent très importantes ; ils doivent parfois les marier ou les placer dans des couvents24. D’autres testateurs désirent que leurs enfants ou autres légataires mineurs ne reçoivent leurs legs qu’à leur majorité ou leur mariage25.
Faire le bon choix
13On connaît l’identité de 528 exécuteurs, parmi lesquels 48 femmes, des 197 testaments de bourgeois de 1308 à 1486. Les testatrices choisissaient plus de femmes que les hommes, 28 contre 20, désignées par 19 femmes (sur 81 testatrices) et le même nombre d’hommes (sur 116 testateurs). Les exécutrices nommées par les hommes sont presque toujours leurs épouses, qui connaissaient par la force des choses très bien leur situation matérielle et familiale.
14Les testateurs choisissaient d’abord des personnes en qui ils avaient confiance26. Leur sélection devait pourtant répondre à d’autres critères, notamment l’efficacité. 299 des 528 exécuteurs étaient membres de familles éligibles au Conseil, ce qui s’explique d’abord par l’origine sociale des testateurs, les patriciens étant très présents également parmi les testateurs ; ils choisissaient très majoritairement d’autres patriciens, et comptaient souvent plus de deux exécuteurs. De l’autre côté du spectre social des testateurs, la moitié des simples bourgeois (16 sur 29) désignaient au XIVe s. au moins un patricien pour exécuter leurs dernières volontés. L’intérêt de nommer un patricien résidait dans son pouvoir présumé et sa proximité avec les autorités communales, utile en cas de conflit ou de difficultés ; l’autorité et l’entregent des Ratsherren ou de leur famille pouvaient favoriser une exécution correcte des dispositions. Pourtant, seuls 14 « simples bourgeois » sur 61 adoptaient le même calcul au XVe siècle27. En effet, le Conseil avait suffisamment affermi son pouvoir en matière successorale et mémorielle pour qu’il soit devenu inutile de compter sur une personnalité puissante. Les bourgeois savaient assez que le Conseil interviendrait en cas de problème, ce qu’ils lui demandaient d’ailleurs souvent ; certains lui laissaient même le choix des exécuteurs testamentaires28.
15Après les relations avec les autorités, l’autre grand critère du choix est l’appartenance familiale, pour un tiers des exécuteurs. Le profil des exécuteurs est d’autant plus familial que la parentèle du testateur est puissante, surtout au XIVe siècle : un patricien choisira des parents parce qu’ils sauront faire respecter ses volontés ; un petit bourgeois devra sortir du cercle familial pour gagner en sécurité. Au XIVe siècle, 31 des 89 exécuteurs testamentaires de femmes sont attestés comme membres de leur parentèle, contre 44 sur 145 de leurs homologues pour des hommes. Ces chiffres sont assez comparables à ceux de Cologne, alors qu’à Lunebourg les parents sont fort rares29. Les enfants ne sont pas souvent choisis comme exécuteurs – neuf des 61 testateurs du XIVe siècle ayant des enfants nomment un ou plusieurs d’entre d’eux –, sans doute parfois en raison de leur âge, et certainement parce qu’ils ont eux-mêmes trop d’intérêt à faire pencher l’exécution dans un sens qui leur soit favorable30.
16Les exécuteurs non apparentés avec les testateurs entretiennent souvent des relations étroites avec eux, qu’ils soient leurs amis ou voisins31. Le choix oscille donc entre la proximité – parents, amis – et l’autorité – conseillers. Mais l’opposition entre les deux ne doit pas être surévaluée. Dans de nombreux cas, c’est bien la famille qui fait le travail, rassemble les créances, trouve les légataires, distribue les dons, et les personnages haut placés n’interviennent qu’en cas de difficulté. Les veuves, en particulier, étaient visiblement censées exécuter les dispositions de leurs défunts maris, et n’être assistées qu’en cas de besoin32. La mise à contribution sans doute automatique des parents proches est suggérée par la faveur demandée par Anna Venderer au Conseil :
« Et comme mes parents susmentionnés, père et mère, sont tous deux vieux, faibles et de simples personnes, je prie mes gracieux seigneurs du Conseil de confier pour l’amour de Dieu mon testament à un de leurs collègues (ratesfrundt)33. »
17Aussi faut-il relativiser l’idée du choix des exécuteurs testamentaires comme stratégie sociale ; cet aspect existe cependant, car les motivations pour accepter un tel travail sont d’abord d’ordre symbolique.
Entre œuvres pies et positionnement social
18À voir les livres de comptes de certains exécuteurs et les soucis que leur mission leur donne jusqu’à leur dernier souffle – plusieurs évoquent dans leur propre testament leurs devoirs non achevés comme exécuteurs34 – on s’interroge sur les raisons qui les ont poussés à accepter la fonction.
19Les exécuteurs effectuent leur devoir bénévolement, sans rémunération ; mais le formulaire des testaments ratisbonnais contient une formule évoquant une récompense divine, « comme ils veulent en retour recevoir la récompense éternelle », puisqu’aider à l’organisation de la memoria d’un défunt était considéré comme une œuvre pie35. De fait, au XIVe siècle, les exécuteurs ne reçoivent souvent rien du tout, ou alors des dons honorifiques, sauf exception36. Au XVe siècle, ils obtiennent presque systématiquement un petit don, toujours honorifique chez les patriciens, en numéraire (souvent un florin), « pour leur peine », chez les autres37.
20Ce maigre don ne pouvait toutefois rétribuer justement une tâche d’une telle ampleur. L’intérêt économique de la fonction résidait peut-être ailleurs, par exemple lorsque les exécuteurs devenaient les tuteurs des enfants du défunt, et administraient ainsi leurs biens, ce qui pouvait être lucratif38. Margret Gamerit demande que ses filles soient placées jusqu’à 18 ans chez son exécutrice Katrein Cheschinger, qu’il faudra payer convenablement39. Il n’est pas non plus impossible que les exécuteurs se soient payés euxmêmes ou au moins offert des compensations, puisqu’ils disposaient des biens du défunt. En tout cas, Jakob Perndl, exécuteur de Margret Eckhart, n’hésite pas à inscrire dans son livre de comptes les repas ou le vin qu’il a pris avec ses collègues aux frais de la morte40 !
21De toute façon, les exécuteurs devaient attendre de leur rôle d’abord une rétribution symbolique. L’organisation de la memoria était une œuvre pie, et la perspective d’une récompense céleste devait jouer. Mais il s’agissait aussi pour les patriciens de légitimer leur pouvoir : faire fonction d’exécuteur démontrait leur capacité à se mettre au service de la communauté, mais également de contribuer à la paix sociale – on a vu que ce motif était présent dans les préambules de la fin de notre période. Inversement, pour les bourgeois n’appartenant pas à l’élite politique, une telle mission représentait un excellent moyen de se rapprocher du Conseil, car les exécuteurs entraient forcément à un moment ou à un autre en contact avec lui ; ses registres de délibérations mentionnent souvent des exécuteurs testamentaires, qui atteignaient un certain degré de notoriété auprès des autorités urbaines41. Par exemple, Jakob Perndl, déjà bien installé car membre des « Quarante-Cinq » répète à plusieurs reprises dans ses comptes que tel conseiller lui a envoyé un pauvre ou une veuve, pour qu’il lui fasse un don en sa qualité d’exécuteur testamentaire42. De manière générale, un certain prestige devait être associé à la mission d’exécuteur testamentaire, proportionnel à la position sociale du testateur. On peut supposer que l’exécuteur qui distribuait sur le parvis de la cathédrale du pain et du vin aux pauvres recueillait une part du prestige du testateur et de la reconnaissance qui lui était due. Un exemple de Berne montre bien cela : une veuve et un homme, riches, demandèrent à un chevalier teutonique, du nom de Bröwo, de mettre en place pour eux un établissement pour douze femmes qui vivraient religieusement. Son rôle d’exécuteur lui apporta une telle renommée que la maison passa à la postérité sous le nom de Bröwenhaus, maison de Bröwo, et non pas sous celui des fondateurs43.
22Finalement, différents motifs restent présents dans le choix et la tâche de l’exécuteur testamentaire : entre confiance et efficacité, honneur et intérêt économique. Alors qu’au XIVe siècle les testateurs remettaient leur succession et leur mémoire dans les mains de personnes à l’autorité forte, si possible fiables et prêtes à un travail long et fastidieux, à la fin de la période c’est au Conseil que l’on confiait l’exécution de ses dernières volontés. On assiste donc à une intégration dans la cité, ou dans la commune : celle-ci élargit le champ de ses compétences, et les bourgeois lui font confiance. Ce constat vient trouver une confirmation dans le rétrécissement du cercle des légataires que nous allons observer maintenant : en effet d’une part celui-ci se resserre autour de la cité danubienne, et d’autre part il se limite de plus en plus à la famille.
Retour au bercail
Un regard moins lointain
23Le rétrécissement de l’horizon géographique des legs aux laïcs entre le XIVe et le XVe siècle est frappant. Pour comparer ce qui peut l’être, nous avons une fois de plus retenu uniquement les testaments de membres de l’élite bourgeoise, qui présentent aussi l’avantage de bien se répartir entre les deux siècles (43 de 1308 à 1400 et 43 de 1401 à 1486), et avons recensé les legs à des personnes situées au-delà des environs immédiats de Ratisbonne, c’est-à-dire que Kelheim ou Donaustauf, très proches, ne sont pas pris en considération, à la différence de Nuremberg ou Vienne. Enfin nous avons pour l’instant exclu les legs à des clercs ou religieux, qui seront traités plus tard.
24Les legs à des laïcs habitant loin de Ratisbonne sont déjà très rares au XIVe siècle (13). La carte géographique de ces legs [cf. carte 5] montre que leur distribution, bien que très modeste, n’est pas due au hasard : on y retrouve une partie des villes importantes de Bavière et de Franconie. Ils sont pour une part adressés à des parents habitant toujours dans le lieu d’origine du testateur, comme lorsque Clara Dürnsteter lègue à sa sœur mariée à Salzbourg, berceau de la famille de ses parents, un patenôtre, ou eux-mêmes installés ailleurs : la même Clara offre une coupelle à sa sœur mariée à un Haller de Nuremberg44. Le petit nombre de ces legs paraît tout à fait étonnant pour une ville aussi commerçante que Ratisbonne. Aucun n’est effectué en Hongrie, ni à Prague, ni en Flandre, où les marchands ratisbonnais étaient pourtant très présents au XIVe siècle. Venise, où de nombreux négociants de la ville faisaient des affaires, n’est pas absente des testaments, y compris au début du XVe siècle, où Jacob Prunnhofer demande à ses exécuteurs testamentaires d’envoyer ses fils y parfaire leur formation, mais ni lui ni les autres ne lèguent quoi que ce soit à des connaissances dans la cité des doges45. Précisons que nous n’avons pas trouvé de traces de legs dans d’autres documents, ni en direction de Venise ni ailleurs à l’étranger.
Carte 5. – Les legs à des personnes (laïques) hors de Ratisbonne et ses environs immédiats (1308-1486).

25Au XVe siècle, les patriciens adressent encore moins de legs loin de leur cité, six seulement, dans les villes que l’on rencontre déjà au siècle précédent. Cette baisse coïncide avec la réduction du rayon d’action des marchands. Mais l’on attendrait des patriciens d’une cité encore si prestigieuse qu’ils cherchent à maintenir des liens avec leurs homologues des autres grandes cités. Cela ne semble pas être le cas. Les Ingolsteter, liés à Augsbourg au XIVe siècle46, s’en sentent sans doute assez éloignés au XVe pour ne plus y faire de legs, alors même que Lucas Ingolsteter a épousé en secondes noces une Frickinger de cette ville dans le deuxième tiers du siècle47. Les Ratisbonnais veulent entretenir leur souvenir par la circulation de présents dans leur cité d’abord, et le reste leur importe peu, comme s’ils avaient assimilé leur déclin économique. Nous verrons par la suite si ce rétrécissement est confirmé par les fondations pieuses des patriciens. En tout cas, de manière générale, le nombre de légataires se réduit nettement au XVe siècle.
Le repli sur la famille
26Le nombre des légataires dans l’ensemble des testaments de bourgeois ratisbonnais baisse fortement, puisqu’il passe de 1 375 de 1308 à 1400, pour 81 testaments, à 1 140 de 1401 à 1486 pour 116 testaments (et trois codicilles ; voir tableau en annexe 3). On retrouve cette réduction lorsque l’on ne considère que le corpus homogène des testateurs patriciens (tableau 6, 43 testateurs dans chaque période).
Tableau 6. – Les légataires des testateurs patriciens (ratsfähig) (1308-1486).
1308-1401 | 1401-1486 | Total | |
Femmes | 377 | 208 | 585 |
Hommes | 503 | 325 | 828 |
Total | 880 | 533 | 1413 |
27La baisse est sensiblement la même chez les hommes et les femmes. Les testatrices patriciennes avaient en moyenne 23,56 légataires au XIVe siècle et seulement 13,86 au XVe siècle, les testateurs du même groupe 18,63 au XIVe et 11,6 au siècle suivant ; le déséquilibre en faveur des femmes peut s’expliquer soit par leur fonction de distributrices d’objets-souvenirs pour les autres patriciens, soit par un statut familial plus favorable à la dispersion des legs – elles sont plus souvent veuves, plus souvent sans enfants, et elles sont rattachées à deux familles.
28Ces chiffres sont à prendre avec précaution, d’une part en raison de la faiblesse numérique du corpus, mais aussi parce qu’un testateur pouvait très bien organiser sa succession « profane » hors de son testament48. Ces exceptions mises à part, on peut raisonnablement considérer que le recul du nombre de légataires correspond à un changement des pratiques. En effet, la baisse porte en particulier sur les « amis ». Les testaments de Lukas Ingolsteter en 1444 et de son héritier et neveu Lienhart Ingolsteter vingt ans plus tard sont tout à fait caractéristiques de cette tendance : le premier, très fortuné, mourut sans enfant ; il n’a cependant que neuf légataires (sans compter les institutions ecclésiastiques), plus ses valets et ses servantes qu’il ne nomme pas : ses trois exécuteurs testamentaires, deux parentes, son échanson, une certaine Kungund (Cunégonde) au Nouvel Hôpital, son épouse, et son neveu et héritier Lienhart49. La distribution de présents recognitifs à d’autres membres de l’élite bourgeoise manque totalement. Son neveu n’y songe pas plus en 1464, lorsqu’il lègue la fortune héritée de Lukas à sa fille Katrein. Il ne couche que quatre autres personnes sur son testament, plus ses dépendants (ehalten), qui ont tous droit à la même somme50. Presque tous les testateurs et testatrices patriciens de la seconde moitié du XVe siècle se comportent de façon similaire.
29Le repli social s’ajoute donc au repli géographique dans les testaments ratisbonnais, y compris dans ceux de l’élite bourgeoise, comme si les testateurs du XVe siècle, en particulier de la seconde moitié, ne voulaient plus s’engager dans un échange de dons qu’avec leur parentèle. Paradoxalement, c’est à l’époque où le patriciat, compris comme cercle des familles éligibles au Conseil, est plus fermé que sa cohésion se manifeste moins dans les dernières volontés de ses représentants. Ce phénomène peut refléter simplement la crise économique de la ville : dans les périodes de difficultés, les légataires facultatifs seraient plus vite éliminés51. Mais cette évolution pourrait également témoigner d’un changement de la conscience que le groupe patricien avait de lui-même. Au XIVe siècle, en particulier après 1334, les grands marchands qui dominent le Conseil se constituent en élite politique de la ville, et affirment leur domination. Au XVe siècle, l’enjeu n’est plus le même. L’examen des fondations pieuses et de la memoria liturgique en général nous permettra d’étudier ce problème plus en détail. En attendant, il semble que la ville influe fortement sur le choix des légataires.
La ville qui légitime ?
30Nous avons déjà vu que des ordonnances du Conseil de ville donnaient une définition particulièrement stricte du cercle des héritiers naturels : enfants, frères et sœurs et leurs enfants, en plus des père et mère. D’autre part, des jugements répétés du Conseil confirmaient les progrès de l’idée que les descendants en ligne masculine étaient des héritiers plus légitimes que les autres parents. Les institutions urbaines – contrôlées par le patriciat – intervenaient donc directement dans la conception de la famille. Il n’est pas impossible qu’elles aient également joué un rôle dans le repli des testateurs sur la ville. En effet, une nette tendance à exclure les étrangers de la légitimité à la succession de bourgeois ratisbonnais se fait jour.
31Lors des procédures judiciaires, les bourgeois de la ville semblent fortement favorisés par rapport aux autres. Dans le procès intenté par les parents de Hans Kastenmair, où le Conseil débouta les parents du Ratsherr immigré, le fait qu’ils n’aient pas été bourgeois de Ratisbonne a dû jouer fortement. Bien sûr, Kastenmair destinait la plus grande partie de ce qu’il laissait à deux grandes fondations charitables qui profiteraient à la ville, l’une pour doter des jeunes filles, l’autre pour créer un hospice pour vieux artisans. Mais un compromis aurait été certainement plus facile avec des héritiers bourgeois de Ratisbonne, qui payaient des impôts en ville. En tout cas, les parents de Kastenmair se plaignaient de ce que la ville était à la fois juge et partie de l’affaire, et firent appel devant l’empereur52. D’autres exemples vont dans le même sens. Nous avons déjà vu que pour jouir de la succession, les héritiers d’Albrecht Coppenwalder durent prendre le droit de bourgeoisie de Ratisbonne et devenir contribuables de la cité53. Une autre décision de justice, intervenue après un grand procès, donna également raison aux parties résidentes à Ratisbonne contre les étrangers. Il s’agit de la succession de Lukas Ingolsteter (†1444) et sa femme Ursula née Frickinger (†1445), déjà évoquée : les frères d’Ursula, établis à Augsbourg, n’obtinrent rien, malgré l’intervention du Conseil d’Augsbourg54. Ils revendiquaient conformément au droit de Ratisbonne une partie de la succession du couple mort sans enfant – on se souvient que les biens des conjoints ne faisaient plus qu’un à leur mariage et que le survivant héritait d’une part importante de l’héritage du défunt ; ils invoquaient pour cela le contrat de mariage de leur sœur et le principe qui fait des frères et sœurs les héritiers naturels d’un défunt sans enfants55. Mais parallèlement, Leupolt Gumpprecht, ancien partenaire d’affaires de Lukas Ingolsteter, affirmait que celui-ci avait des dettes envers lui56. Le Conseil laissa la décision aux exécuteurs testamentaires, c’est-à-dire… Leupolt Gumpprecht, Peter Portner le deuxième exécuteur étant décédé entre-temps et Jörg Frickinger, frère d’Ursula, le troisième, étant absent, et déshérita complètement les Frickinger57, en obtenant également le soutien de l’empereur58.
32Ces différents procès, comme d’autres, suggèrent une tendance tenace du Conseil à privilégier les légataires bourgeois de la ville par rapport aux étrangers. Cela n’empêchait certes pas les testateurs d’offrir quelques bijoux à des non-bourgeois, mais donnait le ton. La succession et souvenir des bourgeois était une affaire interne à la ville ; la comparaison avec les testaments des non-bourgeois éclaire bien ce point. On a vu que le patriciat ratisbonnais était fort éloigné de la noblesse de l’arrière-pays. Au XVe siècle, de nombreux bourgeois de la ville tenaient des fiefs du duc de Bavière, mais aucun ne fait de legs à des nobles, si l’on excepte Heinrich Sintzenhofer, luimême issu d’une famille noble59. Les capitaines de la milice de Ratisbonne, toujours nobles, ne bénéficient par exemple jamais de legs60.
33Les quelques testaments de nobles sont très différents. Celui de Peters (Pierrette) von Au, en 1359, est particulièrement intéressant, dans la mesure où elle était issue de la famille patricienne des Gumpprecht. Ses legs à des laïcs s’adressent d’abord à des nobles ; quant aux bourgeois de Ratisbonne, seuls des parentes proches et les exécuteurs testamentaires reçoivent quelque chose ; elle ne distribue pas de bijoux à des patriciennes61. Les autres nobles ne couchent pas de bourgeois sur leur testament, même lorsqu’ils en confient l’exécution au Conseil de ville de Ratisbonne62.
34Le choix des légataires et des exécuteurs testamentaires hors du champ familial reflète, à l’instar de ce qui se passe au sein de la parenté, les éléments « utiles » parmi les relations ; mais autant qu’une confirmation de la relation d’amitié, le legs en est une mobilisation, voire contribue à la créer. D’autre part, la nature des legs donnés permet d’établir des distinctions d’une précision étonnante parmi les différents légataires. Deux choses sont particulièrement frappantes dans l’examen du milieu social, ce « cercle de la mémoire » autour du testateur que nous avons tenté de dégager. Premièrement, il se réduit comme peau de chagrin au cours du Moyen Âge tardif. En particulier les patriciens diminuent considérablement le nombre de leurs légataires, aussi bien géographiquement, en raréfiant leurs dons hors de la ville, que socialement, en concentrant leurs attentions sur leur parentèle : la mémoire se déploie moins. Derrière ces choix, apparemment individuels, se profile la volonté des institutions communales.
Notes de bas de page
1 Nous utilisons le terme de « sociabilité » dans le sens de M. Agulhon, « Introduction : La sociabilité est-elle objet d’histoire ? », dans É. François (dir.), Sociabilité et société bourgeoise en France, en Allemagne et en Suisse, 1750-1850, Paris, Éditions Recherche sur les Civilisations (Travaux et mémoires de la MHFA), 1986, p. 13-23 ; voir sa reprise par Simon Teuscher pour analyser la société bernoise à la fin du Moyen Âge, S. Teuscher, Bekannte, Klienten, Verwandte, op. cit.
2 M.-T. Lorcin, Vivre et mourir, op. cit., p. 101.
3 A. Cohen, Mangeclous, Paris, Gallimard (Folio), 1980, p. 115-116.
4 Soit 728 légataires sur 2515, cf. le tableau en annexe 3.
5 M. Howell, « Fixing Movables », op. cit., p. 43.
6 RRUrk. 638 (1341 01 30).
7 RRUrk. 2302.
8 RRUrk. 1254.
9 RRUrk. 2302, 2341, 2530.
10 RRUrk. 638.
11 F. Fuchs, « Ulrich und Hans Kastenmayr », op. cit., p. 158-166.
12 Les femmes effectuent 45,52 % des legs d’argenterie ou bijoux, alors qu’elles constituent 37,06 % des testateurs (et 34,56 % des testateurs patriciens). Ce constat rejoint celui de M. Howell, « Fixing Movables », op. cit., p. 26, et G. Signori, « “Family Traditions”: Moral Economy and Memorial “Gift Exchange” in the Urban World of the Late Fifteenth-Century », dans G. Algazi, V. Groebner, B. Jussen (dir.), Negotiating the Gift, op. cit., p. 285-318, ici p. 312-313.
13 Les hommes ne donnent que 30 de leurs 389 legs d’argenterie ou bijoux à des personnes auxquelles nous ne pouvons les relier par des liens de parenté, contre 95 des 325 legs comparables effectués par des femmes.
14 À moins qu’inversement, les rapports aux parents éloignés (non héritiers) se rapprochent de ceux qu’on avait avec les « amis », cf. la présentation de la « déparentalisation du social » par J. Morsel, L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat… (http://lamop.univ-paris1.fr/W3/JosephMorsel/Sportdecombat.pdf [08.12.2008]), 2007, chap. v, parue après la réalisation de ce travail.
15 Les patriciens ont un total de 1413 légataires (pour 81 testaments, soit 17,44 légataires par testament), les autres 1095 (pour 116 testaments, soit 9,44 légataires par testament).
16 RT 789 (1433 08 20).
17 J. Rossiaud, « Le citadin », dans J. Le Goff (dir.), L’homme médiéval, Paris, Seuil (Points), ² 1994 (1re éd. italienne 1987), p. 159-200, ici p. 175-182.
18 Konrad Unsit et [Ulrich] Pfeffer habitent près de Leubel Pernlein (RRUrk. 1696, 1369 03 31), cf. le registre des habitants des Donau-, Wester-et Witmangerwacht en 1370, RUB II no 906, p. 362.
19 Seyfried von Preising offre ainsi à son herr (seigneur) Simon, d’une famille patricienne de la ville, dont il devait être le dépendant, un godet d’argent (RRUrk. 772, 1345 03 13).
20 Voir dans une perspective juridique G. Hückstädt, Der Testamentsvollstrecker im deutschen Recht des Mittelalters, thèse de doctorat dactylographiée, université de Kiel, 1971, et les références dans G. Schulz, Testamente des späten Mittelalters aus dem Mittelrheingebiet, Mayence, Selbstverlag der Gesellschaft für mittelrheinische Kirchengeschichte, 1976, p. 27-35. Parmi les travaux d’histoire sociale, voir B. Klosterberg, Zur Ehre Gottes, op. cit., p. 231-235 ; A. Litschel, Der Einzelne, op. cit., p. 72-86 ; P. Maddern, « Friends of the dead », op. cit.
21 Cf. ses livres de comptes, GNM RR Akt 214.
22 RRUrk. 1565, 1367 03 24.
23 RT 240, 1468 08 17 : « On doit lui demander qu’il dise dans quelles conditions nous nous sommes quittés la dernière fois, pour que mon legs ne soit pas donné à un étranger ou quelqu’un à qui il ne revienne pas de droit. » La bonne réponse est qu’il a alors donné à son neveu un florin et une lettre de recommandation.
24 Friedrich Lauterbeck (S. Kropač [éd.], Das Schwarze Stadtbuch, op. cit., no 254, 1363 01 06), Leutwein Mäller (RRUrk. 1404, 1363 11 09).
25 Ainsi Ludwig Sitauer, pour son fils Georg, RT 2968, 1417 03 12. De fait Georg n’établit un reçu que huit ans plus tard (RRUrk. 1425 06 01).
26 Cf. la formule « car je leur ai fait confiance plus qu’à tous les autres » dans le testament de Berthold Geschray, éd. F. C. T. Kayser, De testamenti factione, op. cit., p. 19-21.
27 Même baisse à Lunebourg à la même époque, A. Litschel, Der Einzelne, op. cit., p. 78.
28 RT 2485, RT 1247. Deux testateurs se disent trop malades pour trouver eux-mêmes leurs exécuteurs et laissent cette tâche au Conseil (RT 2012, RT 1491).
29 B. Klosterberg, Zur Ehre Gottes, op. cit., p. 232 (177 des 517 exécuteurs sont apparentés aux testateurs) ; A. Litschel, Der Einzelne, op. cit., p. 79.
30 P. Maddern, « Friends of the Dead », op. cit., constate p. 172 que les testateurs cherchent souvent un équilibre entre parents et non-parents (cf. aussi son tableau des exécuteurs testamentaires à Norfolk, p. 170).
31 RT 2014 (1418 04 29) ; RRUrk. 1475 05 15 (cf. H. Wolff, « Regensburgs Häuserbestand », op. cit., p. 109, où figurent la testatrice Margret Altmann, et ses exécuteurs Albrecht Kaufmann, son voisin immédiat, et Hans Haselpeck, qui habite une rue adjacente).
32 C’est le cas du testament de Ludwig Sitauer, RT 2968, 1417 03 12. Margret Bereuter a deux exécuteurs bourgeois, mais c’est un « herr Jorg Schmid », sans doute un prêtre, qui doit faire le travail concrètement (RRUrk. 1473 11 22) ; Hans Teyssinger désigne aussi deux exécuteurs, mais c’est sa femme qui devra vraiment s’occuper de l’exécution, HVOR Urk. 445, 1503 09 02.
33 RT 1232, 1472 11 16.
34 Par ex. RT 1929, 1457 03 31.
35 Par ex. RRUrk. 2135, 1377 04 27.
36 Trois dons d’argent seulement, HVOR Urk. 27, 1327 04 02, RRUrk. 1651, 1368 06 21, RRUrk. 2302, 1380 10 29.
37 Cf. par exemple Werner Venderer, RT 1233, 1472 05 12, avec une variante : il leur donne un florin « pour commencer » (anfenglich), éventuellement complété par la suite : « et on devra récompenser justement leur peine et bonté ».
38 G. Hückstädt, Der Testamentsvollstrecker, op. cit., p. 49.
39 RRUrk. 1165, 1358 07 24.
40 GNM RR Akt 214 : « Item iij sous et vj deniers quand nous avons mangé ensemble le vendredi après letare en 1460 » ; « Item viij deniers pour ij coupes de vin quand nous avons fait l’inventaire des objets domestiques (hausrat). »
41 StAR Hist I 1 fol. 17 ro et passim.
42 Pour son statut de Quarante-Cinq, cf. StAR Hist I 1 fol. 40 ro (1456) ; cf. GNM RR Akt 214 (non folioté) : « Item 60 dn de plus, à un pauvre compagnon boulanger, qu’Erhard Schneck m’a envoyé, à la St-André 1462. »
43 H. J. Ackermann (dir.), C. Sommer-Ramer (réd.), Die Beginen und Begarden in der Schweiz, Bâle/Francfort-sur-le-Main, Helbing und Lichtenhahn (Helvetia Sacra, IX/2), 1995, p. 283. Merci à Armand Baeriswyl pour cette information.
44 RRUrk. 2530 (1384 08 06).
45 RT 562 (1407 01 24).
46 Testaments de Hans Ingolsteter (RRUrk. 1317, 1361 02 08), Anna épouse Dürnsteter, RRUrk. 1836, 1371 07 19, Margret épouse Rausmar, RRUrk. 2302, 1380 10 29.
47 RRUrk. 1445 04 06.
48 C’est le cas de Gumpprecht an der Haid, RRUrk 327 (1325 06 06).
49 BZAR ADK 1444 11 20.
50 RT 2012 (1464 02 18).
51 M.-T. Lorcin, Vivre et mourir, op. cit., p. 102, fait ce constat de la concentration sur la famille en temps de crise pour le Lyonnais.
52 BayHStA GN Kart. 5 (non folioté).
53 Cf. RRUrk. 1464 02 10 et 1465 06 27. Autre exemple similaire, Georg Leuntinger, qui devient bourgeois en (RRUrk. 1432 02 07), certainement pour hériter des biens légués par son frère Hartmann (RT 2049, 1429 11 14).
54 Cf. les lettres qu’il envoie à celui de Ratisbonne, RRUrk. 1445 04 06, 1445 05 29, 1447 08 05.
55 Rat. Civ. 249 fol. 101 ro-102 vo (1445 07 10).
56 Ibid. Les dettes devaient être payées avant les legs à tout héritier selon le droit de Ratisbonne, cf. H. G. Gengler, Die Quellen, op. cit., p. 45 no 8.
57 RRUrk. 1445 07 26 (copies Rat. Civ. 249 fol. 98 sq. et RRLit. fol. 13 ro-18 ro).
58 F. Fuchs, K.-F. Krieger (éd.), Regesten Kaiser Friedrichs III., op. cit., no 85. Sur cette affaire, cf. aussi C. T. Gemeiner, Regensburgische Chronik, op. cit., III, p. 170.
59 Cf. par exemple RRUrk. 1431 04 30, par lequel le duc Ernst de Bavière donne à Haimeram Gumpprecht maison, ferme, étang et 17 hofstätte au Prebrunn en fief. Dans son testament, deux mois plus tard, Haimeram ne lègue rien ni au duc, ni à quelque noble que ce soit (RRUrk. 1431 06 10), mais seulement à ses parents.
60 Y compris Gebhard Judmann von Affecking, pourtant affin des Sitauer (RRUrk. 1430 04 27).
61 RUB II no 327 et codicille ibid., no 364.
62 Cf. Peter Ecker von Stefning, qui a des exécuteurs mais confie aussi la réalisation de ses dernières volontés au Conseil de Ratisbonne, BZAR BDK 1417 03 20. Konrad Nusperger ne fait que des legs pieux dans son testament RRUrk. 928, 1351 01 26. Peter Valkenstainer fait un testament complètement étranger à la ville de Ratisbonne (RT 1183, 1422 04 03).
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