Histoire, vulgate et comportements collectifs

1Sans que l’on puisse parler de point aveugle, la question des comportements n’occupe qu’une place discrète dans l’historiographie des années noires et elle fait toujours débat. Rarement abordée de front dans les travaux des historiens sur la période, elle revient en revanche avec régularité dans les approximations du bavardage mémorio-médiatique. Figure imposée ou prurit incurable, elle n’en finit pas d’y être posée, le plus souvent enfermée dans la réitération d’affirmations péremptoires ou de schémas réducteurs.

2Une interprétation dominante, insaisissable par nature, installée depuis les années 1970 jusqu’au début du XXI^e siècle, est devenue, dans la durée, une sorte de prêt-à-penser. Reflet d’un air du temps alors traversé par la mauvaise conscience et par un sentiment confus de culpabilité, elle fait de certains comportements la vérité de tous. Elle généralise l’idée d’une longue passivité de l’immense majorité des Français jusqu’à leur retournement tardif, une fois la vic