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Morales en révolutions

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Sébastien Hallade

Quatrième partie. Une morale de l'action : de la conspiration à la révolte

Une morale de l’ombre ? L’éthique du conspirateur révolutionnaire au XIXe siècle, de Buonarroti à Blanqui

Jean-Noël Tardy

Texte intégral

  • 1 Les titres de leurs biographies sont éloquents : Eisenstein E., The first professional revolutioni (...)

1Le XIXe siècle voit l’émergence d’une figure originale de révolutionnaire, préparant dans l’ombre des sociétés secrètes la prise de pouvoir : le conspirateur ou révolutionnaire professionnel, incarné par des individualités comme Buonarroti ou Blanqui pour ne citer que les plus fameuses. Philippe Buonarroti comme Louis-Auguste Blanqui, qui a subi son influence, sont partisans d’une révolution politique mais également sociale, espérant l’avènement d’une société égalitaire. Ils consacrent leur vie à cette double réalisation. Ce nouveau type de révolutionnaire hante l’imaginaire des sociétés et déchaîne les passions les plus contradictoires, y compris parmi les adversaires de l’Ancien Régime1. Contrairement aux journalistes, députés et orateurs qui agissent conformément aux exigences de transparence des Lumières, les conspirateurs évoluent hors de l’espace public, abrités par un secret qui semble les affranchir de toute morale.

2Pourtant, peu d’acteurs politiques ont pris soin de justifier leurs actes autant que les membres des sociétés secrètes. Une éthique du conspirateur, alternative à la morale sociale et politique de l’Ancien Régime, s’élabore au cours du siècle. Elle participe de l’effort théorique pour penser la politique en dehors du catholicisme et de la tradition. Les carbonari, ennemis de la Restauration, comme les républicains des sociétés secrètes opposés à la Monarchie de Juillet et à l’Empire, ont cherché à faire vivre en leur sein une certaine conception de la Révolution. Leurs règlements et leurs rituels s’inspirent de l’héritage sans cesse redéfini des Lumières, puis des théories des premiers socialistes. Mais ces doctrines philosophique préfèrent généralement la transparence au secret et la morale des conspirateurs se doit de dépasser cette contradiction. Liée aux évolutions de la société qu’ils prétendent transformer, la morale des conspirateurs s’adapte et révèle les mutations idéologiques des partisans de la révolution du XIXe siècle.

Morale politique et conspiration, l’ombre de Machiavel

3Les conspirations ne sont pas nées avec la Révolution française. La lutte occulte pour le pouvoir est une constante des systèmes politiques organisés. L’Ancien Régime voyait la monarchie contestée par les ambitions des grands, seuls acteurs politiques légitimes à pouvoir entrer en compétition avec le monarque. Avec le triomphe du pouvoir royal, la conspiration devient un sujet d’horreur. Jean-Claude Waquet s’est livré à une étude lexicologique des mots « conspiration », « conjuration », « complot », « cabale » aux XVIIe-XVIIIe siècles. Il conclut qu’ils évoquent la trahison, la faute morale :

  • 2 Waquet J.-C., La conjuration des dictionnaires, vérité des mots et vérités de la politique dans la (...)

« La seule évocation de ce que nos quatre mots désignent, suscite ordinairement chez les écrivains du Grand Siècle des réactions de peur, d’horreur ou d’exécration : cabale qu’il faut “craindre”, “effroyable” conspiration, “horrible” complot, “détestable” conjuration. Les autres adjectifs qui qualifient ces termes sont accusateurs : le registre sur lequel ils jouent, est tantôt celui de la méchanceté, de la noirceur et de la cruauté, tantôt celui de la vanité, de la présomption, de la déraison, de la dissimulation et de la perfidie, tantôt encore celui du danger, de la destruction et de la mort2. »

  • 3 Sur la réception de Machiavel en France, voir : Cherel A., La pensée de Machiavel en France, Paris (...)

4Les seuls mobiles des conspirateurs sont la soif de pouvoir et la poursuite de leurs intérêts personnels, à tout prix. Ils sont ainsi souvent qualifiés de disciples de Machiavel, à la réputation détestable en France depuis le XVIe siècle, et dont la pensée est réduite à la maxime, « la fin justifie les moyens3 ». Mais la République a également pourchassé les conspirations réelles ou imaginaires des royalistes durant la Terreur. Sous la Restauration, la conspiration est une pratique réprouvée par toutes les sensibilités politiques. Seul un courant républicain héritier de Babeuf avec pour principal chef Buonarroti croit en la société secrète comme moyen révolutionnaire mais il est très minoritaire.

  • 4 Spitzer A. B., Old Hatred and Young Hopes, the French Carbonari against the Bourbon Restauration, (...)
  • 5 De La Serve N., De la Royauté selon les lois divines révélées, les lois naturelles et la Charte co (...)
  • 6 Voir la biographie de Imhaus P., Robinet de la Serve, l’énergumène créole, Paris, Michel de Maule, (...)

5C’est pourquoi les carbonari français, à l’origine des principales conspirations de 1821 à 1823 se sont longuement justifiés de leur recours au complot. Ces hommes, à la culture juridique solide, adhèrent à la philosophie des droits naturels et à la théorie de la résistance à l’oppression4. En 1819, un jeune avocat, Robinet de la Serve, fait paraître son traité politique : De la Royauté selon les lois divines révélées, les lois naturelles et la Charte constitutionnelle5. Le droit de résistance est au cœur du livre : deux chapitres lui sont explicitement consacrés, mais de fait, l’ensemble de l’ouvrage discute de la légitimité de l’autorité et de la révolte populaire. Robinet de la Serve minore l’importance de l’épître de Saint Paul aux Romains, puis, pour défendre le droit à l’insurrection, convoque successivement Aristote, Grotius, Puffendorf, Barbeyrac, Vatel, Locke le plus longuement cité, Burlamaqui, Montesquieu, Filangiéri, Noodt, Algernon Sidney, Abbadie, Mably, Ferguson... L’essai est unanimement salué dans la presse libérale6. Après 1820 et l’accession au pouvoir de Villèle, Robinet de la Serve rejoint rapidement la Charbonnerie française. Il est impliqué en 1822 dans l’envoi de lettres de menaces aux jurés du procès des quatre sergents de la Rochelle.

  • 7 St.-A. B... d, « Des conspirations et des coups d’état », L’Aristarque français, journal du soir, (...)

6Le jeune Saint-Amand Bazard, membre fondateur et chef de la Charbonnerie, justifie également son recours à la conspiration. Il cherche à dépasser la condamnation conservatrice des complots mais tient également à justifier la répression des conspirateurs royalistes sous la première République. Dans le journal L’Aristarque, le 14 mars 1820, il expose sa théorie : si des particuliers s’en prennent à la constitution d’un pays, il y a conspiration et lorsqu’il s’agit d’un gouvernement, il y a coup d’État. L’article signale la loi du double vote comme une mesure contraire à la constitution et Bazard estime que les citoyens « se trouvent, vis-à-vis du gouvernement, dans la position où le gouvernement se trouverait lui-même vis-à-vis de conspirateurs7 ». Son raisonnement répond parfaitement à une contradiction douloureuse pour ce jeune admirateur de Rousseau. Il a le mérite de justifier à la fois la répression des conspirations royalistes et la lutte contre un gouvernement oppresseur.

7La vague des conspirations de la Charbonnerie impose un changement de représentations. Le discours contre les ambitieux et les intrigants peut s’appliquer aux chefs de l’organisation, les députés de l’opposition, Lafayette ou Manuel en premier lieu, mais il est plus malaisé de comprendre quelles ambitions pouvaient nourrir de simples sergents ou des avocats de province pour justifier le risque de se retrouver sur l’échafaud. Les morts courageuses du capitaine Vallé à Toulon, des quatre sergents de la Rochelle à Paris démentent objectivement les allégations d’opportunisme. Vallé refuse de dénoncer ses amis et porte un toast à la France avant de mourir. Les quatre sergents sont exécutés à Paris au cri de « Vive la liberté ».

8La représentation conservatrice de la conspiration cesse de dominer après 1827. Le romantisme littéraire, longtemps hostile à la modernité révolutionnaire, s’intéresse à la figure du conspirateur politique en lutte contre la tyrannie. Au théâtre, des pièces comme la série des Guillaume Tell, le Marino Faliero de Casimir Delavigne, dans une moindre mesure Hernani de Hugo présentent les conspirations comme justifiables sinon légitimes. La chute de Charles X entraîne la réhabilitation des conspirateurs de la Restauration et après 1830, le conspirateur devient même une figure à la mode. Charles Nodier, un des hommes de lettres les plus influents de la jeune école, formule la psychologie de ce conspirateur nouveau : prêt à tous les sacrifices pour un idéal, il est sans scrupules quant aux moyens d’agir. Le général Malet est à ses yeux le type même de ce nouveau personnage cessant :

  • 8 Nodier C., Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l’histoire de la Révolution et de l’Empi (...)

« d’être tout ce que la nature et la société l’avaient fait, pour devenir, de son choix, l’instrument aveugle d’une fatalité qui ne reconnaît ni penchants ni devoirs ; c’est que la distinction du bien et du mal s’efface à ses yeux pour faire place à une idée fixe dont le reste des hommes n’ont pas le secret8 ».

9Au même moment, la figure de Machiavel est réévaluée. Les républicains redécouvrent l’homme qui conspirait contre les Médicis.

10Les républicains qui choisissent de conspirer contre la Monarchie de Juillet justifient leurs actes par la résistance à l’oppression et la pureté de leur foi républicaine. Ils dénoncent l’usurpation de la révolution de 1830 par Louis-Philippe, c’est-à-dire la négation de la volonté du peuple qu’ils se chargent de remettre en possession de ses droits. Ils dénoncent également l’inégalité sociale et la constitution d’une nouvelle aristocratie, celle de l’argent. Les deux revendications ne sont pas nécessairement opposées même si les partisans de Buonarroti sont dès l’origine sceptiques sur le suffrage universel. Buonarroti, jacobin proche de Robespierre devenu un des membres les plus actifs de la conspiration de Babeuf, s’impose comme le premier révolutionnaire professionnel. Frappé par la chute de Robespierre, il doute que le peuple puisse exercer ses droits politiques dans son intérêt. Dans son ouvrage majeur, La Conspiration pour l’Égalité, paru en 1828, il expose longuement l’organisation des conspirateurs et leur programme de réformes. Le pouvoir doit échoir à des « hommes sages » tant que le peuple n’est pas en mesure de comprendre ses intérêts. La théorie de la dictature révolutionnaire circule parmi les conspirateurs et certains réformateurs sociaux proches des théories de Babeuf.

11L’adoption du suffrage universel masculin sous la Seconde République change la configuration politique et met en lumière les contradictions des républicains. Les ex-conspirateurs sont à présent accusés d’immoralité politique et de machiavélisme lorsqu’ils contestent la légitimité de l’Assemblée nationale élue au suffrage universel. Armand Barbès, l’ancien compagnon de Blanqui sous la Monarchie de Juillet, interrogé par la Haute Cour sur son rôle dans la dissolution de l’Assemblée le 15 mai 1848, se justifie en invoquant la « souveraineté du but », un concept inspiré de l’œuvre de Buchez :

  • 9 . Les accusés du 15 mai devant la Haute Cour de Bourges, Paris, éditeurs associés, 1849, p. 388.

« Mais cette souveraineté du peuple elle-même, qu’est-elle ? Un instrument, un moyen pour atteindre un but. C’est dans le but qu’est le vrai souverain [...]. Or, si chez ce magnanime peuple français, dont le but est [...] de marcher sans cesse et toujours [...] à la réalisation vraie et complète du principe de l’égalité, un pouvoir se rencontrait qui voulût immobiliser, au contraire, la nation dans l’inégalité du passé, ne serait-ce pas faire acte d’obéissance envers le vrai souverain (le but) que de contraindre ce pouvoir rebelle à rentrer dans sa voie ou de le briser par la force9 ? »

  • 10 Rouille de Boissy H. E. O., Mémoires du marquis de Boissy (1798-1866) rédigés d’après ses papiers (...)

12La formule de Barbès a un retentissement considérable dans la presse conservatrice. Le marquis de Boissy dit avoir saisi dans la tirade du révolutionnaire la maxime des « Machiavel de la Révolution10 ». Les libéraux voient davantage dans le discours de Barbès la maxime des « jésuites de la Révolution ». La sacralisation progressive du vote rejette la conspiration du côté de l’illégitime et de l’immoralité politique.

  • 11 Tardy J.-N., « Tuer le tyran ou la tyrannie ? Attentat et conspiration politique : distinctions et (...)
  • 12 Geoffroy G., L’Enfermé, Paris, Charpentier, 1919, p. 271 ; Blanqui L.-A., Instructions pour une pr (...)

13Pourtant, pour les conspirateurs, tous les moyens ne sont pas légitimes pour parvenir au but. Tenus de respecter le secret, privés de parole dans la sphère de l’opinion public, leurs actes doivent dire leur programme et répondre de leur moralité. C’est pourquoi l’attentat régicide divise ces républicains, pourtant tous favorables à la condamnation à mort de Louis XVI. Sous la Monarchie de Juillet, les tenants du régicide ne parviennent pas à convertir les grandes sociétés secrètes comme les Familles ou les Saisons. L’attentat demeure l’acte d’individus isolés ou de petits groupes radicalisés. L’insurrection est privilégiée par Blanqui pour des considérations politiques et morales11. En effet, si Blanqui lit longuement Machiavel, à en croire Gustave Geoffroy, c’est pour nourrir sa réflexion sur la guerre des rues12. Dans ses Instructions pour une prise d’armes rédigées à l’attention des sections blanquistes, une véritable éthique du combat des rues est perceptible. L’usage des explosifs est réprouvé pour sa faible efficacité mais aussi pour les dégâts occasionnés. Paris, ville de la Révolution, enjeu et acteur unique de l’insurrection doit être préservé. Les Instructions pour une prise d’armes sont un vrai texte politique non sans parenté avec le saint-simonisme. La révolution est une affaire de techniciens, maîtrisant la stratégie de la guerre urbaine. Les insurgés doivent l’emporter car leur motivation est moralement supérieure à celle de leurs ennemis et leur intelligence et leurs savoir-faire sont plus complets que ceux des soldats.

14Finalement, à mesure que les conspirateurs s’éloignent du projet de consultation des masses, ils développent une morale politique extrêmement rigide. La conformité des actes à la doctrine politique et la pureté morale des affiliés remplacent l’élection comme mode de légitimation. C’est pourquoi leur intégrité morale est particulièrement inspectée et donne lieu à des attaques répétées aux enjeux politiques évidents.

Une moralité privée en question

  • 13 Voir la contribution de Laura O’Brien dans ce volume.
  • 14 De La Hodde L., Histoire des sociétés secrètes et du parti républicain de 1830 à 1848, Paris, Juli (...)

15La morale privée de ceux qui transgressent les règles du jeu politique est immédiatement suspecte. Catilina, l’archétype des conspirateurs, n’est-il pas également un débauché ? Sous la Seconde République, les membres des sociétés secrètes républicaines revendiquent le titre de conspirateur pour prétendre à d’importantes fonctions dans l’État. On les retrouve dans les clubs et sociétés populaires faisant pression pour la mise en place d’un programme social. Les conservateurs cherchent à détruire le prestige de cette nouvelle force politique en ruinant leur réputation. Ils favorisent l’impression et la diffusion de deux pamphlets rédigés par deux ex-conspirateurs et indicateurs de police, l’ouvrier Chenu et le journaliste Delahodde13. Ce dernier dénonce « l’immoralité, la fainéantise, les sottes prétentions, les rivalités haineuses, la profonde désorganisation et surtout le nombre infime » des républicains avant février14. C’est bien l’immoralité que pointe avant tout Delahodde lorsqu’il décrit complaisamment le détournement des fonds des affiliés, les réunions prétextes à l’alcoolisme et à la fréquentation de prostituées.

16Delahodde et Chenu ne font que reprendre des accusations que le pouvoir monarchique distillait déjà sous le régime précédent. Leur succès s’explique également par la peur grandissante des élites sociales face à une politisation populaire considérée comme une menace. Après 1832, une mutation sociologique et idéologique fondamentale s’est opérée dans les rangs des sociétés politiques parisiennes : Une frange des ouvriers et des artisans adhèrent au projet républicain. Après la loi sur les associations de 1834, une partie d’entre eux se font conspirateurs dans les sociétés secrètes des Familles et des Saisons dirigées par Blanqui, Barbès et Martin Bernard. L’idéologie de ces sociétés secrètes devient clairement socialiste.

  • 15 Delattre S., Les Douze heures noires. La nuit à Paris au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 2000, p (...)
  • 16 La Presse, 14-15 juillet 1847.

17Le pouvoir, avec beaucoup d’habileté, assimile la menace des sociétés secrètes au péril criminel dont la littérature se fait l’écho après 1840. Comme l’a mis en évidence Simone Delattre, l’activité criminelle est perçue comme l’œuvre de bandes organisées et coalisées contre la propriété, ce qu’elle appelle le « complot nocturne15 ». C’est une vieille tactique que de faire suspecter l’opposition politique d’être à l’origine d’une vague de méfaits publics. Cette fois le gouvernement de la Monarchie de Juillet ne dénonce pas l’usage de moyens criminels pour affaiblir l’État mais cherche à démontrer que le vol est le véritable mobile des conspirateurs. Le socialisme et le vol ont pour source commune la misère et pour cible la propriété. Cela suffit pour le pouvoir de soutenir qu’il s’agit là du même complot contre les honnêtes gens. En 1847 le pouvoir a l’occasion de démontrer l’intrication des milieux révolutionnaires et criminels. Un individu est arrêté à l’issu d’un cambriolage qui a mal tourné au n ° 863 de la rue Saint-Honoré. Il se nomme Louis Jean Crouzet, fondeur en cuivre et se présente comme le membre d’une société secrète des Communistes matérialistes. Il dénonce ses complices, tous vétérans des sociétés secrètes. Ils accusent à leur tour deux leaders, le cordonnier Javelot et le marchand de vin Coffineau, d’avoir connu et favorisé leur action. Ils avouent s’être livrés au cambriolage pour acheter des bombes afin de préparer une insurrection contre le gouvernement. L’affaire est obscure et la manipulation du pouvoir omniprésente. Les cambrioleurs sont ménagés par la justice alors que les deux chefs sur lesquels ne pèsent que les accusations des voleurs sont accablés par le ministère public. Ils écopent d’ailleurs des plus lourdes peines, le jury se montrant particulièrement réceptif à l’éloquence du procureur. Par ailleurs, un témoignage fortuit fait clairement entendre que le groupe était surveillé depuis longtemps par la police qui n’ignorait rien de la déviation criminelle des conspirateurs et guettait sans doute le moment de les interpeller16.

  • 17 Marx K., Œuvres, Paris, Gallimard, Pléiade, 1994, t. IV, p. 353.

18Cette affaire reste un cas isolé et le gouvernement doit constater que la présence de criminels de droit commun dans les rangs des sociétés secrètes est particulièrement rare. Néanmoins, les récits de Delahodde et Chenu sur les rapports entre conspirateurs et policiers ou encore sur la fréquentation régulière des cabarets par les sociétés secrètes reposent sur des réalités. Mais il est possible d’interpréter différemment ce mode de vie. Karl Marx indiquait dans un compte-rendu de ces deux ouvrages que les rapports entre conspirateurs professionnels et policiers étaient inhérents à leurs emplois et qu’ils ne signifiaient pas que ces professionnels étaient des traîtres17. Leur mode de vie et la traque policière les empêchaient de travailler régulièrement, les contraignaient à la marginalité et de là, à recourir à des expédients pour se procurer des ressources nécessaires à leur survie.

  • 18 Simmel G., « Les Sociétés secrètes » (1908), Sociologie. Études sur les formes de la socialisation (...)

19L’engagement dans les sociétés secrètes semble effectivement placer le conspirateur dans une position particulière dans la société. Georg Simmel a donné les explications les plus éclairantes sur le comportement d’un homme qui a adhéré à un groupe secret. Il affirme que l’exclusion qui interdit l’accès de la société secrète aux profanes est le gage d’une liberté nouvelle : « On pénètre là sur un terrain où les normes du milieu environnant n’ont plus cours18. » Mais l’individu recherche un équilibre social et s’impose des règles nouvelles, compensant ainsi cette liberté. L’affilié s’astreint à l’observance des rituels et des règles du groupe occulte. On comprend alors la tendance des sociétés secrètes à réinstituer des normes strictes et des symboles nouveaux. Toutefois on peut constater que loin de rompre complètement avec la morale de la société bourgeoise, les sociétés secrètes politiques révolutionnaires du XIXe siècle prêchent souvent une exemplarité plus grande. Ainsi un article de la première version de la Charbonnerie française précise :

  • 19 AN AB XIX 3566 De la Carboneria.

« Tout C. (Carbonaro) doit observer scrupuleusement les lois de la morale ; il doit être animé du plus ardent amour de la liberté. Il doit être prêt pour elle à tous les genres de sacrifice et de dévouement. Il doit être toujours disposé à secourir son bon cousin par tous les moyens qui sont en son pouvoir. [...] Nous ne voulons parmi nous que des hommes courageux et dont la conscience soit pure ; ceux-là ne reculeront pas devant les peines qui assurent le triomphe de leurs sentimens et devant l’obligation de concourir à l’application de ces peines19. »

  • 20 Maillard A., La Communauté des Égaux, Paris, Kimé, 1999, p. 202-203 et récemment Paris J.-M., L’Hu (...)

20Buonarroti conçoit ses sociétés secrètes comme des groupes révolutionnaires mais également comme des ateliers de perfectionnement moral et politique. L’affilié développe une morale supérieure en s’opposant à la quête égoïste des intérêts privés. Ces groupes politiques n’envisagent pas de remettre en cause la famille comme on les accuse parfois. Seul le groupe constitué par Jacques Joseph May autour du journal l’Humanitaire semble avoir cherché à bouleverser les règles morales en prônant l’abolition du mariage. Mais la visée conspirative du groupe est très discutable. Les preuves avancées par la police sont faibles20.

21La société secrète a ses règles propres, imposées par sa forme particulière. Elle fonde une justice interne parallèle qui juge ses affiliés. Le plus grand crime est la rupture du secret, souvent punie de mort dans les textes. La figure du mouchard est honnie et il n’existe pas pire insulte ou pire soupçon que celui d’être devenu un indicateur de police. Le respect qui entoure les règles, les rituels et les symboles de la société secrète pose la question du rapport de ces groupes au sacré.

Morales religieuses ? Du déisme à l’athéisme militant

  • 21 Caillé A. (dir.), Qu’est-ce que le religieux ? Religion et politique, Paris, La Découverte, 2012, (...)
  • 22 Barbès A., Deux jours de condamnation à mort (1847), Villelongue d’Aude, Atelier du Gué, 2005, p.  (...)

22Les rites, les symboles, le sacré sont omniprésents dans les sociétés secrètes républicaines. La morale des conspirateurs valorisant l’esprit de sacrifice et le culte des martyrs politiques s’apparente-t-elle à une morale religieuse ? Une telle interrogation renvoie à la définition même du religieux : si l’on considère la religion comme une croyance instituant du sacré et assurant la cohésion du groupe, alors l’affirmative ne fait guère de doutes. Mais si l’on considère la religion comme la croyance en une transcendance, la réponse n’est plus si évidente. Plutôt que de trancher un débat qui oppose depuis longtemps les sociologues de la religion21, il s’agit ici de comprendre le rapport des conspirateurs au christianisme. La question religieuse passionne les hommes des sociétés secrètes qui sont nombreux à partager l’opinion de Barbès selon laquelle « l’humanité [sic] est en quête de sa religion future22 ».

  • 23 Bibliothèque municipale de Blois. MS 725. Papiers R. Bouis. Mémoires de Delorme. Carnet de l’année (...)
  • 24 AN CC 575 Dossier Mathieu d’Epinal.
  • 25 Ryon J.-F., « Saint Thiébaud et son culte en Franche-Comté », P. Merlin (dir.), Bons cousins charb (...)
  • 26 AN BB 18 1397 Rapport du procureur général de Lyon au Garde des Sceaux, 8 février 1842.

23Pour faire partie des sociétés secrètes de Buonarroti, il est indispensable de répondre à plusieurs questionnaires. Le notaire Delorme se soumet à l’exercice en 1831. Charles Teste lui présente alors quatre questions. Trois portent sur des matières religieuses : l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, puis le lien entre cette croyance et l’égalité entre les hommes23. Les chefs de la société (en l’occurrence les trois chefs suprêmes, Buonarroti, Voyer d’Argenson et Charles Teste président la séance) font de la question religieuse un critère d’admission aussi important que la question de l’égalité, point fondamental pour progresser dans la société puisque l’admission aux plus hauts grades dépend de l’acceptation du communisme le plus complet. Il faut néanmoins noter que dans les multiples charbonneries et charbonneries réformées qui naissent à Lyon et dans le Sud-Est de la France, le plus souvent à l’initiative de Buonarroti ou de ses disciples, les questions portent uniquement sur les devoirs, les valeurs et les objectifs politiques des carbonari. La dimension religieuse demeure dans les dénominations et les symboles de l’organisation. L’initiation sépare toujours le Bon cousin de la masse des « païens24 ». La figure de saint Théobal, fondateur mythique du carbonarisme, prend même une nouvelle importance à Lyon après 1840. Le culte de ce saint est obscur : la charbonnerie forestière, association non politique et matrice de tous les carbonarismes, voue un culte particulier à un saint Thiébaud. Jean-François Ryon estime que ce saint est le produit de la confusion entre plusieurs figures, saint Thiébaud, aristocrate de Provins du XIe siècle, saint Ubaldo ou Theobaldo, évêque italien du XIIe siècle, saint Thibaut archevêque de Vienne au XIe siècle et le moine cistercien Thibaut de Marly, conseiller de Louis IX25. Les carbonari lyonnais amalgament les deux premiers : la vie de leur saint Théobal correspond à celle du saint Thiébaud de Provins qui a trouvé refuge dans les forêts de Champagne mais son nom est plus proche du saint italien. Ils lui rendent hommage le 6 juillet ce qui ne correspond à aucune des fêtes de ces saints. En 1842, lors d’un banquet carbonarique, un toast est prévu à Robespierre, qualifié d’homme-Dieu26. Le cas est isolé, mais révélateur de la rupture religieuse occasionnée par la Révolution, dont les héros peuvent être assimilés au Christ.

24A Paris, les membres des sociétés secrètes n’introduisent pas de rites religieux comme les carbonari lyonnais. Certains n’en ressentent pas moins le besoin d’appuyer leur conception de l’égalité sociale sur l’évangile. Beaucoup ont lu les Paroles d’un croyant de Lamennais et apprécient le passage dans lequel les rois sont chassés par la tempête divine. Lamennais est si populaire dans les rangs des sociétés secrètes que les Saisons l’incluent dans le gouvernement provisoire qu’ils veulent imposer le 12 mai 1839.

  • 27 Sur l’Église française : Prothero I., Religion and radicalism in July monarchy France : the French (...)
  • 28 AN C. 2112, no 1075, pétition des habitants de Clichy, 1831 citée par Boutry P., op. cit., p. 88.
  • 29 AG E5/26 Rapport du préfet de police au Procureur général, 19 juin 1832.
  • 30 AN BB 18 1245, Affaire Herbulet. Propos régicides. L’hommage à Fieschi est incertain. Toutefois I.(...)
  • 31 Annuaire historique universel pour 1837, 1838, p. 152.

25Les conspirateurs républicains des Familles et des Saisons pensent trouver une Église à leur convenance dans l’Église française de l’abbé Chatel27. L’Église catholique française est née un peu avant les Trois Glorieuses, mais la chute de Charles X lui donne une publicité et une vocation éminemment politiques. C’est ainsi qu’elle est perçue par les habitants de Clichy qui réclament son maintien dans une pétition à la Chambre des députés, et la définissent comme une « église nationale sortie du sein des barricades, qui à son tour est destinée à renverser le règne du fanatisme, de la superstition et de la tyrannie religieuse28 ». La jeune Église s’affirme très vite comme une institution d’opposition au régime conservateur de Louis-Philippe. Chatel est soupçonné par le préfet de police Gisquet d’être partie prenante de la conspiration gauloise, qui aboutit à l’insurrection de juin 183229. Le préfet manque de preuves et Chatel ne fait l’objet que d’une mise en garde. Un groupe de membres de la société des Familles, composé des frères Herbulet et de Lecœur, assistent souvent aux offices. En 1835, la police les signale parmi ceux qui souhaitaient assister à une messe au cours de laquelle, d’après la rumeur, un hommage devait être rendu au régicide Fieschi. L’autorité préfère interdire la cérémonie30. En 1836, l’Église célèbre un office pour l’enterrement d’un vétéran de l’insurrection de 1832 auquel assistent de nombreuses sections de la société31. De 1832 au début de 1840, l’Église catholique française peut passer pour l’Église des conspirateurs républicains.

  • 32 Thoré T., La Vérité sur le parti démocratique, Paris, Desessart, 1840, p. 28-29.
  • 33 AN CC 736, Dossier Pillot.
  • 34 Journal des débats politiques et littéraires, 9 juin 1841.

26Les progrès du communisme dans les sociétés secrètes bouleversent la situation. L’Église française subit de plein fouet son développement puisqu’un de ses prêtres, Jean-Jacques Pillot, est l’un des organisateurs du premier banquet communiste de juillet 1840. Pillot a quitté le séminaire d’Angoulême avant d’être ordonné prêtre. En 1835, il a rejoint l’Église catholique française, puis organisé un nouveau culte dissident, niant la divinité de Jésus mais reconnaissant l’existence d’un Dieu unique : l’Église unitarienne. En septembre 1836, il est condamné, malgré le soutien des libéraux, à six mois de prison et son Église est dissoute. à Sainte-Pélagie, il côtoie certains membres des Familles. à l’expiration de sa peine, il fréquente les sociétés secrètes, particulièrement les Saisons. Il est inquiété après le 12 mai 1839, mais pour la publication d’un journal, la Tribune du Peuple. C’est après 1839 qu’il évolue vers un communisme intégral. La stratégie de Pillot est difficile à cerner. Cherche-t-il à organiser un mouvement religieux pacifique ou un groupe insurrectionnel ? Pour Théophile Thoré, Pillot représente la tentation de la secte du communisme religieux, opposé au communisme de l’insurrection32. Pour le préfet de police Delessert, qui le fait arrêter en 1841, Pillot est à la tête des sociétés secrètes communistes les plus radicales opposées aux réformistes et aux Nouvelles Saisons33. Dans sa défense, Pillot se présente comme un chef religieux, niant tout projet révolutionnaire : « Nous sommes les continuateurs de Luther et les prédécesseurs des communistes34. » Quelles que soient ses ambitions, Pillot apparaît davantage comme une référence intellectuelle, importante certes, parmi les groupes communistes rattachés aux Nouvelles Saisons, mais non comme un véritable leader. Chatel, quant à lui, désapprouve fermement le communisme et perd son influence sur les hommes d’action. Son Église disparaît avant 1848 et la tentative de la reconstituer sous la nouvelle république échoue.

  • 35 Dézamy T., M. de Lamennais réfuté par lui-même, ou examen critique du livre intitulé Du passé et d (...)
  • 36 Blanqui L.-A., Œuvres, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1993, p. 525.
  • 37 Voir le recueil : Blanqui L.-A, Ni Dieu, ni maître, Bruxelles, Aden, 2009, 78 p.

27Sous l’impulsion de Dézamy, l’autre organisateur du banquet communiste, le matérialisme et l’athéisme tendent à se répandre dans les sociétés secrètes. Dans sa réfutation de Lamennais, Dézamy conserve du christianisme sa morale sociale, opposée aux riches ; il condamne en revanche, sa morale spirituelle, qu’il juge fataliste et peu propice à la révolte35. Cet ancien secrétaire de Cabet, converti aux sociétés secrètes et à la violence, devient un personnage très influent dans le monde des conspirateurs parisiens. Après la révolution de février, il adhère à la Société Républicaine centrale, le fameux « club Blanqui ». Son rapprochement avec les blanquistes s’opère alors que le fameux conspirateur évolue du déisme à l’athéisme. En 1847 alors qu’il est en détention à l’hôpital de Tours, Blanqui affirme qu’il croit à l’immortalité de l’âme36. Cette déclaration n’est pas étonnante pour un républicain très proche de Buonarroti dans les années 1830. Après 1848, Blanqui évolue vers un athéisme de plus en plus militant. Son hostilité pour l’Église qu’il juge responsable du conservatisme des masses paysannes se double d’une réprobation morale du comportement des religieux37.

28Les blanquistes jouent un rôle extrêmement important dans le développement de la libre-pensée sous le Second Empire. En 1861, le congrès étudiant de Liège prend une tournure très anticléricale et les étudiants blanquistes font une intervention remarquée. Parmi eux, Aristide Rey devient l’un des fondateurs de la société Agis comme tu penses. En 1862, en composant le manifeste de la société, il rédige ainsi la première déclaration de principes de la Libre pensée française. Le document original précise

  • 38 J. Lalouette a retrouvé le document dans le fond Blanqui, BnF NAF 9589, fol. 378 et à la Bibliothè (...)

« que les religions nécessairement basées sur le principe d’autorité, loin de pouvoir élever des hommes ne savent que dresser des sujets et faire des esclaves ; qu’entre toutes, la religion chrétienne, la religion de la foi, du devoir sans droit, de l’inégalité des conditions, de la charité aristocratique, de la résignation, de l’asservissement moral, est la négation même du droit humain, de la science, de la justice, de la solidarité, de la dignité, de la liberté38 ».

29Figurent parmi les six signataires, Brisson et Greffe, d’authentiques militants blanquistes. La société s’illustre dans l’organisation des enterrements civils parisiens de l’Empire.

  • 39 Blanqui, op. cit., p. 333-334.

30La morale blanquiste ne s’appuie plus sur une quelconque transcendance. Elle récuse également l’idée d’un progrès inéluctable que les conspirateurs devanceraient où feraient advenir. Blanqui croit dans l’action et dans le rôle du hasard. Dans un essai d’astronomie et de spiritualité, L’Éternité par les astres, il estime qu’il existe une infinité de mondes similaires à la Terre. Ces mondes alternatifs épuisent toutes les conjonctures humaines. Pensée consolatrice : le conspirateur qui échoue sur Terre possède sans doute un double qui est parvenu à donner à son pays la meilleure des sociétés39.

31Ainsi les conspirateurs cultivent avant tout l’énergie dans l’action, la solidarité du groupe et l’obéissance aux règles de la société secrète. Mais contrairement aux allégations des hommes d’ordre, ils ressentent fortement le besoin de justifier leurs actes par une morale supérieure. Éviter les accusations d’ambition personnelle ou le relativisme moral est une priorité. L’absolu des conspirateurs a pu prendre des formes religieuses mais cette morale évolue néanmoins avec la montée du matérialisme dans leurs rangs. Finalement leur évolution n’est pas sans rappeler celle du mouvement saint-simonien : on trouve dans leurs rangs le même culte du réseau et de la technique, et la dimension religieuse, si présente à l’origine, connaît le même effacement avec le développement du positivisme.

Notes

1 Les titres de leurs biographies sont éloquents : Eisenstein E., The first professional revolutionist, Filippo Michel Buonarroti, Cambridge, Harvardd University Press, 1959, 205 p. ; Schiappa J.-M. Buonarroti l’inoxydable, (1761-1837), Paris, Éditions Libertaires, 2008, 236p. Il faut ajouter pour Buonarroti : Saitta A., Filippo Buonarroti, contributi alla storia della sua vita e del suo pensiero, Roma, Edizioni di storia e letteratura, 1950-1951, 2 vol. M. Dommanget a consacré plusieurs ouvrages essentiels à Blanqui, notamment : Dommanget M., Les idées politiques et sociales d’Auguste Blanqui, Paris, Marcel Rivière et Cie, 1957, 429 p. Voir aussi : Rosanvallon P., La Démocratie inachevée. Histoire de la souveraineté du peuple en France, Paris, Gallimard, 2000, p. 127-154. Pour un regard très hostile : Paz M., Un révolutionnaire professionnel, Blanqui, Paris, Fayard, 1984, 277 p.

2 Waquet J.-C., La conjuration des dictionnaires, vérité des mots et vérités de la politique dans la France moderne, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000, p. 26.

3 Sur la réception de Machiavel en France, voir : Cherel A., La pensée de Machiavel en France, Paris, l’Artisan du livre, 1935, 351 p. ; Navet G., « Machiavel en France, première moitié du XIXe siècle », Machiavelli nell XIXe-XX secolo. Machiavel aux XIXe et XXe siècle, a cura di Paola Carta e Xavier Tabet, Milan, CEDAM, 2007, p. 101-123.

4 Spitzer A. B., Old Hatred and Young Hopes, the French Carbonari against the Bourbon Restauration, Harvard, Harvard University Press, 1971, p. 281; Tardy J.-N., « Le flambeau et le poignard. Les contradictions de l’organisation clandestine des libéraux français, 1821-1827 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2010/1, no 57-1, p. 83.

5 De La Serve N., De la Royauté selon les lois divines révélées, les lois naturelles et la Charte constitutionnelle, Paris, Baudoin frères, 1819, 286 p.

6 Voir la biographie de Imhaus P., Robinet de la Serve, l’énergumène créole, Paris, Michel de Maule, 2007, 293 p.

7 St.-A. B... d, « Des conspirations et des coups d’état », L’Aristarque français, journal du soir, 14 mars 1820.

8 Nodier C., Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l’histoire de la Révolution et de l’Empire, Paris, A. Levasseur, 1831, t. II, p. 225. Nodier prétend avoir fait partie de la mystérieuse société des philadelphes comme Malet. Sur la valeur de son témoignage, voir la mise au point très critique de Lentz T., La conspiration du général Malet. 23 octobre 1812. Premier ébranlement du trône de Napoléon, Paris, Perrin, 2012, p. 69-70.

9 . Les accusés du 15 mai devant la Haute Cour de Bourges, Paris, éditeurs associés, 1849, p. 388.

10 Rouille de Boissy H. E. O., Mémoires du marquis de Boissy (1798-1866) rédigés d’après ses papiers par Paul Breton, Paris, Dentu, 1870, t. II, p. 152.

11 Tardy J.-N., « Tuer le tyran ou la tyrannie ? Attentat et conspiration politique : distinctions et affinités en France de 1830 à 1870 », La Révolution française [en ligne], L’attentat, objet d’histoire, 20 mars 2012.

12 Geoffroy G., L’Enfermé, Paris, Charpentier, 1919, p. 271 ; Blanqui L.-A., Instructions pour une prise d’armes, suivi de l’Éternité par les astres, textes établis et présentés par M. Abensour et V. Pelosse, Paris, Sens et Tonka, 2000, p. 41 sq.

13 Voir la contribution de Laura O’Brien dans ce volume.

14 De La Hodde L., Histoire des sociétés secrètes et du parti républicain de 1830 à 1848, Paris, Julien Lanier et Cie, 1850, p. 429.

15 Delattre S., Les Douze heures noires. La nuit à Paris au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 2000, p. 496-499.

16 La Presse, 14-15 juillet 1847.

17 Marx K., Œuvres, Paris, Gallimard, Pléiade, 1994, t. IV, p. 353.

18 Simmel G., « Les Sociétés secrètes » (1908), Sociologie. Études sur les formes de la socialisation, Paris, PUF, 2010, p. 392.

19 AN AB XIX 3566 De la Carboneria.

20 Maillard A., La Communauté des Égaux, Paris, Kimé, 1999, p. 202-203 et récemment Paris J.-M., L’Humanitaire (1841). Naissance d’une presse anarchiste ?, Paris, L’Harmattan, 2014, 248 p.

21 Caillé A. (dir.), Qu’est-ce que le religieux ? Religion et politique, Paris, La Découverte, 2012, 324 p.

22 Barbès A., Deux jours de condamnation à mort (1847), Villelongue d’Aude, Atelier du Gué, 2005, p. 37.

23 Bibliothèque municipale de Blois. MS 725. Papiers R. Bouis. Mémoires de Delorme. Carnet de l’année 1831.

24 AN CC 575 Dossier Mathieu d’Epinal.

25 Ryon J.-F., « Saint Thiébaud et son culte en Franche-Comté », P. Merlin (dir.), Bons cousins charbonniers : autour d’un catéchisme de la « société secrète », 1835, Besançon, Folklore Comtois, 2005, p. 113-114.

26 AN BB 18 1397 Rapport du procureur général de Lyon au Garde des Sceaux, 8 février 1842.

27 Sur l’Église française : Prothero I., Religion and radicalism in July monarchy France : the French Catholic Church of the abbé Chatel, Lewiston, Edwin Mellen, 2005, 362 p. ; Boutry P., « Théologie de l’air du temps et ecclésiologie de circonstance : l’abbé Chatel et l’Église catholique française (1830-1848) », P. Harismendy, (dir.), La France des années 1830 et l’esprit de réforme, Rennes, PUR, 2006, p. 85-112.

28 AN C. 2112, no 1075, pétition des habitants de Clichy, 1831 citée par Boutry P., op. cit., p. 88.

29 AG E5/26 Rapport du préfet de police au Procureur général, 19 juin 1832.

30 AN BB 18 1245, Affaire Herbulet. Propos régicides. L’hommage à Fieschi est incertain. Toutefois I. Prothero note dans son ouvrage que Pépin était un donateur de l’Église catholique française (op. cit., p. 208).

31 Annuaire historique universel pour 1837, 1838, p. 152.

32 Thoré T., La Vérité sur le parti démocratique, Paris, Desessart, 1840, p. 28-29.

33 AN CC 736, Dossier Pillot.

34 Journal des débats politiques et littéraires, 9 juin 1841.

35 Dézamy T., M. de Lamennais réfuté par lui-même, ou examen critique du livre intitulé Du passé et de l’avenir du peuple, Paris, Prévot, 1841, 94 p.

36 Blanqui L.-A., Œuvres, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1993, p. 525.

37 Voir le recueil : Blanqui L.-A, Ni Dieu, ni maître, Bruxelles, Aden, 2009, 78 p.

38 J. Lalouette a retrouvé le document dans le fond Blanqui, BnF NAF 9589, fol. 378 et à la Bibliothèque historique de la ville de Paris (BHVP) fonds Chassin mss 1414, fol. 12. Lalouette J., Les Mouvements de Libre Pensée en France pendant la Troisième République (1870-1940), thèse de doctorat d’État sous la direction de M. Agulhon, Paris 1, 1994, t. I, fol. 73-75.

39 Blanqui, op. cit., p. 333-334.

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