L’institution du « carré militaire » dans le cimetière d’Orléans par le Souvenir français
p. 73-84
Texte intégral
1Le rapport à la mort en Occident relève d’une histoire longue1. Mais l’attention pour le sort réservé aux morts de guerre n’a donné lieu que depuis peu à une recherche précise, sur la période de 1914-19182. L’ouvrage de Luc Capdevila et Danièle Voldman sur le sujet fait synthèse pour les XIXe et XXe siècles3. Les auteurs voient dans le renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté nationale des populations, dans la massification quantitative des morts lors des guerres de l’âge industriel4 et dans la généralisation du système de conscription, les motifs principaux de l’attention accrue pour ceux qui se sacrifient pour la survie de l’entité nationale, dans un contexte de renforcement de la place de l’individu dans la société et de développement des idéaux démocratiques.
2Au-delà de l’expérience du cimetière de Sidi-Feruch lors du débarquement français en Algérie en 1830 ou du cimetière français de Sébastopol en Crimée en 1856, la construction d’une mémoire autour des tués à la guerre prend racine aux États-Unis en 1861 avec les cimetières de la guerre de Sécession. Les conflits européens jusqu’en 1945 ont tristement participé au développement d’un modèle de mémoire en la matière qui culmine avec les nécropoles nationales, les monuments aux morts, les stèles allégoriques de soldat inconnu… Si le conflit de 1870 fonde les premières expériences françaises, c’est véritablement la guerre de 1914-1918 qui constitue une rupture dans la prise en charge des morts. En 1939-1945, l’extermination des Juifs et l’effacement délibéré de la trace du forfait et des victimes elles-mêmes ont prolongé cette évolution par une réflexion sur les rituels à engager pour faire le deuil de victimes disparues tant physiquement que dans la mémoire des hommes.
3Dans cette évolution, le carré militaire apparu entre 1870 et 1914 se situe à la charnière d’une époque et fixe déjà les traits d’une sépulture digne, individualisée et identifiée pour les morts de la guerre (I) En 2014, près de 2 000 carrés où reposent 115 000 soldats morts lors des conflits depuis 1918 sont répartis sur tout le territoire5.
4Mais ce carré militaire ne se résume pas à un rite funéraire. Il participe du mouvement de cristallisation de l’identité nationale (II) qui s’observe simultanément dans d’autres domaines, et pour ne prendre que quelques exemples, dans la protection des sites pittoresques en 1906 ou des monuments historiques en 1913, comme dans les écrits d’un Vidal de la Blache (Tableaux de la géographie de la France 1903) ou d’un Ernest Lavisse (Histoire contemporaine de la France 1920-1922).
De la fosse commune à la sépulture individualisée des morts de guerre
L’attention pour les morts des champs de bataille à la fin du XIXe siècle
5Les fosses communes sur le site des combats, les enfouissements rapides par l’armée du vainqueur ou les autorités locales pour éviter les épidémies constituent la norme pour les soldats du rang depuis le Moyen Âge alors même que l’individualisation de la sépulture par le cercueil est imposée à la Révolution pour les civils6. Seuls les personnages gradés ou de haut rang faisaient l’objet d’ensevelissement particulier. À partir de Napoléon, l’État prit à sa charge les funérailles des individus morts sur le champ de bataille ou des suites des blessures et le décret du 23 prairial an XII imposa aux communes le rassemblement, dans l’ossuaire ou la fosse commune, des dépouilles des soldats. Les artefacts sur le champ de bataille commémorant la mort de la troupe (comme à Valmy) ou d’officiers (comme à Waterloo) constituent les premiers hommages directs aux combattants. Le dénombrement des morts et disparus incomba désormais aux officiers chargés de l’état civil et le traitement des morts au combat s’institutionnalise au milieu du XIXe siècle7.
6Juridiquement, avant le tournant du XXe siècle8, c’est la doctrine (les écrits d’Henri Dunant, le manuel d’Oxford sur les lois de guerre de 1880) qui propose le respect des cadavres, leur identification et une sépulture individuelle pour faciliter le deuil aux familles. Le traité de Francfort du 10 mai 1871 (art. 16) entérina l’engagement de la France et l’Allemagne d’entretenir les tombes des soldats enterrés sur leur sol et la loi du 2 février 1872 régla l’organisation des tombes des deux armées en Alsace et dans l’ancien département de la Moselle, permettant d’y aménager des lieux d’inhumation français. La loi du 4 avril 1873 en France prit en charge les sépultures des combattants des deux camps, par l’achat soit de parcelles dans les cimetières communaux pour l’institution de carrés militaires, soit des terrains non clos où reposaient les corps. Des tombes furent aménagées sur la base d’un modèle homologué9 alors que 25 ossuaires étaient construits dans les villes de combat, sur un modèle inspiré du cimetière de l’armée d’Orient ayant assiégé Sébastopol de 1856. Les conventions de La Haye de 1899 et 1907 et de Genève de 1906 consacrèrent ces obligations d’identification des corps et d’information entre belligérants et le traité de Versailles de 1919 (art. 225-226) puis deux conventions de Genève de 1929 renforcèrent ces prescriptions. Elles furent ratifiées par les belligérants de 1939-1945 et étendues en 1949 puis 1977 aux civils et à toutes les victimes impliquées dans des situations de conflits même non internationaux.
7Sur un plan pratique, cette gestion des morts de guerre reste dépendante des possibilités de ramassages des cadavres et la mise en place de services de secours liés à la Croix Rouge10 en 1914-1918 facilita la récupération des corps. L’effort parallèle mené depuis 1881 en France pour individualiser chaque soldat par une plaque d’identité devait faciliter l’identification des restes humains rapportés11. Mais avec l’avancée allemande de 1914 sur le sol français, l’ennemi inhuma spontanément les morts dans des fosses ou dans des tombes dispersées de cimetières, avant que la stabilisation du front ne conduise à les enterrer là où ils étaient tombés, au milieu des tranchées, ce qui contraria ces récupérations et identifications.
8Or, dès l’été 1914, les familles manifestent le souhait de rapatrier leurs morts. La loi du 29 décembre 1915 intervint pour fixer le statut des « Morts pour la France12 ». Sont visés les militaires, les non combattants avec statut militaire (médecins, infirmières…), et toute personne ayant succombé à des maladies contractées au cours des soins donnés aux malades ou blessés de l’armée, enfin tout civil tué par l’ennemi, soit comme otage, soit dans l’exercice de fonctions publiques électives, administratives ou judiciaires13. La même année, le Grand Quartier Général imposa d’individualiser les sépultures en tenant un carnet du champ de bataille. Le service général des Pensions établi par la loi du 18 février 1916 centralisa les données, identifia les soldats inconnus et mit en place des cimetières spécifiques. Un service spécial d’état civil, créé en 1916, fut chargé du repérage des tombes isolées, de l’examen méthodique des zones de combat pour permettre le rassemblement des corps identifiés dans des cimetières de concentration14.
9Après 1918, ce rapatriement des corps devint une revendication courante, malgré les partisans du maintien d’une fraternité d’armes symbolique des défunts dans des cimetières installés sur les zones de combat15. Un service d’exhumation et de transport gratuit fut mis en place par la loi du 28 septembre 1920 pour permettre aux familles qui en faisaient la demande d’enterrer leurs fils dans les caveaux familiaux. Pour les soldats « Morts pour la France » non demandés par les familles et pour eux seuls16, l’État prit à sa charge la mise en place et l’entretien des nécropoles nationales et carrés militaires des cimetières communaux17. Un droit annuel pour permettre aux familles endeuillées de venir se recueillir dans ces lieux de sépulture nationalisés fut organisé18.
10Ces principes militaires perdurent19 et le statut de « Mort pour la France » à l’issue de la Seconde Guerre mondiale aligna le régime des victimes civiles sur celui des militaires20. Dès lors, ces carrés furent reproduits dans les villes ne disposant pas de tels espaces jusqu’alors21. Des subdivisions individualiseront les morts des deux conflits mondiaux, les victimes des bombardements, les alliés…
11Si aujourd’hui, 115 000 corps sont recensés dans les 2 000 carrés militaires des cimetières communaux, les soldats « Morts pour la France » restitués entre 1921 et 1923 aux familles et par là même sortis des nécropoles ou carrés militaires sont évalués22 à 240 000 en 1914-1918 (soit 30 % des restes identifiés), à plus de 144 000 pour la guerre 1939-1945. À ces Français s’ajoutent les sépultures des combattants d’autres nationalités et celles des soldats allemands évaluées au total depuis le conflit de 1870 à plus d’un million de tombes (1 024 027) réparties dans une quarantaine de cimetières de regroupement et une cinquantaine de carrés communaux.
12L’incorporation du carré militaire dans l’arsenal commémoratif des morts de guerre passé 1918 ne doit pas masquer l’originalité de l’initiative associative à l’origine de celui-ci au sortir de la guerre de 1870.
La mise en place du carré militaire dans le cimetière communal d’Orléans
13C’est sous l’impulsion de Xavier Niessen, professeur alsacien, que naît en Alsace Lorraine, en 1872, suite à la loi du 2 février réglant le sort des militaires morts, et officiellement le 7 mars 1888 en France, l’association du Souvenir français (SF)23, reconnue d’utilité publique le 1er février 190624. Elle prend à sa charge la mémoire des soldats français tombés en 1870-1871, par l’entretien de leurs 88 000 tombes et la levée de souscriptions pour l’élévation de monuments en mémoire des conflits franco-allemands depuis le XVIIIe siècle entre 1906 et 1909. C’est dans ce cadre que le SF instaure les premiers carrés militaires (200 en 1914) sur le territoire.
14À Orléans, le 6 septembre 190725, le SF demande la concession d’une section dans le récent cimetière établi en 1896 au nord de la ville boulevard Lamartine. L’espace est destiné aux morts de la guerre dont les tombes sont dispersées, sans matérialisation durable du fait de l’abandon progressif des familles. Le projet est de disposer d’un carré partagé en son centre de deux allées perpendiculaires se croisant à l’emplacement d’un ossuaire et, au vu du nombre des dépouilles attendues (20 corps à inhumer par an pendant 10 ans), de 500 m de côté. Au 23 mars 190826 est concédé à perpétuité par la ville un terrain dans l’angle du cimetière, à charge pour le SF de l’aménager pour les militaires de la garnison morts en activité non réclamés par les familles.
15En 1918, face à l’hécatombe, le Service des Sépultures inauguré en 1920 (loi du 31 juillet) prend en charge l’organisation et l’entretien des nécropoles nationales. Si les carrés militaires des cimetières communaux demeurent du ressort des municipalités, l’État se charge d’acquérir les terrains sur lesquels ils sont constitués ou prolongés. Au vu des tarifs dérisoires proposés en la matière, Orléans préfère le concéder gratuitement : outre l’avantage moral de sa générosité, la ville s’évite des formalités administratives fastidieuses, conserve le contrôle des emplacements, et envisage déjà la possibilité de demander à l’État de financer le déplacement à venir des soldats Allemands (108 tombes en tout) pour les rassembler dans leur carré réservé27.
16Conformément au désir exprimé auprès du ministère par l’association28, le maire d’Orléans confirme la compétence déjà exercée par le SF depuis le début de la guerre. L’association reçoit les dons d’argent des familles dont les fils sont enterrés à Orléans, et assure l’entretien des tombes, y compris allemandes, anglaises, et américaines. Après 1920, elle finit également par prendre en charge bénévolement les tombes des « Morts pour la France » laissés en déshérence par les familles qui avaient demandé la restitution des corps29.
17Le rôle joué par Orléans durant la Grande Guerre explique l’inhumation de nouveaux défunts dans le carré militaire. Au cours de l’hiver 1914-1915 arrivent des troupes britanniques composées notamment de lanciers du Bengale qui bivouaquent entre Olivet et Saint-Cyr-en-Val. Jusqu’en 1918, des soldats blessés sont accueillis dans des hôpitaux militaires provisoires et des prisonniers allemands sont enrôlés dans les usines locales. L’état nominatif du 21 juillet 1923 des militaires nouvellement enterrés dans le carré militaire rapporte que tous sont morts à l’hôpital d’Orléans entre 1914 et 191830.
18En 1920, avec le financement par l’État du transport des corps auprès des familles qui en font la demande, un grand nombre d’exhumations dans les cimetières des zones de front ou de l’arrière permettent les restitutions. Ces mouvements (248 exhumations sur 1328 corps pour le carré militaire orléanais31) obligent à la tenue de registres nominatifs afin de ne priver ni le ministère, ni les autorités étrangères dont les morts sont enterrés en France, ni les familles, de la connaissance du lieu d’inhumation de chaque soldat. La reconfiguration des cimetières par fusion de carrés militaires est envisagée avant 1939. Le maire d’Orléans refusera faute de place en 1922 l’incorporation de 5 Hindous morts en 1915 à la Chapelle Saint-Mesmin32 et des 69 tombes militaires du cimetière de Malesherbes en 193933. La domanialité publique des tombes de guerre, même disséminées, au profit de l’État et la compétence exclusive de l’entretien par le Service des sépultures sont rappelées aux maires en 193234. Les derniers rassemblements des années 1960 réunissent les défunts des dernières guerres à leurs prédécesseurs. Une remise en l’état des tombes est décidée en novembre 1970 et une convention entre la ville d’Orléans, le ministère et le SF au 12 mars 1974 rationalise leur entretien35.
19À ce carré militaire français s’est ajouté, dès l’origine, un espace pour les soldats d’autres nationalités. Dans le contexte d’installation du nouveau cimetière en 1903, 3 des 5 soldats Allemands du conflit de 1870 éparpillés dans les anciens cimetières orléanais sont déplacés et les restes des 2 autres sont rassemblés dans le nouvel ossuaire36 conformément au traité du 10 mai 1871 (art. 16). Passé 1918, les prisonniers allemands morts à Orléans sont incorporés à cet espace, dans le respect de l’accord franco-allemand de Berne du 26 avril 1918. En mars 1939, sur la demande et aux frais de l’autorité allemande, sont regroupés 132 soldats enterrés en différents cimetières du Loiret dans le cimetière orléanais. Le recensement des Allemands inhumés en 1814-1815 ou 1870-1871 demandé en 1942 n’aboutit qu’à déplacer de nouveau les soldats tombés en 1870 exhumés en 1908 du cimetière Saint-Vincent37. Après 1945, 841 Allemands enterrés dans les cimetières orléanais ou dans des tombes de fortune sont rassemblés au cimetière des Bicharderies à Fleury-les-Aubrais. Une convention franco-allemande du 25 octobre 1954 prévoit le regroupement des sépultures et l’aménagement des cimetières de la Seconde Guerre mondiale. La convention du 19 juillet 1966 fixe le statut définitif des sépultures allemandes allant de 1870 à 1945 présentes sur le territoire français, en mettant à disposition les terrains utiles à l’organisation des cimetières militaires, et en fixant les conditions d’entretien par la « Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge » (VDK) créée en 1919 et de financement par la République allemande. En 1967, la municipalité d’Orléans projette néanmoins de déplacer les tombes allemandes au motif d’un élargissement du boulevard Victor Hugo et freine les projets de réfection par la VDK. Le ministère impose les frais de transports et ré-inhumation à la ville qui s’estime victime du rassemblement de tombes dans son cimetière, et c’est avec soulagement que la VDK propose leur transfert dans la nécropole de Cernay, dans le Haut-Rhin. Les 414 tombes sont déplacées le 9 mai 197338.
20Des espaces sont également prévus pour les soldats américains morts à l’hôpital d’Orléans lors du conflit 1914-191839 avant leur rapatriement en 191940. Les soldats britanniques et du Commonwealth morts lors du même conflit mais aussi en 1939-1945 sont en revanche regroupés durablement au Grand cimetière41. En 1940, les autorités d’occupation placent les cimetières militaires sous leur contrôle. Dès lors, l’identification, le repérage des tombes des Anglo-Américains et l’information aux familles sont difficiles, l’autorité allemande ayant privé les pouvoirs publics du contrôle des sépultures et privilégié le secret à l’égard des soldats alliés.
21En 196842, lors de la réfection des tombes impulsées par l’État (et financée dans le respect de la répartition des concessions perpétuelles entre l’État 2/3 et la Ville 1/3), le cimetière militaire d’Orléans rassemble 1391 tombes françaises dont 1289 du conflit 1914-1918. Il faut ajouter 85 tombes anglaises, 418 tombes allemandes (dont 4 morts rapportés du conflit de 1870). La ville réfléchit en 1968 à une désaffectation du Grand Cimetière pour deux cimetières intercommunaux au nord et au sud d’Orléans, mais le poids du financement des déplacements des sépultures militaires freine le projet43. En revanche, le possible rapatriement dans un ossuaire des soldats « Morts pour la France » enterrés dans les caveaux familiaux dont la concession arrive à terme est signalé en 1968. Ces velléités d’utiliser le terrain du cimetière le plus judicieusement possible conduit toutefois le préfet à rappeler en 1971 qu’aucun maire ne peut modifier le carré militaire et qu’aucun autre défunt, non « Mort pour la France » ne peut y être intégré.
La valorisation du sacrifice pour la Nation dans les carrés militaires
L’hommage égalitaire à l’égard de tous les combattants
22La prise en charge par les pouvoirs publics des morts de guerre a conduit à insister sur la dimension communautaire et patriotique de ces disparitions. Et passé 1918, le carré militaire n’est que l’un des dispositifs qui maintiennent le souvenir des guerres à côté des ossuaires monumentaux, des cimetières et des cénotaphes auxquels s’ajoutent, dans les années 1920, les monuments aux morts dans presque chaque village44 et la tombe du soldat inconnu pour figurer l’allégorie du sacrifice de la Nation45.
23Or ce sacrifice collectif valorisé dans les monuments nationaux se retrouve à l’échelle des carrés militaires, d’abord par la mise à l’écart des emblèmes religieux des monuments funéraires46 même si, comme le soulignent Luc Capdevila et Danièle Voldman, l’hommage leur était rendu à la Toussaint le 1er novembre avant 192247, et que la force du 11 novembre reste liée tout à la fois à sa proximité avec la Toussaint et à l’anniversaire du cessez-le-feu de la Première Guerre mondiale.
24De plus, si le décret du 25 septembre 1920 prévoit encore la présence d’objets familiaux48, une circulaire établie à l’occasion de la loi du 11 juillet 1931 uniformisa l’aménagement des sépultures49 : à l’égalité du sacrifice devait répondre l’égalité du traitement après la mort. Et les stèles uniformes apparurent comme les plus à même d’assurer la pérennité des tombes, même après la disparition des familles des défunn des familles des défunts, d’où le rejet des pierres tombales, entourages, constructions… Les modèles de stèles, les inscriptions à y faire figurer, l’engazonnement, et le fleurissement… furent explicitées. L’égalité arithmétique dans les alignements et les espaces entre les tombes, la profondeur de la tombe au regard des dimensions des cercueils réglementaires combinaient le respect des contingences de l’espace réservé du cimetière avec ce vœu d’égalité de traitement des défunts. Des arbustes aux angles des plates-bandes, des rosiers au pied des stèles, des allées sablées entre les zones engazonnées parfaitement découpées devaient singulariser les carrés militaires « à la française » (sic) des autres armées. Des aménagements locaux étaient envisageables dans les 600 cimetières communaux de chaque municipalité s’ils n’induisaient pas de nouvelle dépense. Un mât pour lever le drapeau lors des cérémonies y fut généralisé à partir de 1961.
25En réponse à cette circulaire, un descriptif du 13 juillet 193250 prévoit deux sections des soldats morts à l’hôpital d’Orléans et morts au front. Des croix en ciment avec des plaques de fonte, des plantes vivaces et des fleurs apportées par les familles tranchent avec les allées sablées. Les 277 tombes allemandes, isolées dans une section, avec croix de bois et plaque de fonte, sont garnies de lierres, et entretenues par le Souvenir français. Dès lors, il sera demandé aux familles de retirer les signes funéraires disposés sur les tombes situées dans les carrés militaires, à l’initiative du maire en 192251, à l’initiative du préfet encore en 1935 comme du ministre en 1936 qui fait enlever les 89 entourages de tombes non encore disparus dans le cimetière d’Orléans52.
26Cette uniformité n’est pas une exception française. L’Imperial War Graves Commission (IWGC) initie, en 1950, l’installation de stèle pour les tombes militaires anglaises des cimetières communaux. À Orléans, 21 et 64 tombes des deux conflits sont ainsi réunies, embellies uniformément avec un monument central entre 1951 et 1954. Le mât dressé à l’initiative du Souvenir français pour porter les couleurs anglaises au jour des commémorations est retiré en 1958 comme rompant avec la tradition des cimetières militaires britanniques. L’IWGC reste attentive au fleurissement uniforme périodique par des couronnes artificielles de coquelicots53. Là encore, l’intégration au carré militaire n’est possible que pour les morts de guerre54.
27Cette valorisation du sacrifice national au sein des carrés et cimetières militaires ne se limite pas à une scénographie symbolique mais constitue un terrain politique d’opposition franco-allemande entre 1924 et 1945. À Orléans, c’est d’abord la question de l’entretien des tombes allemandes qui suscite un différend. La ZAK (Zentralnachweiseamt) association privée du souvenir allemand55, en dehors des visites officielles de contrôle des sépultures, charge et finance, depuis 1924, le concierge du cimetière de remplacer des éléments funéraires ou de photographier des tombes allemandes. Contesté, ce contournement du service du SF cesse après l’intervention du ministre français56. Puis, de novembre 1940 jusqu’à la Libération57, les autorités d’occupation réclament un soin particulier pour les tombes des soldats allemands58 afin de rendre plus digne le dimanche des morts, puis le « jour des Héros59 ». Les récriminations à l’égard des employés de la ville d’Orléans chargés de cet entretien sont d’autant plus vives entre 1941 et 194460.
La survivance d’éléments identitaires des soldats morts
28En dépit de cette focalisation sur la valeur nationale de ces morts subsistent, au sein de ces carrés, des éléments d’identité personnelle non réductibles dans la Nation. L’individualisation et l’identification des tombes militaires, dès 1914, obligent à respecter les choix religieux des soldats inhumés61 dans les stèles et les rites funéraires associés. Dès 1914, des consignes furent données62, et ce respect confessionnel demeure tout au long du XXe siècle, dès lors qu’il ne rompt pas avec l’uniformité souhaitée. À Orléans, 72 tombes de soldats musulmans sont ainsi repérées pour le conflit 1939-1945. Une réponse ministérielle du 22 juin 1979 complète la circulaire du 28 novembre 1975 pour accepter le rassemblement des tombes musulmanes au sein du carré militaire si des familles le demandent et sous réserve du maintien de la neutralité du lieu63.
29Ce n’est qu’à une période relativement récente, depuis les années 1960, que ces commémorations, davantage délaissées par les populations, cèdent la place à la mise en valeur plus intimiste du lien entre les morts et les vivants d’aujourd’hui, au plus près de l’histoire personnelle des disparus et de leurs familles, des morts comme des blessés survivants aux guerres :
« La mémoire publique de la guerre est devenue un album intime des vies brisées […] et c’est désormais à travers les individus et leur destin tragique que les collectivités tracent les chemins de la mémoire publique des conflits64. »
30Si Luc Capdevila et Danièle Voldman voient, dans le monument aux morts de Laurens dans l’Hérault, un édifice précurseur du mélange de la mémoire publique qu’il véhicule avec les récits intimes des victimes ensevelies dessous, l’émergence du lien avec les vivants se manifeste encore dans l’expérience du « monument vivant » de Biron (œuvre de Jochen Gerz installée en 1996 en Dordogne), édifice à la mémoire des morts des guerres passées sur lequel s’expriment anonymement les habitants sur les valeurs légitimes pour risquer sa vie.
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31Quant au carré militaire, il constitue avec le monument aux morts l’élément commémoratif du sacrifice de guerre le plus proche des citoyens dans l’éventail des matérialisations des lieux de souvenirs. Si aujourd’hui, la disparition des familles des défunts inhumés sous ces tombes ou la dilution du lien familial contribuent encore à les dépersonnaliser au profit d’une symbolique nationale de l’épreuve collective, leur caractère de tombeau nominatif les maintient définitivement éloignés d’une allégorie désincarnée du sacrifice.
Notes de bas de page
1 Philippe Aries, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen Âge à nos jours, Paris, Le Seuil, 1977. Michel Vovelle, La mort et l’Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 1983.
2 Jean-François Jagielski, Thierry Hardier, Combattre et mourir pendant la Grande Guerre 1914-1925, Paris, Imago, 2001.
3 Luc Capdevila, Danièle Voldman, Nos morts les sociétés occidentales face aux tués de la guerre (XIXe -XXe siècles), Paris, Payot, 2002. Cf. la bibliographie signalée par ces auteurs.
4 Le nombre de tués au combat s’accroît de façon importante à partir de 1850 du fait d’armes plus meurtrières. Pour la France, les morts militaires de la guerre de 1870 sont évalués à près de 140 000 ; à près de 1 300 000 soldats français et coloniaux en 1914-1919, (Le chiffre correspond aux « Morts pour la France », [http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr]). En 1939-1945, le nombre de morts est évalué à 630 000, (200 000 soldats, 150 000 civils métropolitains, 280 000 victimes de la population civile déplacée par l’Allemagne). Cette massification des morts depuis 1870 et l’effacement de la distinction entre le front et l’arrière renforça encore la nécessité du deuil national au profit de la population en guerre, cf. Luc Capdevila et Danièle Voldman, op. cit. p. 54-55.
5 Chiffres 2014, [http://www.defense.gouv.fr].
6 Décret du 23 prairial an XII. Luc Capdevila et Danièle Voldman rappellent les morts de Waterloo enterrés sur le terrain et dont les ossements étaient retrouvés lors des labours postérieurs par les agriculteurs, op. cit, p. 64-65.
7 Instruction provisoire pour le service des troupes en campagne, ministère de la guerre, F. G. Levrault, 1823, cité par Luc Capdevila, Danièle Voldman,, op. cit. p. 68.
8 Sur ces questions, Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 114-124 ; Véronique Harouel-Bureloup, Traité de droit humanitaire, Paris, PUF, 2005.
9 Au total, de 1873 à 1878, l’État finança l’aménagement de 87 396 sépultures réparties sur 1 438 communes de 36 départements. Dans ces sépultures sont ensevelis les corps de 37859 Français, 21 876 Allemands, 27 661 Français et Allemands, [http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/sepultures/02guerre1870.htm].
10 Annette Becker, Oubliés de la Grande guerre. Humanitaire et culture de guerre, 1914-1918, Paris, Éd. Noêsis, 1998.
11 Cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman,, op. cit., p. 44-54.
12 Sont considérés « Morts pour la France » pour lesquels l’État fournira une sépulture perpétuelle les militaires et marins morts entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, soit au combat, soit des suites de blessures ou de maladies contractées en service avant la date buttoir, L. 29 décembre 1915 ; Traité de Versailles art. 225-226, L. 31 juillet 1920 et D. 25 septembre 1920, (étaient exclus de la sépulture perpétuelle prévue par l’État ceux même « Morts pour la France », décédés après avoir quitté l’armée, avoir été réformés, ou morts au-delà de la date buttoir, L. 23 août 1932, Archives municipales d’Orléans (AMO), 4388.
13 La loi du 28 février 922 élargit ce statut « à tout otage, à tout prisonnier de guerre militaire ou civil, mort en pays ennemi ou neutre, des suites de ses blessures, de mauvais traitements, de maladies contractées ou aggravées en captivité, d’un accident du travail ou fusillé par l’ennemi ». Étaient considérés également les indigènes d’Algérie, des colonies ou pays de protectorat, les engagés à titre étranger tués ou morts dans les mêmes circonstances. Cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 32.
14 Cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 78-84 ; Yves Pourcher, « La fouille des champs d’honneur. La sépulture des soldats de 14-18 », Terrain, no 20, 1993, p. 37-56.
15 Qu’il s’agisse de positions d’hommes politiques dont les fils étaient morts au front (Paul Doumer) ou de membres de l’armée (Lettre du CDT Beller au maire d’Orléans du 9 octobre 1920, AMO 4388), le rapatriement des corps auprès des familles ne fut pas toujours souhaité.
16 Une lettre du 7 mars 1921 du ministère des pensions vint rappeler que les corps revendiqués par les familles, même « Morts pour la France » ne pouvaient plus être incorporés dans les carrés militaires, AMO 4388.
17 Cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 89-91, La loi du 31 juillet 1920 (art. 105) confie à la Nation, qui en assurera la propriété et l’entretien, les cimetières militaires créés ou à créer sur l’ancien front. Le décret du 25 septembre 1920 organise les transferts de terrains au profit de l’État ou la convention État-municipalités pour la mise en forme de ces cimetières.
18 Décret du 25 septembre 1920.
19 Le décret du 22 février 1940 assorti de l’instruction du 19 mars 1940 sur les sépultures militaires rappelle les règles en vigueur depuis la fin de la guerre 1914-1918, et les généralise pour les soldats alliés et ennemis. Pour l’Indochine, l’inhumation sur place fut suivie du rapatriement des corps entre 1981-1989 pour une inhumation au mémorial de Fréjus ; pour l’Algérie, un rapatriement systématique s’instaura progressivement, cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 106-110. Le Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre maintient aujourd’hui l’essentiel de ces dispositions (art. L. 488 à L. 492 bis pour les Morts pour la France, et L498 et L505 pour les carrés militaires).
20 Cette extension n’induit pas la sépulture perpétuelle à la charge de l’État dès lors que la mort n’avait pas été « la conséquence directe d’un acte accompli volontairement pour lutter contre l’ennemi ». La loi du 27 août 1948 codifiée par l’article L. 115 du Code des pensions militaires et des victimes de guerre exclut le financement d’État pour les sépultures de ces victimes de guerre, obligeant les municipalités ou les familles à prendre en charge ces dépouilles.
21 Pour exemple, la ville de Clamart, Revue du Souvenir Français no 354, 1er trim., 1979, p. 33-37.
22 Cf. chiffres donnés par Luc Capdevila, Danièle Voldman,, op. cit., p. 111-112.
23 Revue du Souvenir Français, no 354, 1er trim. 1979, page de garde.
24 Les statuts de l’association fixent ses missions : entretenir en France et à l’étranger les tombes des militaires et marins Français morts pour la patrie et veiller à la conservation des tombes et des monuments élevés à leur gloire, perpétuer la mémoire de ceux qui ont honoré la patrie par de belles actions, et rendre un pieux hommage à ceux tombés pour la gloire pour la défense du pays. À Orléans, comme dans différentes villes, le Souvenir Français demanda en 1932 la présence d’un membre de la municipalité dans le comité local, pour régler les questions relatives aux sépultures militaires, Lettre du 23 août 1932, AMO 4388.
25 Cf. la lettre reproduite par le comité du Loiret, sur son site [http://sforleans.canalblog.com/].
26 AMO, 4388.
27 Rapport de la ville d’Orléans 26-6-1924. Il avait été admis en vertu du traité de paix (art. 225) que la sépulture perpétuelle était offerte aux Allemands morts entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, AMO 4388.
28 Lettre du 16 juin 1919 de l’Office des sépultures militaires au maire d’Orléans, AMO 4388.
29 Le décret du 30 mai 1921 laissait aux villes la possibilité d’offrir la concession perpétuelle à ces tombes, ou de les rassembler dans un monument aux morts disposant d’un caveau, et d’en laisser le soin au SF (Lettre du préfet du Loiret du 22 avril 1936, AMO 4388). Après 1945, appuyé par les associations d’anciens combattants, le SF reprend ses activités. Pour exemple Revue du Souvenir français no 354, 1er trim., 1979, le rapport du conseil d’administration de l’association, p. 43-44.
30 AMO 4388.
31 Rapport sans date à la mairie d’Orléans postérieur à 1924, AMO 4388.
32 Six Hindous sont recensés à ce jour au cimetière de la Chapelle Saint-Mesmin.
33 Lettre du maire du 9 juin 1939, AMO 4388.
34 Lettre du ministre du 30 juillet 1932, AMO 4388. Seules les tombes des soldats dont les corps avaient été rendus aux familles pouvaient relever du pouvoir de police des maires.
35 Aux services municipaux l’entretien des pelouses, épandage et taille des rosiers, au Souvenir le découpage des bordures, sarclage, binage et arrosage aux frais de la municipalité… AMO 4390.
36 Cf. les courriers à l’ambassadeur d’Allemagne du 4 février 1909, L’enjeu des frais d’exhumation et de transport à la charge de la ville ou des familles constitue l’élément sensible des discussions, AMO 4389.
37 Lettre du 19 mars 1942, AMO 4389.
38 Cf. les échanges de courriers entre le 26 septembre 1967 et le 9 mars 1972 entre la ville, le ministère et la VDK, AMO 4389.
39 Lettre du député maire d’Orléans du 26 août 1918, AMO 4388.
40 Les corps des Américains décédés entre 1914-1918 sont rapatriés au 19 décembre 1919 via le port de Saint-Nazaire, Lettre du préfet du Loiret 19 décembre 1919 au maire, AMO 4388. Les morts de 1939-1945 seront pareillement rapatriés au printemps 1945 alors que deux décrets des 4 août 1955 et 12 septembre 1956 rapportent les accords franco-américains dans la création de cimetières militaires permanents avec monuments commémoratifs en France, AMO 4390.
41 Accord franco-anglais du 26 novembre 1918 reconnaissant l’Imperial War Graves Commission comme interlocutrice du gouvernement français en la matière.
42 État donné au ministère au 27 mars 1968, AMO 4388.
43 Réponse ministérielle aux anciens combattants, 20 septembre 1968, AMO 4388.
44 Cf. Antoine Prost, « Les monuments aux morts. Culte républicain ? culte civique ? culte patriotique ? », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, I, La République, Paris, 1984, p. 195-225.
45 L’Arc de triomphe abrite le tombeau du soldat inconnu de 1914-1918. La crypte de Notre Dame de Lorette s’est vue adjoindre la tombe d’un soldat inconnu pour chacun des conflits suivants (1939-1945, déporté inconnu, Afrique du nord, Indochine), cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 232.
46 Cf. loi du 25 octobre 1919.
47 Cf. séance de la ville d’Orléans du 23 mars 1908 fixant le périmètre du carré militaire et rappelant l’hommage rendu chaque année le 1er novembre. Le 16 octobre 1918 le préfet du Loiret invite à apporter un soin particulier aux tombes en vue des visites liées à la Toussaint, AMO 4388. La loi du 24 octobre 1922 officialise ce jour de commémoration nationale.
48 Art. 5 : « Chaque sépulture particulière comportera un monument individuel d’un modèle uniforme, dont les inscriptions comporteront les nom, prénoms, grade et affectation militaire du défunt, le lieu et la date de son décès ainsi que la mention “mort pour la France”. Le monument pourra recevoir en outre un emblème confessionnel suivant les indications données par les familles. L’aménagement des sépultures sera conçu de manière à permettre aux familles d’y déposer tous objets destinés à honorer la mémoire des morts. »
49 Une circulaire du ministère des pensions du 7 juin 1932 invite à achever les travaux d’aménagement des cimetières communaux, et à rassembler en carrés les tombes dispersées qui empêche un entretien aisé. L’engazonnement ou le sablage des allées et des tombes, sont à privilégier ; les remplacements des stèles fragiles par des éléments durables sont préconisés. La circulaire du 23 août 1932 vient la compléter dans le détail, AMO 4388.
50 AMO 4388.
51 Note de la mairie du 28 avril 1922 invitant les familles à enlever les décorations ajoutées sur 6 rangs de tombes nouvellement attribuées au SF. Une jurisprudence de conseil d’État du 20 novembre 1934 fut rendue face à l’opposition de la famille du commandant Minard à la suppression de la tombe familiale à Saint-Nicolas-les-Arras, AMO 4388.
52 Arrêté du préfet du Loiret du 19 avril 1935 ; (seul le dépôt d’objets mobiles de dimensions réduites étaient autorisés) ; Lettre du 4 décembre 1936 du ministère au maire d’Orléans AMO 4388.
53 Cf. le dossier concernant les sépultures britanniques 1947-1964, AMO 4390.
54 La disparition accidentelle d’un aviateur anglais en 1951 conduira à un arrangement amiable avec la municipalité : il est enterré auprès du carré militaire britannique, dans une concession perpétuelle acquise par le ministère anglais des armées, entretenue gracieusement par le SF, ibid., AMO 4390.
55 La VDK eut une activité importante de 1924 à 1933, date à partir de laquelle son action est influencée par le pouvoir pour exalter la puissance germanique, cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 224-225.
56 Lettre du ministre du 19 mai 1930, AMO 4389.
57 Cf. les courriers échangés entre la ville et les autorités allemandes dans le dossier consacré à cette période, AMO 4389.
58 Couronnes, tapis de verdure de sapin, enlèvement des fleurs défraîchies, fleurissement et sablage… font de cette commémoration un geste politique fort, AMO 4389.
59 De 1934 jusqu’en 1945, le jour des héros succède au jour de deuil national allemand établi en 1919 sous la pression nazie et est fixé au 21 mars, cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 224-225.
60 AMO 4389.
61 Luc Capdevila, Danièle Voldman relèvent (op. cit., p. 194) l’opposition du rabbinat à l’érection indifférenciée de croix sur les tombes des morts de 1914, et dès 1915, le haut commandement permit que les rabbins surveillassent l’érection de Tables de la loi sur les tombes des soldats israélites.
62 Le cercueil est le principe par opposition au linceul en pleine terre (ou à défaut dans un cercueil rempli de sable) pour les soldats de confession musulmane dont le corps serait allongé sur le côté droit le visage en direction de La Mecque. Pour les israélites, la stèle aurait la forme des tables de la loi, pour les Indochinois, le placement des bras, des vêtements sans éléments métalliques, un suaire blanc… venaient singulariser le mode d’inhumation, cf. Luc Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 99.
63 Cf. dossier tombes musulmanes, AMO 4390.
64 Cf. Luc Capdevila, Danièle Voldman, op. cit., p. 243-244.
Auteur
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Philippe Tanchoux
Maître de conférences en histoire du droit, université d’Orléans – CRJ Pothier
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