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La presse régionale et le sport

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Philippe Tétart

Rugby, toros et régionalisme ou la trilogie sportive du Midi Socialiste (1908-1913)

Paul Dietschy et Philippe Tétart

Texte intégral

  • 1 J.-M. Ollivier, « à la pointe des combats républicains et socialistes », in M. Taillefer (dir.), No (...)
  • 2 Cf. P. Albert, Documents pour l’histoire de la presse de province dans la seconde moitié du XIXe si (...)

1Le 12 décembre 1908, les Toulousains découvrent un nouveau quotidien à cinq centimes : Le Midi Socialiste. Né à l’initiative de la fédération SFIO du Sud-Ouest soutenue par les bourses du travail, les syndicats et les coopératives engagés dans son capital par actions, il apparaît dans un contexte particulier. Les socialistes viennent en effet se subir un revers lors des élections municipales : après un règne de vingt-deux ans (1884-1906) et une parenthèse SFIO de deux ans, les radicaux ont reconquis la mairie de Toulouse. Fondé sur la matrice de La Cité (un hebdomadaire), Le Midi Socialiste est donc conçu comme un outil de reconquête : « persuadés que leurs échecs électoraux proviennent essentiellement d’un manque d’éducation du peuple », les socialistes « cherchent à ouvrir aux couches populaires toutes les formes de savoir1 » et ainsi favoriser l’adhésion et/ou le vote socialiste. Le journal, lit-on au jour du lancement, doit ainsi devenir un « organe de propagande et d’émancipation des travailleurs par eux-mêmes ». Ses fondateurs attendent aussi qu’il conteste le magister de La Dépêche de Toulouse : avec ses multiples éditions locales et ses 180 000 exemplaires livrés chaque jour en 1914, cette tribune radicale domine en effet un marché régional peuplé de nombreuses feuilles « rad-soc’2 ». Cet objectif s’exprime aussitôt dans la diffusion du Midi Socialiste dans le Gard, l’Hérault, les Pyrénées Orientales, l’Aude, le Tarn, les Hautes-Pyrénées, le Gers, l’Ariège et la Haute-Garonne ; puis, au fil des ans, avec une vingtaine d’éditions locales couvrant le Languedoc-Roussillon, le Midi-Pyrénées et jusqu’au Cantal, à la Corrèze et au Lot-et-Garonne.

2Dès sa sortie, Le Midi Socialiste s’installe solidement. Sa diffusion initiale à Toulouse est de 6 000 exemplaires. Elle y atteint 13 000 en 1914. Quant au grand Sud-Ouest, le quotidien s’y vend à 20 000 exemplaires dès 1908. Introduction réussie donc, mais sans jamais talonner La Dépêche de Toulouse qui rayonne avec force sur la région. Le Midi Socialiste n’en ouvre pas moins une brèche politique et médiatique dans le Sud-Ouest. Jusqu’à sa disparition en août 1944, il joue un rôle important dans la vie politique régionale et nationale. D’abord à cause de sa mobilisation sur tous les grands dossiers politiques et sociaux, locaux ou non. Ensuite grâce à l’aura de signatures prestigieuses (Jean Jaurès, Paul Ramadier notamment) et à un réseau de rédacteurs investis de responsabilités électives (députés, maires) ou syndicale. Ce réseau fait son autorité et garantit pour une part sa densité informative.

3Pour la Belle Époque, le rôle du Midi Socialiste est enfin indissociable de la personnalité de son principal inspirateur, Albert Bedouce, et de ses compagnons de route au journal : Antoine Ellen-Prévôt, Jean Rieux et Vincent Auriol. Ensemble, ils composent un quatuor à propos duquel on ne peut faire l’économie d’une vignette biographique dans laquelle on cherchera quelque lien avec le sport.

On n’échappe plus au sport

  • 3 J. Jolly (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940, Paris, PUF, 1960 ; V.-E. (...)

4Le Toulousain Albert Bedouce (1869-1947) est l’aîné de ce groupe. Père du regroupement des familles socialistes à Toulouse, il en est aussi le mentor, celui qui, fort de l’expérience La Cité, porte le projet du Midi Socialiste. Représentant de commerce comme son père, il a rejoint le Parti Ouvrier Français en 1891, étiquette sous laquelle il est devenu conseiller municipal de Toulouse (1896). Dix ans plus tard, alors qu’il vient de conquérir la mairie, il est élu député et écourte son mandat municipal (février-octobre 1906). Connu au Palais Bourbon comme un bretteur très averti sur les dossiers fiscaux, il est, en 1908, une figure connue et reconnue. Mais s’agissant de sport, les sources ne nous disent pas s’il lui porte le moindre intérêt3.

  • 4 Elles se résument au dictionnaire de Jean Jolly, op. cit., 1960.

5L’auscitain Antoine Ellen-Prévôt (1877-1952), futur maire de Toulouse dans l’entre-deux-guerres, est normalien et agrégé de Lettres. Passionné de journalisme, il a déjà écrit pour La Dépêche de Toulouse et La Revue Socialiste. Lorsqu’il entre à la Chambre des Députés, à l’issue des législatives de 1910, il est secrétaire de rédaction de La Revue Socialiste et collabore à L’Humanité. À son sujet, les rares sources biographiques nous laissent de nouveau sur notre faim4.

  • 5 M. de Flers note que de lui « on ne sait rien ». « Le Mouvement socialiste (1899-1914) », Cahiers G (...)

6Jean Rieux (1878-1933), négociant, vient du Parti ouvrier guesdiste (1899-1905). Conseiller municipal de Toulouse à partir de 1904, en 1906 il succède à Albert Bedouce à la mairie. Battu lors des municipales de 1908, il reconquiert son poste en 1912, satisfaisant ainsi la mission originelle du Midi Socialiste. Élu député en 1924, il se spécialisera dans les questions relatives à l’enseignement et aux Beaux-Arts. Pour le reste, sa biographie est une terra incognita5.

  • 6 Voir E. Ghebali, Vincent Auriol. Le président citoyen, Paris, Grasset, 1998.
  • 7 Voir P. Dietschy, « La Coupe de France “fête nationale du football français” dans l’entre-deux-guer (...)

7Vincent Auriol enfin est le cadet de ce quatuor. Né auprès du fournil paternel, à Revel dans le sud-est toulousain, formé au droit et à la philosophie, en 1908, il est avocat à la Cour d’appel de Toulouse. Membre de la SFIO dès sa fondation, il n’est pas encore l’homme politique que l’on sait, sa députation à Muret, date de mai 1914. Il prend les rennes de la rédaction du Midi Socialiste en 1910 après avoir collaboré avec Albert Bedouce pour La Cité. Il s’y emploie avec professionnalisme, dans le journal et en dehors, participant entre autres à la mise en œuvre du premier syndicat régional de journalistes (Syndicat de la Presse Quotidienne de Toulouse, 1909). Mais là encore nous ignorons s’il a, en 1908 ou avant, quelque goût pour la chose sportive6. On sait toutefois que parvenu à la présidence de la République, il deviendra un familier des finales de Coupes de France de football, reprenant la tradition non écrite inaugurée par Gaston Doumergue en 1927, selon laquelle le premier magistrat de l’État honore de sa présence « la fête nationale du football français7 ». Il n’hésitera pas alors à distinguer les sportifs, comme en 1948 lorsqu’il reçoit les « champions de l’année » : l’athlète Micheline Ostermeyer, le boxeur Marcel Cerdan, l’escrimeur Jehan Buhan et le skieur Henri Oreiller.

8Au 38 de la rue Roquelaine, siège de la rédaction, les hommes du Midi Socialiste ont bien sûr une ligne de conduite militante. Aucun d’entre eux, pas même Vincent Auriol, qui en est la cheville ouvrière, n’est rétribué jusqu’en 1910. Le journal n’équilibre ses comptes qu’à cette date grâce, entre autres, aux souscriptions des lecteurs. Quant au sport, on ne sait donc pas s’il a été ou non une expérience de jeunesse ou une passion adulte pour ces quatre hommes. Zone d’ombre qu’on peut toutefois tenter d’éclairer de quatre façons.

  • 8 Toulouse compte 149 000 habitants en 1914 (H. Ramet, Histoire de Toulouse, Toulouse, Le Périgrinate (...)
  • 9 Cf. D. Akono Kabeyene, Le Sport à Toulouse : activités, pratiques, équipements. Étude de géographie (...)

9En premier lieu, ces hommes publics font carrière à l’heure où les politiques municipales du sport prennent forme. Officiellement ou non, ils ne peuvent échapper à cette réalité. À l’heure où les fêtes gymniques de l’USGF sont des temps forts du calendrier, les édiles Albert Bedouce et Jean Rieux connaissent inévitablement « La Municipale », société de tir et de gymnastique sise à la mairie. Ils ne peuvent ignorer les neuf sociétés cyclistes toulousaines, le Cycle Sud Toulousain comptant à lui seul plus de 300 adhérents, ce qui n’est pas rien à l’échelle d’une ville de 140 000 habitants8. À moins d’une parfaite myopie, ils doivent enfin constater que l’actualité sportive toulousaine, nourrie en 1908 par une quarantaine de clubs, ne cesse de se densifier9. On pourrait multiplier les exemples.

  • 10 Cf. N. Kssis, « Le sport socialiste en France avant 1914 », in A. Gounot (dir.), Le Sport en France (...)
  • 11 Cf. T. Froissart, « Le sport dans la presse syndicale CGT (1906-1937) », in M. Attali, E. Combeau-M (...)

10Deuxième point : en 1908, après quelques atermoiements, la SFIO fait du sport un enjeu social et politique. En novembre 1907, la fédération socialiste de la Seine a créé l’Union Sportive du Parti Socialiste (USPS) sur la base de trois mots d’ordre – hygiénisme, prosélytisme, récréation –, et d’une ligne de conduite : « développer la force musculaire de la jeunesse prolétarienne » pour en améliorer la combativité. Le 6 décembre 1908, quelques jours avant le baptême du Midi Socialiste, l’USPS devient Fédération Sportive Athlétique Socialiste (FSAS). Le lien qu’elle entretient avec la SFIO est ombilical : pour en être membre il faut y être encarté – du moins jusqu’en 1913. Certes, la FSAS ne regroupe encore que huit clubs et une centaine de membres, mais elle devient rapidement une actrice de la vie sportive hexagonale et de ses tensions idéologiques10. On peut raisonnablement penser que nos rédacteurs connaissent au moins l’existence de ce dossier sportif et que – pourquoi pas – ils ont eu vent de ces publications cégétistes qui, de temps à autre, parfois dans d’âpres débats, questionnent les bienfaits du sport pour la jeunesse, la classe ouvrière et la mobilisation militante11.

  • 12 Voir la remarquable étude d’A. Bouquet, Naissance de la presse sportive et représentation du sport (...)
  • 13 Cf. J. Arlet, Les Journaux satiriques toulousains de la Belle Époque, Toulouse, Accord Éd., 2007.

11Troisièmement, lecteurs et parfois anciens collaborateurs de La Dépêche du Midi, ceux du Midi Socialiste n’ignorent pas que leur concurrent publie une rubrique sportive qui déborde régulièrement en Une, que ses rédacteurs conçoivent et patronnent quelques épreuves sportives, comme la Coupe Automobile des Pyrénées (1907), qu’enfin ils leur arrivent de faire quelques emprunts au Sports du Midi, hebdomadaire lancé en 1907 par un journaliste de L’Express du Midi, Alex Coutet. Cette dernière remarque nous renvoie, plus largement, à la levée d’une presse sportive régionale florissante, à l’image du lancement de Toulouse Sportif (1906-1907), des Sports du Midi (1907-1909), de Midi-Football (1908) ou, dix jours avant la sortie du Midi Socialiste, du Journal des Sports (1908-1921)12. Dans le même ordre d’idée, gageons que feuilletant l’abondante presse satirique toulousaine, tel Le Cri de Toulouse, ils constatent que, là comme ailleurs, on ne néglige pas la question sportive13. On pourrait faire la même remarque pour la presse parisienne, à commencer par L’Humanité, l’organe de la SFIO, qui tient rubrique sportive dès sa création en 1904 et ne cesse plus, ensuite, de lui accorder une place croissante.

12Quatrième élément de réflexion, sans doute le plus déterminant – nous nous y attarderons en parlant de l’année 1913 – : deux hommes de la rédaction (elle comprend une vingtaine de collaborateurs) semblent avoir eu un commerce passionné avec le sport : Georges Salvignol et Léon Hudelle. Or leur rôle au sein de la rédaction est si central qu’ils en reprendront les rennes en 1914, lorsque Vincent Auriol passe la main.

13En somme, en dépit de ces vides biographiques, le sport ne peut a priori et d’emblée que trouver place dans les colonnes d’un journal conçu et mené par des hommes de leur temps, préoccupés de rendre compte au plus près de ce qu’est la France de la Belle Époque et de mieux défendre la vision qu’ils en ont.

« Des » rubriques de qualité sans réel enjeu politique

14La première mention de sport apparaît le 13 décembre 1908, dès le numéro 2. D’abord au travers d’un articulet sur les championnats scolaires de la Société Nationale de Tir de France. Cette dernière incarne une culture à vocation conscriptive inscrite dans les gênes du modèle républicain, mais plus conservatrice que socialiste. Suit un entrefilet sur la création d’un parcours de luge à Luchon. Son auteur anonyme se réjouit des « futures parties de ski » réunissant les « sportsmen de la région ». Pratique néo-régimentaire d’une part, pratique élitiste d’autre part ; les premiers propos du Midi Socialiste sur le sport ne sont pas colorés par la moindre dimension idéologique.

Le sport : un hors-jeu politique ?

15à la lumière de cette entrée en matière, l’idée d’une passion militante irriguant jusqu’aux informations sportives, qu’on imaginait trouver dans un titre comme Le Midi Socialiste, tiendrait-elle du préjugé ? Sans doute, car elle est bousculée dès les premiers numéros, le quotidien se révélant sur le plan sportif bien plus journalistique que tribunitien. On y rapporte des résultats. On les commente. On les instrumentalise rarement.

16Faut-il s’en étonner ? Au fond, en dehors du hasard dicté par l’actualité, ces deux brèves traitant de la mobilisation corporelle et citoyenne à l’école d’une part, de loisirs réservés aux gens bien nés ou à la bourgeoisie d’autre part, illustrent, du moins en ce point de départ, un accordage assez orthodoxe. La rédaction réunit en effet des hommes instruits, d’origine bourgeoise ou venus à cette bourgeoisie par la voie de la méritocratie scolaire et républicaine, puis de leurs rôles de représentation. D’une certaine façon, leurs fonctions et leurs positions sociales, celle de notables, nous renvoient à cette partition : pratique populaire, républicaine et patriote d’un côté, pratique récréative des élites de l’autre.

17Sous ce jour, le sport ne serait donc pas un enjeu ou un prétexte pour renforcer l’identité politique du Midi Socialiste ou faire propagande. La pseudonymie ou l’anonymat des rédacteurs sportifs jusqu’en 1914 renforce cette impression. Certes, cette pratique est fort courante. Ici cependant, elle nous dit que, si la rédaction a pour principale mission la défense du socialisme SFIO et la revendication assumée et signée de politiques réformistes et/ou révolutionnaires, elle choisit d’appréhender le sport dans un confort immune symbolisé par le sobriquet le plus fréquent du (des) rédacteur(s) – « Hors-Jeu » – ou par l’absence pure et simple de signature sauf dans le cas de la rubrique aéronautique – nous y viendrons – signée par G. Salvignol.

  • 14 Cf. D. Akono Kabeyene, op. cit., 1990, p. 68.

18Le centrage assez net de la rubrique sportive sur le Stade Toulousain constitue un autre élément de réflexion. C’est un club de centre-ville au recrutement bourgeois et partiellement aristocratique. Dans son enceinte on peut jouer au tennis, à la pelote, s’adonner à l’athlétisme. Autant de pratiques encore marquées par le sceau distinctif et ne rimant pas par nature avec sport ouvrier. Certes, on peut expliquer l’attention particulière accordée au Stade Toulousain par l’audience populaire qu’il gagne rapidement et par le goût de certains de ses collaborateurs pour le ballon ovale. Le Midi Socialiste ne fait donc qu’informer ses lecteurs sur un de leurs centres d’intérêt, satisfaire le besoin d’identification aux équipes locales et, à l’évidence, satisfaire le goût rugbystique de quelques rédacteurs. Il n’en reste pas moins, d’une part, que la rédaction n’a pas pour parti pris de promouvoir d’abord les clubs issus des milieux ouvriers ou d’employés – par exemple le Club des coiffeurs fondé en 1907 – et que, d’autre part, elle ne cherche pas particulièrement à soutenir ou promouvoir sur un mouvement sportif toulousain qui a pourtant pour particularité d’être porté par les « milieux syndicaux » et innervé par une philosophie « travailliste14 ».

  • 15 21, 23 et 25 juin 1909.
  • 16 A.-Cl. Ambroise-Rendu, « “L’autre information” dans L’Humanité : le crime, la catastrophe, le sensa (...)

19Nous croiserons plus loin quelques rares mentions associant idéal sportif, comme une manifestation corporelle du progrès, et idéal socialiste. Mais un seul dossier aboutit à un mariage véritable entre sport et politique : la grève des lads de 1909. En mai et juin, le journal la couvre avec attention, comme toute grève, dans ses rubriques « Le Mouvement Social » et « La Vie Ouvrière ». Toutefois, le soutien apporté aux lads et à la réunion des syndicats de Seine-et-Oise jusqu’à la résolution du conflit (la Chambre réaffirmant le droit de grève des personnels de course en vertu de la loi de 1884) n’engendre pas de critique sur le turf ou sur l’assujettissement de son petit personnel aux exigences des entraîneurs et aux enjeux d’argent du turf15. Cette remarque nous renvoie à l’exemple de L’Humanité. Dès les premiers numéros de 1904, la rédaction parisienne consacre la totalité de sa rubrique sportive aux résultats de Longchamp, de Saint-Ouen, et aux rapports du Pari-Mutuel, sans remettre en question le monde des courses qui, s’il s’est ouvert aux couches moyennes et ouvrières parieuses depuis la fin du XIXe siècle, symbolise d’abord l’univers de la fashion et d’une mondanité très élective. L’exemple de L’Humanité nous renvoie au danger des apriorismes : à journal politique ligne forcément et totalement politique. Tel n’est pas le cas ou du moins pas uniquement le cas dans L’Humanité en matière sportive – Anne-Claude Ambroise-Rendu l’a également souligné à propos des faits divers16. Tel n’est pas non plus le cas dans Le Midi Socialiste.

20Dans Le Midi Socialiste, le goût de la compétition, des défis physiques et de l’utilitarisme semble prévaloir, à l’image – pour le dernier terme – de cette anecdote parisienne à laquelle la rédaction juge utile de consacrer quelques lignes.

« De l’Utilité du Sport. Paris, 21 août 1909. Un nommé Osman Silvestre, âgé de 22 ans, a été arrêté ce matin après une poursuite dans les jardins du Trocadéro pour avoir volé un sac à main en or d’une grande valeur que tenait Mme Ford, rentière, boulevard Delessert. Mme Ford, qui pratique tous les sports, avait poursuivi elle-même son voleur et l’avait fait arrêter. »

21Même lorsque le reporter du Midi Socialiste constate que, « comme par hasard », on oublie assez systématiquement de lui adresser une place pour les matchs du Stade Toulousain – notamment pour la finale du championnat de France de rugby 1912 –, son reproche n’ouvre pas sur une variation critique. Il suggère seulement que les sociabilités rugbystiques, évidemment moins progressistes que son journal, manient l’oubli comme un outil de rétorsion politique. Pour le reste, le lecteur n’est pas invité à partager un florilège de remontrances passées au tamis idéologique.

Pas une, mais « des » rubriques

22Quoiqu’il en soit le sport bénéficie d’une attention nette et rapide. La première rubrique – « Les Sports » ou « Sports » –, apparaît le 14 décembre 1908, dans la troisième livraison du journal. En dehors des informations politiques locales et nationales, avec les inévitables faits divers, elle voisine avec la réédition en feuilleton des Mystères de Paris, d’Eugène Sue, des rubriques culturelles fournies et la « Chronique régionale » (informations départementales). Au fil des mois, son irrégularité initiale s’efface. Début 1909, les lecteurs la retrouvent deux à trois fois par semaine. À la fin de l’année, elle paraît jusqu’à cinq fois.

23Selon un usage en vigueur dans bien d’autres rédactions provinciales, des informations sportives nationales sont également disséminées dans les rubriques « Dernière heure » et « Par le fil ». D’autres, locales, le sont dans la « Chronique des régions ». S’y ajoutent des articles sur le turf, la tauromachie et l’aéronautique publiés hors rubrique. Cette dispersion nous rappelle que, d’une façon générale, dans la presse régionale l’information sportive n’est pas cloitrée dans les colonnes « spéciales ». Elle creuse plutôt son sillon à partir des rubriques d’information locale et dans les colonnes de faits-divers.

24Avec Le Midi Socialiste, cette pratique se double d’une singularité : la cohabitation de plusieurs rubriques. En août 1909, une seconde rubrique, « La Vie Sportive », voit le jour. Changement de dénomination ? Non. Certes, dans un premier temps, les deux rubriques se succèdent. Mais le 20 décembre elles paraissent toutes deux, puis ce jumelage devient récurrent. Qui plus est, elles sont complétées et/ou renforcées par deux autres rubriques, « L’Aviation » et « Toros », qu’on peut pour tout ou partie (dans le cas aéronautique) rapporter au champ sportif.

25En 1913, la mobilisation du Midi Socialiste est accentuée. Les deux rubriques paraissent toujours de concert au quotidien. La plus ancienne, « Sports », est désormais consacrée aux informations nationales. « La Vie Sportive » couvre quant à elle les événements locaux, régionaux (résultats, recensions), avec une visée avant tout pratique (convocations et annonces). Qui plus est, à la fin de l’année, deux autres rubriques sont lancées : « Le Carnet du Sportsman » et « La Journée Sportive ». Elles sont éphémères. Elles n’en révèlent pas moins une rédaction réfléchissant aux formes sous lesquelles l’information sportive doit être valorisée. En l’espèce, le « Carnet du Sportsman » s’inscrit plutôt dans une logique narrative tandis que « La Journée Sportive » – un titre souvent utilisé par la presse – recense le programme sportif du moment. Par ailleurs, l’aéronautique a toujours sa ou ses rubriques (« Dans les Airs », « Les Maîtres de l’Air »), de même que la tauromachie (« Plaza de Toros »). Cette abondance retraduit un parti-pris éditorial ressortant aussi de l’abondante publicité faite, à l’été 1913, aux ouvrages sur le sport publiés et vendus par la Librairie du Midi Socialiste.

26Trois éléments peuvent donc être retenus : l’intérêt immédiat et marqué, puis renforcé en 1913, pour l’actualité sportive ; le découplage information nationale/information locale ; l’autonomie de la tauromachie et de l’aéronautique.

Le sport n’est pas un sujet sans grade

27Le souci d’entretenir une ligne sportive transparaît également dans le volume d’information consacré au sport, dans la forme du récit médiatique du Midi Socialiste, enfin voire surtout dans le lancement d’un périodique sportif étroitement lié à la rédaction.

  • 17 Soit la surface totale amputée des encarts publicitaires.

28Au plan quantitatif, en 1909, le volume d’information spécialisée représente 3,2 % de la surface informative utile17 ; la moyenne mensuelle oscillant, saisonnalité sportive aidant, entre 1 % et 8 %. En 1913, la variation mensuelle, écrêtée, va de 2 à 4 %, pour une moyenne de 3,9 %. La croissance est peu sensible. Du reste, ces presque 4 % renvoient au volume moyen consacré au sport par la presse quotidienne régionale. Le Midi Socialiste n’est donc ni en avance ni en retard. En outre, la parution quotidienne des rubriques dénote le souci d’une continuité et d’une variété informative auxquelles les titres régionaux ne sont pas tous attachés.

29Les formes d’écriture permettent aussi d’envisager l’attention dont le sport bénéficie. En l’espèce, les rubriques du Midi Socialiste ne sont pas des rubriques bouche-trou réunissant de sèches recensions de résultats – une pratique encore courante – à propos d’un fait de société mineur. Sous une titraille traitée dans une typographie parfaitement repérable, dès le 14 décembre 1909, la rédaction valide un article sur le football et le rugby toulousain de 2 000 signes. À l’époque, un tel volume n’est pas habituel. Il s’agit en outre d’un article à l’écriture soignée, vivante. Un mois plus tard, une longue colonne est de nouveau consacrée à une recension rugbystique foisonnante de détails dans laquelle le rédacteur ne bride pas sa plume. Les années 1910-1913 offrent elles aussi un lot notable d’articles retraçant, avec un vrai souci narratif, telle réunion de club, telle soirée dansante donnée à l’issue d’un match de rugby, telle corrida, à l’image de celle chroniquée le 23 juin 1913 sur une colonne et demi, rien de moins.

« Les coqs chantaient, Bayonne (entendez le vent) soufflait ; de gros nuages noirs et blancs voilaient l’azur du ciel et les impresarios étaient inquiets. Cependant la foule affluait vers la plazza et les aficionados bravant la menace du temps incertain s’installaient sur les gradins… Des mains se tendaient, et le soleil, que des formalités de douane avaient retenu à la frontière, faisait son apparition… Sans plus tarder la porte cavalière s’ouvre, les deux alguazils font leur entrée, les sabots dorés de leurs deux chevaux bais foulent le rond et le paseo imposant se déroule tandis que retentit le morceau tant de fois entendu de Carmen… »

  • 18 D’après A. Lévy, Un quotidien régional : le Midi Socialiste de sa fondation à la scission du Congrè (...)
  • 19 Voir, dans un numéro consacré à la littérature sportive, l’enquête du Nouveau Monde (janvier 1924) (...)
  • 20 31 août 1910.
  • 21 Cf. P. Voivenel, « Avec la 67e division de réserve », L’Archer, Toulouse, no 32, mars 1932, p. 312.
  • 22 Cf. R. Cazals, « Léon Hudelle », in Dictionnaire et guide des témoins de la Grande Guerre, CRID [ww (...)
  • 23 Sur ce point R. Cazals (ed.), La Grande Guerre, 1914-1918. Photographie du capitaine Hudelle, Carca (...)
  • 24 Lui-même s’étant heurté au verdict des urnes, dans l’Aude, en 1910.

30Enfin, le 28 septembre 1912, traduisant d’une autre façon le crédit et l’enjeu attaché au sport, deux rédacteurs, Georges Salvignol et Léon Hudelle, lancent Le Midi Sportif. Ce satellite du Midi Socialiste sort de l’Imprimerie de la Presse créée par Albert Bedouce en 1908 pour tirer le quotidien. Bihebdomadaire illustré, Le Midi Sportif couvre l’actualité régionale18. Il disparaîtra en 1937, non sans avoir été considéré comme un des principaux régionaux sportifs des années 192019. Ce lancement met en lumière la mobilisation de deux membres de l’équipe sur le terrain du sport et contrebalance notre ignorance des goûts sportifs des cofondateurs du journal. À propos de Georges Salvignol, Vincent Auriol disait qu’il avait su alerter la rédaction sur l’intérêt qu’il convenait de porter aux activités (notamment sportives) des coiffeurs toulousains20. De temps à autre, Georges Savignol tient aussi la rubrique aéronautique. Comme on l’apprend dans les mémoires d’un de ses compagnons d’armes, il est aussi le dessinateur du Midi Sportif21. Quant à l’Audois Léon Hudelle, connu pour ses carnets de guerre, c’est un « passionné de rugby22 » (ses photographies de guerre en témoignent23) qui reprendra la rédaction en chef du journal en mai 1914 lorsque Vincent Auriol devient député24, épaulé par un nouveau secrétaire de rédaction : Georges Salvignol.

  • 25 Le Midi. Quotidien socialiste régional, 3 avril 1918.
  • 26 Cf. P. Dietschy, Le « grand match ». Le sport français entre paix et guerre (1914-1920), thèse pour (...)

31Avant-guerre, Le Midi Sportif n’est cependant pas soutenu par Le Midi Socialiste. Il faut attendre la guerre pour qu’il se mettre à en promouvoir le sommaire, comme dans l’édition du 22 avril 1916 annonçant un article de Léon Hudelle sur « Le Midi au Front » et une recension des Journées du Poilu sportif de Tarbes et Toulouse. Cette disjonction nous invite à revenir sur notre postulat consistant à dire que le sport est envisagé dans une perspective apolitique. Ce n’est du reste qu’au prétexte de l’engagement d’Hudelle et de Salvignol, « deux voyous de scribes25 » qui envoient des reportages sur l’arrière et sur le front (où ils seront l’un et l’autre blessés), qu’une attention plus sensible est portée à la promotion, rare, du Midi Sportif. In fine cependant, cette évolution nous instruit sur un autre point que nous avons pu souligner par ailleurs : la guerre n’est pas défavorable au sport, bien au contraire, que ce soit sur le plan pratique, médiatique et symbolique26.

Au cœur des rubriques

32L’éventail des sports couverts nous montre dès 1909 une rédaction faisant le choix d’une information omnisport – une orientation prise par les quotidiens spécialisés et la grande presse au tournant des XIXe et XXe siècles. Démarche curieuse et ouverte motivée souvent par l’actualité des clubs locaux. Mais elle n’aboutit pas à une distribution thématique équilibrée ; en 1909 comme en 1913, l’aéronautique, la tauromachie et le rugby représentent plus de 65 % de l’ensemble des informations.

Troïka sportive : aéronautique, tauromachie, rugby

  • 27 L. Robène, « Le feuilleton aéronautique à la Belle Époque », in P. Clastres, C. Méadel (dir.), « La (...)

33Au croisement des passions sportives et mécaniques de la Belle Époque, l’aéronautique est un sujet à enjeux multiples : technique, utilitaire, militaire, spectaculaire et sportif. Souvent mêlées dans les recensions de presse, ces dimensions nourrissent alors une « fièvre aviatrice27 » à laquelle Le Midi Socialiste n’échappe pas. Répondant à un lectorat avide d’innovation et de prouesses aériennes, il offre une place majeure aux défis aéronautiques. Témoin, en juillet 1909, la couverture, partagée par toute la presse française, des exploits de Blériot au-dessus de la Manche, ou un peu plus tard, le méticuleux suivi de la Grande Semaine de Reims. Mais une cassure intervient en 1910 et en 1913 : le feuilleton des airs ne représente plus que 13 % des informations contre 40 % quatre ans plus tôt. Cet effondrement peut paraitre insolite dans une ville qui a très tôt à voir avec l’industrie des airs ; d’autant plus qu’il va à l’encontre du penchant toujours plus prononcé de la presse quotidienne nationale (PQN) pour l’information aéronautique. Que signifie ce reflux ? Trois explications semblent recevables.

  • 28 18 octobre 1909. L’article porte sur les « monteurs d’aéroplanes ».
  • 29 5 janvier 1913.

34Première piste : l’angle sous lequel Le Midi Socialiste traite de ce sujet. Dès 1909, les rédacteurs, lorsqu’ils narrent exploits, premières, accidents, se concentrent sur l’idée du progrès aéronautique, d’une utopie devenue réalité qui concourra à l’édification « de la société socialiste de demain28 ». La dimension sportive, épique est là, mais elle est secondaire ; et au Midi Socialiste on célèbre plus naturellement le pêcheur en haute mer – « le vrai héros29 » – que le pilote, aussi virtuose ou intrépide soit-il. La chose est plus patente encore en 1913, comme si, en définitive, l’information aéronautique devait être épurée et se conformer à une visée avant tout utilitariste. Deuxième point : en 1909, la lecture laisse le sentiment d’une couverture passionnée, débordante, bien plus dense que dans la plupart des titres de la PQR (presse quotidienne régionale) et de la PQN. Le reflux ne ressort-il pas, alors, d’un rééquilibrage éditorial dont on verrait le signe dans le passage des exploits aéronautiques de la Une aux pages intérieures ? On est porté à le penser, d’autant que – troisième point – ce recul bénéficie aux deux autres marottes des rédacteurs, la tauromachie et le rugby, lesquels favorisent un recentrage sur l’actualité locale. Il n’en reste pas moins que la vie aéronautique est suivie dans les rubriques dédiées comme dans la rubrique sportive et qu’elle demeure, en 1913, un sujet de choix du Midi Socialiste.

  • 30 25 mai 1913.
  • 31 R. Holt, Sport and society in modern France, Londres, Mac Millan, 1981, p. 219.

35La tauromachie est une deuxième préoccupation phare, avec 10 % du volume d’information en 1909 et plus de 18 % en 1913, sachant que la saison tauromachique n’est que printanière et estivale. D’abord insérée dans les informations sportives, parfois avec une grande densité, elle devient l’objet d’une rubrique dédiée, « Toros », en juin 1909 (« Plaza de Toros » en 1913). En page 2, elle couvre communément un tiers de colonne à une colonne entière. Du placement au volume, les rédacteurs nous laissent deviner l’importance qu’ils lui accordent. Quatre ans plus tard, le volume double donc quasiment, confirmant cette ferveur tauromachique de façon d’autant plus nette que d’autres éléments la révèlent. La tauromachie passe en effet à la Une à plusieurs reprises, comme lorsque René Mendès traite de « L’éducation des toreros30 ». La rédaction en chef hésite de moins en moins à laisser la place à de longues recensions. Enfin, la couverture géographique s’étend : principalement toulousaine en 1909, en 1913 elle embrasse la région, s’attachant en particulier à l’actualité de Nîmes et Arles, deux des villes-phares de la tauromachie hexagonale. Cette attention nous renvoie aux réflexions de Richard Holt sur la culture sportive méridionale sous la IIIe République. L’historien britannique assimile en effet le spectacle sportif et son succès à la culture de la fête populaire. Il montre que la plasticité du sport permet à ses adeptes de se plier au mouvement de standardisation culturelle dont il est intrinsèquement porteur tout en ne renonçant pas aux particularismes régionaux ; à l’instar du Languedoc où l’on pouvait « aller voir une course de taureaux l’été et un match de rugby l’hiver sans quitter son bourg31 ».

36De fait, le sport roi du Midi Socialiste est sans conteste le rugby. Le public toulousain vibre d’abord aux équipées des clubs pionniers : le Stade Olympien des Étudiants Toulousains (SOET) et le Stade Athlétique Toulousain (1896), puis l’Union Sportive de l’École Vétérinaire (1899). En 1903, le SOET parvient pour la première fois en finale du championnat de France, battu par le RCF, à Paris. En 1909 – l’année où Le Midi Socialiste s’installe dans le paysage –, le Stade Toulousain, né trois ans plus tôt de la fusion des forces rugbystiques locales, échoue dans cette même finale face aux Bordelais. En avril 1912 enfin, à Toulouse cette fois, dans un stade des Ponts Jumeaux peuplé par 15 000 spectateurs, le Stade Toulousain décroche son premier titre. Sa montée en puissance, lisible dans la mobilisation d’un public qui n’a rien à envier aux affluences qu’on connaît dans les stades parisiens et de la couronne séquanaise, aboutit à un véritable sacre dans Le Midi Socialiste puisque, en 1913, le rugby compte pour plus de 40 % de l’information sportive livrée dans les rubriques et particulièrement, dans ce cas, dans la « Chronique des régions ». Dès 1909, des signes ne trompent pas sur ce tropisme : durant les trois premiers mois de parution, le rugby occupe presque tout l’espace sportif du journal, ne laissant que quelques miettes au vélo, au football, aux joutes. Trois ans plus tard, partir du printemps 1912, au lendemain du titre de champion de France du Stade Touloisain, l’emprise rugbystique s’accentue encore. Ce tournant renvoie à l’étiolement aéronautique et montre, in fine – sachant que le volume de la rubrique croit peu entre 1909 et 1913 – que la rédaction ne souhaite pas hypertrophier ses colonnes sportives. Voici, du moins est-on porté à le croire, un indicateur sur la stratégie éditoriale : Le Midi Socialiste ne doit pas ployer sous le sport, là n’est pas sa priorité. On en voit l’expression dans le fait que, le 1er avril 1912, après le sacre toulousain, les deux colonnes consacrées aux « Invincibles » n’ont pas les honneurs de la une alors même que La Dépêche de Toulouse leur y consacre quatre colonnes. Il n’en reste pas moins que l’intérêt pour le rugby de Toulouse et d’un grand Sud-Ouest constitue le principal trait identitaire du journal en matière sportive.

Turf : un traitement atypique

37Nous avons évoqué le turf à propos de la grève des lads de 1909. Il faut y revenir pour dire l’étrange traitement réservé aux courses hippiques. Elles constituent en effet le plus gros chapitre de l’information sportive à la Belle Époque. Même si leur emprise est décroissante, elles occupent plus de 40 % des colonnes sportives de la presse nationale en 1913 (60 % en 1894 et 51 % en 1904). Or, dans Le Midi Socialiste les sondages mettent à jour 8 % en 1908 et plus rien en 1913. Sur ce point, le quotidien toulousain est atypique : manifestement, bien que Toulouse et sa région aient aussi leur actualité hippique, l’équipe la dédaigne. Rien ne nous est dit sur ce point. Il est donc difficile de se l’expliquer. On peut toutefois souligner que cette tendance est tout aussi notable dans L’Humanité. À son lancement, en 1904, le quotidien de la SFIO consacre plus des deux tiers de sa rubrique sportive au turf ; mais dix ans plus tard, ce dernier n’occupe plus que 6 % d’une rubrique devenue entretemps une véritable « page » sportive.

  • 32 19 juillet 1913.

38On notait que les enjeux idéologiques ne traversent pas souvent la rubrique sportive, sauf à de rares exceptions relevant de l’apostrophe. Sur la question du turf en revanche, sans revendication, sans explication, le couperet tombe et dévoile en fin de compte une partition qu’on imagine être pour partie politique ou a minima déterminée par le paradigme de la lutte des classes. Si on parle – rarement – de Longchamp dans Le Midi Socialiste, c’est moins pour parler cheval, turf, paris, que pour dénoncer des 14 juillet fastueux, ramenant la République à une copie d’Empire, selon l’expression de Gustave Hervé32. Mais ici c’est moins le sport qui est pointé du doigt que l’apparat l’entourant.

Le kaléidoscope des autres sports

  • 33 Cf. A. Poyer, Les Premiers temps des véloce-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif e (...)
  • 34 Cf. M. Martin, La Presse régionale. Des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.

39Avec 16 pratiques couvertes en 1908 et 19 en 1913 (cf. tableaux et graphiques en annexes), on ne saurait dire que le panel des sports suivis par le journal s’élargit beaucoup. Par comparaison, la PQN rend compte d’une bonne quarantaine de sports dans les années 1900-1910. Par ailleurs, le poids de la troïka sportive évoquée diminue d’autant la surface dévolue aux autres pratiques et spectacles sportifs. Si on considère ceux qui bénéficient d’un vrai suivi : en 1909, Le Midi Socialiste privilégie le rugby, la natation et le cyclisme ; en 1913 seul le cyclisme jouit encore d’une attention notable qui renvoie au dynamisme vélocipédique local33. Les autres pratiques, de l’aviron aux joutes, du ski au cross-country, du football au base-ball font alors l’objet d’une attention sporadique, moins dictée par la volonté de rendre compte de la richesse du champ sportif que d’insister sur l’actualité locale, toulousaine en premier lieu. Nombre d’articulets et de brèves sont ainsi consacrés aux résultats du Stade Toulousain, du Boxing athlético-club de Toulouse, du Véloce-club toulousain, ou aux équipes de nageurs, de rugbymen, de coureurs du Toulouse Employés Club. Le localisme prévaut. Le Midi Socialiste propose d’abord un journalisme de proximité – le gage de l’implantation et du succès de la PQR34 –, peu traversé par le penchant prosélyte des rubriques sportives de la PQN et de la presse spécialisée.

  • 35 Tous les chiffres sont empruntés à D. Akono Kabeyene, op. cit., 1990.

40Ce centrage toulousain n’aboutit cependant pas à une couverture ambitieuse de l’actualité locale. Les carottages sur 1909-1913 révèlent une dizaine d’articles par an sur les sociétés de gymnastique et de tir locales. Or elles sont sept en 1910. On ne saurait croire, même en ne tentant compte que des rendez-vous importants comme les fêtes fédérales annuelles, que leur actualité tient en une dizaine de recensions. Des neuf clubs cyclistes et cyclotouristes des années 1910, le journal parle peu, préférant les événements nationaux (Tour de France, courses au Vel d’Hiv ou au vélodrome de Buffalo). En matière rugbystique Le Midi Socialiste, centré sur le Stade Toulousain et le TOEC, ne rend que partiellement compte de la vie des 18 clubs locaux en 191235. Enfin, à l’heure où il se développe dans les quartiers populaires de Toulouse, l’attention pour le ballon rond est faible ; Le Midi Socialiste témoigne par bribes de la vie footballistique du cru et, plus encore, départementale, régionale.

  • 36 Par exemple 24 octobre 1909 et 21 février 1913.

41On rejoint ici un constat déjà posé : le sport n’est pas a priori appréhendé comme un sujet devant contribuer à la mobilisation socialiste et/ou au grand œuvre de popularisation des loisirs. En outre, s’il s’attache parfois à rendre compte des temps de sociabilité sportive, à l’image de la publication des convocations aux réunions, aux assemblées générales ou d’invitations aux bals sportifs (par exemple ceux organisés par les rugbyman du Tockey-Club au café Fourrier36), Le Midi Socialiste prête finalement peu d’attention aux sociabilités et à l’actualité du sport socialiste. En comparaison, L’Humanité leur dédie le quart de sa rubrique spécialisée en 1913.

Le sport et la « petite patrie » toulousaine

  • 37 E. Le Roy Ladurie, Histoire de France des régions. La périphérie française des origines à nos jours (...)
  • 38 Cf. J.-F. Chanet, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier Montaigne, 1996 et A.- (...)
  • 39 F. Ploux, Une mémoire de papier. Les historiens de village et le culte des patries rurales, Rennes, (...)

42Dans la France de la Belle Époque, la célébration des « petites patries » est un motif récurrent. Les conditions de l’intégration républicaine et nationale mobilisent alors une « partie du public cultivé » autour de la notion de racine, d’identité, de folklore37. Lorsque Jean Charles-Brun crée la Fédération régionaliste de France (1900), la IIIe République voit mûrir ce sentiment régionaliste38. Les notables développent une crainte, une anxiété face aux mutations sociales et politiques ; lesquelles aboutissent parfois à la levée de « patriotismes de clocher39 » qui ne sont pas antinomiques d’un sentiment patriotique national.

  • 40 Au fil des pages : Ph. Tétart, S. Villaret (dir.), Les Voix du sport. La presse sportive de provinc (...)
  • 41 Cf. l’exemple étudié par S. Nakayama, La Politique patrimoniale de la Société archéologique du Midi (...)

43Les journaux sportifs de province sont un des creusets de ce réflexe élitaire et régionaliste40. La célébration des « petites patries » y est fréquente, dans toutes les régions. Cette posture se marie souvent avec un penchant anti-centraliste et anti parisien nourri par une opposition plus ou moins farouche aux instances nationales du sport, l’USFSA surtout, l’UVF dans une moindre mesure. Les élites et la société toulousaines n’échappent pas à ce frontisme41. On en retrouve l’expression dans la lecture du Midi Socialiste.

  • 42 Ch. Pociello, Le Rugby ou la guerre des styles, Paris, A. M. Métaillé, 1983, p. 46.

44On la voit d’abord dans son ovalocentrisme. Le rugby est le principal étendard de ce régionalisme, avec un sud-ouest contestant sous ce biais le magister sportif de la lointaine capitale. Jugeons-en par les titres de champion de France. Sur les vingt-deux décernés entre 1892 et 1914, dix reviennent au Sud-Ouest : Bordeaux pour le premier en 1899 (puis à six autres reprises entre 1904 et 1911), puis Toulouse (1912), Bayonne (1913), Perpignan (1914). Les autres titres reviennent à Lyon (en 1910) et aux clubs parisiens (RCF, Stade Français et SCUF). D’autre part, la première finale totalement méridionale se joue en 1909 entre Bordeaux et Toulouse, à Toulouse d’ailleurs. Certes, la capitale méridionale du rugby, au regard de ce mode sommaire d’analyse, est Bordeaux. Mais il semble bien qu’on retrouve dans la ville rose ce qui se joue dans le Bordelais depuis 1899, c’est-à-dire un processus « d’exaltation des vedettes » et des clubs autochtones pris dans les rais « d’une puissante revendication régionaliste et anti-parisienne42 ». Cette posture ressort nettement dans les colonnes du Midi Socialiste. Deux illustrations en témoignent.

  • 43 5 avril 1909.

45En avril 1909, au lendemain du derby opposant le Stade Toulousain et le Stade Bordelais en finale du championnat de France (le titre revient aux Bordelais), on lit d’abord et surtout, en exergue d’un article à l’écriture sobre et précise sur les faits de jeu, que le match a été une « grandiose manifestation de la province contre Paris », une « apothéose du rugby français » marquée par le temps de la concorde lorsque les 15 000 spectateurs envahissent le stade et portent en triomphe non seulement les deux capitaines, mais aussi les représentants de la presse et ceux de l’USFSA43. On retrouve ici une approche à double entrée : rappel bien senti du régionalisme exacerbé nourri par l’événement et mise en scène, malgré tout, d’une concorde et d’une joie toutes patriotiques.

  • 44 1er avril 1912.
  • 45 Ch. Pociello, op. cit., 1983, p. 47. Voir aussi D. Jallat, S. Stumpp (dir.), Identités sportives et (...)
  • 46 P. Dietschy, « Introduction. Une histoire mondiale singulière », in P. Clastres, P. Dietschy, Le Ru (...)

46Trois ans plus tard, lorsque le Stade Toulousain, opposé au Stade Français, glane son premier titre, le chroniqueur du Midi Socialiste souligne que le bouclier de Brennus est revenu aux « Invincibles » devant une grande partie des reporters de la presse parisienne généraliste et spécialisée. Si « une fois de plus, écrit-il, la province à nouveau a battu Paris » (sic – on ne peut rater l’insistance), c’est au travers d’un jeu « digne » opposé au jeu « dur » des Parisiens et malgré un arbitrage qui leur fut favorable. Quant aux spectateurs toulousains, ils ont « ménagé » un « adversaire » ne le méritant pas44. On retrouve ici le principe duel dignité/indignité, justice/injustice traversant la représentation de l’opposition Paris-Province dans la presse sportive à propos du rugby45. L’esprit farouche conféré au rugby illustre le choc entre Paris et les « régions périphériques et frondeuses46 ».

  • 47 R. Pech, J. Thomas, op. cit., 1986, p. 108.

47La veine régionaliste révélée par la célébration du rugby toulousain – un trait qui n’est d’ailleurs pas propre au Midi Socialiste puisqu’on le retrouve dans la presse sportive47 – est également retraduite dans la gestion éditoriale. Deux exemples en témoignent.

48Pour le premier, on se souvient que le Midi Socialiste publie deux rubriques couvrant des champs différents. La plus ancienne, « Sports », a une vocation locale, régionale. C’est en son sein, principalement, en dehors des articles publiés hors des rubriques, qu’on déniche les informations rugbystiques et tauromachiques. L’autre, « La Vie Sportive » sert surtout à informer de l’actualité sportive nationale, avec des pratiques qui sont peu privilégiées au plan local (natation, football, cyclisme). Or la plus ancienne des deux est toujours la mieux lotie.

49Second exemple : la gestion du sport en une. En l’espèce, les premières mentions sportives y apparaissent dès 1908 avec l’aéronautique. C’est un grand classique. Cinq ans plus tard, si n’était la parution d’un article sur l’olympisme en juillet et quelques mentions d’aéronautique, l’intégration du sport en une serait presque exclusivement tauromachique. Or la tauromachie comme le rugby participe de l’occitanisation de l’information.

Conclusion

50Au regard de cette lecture du Midi Socialiste et des interrogations transversales au présent volume, plusieurs éléments doivent être soulignés.

51En premier lieu, l’organe du socialisme toulousain inscrit le sport à son sommaire dès sa parution, soulignant donc comment les années 1900 marquent la presque systématisation d’un veine informative posée sur les fonts baptismaux dans le dernier tiers du XIXe siècle. Mais sa lecture ne révèle pas quelque prosélytisme sportif. Sous ce jour, il s’inscrit dans la moyenne des autres quotidiens de l’époque, ni plus ni moins.

52Sur le plan politique, là où on pouvait imaginer une instrumentalisation du sport ou la mise en avant de la FSAS, Le Midi Socialiste montre une neutralité presque complète. Le sport semble être, pour l’essentiel, une sorte de non-lieu politique.

53En revanche et en écho à bien d’autres exemples dans la presse généraliste et spécialisée de province, sa ligne sportive est marquée par le sceau régionaliste, localiste. Cette inclinaison ressort au travers du traitement réservé au rugby, principale préoccupation sportive et passion d’un de ses rédacteurs, Léon Hudelle. Sachant que le rugby s’installe vraiment en région toulousaine à partir de 1906-1907, on peut considérer que le quotidien accompagne la montée en puissance d’une pratique identitaire et qu’il participe ainsi, pour une part, à l’éducation sportive de son lectorat.

  • 48 Sur ce point, voir l’indispensable M.-E. Thérenty, « Rythmes et imaginaires. Vivre au rythme du jou (...)

54Partant de ce point, on peut enfin s’interroger, en toute hypothèse, sur son influence sur la façon dont les Toulousains appréhendent le sport. Elle n’est sans doute pas négligeable et s’articule, en particulier, au fait que le sport y est apprécié comme un facteur de progrès social – idéal du moment partagé par les élites républicaines et inscrit dans le grand dessein de la France moderne. Elle tient sans doute aussi, en dehors de toute considération sur l’idendité du journal, à la scansion sociale qui nait d’une lecture quotidienne donnant notamment lieu aux discussions les plus ordinaires, quotidiennes, inscrivant le sport dans un régime de banalisation48.

  • 49 Cf. Ph. Tétart, « Spectacle sportif, médias et représentations sociales », in T. Froissart, Th. Ter (...)
  • 50 Nous empruntons l’idée et le mot à Ch. Delporte, « L’Humanité. Un siècle d’existence », in Ch. Delp (...)
  • 51 P. Albert, « L’Apogée de la presse française », in Cl. Bellanger, J. Godechot, P. Guiral, F. Terrou (...)

55Au demeurant, deux éléments appellent la nuance. D’une part, selon nos sondages, Le Midi Socialiste ne patronne pas d’épreuves sportives. Or la synergie presse/spectacle sportif, fréquente dans les stratégies des entreprises de presse de la Belle Époque, est un levier essentiel pour mobiliser et entretenir l’attention des publics et des lectorats49. Le Midi Socialiste s’en tient donc, uniquement, à une logique de recension. Sous cet angle, il n’est pas un acteur du mouvement sportif. D’autre part, au plan local et régional, il est moins écouté et mobilisé que La Dépêche. En 1913, ce dernier consacre près de 7 % de sa surface au sport, s’engage (timidement) dans le patronage sportif et, surtout, diffuse 180 000 exemplaires. À la même date, Le Midi Socialiste donne 4 % de ses colonnes au sport et imprime 14 000 exemplaires, diffusés surtout à Toulouse. Aussi, sans être ni inactif ni influent, et même en pensant que le public entretient avec lui (car c’est un organe) une relation plus affective, sensible, solidaire que la moyenne50, Le Midi Socialiste pèse a priori moins que La Dépêche, « lecture quotidienne des milieux populaires51 », dans l’acculturation à un sport qui entre, en vers 1910, dans un première phase de massification dont il faut rappeler qu’elle est bien plus médiatique et spectaculaire que pratique.

1909

1913

Sur la surface totale
Sur la surface rédactionnelle

2,6
3,2

3,2
3,9

Tableau 1. – Volume (en %) d’information sportive dans Le Midi Socialiste.

1909

1913

1

Aérostation — Aviation

39,65

Rugby

38,34

2

Rugby

15,84

Tauromachie

18,77

3

Tauromachie

10,15

Aérostation – Aviation

13,84

4

Courses – sports hippiques

8,09

Cyclisme

9,86

5

Football

5,78

Boxe

2,89

6

Natation

5,59

Informations fédérales/ associatives

2,50

7

Cyclisme

5,02

Athlétisme

2,50

8

Informations fédérales/ associatives

2,08

Gymnastique

1,95

9

Athlétisme

1,99

Natation

1,79

10

Tir

1,23

Divers

1,33

Tableau 2. – Hiérarchie des thématiques sportives dans Le Midi Socialiste (en %).

Notes

1 J.-M. Ollivier, « à la pointe des combats républicains et socialistes », in M. Taillefer (dir.), Nouvelle histoire de Toulouse, Toulouse, Privat, 2002, p. 257.

2 Cf. P. Albert, Documents pour l’histoire de la presse de province dans la seconde moitié du XIXe siècle, Paris, CNRS, 1976, p. 194 ; F. Torres, La Dépêche du Midi. Histoire d’un journal en République, 1870-2000, Paris, Hachette, 2002, p. 129.

3 J. Jolly (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940, Paris, PUF, 1960 ; V.-E. Vignoboul, Albert Bedouce. Un pionnier du socialisme toulousain ?, maîtrise, université de Toulouse-Le Mirail, 1991.

4 Elles se résument au dictionnaire de Jean Jolly, op. cit., 1960.

5 M. de Flers note que de lui « on ne sait rien ». « Le Mouvement socialiste (1899-1914) », Cahiers Georges Sorel, vol. 5, no 5, 1987, p. 75.

6 Voir E. Ghebali, Vincent Auriol. Le président citoyen, Paris, Grasset, 1998.

7 Voir P. Dietschy, « La Coupe de France “fête nationale du football français” dans l’entre-deux-guerres », in A. Gounot, D. Jallat et B. Caritey (dir.), Les Politiques au stade. Étude comparée des manifestations sportives du XIXe au XXIe siècle, Rennes, PUR, 2007, p. 95-109.

8 Toulouse compte 149 000 habitants en 1914 (H. Ramet, Histoire de Toulouse, Toulouse, Le Périgrinateur, 1994).

9 Cf. D. Akono Kabeyene, Le Sport à Toulouse : activités, pratiques, équipements. Étude de géographie urbaine, thèse, université de Toulouse, 1990. Voir « Structure et organisation originelles », p. 32 et sq. Voir aussi R. Pech, J. Thomas, « La naissance du rugby populaire à Toulouse (1893-1914) », in P. Arnaud, J. Camy (dir.), La Naissance du mouvement sportif associatif en France, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1986, p. 97-117.

10 Cf. N. Kssis, « Le sport socialiste en France avant 1914 », in A. Gounot (dir.), Le Sport en France de 1870 à 1940. Intentions et interventions Stadion. Revue internationale d’histoire du sport, vol. XXVII, Academia Verlag/Sankt Augustin, 2001, p. 74.

11 Cf. T. Froissart, « Le sport dans la presse syndicale CGT (1906-1937) », in M. Attali, E. Combeau-Mari (dir.), Le Sport dans la presse communiste, Rennes, PUR, 2013, p. 42-44.

12 Voir la remarquable étude d’A. Bouquet, Naissance de la presse sportive et représentation du sport du Midi toulousain, maîtrise, université Toulouse Le Mirail, 2000.

13 Cf. J. Arlet, Les Journaux satiriques toulousains de la Belle Époque, Toulouse, Accord Éd., 2007.

14 Cf. D. Akono Kabeyene, op. cit., 1990, p. 68.

15 21, 23 et 25 juin 1909.

16 A.-Cl. Ambroise-Rendu, « “L’autre information” dans L’Humanité : le crime, la catastrophe, le sensationnel », in Ch. Delporte, Cl. Pennetier, J.-F. Sirinelli, S. Wolikow (dir.), L’Humanité de Jaurès à nos jours, Paris, Éd. Nouveau Monde, 2004, p. 44 et sq.

17 Soit la surface totale amputée des encarts publicitaires.

18 D’après A. Lévy, Un quotidien régional : le Midi Socialiste de sa fondation à la scission du Congrès de Tours, thèse de 3e cycle, université de Toulouse, 1966, p. 41 et 44 ; et A. Bouquet, op. cit., 2000, p. 81 notamment.

19 Voir, dans un numéro consacré à la littérature sportive, l’enquête du Nouveau Monde (janvier 1924) consacrée à l’histoire des rapports entre les journalistes et le sport.

20 31 août 1910.

21 Cf. P. Voivenel, « Avec la 67e division de réserve », L’Archer, Toulouse, no 32, mars 1932, p. 312.

22 Cf. R. Cazals, « Léon Hudelle », in Dictionnaire et guide des témoins de la Grande Guerre, CRID [www.crid1418.org/temoins/2008/02/18/hudelle-leon-1881-1973].

23 Sur ce point R. Cazals (ed.), La Grande Guerre, 1914-1918. Photographie du capitaine Hudelle, Carcassonne, Archives Départementales de l’Aude, 2006.

24 Lui-même s’étant heurté au verdict des urnes, dans l’Aude, en 1910.

25 Le Midi. Quotidien socialiste régional, 3 avril 1918.

26 Cf. P. Dietschy, Le « grand match ». Le sport français entre paix et guerre (1914-1920), thèse pour l’habilitation à diriger les recherches, Paris, Institut d’Études Politiques de Paris, 2012 ; Ph. Tétart, « La grande presse, le sport et la guerre (1913-1924) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 251, 2013.

27 L. Robène, « Le feuilleton aéronautique à la Belle Époque », in P. Clastres, C. Méadel (dir.), « La Fabrique des sports », Le Temps des Médias, no 9, 2007.

28 18 octobre 1909. L’article porte sur les « monteurs d’aéroplanes ».

29 5 janvier 1913.

30 25 mai 1913.

31 R. Holt, Sport and society in modern France, Londres, Mac Millan, 1981, p. 219.

32 19 juillet 1913.

33 Cf. A. Poyer, Les Premiers temps des véloce-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif entre 1867 et 1914, Paris, L’Harmattan, 2003.

34 Cf. M. Martin, La Presse régionale. Des affiches aux grands quotidiens, Paris, Fayard, 2002.

35 Tous les chiffres sont empruntés à D. Akono Kabeyene, op. cit., 1990.

36 Par exemple 24 octobre 1909 et 21 février 1913.

37 E. Le Roy Ladurie, Histoire de France des régions. La périphérie française des origines à nos jours, Paris, Le Seuil, 2001, p. 358.

38 Cf. J.-F. Chanet, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier Montaigne, 1996 et A.-M. Sohn, Ils apprenaient la France : l’exaltation des régions dans le discours patriotique, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1997.

39 F. Ploux, Une mémoire de papier. Les historiens de village et le culte des patries rurales, Rennes, PUR, 2011, p. 201 et chapitre 6 en général. Voir aussi J. Dumas, « Entre distinction et reconnaissance : les élites locales », in Guillaume S. (éd.), Les élites fins de siècles : XIXe et XXe siècles, Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1992, p. 13-17.

40 Au fil des pages : Ph. Tétart, S. Villaret (dir.), Les Voix du sport. La presse sportive de province à la Belle Époque, Biarritz-Paris, Atlantica/Musée National du Sport, 2010.

41 Cf. l’exemple étudié par S. Nakayama, La Politique patrimoniale de la Société archéologique du Midi de la France sous la première moitié de la IIIe République : entre régionalisme et patriotisme, mémoire de master 2, université Toulouse Le Mirail, 2008.

42 Ch. Pociello, Le Rugby ou la guerre des styles, Paris, A. M. Métaillé, 1983, p. 46.

43 5 avril 1909.

44 1er avril 1912.

45 Ch. Pociello, op. cit., 1983, p. 47. Voir aussi D. Jallat, S. Stumpp (dir.), Identités sportives et revendications régionales, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2013.

46 P. Dietschy, « Introduction. Une histoire mondiale singulière », in P. Clastres, P. Dietschy, Le Rugby. Une histoire entre village et monde, Paris, Éd. Nouveau Monde, 2011, p. 12.

47 R. Pech, J. Thomas, op. cit., 1986, p. 108.

48 Sur ce point, voir l’indispensable M.-E. Thérenty, « Rythmes et imaginaires. Vivre au rythme du journal », in D. Kalifa, Ph. Régnier, M.-E. Thérenty, A. Vaillant (dir.), La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle, Paris, Éd. Nouveau Monde, 2011, p. 1308-1317.

49 Cf. Ph. Tétart, « Spectacle sportif, médias et représentations sociales », in T. Froissart, Th. Terret (ed.), L’Historien, l’histoire, le sport, Reims, Épure, 2013, et « Lire le sport. Culture de masse & médiatisation du sport à la Belle Époque », Historiens et Géographes, à paraître.

50 Nous empruntons l’idée et le mot à Ch. Delporte, « L’Humanité. Un siècle d’existence », in Ch. Delporte, Cl. Pennetier, J.-F. Sirinelli, S. Wolikow (dir.), op. cit., 2004, p. 12 et sq.

51 P. Albert, « L’Apogée de la presse française », in Cl. Bellanger, J. Godechot, P. Guiral, F. Terrou, Histoire générale de la presse française (de 1871 à 19140), Paris, PUF, 1972, t. 3, p. 400.

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