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La forme de la ville

 | 
Stéphane Bourdin
, 
Michel Paoli
, 
Anne Reltgen-Tallon

Cinquième partie. Limites du concept

Reims : la part de l’Antiquité dans la forme urbaine. Éléments de réévaluation des héritages médiévaux et modernes

Claire Pichard und Ricardo Gonzalez-Villaescusa

Volltext

  • 1 Coquault P., Table chronologique extraite sur l’histoire de l’église, ville et province de Reims, R (...)
  • 2 Boussinecq G. et Laurent G., Histoire de Reims depuis les origines jusqu’à nos jours, t. I : Reims (...)
  • 3 Choay F., L’Urbanisme. Utopie et réalité. Une anthologie, Paris, Éditions du Seuil, 1979.
  • 4 Tassel F.-X., La Reconstruction des villes détruites lors de la guerre 1914-1918 : le cas de Reims,(...)
  • 5 Les bombardements ont fourni l’occasion de percer de grands axes, lors des opérations d’urbanisme (...)
  • 6 De fait, le cahier des charges retenu par le conseil municipal ne mentionne pas ces aspects. Il s’ (...)
  • 7 Principalement la ville des XVIIIe-XIXe siècles.

1La conscience du passé antique de la ville de Reims remonte au moins au XVIIe siècle1. Ce passé est reconnu et plus ou moins lu dans la forme urbaine à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, notamment à la suite des travaux de Kalas, architecte de la ville2. On soulève alors l’idée de la permanence d’un quadrillage viaire antique. Mais les différents aménagements effectués par les ingénieurs des Ponts et Chaussées du XVIIIe siècle et les architectes d’avant la Première Guerre mondiale ne s’inscrivent pas explicitement dans une histoire urbaine. Bien qu’ils soulignent les lignes directrices de l’urbanisme gallo-romain, ces aménagements participent surtout au mouvement d’embellissement classique des villes du siècle des Lumières3. Après la Première Guerre mondiale, alors que l’essentiel du centre-ville de Reims a été détruit par les bombardements4, la préoccupation des urbanistes n’est pas davantage d’inscrire la ville dans son passé, mais d’adapter son plan aux temps nouveaux, en répondant aux besoins d’extension et aux logiques de la circulation automobile5. La volonté de reconstruire à l’identique traduit surtout une volonté de faciliter l’appropriation des nouveaux lieux par les habitants6 en passant par la reconstruction de la ville récente7.

  • 8 Le plan Rotival, daté de 1963, a particulièrement marqué les plans de planification en repensant l (...)
  • 9 Fouqueray B. et Causse-Fouqueray L., Reims et sa forme urbaine : cheminement, Agence d’urbanisme de (...)
  • 10 La Première Guerre mondiale puis l’urbanisme des années 1970 sont présentés comme un traumatisme d (...)
  • 11 « [R]etrouver, dans l’esprit du cardo et du decumanus romain, un système de cheminements axés qui (...)

2À partir des années 1970, les réflexions portent sur l’architecture monumentale et sur le réseau viaire. Ce dernier est indiscutablement daté de la fondation de la ville. Dans ces réflexions, l’occupation romaine est sous-entendue comme l’unique instant de création de la forme de la ville. La ville médiévale et moderne est surtout présentée à travers l’évolution de l’architecture monumentale et l’implantation d’hôtels particuliers dans le cadre spatial antique, même si des phases d’extension et de rétraction des espaces urbains sont identifiées grâce à la fossilisation du tracé des enceintes dans le parcellaire. Alors qu’architectes et urbanistes reconnaissent le poids de la forme dans la ville et dans sa cohérence, le raisonnement est mené principalement à partir de la ville récente. Leur discours semble relayer celui des historiens et diffuser l’idée d’une certaine fixité de la forme urbaine depuis l’Antiquité. Malgré les contradictions des aménagements des années 1960-1970, entre restructuration complète8 et volonté de préserver un patrimoine, c’est surtout à partir du milieu des années 1980 que deux architectes, Bernard Fouqueray et Laurence Causse-Fouqueray, travaillent sur la notion de transmission de la forme urbaine par le parcellaire, lequel devient un support de l’héritage historique9. Dans leur étude, les projets de planification urbaine s’appuient sur des résultats archéologiques10. Le projet « Cheminement » qu’ils élaborent « tend à souligner les axes structurants antiques en les maintenant et les accentuant dans le paysage urbain ». Cette ligne d’aménagement vise alors expressément à ancrer Reims dans son histoire pour qu’elle retrouve une cohérence et une identité considérée comme perdue, en réactivant les axes du cardo et du decumanus antiques11. Finalement, cette étude insiste sur un aspect constant de l’histoire de Reims : la forme de la ville est antique, elle est transmise par le réseau viaire et les quelque seize siècles qui se sont écoulés n’ont que peu endommagé cet héritage.

3S’interroger sur la forme de la ville revient à répondre à la question géographique des formes et des structures, de leur écriture dans le site et de leur évolution. Cette étude s’intéresse donc à l’héritage de la forme urbaine de Reims. Dans ce cadre, la ville est considérée à partir des premières traces assurées d’urbanisme, durant la période augustéenne. Il ne s’agit cependant pas de s’intéresser à la forme de la ville à un instant donné, mais plutôt aux phénomènes qui ont mené à la forme de la ville de Reims actuelle. L’étude de la forme urbaine est donc ici envisagée dans son temps long. Tout en distinguant morphologie et morphogenèse, il s’agit de se demander si la forme de Reims peut être datée mais aussi de s’interroger sur les normes et les contraintes auxquelles leur transmission peut répondre.

Les éléments de la forme

  • 12 Galinié H., Ville, espace urbain et archéologie : essai, Tours, Maison des sciences de la ville, de (...)

4La ville est un produit social constitué par les interactions entre ses différents acteurs et l’espace dans lequel ils évoluent12. Sa forme et son organisation spatiale en témoignent. En tant qu’unité de base de la division de la surface du sol, support de l’organisation foncière, la parcelle est notamment le cadre de tout aménagement urbain ou rural. En cela, il est possible d’affirmer que le parcellaire structure historiquement l’espace.

Définir la morphologie urbaine et les éléments de la forme

  • 13 Choay F., op. cit. ; Robert S., L’Analyse morphologique des paysages entre archéologie, urbanisme e (...)
  • 14 Zadora-Rio E., Gauthiez B. et Galinié H., Village et ville au Moyen Âge. Les dynamiques morphologiq (...)
  • 15 Ibid., p. 21.
  • 16 Comme le rappelle Ricardo Gonzalez-Villaescusa, la forme est une source « para apreciar la interre (...)

5La question de l’utilisation des formes du paysage urbain et donc de l’approche morphologique comme moyen de connaissance des villes est partagée par différentes disciplines, depuis les géographes et des architectes de la fin du XIXe siècle jusqu’aux aménageurs actuels13. Paradoxalement, il y a longtemps eu absence de dialogue entre les disciplines historiques et celles consacrées à l’aménagement14, certainement parce que les objectifs poursuivis étaient différents. Les archéologues cherchent dans la forme la trace d’une structure antérieure, tandis que géographes et aménageurs s’attachent aux lignes de force pour intégrer au mieux de nouveaux lieux au tissu urbain. Les historiens quant à eux localisent des événements ou s’intéressent à un état daté du plan des villes. Enfin, les morphologues entendent définir des unités de plans, témoins d’interventions et d’aménagements antérieurs15. Depuis les années 1990, les évolutions morphologiques ne sont plus interprétées comme le seul résultat de transformations socioéconomiques, mais comme des réponses aux crises environnementales16.

  • 17 Lavedan P., Histoire de l’urbanisme. Antiquité, Moyen Âge, Paris, Laurens, 1926 ; Lavedan P. et Hug (...)
  • 18 Panerai P., Analyse urbaine, Paris, Parenthèse, 1911 ; Boudon F., Système de l’architecture urbaine (...)
  • 19 Chouquer G., L’Étude des paysages. Essais sur leurs formes et leur histoire, Paris, Errance, 2000 ; (...)

6Pierre Lavedan a été le premier à caractériser des types de ville selon leur morphologie générale17. S’inscrivant dans le cadre des études de morpho-histoire, il s’est attaché à retrouver dans le plan des villes actuelles un projet originel de fondation. Il a beaucoup marqué les études morphologiques en expliquant le mécanisme de conservation des formes passées par « la loi de persistance du plan ». Il a lu alors la ville à une macro-échelle et s’est appuyé davantage sur le réseau viaire et les formes des îlots que sur le parcellaire. Alors que ces travaux participaient aux premières approches des formes urbaines, selon les analyses menées et les types d’informations recherchées, deux courants se sont développés par la suite : l’école italienne et la lecture dynamique des formes proposée par le mouvement anglo-saxon. En associant analyse morphologique et étude du bâti, l’école italienne exploite l’interaction élévation/emprise au sol pour expliquer les formes en plan. Ce courant est dominant chez les aménageurs et les urbanistes18. Le mouvement anglo-saxon amorcé par M. G. R. Conzen et continué par Taylor R. Slater et Keith D. Lilley s’intéresse plus directement à la structure foncière en s’appuyant sur les sources planimétriques et les éléments observés par l’archéologie. Venu de la géographie, Conzen propose d’adopter une approche historique des formes pour comprendre l’évolution des villes. En intégrant l’étude des « coutures » à la jonction des différentes unités de plans dans son analyse, il décompose la création urbaine. Il modélise aussi un certain nombre de phénomènes de transformation. La rénovation de ce courant dans les années 1990, portée par Bernard Gauthiez, Élisabeth Zadora-Rio ou encore Gérard Chouquer, insiste sur la reconnaissance d’une dynamique des formes. Les débats entre ces approches portent sur l’appréhension de la forme, l’échelle d’analyse, la possibilité de dater les formes et l’interprétation de leur origine19.

  • 20 Lefèvre B., La Fabrique urbaine d’Angers du IIIe au XIIIe siècle, thèse de 3e cycle, Lorans E. (dir (...)
  • 21 L’insertion des formes dans leur environnement est surtout rappelée par Luc Bourgeois et Sandrine (...)

7Paradoxalement, alors qu’il est reconnu que le réseau parcellaire souligne des « lignes de force de l’espace urbain […] issues – directement comme indirectement – d’une activité humaine ou bien qu’elles soient induites par les éléments de la topographie physique du relief20 », le site entre peu dans la définition des formes actuelles21. En d’autres termes, les formes urbaines sont décrites essentiellement en deux dimensions. Le mouvement italien s’intéresse aussi à l’élévation par le bâti, mais le terrain sur lequel se développent les formes ne fait jamais explicitement partie de leur définition. Les études décrivent des formes et dressent des typologies mais ne les modélisent pas jusqu’au bout, avançant l’argument de l’anthropisation. Toutes ces approches se détachent constamment de la géographie physique, qui recourt constamment à la morphométrie pour décrire les formes du paysage. Aussi, dans le cadre de cette étude, le maillage parcellaire est compris comme un objet complexe composé d’un réseau viaire, de parcelles individuelles et de leur agrégation en îlots, de bâti (tant en élévation qu’en souterrain). Les facteurs explicatifs de la forme sont appréhendés dans toute leur diversité, en intégrant à leur juste place les phénomènes physiques.

Le site pré-urbain

  • 22 Devos A., Lejeune O., Butaeye D. et al., Analyse des modalités d’écoulement des eaux dans le bassin (...)

8Reims se situe au pied de la cuesta d’Île-de-France, sur la bordure occidentale du plateau de la Champagne crayeuse. La ville est installée au bord de la Vesle, un affluent de l’Aisne. Placée à l’entrée d’un entonnoir de percée cataclinale, elle bénéficie d’une position de contrôle des flux vers le Bassin parisien22. La ville est dominée par la montagne de Reims au sud et par le massif Saint-Thierry au nord-ouest, dont les altitudes maximales atteignent respectivement 286 et 215 mètres. L’agglomération actuelle se situe entre 76 et 135 mètres d’altitude, tandis que le centre historique s’étend entre 76 et 90 mètres. Dans un contexte topographique relativement plat et peu accidenté, Reims ne se développe pas sur un site défensif.

  • 23 Ce type d’alimentation de la Vesle représente plus de 80 % de la lame d’eau du cours d’eau (Devos (...)

9Le site historique de Reims, implanté sur les terrasses alluviales, bénéficie cependant d’une barrière naturelle matérialisée par les marais de la Vesle (fig. 1a-b). Il semble que ces derniers aient longtemps limité l’extension de la ville en rive droite de la rivière. Toutefois, la présence de l’eau a pu offrir des potentialités. À l’inverse, la position de la nappe phréatique a aussi contraint le développement de la ville23.

Figure 1a. Site historique de Reims.

Figure 1b. Schéma géomorphologique du site historique de Reims (d’après Bosserelle S., Étude géomorphologique des niveaux de terrasses de la Vallée de la Vesle : depuis sa source jusqu’à sa confluence avec l’Aisne, mémoire de Master 1, géographie, université de Reims Champagne-Ardenne, 2009, dactyl.).

10En s’appuyant principalement sur les données de fouilles et les sondages recensés par le Bureau de recherches géologiques et minières, il est possible d’évaluer la forme du site pré-urbain de Reims. Il apparaît que le versant gauche de la Vesle était légèrement plus prononcé et humide qu’aujourd’hui. Une partie du site historique se trouvait sur une croupe crayeuse, contenue entre deux talwegs. La Vesle devait présenter un réseau de bras plus dense dans l’actuelle traversée de Reims, désormais entièrement linéarisée et rectifiée. Les datations du Quaternaire sont encore trop peu précises pour permettre d’estimer la succession des paléochenaux de la Vesle. Il semble toutefois qu’à proximité, tant en amont qu’en aval, le style fluvial ait peu changé. L’apport de la cartographie régressive depuis le XVIe siècle indique cependant que le méandrage était plus important.

  • 24 Neiss R. et Rollet P., « Reims l’oppidum et les débuts de la ville gallo-romaine », Bolletino di ar (...)
  • 25 Îlot des Capucins (Rollet P. et al., « Reims, Marne. La fouille urbaine de l’îlot Capucins-Hincmar (...)
  • 26 Ibid., p. 25.
  • 27 Stocker P., op. cit.
  • 28 Doyen J.-M., « Reims préromain et l’émergence de l’État des Rèmes : état de la question et fouilles (...)

11Les premiers indices révélant une densification de l’habitat sur le site de Reims datent des dernières décennies du Ier siècle avant J.-C.24. Dans l’état actuel des connaissances, aucun parcellaire, aucune voirie ne sont vraiment mis en évidence avant le milieu du Ier siècle avant J.-C.25, soit avant l’apparition d’un artisanat diversifié26. Les fouilles n’ont pas clairement livré de petites unités domestiques, comme c’est le cas pour d’autres villes. Si les traces d’une occupation gauloise ont pu être mises au jour, les indices sont encore trop ténus pour que l’on puisse l’interpréter comme étant une phase urbaine à part entière. La fouille de la rue de Pouilly a toutefois révélé une importante phase de développement de la ville juste après la conquête romaine27. Les monnaies retrouvées, l’absence de sépultures, la présence de structures de stockage pourraient surtout plaider en faveur d’une place d’échanges, comme le propose Jean-Marc Doyen et comme le laisse penser la traduction celtique de Durocortorum, composé selon Xavier Delamarre de duro, duron, « porte », « marché », « place », « forum », et d’une seconde partie dont la signification reste inconnue28. Il apparaît ainsi que Durocortorum se développe à un carrefour routier déjà actif durant la Tène, auquel s’ajoutent de nouveaux itinéraires. L’héritage d’un fossé protohistorique semble se transmettre dans la voirie antique et dans l’orientation de certains habitats. Cependant, son tracé, sa datation, sa nature et sa fonction suscitent encore des interrogations. Ponctuellement ont été retrouvées des structures fossoyées du Ier siècle avant J.-C. Leurs profils assez variables pourraient s’expliquer par la topographie du site. Surtout, la chronologie des vestiges est assez haute et nullement appréhendée directement. La répartition des sites autour du fossé montre qu’il a vite été débordé. Des restitutions proposées reliant les différents points mis au jour estiment que s’il s’agit d’une même structure, celle-ci enfermait une superficie de 90 hectares. Toutefois, le fossé est attesté sur 8,5 % du périmètre présumé, en observation directe, et sur 10,5 % si l’on prend en compte les orientations induites par son passage (voir pl. XIX). Dans ces secteurs, ce sont ces orientations qui argumentent en faveur de la présence et des dimensions du fossé. Dans l’état actuel des connaissances, il est en fait impossible d’affirmer que le fossé a été creusé de façon continue. Cela peut aussi remettre en cause la fonction défensive qui lui a été assignée. De même, cette fonction peut être nuancée par la localisation de la structure puisqu’un site défensif plus approprié se trouvait à quelques centaines de mètres, sur l’actuel quartier du moulin de la Housse. En revanche, il apparaît que le fossé se confond avec la nature du site, puisque l’installation protohistorique se concentre sur les terrasses anciennes. De fait, le tracé proposé du fossé reprend surtout les limites des terrasses. Plutôt qu’une observation directe du tracé, il faut se demander si les interprétations qui en sont proposées ne confondent pas les formes créées par les formations superficielles et les structures anthropiques réellement observées, et s’il ne s’agirait donc pas d’une extrapolation d’un phénomène sur l’autre. Il faut aussi se demander si la fonction première de la structure n’était pas tant d’assurer un rôle d’exutoire des eaux pour assainir une partie de la zone que de signaler un ou plusieurs espaces. Les restitutions avancées jusqu’à présent reposent sur l’observation de structures parfois imposantes. Leur aspect globalisant reste peut-être à nuancer.

Analyse morphologique

12L’état de l’urbain actuel intègre les modifications dues aux grands travaux, à la démolition des remparts et aux opérations d’alignement. Les destructions de la Première Guerre mondiale et la reconstruction qui a suivi ont aussi modifié la forme de la ville. Pour étudier la morphogenèse de la ville préindustrielle, il est nécessaire de retirer ce bruit dû à l’évolution urbaine ultérieure. C’est pourquoi il convient de s’appuyer sur l’analyse du cadastre napoléonien. Ce plan présente avant tout l’état de la ville en 1819. L’emprise morphologique retenue intègre donc l’étendue de la ville préindustrielle, les faubourgs ainsi que la périphérie proche, au parcellaire plus lâche. Si l’on s’attache à l’espace urbain à proprement parler, il faut relever l’opposition entre deux espaces pleins opposés et inégaux où le bâti est continu et dense et un espace vide dans la zone sud. Cet espace est alors majoritairement encerclé par une zone vide de construction liée au rempart du XIVe siècle, toujours actif dans la ville préindustrielle.

Les orientations dominantes et la caractérisation des parcelles

  • 29 L’analyse de la distribution des orientations prend en compte l’effectif des segments concernés ai (...)
  • 30 Une marge d’erreur de 5 % (2,5°) a été appliquée au calcul des orientations.

13L’analyse systématique des orientations du parcellaire29 sur l’ensemble de l’espace urbain de Reims révèle deux orientations dominantes30 (voir pl. XX). L’une à NG 31° E (± 5 %), aussi présente hors les murs au XIXe siècle, est héritée du réseau de voirie antique (voir pl. XX). Ce réseau répond de fait lui-même à l’orientation de la topographie, à savoir l’orientation NO/SE de la vallée de la Vesle et le talweg orienté E/O. C’est sur ces microreliefs que s’installent les axes structurants du réseau viaire de Durocortorum, respectivement les deux axes principaux N/S et E/O. Un second réseau, orienté NG 49,5° E (± 5 %), apparaît le long de la rue du Jard.

14Seule la répartition de ces orientations dans le parcellaire rend ces constats intéressants (fig. 2).

  • 31 Secteurs Barbâtre-Saint-Nicaise, la Couture, la civitas.

15En effet, alors que trois noyaux concentrent les plus fortes densités sur l’ensemble du parcellaire31, deux se situent en dehors de la ville de l’Antiquité tardive. Paradoxalement, l’héritage antique est donc plus fort autour des pôles Barbâtre-Saint-Nicaise et Couture que dans la civitas, laquelle a pourtant connu une occupation urbaine continue depuis la fin de la période augustéenne.

  • 32 L’indice de compacité ainsi que les principes de complexité des bordures ont servi en 2010 à l’éla (...)

16La caractérisation morphométrique des parcelles, à partir d’indices d’hydrologie utilisés pour l’étude des bassins versants, permet de travailler non seulement sur la forme des parcelles et leur orientation, mais aussi sur leur relation au terrain sur lequel le réseau se développe32. Deux éléments phares ressortent de ces analyses : l’image d’une certaine hiérarchisation des rues et le rapport de la parcelle à la pente du terrain. Il est aussi possible de poser l’hypothèse selon laquelle la complexité des bordures d’une parcelle peut permettre d’estimer son ancienneté.

Figure 2. Noyaux de concentration de l’orientation dominante NL 31° E (± 5 %).

17La hiérarchie des rues qui s’observe dans la ville s’appuie sur des éléments tels que les alignements remarquables, la quantification du nombre de voies à un carrefour et enfin sur l’hypothèse selon laquelle les parcelles longues et étroites s’orientent sur les rues qu’elles desservent. Suivant ce principe, la concentration de ce type de parcelles sur une même rue témoigne de l’importance de cette dernière.

L’analyse des unités de plan

  • 33 Gonzalez-Villaescusa R., « Análisis morfológico e historia urbana. El barrio del Carmen de Valencia (...)

18Parallèlement à ces observations, l’analyse des unités de plan et de leur regroupement par style morphologique permet de dégager des éléments de compréhension de l’évolution du parcellaire (voir pl. XXI). Une certaine chronologie, relative aux grands styles ou ensembles morphologiques peut être dégagée. Le premier groupe déborde légèrement de l’ensemble morphologique 2, qui correspond à la fossilisation de l’enceinte de l’Antiquité tardive. L’étude des rythmes de son appropriation privative aide à établir un sens d’urbanisation qui ne peut pas être forcément daté. En se fondant sur la typologie proposée lors de l’étude de l’enceinte islamique de Valencia33, quatre modèles d’urbanisation se dessinent pour le cas rémois :

  • une urbanisation dans l’emprise matérielle de l’enceinte alors que celle-ci est encore active (UP2a) ;
  • une urbanisation rapide et dense au-delà des limites physiques de la muraille : celle-ci oriente l’urbanisation proche (UP2b et UP2b’’) ;
  • une urbanisation dans laquelle les différents éléments de la muraille ne se repèrent plus : l’enceinte n’est plus active ou fortement modifiée (UP2c) ;
  • l’enceinte du XIVe siècle reprend le tracé de celle du IVe siècle : sur ce secteur, l’urbanisation est faible et tardive (UP2d).
  • 34 Lavigne C., Essai sur la planification agraire au Moyen Âge. Les paysages neufs de la Gascogne médi (...)

19Les unités 2e et 5a constitutives des ensembles 2 et 5 reprennent les mêmes formes. L’unité de plan 2e semble toutefois témoigner d’une permanence de l’orientation de l’enceinte du IVe siècle (UP2b’’). Les témoignages archéologiques, quant à eux, plaident en faveur d’une résilience de rues antiques ayant conservé la mémoire du tracé d’une structure fossoyée protohistorique. L’ensemble 3 s’inscrit dans un ancien talweg qui a pu fonctionner comme une zone d’exutoire des écoulements vers la Vesle. Les ensembles 4 et 5 s’organisent eux aussi le long de voies structurantes. L’un comme l’autre assurent la traversée de l’espace urbanisé. Cependant, l’ensemble 5 mène à deux pôles distincts. Représentés par les ensembles morphologiques 6 et 7, ces derniers sont ceints d’un enclos ou d’une enceinte. Ils correspondent à Saint-Nicaise et au castrum Saint-Remi. Ce dernier s’est développé à partir du Xe siècle, le bourg étant attesté au IXe siècle. Il correspond au second pôle urbain qui s’est développé à l’époque médiévale autour de l’abbaye du même nom. Malgré l’apparente homogénéité de l’ensemble 8 relevée par les différents historiens des sources écrites, l’extension et la morphologie de ce quartier, dit de la Couture, sont mal appréhendées. Compris dans le secteur urbanisé du Ier au IIIe siècle, cet espace se situe hors de l’enceinte du IVe siècle pour redevenir intra muros lors de l’édification du rempart du XIVe siècle. Il est traditionnellement considéré dans l’historiographie rémoise de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle comme un secteur vierge de toute urbanisation avant la charte de fondation de Guillaume aux Blanches Mains, datée de 1183. Par cette charte, l’évêque concède à la ville un terrain destiné à accueillir les foires et à loger les artisans du bois et du fer, auxquels il accorde un certain nombre de privilèges. De fait, ce secteur est perçu comme un espace figé depuis sa construction rapide du fait de sa morphologie particulière. Il s’agit dès lors de mettre en avant des éléments et des événements qui permettraient de détacher des rythmes d’évolution du secteur, caractérisé par des ensembles de parcelles étroites et allongées. Toutefois, si l’on s’attache à leur répartition et à leurs orientations, deux ensembles se distinguent aisément, l’UP8a et l’UP8d. Alors que la première UP correspond aux formes des opérations de lotissements médiévaux (modules, organisation)34, la seconde met en avant une réorganisation du réseau parcellaire autour du champ de foire (orientation, parcelles orientées sur la place) qui pourrait être associée à la percée de la porte Buiron dans les remparts. Enfin, les ensembles morphologiques 9 et 10, au bâti plus lâche, apparaissent comme les zones concentrant de grands terrains appartenant aux congrégations religieuses. Il s’agit certainement aussi de zones moins attractives car en retrait des points névralgiques de l’espace urbain, tardivement construites.

20La description des formes du parcellaire permet de se détacher d’une vision assez fixiste de l’évolution urbaine de Reims, en mettant en avant la variété des espaces qui la composent. L’observation des formes du parcellaire de 1811 soulève la question de la disparition de structures remarquables attestées par l’archéologie, notamment en ce qui concerne les enceintes dites de l’oppidum et augustéenne. S’agissant de cette dernière, une certaine cohérence morphologique peut être ponctuellement avancée. Celle-ci correspond localement à la situation de la structure fossoyée reconnue, mais un tracé global se détache plus difficilement. L’analyse multiscalaire et la prise en compte du temps court de la donnée archéologique comparativement au temps long révélé par l’étude des formes amènent à interroger et décomposer l’espace en nuançant les restitutions des différents états de la ville proposés dans l’historiographie.

Propositions de lecture

La question du quadrillage antique

  • 35 Berthelot F., La Structure et l’évolution des rues antiques de Reims (Durocortorum), mémoire de maî (...)
  • 36 Berthelot F., op. cit., p. 59, fig. 20.
  • 37 Jacques F., « Les centuriations romaines de la cité des Rèmes (I). Recherches sur l’aménagement de (...)

21L’étude des orientations dominantes du parcellaire révèle l’importance de l’héritage antique dans le réseau viaire et parcellaire de la ville préindustrielle. Toutefois, la possibilité de restituer l’intégralité du réseau viaire antique soulève quelques questions. Aux archéologues du début du XXe siècle qui s’efforçaient de restituer le plan quadrillé de la ville antique, François Berthelot a répondu par une étude systématique des tronçons de rues découverts en fouille de 1977 à 2002. Il s’est appuyé sur une étude morphométrique des rues antiques et sur l’orientation des tronçons mis au jour pour proposer un plan du réseau viaire antique. Alors qu’un carroyage orthogonal a été mis en avant, la projection du réseau viaire a été complétée par le report de modules sur la partie orientale du tracé35. Il ne fait aucun doute que le plan de Reims porte la trace d’une orientation parcellaire et viaire dominante. Les éléments archéologiques renforcent la lecture de cette orientation. Ils tendent aussi à démontrer qu’une grande partie de Durocortorum a été orientée selon cette direction. Toutefois, dans la première phase de mise en place de la ville, plusieurs orientations semblent se succéder à défaut de coexister. Les observations restant ponctuelles, il est difficile d’estimer l’étendue du phénomène et de trancher entre une succession de carroyages différents ou la présence de déviations ponctuelles. L’analyse morphologique peut suggérer l’hypothèse d’un carroyage régulier orthogonal. Si l’orientation dominante qui se retrouve hors de la ville dans le parcellaire proche peut la confirmer, les données de fouille tendent à nuancer cette régularité. D’une part, les îlots reconstitués n’ont pas de géométrie fixe, d’autre part ont été mises en avant des rues obliques et des structures d’habitat aux orientations divergentes, contemporaines du carroyage, interprétées comme des héritages de la structure fossoyée protohistorique. Alors que les données morphologiques semblent plaider en faveur de l’établissement d’un carroyage général à l’ensemble de la ville, celui-ci n’a pu être que partiellement quadrillé et entrecoupé de rues obliques susceptibles de témoigner d’un héritage antérieur. Ces dernières rues, attestées par l’archéologie, ne semblent toutefois pas être conservées dans les héritages successifs. La lecture multiscalaire et la confrontation des témoignages de structures à différents temps permettent de réévaluer légèrement l’idée d’un quadrillage antique régulier, comme il apparaît déjà dans les travaux de Berthelot36. Il est d’autre part possible de se demander s’il n’y a pas une hétérogénéité dans la répartition des axes puisque les axes E/O semblent plus denses. En revanche, le centre urbain semble s’organiser clairement autour de deux axes E/O et NO/SE majeurs. De même, la continuité de ces axes dans l’espace rural proche pose problème : l’organisation de l’espace urbain proche témoigne-t-il d’une centuriation ou d’une transmission de la forme dans la planification médiévale37 ?

L’intégration des bourgs à la ville

  • 38 L’observation porte sur la topographie des caves, leurs niveaux et leur sens de développement.

22L’analyse morphologique témoigne de dynamiques de transmission distinctes dans la forme de la ville. À l’est et au sud, le processus de dynamique tient à la régularisation de la forme passant tant par l’armature viaire que par la diffusion de la trame parcellaire isocline. Toutefois dans la partie est, correspondant à l’unité de plan 5, la cartographie des caves38 et l’analyse diachronique de l’occupation du sol semblent indiquer une stabilisation du parcellaire en des formes régulières depuis l’époque moderne. Les unités de plan 8 et 4 mettent en évidence des points d’activités importants développés durant l’époque médiévale. Les textes tendent à définir l’unité de plan 8 comme l’héritage d’une planification urbaine du XIIe siècle. Les sources archéologiques et le toponyme, « la Couture », confortent l’idée d’un hiatus dans l’occupation du secteur entre l’Antiquité tardive et le XIIe siècle. Aussi la régularité des formes à l’échelle de la ville peut-elle témoigner d’une opération de planification. Toutefois, malgré cette régularité, de nombreuses sous-unités composent l’unité de plan 8 qui s’intègre assez « naturellement » à l’unité de plan 4 organisée sur la rue de Vesle (faubourg-rue). Le maintien de cette rue et l’absence de rues obliques la joignant à la place de la Couture permettent de poser l’hypothèse d’une urbanisation antérieure à celle de l’unité 8. Ce maintien illustre aussi la position forte de cette rue dans la hiérarchie du réseau viaire développé par la suite. À l’échelle juridico-fonctionnelle, le secteur est assez cohérent, relevant de la même seigneurie. En revanche, du point de vue spatio-fonctionnel, les textes et l’archéologie révèlent différents usages du sol. De même, le secteur en retrait de la place de la Couture correspond par sa morphométrie à un parcellaire agricole. L’argument morphologique plaide en faveur de l’hypothèse d’une opération d’urbanisme très localisée. Trop de trames parcellaires, aux modules certes proches, composent le secteur. La dynamique de ces espaces semble surtout témoigner de l’évolution du réseau de voirie à l’époque médiévale (voir pl. XXII).

La fixité du centre-ville ?

23Dans la ville médiévale et moderne, l’héritage antique paraît perdurer dans la métrologie et la trame parcellaire. L’enceinte du Bas-Empire continue à marquer une frontière morphologique et une limite territoriale malgré son urbanisation progressive. De l’observation des formes de l’unité de plan 1, il est possible de dégager un état intermédiaire de l’évolution des îlots urbains au cours du temps. Il n’est pas vraiment possible de dater globalement cet état, lequel est d’ailleurs peut-être uniquement théorique. Son observation révèle cependant un certain nombre de points intéressants. Il forme avant tout des îlots dont les modules sont proches des mesures antiques. La confrontation de cet état avec la reconstitution du réseau viaire proposée par Berthelot révèle une certaine similitude. Toutefois, les alignements et orientations mis en avant ne sont pas datés d’une époque particulière, mais sont le fruit des différents aménagements urbains. Si la structure parcellaire s’appuie sur le réseau viaire antique, les mécanismes de sa transmission sont plus complexes et surtout « a-linéaires ». En s’appuyant sur le secteur septentrional de cet ensemble morphologique, il est possible de dégager un certain nombre de mécanismes permettant d’expliquer la forme. Ainsi, les secteurs où la forme est complexe sont les zones de tension entre deux entités juridico-fonctionnelles ou au débouché d’une porte, du fait de la création de pattes d’oie. De fait, celles-ci témoignent de la redistribution du réseau viaire à l’époque médiévale. Cette observation se fait à deux échelles spatio-temporelles : avant et après la construction de l’enceinte du XIVe siècle et selon le niveau d’observation du réseau (intra muros ou réseau local). Au niveau de la Vesle, la contrainte de franchissement par les ponts limite l’effet patte d’oie aux extérieurs de la ville et canalise les flux sur un axe majeur dans la traversée urbaine, alors qu’au niveau des portes, une série de rues secondaires se créent intra muros. Au niveau de la porte septentrionale, l’explosion de l’îlot de Cousy et la mise en place du parcellaire laniéré sont postérieures à 1353, date de la percée de la nouvelle porte de Mars. Dans ce secteur, la morphologie et l’archéologie renseignent une phase de réorganisation du bâti entre l’Antiquité et le Moyen Âge central (étalement du bâti et regroupement d’îlots). Suit une phase d’éclatement des îlots et d’évolution de la compacité des parcelles, non planifiée. Cela semble correspondre à une logique d’accession à des points clés de l’espace urbain tels que les portes et les marchés. Cette tendance permet aussi d’expliquer la création de nouvelles rues, percées parallèlement à l’axe antique principal. L’évolution du réseau viaire médiéval et moderne comme la densification du bâti ont donc participé à la réactivation et à la création des formes antiques.

Conclusion

24Le plan parcellaire de Reims révèle une organisation régulée de l’espace urbain antique. L’orientation dominante des structures mises au jour en fouille, la régularité des espacements entre les axes traduisent l’existence d’un aménagement urbain d’une grande ampleur qui s’inscrit dans les formes du site. La lecture des données morphologiques et leur confrontation aux sources archéologiques ne reculent pas la chronologie de l’apparition du premier carroyage d’envergure de Reims. Toutefois, il faut nuancer l’étendue de ce dernier, ainsi que l’image d’un plan quadrillé, régulier. Cette confrontation permet de nuancer la chronologie de sa mise en place et de réévaluer les temps de la construction urbaine en observant l’espace à différentes échelles. Ce jeu d’échelle répond aux hypothèses concernant les points et les causes de transformation du plan urbain. Cela permet aussi de réévaluer les héritages des périodes médiévale et moderne dans la ville de Reims préindustrielle.

25Alors que le site de Reims ne présente aucune contrainte topographique, il apparaît que le développement de la ville s’oriente vers le cours d’eau. Sans jamais la contourner, la ville se dirige vers la rivière essentiellement en trois points concentrés : les ponts et l’ancien talweg, peut-être prolongé par un pont en bois ou un guet. Sur le reste de sa façade, la ville contourne la Vesle en rive droite, à la différence de ce qui se passe en rive gauche, où le parcellaire suit la forme de la plaine alluviale. Sur la majeure partie de l’espace urbain, le site n’a jamais été une contrainte à l’extension urbaine. Toutefois, sur les flancs de la croupe de craie située à l’est de la ville (noyaux Saint-Remi et Saint-Nicaise), celle-ci n’a pas pu s’affranchir totalement des contraintes du site. La relecture de l’évolution des accès à la ville et dans la ville permet surtout de révéler les villes médiévale et moderne. Ces facteurs d’évolution sont paradoxalement des éléments de transmission des formes dans la ville. La seule lecture morphologique ne permet pas de lire les villes intermédiaires. En revanche, la lecture conjointe avec les données de fouilles et les sources textuelles doit permettre de déceler des interventions sur l’espace ou des rythmes d’évolution des espaces. Sur ce point, le parcellaire de Reims met en avant des moments de densification importants proches des espaces économiques et d’autres phases de développement lents et moins massifs dans le « centre historique ». Il n’y a pas de grands moments de remise en cause de la structure de la ville dans les villes médiévale et moderne, mais plutôt des opérations ponctuelles qui ont participé à la résilience et au maintien de l’une des trames viaires antiques.

Anmerkungen

1 Coquault P., Table chronologique extraite sur l’histoire de l’église, ville et province de Reims, Reims, Vve F. Bernard, 1650 ; Journalier de Jean Pussot maître-charpentier à Reims (1568-1626),Simiz S. et Buridant J. (éd.), Villeneuved’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008. Au Xe siècle, Flodoard évoque la haute antiquité de Reims, mais il s’agit surtout pour lui d’attribuer des origines mythiques à la ville de Reims (Desgrugillers N. [dir.], Histoire de l’église de Reims, t. I, Clermont-Ferrand, Paleo, 2004).

2 Boussinecq G. et Laurent G., Histoire de Reims depuis les origines jusqu’à nos jours, t. I : Reims ancien des temps préhistoriques à la mort d’Henri IV, Reims, Matot-Braine, 1933 ; Hannesse A., Histoire populaire de la ville de Reims, Reims, Impr. coopérative rue Pluche, 1879 ; Hôtel Le Vergeur (Reims), Kalas, Plan de Reims antique, 1911, non coté.

3 Choay F., L’Urbanisme. Utopie et réalité. Une anthologie, Paris, Éditions du Seuil, 1979.

4 Tassel F.-X., La Reconstruction des villes détruites lors de la guerre 1914-1918 : le cas de Reims, DEA d’urbanisme, Merlin P. (dir.), Institut d’urbanisme Paris VIII, 1982, p. 126-129 ; Cochet F., Reims ville-martyre. Vie et mort d’un mythe républicain ?, Reims, CRDP, 1985.

5 Les bombardements ont fourni l’occasion de percer de grands axes, lors des opérations d’urbanisme de la reconstruction. Ces opérations étaient encouragées par la Commission départementale d’aménagement et d’extension des villes de la Marne (Archives départementales de la Marne, 1 S 509).

6 De fait, le cahier des charges retenu par le conseil municipal ne mentionne pas ces aspects. Il s’agit avant tout de résorber les problèmes de logement et de circulation dans la ville. Tassel F.-X., op. cit.

7 Principalement la ville des XVIIIe-XIXe siècles.

8 Le plan Rotival, daté de 1963, a particulièrement marqué les plans de planification en repensant les axes de circulation dans la ville et en dissociant les rives droite et gauche.

9 Fouqueray B. et Causse-Fouqueray L., Reims et sa forme urbaine : cheminement, Agence d’urbanisme de Reims, 1983, dactyl.

10 La Première Guerre mondiale puis l’urbanisme des années 1970 sont présentés comme un traumatisme dans la cohérence de la ville et son identité. De plus, la destruction du bâti médiéval et surtout moderne empêche selon les auteurs de l’étude de recourir à l’histoire de l’art et de l’architecture pour travailler sur ces aspects.

11 « [R]etrouver, dans l’esprit du cardo et du decumanus romain, un système de cheminements axés qui permette de redéfinir la ville à partir de son centre » (Fouqueray B. et Causse-Fouqueray L., op. cit., p. 1).

12 Galinié H., Ville, espace urbain et archéologie : essai, Tours, Maison des sciences de la ville, de l’urbanisme et des paysages, CNRS – UMS 1835, université de Tours, 2000.

13 Choay F., op. cit. ; Robert S., L’Analyse morphologique des paysages entre archéologie, urbanisme et aménagement du territoire, thèse de 3e cycle en archéologie, Chouquer G. (dir.), 2 vol., université Paris I, 2003.

14 Zadora-Rio E., Gauthiez B. et Galinié H., Village et ville au Moyen Âge. Les dynamiques morphologiques, 2 vol., Tours, PUFR, 2003.

15 Ibid., p. 21.

16 Comme le rappelle Ricardo Gonzalez-Villaescusa, la forme est une source « para apreciar la interrelacion dialectica entre sociedad y medio ambiente » (« pour estimer la relation dialectique qui existe entre société et environnement ») (Gonzalez-Villaescusa R., Las formas de los paisajes mediterraneos, Jaen, Universidad de Jaen, 2002, p. 46).

17 Lavedan P., Histoire de l’urbanisme. Antiquité, Moyen Âge, Paris, Laurens, 1926 ; Lavedan P. et Hugueney J., L’Urbanisme au Moyen Âge, Paris, Arts et métiers graphiques, 1974.

18 Panerai P., Analyse urbaine, Paris, Parenthèse, 1911 ; Boudon F., Système de l’architecture urbaine. Le quartier des Halles à Paris, Paris, CNRS, 1977 ; Brodovilch M., Chalenel M. et Henry D., Centres historiques, t. I : Méthodes d’analyse, Paris, Éditions du STU, 1989.

19 Chouquer G., L’Étude des paysages. Essais sur leurs formes et leur histoire, Paris, Errance, 2000 ; Gauthiez B., « Approche morphologique des plans de villes, archéologie et sources écrites », Revue archéologique de Picardie, n. s., 16, Archéologie des villes. Démarches et exemples en Picardie, 1999, p. 17-25 ; id., « Les formes, les catégories de formes et leur interprétation », Zadora-Rio E., Gauthiez B. et Galinié H., op. cit., p. 441-445.

20 Lefèvre B., La Fabrique urbaine d’Angers du IIIe au XIIIe siècle, thèse de 3e cycle, Lorans E. (dir.), 4 vol., université François Rabelais, Tours, 2010, p. 145.

21 L’insertion des formes dans leur environnement est surtout rappelée par Luc Bourgeois et Sandrine Robert. Ces auteurs se détachent des problématiques traditionnelles d’étude des sites urbains, qui expliquent l’établissement d’une ville par l’étude des conditions géographiques favorables ou non du site. Ils analysent surtout les orientations du parcellaire et leur interaction avec les différents états du site.

22 Devos A., Lejeune O., Butaeye D. et al., Analyse des modalités d’écoulement des eaux dans le bassin versant de la Vesle, CNRS, Rapport Piren-Seine, 2005, p. 4.

23 Ce type d’alimentation de la Vesle représente plus de 80 % de la lame d’eau du cours d’eau (Devos A., Lejeune O. et Chopin E., « Karstic Infiltration Dynamics and Spatialisation of Chalk Aquifer Drain : Example of the Upper Vesle Bassin [Dry Champagne, France] », European Journal of Water Quality, t. XXXVIII, fasc. 1, 2007, p. 23-38, ici p. 26).

24 Neiss R. et Rollet P., « Reims l’oppidum et les débuts de la ville gallo-romaine », Bolletino di archeologia on line, no 1, 2011, (en ligne : [http://www.archeologia.beniculturali.it], consulté le 14.04.2012), p. 43. Les traces des IIe et Ier siècles avant J.-C. ont été repérées sur une surface de 348 hectares sans continuité d’occupation systématique pour un même site. L’occupation semble donc mobile. Cette dernière reste aussi essentiellement de nature agricole.

25 Îlot des Capucins (Rollet P. et al., « Reims, Marne. La fouille urbaine de l’îlot Capucins-Hincmar-Clovis : la dimension d’un quartier », Bulletin de la Société archéologique champenoise, t. LXXXIII, no 4, 1990), rue Pouilly (Stocker P., Reims, Marne, 7 rue de Pouilly. Évolution d’un îlot à proximité de la place du Forum, Inrap, rapport final d’opération, 2 vol., 2011, dactyl.), rue du Général-Sarrail (Balmelle A., Reims, Marne. 17-27 rue du Général Sarrail, DFS, 1994) ; Neiss R. et Rollet P., op. cit., p. 49-50.

26 Ibid., p. 25.

27 Stocker P., op. cit.

28 Doyen J.-M., « Reims préromain et l’émergence de l’État des Rèmes : état de la question et fouilles récentes en Champagne-Ardenne », soumis à Lunula ; Delamarre X., Dictionnaire de la langue gauloise, Paris, Errance, 2001.

29 L’analyse de la distribution des orientations prend en compte l’effectif des segments concernés ainsi que la taille cumulée des segments pour chaque orientation.

30 Une marge d’erreur de 5 % (2,5°) a été appliquée au calcul des orientations.

31 Secteurs Barbâtre-Saint-Nicaise, la Couture, la civitas.

32 L’indice de compacité ainsi que les principes de complexité des bordures ont servi en 2010 à l’élaboration d’un outil d’analyse morphologique développé par Robert S., Noizet H. et Costa L. (mise à disposition publique en janvier 2011). L’étude de Reims, ayant été menée parallèlement, n’utilise pas tout à fait les mêmes méthodes. Toutefois, la confrontation des résultats montre des résultats globalement similaires. L’approche adoptée pour cette étude permet d’effectuer l’ensemble des calculs sans changer de logiciel.

33 Gonzalez-Villaescusa R., « Análisis morfológico e historia urbana. El barrio del Carmen de Valencia », Madrider Mitteilungen, no 41, 2000, p. 423-429.

34 Lavigne C., Essai sur la planification agraire au Moyen Âge. Les paysages neufs de la Gascogne médiévale (XIIIe-XIVe siècles), Pessac, Ausonius, 2002.

35 Berthelot F., La Structure et l’évolution des rues antiques de Reims (Durocortorum), mémoire de maîtrise en histoire de l’art et archéologie, université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, 2004 ; Berthelot F. et al., « Urbanisme et programme monumental de la ville de Reims/Durocortorum entre le Ier et le IVe siècle après J.-C. », Bolletino di archeologia on line, no 1, 2011, en ligne : [http://www.archeologia.beniculturali.it], consulté le 14.04.2012.

36 Berthelot F., op. cit., p. 59, fig. 20.

37 Jacques F., « Les centuriations romaines de la cité des Rèmes (I). Recherches sur l’aménagement de l’espace rural dans la province de Belgiques », Revue du Nord, no 243, 1979, p. 783-822 ; Legros J. « Structures agraires gallo-romaines près de Reims (Marne) », Photo-interprétation, no II, mars-avril 1971, p. 36-41 ; Gonzalez-Villaescusa R., « Note complémentaire sur l’organisation de l’espace ancien dans les communes de “Reims Métropole” et de la banlieue de Reims », Chossenot E., Esteban A. et Neiss R. (dir.), CAG 51/2 : Reims, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 2010, p. 101-102.

38 L’observation porte sur la topographie des caves, leurs niveaux et leur sens de développement.

Abbildungsverzeichnis

Bildunterschrift Figure 1a. Site historique de Reims.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91371/img-1.jpg
Datei image/jpeg, 152k
Bildunterschrift Figure 1b. Schéma géomorphologique du site historique de Reims (d’après Bosserelle S., Étude géomorphologique des niveaux de terrasses de la Vallée de la Vesle : depuis sa source jusqu’à sa confluence avec l’Aisne, mémoire de Master 1, géographie, université de Reims Champagne-Ardenne, 2009, dactyl.).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91371/img-2.jpg
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Bildunterschrift Figure 2. Noyaux de concentration de l’orientation dominante NL 31° E (± 5 %).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91371/img-3.jpg
Datei image/jpeg, 103k

Autoren

Université de Nice-Sophia-Antipolis (France) – UMR 7264 CEPAM.

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