En Touraine au xviiie siècle
Vie et mort d’un gentilhomme campagnard1
p. 113-120
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Un heureux hasard a permis aux Archives départementales d’Indre-et-Loire de conserver le livre de comptes tenu entre 1754 et 1778 par un gentilhomme campagnard de Touraine. Ce dernier, Louis de Maussabré, vécut de longues années dans la paroisse de Monts à quelques kilomètres au sud-ouest de Tours, et son registre se trouve parmi les papiers de la famille de sa seconde épouse2 Au-delà de sèches notes financières (prix, salaires, achats et ventes…) transparaissent le caractère, le mode de vie, les préoccupations de cet homme dont l’existence fut tout à fait ordinaire3.
2Si on en croit la note inscrite sur la couverture, ce registre est le second qu’utilisa Maussabré mais c’est le seul qui nous soit parvenu. Il contient 186 pages et mesure environ 20 cm par 30 ; il est utilisé en totalité mais, après 1770, les notes sont de moins en moins nombreuses, d’une part parce que Maussabré vieillit, mais surtout parce que ses sources de revenu diffèrent totalement de ce qu’elles furent dans son âge mûr. Les comptes sont tenus au jour le jour et non par rubrique spécialisée mais ils sont rédigés par petits paragraphes qui portent un titre ; le tout est clair, lisible, sans beaucoup de fautes d’orthographe mais les additions sont parfois fausses et les calculs pas toujours faciles à rétablir.
3La noblesse de la famille de Maussabré, originaire du Lochois et des confins du Blésois est ancienne et a été confirmée plusieurs fois ; ainsi pour la branche de la Sabardière qui nous intéresse ici, en 1697 puis en 1715. Presque tous les hommes ont servi dans les armées du roi ; dans la génération née à la fin du xviie siècle, une seule exception, Louis, peut-être pour des raisons financières4. C’était le dernier garçon d’une famille qui a compté au moins huit enfants, dont cinq garçons. Les deux aînés sont morts sans laisser de descendance ; le premier, capitaine de carabiniers, est tué au siège de Prague en juillet 1742 ; le second, qui avait hérité de la terre patrimoniale de Bussière, disparaît en 1762, après avoir servi chez les mousquetaires. La terre passe donc à la branche issue du troisième fils qui a, lui aussi, été mousquetaire et qui, mort en 1755, a laissé un garçon et une fille. Le quatrième garçon a été garde du corps ; sa fille unique a épousé un capitaine de cavalerie, le neveu préféré de Maussabré qui en parle plusieurs fois. Deux filles sont restées célibataires : l’une est entrée chez les Ursulines5, l’autre vit retirée chez les religieuses hospitalières de Loches6 ; la troisième, mariée à un mousquetaire7, a eu au moins six enfants. Sauf en ce dernier cas, les familles sont peu prolifiques, ou tout au moins peu nombreuses puisque si un des garçons a eu deux enfants, deux autres n’en ont conservé qu’un et deux autres encore, aucun. Ces hommes se sont mariés tard, entre 30 et 40 ans ; toutefois leurs femmes étaient nettement plus jeunes et ces couples ont peut-être eu de nombreux enfants mais la mortalité infantile ne les a pas épargnés : ainsi Louis a eu trois enfants mais un seul a atteint 20 ans8. La surmortalité masculine à tous les âges apparaît nettement. Nous assistons donc à l’extinction progressive du lignage ; il resta cependant au moins un garçon qui hérita de la terre de Bussière et comparut, par procureur, à l’assemblée de la noblesse de Touraine en 17899. Malgré tout, au partage de 1762, la part de chacun ne fut pas bien grosse : de l’ensemble estimé 119669 livres, il fallut déduire les « reprises » de la veuve et différents frais ; il resta donc 24000 livres pour l’aîné et 3000 pour chacun des cadets10.
4Lorsque commence en 1754 le registre de comptes, Maussabré, veuf, vit avec sa fille, dans la maison du Clos, à Monts. Il s’était marié le 13 mai 1734, à 34 ans environ11, avec Elisabeth Le Roux de Graveteau, âgée de 22 ans ; elle était la fille d’un gentilhomme qui, malgré de nombreux soucis d’argent12, lui lègua à sa mort la terre du Clos et la métairie de la Guerrie à Monts ; Maussabré possédait, lui, des terres en Lochois. Le jeune ménage s’installe à Monts seulement quelques mois après le mariage, puisque le baptême de leur fille, en mars 1735, dix mois après leur union, n’apparaît pas sur les registres paroissiaux de Monts. Puis naissent, tous les deux à dix-sept mois d’intervalle, deux garçons, dont aucun ne survit. Après ces trois naissances en trois ans et demi de mariage, il n’y a plus rien dans les registres paroissiaux, alors que le couple vit à Monts, comme en témoignent plusieurs actes passés chez le notaire. Mme de Maussabré meurt en 1754, au bout de vingt ans de mariage. Seule héritière de ses parents, Marie-Anne n’est pas dépourvue de biens mais elle ne se marie pas et elle meurt, peut-être de tuberculose, le 7 mai 1765, à 31 ans. Elle est enterrée le lendemain, dans le cimetière, comme l’avait été sa mère13, et sans que son père soit présent.
5Maussabré a alors 65 ans ; sans doute ne peut-il vivre sans une présence féminine puisque onze ans après son veuvage mais neuf mois seulement après la mort de sa fille, il se remarie. Il épouse en février 1766, à Saint-Mathias-du-Plessis à Tours, la veuve d’un capitaine des invalides de Saumur, issue d’une famille de vieille noblesse angevine. Le contrat de mariage14 prévoit « nonobstant » la coutume de Touraine la séparation de biens ; chacun doit gérer ses propres biens et la femme doit verser une pension annuelle de 300 livres à son mari ; mais en 1773, les deux époux se font donation de leurs biens. Cependant, à cette date, Maussabré a vendu presque tous ses biens et vit de différentes pensions et rentes viagères. Il meurt octogénaire en août 177915.
6Un livre de comptes n’est pas un journal intime mais quelques traits de la personnalité de son auteur y apparaissent. Maussabré semble être attaché à sa fille ; il note dates et renseignements sur sa maladie ; le chirurgien de Monts 16 vient plusieurs fois mais comme ses saignées et purgations restent sans effet, le père envoie chercher, à Beaulieu-lès-Loches, à plusieurs lieues, un chirurgien de renom, Bretonneau 17 qui vient passer trois jours auprès de la malade et touche pour cela 18 livres. Peu après Maussabré écrit : « décès de ma fille bien aimée » et son absence à l’inhumation n’est pas nécessairement signe de désintérêt.
7Maussabré vit conformément à son rang social ; en 1755 il fait graver ses armoiries sur des couverts d’argent, il a une épée, il chasse ; il occupe son banc à l’église mais il n’est pas le principal seigneur du village ; il ne semble d’ailleurs pas exercer son droit de basse justice sur la terre du Clos. Ses droits seigneurieux sont un peu plus importants en Lochois mais restent faibles18. Il est intransigeant pour la défense de ses droits et n’hésite pas à recourir à la justice. En 1707, il intente un procès qu’il gagne, aux habitants de Monts qui l’ont imposé à la taille pour une de ses métairies. Avec les gens de son rang, il finit toujours par trouver un accommodement mais il va jusqu’au bout dans les actions contre ses métayers : ainsi contre Bertran, son métayer de 1750 à 1765, il y a trace de trois jugements. Ce comportement procédurier se retrouve dans sa belle-famille ; il doit avancer 900 livres à sa femme pour payer les frais d’un procès, perdu, contre les fabriciers de Longué en Anjou où elle a des terres. Maussabré a les dettes en horreur et il rembourse dès qu’il peut le capital des rentes constituées par son beau-père ou par lui-même ; par contre, à la fin de sa vie, il touche plusieurs rentes.
8Bien que vivant dans un petit village (environ 250 feux), Maussabré semble faire attention à sa tenue et les achats vestimentaires occupent une place importante dans ses dépenses. La garde-robe de sa fille est estimée après sa mort, à 480 livres 14 sols ; robes, jupons, manteaux, tabliers et capes en font les deux-tiers et le reste est pour du linge (dont 47 chemises valant 120 livres). La table est sans doute frugale mais pas pauvre ; les terres fournissent froment et vin ; le boucher livre chaque année environ 400 livres de viande, y compris celle qui est consommée pendant les grands travaux agricoles ; chaque hiver, un cochon est mis au saloir avec un boisseau de sel acheté au grenier à sel de Tours. Tous les ans, en février, reviennent les dépenses pour les « provisions de Carême » (morue, sardines, fromage). Maussabré va environ tous les deux mois à Tours où il fait différentes emplettes ; à la fin de sa vie, il semble de plus en plus tenté par des « douceurs » comme sucre et café, malgré leur prix19. Il veille soigneusement à l’entretien de sa maison, tout particulièrement du toit.
9Cet homme a sans doute reçu une bonne instruction élémentaire comme le prouve la tenue de son registre de comptes ; mais il ne semble pas cultivé et il n’achète jamais de livres20. Rien ne prouve non plus une grande piété : il fait dire vingt-quatre messes pour sa femme et sa fille en 1765 puis s’en tient là. La vie politique du royaume ne semble pas non plus l’intéresser. Il n’est sans doute pas aussi sec de cœur qu’il peut le paraître dans ses démêlés avec ses métayers et il est capable de quelques gestes de générosité ; le plus notable est celui par lequel, à la fin de sa vie, il cède à une servante fidèle une rente de 75 livres21.
10Il a pour assurer le service du ménage et participer aux travaux des récoltes, au moins un valet et une servante, outre la femme de chambre de la maîtresse de maison. Mais les domestiques ne restent pas longtemps : ils s’en vont d’eux-mêmes ou sont mis à la porte22. « Accueillis » à la Saint-Jean, ils touchent « le denier à Dieu » (2 écus pour les garçons, 1 pour les filles) ; à leurs gages s’ajoutent des sabots et, pour les filles, des tabliers. Le salaire des garçons est à peu près le double de celui des servantes : en 1756, respectivement 16 et 8 écus. Ces gages ont connu une nette augmentation entre 1755 et 1771 : pour les garçons elle a été d’un tiers environ et pour les filles de plus de 50 % tout en étant plus irrégulière. Contrairement à ce qui se passe souvent, le maître paie régulièrement ses domestiques à la SaintJean, même s’ils sont « recueillis ».
11Avant 1770, Maussabré tire tous ses revenus de ses propriétés. Son patrimoine est en Lochois, à Coulangé où il possède un quart de la terre de la Sabardière, dont il porte le nom, et qui lui rapporte 206 livres par an (mais il faut déduire les 66 livres du douaire de sa belle-soeur) ; il le vend en 1758 au mari d’une nièce qui possédait déjà une part de cette terre. Dans la même paroisse, il a aussi une seigneurie avec une métairie et une borderie ; l’ensemble est donné à ferme pour 566 livres en 1761 et le fermier paie avec régularité, Maussabré vend cette terre en 1766 pour 14 000 livres, ce qui parait un bon prix, au même neveu que précédemment ; il a sans doute besoin d’argent pour désintéresser les héritiers de sa fille mais ne veut pas que ces terres sortent de la famille. Pour conserver les domaines qui appartenaient à sa fille à Monts et sur lesquels il jouit d’une rente de 350 livres, Maussabré verse aux héritiers 8 000 livres L’éventillement fait à cette occasion23 montre que la métairie du Clos couvre 22 arpents mais que sa valeur atteint 4 500 livres à cause d’un clos de vigne de 4 arpents ; ces terres ont été réunies à celles de la métairie de la Guerrie qui s’étend sur 70 arpents et comprend quelques belles parcelles de terres labourables ; l’ensemble constitue une vaste exploitation pour la Touraine. Maussabré l’a vendue24 en 1769 à un marchand fermier pour 10 000 livres et une rente viagère de 1 200 livres par an (réduite à 700 en faveur de sa femme après sa mort). Il vend donc 22 000 livres un bien estime 14 400 en 1767. Il conserve la propriété de quelques prés et bois et de bâtiments qu’il loue. À la fin de sa vie, il perçoit donc essentiellement des rentes viagères (2 075 livres), le prix de la vente de bois et de foin, le montant de quelques locations y compris celles de vaches données « à cheptel », et en principe la pension versée par sa femme mais dont il ne fait jamais mention. Son revenu mensuel peut donc être d’environ 200 livres. Il était sans doute inférieur à la période précédente ; le revenu de la métairie donnée à moitié fruits, est estimé dans les baux de location 90 livres ; c’est une sous-estimation évidente puisqu’entre 1755 et 1760, Maussabré a vendu chaque année des grains pour au moins 330 livres, sans compter ce qui a été consommé par la maisonnée et le produit des suffrages. Mais il doit participer aux frais d’exploitation et assurer les grosses réparations. Entre 1755 et 1760, les charges ont représenté 53 % de la production nette (semences déduites), dont la moitié pour les réparations et le reste pour les frais de récolte et les impôts (8 %). Le revenu total doit donc être d’environ 1 200 livres par an25 mais Maussabré semble avoir réussi à vivre convenablement et il a pu profiter de l’augmentation des prix après 1765. Au même moment, dans ce coin de Touraine, le salaire des journaliers était d’environ 10 sous par jour plus la nourriture ; mais en hiver il tombait à 5 ou 6 sous ; le salaire des femmes se situait à ce dernier niveau quelle que fût la saison.
12Jusqu’en 1770, la principale occupation de Maussabré est de surveiller son métayer et il s’y emploie sans défaillance26. Les contrats de location qu’il passe sont tout à fait traditionnels mais se font remarquer par leur précision pointilleuse ; tout y est prévu, y compris le partage du coût de la corde du puits (3 livres)… L’exploitation de la Guerrie nécessite au moins deux charrues ; or, bien qu’elle soit louée à part de fruits, le propriétaire ne fournit aucun matériel et aucune bête de trait. Rares sont en Touraine les exploitants qui disposent du capital nécessaire et les métayers de Maussabré sont tous pris dans d’inextricables difficultés financières car ils sont obligés de demander sans cesse avances et prêts. Ainsi au métayer Bertran qui s’installe en 1750, Maussabré avance les semences de la première année, fournit deux paires de bœufs, un cheval, quatre charrues et une charrette, puis des grains, du foin, de l’argent pour payer la taille, si bien qu’en 1753, le locataire doit déjà 1154 livres au propriétaire à qui il cède deux arpents de terre ; mais ça ne suffit pas et en 1767, alors qu’il a quitté les lieux, il doit, ses dettes atteignant 1469 livres, vendre à nouveau à Maussabré plus de cinq arpents de terre27. Son successeur ne fut pas plus heureux : dès février 1768, Maussabré a une « affaire » avec lui. Le problème le plus difficile à résoudre pour un propriétaire de cette région semble donc de trouver des locataires solvables. Dans le cas précis du métayer de Maussabré, nous assistons à une paupérisation liée à l’endettement et à l’aliénation progressive des biens fonciers.
13Les techniques de production sont, elles aussi, tout à fait traditionnelles ; à la Guerrie, une rotation triennale fait se succéder le froment (jamais de seigle), puis l’avoine et en moindre quantité l’orge, et enfin la jachère. Le métayer sème 11 boisseaux à l’arpent, quantité habituelle en Touraine (10 à 12 boisseaux), et doit donc consacrer chaque année 230 à 270 boisseaux de grain aux semences de froment. Pour calculer le montant de la récolte brute d’après les indications fournies par Maussabré sur les quantités de grain qu’il a reçues, il faut tenir compte des prélèvements opérés avant le partage ; ceux-ci sont soit proportionnels à la récolte (dîme, frais de récolte), soit fixes (rentes). Maussabré ne parle jamais de la dîme mais sa quotité est faible à Monts comme dans les paroisses voisines d’Esvres, à Veretz28 : elle est à la trentième gerbe (alors que dans l’ouest ou le sud de la région, elle est à la onzième). Le salaire des métiviers est acquitté en argent mais celui des batteurs l’est en nature et représente 4 à 5 % de la récolte. Les rentes sont presque négligeables (8 boisseaux de froment et 3 setiers d’avoine) ; le cens lui-même est minime (un denier par quartier) si bien que le total des prélèvements sur la récolte brute doit atteindre 8 %. En général, le rendement brut de la semence est compris entre 5,5 et 6,5 pour un dans les gros blés, le rendement à la surface étant de 60 à 70 boisseaux à l’arpent. Une fois les semences prélevées, il reste à partager 1 000 à 1 200 boisseaux de froment. Mais les variations annuelles de récolte sont importantes comme le montrent les chiffres suivants.
Rendement à la semence à la métairie du Clos et de la Guerre entre 1754 et 1769

14On y remarque en particulier trois mauvaises années, en 1766, 1768 et 1769. Or ce temps est aussi celui de l’expérience de la liberté du commerce des grains, dont les effets furent particulièrement sensibles en Touraine puisque celle-ci ne produit pas assez de grains pour se nourrir et doit en acheter à l’extérieur. Les prix sur le marché de Tours connaissent alors une forte hausse29 ; entre 1764 et 1769, le boisseau de froment double de prix : de 20 sols 2 deniers, il passe à 40 sols (le maximum a été atteint en 1772) alors que dans les dix années précédentes il avait très peu varié. Le bénéfice qu’a tiré Maussabré de cette hausse est important : entre 1754 et 1760, les ventes de blé lui rapportaient en moyenne 400 livres par an, en 1768 il en toucha 875 sans en vendre davantage. Il savait aussi profiter des hausses saisonnières : toujours en 1768, il vend quelques boisseaux de blé à 22 sols en mars et bien davantage à 37 sols en septembre.
15Louis de Maussabré ne correspond pas au type du gentilhomme campagnard décrit par P. de Vaissière30. S’il n’a guère de biens et de revenus, il ne s’est pas ruiné au service du roi et n’est pas accablé de charges de famille. Une gestion stricte de ses biens, un train de vie modeste lui permettent de vivre « noblement » sans gros soucis d’argent. Il n’est en rien un innovateur, il révèle cependant dans son livre de comptes un bon esprit de calcul et un solide sens de ses intérêts. Dans une province que la grande noblesse a désertée, les « Maussabré » ont dû être nombreux et chaque paroisse a dû abriter au moins un de ces petits nobles ruraux, pauvres mais non misérables31.
Notes de bas de page
1 Publication : Bulletin de la Société d’Histoire Moderne, supplément à la Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 1986, t. 4, p. 1521.
2 Archives départementales d’Indre-et-Loire E 116. Dans l’inventaire imprimé de la série E, ce registre est attribué à un membre de la famille de Jousseaume. En fait, de E 113 à E 116, il s’agit de papiers concernant les familles Quirit de Vauricher (famille de la seconde femme de Louis de Maussabré) et Jousseaume qui sont alliées ; mais il ne peut y avoir aucun doute sur l’auteur des comptes.
3 Les archives notariales de Monts et de Tours ont fourni de nombreux renseignements.
4 Maussabré donne dans son journal de nombreux détails sur sa famille, au moment du partage des biens en 1762. Voir aussi de la Chesnaye et Badier, Dictionnaire de la noblesse, t. 13 (3e édition, 1868). D’après cet ouvrage, Louis aurait été garde du corps ; cela semble très improbable car il n’en fait jamais état dans les actes où il énumère ses diverses qualités.
5 Elle devint en 1745 abbesse de Saint-Avit près de Chateaudun. Au XVIIe siècle, deux arrières grand-tantes de Maussabré étaient religieuses chez les Viantaises de Beaulieu-lès-Loches, où elles sont mortes toutes deux de fièvres en 1657.
6 Le 1er juin 1771, la veuve d’Antoine de Maussabré constitue une pension viagère de 50 livres à une nièce qui veut entrer chez les religieuses hospitalières de Loches (minutes Pescherard, Loches, 1771).
7 Pascal Cottereau de Grandchamp, dont la sœur a épousé Antoine de Maussabré, le second des garçons.
8 Les registres paroissiaux de Monts contiennent l’acte de baptême de deux garçons (le 22 août 1736 et le 22 janvier 1738), qui sont morts tous deux à quelques mois. Ils n’ont probablement pas été nourris par leur mère : dans l’acte de sépulture du second, la présence de sa nourrice est notée.
9 Armorial de Touraine, t. II, p. 643-646. Il maintint aussi la tradition familiale en étant mousquetaire ; il avait été admis à l’école militaire après avoir fourni des preuves de sa noblesse.
10 Maussabré explique tout le partage dans son livre de comptes (f° 7374).
11 Le mariage a eu lieu dans une chapelle privée près de Ligueil (cf. J.M. Rouge, « La baronnie de Ligueil de 1585 à 1780 d’après les registres paroissiaux », Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, t. 48, p. 151-241)
12 Archives départementales d’Indre-et-Loire, E 114. À plusieurs reprises, il doit vendre des terres ou constituer des rentes au profit de marchands d’Azay-le-Rideau ou de Tours.
13 Pourtant, à cette date, on enterre encore dans l’église de Monts (R. Plançon, La Paroisse de Monts au XVIIIe siècle, étude religieuse et socio-économique, mémoire de maîtrise, Tours, 1981, p. 24).
14 Minutes Bidault, Tours, contrat du 11 février 1766. L’acte de mariage est dans les registres de la paroisse de Saint-Mathias-du-Plessis de Tours à la même date ; l’union a été bénie par le frère de la mariée, prieur d’Aviré en Anjou. Il y a eu dispense de deux bans. La donation de biens est passée devant le notaire de Monts le 9 septembre 1773.
15 R. P. Monts, 6 août 1779. Cinq curés ou vicaires ont signé ; la veuve ne semble pas avoir assisté à l’inhumation.
16 Ce chirurgien paraît ne pas avoir été médiocre ; il possédait une petite bibliothèque et a dû pratiquer l’inoculation : un enfant du maréchal Monts est mort en 1769 après avoir été inoculé, « contre les règles de la Providence » selon le curé… (cf. R. Plançon, op. cit., p. 152 et p. 89).
17 L. Dubreuil-hambardel, « Les Ancêtres de Bretonneau », Mémoires de la Société Archéologique de Touraine, t. 40, p. 377407. Ce chirurgien est le grand oncle de Pierre-Fidèle Bretonneau.
18 En 1759, Maussabré touche des lods et ventes : 24 livres, à cause de sa terre du Couldray à Coulangé.
19 Il note des achats de sucre et de café à partir de 1766 ; le sucre coûte alors 15 sols par livre et le café 20 sols ; en 1770, le sucre est à 18 sols et le café à 28 sols.
20 Sauf deux almanachs en 1768…
21 Minutes Meusnier, Monts, 22 mai 1777.
22 La maison du Clos a connu la classique histoire des amours domestiques, à laquelle rien ne manque. Le 5 mars 1770, Maussabré paie le restant (et même un peu plus) de ses gages à Marion « mais s’étant trouvée grosse, Je l’ai mise à la porte » ; le 10 avril suivant, il note qu’il a avancé 24 livres à son domestique François « pour donner à [Marion] ma servante avec laquelle il était convenu devant sondit père de donner ladite somme » François reçoit son congé un an plus tard.
23 Minutes Leroux, Monts, 30 mars 1767.
24 Minutes Leroux, Monts, 12 juillet 1769.
25 Dans les années soixante, il paie un peu plus de 15 livres de capitation.
26 Il note régulièrement ses doutes sur l’honnêteté des métayers : « ce que je n’ai point vu », « exorbitant »
27 Minutes Leduc, Monts, 2 janvier 1752. Les deux arpents ont été vendus 200 livres, avec réméré de trois ans. Minutes Leduc, Monts, 9 mai 1768. Les terres sont vendues 1050 livres.
28 Archives départementales d’Indre-et-Loire, E 147, G 174.
29 Archives départementales d’Indre-et-Loire, B (non coté), plumitifs d’audience du lieutenant général de police de Tours 1753-1772. Les troubles sur les marchés sont nombreux entre 1765 et 1774.
30 P. De vaissière, Gentilshommes campagnards de l’ancienne France (1925) ; il cite le cas de plusieurs gentilshommes tourangeaux qui sont dans la misère, comme le chevalier de Parigny à Saint-Maure-de-Touraine (p. 327-331).
31 Un tel document (il existe aux Archives départementales d’Indre-et-Loire quelques autres livres de comptes mais qui sont loin de présenter le même intérêt) permet de dépasser certaines idées reçues et de verser une pièce supplémentaire au dossier de la noblesse pauvre (cf. Meyer, « Un problème mal posé, la noblesse pauvre. L’exemple breton, XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, avril-juin 1971).
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