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La proximité en politique

 | 
Christian Le Bart
, 
Rémi Lefebvre

Première partie. Mise en perspective théorique et historique

1. L’économie politique de la proximité

Des outils pragmatiques pour penser la mise en valeur du proche dans le champ politique

Éric Doidy

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

  • 1 Grossetti (M.), 1998, « La proximité en sociologie : une réflexion à partir des systèmes locaux d’ (...)

1Dans un ouvrage collectif qui se donnait pour but de faire le point sur la façon dont la notion de proximité est appréhendée dans différents champs disciplinaires, Michel Grossetti a relevé trois grandes façons pour la proximité de faire sens en sociologie1. Les sociologues se seraient ainsi penchés sur la « proximité matérielle », proximité des acteurs dans un espace physique (les études sur le phénomène urbain dont celles de l’École de Chicago); la « proximité sociale » ensuite, proximité des acteurs dans un espace social (la sociologie de Bourdieu) ; la proximité qu’il appelle « relationnelle » enfin, qui caractérise les échanges entre acteurs d’un réseau.

  • 2 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991 (1987), De la justification. Les économies de la grandeur, Par (...)

2La présente contribution consiste à poursuivre cet effort de clarification de la notion, en exposant la façon dont elle peut être considérée dans une sociologie « pragmatique », au sens d’une sociologie attentive, à la suite de Luc Boltanski et Laurent Thévenot2 , à une diversité des modes d’engagement. Le but que nous poursuivrons ici est double. Nous tenterons de comprendre, tout d’abord, en quoi ces outils théoriques nous font envisager la question de la proximité d’une manière différente des trois grandes familles dégagées précédemment, puis ensuite la façon dont ces outils nous permettent notamment de regarder de plus près les rapports entre politique et proximité – ouvrant par là une nouvelle voie au dialogue entre science politique et sociologie.

3Nous explorerons cette manière de thématiser le jeu entre distance et proximité (inhérent, comme le font remarquer Christian Le Bart et Rémi Lefebvre dans leur propos introductif, au principe de légitimation de la représentation politique) en deux étapes. Dans un premier temps, nous rappellerons les outils dégagés par les Économies de la grandeur, en insistant sur la façon dont ils permettent de rendre compte des manières dont la proximité peut être valorisée dans les disputes autour du bien commun, puis les outils forgés à la suite de ce premier travail pour explorer l’en deçà du politique, les régimes de la proximité et de l’attachement. Ensuite, à travers l’exemple d’une campagne électorale, nous verrons en quoi ces outils nous permettent de comprendre les différentes manières dont le registre du proche est thématisé, en situation, dans l’espace politique, par les différents acteurs.

Le proche, dans et en deçà des Économies de la grandeur

  • 3 Pour un tour d’horizon des perspectives des Économies de la grandeur et des travaux qu’elles ont i (...)

4L’ouvrage de Luc Boltanski et Laurent Thévenot prend pour objet les situations de dispute ou de controverse, dans lesquelles il se propose d’examiner la façon dont les acteurs argumentent, critiquent, mettent des jugements de valeur à l’épreuve. Il ne s’agit pas ici d’en faire un nouvel exposé3. Dans un contexte où la notion de « proximité » est plus que jamais mobilisée par les acteurs politiques et médiatiques (dans les critiques, dans les justifications et les épreuves), essayer de la comprendre, voire de porter un œil critique sur un usage souvent exalté ou stratégique, nécessite néanmoins de redire un mot de ces outils.

  • 4 Cardon (D.), Heurtin (J. -P.), Lemieux (C.), 1995, « Parler en public », Politix, 31, p. 5-19.
  • 5 Lolive (J.), 1997, « La montée en généralité pour sortir du Nimby. La mobilisation associative con (...)

5Au cours d’une dispute publique, chacun des acteurs engagés tente de construire une argumentation acceptable par autrui, de faire reconnaître une forme légitime d’indignation : la situation n’est pas juste. La dispute est portée dans un espace public, c’est-à-dire qu’elle est avant tout placée sous le regard et l’évaluation potentiels d’un public, autrui généralisé ou Tiers impartial. Les arguments, pour être légitimes, les critiques, pour porter, doivent donc intégrer une forme de généralité : les acteurs s’efforcent de respecter un « engagement distancié4 », c’est-à-dire de parler non pas en leur seul nom propre, en référence à la seule situation présente, mais en référence à une forme de bien commun qui transcende la situation (ici et maintenant). Le problème crucial des riverains (les gens qui vivent « à proximité »), que l’on accuse d’être atteints du « syndrome NIMBY » parce qu’ils montent une association de défense contre le projet européen de faire passer une ligne TGV dans leur champ, est de se construire en tant qu’acteurs légitimes, défendant non pas « leur jardin » privé mais un bien plus étendu : leur travail est en premier lieu un travail de montée en généralité5.

6Dans leur ouvrage, Boltanski et Thévenot ont identifié six formes de bien commun, six figures du lien politique qui dessinent six « cités ». Ces ordres de grandeur ont en commun un impératif de commune humanité, c’est-à-dire d’égale dignité de tous les membres de la Cité qui sont évalués selon la grandeur mobilisée (l’efficacité dans la cité industrielle, l’originalité dans l’ordre inspiré, la réputation dans l’ordre de l’opinion…). Les riverains cités plus haut peuvent ainsi convoquer l’horizon d’un bien commun élargi en pointant les dommages causés par la ligne TGV au patrimoine (critique « domestique »), à la singularité du paysage (critique « inspirée »), à la biosphère (grandeur « verte ») ou en contestant l’utilité même de la ligne en termes de performance (grandeur « industrielle »).

La proximité suspecte à l’aune d’une évaluation civique

  • 6 Manent (P.), 1997, Naissance de la politique moderne, Machiavel, Hobbes, Rousseau, Paris, Payot.
  • 7 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 141.
  • 8 Ibidem, p. 312.
  • 9 Camus (A.), Corcuff (P.), Lafaye (C.), 1993, « Entre le local et le national : des cas d’innovatio (...)

7C’est dans la cité civique que le bien commun est traduit de manière la plus évidente en intérêt général (du collectif) affranchi des attachements particuliers (des personnes). La figure du civisme telle qu’elle s’est historiquement constituée en France avec la Révolution, qui a tenté de fonder un « ordre politique rationnel6 », repose sur un détachement par rapport aux appartenances locales, vues comme autant de dépendances. L’ordre civique s’est historiquement incarné dans des acteurs institutionnels qui se sont voulu dépositaires de l’intérêt général. Les règles de droit encadrant l’action publique (la loi) sont apparues garantes de l’égalité de tous les citoyens. L’ancrage dans un lieu, l’appartenance à une communauté, la sensibilité à des proches, sont autant de formes d’attachement qui demeurent suspectes au regard civique : elles brouillent la vision d’un intérêt général (qui « n’est pas réductible à une addition de volontés particulières7 ») et nous empêchent de traiter autrui avec une visée d’égalité (« se connaître, en personnes, c’est déjà en effet s’engager dans une coalition particulière source de déviations8 »). Le « proche », les relations de proximité, semblent ainsi cacher une forme privée d’intérêt comme en atteste l’accusation de NIMBY. La tentation est alors grande d’intégrer la notion de « proximité » dans une série d’oppositions comme les suivantes : intérêt général vs intérêt particulier, national vs local9.

  • 10 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 309 sq.
  • 11 Ibid., p. 116.
  • 12 Ibid., p. 220.
  • 13 Ibid., p. 299.

8D’un point de vue civique, une politique de la « proximité », dans le pire des cas, mènerait sur la pente dangereuse d’une clôture autour d’un groupe de proches et sortirait d’une visée de commune humanité (politiques racistes) ou, dans le meilleur des cas, confinerait les personnes à des liens de dépendance (régimes autoritaires, politiques paternalistes, clientélistes ou claniques, copinage). Cette deuxième critique rejoint celle que l’ordre civique adresse à l’ordre domestique10. L’ordre domestique, parce qu’il met en valeur les relations personnelles que tissent les acteurs (relations de dépendance, à l’intérieur d’une même maison11), les situations de face-à-face (une information orale ou une anecdote, de la part d’une personne de confiance, y est plus pertinente qu’un règlement administratif ou qu’un tableau statistique12), semble au contraire comme une construction du lien politique basée sur de la « proximité » qui lie les êtres. Du point de vue du monde domestique qui « n’admet que la grandeur des attachements personnels », le détachement civique est dénoncé comme source d’une impersonnalité faisant violence aux personnes13.

  • 14 Ibid., p. 313.

9La plus vive tension entre le monde civique et le monde domestique oriente le débat public à l’occasion des grandes « affaires », des « scandales », où sont précisément dévoilées des proximités cachées au public, des liens officieux qui unissent les acteurs et des connivences secrètes qui détournent le bien public14.

Des valorisations du proche hors du registre domestique

  • 15 Lafaye (C.), Thévenot (L.), 1993, « Une justification écologique ? Conflits dans l’aménagement de (...)
  • 16 Latour (B.), 1993, « Arrachement ou attachement à la nature ? », Écologie politique, 5, p. 5-26.
  • 17 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 377.

10Cependant, le raccourci de la « proximité » au « domestique » semble bien rapide. En effet, d’autres ordres de grandeur valorisent l’engagement de proximité. C’est par exemple le cas de l’ordre industriel, dans la prise en compte des « savoirs tacites » dans les études de productivité, et la performance accrue qu’occasionnent ces savoirs de proximité. C’est aussi et surtout le cas de la « grandeur verte15 », qui effectue l’extension maximale, puisque le bien commun dépasse l’étendue de l’humanité (la biosphère) en même temps qu’il est finement localisé et indexé (cette rivière-là). On voit ainsi que l’émergence d’une justification écologique a contribué, sans doute plus qu’aucune autre, à revaloriser les notions d’ancrage, d’attachement et de proximité, longtemps tenues pour suspectes dans le champ du politique civique soucieux d’arrachement16. Le « local », signifiant par-là tout ce qui semble associé à de la proximité, de la familiarité, semble avoir acquis un nouveau statut, jusque dans des formes d’engagement civique. Le « proche » est au cœur de nouvelles épreuves, par exemple dans des mobilisations construisant en « causes » collectives des troubles jusque-là perçus comme relevant de la vie privée des personnes (l’« extension des droits civiques » liés au sexe, aux relations familiales, etc.17).

  • 18 Doidy (E.), 2002, La vulnérabilité du sujet politique. Régimes de proximité dans les arènes d’enga (...)

11Certaines mobilisations contemporaines, mettant en scène des mouvements ancrés dans le monde civique (au sens où ils se présentent comme collectifs représentatifs et solidaires, investis de droits civiques, entendant lutter pour défendre une juste cause devant la loi) semblent passer par une valorisation de formes d’attachement au proche. Nous avons ainsi tourné notre regard sur l’association de mal-logés Droit au Logement (DAL18). Ces mobilisations prennent naissance à partir du moment où, précisément, des attaches au familier sont menacées : par une expulsion, une mise en danger du fait de l’insalubrité des lieux ou encore une absence de logement. DAL nous donne à voir des compositions entre des formes de biens de très inégale extension : du plus général, à travers la visée civique d’une égalité des citoyens devant le logement (l’action en justice de l’association vise à faire reconnaître le droit au logement comme droit fondamental), au plus personnel (l’attention portée aux liens des mal-logés à leur environnement familier, logement ou quartier, ainsi qu’à une forme de confort).

12Il apparaît donc qu’une mise en valeur de la relation au « proche » est possible hors du seul monde domestique – chez DAL, l’engagement familier de la relation d’habiter apparaît même au fondement de l’engagement civique. Dès lors, l’examen (y compris l’examen critique) de la politisation du proche ne saurait se borner à la critique civique d’une politique domestique. Il convient alors d’examiner au plus près ce qui fait cette « proximité ». Pour cela, il nous faut nous éloigner un moment du public et du politique.

Les régimes de la familiarité en deçà du public

  • 19 Thévenot (L.), 1990, « L’action qui convient », in Pharo (P.), Quéré (L.) (dir.), Les formes de l’ (...)
  • 20 Abel (O.), 1995, « Habiter la cité », Autres temps, 46, p. 31-42 ; Breviglieri (M.), 1999, L’usage (...)
  • 21 Breviglieri (M.), 2004, « Habiter l’espace de travail. Perspectives sur la routine », Histoire et (...)
  • 22 Sur l’approche en terme d’action située, voir Conein (B.), Jacopin (E.), 1994, « Action située et (...)
  • 23 Thévenot (L.), 1994, « Le régime de familiarité. Des choses en personne », Genèses, 17, p. 72-101.

13Le thème central des Économies de la grandeur est celui de la dispute et de la coordination des acteurs et des actions par des conventions collectives. Pourtant, de nombreuses situations ne requièrent pas un règlement par la généralité. La relation de proximité est celle qui n’ouvre pas sur une exigence de publicisation. Elle s’accomplit par exemple dans un geste familier guidé, non par des conventions collectives, mais par des convenances personnelles. Ainsi, un vieux tiroir qui a du mal à s’ouvrir, ou même un ordinateur fatigué qui a du mal à démarrer, peut offrir de sérieuses déconvenues à qui voudrait les faire fonctionner selon la manière standard, mais pas à l’usager intime19. Un habitant n’a pas les mêmes repères qu’un visiteur ou un passant : il s’attache, c’est-à-dire qu’il dépose sur les choses de son environnement des repères singuliers, personnels. Le monde familier, celui que l’on « habite20 », est ainsi tissé d’attaches entre la personne et les choses de l’environnement. Les objets y sont « personnels », mais pas tant sur le mode de la propriété privée (que convoque d’emblée l’explication par le NIMBY) que parce que leur maniement et les repères qui y sont déposés sont familiers, dessinant chez l’habitant une forme particulière d’habileté. L’aisance de celui qui habite ne ressort pas d’une visée fonctionnelle de l’utilisation, mais de « la singularité d’un usage déjà engagé21 ». La capacité d’accomplissement de l’action ne réside pas dans le seul sujet agissant sur des objets, mais apparaît distribuée entre l’usager et son environnement22. Cette distribution résulte d’une exploration familière au cours de laquelle l’usager « se fait » peu à peu à la chose23 dans un maniement intime.

  • 24 Thévenot (L.), 1998, « Pragmatiques de la connaissance », in Borzeix (A.), Bouvier (A.), Pharo (P. (...)
  • 25 Thévenot (L.) 1994, « Le régime de familiarité. Des choses en personne », art. cité.
  • 26 Berque (A.), 2000, Ecoumène. Introduction à l’étude des milieux humains, Paris, Belin.
  • 27 Lamont (M.), Thévenot (L.) (dir.), 2000, Rethinking comparative cultural sociology. Repertoires of (...)
  • 28 Breviglieri (M.), 1997, « La coopération spontanée. Entraides techniques autour d’un automate publ (...)

14Un tel régime d’engagement se distingue tout à la fois d’un régime de justification (le geste familier n’a pas à supporter d’évaluation selon un principe d’équivalence, il ne prétend pas à la généralité) et d’un régime d’action normale (un tel geste n’est pas guidé par un plan dissociant une agence intentionnelle et un objet saisi selon sa fonction24). Alors que le régime d’action normale est bien rendu par le langage ordinaire (qui fait apparaître sujet, objet et intention25) – certains ont pu préciser langage occidental26 –, le régime de familiarité est difficilement partageable à travers le langage. Il faut avant tout voir (et parfois soi-même faire) le geste : ainsi, une Indienne qui, aux États-Unis, milite pour la préservation de la rivière sur les rives de laquelle elle habite, juge-t-elle bon d’interrompre l’entretien qu’elle donne à des enquêteurs et de les guider sur les lieux27. Marc Breviglieri, lorsqu’il enquête sur l’usage d’un dispositif technique et les situations d’entraide entre usagers familiers et usagers malhabiles, doit avoir recours à l’enregistrement vidéo, et non l’entretien, pour saisir la déconvenue, la gêne, la violence, la surprise, le sursaut ou encore l’exaspération, et la forme d’aide que ces expressions appellent28. L’engagement familier est indexé à travers des attaches personnelles et localisées. L’en détacher, le « monter en généralité » dans une justification domestique ou civique nécessite une opération délicate de composition.

  • 29 Blondiaux (L.), 2001, « Démocratie de proximité et participation citoyenne : la promesse et le piè (...)

15La familiarité est pourtant au cœur des politiques « de proximité » qui se sont développées, notamment lors des procédures par lesquelles la puissance publique propose la participation des habitants29. Vouloir mettre en valeur la figure de l’usager ou de l’habitant dans des dispositifs participatifs, c’est indiquer, si l’on prend au sérieux cet impératif, non seulement qu’il y a dans ces compétences ou « savoirs du proche » une forme d’expertise, mais aussi que le bien commun peut se construire à partir de formes localisées d’engagement dans le proche.

Le proche comme enjeu : des politiques différentes de la proximité

  • 30 Autour de Laurent Thévenot, ce programme réunit Nicolas Auray, Marc Breviglieri, Romuald Normand, (...)

16Le programme « Politiques du proche », animé par Laurent Thévenot, est une entreprise collective30 qui se propose de démêler ces fils en enquêtant sur les soubassements de nos constructions politiques. Nous nous limiterons ici à un exemple qui nous donne à voir différentes manières de problématiser le proche dans un moment de dispute politique (une campagne électorale). La première, qui s’apparente à des valorisations de la « proximité » sur le mode domestique, prête le flanc à une critique civique. La deuxième, au contraire, tente d’asseoir une justification civique sur les engagements familiers de la relation d’habiter. La troisième, enfin, effectue un repli sur un usage stratégique de la « proximité ». Chacune de ces trois problématisations ouvre sur une politique propre : domestique ou communautaire dans le premier cas, nous pouvons les résumer comme « civique-participative » dans le deuxième cas et « civique-représentative » dans le troisième cas.

17Nous avons eu l’opportunité de suivre les membres d’une association levalloisienne, « Projet C » (Promotion de la jeunesse et de la citoyenneté), dans leur engagement progressif dans la campagne électorale de mars 2001. Fondée au début des années quatre-vingt dans la « cité » de Levallois par de jeunes gens issus de l’immigration maghrébine, Projet C a d’abord eu pour objet l’animation (culturelle, sportive) du quartier. Au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, en opposition aux politiques municipales menées dans les quartiers populaires (expulsions, vidéo surveillance…) l’association intervient de plus en plus souvent dans l’espace public local et organise des manifestations et réunions publiques sur des thèmes de mobilisation généraux. En 2001, après avoir pensé constituer une liste associative « de quartier » sur le modèle des listes « Motivé-e-s », quelques-uns de ses membres intègrent la liste de gauche menée par la candidate socialiste.

Prévenir les mauvaises pentes de la proximité

  • 31 Sennett (R.), 1979, Les tyrannies de l’intimité, Paris, Seuil.
  • 32 Briquet (J.-L.), 1997, La tradition en mouvement. Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin
  • 33 Lascoumes (P.), 1999, Corruptions, Paris, Presses de Sciences Po.

18Au cours de la campagne, ces acteurs se sont dans un premier temps efforcés de prévenir des formes de mise en valeur domestique de la proximité. D’abord, en développant une critique civique de la proximité « clientéliste » de leur concurrent (l’ancien maire Patrick Balkany). La relation que Patrick Balkany décrit comme une relation de « proximité » aux habitants de Levallois fait l’objet d’une dénonciation civique, incriminant les traitements différenciés et les cadeaux faits aux proches (attribution de logements, d’emplois, etc.) ou encore les formes de dépendance des électeurs (les « colis » envoyés aux personnes âgées). La « proximité » dont se réclame Patrick Balkany est dénoncée comme « incivile » en ce qu’elle contribue à un « rétrécissement de l’horizon politique31 »: la relation entre élu et électeurs s’énonce dans les termes domestiques de l’amitié, de la reconnaissance, de la fidélité, des « services rendus32 ». L’élu ne tient pas son rôle de « constructeur permanent du bien public33 » mais privilégie des « petits arrangements » au profit de proches (dénoncé comme clan).

  • 34 Battegay (A.), Boubeker (A.), 2001, « L’action associative des jeunes maghrébins. Entre affirmatio (...)
  • 35 Lafaye (C.), Flanquart (H.), 2001, « La figure de l’habitant et du citoyen dans les dispositifs de (...)
  • 36 Breviglieri (M.), 2001, « L’étreinte de l’origine. Attachement, mémoire et nostalgie chez les enfa (...)

19Mais les membres de Projet C doivent donner des gages de leur engagement civique. « Le risque », explique ainsi l’un d’eux, « c’était qu’on nous prenne pour une association de quartier formée par deux-trois beurs énervés ». Lors des premiers contacts avec la candidate socialiste, ils s’attachent à se déprendre d’une caractérisation de leurs appartenances (résidentielles et communautaires) comme « captivité34 »: l’association se démarque par exemple des positions communautaires sur une revendication touchant à la construction d’une mosquée à Levallois. Ils affirment leur capacité à viser des formes civiques de bien commun, en marquant leur différence par rapport à des habitants « rivés à leur pied d’immeuble35 » et bornés à leur seul intérêt particulier, ou par rapport à une forme de clôture exclusive sur une communauté idéalisée, et marquée par le chauvinisme36.

L’engagement politique à partir d’une familiarité

  • 37 Henon (P.), Thiebault (A.), 1981, Levallois, histoire d’une banlieue, Bruxelles, Pierre Mardaga éd (...)
  • 38 Gervaise (P.), 1991, « Les “passages” à Levallois-Perret : ruelles pauvres en banlieue », in Faure(...)

20Cependant il s’agissait bel et bien pour ce collectif d’habitants de construire une politique de la proximité, à partir, précisément, de leurs savoirs d’habitants. Levallois-Perret, en effet, à l’origine pensée sur le mode de la stricte fonctionnalité par le promoteur Levallois et le géomètre Rivet, s’est développée de manière moins rationnelle37 : conflits entre propriétaires terriens, imprévus naturels, développement industriel croissant amenant l’installation de nombreux ateliers et de populations ouvrières, ont donné lieu à un espace urbain habité de manière hétéroclite. En témoignent les fameux « passages » de Levallois, voies insalubres qui ne sont pas tout à fait des rues, perçues à Paris comme des lieux mal famés, où se serraient les ateliers et cohabitaient les familles ouvrières. C’est autour d’un attachement à ces « Passages » familiers, qui distinguaient Levallois des banlieues impersonnelles et « cités dortoirs » des années soixante, froidement fonctionnelles, que s’est forgé le sentiment d’une identité : « ceux-là, à coup sûr, sont de Levallois » et n’iraient pour rien au monde loger autre part38. Or, Projet C s’est constitué au début des années quatre-vingt, alors que Patrick Balkany entamait sa politique de rénovation urbaine qui a transformé la ville, en peu d’années, en banlieue résidentielle et en espace urbain fonctionnel : opérations immobilières qui ont lourdement affecté les usages des habitants comme les modes de sociabilité. Pour ces habitants, proposer une politique alternative à celle de PatrickBalkany, c’est proposer une politique rendant justice aux usages et aux attachements des habitants.

  • 39 Voir Carrel (M.), 2004, Faire participer les habitants ? La politique de la ville à l’épreuve du p (...)

21Par exemple, à une colistière socialiste pensant proposer la création de « cafés-philo » à Levallois pour encourager la participation des habitants au débat d’idées, un membre de Projet C propose de remplacer ces cafés par ces lieux où les habitants se rencontrent déjà et ont des échanges informels – le grand hall de la cité HLM Pablo Neruda, par exemple, pensé pour le simple passage mais dont l’usage en a fait un lieu de réunion informel entre voisins. Le hall d’entrée n’est pas un lieu où l’on se pose mais un lieu fonctionnel où l’on passe, entre l’espace privé et la rue : le lieu par excellence des relations anonymes où les échanges demeurent brefs et conventionnels (salutations polies et distantes). Pourtant, cette orientation fonctionnelle est détournée par ceux qui habitent : le hall peut être l’endroit où les conversations s’attardent entre voisins qui en viennent à se croiser, où un rebord peut servir d’accoudoir où prendre ses aises, où un espace dégagé ou en coin peut donner matière aux jeux d’enfants. La proposition du militant vise alors à remettre le débat public en contexte. Ainsi contextualisé, donnant moins l’occasion d’exprimer des visées d’ordre général que s’il avait lieu dans un espace désancré, voire intimidant (débat public dans une salle municipale ou une salle de réunion à la mairie, débat d’idées mené par un professeur de lettres dans un « café-philo »), ce dispositif semble à cet habitant plus à même de permettre l’accès à une parole publique (principale difficulté des politiques dites « participatives39 »).

  • 40 Pourcher (Y.), 1991, « Tournée électorale », L’Homme, XXXI (3), p. 61-79.

22Le souci de la candidate était également de s’engager elle-même dans des rapports de proximité à la ville, sur le mode d’une habitante, pour prévenir le reproche de « parachutage » (venue de Suresnes, elle méconnaît Levallois). Ce souci s’est notamment manifesté par des « visites de la ville » répétées, guidées par les membres de Projet C et éloignées des habituelles « tournées électorales » qui s’apparentent davantage à une mise en scène de la proximité40. La « visite de la ville » proposée par Projet C ne s’apparente pas à une « tournée » routinière, où le candidat visite systématiquement les commerçants, serre des mains anonymes, sans s’écarter des cafés, des marchés ou des grands axes passants. Au contraire, elle peut être comprise comme une tentative d’aller plus loin dans la ville, sur le mode de l’exploration et de la spontanéité, de s’attarder au hasard des lieux et des rencontres. La candidate a ainsi été menée à travers les allées sombres et maussades d’un centre commercial vieilli et déserté, où il faut faire attention à ne pas renverser, en marchant, les récipients de plastique posés au milieu pour recueillir l’eau de pluie qui s’infiltre par le toit percé, et jusqu’aux caves de la cité Pablo Neruda. Au cours de ces deux journées, la candidate, peu familière des quartiers et de leurs habitants, se propose d’apprendre à saisir sur un mode familier les choses de l’environnement comme les êtres humains (habitants de ces cités, croisés dans ce parcours).

La violence du repli sur un usage stratégique de la proximité

23Le suivi ethnographique de la campagne a alors permis de faire ressortir une série d’épreuves, qui ont été pour la candidate malheureuse comme autant de déconvenues (nous nous limiterons ici à une seule de ces épreuves). En effet, la « proximité » des habitants ne semble pas être la même que celle des politiques, qui ont à composer une tactique électorale de plus en plus pressante à mesure que progresse la campagne.

  • 41 Blatrix (C.), 1997, « Le référendum local, une procédure de démocratie participative ? Bilan et pe (...)

24Au cours de la « visite de la ville », un revirement tactique s’est ainsi observé de la part de la candidate. Dans un centre commercial, elle est approchée par le dirigeant d’une association cultuelle musulmane. Très vite, la discussion prend l’allure d’une négociation : « moi je peux vous amener 2000 voix », annonce-t-il, « on a un listing de 1900 signatures qui votent, maintenant c’est à vous de faire un pas ». Pour « apporter [ses] 2000 voix », il demande en contrepartie l’inscription de la construction d’une mosquée au programme du PS. Le militant de Projet C qui l’accompagne est déçu : il voit là s’opérer un glissement, accentué par la précipitation avec laquelle la candidate a répondu à la demande et par son enthousiasme après l’entrevue, du souci de la proximité vers une tractation électorale. Au départ, cette visite guidée pouvait rendre la ville, ses quartiers, ses habitants, familiers à la candidate : l’occasion qu’elle en explore un peu plus les recoins, les ruelles, qu’elle se les approprie sur un mode familier, qu’elle y rencontre les habitants et prenne la mesure de leurs attachements de manière à construire une posture politique ancrée. Or, au cours de cette entrevue, la conception de la « proximité » est réduite à la « bonne représentation », c’est-à-dire la proximité sociale du « bon » leader d’opinion maghrébin. La saisie en familiarité s’éclipse au profit d’une visée stratégique. Les habitants y sont ramenés à des chiffres (le nombre de voix), les quartiers à des communautés (non plus « habitants », dotés de compétences propres à mettre en valeur, mais « musulmans », dotés d’intérêts communautaires à satisfaire), les acteurs locaux à des représentants (entendre également ici « représentant » dans le sens de la grandeur marchande puisque l’on négocie des voix). On passe d’un discours affiché, celui d’une politique « de proximité » ou « participative », à des logiques « représentatives41 » qu’il s’agissait au départ de dépasser, comme le montraient les efforts de Projet C pour se faire reconnaître comme acteurs civiques.

25Patrick Balkany est élu au deuxième tour.

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  • 42 Lefebvre (R.), 2004, « S’ouvrir les portes de la ville. Ethnographie des porte-à-porte de Martine (...)

26En développant succinctement cet exemple, notre intention était de contribuer à la problématisation, amorcée en sciences politiques de l’usage de la notion de « proximité » comme catégorie pratique42. Car ce lexique de la proximité contraint d’une nouvelle manière les acteurs publics. En effet, la proximité ici entendue n’est pas seulement affaire de rhétorique politique : elle induit de nouvelles épreuves auxquelles les acteurs se heurtent. Regarder de plus près ces épreuves permet notamment de montrer qu’une réduction de la proximité à une rhétorique, ou encore à une stratégie, donne lieu à des formes de déception des habitants, qui n’arrivent pas à faire entendre leur voix dans ce qu’elle a en propre. Avoir décrit une telle différenciation des régimes ne doit donc pas déboucher sur un simple inventaire des façons d’être pluriel. Cet effort conduit en effet à s’interroger, non seulement sur la capacité des acteurs à passer d’un régime à un autre, à « monter en généralité » (par exemple, des régimes de familiarité au régime de justification), mais également sur les tensions qui empêchent ces passages ou sur les dispositifs qui assignent une place déterminée aux acteurs.

27Une telle perspective de recherche, attentive à dégager une pluralité des modes d’engagement, des façons d’être et de qualifier autrui et notre environnement, n’est pas guidée seulement par l’exigence théorique. En prenant au sérieux ce qui fait les liens de proximité, de la même manière qu’elle prend au sérieux les contraintes de justification qui permettent aux acteurs de donner de la voix dans l’espace public, en donnant à voir les basculements, les tensions mais aussi les passages entre ces modes d’engagement pluriels, elle nous invite également à un regard critique sur l’usage politique de la notion de « proximité ». Cette vigilance critique a le mérite de ne pas rabattre d’emblée les capacités sur une analyse territoriale (qui voudrait par exemple que le « local » soit le territoire du seul « proche ») ou sur des groupes constitués (les gens « d’en bas », étriqués dans des rapports de proximité, seraient dépourvus de toute capacité à viser une forme du juste, ceux « d’en haut » par contre seraient les dépositaires du bien commun – on mesure toute la portée politique conservatrice d’une telle analyse qui, comme une extension des hiérarchies domestiques, conduirait les « petits », pour reprendre un terme des Économies de la grandeur, à rester à leur place). En cela, parce qu’ils rendent justice aux compétences que les acteurs déploient dans leurs engagements de proximité, ces outils permettent bel et bien de leur rendre une certaine grandeur.

Notes

1 Grossetti (M.), 1998, « La proximité en sociologie : une réflexion à partir des systèmes locaux d’innovation », inBellet (M.), Kirat (T.), Largeron (C.), (dir.), 1998, Approches multiformes de la proximité, Paris, Hermès, p. 83-100.

2 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991 (1987), De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard.

3 Pour un tour d’horizon des perspectives des Économies de la grandeur et des travaux qu’elles ont impulsés dans les dix dernières années, nous renvoyons à Breviglieri (M.), Lafaye (C.), Trom (D.) (dir.), 2005, Sens critique, sens de la justice, Paris, Economica.

4 Cardon (D.), Heurtin (J. -P.), Lemieux (C.), 1995, « Parler en public », Politix, 31, p. 5-19.

5 Lolive (J.), 1997, « La montée en généralité pour sortir du Nimby. La mobilisation associative contre le TGV Méditerranée », Politix, 39, p. 109-130 ; Trom (D.), 1999, « De la réfutation de l’effet Nimby considéré comme une pratique militante. Notes pour une pragmatique de la revendication politique », Revue française de science politique, 49, p. 31-50.

6 Manent (P.), 1997, Naissance de la politique moderne, Machiavel, Hobbes, Rousseau, Paris, Payot.

7 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 141.

8 Ibidem, p. 312.

9 Camus (A.), Corcuff (P.), Lafaye (C.), 1993, « Entre le local et le national : des cas d’innovation dans les services publics », Revue française des affaires sociales, 3, p. 17-47.

10 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 309 sq.

11 Ibid., p. 116.

12 Ibid., p. 220.

13 Ibid., p. 299.

14 Ibid., p. 313.

15 Lafaye (C.), Thévenot (L.), 1993, « Une justification écologique ? Conflits dans l’aménagement de la nature », Revue française de sociologie, XXXIV (4), p. 495-524.

16 Latour (B.), 1993, « Arrachement ou attachement à la nature ? », Écologie politique, 5, p. 5-26.

17 Boltanski (L.), Thévenot (L.), 1991, De la justification…, op. cit., p. 377.

18 Doidy (E.), 2002, La vulnérabilité du sujet politique. Régimes de proximité dans les arènes d’engagement public, thèse de doctorat, Paris, EHESS.

19 Thévenot (L.), 1990, « L’action qui convient », in Pharo (P.), Quéré (L.) (dir.), Les formes de l’action. Sémantique et sociologie, Paris, Éd. de l’EHESS, série « Raisons pratiques ».

20 Abel (O.), 1995, « Habiter la cité », Autres temps, 46, p. 31-42 ; Breviglieri (M.), 1999, L’usage et l’habiter. Contribution à une sociologie de la proximité, thèse de doctorat, Paris, EHESS.

21 Breviglieri (M.), 2004, « Habiter l’espace de travail. Perspectives sur la routine », Histoire et sociétés : Revue européenne d’Histoire sociale, 9.

22 Sur l’approche en terme d’action située, voir Conein (B.), Jacopin (E.), 1994, « Action située et cognition : le savoir en place », Sociologie du travail, XXXVI (4), p. 475-500.

23 Thévenot (L.), 1994, « Le régime de familiarité. Des choses en personne », Genèses, 17, p. 72-101.

24 Thévenot (L.), 1998, « Pragmatiques de la connaissance », in Borzeix (A.), Bouvier (A.), Pharo (P.) (dir.), Sociologie et cognition, Paris, CNRS éditions.

25 Thévenot (L.) 1994, « Le régime de familiarité. Des choses en personne », art. cité.

26 Berque (A.), 2000, Ecoumène. Introduction à l’étude des milieux humains, Paris, Belin.

27 Lamont (M.), Thévenot (L.) (dir.), 2000, Rethinking comparative cultural sociology. Repertoires of Evaluation in France and the United States, Cambridge, Cambridge University Press.

28 Breviglieri (M.), 1997, « La coopération spontanée. Entraides techniques autour d’un automate public », in Conein (B.), Thévenot (L.) (dir.), « Cognition et information en société », Raisons pratiques, p. 123-148.

29 Blondiaux (L.), 2001, « Démocratie de proximité et participation citoyenne : la promesse et le piège », Mouvements 13, p. 44-51.

30 Autour de Laurent Thévenot, ce programme réunit Nicolas Auray, Marc Breviglieri, Romuald Normand, Luca Pattaroni et Joan Stavo-Debauge. Le programme collectif « Analytique du trouble urbain », animé par Marc Breviglieri et Danny Trom, s’intéresse plus particulièrement aux notions de perception et de trouble. Y participent également Pedro Garcia-Sanchez et Joan Stavo-Debauge.

31 Sennett (R.), 1979, Les tyrannies de l’intimité, Paris, Seuil.

32 Briquet (J.-L.), 1997, La tradition en mouvement. Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin.

33 Lascoumes (P.), 1999, Corruptions, Paris, Presses de Sciences Po.

34 Battegay (A.), Boubeker (A.), 2001, « L’action associative des jeunes maghrébins. Entre affirmation d’un droit de cité et pratiques urbaines », Les annales de la recherche urbaine, 89, p. 95-101.

35 Lafaye (C.), Flanquart (H.), 2001, « La figure de l’habitant et du citoyen dans les dispositifs de participation dunkerquois », in Blais (J.-P.), Gillio (C.), Ion (J.) (dir.), Cadre de vie, environnement et dynamiques associatives, Paris, Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, p. 35-45.

36 Breviglieri (M.), 2001, « L’étreinte de l’origine. Attachement, mémoire et nostalgie chez les enfants d’immigrés maghrébins », Confluences Méditerranée, 39, p. 37-47.

37 Henon (P.), Thiebault (A.), 1981, Levallois, histoire d’une banlieue, Bruxelles, Pierre Mardaga éditeur.

38 Gervaise (P.), 1991, « Les “passages” à Levallois-Perret : ruelles pauvres en banlieue », in Faure (A.) (dir.), Les premiers banlieusards. Aux origines des banlieues de Paris, 1860-1940 (rencontres à Royaumont), Paris, éd. Céraphis, p. 120-163.

39 Voir Carrel (M.), 2004, Faire participer les habitants ? La politique de la ville à l’épreuve du public, thèse de doctorat, Paris, Université Paris V, ainsi que la contribution de Magali Nonjon au présent ouvrage.

40 Pourcher (Y.), 1991, « Tournée électorale », L’Homme, XXXI (3), p. 61-79.

41 Blatrix (C.), 1997, « Le référendum local, une procédure de démocratie participative ? Bilan et perspectives », in Gaxie (D.) (dir.), Luttes d’institutions : enjeux et contradictions de l’administration territoriale, Paris, L’Harmattan, p. 233-269.

42 Lefebvre (R.), 2004, « S’ouvrir les portes de la ville. Ethnographie des porte-à-porte de Martine Aubry à Lille », in Lagroye (J.), Lehingue (P.), Sawicki (F.) (dir.), Mobilisations électorales, le cas des municipales, Paris, PUF.

© Presses universitaires de Rennes, 2005

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