Avant-propos
p. 9-10
Texte intégral
1Les succès récents de films aussi divers que 8 femmes (2001) de François Ozon ou Chicago (2003) de Rob Marshall confirment s’il en est besoin le goût du public pour un cinéma de divertissement qui mêle comédie, danse et chanson dans des scénarios où le seul impératif formel est d’interrompre la narration par des numéros musicaux. Si la nature de ces interruptions varie considérablement selon les films et les époques, il semble que le recours à la fantaisie musicale soit le plus souvent un moyen aussi simple qu’efficace de sortir de la réalité pour inventer un monde idéal guidé par le seul sentiment amoureux, loin de toute contingence matérielle. Il n’est pas étonnant alors que ces mondes merveilleux soient devenus le refuge idéal d’une certaine cinéphilie, nostalgique d’un mythique âge d’or hollywoodien : devant les espaces infinis de Busby Berkeley, les pas aériens du couple Astaire/Rogers ou les transports amoureux de l’explosif Gene Kelly le spectateur des salles obscures peut tenir à distance les dures réalités de la vie. Le présent ouvrage n’est pas destiné a priori à nourrir cette nostalgie : disons plutôt qu’il s’agit de revendiquer un amour du cinéma à partit de la présence de chansons et de danses dans un certain nombre de films considérés ou non comme appartenant au genre de la comédie musicale.
2La richesse des contributions qui constituent cet ensemble témoigne de la diversité des passions cinématographiques de celui à qui elles sont toutes amicalement dédiées. Jean-Pierre Berthomé, professeur à l’université Rennes 2 jusqu’en 2006 et à qui l’on doit la fondation en 1994 du département Arts du Spectacle, a su en effet renouveler sans cesse son désir de cinéma par de nouveaux objets, de nouveaux cinéastes, de nouvelles œuvres. On connaît son goût pour l’étude des décors au cinéma, dont il est aujourd’hui le spécialiste incontesté, on connaît aussi ses écrits sur Orson Welles, Jacques Demy ou Max Ophuls, son intérêt pour Tim Burton, les frètes Cohen ou le cinéma des premiers temps. De sa jeunesse cinéphile des années 1950 et 1960, Jean-Pierre Berthomé a gardé le meilleur : une insatiable curiosité.
3Outre son inclination pour un cinéma de l’artifice, dont on sait qu’il peut faire naître les émotions les plus profondes, les artistes défendus et aimés par Jean-Pierre Berthomé révèlent peut-être quelque chose de plus secret : une certaine fidélité à l’enfance, que l’on retrouvera souvent dans les textes qui vont suivre. Un film vient alors immédiatement à l’esprit : La Nuit du chasseur (1955), le chef-d’œuvre de Charles Laughton auquel il consacra une fameuse analyse parue dans la revue Positif, analyse où il est question de musique, de chansons, d’enfance, de rêve et de transmission. Autant de sujets qui forment le cœur de cet ensemble de textes dont les auteurs sont ses compagnons de route, ses doctorants devenus collègues de travail ou simplement ses amis. Et si un tiers des contributeurs a suivi ses cours à Rennes, c’est que Jean-Pierre Berthomé a su transmettre tout autant sa passion pour le cinéma que son goût pour l’écriture.
Auteurs
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Sylvie Chalaye
Sylvie Chalaye est africaniste, historienne des arts du spectacle et spécialiste d’anthropologie de la représentation, elle s’intéresse aux relations entre la scène et les images et aux constructions imaginaires au sein des cultures de masse (théâtre, music-hall, cinéma...). Longtemps enseignante à Rennes 2 et membre de l’équipe Arts : pratiques et poétiques, elle a dirigé le laboratoire « La présence et l’image » de 2003 à 2007. Elle est aujourd’hui professeur à l’université de la Sorbonne Nouvelle où elle dirige le laboratoire « Scènes francophones et écritures de l’altérité » de l’Institut de recherche en études théâtrales. Membre associé du laboratoire de recherche sur les Arts du spectacle du CNRS (ARIAS), elle a publié plusieurs études sur la mise en scène contemporaine et les dramaturgies africaines. Elle est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur les imaginaires coloniaux et les arts de représentation.
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Gilles Mouëllic
Gilles Mouëllic est professeur à l’université Rennes 2 où il est responsable du laboratoire « La Présence et l’image ». Outre de nombreux articles et conférences consacrés aux rapports entre la musique et le cinéma en général (et le jazz et le cinéma en particulier), il est l’auteur notamment de Jazz et cinéma (Cahiers du cinéma, 2000), Le jazz, une esthétique du xxe siècle (Presses universitaires de Rennes, 2000), La Musique de film (Cahiers du cinéma/SCEREN-CNDP, 2003), ainsi que d’un recueil d’entretiens : Jazz et cinéma : paroles de cinéastes (Séguier/ Archimbaud, 2006). Il a consacré plusieurs articles au dramaturge et écrivain Koffi Kwahulé, et publié un recueil d’entretiens intitulé Frères de son : Koffi Kwahulé et le jazz (Théâtrales, 2007).
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L'acteur de cinéma: approches plurielles
Vincent Amiel, Jacqueline Nacache, Geneviève Sellier et al. (dir.)
2007
Comédie musicale : les jeux du désir
De l'âge d'or aux réminiscences
Sylvie Chalaye et Gilles Mouëllic (dir.)
2008
