La paix par la Société des Nations ? Les évolutions du pacifisme français dans les années 1920

Jean-Michel Guieu

p. 163-179


Texte intégral

« Il faut croire à la Société des Nations, profiter de toute circonstance, même et surtout adverse, pour la servir. Elle ne vivra que si nous la faisons vivre ; […] la Société des Nations ne sera qu’une institution humaine ou ne sera pas1. »

1Ainsi Paul d’Estournelles de Constant exprime-t-il, au début des années 1920, son soutien enthousiaste à la nouvelle organisation internationale née de la Conférence de la Paix. Cette Société des Nations (SDN) n’est-elle pas d’ailleurs en grande partie le fruit des efforts menés par les pacifistes avant-guerre ? Les militants pour la paix sont unanimes à le penser : l’Association de la paix par le droit (APD)2, l’une des plus anciennes et importantes sociétés pacifistes, n’hésite pas à proclamer que la SDN « édifiée par d’autres mains que les nôtres, est en réalité l’œuvre des pacifistes3 » :

« Si, en quelques semaines, la Conférence de la Paix a pu élever cette construction complexe et savante, c’est qu’une doctrine précise existait, déjà élaborée et suffisante pour inspirer des réalisations précises. […] Doctrine que les sociétés de la paix, en leurs congrès internationaux, ont développée sans relâche et amenée à un tel degré de maturité que les hommes d’État, pour aboutir, n’ont eu qu’à en adopter et en coordonner les conclusions4. »

2Si les pacifistes sont donc nombreux à revendiquer la paternité de la nouvelle institution, la naissance de cette dernière ne va pas sans constituer un redoutable défi pour l’avenir du mouvement de la paix : d’une part, parce qu’en réalisant en partie leurs revendications d’avant-guerre, elle impose désormais aux pacifistes de repenser leur doctrine ; d’autre part parce qu’elle suscite le développement et la concurrence d’un pacifisme nouveau (dit « genevois » ou « sociétaire5 ») qui entend se consacrer plus particulièrement au soutien de la nouvelle organisation et qui attire vers lui des figures bien connues de la cause pacifiste, tels Léon Bourgeois, Paul d’Estournelles de Constant, Théodore Ruyssen ou Jules Prudhommeaux.

3La Société des Nations est donc devenue, durant la guerre et l’immédiat après-guerre, l’un des sujets majeurs qui agitent les milieux pacifistes, et elle pose inévitablement la question de leur réorganisation : le combat pour la paix doit-il désormais se transformer en un combat pour la Société des Nations, ne reposant non pas seulement sur le soutien énergique à la nouvelle institution, mais aussi sur la volonté d’en hâter un développement plus conforme aux aspirations pacifistes, l’œuvre de la Conférence de la paix étant jugée fort imparfaite ? C’est en tout cas l’idée que défend le nouveau pacifisme « sociétaire » qui rêverait de réorganiser sur ces bases le mouvement pacifiste et d’en assumer désormais la direction.

Les pacifistes français et la Société des Nations

De la guerre pour le droit au combat pour la Société des Nations

4Le premier conflit mondial place les pacifistes, qui approuvent massivement la participation à la guerre, dans une situation étrange. Loin de considérer le déclenchement des hostilités comme la défaite de leur action passée, ils estiment au contraire qu’elle vient justifier leur combat. Dès le 10 août 1914, la rédaction de La Paix par le Droit écrit de manière éloquente : « Nous avons conscience de ne pas nous être trompés6. » Et tout au long de la guerre, les apôtres du pacifisme juridique ont la conviction que l’histoire leur rendra raison et qu’ils ne doivent pas rougir des efforts qu’ils ont menés avant le cataclysme, notamment « l’œuvre de La Haye » qu’un Paul d’Estournelles de Constant continue de revendiquer avec fierté :

« N’aurait-elle eu qu’une chance sur mille de réussir, il fallait la soutenir de toutes nos forces ; il fallait saisir ce moyen d’empêcher ou de retarder le déchaînement de la violence sans frein sur le monde. Préparons-nous à la reprendre, en la fortifiant autant que possible des sanctions qui lui manquent : là est la difficulté de demain. […] L’œuvre de La Haye est un commencement d’organisation de la Société des Nations7. »

5Si la guerre a éclaté à l’été 1914 ce n’est pas en raison de l’insuffisance des solutions préconisées par le pacifisme, mais au contraire du fait de la mauvaise volonté des puissances qui ont refusé d’en faire l’essai. C’est pourquoi les pacifistes continuent d’envisager la paix future selon les mêmes principes juridiques qui composent de longue date leur corpus doctrinaire, alors même que la « guerre pour le droit » constitue officiellement le but suprême de l’effort de guerre français. Cette omniprésence de la référence au droit est d’ailleurs interprétée par les pacifistes comme la reconnaissance et la consécration de leur doctrine, puisque celle-ci prétendait essentiellement faire reposer la vie internationale sur des bases juridiques :

« Le droit ! Jamais notion n’a semblé plus claire, plus juste, plus familière ! […] Ce qu’on dénonçait hier comme une creuse idéologie est redevenu, à l’heure du péril, le plus limpide, le plus impérieux des mots d’ordre. […] l’Allemagne a rendu à notre cause un immense service8. »

6Cette guerre étant vue par la propagande officielle, tout comme par de nombreux intellectuels, comme celle du droit – défendu par la France – contre la force – incarnée par l’Allemagne, les défenseurs du pacifisme juridique se font donc en toute bonne conscience les hérauts d’un jusqu’auboutisme belliqueux visant à détruire pour toujours le militarisme prussien et à assurer le triomphe du droit.

7Il reste toutefois à préciser les mécanismes qui permettront de faire régner entre les nations cette paix du droit, et c’est à cette tâche que certains entendent se consacrer, en plein cœur de la lutte, en tentant de définir et de populariser l’idée de « Société des Nations ». La chose est alors particulièrement délicate, en raison de l’hostilité des autorités françaises à tout ce qui pourrait ressembler à un combat pacifiste, c’est-à-dire – dans l’esprit du temps – défaitiste. Les activités pacifistes sont donc étroitement contrôlées et les militants de la paix sont soumis à une surveillance de tous les instants, même ceux qui ne peuvent nullement être soupçonnés de complaisance coupable à l’égard de l’ennemi.

8Certaines organisations contribuent pourtant, en 1915-1916, à lancer en France l’idée d’une Société des Nations. C’est le cas d’abord de l’Association de la paix par le droit (APD), dont la section girondine, adopte, le 12 juin 1915, une déclaration, publiée ensuite en première page du numéro d’octobre 1915 de La Paix par le Droit, qui appelle à la « constitution d’une libre Société des Nations pacifiques, résolues à soumettre leurs différends sans exceptions à l’arbitrage et à mettre leurs forces coalisées au service de la paix générale9 », ce qui exclurait probablement dans l’esprit de Théodore Ruyssen, le principal inspirateur de ce texte, les Empires centraux qui avaient manifesté leur hostilité à l’égard de l’arbitrage obligatoire lors des Conférences de La Haye.

9Mais c’est la Ligue des droits de l’homme (LDH) qui joue dès cette époque un rôle central dans le développement de la propagande en faveur la Société des Nations en France10. Elle est, en effet, la première association à débattre publiquement des « conditions d’une paix durable », lors de son congrès de novembre 1916. En ces temps de censure, elle sert de lieu d’expression à des pacifistes privés de parole publique et le congrès de la LDH prend alors des allures de véritable congrès pacifiste. On vote ainsi, à une large majorité, une résolution déclarant « que de la guerre présente doit naître, par la victoire des Alliés, un ordre international nouveau fondé sur la justice » et conditionnant l’établissement d’une paix durable à la création d’une « Société des Nations11 ». Le texte précise, en outre, les contours de cette future Société des Nations : pratique de l’arbitrage obligatoire étendue à tous les conflits, mise en place de pouvoirs capables de réprimer toute agression, constitution d’une fédération des pays de l’Entente, ouverte aux pays neutres, ébauche de la future Société des Nations.

La naissance d’un pacifisme « sociétaire »

10L’adhésion officielle, à partir de 1916, du président américain Woodrow Wilson à l’idée de Société des Nations incite tous les partisans français d’une telle institution à redoubler d’ardeur pour en préciser la constitution et pour la faire adopter par l’opinion publique. Une véritable mystique wilsonienne s’empare alors de leurs esprits, à l’image d’un Paul d’Estournelles de Constant qui veut, en mars 1917, « saluer […] hautement, chaleureusement et de tout [son] cœur, le Président Wilson, l’homme libre par excellence, le défenseur sans peur et sans reproche des droits de l’homme et du citoyen12 », avant d’ajouter :

« La Société des Nations naîtra de la guerre des Nations, parce que la guerre aura fait ses preuves d’impuissance et d’ignominie, et parce que la Société des Nations sera le seul moyen d’empêcher cette guerre de recommencer. À l’œuvre, mes amis : hâtons-nous d’organiser cette société trop longtemps chimérique ; il faut qu’elle soit demain une réalité. […] Pas d’abstention ! Tout le monde au travail pour cette œuvre de sauvetage universel13 ! »

11Les premières organisations spécifiquement dédiées au combat en faveur de la Société des Nations naissent alors. Un premier mouvement qui entend se dévouer exclusivement à cette tâche se crée en France à la toute fin de 1916 : il s’agit de la « Ligue pour une Société des Nations basée une constitution mondiale », qui reçoit notamment l’adhésion active du pacifiste belge Paul Otlet. La propagande pour une organisation internationale demeure toutefois difficile, même si depuis l’entrée en guerre des États-Unis, la diplomatie française cherche à tenir davantage compte de cette Société des Nations14, puisque c’est l’un des buts de guerre essentiels des Américains. Le gouvernement français finit même par s’y rallier du bout des lèvres, mais reste hostile à toute campagne d’opinion sur ce thème.

12Dans ce contexte, c’est surtout la LDH, du fait de son histoire et de sa solide organisation, qui joue le rôle le plus actif dans ces premiers combats et qui sert en quelque sorte de point de ralliement à tous les efforts dispersés. Son congrès de novembre 1917 permet de préciser de manière approfondie la conception française : ébauche immédiate d’une Société des Nations entre les pays alliés et certains neutres ; application des différentes revendications du pacifisme d’avant-guerre (arbitrage obligatoire et constitution d’une force internationale). Les avis sont néanmoins fort divergents sur l’ampleur des abandons de souveraineté auxquels il faudra consentir pour parvenir à ces fins.

13La Ligue s’emploie surtout à user de toute son influence pour faire naître une puissante association en faveur de la Société des Nations, qui voit finalement le jour à la veille de l’armistice, le 10 novembre 1918, sous la forme d’une Association française pour la Société des Nations (AFSDN) présidée par Léon Bourgeois. Ce dernier y voit certainement l’occasion de redéployer sur le terrain du militantisme privé les efforts qu’il a menés en tant que président de la Commission interministérielle d’études pour la SDN : le plan complet de Société des Nations mis au point par cette dernière avait, en effet, été rapidement enterré, le président du Conseil, Georges Clemenceau, n’accordant qu’un faible intérêt à la future organisation internationale et ne tenant pas, de surcroît, Léon Bourgeois en grande sympathie.

14La direction de l’AFSDN appartient à un Conseil de soixante membres dont la composition manifeste la volonté effective de mêler « sans aucune distinction d’opinion, de croyance ou de parti, les représentants les plus éminents des élites intellectuelles et les délégués les plus autorisés du monde du travail15 », puisque se côtoient députés et sénateurs de gauche comme de droite – dont Paul d’Estournelles de Constant –, représentants du monde ouvrier et du patronat, personnalités religieuses, universitaires et hommes de lettres,… Mais la nouvelle association échoue pourtant à regrouper dans ses rangs tous les partisans français de la Société des Nations, le pacifiste Lucien Le Foyer lui reprochant, par exemple, de ne vouloir créer qu’une « Société des Nations interalliées16 » :

« Cette Société des Nations serait encore un comité de guerre. Ce serait l’instauration de l’hégémonie des Alliés. Neutres et ennemis attendraient à la porte, les uns modestes, les autres suppliants. On verrait les premiers entrer dans l’antichambre et monter les seconds par l’escalier de service. Ce n’est pas la Société des Nations législatrice de la paix. C’est la Société des Nations exécutrice testamentaire de la guerre17. »

15Plus grave, la création de l’AFSDN suscite presque immédiatement l’organisation d’une société rivale, nettement plus orientée à gauche, la « Ligue française pour la société universelle des nations », constituée dès le 19 décembre 1918. Ses principaux promoteurs, le vice-président de la LDH, Victor Basch, le député de l’Aube, Paul Meunier, et l’écrivain Henri Barbusse, reprochent, eux aussi, à Léon Bourgeois de ne pas vouloir réaliser d’emblée une société universelle des nations ouverte à tous les peuples, tout en fustigeant le caractère « un peu disparate » des personnalités regroupées au sein de son association, « qui, à première vue, tout au moins, ne semblaient pas faites pour s’entendre18 ».

La naissance de la Société des Nations entre espoir et déception

16Une fois le Pacte de la Société des Nations adopté par la Conférence de la paix le 28 avril 1919, les partisans français de la Société des Nations, même parmi les plus convaincus, manifestent une certaine déception à l’égard de la jeune institution qui paraît fort peu capable d’offrir des garanties suffisantes à la paix, le Pacte n’ayant ni imposé la procédure de l’arbitrage obligatoire ni créé de force armée internationale. Théodore Ruyssen se dit alors « saisi d’un amer regret à la pensée qu’on pouvait faire mieux encore et que des millions d’hommes sont morts dans l’espoir de préparer à leurs enfants une cité meilleure que celle dont on vient de dresser le plan incertain19 ». L’appel-programme que l’APD adopté fin 1919 se fait l’écho de cette lourde déception :

« Hélas ! De ce rêve grandiose à la réalité, quelle chute ! Assurément, la “Société des Nations” a vu le jour ; elle vagit sur la paille, dans l’étable d’un nouveau Bethléem. C’est un triomphe du Droit. Mais combien pâle et imparfaite est encore cette constitution20 ! »

17Léon Bourgeois est lui-même forcé de reconnaître que les dispositions prévues par le Pacte pour empêcher la guerre sont insuffisantes et que la guerre elle-même, « en droit, n’est pas interdite21 ». De ce fait Paul d’Estournelles de Constant estime que la rédaction des dispositions essentielles du Pacte (articles 11 à 16) est « beaucoup plus superficielle que celle des deux conventions de La Haye pour le règlement pacifique des différends internationaux » et que l’arbitrage n’est « même pas déclaré obligatoire22 ». Non seulement les risques de guerre subsistant, mais encore le Pacte se montre « muet sur la question du désarmement23 ».

18Le Pacte provoque donc de toutes parts une réelle déception par rapport aux espoirs qu’on a placés en lui après plus de quatre années d’une guerre sanglante. Mais à trop le critiquer, certains redoutent néanmoins qu’on finisse par faire le jeu de ses nombreux adversaires déclarés et ils tiennent alors à mettre en garde l’opinion contre une opération de dénigrement trop systématique : Paul d’Estournelles de Constant prévient ainsi que « la démocratie française et toutes les démocraties du monde feraient le jeu de la réaction universelle si elles prenaient leur parti de considérer comme un avortement la création officielle d’une Société des Nations, sous prétexte que cette Société est loin de répondre à ce qu’on en attendait24 ».

La querelle des « Anciens » et des « Modernes »

19Se pose également l’épineuse question de la coopération du mouvement de soutien à la SDN avec les anciennes sociétés pacifistes qui, bien que fort affaiblies par la guerre, ont néanmoins toute légitimité pour s’intéresser à une Société des Nations qu’elles regardent en grande partie comme leur progéniture.

Une certaine méfiance

20Les rapports entre les vieilles sociétés de la paix et les nouvelles associations pour la Société des Nations s’engagent assez mal, ces dernières se montrant peu enclines à revendiquer le terme de pacifisme, tombé dans un certain discrédit en raison des agissements d’une minorité hostile à la « guerre jusqu’au bout », qui ont rendu suspect le vocable même de « pacifisme », officiellement assimilé à la traîtrise et à l’antipatriotisme. C’est pourquoi Léon Bourgeois ne croit pas nécessaire, lorsqu’il fonde l’AFSDN, de se « défendre contre l’accusation de pacifisme. Ceux qui confondent les soldats du droit et les partisans de la paix à tout prix, ne savent ni ce que c’est que le droit, ni ce que sont ceux qui luttent pour le droit25 ».

21Pour sa part, « le pacifisme traditionnel » supporte assez mal la concurrence des nouvelles organisations pour la Société des Nations qui apparaissent alors fort dynamiques. Bien des pacifistes considérant que la création de la SDN a été en grande partie le fruit de leurs efforts passés, s’estiment en quelque sorte dépossédés de leur héritage par le nouveau pacifisme sociétaire. Théodore Ruyssen admet lui-même qu’« entre la fille aînée de la Conférence et les ancêtres du pacifisme il y a plus qu’un air de famille26 ». À croire que « dans le champ de l’idée, les semeurs sont rarement les moissonneurs27 », s’indigne le Bureau international de la Paix (BIP). Au lendemain de sa naissance, les instances internationales du pacifisme se rallient pourtant officiellement à la Société des Nations, en insistant toutefois sur la nécessité de réviser au plus vite son Pacte : sur les recommandations d’Émile Arnaud et de Lucien Le Foyer, le Conseil du BIP adopte ainsi une résolution réclamant que l’ordre du jour de la première Assemblée de la Société des Nations « soit très large et comporte notamment la révision, prévue à son article 26, du Pacte de la Société des Nations28 ».

22Bon nombre de pacifistes sont effectivement, eux aussi, profondément déçus par une Société des Nations qui reste très en deçà de leurs attentes. Mais leurs revendications initiales possédaient un tel caractère idéaliste qu’elles avaient peu de chances d’alimenter les négociations de la Conférence de la paix. La Délégation permanente des sociétés françaises de la paix avait ainsi réclamé une véritable « Fédération des peuples », possédant les « organes législatifs, exécutifs et judiciaires, l’autorité internationale, ou supranationale – la plus haute qui puisse exister – expression de la volonté délibérée et commune des nations [et] pourvue des moyens préventifs et coercitifs nécessaires29 ». Le comité de Paris de la Ligue internationale de la paix et de la liberté avait également publié un projet de pacte assez avancé, rédigé par Gaston Moch et Émile Arnaud, qui envisageait une Société des Nations possédant un Conseil législatif avec des délégués en nombre variable selon les États et majoritairement désignés par voie d’élection, un Conseil exécutif formé de délégués désignés par les gouvernements des États membres, une Cour internationale de Justice, et des sanctions allant de la « mise en interdit », jusqu’à « l’emploi de toutes les mesures militaires et navales des nations associées30 ». Le projet possédait aussi une dimension sociale très marquée, puisque les nations contractantes étaient appelées à « établir et [à] maintenir, sur leurs territoires et dépendances, des conditions de travail équitables et conformes aux besoins de l’humanité et de la civilisation, pour l’homme, pour la femme et pour l’enfant31 ». Les pacifistes pouvaient-ils néanmoins unir leurs forces avec les militants pour la SDN, partageant avec eu le même idéal d’organisation juridique des relations internationales et la même déception à l’égard la jeune Société des Nations, ce qui permettrait d’envisager, avec plus de chances de succès, une révision du Pacte dans le sens de leurs aspirations ?

L’union de tous les pacifistes

23La question des rapports entre les anciennes sociétés pacifistes et le mouvement en faveur de la Société des Nations s’impose en tout cas comme « une question récurrente dans les débats qui animent les sociétés de la paix encore convalescentes32 ». L’APD se montre de loin la plus enthousiaste à enfourcher le combat pour la Société des Nations et la plus désireuse d’apporter sa collaboration au mouvement de soutien à la SDN. Son président, Théodore Ruyssen, reconnaît que le programme de l’AFSDN « se confond très sensiblement avec celui des Sociétés de la Paix33 » : « Il ne s’agit ni d’abdiquer, ni de disparaître, mais de collaborer. Il y a place pour toutes les bonnes volontés dans la préparation de la paix du droit34. » Des propos qui avalisent une situation de fait, puisque Jules Prudhommeaux, la cheville ouvrière de la Paix par le Droit, a rejoint, avant même sa création, les rangs de la future AFSDN dont il sera le très dévoué secrétaire général durant tout l’entre-deux-guerres. Les principaux leaders du pacifisme français d’avant-guerre ont, eux aussi, fait le choix de rejoindre l’AFSDN, à l’instar d’un Paul d’Estournelles de Constant qui y adhère dès les origines et en favorise le développement par l’intermédiaire de la Dotation Carnegie.

24De son côté, le BIP de Berne35 a tendance à considérer que face à la création des associations pour la Société des Nations, « il y aurait grand avantage pour nous à ne point demeurer isolés36 ». Il charge précisément Henri La Fontaine de prendre contact avec Léon Bourgeois pour que le Bureau soit représenté à la conférence internationale de Bruxelles à laquelle doivent participer, en décembre 1919, toutes les associations de soutien à la Société des Nations. La délégation française qui participe à cette conférence incarne elle-même cette volonté « d’unir dans une entente loyale et cordiale ces deux moitiés d’un même mouvement37 » : à côté de l’AFSDN38 et de deux autres ligues en faveur de la Société des Nations (la Ligue pour l’organisation de la Société des Nations présidée par le député Jean Hennessy et la Ligue pour la Société des Nations d’Henri Lepert), elle fait donc place aux sociétés pacifistes d’avant guerre : l’APD est représentée par Jacques Dumas, la Société française pour l’arbitrage entre nations par Jules-Louis Puech, la Ligue internationale de la paix et de la liberté par Émile Arnaud, le Bureau européen de la Dotation Carnegie par Jules Prudhommeaux et la section française de la Conciliation internationale par Auguste Laune.

25L’AFSDN souhaite ardemment « qu’à l’identité du but » entre les deux mouvements « corresponde désormais l’unité des efforts39 ». Théodore Ruyssen lui-même pense qu’il suffirait « de part et d’autre, d’un peu de bonne volonté et de tact pour que cette première prise de contact devienne le point de départ d’une féconde collaboration40 ». Sur l’invitation de l’AFSDN, présidée par Léon Bourgeois, se tient alors, le 2 juin 1920, une assemblée donnant naissance à une Fédération française des associations pour la SDN (FFASDN) regroupant au côté des Associations pour la SDN les cinq principaux piliers du pacifisme juridique d’avant-guerre : l’APD, la Société française d’arbitrage entre les nations, la Ligue internationale de la paix et de la liberté, le Centre européen de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, la section française de la Conciliation internationale. Paul d’Estournelles de Constant est lui-même désigné comme l’un des trois vice-présidents de cette nouvelle Fédération. Cette dernière peut-elle néanmoins aboutir réellement à une profonde réorganisation du pacifisme français sous la bannière du combat pour la paix par la Société des Nations ?

Les limites du rapprochement

26Théodore Ruyssen réclame que la FFASDN organise « un Congrès destiné à grouper – définitivement si possible – tous les éléments des sociétés s’occupant de la Paix et de la Société des Nations, y compris naturellement le pacifisme d’avant-guerre, sa Délégation permanente et ses autres organisations ». Cela serait également pour lui l’occasion de régler un vieux contentieux qui l’oppose à certains des principaux dirigeants du mouvement pacifiste d’avant-guerre, particulièrement Lucien le Foyer, le secrétaire général de la Délégation permanente des sociétés françaises de la paix. Considérant qu’« il ne saurait y avoir sérieusement place pour deux organisations générales du pacifisme en France41 », il s’attaque alors assez violemment à Le Foyer et à sa Délégation permanente (DP), accusés d’avoir été incapables d’organiser jamais la fédération des pacifistes français : « Qu’est-ce donc que la DP ? Peu de chose ; une façade à laquelle sont accrochés quelques noms bien connus, mais derrière laquelle il n’y a à peu près rien, ni effectifs, ni activité, ni ressources42. » Lucien Le Foyer refuse naturellement avec beaucoup d’énergie toute « fusion » ou toute « subordination43 » aux associations pour la Société des Nations, ces dernières ne concernant, selon lui, qu’une partie du programme des vieilles sociétés de paix et étant trop inféodées au pouvoir politique en raison des subsides qu’il leur procure.

« Les sociétés de la paix doivent certes être animées des sentiments les plus amicaux à l’égard des associations pour la SDN. Mais les Sociétés de la Paix ont une mission infiniment plus vaste que les associations pour la SDN. Elles sont antérieures à la guerre et doivent survivre à la guerre. La Société des Nations n’est qu’une partie de leur programme. Ensuite, les associations pour la SDN sont des groupements officieux. Elles ont été fondées, du moins pour les plus importantes d’entre elles, par les hommes au pouvoir ou par leurs amis. Elles sont alimentées par les subsides des gouvernements ou par les fonds de certaines fondations ou de certaines personnalités dévouées à la politique des gouvernements. Ces associations ne sont donc pas libres, elles sont dans la main des Gouvernements44. »

27Le Foyer fait même le choix, en 1922, de créer un nouveau groupement pacifiste concurrent : l’Union populaire pour la paix universelle, liée à l’Union of Democratic control, organisation créée en Grande-Bretagne en 1914, dans le but premier de promouvoir une diplomatie ouverte et un contrôle parlementaire sur la politique étrangère.

28Le pacifisme « genevois » et le pacifisme « ancien style45 » vont donc mener une existence séparée d’un point de vue organisationnel, même si sur le plan des militants, les frontières seront beaucoup moins étanches : parmi les militants les plus engagés au sein du pacifisme « genevois » on rencontre certains des pacifistes les plus actifs d’avant-guerre. Théodore Ruyssen lui-même est élevé à l’une des plus hautes fonctions du mouvement pour la SDN, nommé en juin 1921 secrétaire général de l’Union internationale des associations pour la Société des Nations.

29Même s’il n’a point réussi à regrouper autour de lui l’ensemble des forces pacifistes, le mouvement de soutien à la SDN va néanmoins chercher à poursuivre la mission qu’il s’était assignée dès l’origine : susciter l’adhésion populaire à la Société des Nations en en faisant connaître tous les bienfaits, tout en travaillant à la faire évoluer dans le sens des conceptions françaises, celles-là même qui avaient été écartées lors des discussions de la Conférence de la paix. Une tâche pour le moins ambitieuse qui s’avéra bien difficile à réaliser…

Les destinées du pacifisme sociétaire dans les années 1920

La conquête difficile de l’opinion publique

30Une grande partie de l’opinion publique française était, en effet, plutôt indifférente, voire hostile, à la nouvelle institution siégeant sur les bords du Léman. Les associations de propagande pour la SDN eurent donc un défi considérable à relever, celui de conquérir leurs concitoyens à l’idéal de Genève, on pourrait même dire de « convertir » l’opinion publique à la Société des Nations, tant les principaux dirigeants de ces groupements étaient guidés par un véritable messianisme laïc en faveur de la paix par le droit.

31La Société des Nations devait donc « être la fille de l’opinion publique, libérée de l’emprise des mauvais bergers, et consciente de sa force46 ». On ne pouvait guère, en effet, compter sur la bonne volonté des États pour la fortifier : les mieux disposés d’entre eux ne la prenaient pas suffisamment en compte, tandis que les autres poursuivaient « une œuvre silencieuse, mais obstinée, d’obstruction, pour ne pas dire de sabotage47 ». La conviction des associations militantes était donc que le développement de la SDN était suspendu à une adhésion populaire massive : selon Léon Bourgeois, la Société des Nations « puissance morale, c’est-à-dire puissance d’opinion, ne [serait] vraiment assurée de l’avenir et vraiment en possession d’une souveraine influence, que si l’opinion publique tout entière, l’ayant enfin comprise, lui [apportait] sa définitive adhésion48 ». Les militants pour la SDN envisageaient donc leur tâche comme celle de faire mieux connaître et « aimer la Société des Nations », et ainsi de « préparer l’atmosphère morale » nécessaire à la SDN pour « la pleine réalisation de sa mission49 ».

32Au regard des faibles moyens dont disposaient les associations de propagande pour la SDN, l’objectif était fort ambitieux et n’avait que peu de chances d’être atteint. Le mouvement français de soutien à la SDN ne rassembla jamais, en effet, même au temps de sa splendeur (à la fin des années 1920), que quelques milliers de sympathisants tout au plus, ce qui était bien inférieur au cas britannique, qui regroupait 650 000 membres en 1928. Le mouvement français pour la SDN ne suscita donc jamais un militantisme de masse, ce qui n’était pas sans éveiller chez ses dirigeants un véritable complexe d’infériorité par rapport au voisin britannique…

33D’autant plus que les pacifistes genevois furent progressivement concurrencés au cours des années 1920 par une tendance beaucoup plus « radicale », qui opposait « le “pacifisme d’action” au “pacifisme immobiliste et timoré”50 ». Jules Prudommeaux dut ainsi constater, à la fin de la décennie une « divergence de vues qui, de plus en plus, s’accuse, dans les rangs des pacifistes, entre les “modérés”, résolus encore, non sans un peu d’inquiétude, à faire confiance aux fondés de pouvoirs des États délibérant à Genève et les intransigeants de la paix51 ».

Les handicaps du pacifisme sociétaire

34L’une des principales faiblesses présentées par le pacifisme sociétaire était sa tendance à sa division, voire même à son émiettement, en de nombreuses structures de propagande, plus ou moins enchevêtrées, et incapables de fusionner en une seule organisation puissante, malgré les nombreux efforts tentés en ce sens. La Fédération française des associations pour la SDN n’est qu’une simple façade destinée à masquer les divisions du mouvement français yeux de ses homologues étrangers. Elle compte au cours des années 1920 jusqu’à quatorze associations membres qui se réclament de l’idéal genevois : associations créées spécifiquement pendant la guerre en vue de défendre l’idée de Société des Nations ; groupements pour la SDN qui s’adressent spécifiquement à certains milieux (étudiants, féministes, francs-maçons) ; sociétés de paix fondées avant-guerre ; associations à caractère confessionnel, représentant les milieux protestants ou catholiques ; associations œuvrant au rapprochement des peuples européens, telles l’Union douanière européenne ou les Amitiés internationales… Les organisations françaises de soutien à la SDN sont donc des états-majors sans soldats et la faiblesse de leurs adhérents entraîne un manque chronique de ressources que ne compensent pas les subventions officielles qui les font en grande partie vivre. Cette dépendance financière limite donc considérablement leur capacité d’influence sur les pouvoirs publics. Les services du Quai d’Orsay (Service français de la SDN) n’ont d’ailleurs qu’une opinion fort nuancée sur l’action de ces groupements auxquels ils reprochent leur incapacité à s’unir.

35Le recrutement des militants pour la SDN reste confiné à certaines couches de la société, essentiellement la petite ou moyenne bourgeoisie, ce qui n’empêche pas que certains possèdent une origine sociale et une fortune personnelle beaucoup plus considérables. Les organes directeurs de ces associations sont essentiellement aux mains d’une petite élite intellectuelle, intéressant mélange d’agrégés de l’université, dont beaucoup sont issus de l’École normale supérieure, et de docteurs en droit, ces derniers embrassant généralement la profession d’avocat ou de professeur d’université, si ce n’est la carrière politique. Du fait des origines sociales de leurs membres, les associations pour la SDN ne sont donc pas vraiment enclines à remettre en cause l’ordre social, et leurs aspirations demeurent assez mesurées et elles ne parviendront jamais à faire pénétrer profondément leur propagande dans les milieux populaires.

36Le mouvement pour la SDN clame de surcroît son apolitisme et prétend se situer au-dessus des considérations de parti, à l’instar de l’un de ses zélateurs, Pierre Cot, qui déclare que « l’idée qui préside à l’organisation de la Société des Nations est trop grande et trop belle pour être inféodée à aucun parti politique52 ». Mais en réalité il est dirigé par des hommes issus d’une gauche relativement modérée : le parti radical-socialiste (et ses alliés) constitue ainsi le noyau dur du militantisme genevois, et la convergence est forte entre la politique extérieure défendue par les radicaux et la doctrine soutenue par les militants de la SDN. Cette identification trop nette entre gauche laïque et engagement pro-SDN dissuade d’ailleurs bien des concours, notamment celui de la droite, qui déjà largement sceptique face au nouveau type de diplomatie incarné par Genève, ne peut qu’hésiter à donner son adhésion à des organisations trop marquées à gauche. Ainsi se trouve compromis l’apolitisme revendiqué par la plupart des groupements et qui favoriserait un recrutement plus diversifié des militants.

Une influence variable

37La capacité de ces organisations à influer sur le cours de la politique extérieure de la France n’est cependant pas négligeable, même si à certaines époques leur action consiste surtout à se faire le relais de la diplomatie française au sein des instances internationales du pacifisme sociétaire. Elles sont d’ailleurs particulièrement soucieuses d’entretenir des rapports étroits avec les sphères décisionnelles françaises, d’autant que leur composition fait la part belle aux parlementaires et aux délégués officiels de la France à Genève.

38Toutefois, au lendemain de la guerre, bon nombre de militants se situent dans une opposition déclarée au Bloc National dont ils rejettent la politique étrangère : même s’ils considèrent que le traité de Versailles est conforme au Droit et à la Justice, ils sont nombreux à en réclamer une application plus souple, afin de soutenir la jeune et fragile démocratie allemande. Il ne faut nullement s’en tenir à « l’exigence d’une exécution pharisaïque des traités. […] Ne bouleversons pas les actes diplomatiques, mais évitons de les brandir à tout moment53 ». Ils définissent donc les bases plus raisonnables sur lesquelles devrait reposer la politique extérieure de la France : le rapprochement avec ses alliés et l’utilisation moins timorée de l’organisation de Genève.

39Avec la victoire du « Cartel des gauches » en 1924, les pacifistes genevois ne manquent pas, au contraire, de saluer les nouvelles orientations de la politique française, voulant croire « que la France a rompu décidément avec la politique du Bloc national et de M. Poincaré » et qu’elle est entrée « par l’esprit nouveau, dans une ère nouvelle54. L’action de l’AFSDN se trouve dès lors profondément transformée, au risque de « se donner les allures d’une institution officielle recevant son mot d’ordre du gouvernement.

40Qu’elle sache rester elle-même et sauvegarder jalousement son indépendance55 », lui demande Émile Borel.

41Alors que Genève connaît l’apogée de son rayonnement dans la seconde moitié des années 1920, les associations pour la Société des Nations contribuent pour leur part à entretenir un climat favorable aux efforts entrepris par Aristide Briand en faveur de la réconciliation européenne. Elles marchent désormais, dans toute la diversité de leurs composantes, derrière l’inamovible ministre des Affaires étrangères, considéré comme l’incarnation de « la France généreuse et bienfaisante, telle qu’on l’attendait, telle qu’on l’appelait passionnément », comme « le porte-parole d’un monde nouveau, fait d’ordre, de justice, d’intelligence et de compréhension », possédant « la largeur de vues d’un citoyen du monde, la perspective d’un historien, la patience d’un sage56 ». Les militants pour la SDN ne peuvent que se réjouir de voir l’institution genevoise occuper enfin une place centrale dans la politique extérieure française. Ils demeurent toutefois lucides sur les lacunes de l’œuvre de Briand, tels le Pacte Briand-Kellogg assorti d’aucune sanction ou le projet de fédération européenne dont on redoute qu’il aboutisse à vider la SDN de sa substance.

42Ultime espoir de consolider la paix par la sécurité collective, à un moment où le ciel semble s’obscurcir, les associations genevoises vont jeter toutes leurs forces, au début des années 1930, dans la bataille en faveur du désarmement et soutenir farouchement les plans présentés par la France lors des discussions de Genève. Le 18 décembre 1932, l’assemblée générale de l’AFSDN adopte ainsi une motion souhaitant que « la France contribue à ce que la première Conférence du désarmement réalise des réductions substantielles d’armements, supprime la fabrication privée des armes et des munitions, liée à une organisation réelle de la solidarité et de la sécurité de tous les pays57 ».

43Au total, le pacifisme « genevois » constitue surtout, comme on le voit, une adaptation du pacifisme juridique de la Belle Époque aux nouvelles conditions de la vie internationale au lendemain de la Grande Guerre, marquées par le triomphe apparent du droit international et la mise en place d’un ensemble d’institutions fondées sur le multilatéralisme. Les continuités sont donc fortes avec le mouvement pacifiste d’avant-1914, en termes d’hommes – à l’image de l’engagement de Paul d’Estournelles de Constant en faveur de la Société des Nations – et aussi de doctrine, car c’est toujours la foi dans les méthodes du pacifisme juridique (« la paix par le droit ») qui anime les militants pour la SDN. Ces derniers se réclament donc d’un « internationalisme constructeur et juridique, par là réellement efficace et pacificateur58 », qu’ils entendent opposer à un « internationalisme bêlant » ou à « un pacifisme mystique, très pratiqué par les vieilles filles anglo-saxonnes et par les vieilles barbes de 1848, qui consiste à implorer le ciel de changer le cœur des hommes, de façon que l’humanité puisse se fondre dans un vaste baiser Lamourette59 ». Ils considèrent que « la paix demande à être préparée comme la guerre. Le succès de la paix dépend d’une technique de paix. Cette technique, c’est par la Société des Nations qu’on peut la fonder60 ».

Notes de bas de page

1 D’Estournelles de Constant P., Que devient la Société des Nations ?, Paris, Grasset, 1920, p. 3.

2 Sur l’Association de la paix par le droit, on pourra notamment consulter Rémi Fabre, « Un exemple du pacifisme juridique, Théodore Ruyssen et le mouvement de la paix par le droit », Vingtième Siècle, no 39, 1993, p. 38-54 ; Norman Ingram, « Pacifisme ancien style, ou le pacifisme de l’Association de la paix par le droit », Matériaux pour l’histoire de notre temps, janvier-mars 1993, p. 2-5, et du même auteur The Politics of Dissent, Pacifism in France 1919-1939, Oxford, Clarendon Press, 1991.

3 « Appel programme » rédigé par le comité directeur de l’Association de la paix par le droit, La Paix par le Droit, janvier-février 1920, p. 3.

4 Idem.

5 Sur l’histoire du militantisme pour la Société des Nations en France, voir Christian Birebent, Militants de la paix et de la SDN, Les mouvements de soutien à la Société des nations en France et au Royaume-Uni 1918-1925, Paris, L’Harmattan, 2007 ; Jean-Michel Guieu, Le Rameau et le Glaive. Les militants français pour la Société des Nations, Paris, Presses de Sciences-Po, 2008.

6 « À nos lecteurs », La Paix par le Droit, août-septembre 1914.

7 D’Estournelles de Constant P., « L’Œuvre de la Haye », La Paix par le Droit, novembre 1917, p. 376-377.

8 Ruyssen T., « La voie droite », La Paix par le Droit, 10-25 octobre 1914, p. 516-517.

9 « Le problème de la paix durable », La Paix par le Droit, 10-25 juin 1915, p. 382.

10 Sur l’histoire de cette organisation, voir Emmanuel Naquet, La Ligue des Droits de l’Homme, une association en politique (1898-1940), thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Serge Berstein, Institut d’études politiques de Paris, 2005.

11 « Congrès de la Ligue (1916) – Résolutions adoptées – Les conditions d’une paix durable », Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’homme, janvier 1917, p. 5.

12 Lettre de Paul d’Estournelles de Constant à M. Baylet, président de la fédération girondine de la Ligue des droits de l’homme, mars 1917, publié dans le Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’homme, 1er-15 mai 1918, p. 285.

13 Ibid., p. 285-286.

14 Cf. Scott G. Blair, La France et le pacte de la Société des Nations : le rôle du gouvernement français dans l’élaboration du pacte de la Société des Nations, 1914-1919, thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Maurice Vaïsse, université Paris 1, 1992.

15 Discours de Léon Bourgeois prononcé le 10 novembre 1918 lors de l’assemblée générale constitutive de l’Association française pour la SDN, cité dans Léon Bourgeois, Le pacte de 1919 et la Société des Nations, Paris, Eugène Fasquelle, Editeur, 1919, p. 55-56.

16 Mundaneum (Mons), Mundapaix 17, dossier 118, Lucien Le Foyer, « Le plan de la paix », La Vérité, 19 décembre 1918, p. 1.

17 Idem.

18 Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine), F7/13416, Réunion organisée par la « Ligue pour la société universelle des nations », 31 janvier 1919.

19 Ruyssen T., « La naissance de la Société des Nations », La Paix par le Droit, mai-juin 1919, p. 247 et 251.

20 « Appel programme », art. cité, p. 2.

21 Bourgeois L., Le traité de paix de Versailles, Paris, Librairie Félix Alcan, 2e édition, 1919, p. 28.

22 D’Estournelles de Constant P., « Ce que peut valoir le pacte de la Société des Nations », Bulletin officiel de la Ligue des droits de l’homme, 15 mai 1919, p. 454.

23 Ibid., p. 445.

24 Ibid., p. 426.

25 Discours prononcé par Léon Bourgeois lors de l’assemblée générale constitutive de l’Association française pour la SDN, 10 novembre 1918, in Bourgeois L., Le pacte de 1919…, op. cit., p. 62.

26 Ruyssen T., « La naissance de la Société des Nations », art. cité, p. 246.

27 « Conférence de Bruxelles sur la Société des Nations », Le mouvement pacifiste, juin-décembre 1919, p. 61.

28 Idem.

29 « La Délégation permanente des sociétés françaises de la paix », La Paix par le Droit, janvier 1919, p. 52.

30 « La Ligue de la paix et de la liberté et la Société des Nations », Le Mouvement pacifiste, janvier-mai 1919, p. 25.

31 Ibid., p. 24.

32 Ruyssen T., « Le renouveau du pacifisme et le Bureau international de la Paix », La Paix par le Droit, septembre-octobre 1919, p. 416.

33 Ruyssen T., « Une association française pour la société des Nations », La Paix par le Droit, septembre-octobre 1918, p. 305.

34 Ibid., p. 305-306.

35 Sur le BIP, cf. Enrica COSTA BONA, « Le Bureau international de la paix et la Société des Nations », in Marta Petricioli und Donatella Cherubini (dir.), Pour la paix en Europe. Institutions et société civile dans l’entre-deux-guerres, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2007, p. 19-39 ; du même auteur, Il Bureau international de la paix nelle relazioni internazionali (1919-1939), Padoue, CEDAM, 2010.

36 Archives de la Société des Nations (Genève), Fonds Bureau international de la paix, carton no 400, Session du conseil du BIP, séance du mardi 2 septembre 1919 matin.

37 Association française pour la Société des Nations, Compte rendu des travaux de la troisième conférence des associations des pays alliés et neutres pour la Société des Nations tenue à Bruxelles les 1er, 2 et 3 décembre 1919, 1920, p. 13.

38 Largement représentée par Léon Bourgeois, Paul Appell, le vice-amiral Fournier, Ferdinand Buisson, Paul Doumer, Auguste Keufer, Albert Geouffre de Lapradelle, Raphaël-Georges Lévy, Pierre Renaudel, Georges Risler, Albert Thomas, Léon Robelin, Melle Milliard, et Jules Prudhommeaux.

39 AFSDN, Compte rendu des travaux de la troisième conférence…, op. cit., p. 13-14.

40 Ruyssen T., « Le renouveau du pacifisme… », art. cité, p. 416.

41 Ruyssen T., « À propos du IXe Congrès national de la paix », La Paix par le Droit, mai-juin 1921, p. 220.

42 Ibid., p. 219.

43 Archives de la Société des Nations (Genève), Fonds Bureau international de la paix, carton no 400, procès-verbal de la réunion du Conseil du Bureau, Luxembourg, 10 août 1921.

44 Ibid.

45 Selon la formule de Norman Ingram. Voir notamment son article « Pacifisme ancien style », art. cit., p. 2-5.

46 Scelle G., « L’organisation d’une autorité publique internationale doit aboutir à la suppression des guerres », Le Progrès civique, 29 janvier 1921, p. 14.

47 Ruyssen T., « Le programme d’action de la Paix par le Droit », Rapport présenté le 31 octobre 1928 au congrès de l’Association de la paix par le droit, La Paix par le Droit, janvier 1929, p. 12.

48 Union internationale des Associations pour la Société des Nations, Les Associations pour la Société des Nations et leur union internationale, Raison d’être – Activité – Résultats acquis, tract rédigé par Théodore Ruyssen, sans date, p. 13.

49 « Délégation auprès du président de la neuvième Assemblée », Bulletin de l’Union internationale des Associations pour la Société des Nations, octobre-décembre 1928, p. 9.

50 « Les associations pacifistes », Politica, septembre 1924, p. 529.

51 Prudhommeaux J., « Groupe lyonnais de la Paix par le droit. Une conférence de Th. Ruyssen », La Paix par le Droit, avril-mai 1929, p. 203.

52 Archives du ministère des Affaires étrangères (La Courneuve), fonds 110, dossier 143, discours de Pierre Cot, 11 mars 1923.

53 Ruyssen T., « Révision ? Non : mise au point », Cahiers des Droits de l’Homme, 10 août 1922, p. 376.

54 Aulard A., « Esprit nouveau, ère nouvelle », La Dépêche, 29 août 1924, p. 1.

55 Association française pour la Société des Nations, Procès-verbal de l’assemblée générale du 14 décembre 1924, p. 15.

56 Prudhommeaux J., « Aristide Briand », Cahiers des Droits de l’Homme, 20 mars 1932, p. 173.

57 Motion de l’assemblée générale de l’AFSDN publiée dans Pour la paix par la SDN, no 12, 1933.

58 Georges Scelle, « Internationalismes et internationalisme », La République, 18 août 1923, p. 14.

59 Ibid., p. 13.

60 De Jouvenel H., Discours prononcé le 23 octobre 1927 à Clermont-Ferrand au congrès fédéral des associations d’anciens combattants, La Paix par le Droit, janvier 1928, p. 47.


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