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Chapitre VIII. Ordres religieux
p. 137-155
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Index géographique : France
Texte intégral
Les Jésuites
1C'est au P. de Closrivière, un Malouin, qu'il faut surtout attribuer la renaissance de la Compagnie de Jésus en France au début du siècle dernier. Né en 1735 il était jésuite depuis une dizaine d'années quand, en 1772, son Ordre fut dissous. Il revint alors dans son diocèse d'origine où il fut durant plusieurs années recteur de Paramé.
2Au début de la Révolution, il avait été sur le point de s'embarquer pour l'Amérique. Son dessein était surtout de préparer la reconstitution de la Compagnie de Jésus, en regroupant les anciens jésuites, nombreux dans les missions du Maryland. C'est en France qu'il devait réaliser ce projet. Il fonda dans ce but la Société du Sacré-Cœur de Jésus dont il recruta tous les premiers membres dans les diocèses de Rennes et Saint-Malo. Ce fut cette société, approuvée par Pie VII en 1801, qui fut reconnue par le général des Jésuites et c'est à elle que les Pères de la Foi fondés par l'ancien tailleur de pierre Paccarini, et les Prêtres du Sacré-Cœur du P. Varin durent se joindre sous le supériorat du P. de Closrivière. Quand celui-ci mourut, en 1820, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, la Compagnie de Jésus comptait déjà en France plus de 150 membres1
3De 1815 à 1828, les jésuites dirigèrent le petit séminaire de Sainte-Anne d'Auray, ce qui leur valut plusieurs sujets originaires du diocèse de Vannes. Ils eurent aussi une communauté à Nantes et une autre à Quimper.
4De nombreux jésuites bretons, 173, ont été envoyés en mission. Presque 2 sur 3 l'ont été de 1861 à 1910. Avant la Seconde Guerre mondiale, 8 sur 10 de ces missionnaires exercèrent leur apostolat en Chine. Plus des trois- quarts des 152 jésuites bretons missionnaires ont eu pour champ d'apostolat le Kiang-nan, circonscription formée par les deux provinces chinoises du Kiang-son et du Ngnan-hoei. Ils représentent approximativement le tiers des jésuites français envoyés dans cette mission2, mais la part qui leur revient dans son développement ne tient pas seulement à leur nombre. Depuis 1879, les quatre évêques du Kiang-nan ont été quatre Bretons : Mgr Garnier, Mgr Simon, Mgr Paris et Mgr Haouissé.
5Depuis 1879, le vicariat apostolique du Kiang-nan a été gouverné par quatre Bretons :
Mgr Garnier, de St-Germain-en-Coglès (I.-et-V.), 1879-1898.
Mgr Simon, de Nantes 1889-1899.
Mgr Paris, de Chantenay (L.-A.), 1899-1931.
Mgr Haouissé (C.-d.-N.), 1931.
6Mgr Garnier était depuis plusieurs années vicaire de Mellé quand, vers 1854, il entra dans la Compagnie de Jésus. Pendant dix ans (1856-1866), il exerça son zèle près des bagnards de la Guyane. Quand cet apostolat fut remis entre les mains des Pères du Saint-Esprit, il s'offrit pour la mission de Chine où il arriva en 1869. Il était supérieur du collège de Zi-ka-wei lorsqu'en 1879 il fut placé à la tête du vicariat apostolique du Kiang-nan qu'il gouverna pendant dix-neuf ans3. Au cours d'un épiscopat de plus de trente ans (1899-1931), Mgr Paris vit doubler le nombre des chrétiens de son vicariat ; 135 000 Chinois furent confirmés de sa main et plus de cent reçurent de lui l'ordination sacerdotale.
7Les missionnaires qui, au xviie et au xviiie siècle, travaillèrent à l'évangélisation de la Chine furent en grande partie redevables de leur liberté d'action au prestige que leur valait, à la cour impériale et près des lettrés l'activité scientifique des PP. Ricci, Shall et Verliest, présidents successifs du Tribunal des mathématiques de Pékin. À côté de ces savants, il est légitime de placer le frère Gilles Thébault (1703-1766), un ancien horloger de Saint-Malo, qui attira aux catholiques les bonnes grâces de l'empereur Kien-long en construisant pour ce prince des animaux automates4.
8Depuis leur retour en Chine au xixe siècle, les Jésuites ont renoué avec ces traditions scientifiques. Les deux savants les plus éminents du Kiang- nan ont été deux Bretons, le P. Heudes, un naturaliste et le P. Froc, connu en Extrême-Orient sous le nom de « Père des Typhons » ou « Père Tourne-le-Vent ». Le P. Pierre Heudes (1836-1902) était né à Fougères. Il consacra plusieurs années à parcourir les provinces chinoises. Il en rapporta une ample moisson de documents - descriptions et échantillons sur la flore et la faune de la Chine — qui constituèrent le premier fond du musée qu'il créa à Zi-ka-wei en 1871. L'écrivain compléta l'œuvre du voyageur. Ses travaux descriptifs (quadrupèdes, oiseaux, reptiles) et anatomiques (dentition comparée) ont une très grande portée pour le problème de l'évolution. Le musée de Zi-ka-wei, devenu le « Musée Heudes » fut transféré vers 1930 sur le territoire de la concession française de Chang-Hai5.
9Le P. Louis Froc (1859-1932) était le fils d'un armateur brestois. Préparé par de sérieuses études scientifiques achevées à l'Institut catholique de Paris sous la direction d'Édouard Branly, il prit en 1892 la direction de l'Observatoire de Zi-ka-wei qu'il assuma jusqu'en 1931. En 1904, à une époque où la France ne s'occupait guère encore de sismologie, il organisa lui-même les premières études faites en Chine sur les tremblements de terre. C'était pourtant le météorologiste qui prédominait en lui. À son étude sur les grandes routes des typhons (1896), firent suite deux mémoires sur l'atmosphère en Extrême-Orient publiés dans les Annales hydrographiques (1901) et dont le service hydrographique du ministère de la Marine fit paraître, en 1921, une deuxième édition plus que doublée en étendue. Dans l'intervalle, le P. Froc avait résumé vingt-six années d'observation dans son Atlas des Typhons (1920)6.
10Grâce à ces recherches, l'Observatoire de Zi-ka-wei put donner plus de précision et plus d'extension à son service de prévision du temps créés en faveur des marins. Quelques chiffres empruntés au Journal de la Marine Marchande du 13 août 1931, donneront une idée de l'ampleur du travail accompli sous sa direction :
[...] en 1930, l'Observatoire a signalé 51 dépressions, 12 coups de vent, 34 typhons. Ces 97 alertes, bénignes, menaçantes ou dangereuses — en moyenne 8 par mois, une tous les 4 jours - ont forcé l'Observatoire à envoyer plus de 18 000 télégrammes, 7 000 quotidiens aux Observatoires de Chine et de l'étranger, 11 000 au moment du danger ! Mais l'importance qu'attachent à Zi-ka-wei les marins, se mesure à leurs appels. En 1930, les diverses stations et les navires de toutes nationalités ont envoyé 64 365 télégrammes à l'Observatoire !
11En 1899, Paul Doumer, alors gouverneur de l'Indochine, voulut doter cette colonie d'un observatoire météorologique central. Il confia au directeur de l'Observatoire de Zi-ka-wei le soin d'en choisir l'emplacement. Après de longs voyages d'étude, celui-ci désigna Phu-lien, entre Hanoï et Hai-phay, villes dont il avait prévu l'importance à venir. En 1931, le P. Froc rentra en France et M. Doumer, alors Président de la République, le reçut à l'Élysée et le nomma officier de la Légion d'Honneur. Depuis 1927, une rue de Changhaï porte le nom de « route du Père Froc ».
12Les PP. Gauchet et de La Villemarqué s'occupaient d'astronomie. En 1932, ils avaient déjà dressé un catalogue de 14 000 étoiles, étudié 1 200 étoiles doubles et entrepris l'étude théorique et pratique des perturbations d'un groupe comprenant plus de 100 petites planètes7.
13Quelques-uns des jésuites bretons envoyés aux États-Unis ou au Canada s'y distinguèrent par leur activité apostolique ou littéraire. Le P. Félix Martin (1804-1886), né à Auray, arriva au Canada en 1842. Il fonda à Montréal le collège Sainte-Marie (1845) dont il fut le premier recteur tout en assumant le supériorat des jésuites du Canada. En 1857, le gouvernement canadien, mettant à profit sa compétence et son goût pour les recherches historiques le chargea de rechercher en France les documents ayant trait à l'histoire du Canada. Il est l'auteur de divers ouvrages sur les PP. Jogues, de Brébeuf et Chaumonot, sur Montcalm et sur la Mère Saint-Stanislas8.
14Le P. Auguste Thébault (1807-1885), fils d'un commerçant nantais exerça trois ans son ministère sacerdotal dans son diocèse natal. En 1835, il entra dans la Compagnie de Jésus en Italie. Son noviciat terminé, il revint en France suivre les cours donnés par Ampère à la Sorbonne. Aux États- Unis, où il arriva en décembre 1838, il commença par enseigner la chimie, puis fut recteur de plusieurs collèges, dont le Saint-John's Collège de New York. Écrivain très fécond, il publia deux romans et toute une série d'ouvrages historiques ou religieux dont les principaux sont : The Irish Race in the Past and in the Présent (1883) et The Church and the Gentile World, 2 volumes (1878). La société d'histoire catholique des États-Unis a publié ses mémoires dont le premier volume contient le récit de ses années passées en Bretagne9.
15Le P. Georges Le Fer de la Motte (1861-1918) appartenait à une vieille famille de Saint-Malo. Il obtint, en 1888, de consacrer ses forces aux missions indiennes des Montagnes Rocheuses dont il ne tarda pas à être nommé supérieur. Il jouissait d'un tel prestige près de ses confrères qu'en 1906, lors de l'élection du successeur du R.P. Martin, général de la Compagnie de Jésus, plusieurs voix se portèrent sur son nom10.
Les Trappistes
16L'antique abbaye de Melleray, fondée en 1132 dans le diocèse de Nantes, fut repeuplée en 1817 par des trappistes revenus d'Angleterre. Elle se recruta si bien que, dès 1831, elle put fonder en Irlande, dans le diocèse de Wat-ford, l'abbaye Notre-Dame de Melleray. Peu de temps après, elle essaimait de nouveau, en Algérie d'abord, puis aux États-Unis. En 1842, l'Abbé de la Grande-Trappe, supérieur général des Cisterciens de la stricte observance, était Dom Joseph-Marie Hercelin, originaire de Saint-Congard et ancien professeur au séminaire de Vannes. Sur l'invitation du Maréchal Soult, qui devinait l'influence sociale et civilisatrice que pourrait exercer sur les Arabes la présence de moines agriculteurs11, Dom Hercelin se rendit en Algérie. Il jugea réalisable le projet de fonder un monastère dans cette colonie et décida de lui donner une prompte exécution. Le 20 avril 1843, les Trappistes prenaient possession d'un millier d'hectares qui leur avaient été concédés à Staouëli, à dix-sept kilomètres d'Alger. De ce terrain, où ils n'avaient trouvé que des palmiers nains, des ronces et des broussailles, ils firent en quelques années une ferme modèle, réplique des grandes abbayes agricoles du Moyen Âge. Ils furent les premiers à planter la vigne en Algérie. Sur la demande de Dom Hercelin, 25 trappistes de Melleray, dont 16 Bretons, étaient venus participer à la fondation de cette abbaye.
17Les trappistes étaient si nombreux à Melleray que, malgré ces départs pour l'Algérie, ils purent accepter, en 1846, à la demande du contre-amiral Bruat, gouverneur de la Martinique, de se charger d'une fondation nouvelle dans cette île. Trois religieux partirent examiner les lieux. Sur leur rapport favorable, les négociations engagées avec le ministère des Colonies furent poursuivies. Elles étaient à la veille d'aboutir lorsque survint la révolution de 1848. Le projet n'étant pas repris par le gouvernement, la fondation d'un monastère aux États-Unis fut décidée. En octobre 1848, 40 cisterciens de Melleray et quelques familiers étaient reçus par Mgr Flaget dans son diocèse de Louisville et s'établissaient en un lieu qui devint Notre- Dame de Gethsémani. Les années suivantes, d'autres moines de Melleray vinrent renforcer cette communauté américaine qui, à la fin de 1850, comptait une soixantaine de membres dont la moitié étaient originaires de Bretagne12.
18À Gethsémani, les trappistes défrichèrent leurs terres et construisirent une immense abbaye qui servit de centre paroissial pour les catholiques de la région. Ils ouvrirent aussi un petit hôpital pour les pauvres et une école gratuite qui se transforma, par la suite, en collège. Cette abbaye, la première élevée sur le sol américain, fut gouvernée trente ans durant, de 1859 à 1889, par Dom Benoît Berger, un Breton du diocèse de Nantes13.
19En 1841, Dom Hercelin avait envoyé dans son diocèse natal le P. Bernard Dugué et deux autres religieux de la Grande-Trappe pour y fonder l'abbaye de Notre-Dame de Timadeuc. En 1903, cette abbaye se prépara un refuge à Notre-Dame du Petit-Clervaux en Nouvelle-Écosse. Ce refuge compta jusqu'à 34 religieux, Bretons presque tous, mais ce n'était pas une fondation définitive. En 1919, le danger d'expulsion ayant cessé, tous les trappistes du Petit-Clervaux rentrèrent en Bretagne.
20Quelques Bretons ont participé à la fondation de l'abbaye Notre-Dame de la Consolation en Chine (Vicariat apostolique de Pékin) et de Notre- Dame du Phare au Japon (diocèse de Hakodaté).
Les Franciscains
21Depuis le milieu du xixe siècle, les Franciscains ont deux couvents en Bretagne, l'un à Rennes l'autre à Nantes, dont la principale activité fut longtemps la prédication de missions paroissiales. Les jeunes gens qui désiraient entrer dans leur ordre pouvaient faire leurs études secondaires dans leur école apostolique de Caen.
22Depuis 1874, 56 franciscains (43 prêtres et 13 religieux laïques) ont été envoyés hors d’Europe : en Terre-Sainte, en Chine, au Maroc depuis 1912 ou en Côte-d' Ivoire depuis 1957. Étienne Potron, un Brestois, arriva en Terre-Sainte en 1863. L'année suivante, il était en Égypte pour le service religieux des ouvriers employés au percement du Canal de Suez. En 1886, il fut nommé Commissaire Général de Terre-Sainte en France et, trois ans plus tard, il fut promu évêque titulaire de Jéricho. Le P. Avellin Voisin, né à Saint-Jacut (56), était supérieur du couvent de Nazareth quand Charles de Foucauld, en pèlerinage au lieu de naissance du Christ, lui demanda conseil. Il lui suggéra de se fixer dans le monastère des Clarisses dont il était l'aumônier et l'affilia au Tiers-Ordre franciscain. Olivier Guichard (1883- 1937) né à la Rouxière (44), était étudiant en théologie, quand il obtint de ses supérieurs l'autorisation de partir pour la Chine. Il devint préfet apostolique d'une mission confiée aux Franciscains. Gabriel Maurice, né à la Plaine (44) en 1862, n'avait que vingt ans quand il arriva en Chine. Il eut ainsi le grand avantage d'étudier à fond la langue chinoise. Le P. Frédéric Fourré, né à Fougères en 1899, était en Chine depuis une dizaine d'années quand, en 1938, il fut tué par des soldats japonais auxquels il interdisait l'entrée d'un couvent de religieuses. Le P. Édouard Sauvage, 1901-1963, né à Carhaix en 1901, arriva en Chine en 1928. En 1951, il fut arrêté et condamné à mort par bastonnade. Emprisonné pendant 23 mois, il fut expulsé en 1953. Il a raconté sa captivité dans un livre intitulé : Dans les prisons chinoises, publié en 1957.
Franciscains bretons élevés à l'épiscopatFélix Maurice, né à la Plaine (44), Vicaire apostolique de Chen-Si Central, 1908-1914 démission, † à Pornic 1925.
Ludovic Peurois, né à Visseiche (35) en 1881, élevé à l'épiscopat en 1936, † 1959, évêque auxiliaire de Mgr Lefèvre, archevêque de Rabat.
Le P. Jean-Paul Moisdon, de Pénestin (56), était missionnaire en Côte-d'Ivoire depuis dix ans quand en 1970 il fut assassiné par arme à feu par des inconnus.
Les Capucins
23Fondés en Italie vers 1525, les Capucins s'établirent en Bretagne en 1553. Ils s'y acclimatèrent si bien que, dès 1629, les couvents de Bretagne formèrent une Province particulière et que le millième capucin breton prononça ses vœux en 1662. Au cours du xvie et du xviie siècle14, plus de 125 capucins bretons furent envoyés au Brésil, au Congo, en Guinée, en Ethiopie, où le Bienheureux Cassien de Nantes subit le martyre, et surtout en Palestine et en Syrie.
24Rétablis en France en 1828, les capucins ne formèrent qu'une seule province jusqu'en 1870. À cette date, celle-ci fut divisée et donna naissance aux Provinces de Paris, de Lyon et de Toulouse. La Province de Paris, qui comprend les couvents de Bretagne, ne dessert d'autres missions que celles du Rajputana (Inde) reçue en 1891, le Séminaire oriental de Saint-Louis de Péra (près de Constantinople) fondé en 1881 et, depuis 1918, la paroisse française Saint-Polycarpe à Smyrne15.
25Trente capucins bretons dont quatre frères convers sont partis pour ces pays. Les départs furent surtout nombreux en 1904. Mgr Mathurin Le Ruyet de Lorient, nommé évêque d'Ajmer (Rajputana) en 1931, démissionna en 1938. Il eut pour successeur Mgr Léandre Le Floch, de Pontrieux (Côtes-du-Nord).
Les Frères de l'Instruction chrétienne, Frères de Ploërmel
26Tout au début de la Restauration, deux prêtres conçurent séparément le projet de fonder une société d'instituteurs chrétiens spécialement adaptés aux besoins des campagnes bretonnes. En 1816, l'abbé Gabriel Deshayes, curé d'Auray, réunit dans ce but cinq jeunes gens dans son presbytère et l'année suivante, l'abbé J.-M. de La Mennais, alors vicaire général de l'évêque de Saint-Brieuc, en reçut trois chez lui. Le 6 juin 1819, ces deux prêtres convinrent de fondre leurs œuvres en une seule et de mettre en commun leurs efforts. Ce fut l'origine de l'Institut des Frères de l'Instruction chrétienne. Lorsqu'en 1821, l'abbé Deshayes, élu supérieur général de la Compagnie de Marie, fondée au xviiie siècle par Grignion de Montfort, fut obligé de quitter la Bretagne et de résider en Vendée, l'abbé de La Mennais assuma seul la direction des frères. Il leur donna des constitutions et dirigea personnellement leur formation religieuse et pédagogique. En 1824, il installa leur noviciat à Ploërmel qui devint le siège de l'administration de l'Institut.
27Le grand succès des écoles ouvertes par les frères amena plusieurs évêques de France à demander à leur fondateur de les introduire dans leur diocèse, mais celui-ci estimant que son institut n'avait été fondé que pour la Bretagne, ses membres ne devaient pas quitter le territoire breton, il se contenta donc de prêter quelques-uns de ses religieux pour aider à la fondation d'autres congrégations. L'idée missionnaire eut cependant assez d'emprise sur lui pour légitimer une exception en faveur des Anciennes Colonies. Juste vingt ans après la fondation de leur institut, les premiers Frères de Ploërmel s'embarquaient pour les Antilles.
28L'état de l'enseignement aux colonies donnait des inquiétudes au ministre de l'Instruction publique. Les quelques écoles mutuelles ouvertes par le gouvernement étaient peu fréquentées et les petites écoles tenues par des particuliers n'offraient aucune garantie. L'amiral de Rosavel, ministre de la Marine et des Colonies, ne tarda pas à se persuader que seul un institut religieux pouvait résoudre le problème de l'instruction primaire aux colonies et préparer l'émancipation des esclaves à laquelle on songeait de plus en plus. En 1836, sur le conseil de Guizot, dont l'attention avait été retenue au ministère des Cultes par le rapide développement des Frères de Ploërmel, il exprima à M. de La Mennais le désir d'utiliser quelques-uns de ses frères à la Martinique et à la Guadeloupe16. M. de La Mennais accepta. Le 27 novembre 1837 cinq frères, choisis parmi les directeurs d'école, quittèrent Ploërmel pour la Guadeloupe. Deux ans plus tard, cinq autres se rendirent à la Martinique. Dès 1843, le frère Ambroise, nommé directeur principal des Antilles avait, sous sa direction, plus de 30 frères et 1 300 élèves.
29Par la suite, l'Œuvre des frères aux Antilles françaises se développa au point d'absorber 250 instituteurs dans plus de 50 écoles. Successivement, toutes les « Vieilles Colonies », sauf la Réunion où se trouvaient déjà les Frères de Saint Jean-Baptiste de la Salle, reçurent des Frères de Ploërmel : le Sénégal en 1841, Saint-Pierre-et-Miquelon en 1842, la Guyane en 1843. Toutes ces fondations se développèrent rapidement et bientôt les frères eurent en main toutes les écoles primaires, sauf quelques petites écoles perdues dans les quartiers les plus éloignés. Nous ne pouvons qu'esquisser à grands traits l'œuvre de ces Bretons, instituteurs des colonies.
30À six ou sept heures de classe succédaient, chaque soir, deux séances de préparation à la première communion, l'une pour les élèves de l'école, l'autre pour les adultes17. Les esclaves qui pouvaient assister à cette seconde séance étant rares, les frères prirent l'initiative de leur porter l'instruction religieuse sur les « habitations ». Après leur classe, les jours ordinaires, après les vêpres le dimanche, du matin au soir le jeudi, ils se rendaient d'une exploitation à l'autre au service des esclaves. L'administration coloniale, sentant la nécessité de préparer ceux-ci à leur émancipation qui s'annonçait comme prochaine, finit par prendre intérêt à cette activité moralisatrice et rendit possible l'institution de frères catéchistes. Autant que le frère instituteur, d'une manière plus pittoresque, le frère catéchiste est entré dans l'histoire des Antilles françaises. Dans l'histoire même de l'apostolat chrétien, il représente un type tout à fait original de prédicateur comme on le saisira par cette évocation dressée d'après des renseignements puisés dans plusieurs notices biographiques. Inscrit au rôle du personnel de la colonie, déchargé de classes régulières, muni d'une monture fournie par l'administration, le frère catéchiste officiel, ses exercices du matin terminés, se met en route. Il a dressé soigneusement son programme de la journée, l'itinéraire à suivre, la liste des étapes qui varient de huit à douze, les plus éloignées et les plus difficiles d'accès en tête... Il arrive près d'une habitation. L'un des surveillants vient de l'apercevoir qui débouche au portail monumental à l'extrémité de l'allée de manguiers, d'orangers ou de sabliers qui conduit à la maison du propriétaire. Une cloche tinte quelques coups, une corne de lambic18 se fait entendre : c'est le signal aux travailleurs de s'assembler pour l'instruction religieuse. Deux cents personnes et plus se massent dans la cour.
31Lorsque le groupe est au complet, le frère donne un signal et l'on s'assied à croupetons, à même le sol. La séance n'excède pas d'ordinaire une demi- heure. Elle s'ouvre par une courte prière, quelques invocations, deux ou trois couplets d'un cantique au refrain facile et entraînant. Puis en créole, en un créole pittoresque, savoureux, dont les vocables, les proverbes pleins de malice, l'allure désossée et désarticulée de la phrase, l'intonation, la mimique par où se nuance et s'achève la pensée, traduisent si précisément ce qu'il y a de plus essentiel au fond de l'âme de son auditoire, le frère expose la vérité du Christ. Et ces esclaves, dont l'unique destin en ce monde a été jusqu'ici de planter des cannes, de les sarcler, de les épailler, de les convertir en sucre, écoutent avec un prodigieux intérêt, les paraboles du Bon Pasteur et de l'Enfant prodigue, l'exposé des Béatitudes, le récit de la vie de Notre-Seigneur, de sa mort offerte pour tous les hommes, même pour les esclaves.
32Mais il est une catégorie de Noirs qui vivent en marge de l'ordre social et le bravent : ce sont les marrons ou esclaves fugitifs. Retranchés par bandes de 80 à 150 dans les forêts impraticables qui couvrent les pics les plus élevés, ils vivent une vie de sauvage, sans cesse alertés par les incursions des Blancs, sans autres ressources que la rapine, la pêche, les jardins de leurs campements toujours provisoires. Ces hors-la-loi figurent aussi au rôle du frère catéchiste. Pour les atteindre, sans risquer de dévoiler leur repaire, il doit prendre de grandes précautions19Par cet apostolat près des esclaves, les frères catéchistes se rendirent vite célèbres dans les mornes de la Guadeloupe et de la Martinique. Presque tous se reconnaissaient les disciples du frère Arthur.
33Celui-ci, vrai tribun, eut fait grande figure aux côtés des Michel Le Nobletz et Julien Maunoir, les apôtres bretons du xviie siècle. Il exerçait sur les esclaves une emprise presque souveraine et il eut l'occasion d'en donner la preuve, dans l'intérêt général de la colonie. La promulgation de l'acte d'émancipation des esclaves, prévue par le décret du 4 mars 1848, se faisait attendre. Des meneurs persuadèrent les esclaves que c'étaient les colons qui faisaient pression sur le gouvernement de la métropole et s'opposaient par tous les moyens à l'émancipation. L'effervescence devint bientôt générale. Le 21 avril, des bandes armées de machettes descendirent sur Fort-de- France, résolues aux pires excès. Le général Rostoland, gouverneur intérimaire, qui ne disposait que de 400 hommes, jugeait la situation désespérée lorsque l'un de ses conseillers lui suggéra de députer le frère Arthur vers les rebelles. Sur-le-champ, cette suggestion fut transmise sous forme d'un ordre au religieux qui, par une harangue dans laquelle il osa dénoncer violemment l'ambition des meneurs, décida les esclaves à attendre, quelques jours encore, leur libération20.
34Les frères catéchistes poursuivirent leur apostolat même après la libération des esclaves, à la Guadeloupe, jusqu'en 1868, à la Martinique jusqu'en 1879. Les frères instituteurs ne touchaient que les enfants, les frères catéchistes atteignaient un nombre beaucoup plus grand d'adultes (18 000 à la Martinique en 1875)21. Au moment des épidémies qui s'abattaient périodiquement sur les colonies, les frères instituteurs et les frères catéchistes se transformaient en infirmiers et même, à défaut d'autre main-d'œuvre bénévole, en fossoyeurs. L'héroïsme de leur dévouement leur valut de nombreux témoignages publics de reconnaissance et fut l'une des sources de leur prestige.
35Ils furent eux-mêmes durement frappés par la fièvre jaune, contractée souvent au chevet des mourants. Sept frères de la Martinique et de la Guadeloupe furent emportés par ce fléau de 1838 à 1845, dix de novembre 1868 à septembre 1869, dix autres encore au cours de l'épidémie de 1880-1881. Au Sénégal, en 1887, huit des dix frères de la ville de Saint- Louis moururent en quelques jours22.
36Indépendamment des épidémies, le climat débilitant usait vite les hommes. Le frère Cyprien, successeur de l'abbé de La Mennais au supériorat de l'Institut de Ploërmel, pouvait écrire en 1870 au ministre de la Marine et des Colonies qu'un seul frère sur cent pouvait enseigner jusqu'à cinquante-cinq ans. Beaucoup, après un séjour de quelques années seulement aux Antilles, à la Guyane ou au Sénégal devaient rentrer en France si épuisés qu'il leur était impossible de se rétablir. En Bretagne, cependant, il y avait toujours des volontaires en surnombre pour remplacer ceux qui succombaient. Pour remplacer les 8 instituteurs de Saint-Louis du Sénégal, victimes de l'épidémie de 1867, 400 se présentèrent23.
37Les écoles des colonies étaient en pleine prospérité quand les lois de laïcisation obligèrent les frères à les abandonner. De toutes celles qu'ils avaient fondées, il ne leur en restait plus une seule à la Martinique en 1883, à la Guadeloupe et à la Guyane en 1889. Ils ouvrirent quelques écoles libres qui ne purent subsister longtemps. Celle de Cayenne disparut la dernière en 1910.
38Au cours du xixe siècle, la Guadeloupe avait reçu 423 frères, la Martinique 302, la Guyane française 142, le Sénégal 183, Saint-Pierre-et-Miquelon 55. Ces chiffres élevés, ne représentent pourtant pas tout l'effectif missionnaire des Frères de l'Instruction chrétienne, car de Ploërmel partaient des maîtres d'école pour Tahiti depuis 1860, pour Haïti depuis 1864.
39Une telle générosité de personnel en faveur des écoles coloniales supposait un excellent recrutement dans la métropole. Lors du départ des premiers frères pour les Antilles en 1837 l'Institut comprenait 400 membres, il en comptait le double en 1860 et 1 675 en 1900. Si les écoles coloniales avaient freiné cette ascension en multipliant le nombre des morts prématurées, elles en avaient été cependant un facteur important, non seulement par l'attrait qu'elles exerçaient sur les écoliers bretons mais encore par des interventions ministérielles en faveur du noviciat de Ploërmel. Le 28 février 1840, l'amiral Duperré, ministre des Colonies, adressa une requête aux cinq évêques de Bretagne pour leur souligner l'intérêt qu'il attachait au bon recrutement des Frères de l'Instruction chrétienne. J.-M. de La Mennais en profitait lui-même pour faire parvenir aux curés et recteurs la circulaire suivante :
Monsieur le recteur,
La congrégation des Frères de l'Instruction chrétienne, semblable au grain de sénevé dont il est parlé dans l'Évangile, a pris en peu d'années d'heureux et rapides accroissements, et on peut la comparer à un grand arbre, sous lequel une multitude d'enfants viennent aujourd'hui se reposer ; mais, si le nombre des Frères n'augmentait pas, notre noviciat suffirait à peine à soutenir les établissements déjà fondés, et nous ne pourrions plus en créer de nouveaux quoiqu'on nous en demande de toutes parts.
D'un autre côté, M. le ministre de la Marine nous presse vivement de multiplier nos écoles coloniales, afin de préparer l'affranchissement des esclaves, et nous avons les plus puissants motifs de seconder ses vues. Il s'agit, en effet, d'instruire, de convertir à la vie chrétienne, à des mœurs pures, à des habitudes régulières, une population de près de trois cent mille âmes, qui ne connaît de Dieu que le nom, et pour laquelle la liberté ne serait qu'un funeste présent, si la religion ne lui apprenait pas à en régler l'usage.
Lorsque nous avons proposé à nos Frères d'accepter cette belle, mais périlleuse mission, ils se sont présentés en foule, et nous n'avons eu que l'embarras de choisir ; cependant nous avons dû tempérer leur ardeur, car nous avions à craindre que nos établissements de Bretagne fussent ébranlés par le départ subit de tant de Frères à la fois.
L'intérêt que vous prenez à toute espèce de bonnes œuvres m'est parfaitement connu, monsieur le recteur ; j'espère donc que vous voudrez bien contribuer au succès de celle que j'ai l'honneur de vous recommander, en nous procurant des sujets qui y soient propres. Je vous prie de remarquer qu'il n'est nullement nécessaire que ceux qui se présenteraient pour entrer au noviciat aient l'intention d'aller dans les colonies. Ils resteront toujours entièrement libres à cet égard : assez de Frères, parmi les anciens, manifestent cette vocation ; mais, pour qu'ils puissent la suivre, il faut que d'autres soient prêts à les remplacer, ou bien les écoles qu'ils dirigent actuellement resteraient vacantes.
L'âge le plus convenable pour entrer au noviciat est de seize à vingt-cinq ans ; les qualités requises sont un détachement entier des choses de la terre, l'esprit d'obéissance et d'humilité, des talents et du goût pour l'éducation des enfants24.
40Le baron de Mackau, successeur de l'amiral Duperré intervint à son tour près des évêques bretons par une lettre du 27 février 1848, dont voici le passage principal :
Depuis la loi sur le régime des esclaves votée en 1845, mon département a plus que jamais besoin de recourir à l'assistance de cette honorable congrégation, mais son supérieur général ne peut, malgré son activité et ses excellentes intentions, procurer au service colonial des Frères instituteurs aussi promptement et en aussi grand nombre que la chose est devenue nécessaire. Le Département de la Marine a donc un intérêt réel à ce que le noviciat de Ploërmel se recrute de nouveaux sujets, et, je viens vous prier de vouloir bien y contribuer, dans l'étendue de votre diocèse, par vos efforts et vos exhortations25.
41Les cinq évêques bretons transmirent à leur clergé respectif les désirs du ministre. La lettre que l'évêque de Nantes, Mgr de Hercé, écrivit à cette occasion mérite d'être reproduite intégralement :
Évêché de Nantes, le 16 avril 1846
Monsieur le Curé,
M. le Ministre de la Marine, par sa dépêche du 27 février dernier, m'entretient des heureux résultats de l'instruction donnée par les Frères aux nègres de nos colonies d'Amérique et du Sénégal ; c'est à la Congrégation de M. l'abbé de La Mennais que le Gouvernement a fait appel, et il a été répondu à cet appel avec tout le zèle, tout le dévouement dont ces pieux instituteurs nous donnent, chaque jour, de nouveaux exemples, dans nos diocèses de Bretagne ; ils deviennent partout d'indispensables auxiliaires pour le clergé.
Mais la moisson au-delà des mers est non moins excellente qu'en France et les ouvriers succombent par leur petit nombre : toutefois, l'œuvre des colonies ne peut se faire au détriment de la mère-patrie.
Pour concilier d'aussi précieux intérêts, il s'agirait de découvrir et de favoriser de nouvelles vocations qui permettront à un plus grand nombre de Frères de se consacrer à ce ministère, sans doute bien pénible à la nature, mais aussi bien riche devant Dieu et devant les hommes.
Je viens donc réclamer, Monsieur le Curé, votre participation à cette grande œuvre de régénération religieuse, en vous priant d'examiner s'il ne se trouverait point dans votre paroisse quelques jeunes gens chez lesquels vous reconnaîtriez la foi, le dévouement, les talents et la force physique nécessaires pour se livrer dans cette congrégation à l'instruction des pauvres, soit aux colonies, soit même seulement en France. Je vous prie de remarquer qu'il n'est nullement nécessaire que ceux qui se présenteraient pour entrer au noviciat aient l'intention d'aller dans les colonies ; ils resteront toujours entièrement libres à cet égard : assez de Frères parmi les anciens, manifestent cette vocation ; mais, pour qu'ils puissent la suivre, il faut que d'autres soient prêts à les remplacer, ou bien les écoles qu'ils dirigent actuellement resteraient vacantes. Vous m'indiqueriez les sujets, et j'en donnerais avis au vénérable Supérieur. Nous serions heureux de lui donner ce nouveau témoignage de notre reconnaissance et de l'intérêt que nous portons à son précieux Institut.
Le Gouvernement se charge des frais de noviciat, jusqu'à la concurrence de six sujets pour le diocèse.
Il serait à désirer que vous me fissiez connaître, le plus tôt possible, le résultat de vos recherches.
Veuillez agréer, Monsieur et Cher Curé, la nouvelle assurance de mon bien sincère attachement.
† J. François, Évêque de Nantes26.
42Ces interventions ministérielles, secondées par le zèle des évêques, furent efficaces puisque, peu après la circulaire de l'amiral Duperré, il fallut agrandir le noviciat de Ploërmel et que, dès le 8 avril 1846, l'abbé de La Mennais se félicitait des résultats déjà obtenus par celle du baron de Mackau. Elles gardèrent cependant un caractère extraordinaire et ne furent pas renouvelées sous le Second Empire.
43Pendant plus d'un demi-siècle, les jeunes gens qui voulaient s'agréger à l'Institut des Frères entrèrent au noviciat entre seize et vingt-cinq ans mais il s'en présentait de beaucoup plus âgés. Le frère Henri-Marie Évain avait atteint la soixantaine quand, en 1841, sitôt terminée sa formation religieuse, il s'embarqua pour la Martinique. Leur instruction primaire était presque toujours à reprendre. Le frère Ambroise, qui joua un rôle très important dans le développement des écoles coloniales, ne savait ni lire ni écrire et ne parlait que le breton, lorsqu'il s'était présenté au noviciat. Ces deux exemples représentent évidemment des cas extrêmes. Même en les négligeant et en s'en tenant aux cas ordinaires, on devine les difficultés qu'il fallait surmonter pour transformer en religieux-instituteurs de jeunes paysans sortis de l'école depuis cinq ou six ans.
44En octobre 1852 seulement fut tenté, au château de la Papotière, près de Nantes, un premier essai de maison de formation destinée à recevoir de bonne heure les enfants appelés à la vie religieuse dans l'Institut. Il ne donna que des résultats médiocres et fut arrêté en 1857. Des petits noviciats annexés à des écoles plus importantes et dirigées par des maîtres déjà chargés de classes n'eurent également qu'une durée éphémère.
45En 1876, le chapitre général de l'Institut, considérant que pour satisfaire aux demandes de sujets, il fallait activer le recrutement, décida de fonder des maisons spéciales de préparation au noviciat qui reçurent le nom de petits postulats. Les premiers petits postulats furent ceux de Saint-Gildas-des-Bois, en Loire-Inférieure et de Livré, en Ille-et-Vilaine27. Le succès de cette institution devait assurer l'avenir de l'Institut qui compta environ 900 aspirants en 1890. L'année suivante, le frère Cyprien pouvait déclarer au Cardinal Vanutelli : « 76 de nos écoles ont été laïcisées, 82 écoles libres ont été ou vont être incessamment fondées pour les remplacer28 ». La laïcisation des écoles n'eut donc pas de conséquences néfastes sur le recrutement des Frères de Ploërmel. Elle éveilla cependant chez les supérieurs, de sérieuses inquiétudes. La République d'Haïti, le seul pays étranger où les frères possédaient des établissements, ne pouvait pas leur être d'un grand secours en cas d'expulsion. Il leur était donc nécessaire de se préparer un autre refuge.
46En 1882, le P. Hamon, jésuite breton en résidence à Montréal, prêcha une mission aux habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ayant fait la connaissance des frères de la colonie, ses compatriotes, il leur représenta les avantages dont jouissaient au Canada les congrégations religieuses, en particulier les congrégations enseignantes. Il fut ainsi à l'origine de démarches qui aboutirent en 1886, à l'installation des frères dans ce pays où ils ouvrirent presqu'aussitôt un noviciat.
47Si la laïcisation des écoles françaises n'avait pas enrayé l'essor de l'Institut de Ploërmel, il n'en fut pas de même de sa dissolution légale votée par la Chambre des députés, le 18 mars 1903. Une centaine de religieux allèrent renforcer la fondation du Canada, d'autres passèrent en Espagne, d'autres répondant à l'appel des Pères des Missions africaines de Vérone, se rendirent en Egypte où ils prirent en main la direction du collège d'Hélian-les-Bains, d'autres encore furent emmenés dans les missions des Montagnes Rocheuses et jusqu'en Alaska, par le P. Le Fer de la Motte29.
48Pour sauver leurs écoles de Bretagne, la plupart se sécularisèrent. Plusieurs mois durant, il leur fut impossible de communiquer avec leurs supérieurs majeurs qui avaient dû quitter la France et dont la correspondance était surveillée. Laissés à peu près à eux-mêmes, relevés de leurs vœux s'ils le désiraient, sans les formalités ordinaires, beaucoup se trouvèrent dans des situations telles que, pour vivre et assurer leur lendemain, ils furent presque obligés d'orienter leur vie dans une nouvelle voie. Quand les supérieurs donnèrent des directives précises en vue de regrouper les sécularisés en communautés régulières tous n'eurent pas le courage de rompre avec des habitudes nouvelles. D'autre part, la fermeture des maisons de formation eut pour conséquence de laisser sans remplaçants les frères décédés. Ces circonstances expliquent la diminution d'environ 50 % qui se produisit en quelques années dans l'effectif français de l'Institut. En 1903, ce personnel comprenait 1 700 religieux ; quatre ans plus tard, il n'en comptait pas 870.
49De nouvelles maisons de formation furent ouvertes en Angleterre et, après la guerre de 1914-1918, en France même. Malgré tout, en 1940, les pertes causées par la loi de 1903 étaient loin d'être réparées puisqu'à cette date, les membres français de l'Institut n'étaient pas plus d'un millier.
50Les écoles d'Haïti, de Tahiti, d'Égypte, ont été maintenues ; celles des Montagnes Rocheuses ont été abandonnées. Les établissements d'Espagne, grâce à l'ouverture d'une maison de formation, connaissent un développement continu. En 1933, des frères espagnols ont émigré en Argentine. Quant à la fondation canadienne, elle devint une magnifique province qui prit le pas sur celle de France. Elle comptait à peu près 700 religieux en 1940. Non contente de se suffire à elle-même, elle fournit depuis longtemps déjà des instituteurs aux écoles d'Haïti et d’Égypte. Mais ce qui montre encore mieux sa vitalité, ce sont ses propres fondations : depuis 1903 elle dirigea aux États-Unis des écoles primaires pour les fils des Franco-Américains ; en 1922, elle ouvrit une importante école secondaire dans la ville anglaise de Southampton ; enfin, en 1926, elle manifesta son esprit apostolique en prenant en charge plusieurs écoles de l'Ouganda30.
51Les lois persécutrices des années 1880-1910 ont profondément marqué l'activité missionnaire des frères bretons de l'Instruction chrétienne. Expulsés des « Vieilles Colonies » : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint- Pierre-et-Miquelon, Sénégal, ils restèrent en Haïti et aussi en Polynésie où, quand ils furent remplacés dans l'école communale par des maîtres protestants venus de France, au nom de la laïcité, ils fondèrent une école libre. Leur institut étant obligé de quitter la France, ils cherchèrent refuge au Canada et en Espagne ; ils émigrèrent dans des pays de mission comme l'Égypte, la Bulgarie et la Turquie.
52En 1988, 80 des 450 frères canadiens œuvraient en Haïti, en Alaska, au Japon et dans six pays d'Afrique, une trentaine de frères espagnols en Amérique du Sud. Si les frères français, presque tous originaires de Bretagne, ont dû renoncer à l'envoi d'enseignants en Bulgarie et en Turquie dès le début de la Première Guerre mondiale et en Égypte depuis 1957, ils ont continué d'en envoyer en Haïti et à Tahiti ; en 1967 ils sont revenus au Sénégal où ils ont ouvert 3 collèges et une quinzaine d'écoles de brousse ; ils sont présents en Côte-d'Ivoire depuis 1980, au Togo depuis 1982 et au Bénin depuis 1990.
53Depuis 1941, 131 frères bretons ont reçu leur obédience pour un pays de mission. 72 % d'entre eux ont été envoyés en Haïti, à Tahiti ou en Égypte avant 1970. Dans tous leurs établissements d'outre-mer, leur action a été renforcée par plus de 80 jeunes frères qui, ayant choisi de faire leur service militaire dans la Coopération, ont été comme professeurs dans les collèges tenus par leurs aînés.
54La comparaison de la part revenant à chaque diocèse dans l'effectif des frères bretons envoyés hors d'Europe de 1837 à 1910 et de 1911 à nos jours manifeste des écarts importants d'une période à l'autre. Si les pourcentages de Rennes sont restés relativement stable (24,5 et 23), pour Vannes, ils ont chuté de 35 à 22, pour Saint-Brieuc, ils se sont effondrés de près de 24 à moins de 5, pour Nantes, ils ont presque doublé passant de 9,5 à 16,6, pour Quimper, ils ont presque triplé, passant de 9,6 à 30,7.
55Depuis plus de 10 ans, la majorité des novices de l'institut se trouve en Afrique. En 1994, les fondations de l'Ouganda et du Kenya avaient déjà donné 127 religieux, celles du Rwanda et du Zaïre une vingtaine.
Les Frères des Écoles Chrétiennes
56L'Institut des Frères des Écoles Chrétiennes fut fondé à Reims, en 1654, par saint Jean-Baptiste de la Salle pour les enfants pauvres des villes. Il était présent à Nantes, à Rennes, à Vannes, à Saint-Brieuc, à Saint-Malo et Brest quand, en 1792, l'Assemblée législative supprima toutes les communautés religieuses. En 1818, il était de retour à Nantes, à Rennes et à Vannes ; il avait même ouvert un noviciat à Auray. Ses écoles se multiplièrent en Bretagne au cours du xixe siècle, surtout durant les vingt premières années de la IIIe République. En dépit de leur retrait forcé de plusieurs écoles communales en 1880, ses membres enseignaient dans 92 établissements inégalement répartis entre les cinq départements : 38 en Loire-Inférieure, 23 dans le Finistère, 14 dans le Morbihan, 11 en Ille-et-Vilaine, 5 seulement dans les Côtes-du-Nord quand la loi du 7 juillet 1904 interdit d'enseigner à tout congréganiste.
57Les communautés du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord constituaient alors le district de Bretagne et totalisaient 469 religieux. Celles de Loire-Inférieure et d'Ille-et-Vilaine, du district de l'Ouest, qui comprenait aussi la Vendée et le Maine-et-Loire, comptaient à elles seules un peu plus de frères que le district de Bretagne. Plutôt que de se séculariser, 121 frères bretons s'expatrièrent hors d'Europe. 94 d'entre eux étaient du district de Bretagne ; 27 seulement relevaient de celui de l'Ouest. Un sur deux de ces exilés était Finistérien. La moyenne d'âge de ces 121 frères qui prirent la mer avant 1910 était de vingt-quatre ans ; celle de 12 autres, tous du district de Bretagne, qui, leur formation achevée en Espagne, les suivirent entre 1910 et 1914, était inférieure à dix-neuf ans.
58Depuis 1920, une centaine de Frères des Écoles Chrétiennes ont été envoyés dans les pays de mission. Au total, depuis 1875, le nombre des missionnaires bretons de l'Institut s'élève à 233. La moitié d'entre eux était originaire du diocèse de Quimper. Les frères des Écoles Chrétiennes qui devinrent missionnaires par suite de la législation sur les congrégations enseignantes exercèrent leur apostolat en Indochine (49), au Chili (30), en Égypte (27), aux USA (25), à Cuba, Ceylan et Birmanie. Beaucoup de ceux qui sont partis entre la Grande Guerre et 1960 ont été envoyés dans les pays d'Afrique du Nord ; ils l'ont été surtout en Afrique Noire au cours des dernières décennies.
Les Frères de Saint-Gabriel
59Jusqu'en 1853, les Frères de Saint-Gabriel furent connus sous le nom de Frères de l'Instruction chrétienne du Saint-Esprit. Tout en reconnaissant qu'ils doivent leur développement à Gabriel Deshayes, ce prêtre morbihannais qui fut, avec J.-M. de La Mennais, le co-fondateur des Frères de Ploërmel, ils se considèrent comme les successeurs de ces « Frères du Saint- Esprit pour faire les écoles charitables » mentionnés dans le testament de Grignion de Montfort. En 1886, ils comptaient 664 profès et plus de 150 novices. La politique anticongréganiste de la République radicale provoqua leur rapide extension hors de France.
60En 1888, à l'instigation de Benjamin Rousselot, un de leurs anciens élèves devenu curé de la paroisse Saint-Jacques de Montréal, les Gabriélistes furent invités à prendre la direction d'une grande école technique où grâce à des ateliers pourvus d'un outillage complet et perfectionné, des orphelins devaient être initiés à leur future profession. Louis Bertho (F. Louis-Bertrand), originaire de Saint-André-des-Eaux (44), fut chargé de cette fondation prometteuse. Il arriva au Canada avec 5 frères dont 2 Bretons ; avec aussi Pierre Donge, né à Pléonour-Lanvern (29) quinze ans plus tôt, qui fit son noviciat sur place. Le P. Boissonneault, curé de St-Johns- burry, ville de l'État américain du Vermont dans laquelle avaient émigré de nombreux Canadiens francophones, supplia bientôt le frère Louis-Bertrand d'ouvrir une école dans sa paroisse. En 1890, le Finistérien Victor Balcou (frère Sylvère), l'un des 6 pionniers du Canada, entreprit cette nouvelle fondation. La même année, d'autres frères arrivaient à Alexandrie (Égypte).
61Dix ans plus tard, des Gabriélistes cherchèrent refuge en différents pays d’Europe : en Belgique (1900), à Monaco (1902), en Espagne, en Italie et en Suisse (1903), en Italie (1904), en Hollande (1905). Alors que les Frères de Ploërmel étaient chassés de leurs dernières écoles de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane et du Sénégal, ils prenaient, en 1900, la direction d'un internat fondé à Libreville (Gabon) par des missionnaires spiritains ; en 1903, ils se rendaient à Diégo-Suarez (Madagascar) où, sur le conseil du P. Fortineau, un Spiritain ancien élève de leur collège de Machecoul, ils avaient été appelés par Mgr Corbet ; la même année, grâce encore à l'un de leurs anciens élèves, ils avaient pris place parmi les professeurs du petit séminaire de Pondichéry.
62Quel a été le destin de toutes ces fondations ? Celle d’Égypte dura jusqu'à la mobilisation de 1914, celle de Djibouti jusqu'en 1922, celle d'Abyssinie jusqu'à l'arrivée des troupes italiennes en 1936. Les autres ont fait mieux que se maintenir. Certaines, telles, celles du Canada (2 provinces), de l'Inde (4 provinces), de la Thaïlande ont connu un beau développement. Presque toutes sont devenues sources de missionnaires : les Belges ont ouvert des écoles au Zaïre (1928), les Italiens au Brésil (1949), les Canadiens au Centre-Afrique (1957), au Pérou (1968), en Haïti (1969), les Espagnols en Colombie (1961), les Indiens en Afrique Noire (Tanzanie, 1983), en Polynésie : Fidji (1973), Tonga (1989).
63Quel a été le destin de l'Institut en France même ? Quand, en avril 1903, un décret lui retira son approbation légale, il était en pleine expansion. Novices compris, il comptait plus de 3 200 membres soit à peu près cinq fois plus qu'en 1885. Il instruisait plus de 21 000 élèves dont 533 sourds- muets et 103 aveugles. Ses 196 maisons furent fermées ou réouvertes dans de nouvelles conditions. Il remit à leur famille ses novices et ses postulants. Un billet de sécularisation fut accordé à plus de 400 frères qui s'estimaient relevés de leurs vœux. Les têtes de ponts jetées hors d'Europe depuis 1888, accueillirent une cinquantaine de Gabriélistes en 1903 et 1904 et autant avant le décret d'août 1914 qui stoppa l'application de celui de 1903.
64Si la politique de Combes accéléra l'essor de l'Institut dans les pays de mission, elle fit décliner son recrutement français. De 1888 à 1914, 45 Gabriélistes bretons avaient été envoyés outre-mer ; 19 seulement purent l'être de 1915 à 1950. Depuis, l'accroissement du nombre de vocations a permis 55 départs, 85 si l'on prend en compte la trentaine de coopérateurs qui ont effectué leur service militaire en enseignant pendant deux ou parfois trois ans à Madagascar ou au Cameroun.
65De l'ensemble des Gabriélistes français partis en Amérique, en Afrique, en Asie ou en Océanie, 36 % étaient nés en Bretagne (69 en Loire-Atlan- tique, 38 dans le Finistère, 16 en tout dans les trois autres départements). Au premier janvier 1992, l'institut comptait 1 285 membres dont seulement 392 Français. 40 % de ceux-ci étaient originaires de Loire-Atlantique ou du Finistère. 30 frères français étaient en activité hors d'Europe (Afrique, Brésil, Inde, Océan indien, Thaïlande). En 1994, le chapitre général des Frères de Saint-Gabriel a réélu comme supérieur général le frère Jean Friant, né à Plogastel-Saint-Germain (29), ancien missionnaire au Gabon.
Notes de bas de page
1 Morlot François, Pierre de Closrivière, 1735-1820. Paris, Desclée de Brouwer, 1990
2 De 1842 à 1922, la mission du Kiang-nan a reçu 336 jésuites français. P. L. Hermand, Les Étapes de la mission du Kiang-nan (1842-1922) et de la mission de Nanking (1922-1932), Zi-ka-wei, 1933, in-4°, p. 41.
3 L. Pfister, Notices biographiques et bibliographiques sur les Jésuites de l'ancienne Compagnie, missionnaires en Chine (1552-1773), Shanghaï, 1932
4 Pfister, op. cit.
5 P. Fournier, Voyages et découvertes scientifiques des missionnaires naturalistes français à travers le monde pendant cinq siècles, « Encyclopédie biologique » vol. X, in-8°, Paris, 1932 ; l'ouvrage cité du P. Her-mand donne (p. 82) la photographie du Musée Heudes.
6 Sur le P. Froc et son œuvre scientifique voir H. Gauthier, « Au service de tous et de chacun. Le Père Louis Froc », dans Études du 5 novembre 1932, p. 273-286 ; Relations de Chine, 1928, p. 227-231 ; Missions catholiques, 1923, p. 438 ; 1930, p. 506.
7 Cf. Hermand, op. cit., p. 81.
8 The Catholic Encyclopedia.
9 Ibidem, t. XIV, p. 562.
10 P. d'Hérouville, « Le Père Georges Le Fer de la Motte », Études, t. 157, p. 193-198.
11 Au ministre des Cultes, qui faisait opposition à son projet, sous prétexte que les trappistes n'avaient pas reçu d'autorisation légale, le Maréchal Soult répondit : « Ce ne sont pas des congréganistes que j'envoie en Algérie mais des colons de la meilleure espèce, des colons qui ne parlent pas mais qui agissent ».
12 En 1849, l'abbaye irlandaise de N.-D. du Mont-Melleray fondait elle-même aux États-Unis, dans le diocèse de Dubuque (Iowa) un nouveau monastère qui fut appelé Notre-Dame de la Nouvelle- Melleray.
13 Correspondance de l'Abbé de Gethsémani avec la Propagation de la Foi (1851-1864). Archives de la Propagation de la Foi, F. 158.
14 Baltasar de Bellème, Généalogie séraphique des mille premiers religieux de la Province de Bretagne, Ms 117 de la Bibliothèque municipale de Rennes.
15 Sur les missions de la Province de Paris, cf. Capucins missionnaires, missions françaises : Notes historiques et statistiques, Paris, 1926, in-8°, p. 11-30.
16 Fr. Symphorien-Auguste : À travers la correspondance de l'abbé J.-M. de La Mennais, 3 séries in-12, Vannes, 1937-1939, 3e série, p. 38.
17 Chronique des Frères de l'Instruction chrétienne, septembre 1937, p. 74.
18 Gros coquillage.
19 Ce tableau de l'apostolat des frères catéchistes est inspiré d'un article du fr. Archange publié dans la Chronique des Frères de l'Instruction chrétienne, 1938, p. 196-197 ; de plusieurs notices de frères catéchistes publiées par A. Auvray, Au service de l'Enfance et de la jeunesse. Biographies de Frères de Ploërmel, 4 séries (1914-1932) Vannes, in-8°. Le frère Timoléon, 3e série, p. 20-42 -, Le frère Arthur, 2e série, p. 13-98.
20 A. Auvray, op. cit., 2e série, p. 28-32.
21 Chronique des Frères de l'Instruction chrétienne, 1938, pp. 272-280 ; 346-350 ; 421-429.
22 Chronique des Frères de l'Instruction chrétienne, 1937, p. 152 ; 1938, pp. 272-280 ; 346-350 ; 421-429, Auvray, op. cit., 1re série, p. 159.
23 Mgr Laveille, Le Frère Cyprien, 1806-1857, Paris, 1910, p. 176.
24 Archives des Frères de l'Instruction chrétienne.
25 E. Herpin, L'abbé J.-M. de La Mennais. Ses grandes idées, ses grandes œuvres, Ploërmel, 1897, in-8°, p. 176.
26 Archives des Frères de l'Instruction chrétienne.
27 Mgr Laveille, Le Frère Cyprien, op. cit., p. 233.
28 Mgr Laveille, Le Frère Cyprien, op. cit., p. 420.
29 Voir sur ces derniers Fr. Célestin-Auguste, Le T.C. Frère Constantin-Marie (18741926), Vannes, 1933, in-8°.
30 Cf. Un cinquantenaire : la Branche canadienne des Frères de l'Instruction chrétienne, Laprairie, Canada, 1937.
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Missionnaires bretons d'outre-mer
Ce livre est cité par
- Langlois, Claude. (2002) Religion et culture en catholicisme L’œuvre de Michel Lagrée. Annales. Histoire, Sciences Sociales, 57. DOI: 10.3406/ahess.2002.280076
Missionnaires bretons d'outre-mer
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