Introduction

1Héritière directe des spectacles musicaux qui firent la fortune de Broadway au début du xx^e siècle, symbole de l’insolente opulence des studios hollywoodiens, réconfort idéal d’une population confrontée à la grande dépression de 1929, la comédie musicale américaine apparaît dès ses origines comme un espace compensatoire, le cinéma comblant à l’écran les désirs de la ville, les manques et les attentes matérielles comme sentimentales, les rêves d’amour et de richesses, tout en exaltant les valeurs de réussite, d’honnêteté, de courage et d’aspiration à la gloire. Busby Berkeley, dont les films travaillent sur le plein, la démultiplication kaléidoscopique, les effets de perspective infinie, avait bien compris cette dynamique : pas de limite au désir américain ! L’esthétique du musical est alors fondée sur l’exaltation de la réussite sans entrave. Les héros s’envolent littéralement au devant du destin et le désir américain rencontre la providence, voire la provoque. C’est bien là t