Chapitre VIII. Le temps
p. 39-42
Extrait
1L’image temporalisée bouleverse les données de l’autoportrait. Désormais, il ne s’agit plus de produire l’idée du temps comme en peinture. En peinture, le temps est une construction, une abstraction, une notion et non pas, comme au cinéma, une réalité que le spectateur ne peut contourner. Le temps au cinéma se vit dans le corps même de celui qui regarde. Il se vit et l’ennui ou le plaisir, face à l’image, se mesure dans le temps de ce vécu, que l’on ne peut que laisser écouler avec toutes les émotions qu’il suscite en nous. Est-ce une des raisons pour lesquelles on pleure autant au cinéma ? Au cinéma, je ne peux m’abstraire, je ne peux me soustraire, sauf à renoncer totalement à la représentation en sortant de la salle. Assister à une projection m’oblige à la vivre dans l’écoulement de sa durée dont je ne suis plus le maître, sauf à en refuser catégoriquement l’expérience. Le temps est avant tout physique au cinéma. Il habite mon corps de spectateur autant qu’il tient l’image
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