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La forme de la ville

 | 
Stéphane Bourdin
, 
Michel Paoli
, 
Anne Reltgen-Tallon

Quatrième partie. Modèles de référence

Forma Urbis : idées et images de Rome à l’époque médiévale

André Vauchez

Texte intégral

1Il n’est évidemment pas dans mes intentions, ne serait-ce qu’en raison de mon incompétence en la matière, de parler ici de la forma Urbis sévérienne, cette maquette en marbre des monuments de la Ville éternelle dont les archéologues ne cessent depuis un siècle de retrouver des fragments dans son sous-sol. En ce qui me concerne, j’emploie cette expression pour désigner l’image mentale de Rome à l’époque médiévale telle que nous pouvons la saisir à travers ses expressions littéraires et artistiques. Celle-ci se situe dans une double perspective : d’une part, un contraste, poussé parfois jusqu’à l’opposition, entre la grandeur passée de la cité qui survivait à travers ses monuments antiques dont beaucoup étaient encore debout et sa déchéance présente, illustrée par l’image de la Roma vidua, Rome la veuve, privée de son empereur et de son empire ; de l’autre, une vision plus positive mettant l’accent sur la vocation chrétienne de l’Urbs, sanctifiée par la présence en son sein des reliques des apôtres Pierre et Paul et de nombreux martyrs prestigieux, ainsi que sur la position éminente du pape dans l’Église. Ces deux conceptions ou images de Rome ne se succèdent pas dans le temps : elles ont coexisté tout au long du Moyen Âge, avec des différences d’accent et d’intensité selon les époques et les milieux qui les élaboraient.

  • 1 Fumaroli M., Rome dans la mémoire et l’imagination de l’Europe, Rome, Unione internazionale degli I (...)

2L’image de Rome jadis maîtresse du monde et aujourd’hui déchue de son antique splendeur est la plus évidente à nos yeux et trouve de nombreuses confirmations dans la réalité. Pendant près d’un millénaire en effet, Rome n’a été qu’une cité d’importance modeste, flottant dans les ruines de son superbe passé. De fait, cette ville, qui comptait encore un demi-million d’habitants à la fin de l’Antiquité, n’avait cessé de se rétracter sur elle-même et sa population ne dépassait sans doute pas les dix mille âmes au temps de Charlemagne. À l’approche de l’an 1000, seuls quelques quartiers situés entre le château Saint-Ange et le champ de Mars étaient encore habités de façon continue. En dehors de ces îlots, on ne rencontrait guère qu’une constellation de petites cellules, faites quelquefois de quatre ou cinq maisons seulement, hameaux à l’intérieur de l’enceinte séparés les uns des autres par des terrains vagues ou quelques habitations (Crypta Balbi). À l’est et au sud de la ville se trouvaient des églises prestigieuses mais isolées, comme Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de Rome, et son palais où résidait le pape, Sainte-Marie-Majeure ou Saint-Paul-hors-les-Murs. L’enceinte d’Aurélien, souvenir imposant d’une extension de l’Urbs qui ne sera pas dépassée avant le XXe siècle, incluait plus de jardins et de ruines que de maisons. Entre les quartiers densément peuplés de la boucle du Tibre et les basiliques de la périphérie, une immense zone à peu près inhabitée s’étendait du Forum à une partie de l’Esquilin, au Celius et aux thermes de Caracalla, trait qui marquera le paysage et l’urbanisme romains jusqu’à nos jours. Comme l’a justement noté Marc Fumaroli, « il n’y a pas d’autre ville au monde dont le centre historique soit évidé comme par la chute d’un énorme aérolithe, dont la blessure, plusieurs fois rouverte, n’a jamais été cicatrisée », même s’il faut aujourd’hui nuancer cette brillante formule dans la mesure où les fouilles récemment menées sur le Forum ont montré une certaine continuité de l’habitat dans cette zone jusque vers l’an 10001. Une Rome donc veuve de son empereur parti à Constantinople, mais aussi vidée de sa propre substance par le malheur des temps.

3Pourtant, si écrasée qu’elle fût par la comparaison avec sa brillante rivale des rives du Bosphore, la « vieille Rome » n’était pas dépourvue d’atouts. Le premier résidait de façon paradoxale dans son abaissement, ou, pour être plus précis, dans l’immensité des ruines qu’elle avait héritées de l’Antiquité : « Quanta Roma fuit, ruina docet », écrivait au début du XIIe siècle l’évêque français Hildebert de Lavardin. Ses ruines ne cessèrent pas, au cours des siècles, d’impressionner les pèlerins et les visiteurs et d’inspirer à certains d’entre eux des réactions émotives allant du simple regret à l’idée qu’une puissance latente, mais qui pourrait un jour se réveiller, subsistait en ces restes poussiéreux. Dans un Occident devenu profondément rural, où les agglomérations, peu nombreuses et peu développées, se distinguaient mal des campagnes environnantes et n’avaient guère d’autres monuments que leurs églises, Rome, pour déchue qu’elle fût, faisait encore l’effet d’une cité très vaste et prodigieusement riche. Nulle part en effet en Occident on ne trouvait un ensemble d’édifices aussi imposant. Les cités qui auraient pu rivaliser avec elle en splendeur étaient en effet, soit difficilement accessibles, comme Constantinople que seuls en Occident fréquentaient certains marchands et diplomates italiens, soit tombées dans les mains des musulmans, comme Carthage, Séville ou Palerme. Charlemagne lui-même ne parvint jamais à faire d’Aix-la-Chapelle une véritable capitale impériale et seule la chapelle Palatine, avec le tombeau de l’empereur, témoigne encore aujourd’hui de ce rêve avorté. De ce fait, l’héritage prestigieux de la romanité se concentra sur Rome, quintessence au Moyen Âge de tout ce qu’il pouvait y avoir de grand et de beau en ce monde, même si certaines villes, comme Ravenne, Milan ou Reims – qui prétendait avoir été fondée par Remus, comme le rappelle fièrement Flodoard au Xe siècle –, Bamberg ou Pise essayèrent, avec plus ou moins de bonheur, de rivaliser avec elle sur ce plan. D’autres, plus tard, s’inventeront des origines troyennes légendaires, comme Padoue au XIIIe siècle, avec la redécouverte du corps d’Anténor, compagnon présumé d’Énée, pour se poser en cités-sœurs. Mais seule Rome réussit à faire la synthèse d’un cadre monumental impressionnant et d’un ensemble de souvenirs et de mythes sur lesquels allaient se greffer sans cesse de nouvelles revendications idéologiques.

4Dans tous les écrits des contemporains relatifs à Rome, s’exprime l’émotion ressentie face aux ruines antiques et à la beauté des églises. Dans les guides de l’époque sont conservées des listes de monuments qui étaient considérés comme les sept merveilles de Rome : ce sont l’aqueduc de Claude, l’Aqua Claudia – à une époque où tous les aqueducs étaient interrompus –, les thermes de Dioclétien, le Forum de Nerva, le Palatin – qu’on appelait le Palazzo Maggiore –, le Panthéon, le Colisée et le mausolée d’Hadrien ou Molle Adriana, devenu le château Saint-Ange à partir du VIIe siècle. Face à ces monuments, les visiteurs et les chroniqueurs ne cachaient pas leur admiration. Mais on peut se demander si tous étaient bien allés à Rome et il est parfois permis d’en douter. Ainsi, l’un des rares témoignages émanant du monde arabe que nous ayons sur Rome est celui d’Idrisi, un géographe musulman au service du roi normand de Sicile Roger II, qui écrivit une description du monde vers 1140. Vivant à Palerme, il aurait pu se rendre à Rome, mais le tableau qu’il en fait est à la fois impressionnant et invraisemblable :

  • 2 al-Idrisi, La Première Géographie de l’Occident, présentation, notes, index, chronologie et bibliog (...)

« Le périmètre de Rome est immense, car d’après ce qu’on dit, cette capitale mesure neuf milles de circonférence. Elle est entourée de doubles enceintes en pierre, l’épaisseur de la muraille intérieure est de 12 coudées, sa hauteur de 62 ; quant à la muraille extérieure, elle mesure 8 coudées de large et 42 de haut. Entre les deux murs il y a un canal couvert de plaques de cuivre qui font chacune 45 coudées de long. Le marché s’étend depuis la porte Orientale jusqu’à la porte Occidentale et il y a des portiques de pierre extrêmement massifs, dont chaque colonne mesure 30 coudées de haut. Des deux côtés de chaque colonne centrale, il y a deux colonnes de cuivre jaune byzantin dont la base, le fût et le chapiteau ont été coulés dans le même métal. Les boutiques des marchands sont placées contre celle-ci. Devant ces colonnes et ces boutiques coule en les divisant un fleuve dont le fond est pavé de lames de cuivre, en sorte qu’aucun navire ne peut y jeter l’ancre. Ce fleuve est pour les Romains un moyen de préciser les dates, car ils disent : “à partir de l’année du cuivre”. Les embarcations entrent à Rome par ce fleuve et parviennent ainsi jusqu’à des boutiques de marchands2. »

5Non seulement Idrisi n’est sans doute jamais allé à Rome, mais il en a donné une description qui aurait pu aussi bien convenir pour Bagdad ou pour n’importe quelle autre très grande ville, et rien, par exemple, ne corrobore cette omniprésence du cuivre qui, selon lui, aurait caractérisé la Rome médiévale.

6Mais le prestige de Rome au Moyen Âge a surtout tenu au fait qu’elle était considérée comme une cité sainte – au même titre que Jérusalem, quoique celle-ci fût tombée entre les mains des musulmans au VIIe siècle – et la tête du monde chrétien (caput mundi). Aux yeux des clercs et des fidèles de l’époque, elle apparaissait avant tout comme un immense gisement de reliques, où évêques, abbés et grands de ce monde venaient acheter – ou parfois voler – les précieux fragments des restes des martyrs, afin de les placer dans les autels ou les trésors de leurs églises. L’exploitation des catacombes offrait dans ce domaine des possibilités quasiment infinies, puisque l’on considérait que les corps qui s’y trouvaient inhumés étaient ceux de saints ou de saintes, et les Romains ne manquèrent pas d’exploiter cette croyance et d’en tirer d’importants profits financiers. Mais, dans cette mise en coupe réglée des cimetières de Rome et à travers ce processus de diffusion anarchique des trésors de ses églises jusqu’aux extrémités de la chrétienté, s’exprimait une foi dans la destinée surnaturelle de la cité, qui n’attendait pour se manifester que l’apparition de conditions plus favorables.

  • 3 Orose, Historia adversus paganos, I, 15 et VII, 27, Chiarini G. et Lippold A. (éd. et trad.) : Oros (...)

7Dès la fin de l’Antiquité, l’Église avait élaboré une idéologie de la ville, qui, tel un feu couvant sous la cendre, survécut longtemps dans un environnement hostile avant de s’embraser à nouveau à partir du IXe siècle. Au début du Ve siècle en effet, l’historien chrétien Orose (vers 380-420) avait affirmé que le destin du christianisme était lié de façon indissoluble à celui de Rome, qui devait encore connaître une longue fortune. Dans son Historia adversus paganos, il commenta en effet le fameux songe de Nabuchodonosor rapporté dans le Livre du prophète Daniel (Dan, II, 1-45)3. Ce dernier racontait avoir vu quatre statues colossales, interprétées comme les symboles des empires successifs appelés à dominer le monde, qui allaient s’écrouler l’un après l’autre, à commencer par celui de Babylone. À sa suite, la tradition chrétienne unanime reconnaîtra dans le quatrième colosse, aux jambes de fer, ainsi que dans la quatrième bête pourvue de dents en fer qui figure dans une autre vision de Daniel (Dan, VII), l’Empire romain appelé, selon Orose, à durer jusqu’à la fin des temps, dans la mesure où l’œuvre de christianisation du monde devait se poursuivre sous son impulsion.

8Ce thème de la régénération de Rome et de l’Empire par le baptême connut un succès d’autant plus complet qu’il venait relayer, en lui donnant un souffle nouveau, celui de l’éternité de Rome évoquée par Virgile dans un vers de l’Énéide (I, 279), souvent cité : « Je t’ai donné un empire sans fin ». Dans le haut Moyen Âge, il se concrétisera en associant ces promesses au destin de certains monuments de la ville qui semblaient inaltérables, comme l’indique un poème anonyme cité par Bède le Vénérable, au VIIe siècle :

Aussi longtemps que le Colisée tiendra bon,
Rome survivra. Mais quand le Colisée s’effondrera,
Rome également tombera.
Et quand Rome sera tombée,
Le monde entier aussi s’effondrera.

9La question qui ne tarda pas à se poser était de savoir si cette Rome chrétienne, promise à un si long avenir, était bien la vieille Rome convertie du paganisme ou la « nouvelle Rome » de Constantinople, née d’emblée chrétienne. Dès la fin du IVe siècle, l’Église romaine y répondit en soulignant qu’elle seule, du fait qu’elle possédait les reliques des apôtres Pierre et Paul, fondateurs de l’Église et principaux propagateurs de l’Évangile, avait vocation à diriger le monde chrétien. Pour elle, pas de doute : Rome était bien la mère et Constantinople la fille, appelée certes à un grand destin politique en tant que capitale de tout l’Orient, mais inférieure en dignité à la « reine des cités », la Roma christiana. Dès la fin de l’Antiquité, donc, l’Église revendique pour elle la capacité d’assumer en propre le destin de Rome et de l’Empire. Au moment même où ce dernier disparaissait en Occident comme réalité politique et administrative et où le rayonnement de la « mère des cités », comme on l’appelait depuis Auguste, amorçait un déclin qui devait la conduire à une sorte de léthargie, l’idéal de la pax christiana relaie et bientôt surpassera celui de la pax romana à bout de souffle. Dans le même esprit, Orose n’avait pas hésité à affirmer que le Christ s’était fait romain en acceptant de naître dans le cadre de l’Empire et de rendre à César ce qui était à César. Ce faisant, il plaçait la res publica romana et l’Église dans un rapport de continuité historique : désormais, la christianisation de Rome devait aller de pair avec la romanisation du christianisme. Cette conviction imprégna si profondément les esprits dans l’Occident médiéval que, neuf cents ans plus tard, Dante Alighieri n’hésitera pas à faire dire à Béatrice, à la fin de son Purgatoire, en évoquant, il est vrai, le ciel et non la terre :

  • 4 Dante Alighieri, La Divine Comédie. Le Purgatoire, XXXII, 101-102, J. Risset (éd. et t (...)

e sarai meco senza fine cive
di quella Roma onde Cristo è romano 4
[avec moi tu seras citoyen sans fin
de cette Rome dont le Christ est romain]

10Mais, entre l’Antiquité païenne et la Roma christiana, il ne pouvait s’agir d’un simple passage de témoin : le thème de l’éternité de Rome, pris à la lettre, n’avait pas de sens, comme l’avait bien vu saint Augustin, dans une perspective qui faisait de Dieu le maître de l’histoire, et risquait même de paraître sacrilège. Plus que sur son immutabilité, difficilement soutenable alors qu’elle traversait de si rudes épreuves, les auteurs chrétiens mirent l’accent sur une perpétuité qui n’excluait pas le vieillissement – mais la vieillesse peut être synonyme de sagesse et de sérénité –, ni surtout une rénovation toujours possible, au prix d’une adaptation à de nouveaux contextes politiques et culturels. La Rome païenne s’était rendue maîtresse de la terre ; la Rome chrétienne régnerait sur les âmes. Loin de disparaître, elle serait désormais le siège d’un double pouvoir, à la fois temporel et spirituel, ce qui lui permettait de revendiquer le titre de cité royale, que Constantinople s’était arrogé depuis qu’elle abritait la personne de l’empereur, mais que la Rome des papes estimait mériter davantage, à travers les reliques et le souvenir de Pierre et Paul – ces « deux lumières du monde », comme l’écrivait saint Ambroise de Milan, dès 382 – ainsi que de tous les martyrs qui avaient versé leur sang au temps des persécutions et dont les noms étaient évoqués dans le canon de la messe. Cette croyance devait imprégner profondément l’imaginaire occidental et, au milieu du XIVe siècle, sainte Brigitte de Suède entendra encore, lors d’une de ses premières visions, la voix de Dieu lui dire : « Va à Rome où les places sont rouges du sang des martyrs ! », sans doute en écho au cantique qu’entonnaient les pèlerins lorsqu’ils apercevaient Saint-Pierre au terme de leur cheminement :

  • 5 Texte intégral dans Graf A., Roma nella memoria e nelle immaginazioni del Medio Evo, Turin, E. Loe (...)

O Roma nobilis orbis et domina…,
roseo martyrum sanguine rubea 5.

11Et même lorsqu’elle aura connu, pour y avoir longuement résidé, la réalité très décevante de la ville, sa Rome restera toujours celle dont elle avait rêvé et d’où son lointain pays avait reçu la foi chrétienne.

12C’est à Rome en effet que Pierre, tel un nouvel Énée, était venu apporter la croix, sur laquelle il devait lui-même mourir crucifié à l’instar de son divin maître, signe de la victoire du Christ et de l’universalité de sa rédemption. L’Église romaine, dont il avait été le fondateur, était donc bien établie sur le siège épiscopal de Pierre (Petri sedes) et ses successeurs étaient fondés à parler avec autorité du haut de cette chaire (cathedra Petri), qu’une fête liturgique commémora très tôt et dont le trône de bronze offert à la basilique Saint-Pierre par l’empereur Charles le Chauve en 875 sera considéré plus tard comme la figuration symbolique, avant d’être enchâssé dans la « gloire » du Bernin. Aussi la papauté se définit-elle, dès cette époque, comme une institution sacrée à vocation universelle, fondée sur le rapport privilégié et unique existant, à travers Pierre et Paul, entre le siège apostolique et l’Église tout entière et revendiquant à ce titre la primauté par rapport aux autres Églises chrétiennes.

  • 6 Pietri C., Roma christiana. Recherches sur l’Église de Rome, son organisation, sa politique, son id (...)

13À une Rome païenne devenue opaque et mystérieuse, les pèlerins qui s’y rendirent en grand nombre à partir du VIIIe siècle préféraient la Rome chrétienne, dont les fondements avaient été posés dès le IVe et le Ve siècle par un certain nombre de papes, selon un programme dont Charles Pietri, dans son grand livre sur Roma christiana, a excellemment étudié l’inspiration et la réalisation progressive6. La ville médiévale, très réduite, nous l’avons vu, en population et en superficie, s’était restructurée autour de l’axe majeur qui conduisait de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, à celle de Saint-Jean-de-Latran, « cathédrale de Rome et du monde », à proximité de laquelle se trouvait, outre le palais « patriarcal » du pape, un grand baptistère où la tradition voulut voir le lieu du baptême de Constantin. Un axe mineur, qui allait de Sainte-Marie-Majeure en direction de Saint-Paul-hors-les-Murs, croisait le précédent. Mais ces lignes directrices n’avaient rien de grandes voies triomphales : il s’agissait plutôt de chemins sinueux qui serpentaient au milieu des ruines et des jardins. Au fil des siècles, les itinéraires des pèlerins s’adaptèrent à ces réalités nouvelles et le tour des quatre basiliques majeures évoquées ci-dessus ou celui des sept églises principales qui s’imposa à l’époque moderne devaient devenir des parcours rituels. Une ville imaginaire se superposait à la ville concrète, mais la première, aux yeux des pèlerins, avait plus de réalité que la seconde. Cette Rome constituait également le cadre dans lequel se déroulaient les vies des principaux saints chrétiens et les passions des martyrs suppliciés par les empereurs persécuteurs, comme saint Jean l’Évangéliste que la légende faisait mourir in oleo, plongé dans une cuve d’huile bouillante près de la porte Latine, en présence du Sénat romain…

  • 7 Vauchez A., « Aux origines du jubilé : le jubilé romain de 1300 », Maes B., Moulinet D. et Vincent (...)

14Loin de décliner avec les croisades et le succès du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, au XIIe siècle, celui de Rome ne cessa de drainer des foules de pèlerins venus parfois de très loin, ce qui contribua à faire connaître la ville dans toute la chrétienté et à lui conférer un prestige incomparable. C’est ce que comprit très bien le pape Boniface VIII lorsqu’en 1300 il proposa à l’ensemble des fidèles de l’Église catholique l’indulgence plénière réservée jusque-là aux croisés, c’est-à-dire la rémission de toutes les peines dues pour l’expiation de leurs péchés, s’ils se rendaient à Rome à l’occasion du jubilé, ou « année sainte », y séjournaient au moins quinze jours et y visitaient dans un esprit de piété Saint-Pierre et Sainte-Marie-Majeure. Les dernières places fortes de Terre sainte étaient à peine tombées entre les mains des musulmans, avec la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, que Rome, la cité de Pierre et Paul et des martyrs des premiers siècles, s’efforçait de devenir une nouvelle Jérusalem, un lieu sacré où l’individu retrouve son identité en remontant à la source de son histoire et où les peuples redécouvrent, ne serait-ce que l’espace d’un instant, la fraternité originelle qui les lie de façon indissoluble7.

  • 8 Je me suis appuyé pour cet inventaire sommaire sur l’ouvrage de Maddalo S., In figura Romae : Imma (...)

15Il nous reste à voir maintenant comment ces diverses conceptions et idées relatives à Rome ont pu se traduire au niveau des représentations figurées de la ville à l’époque médiévale et dans quelle mesure elles ont pu les influencer. Disons tout de suite que notre documentation est très déséquilibrée car il n’existe guère d’images de Rome avant celles que l’on trouve sur les sceaux – très conventionnels – de l’empereur Otton III (997-1003) et que l’iconographie symbolique l’a emporté jusqu’au XIVe siècle et même encore au-delà sur les représentations réalistes8. C’est ce que vont montrer les images suivantes.

16Ce plan de Rome (fig. 1), reconstitué par un érudit allemand au début du XXe siècle d’après un guide de pèlerinage provenant de la Reichenau conservé dans la bibliothèque de l’abbaye suisse d’Einsiedeln, vise moins à rendre compte de la topographie de la ville, qui s’inscrit ici avec ses quatorze portes dans un cercle ou un miroir circulaire largement imaginaires, qu’à présenter celle-ci comme un symbole de perfection et un reflet de la Jérusalem céleste qui, d’après l’Apocalypse, descendra du ciel à la fin des temps. Le plan indique aux pèlerins les principales églises qu’ils se devront de visiter pendant leur séjour romain, mais fait également une place assez large aux principaux édifices antiques encore en place (aqueducs, forum, thermes de Dioclétien et de Caracalla, etc.), ainsi qu’à trois des sept collines (Capitole, Palatin, Aventin) situées non loin des rives du Tibre. Mais la place accordée aux principaux axes de circulation et aux rues qui aboutissent presque toutes à des portes montre que l’on n’avait pas oublié que l’Urbs était la mater viarum et le point de départ des principales voies consulaires qui conduisaient vers les différentes régions de l’orbis romanus. La carte sert de support visuel à onze itinéraires à travers la ville, le long desquels sont reportés les noms des principaux édifices chrétiens et païens, en respectant pour ces derniers leur dénomination antique (par exemple Amphitheatrum, et non pas Colisée). On peut voir là une expression de la culture clacissisante de la Renaissance carolingienne.

Figure 1. Plan de Rome au VIIIe siècle, d’après l’Itinéraire d’Einsiedeln, restitution de C. Hülsen, 1907 (Rome, Biblioteca dell’Archivio Capitolino).

Figure 2. Ecclesia romana, début du XIIIe siècle, mosaïque (Rome, Museo Barracco).

17La seconde est une mosaïque du début du XIIIe siècle (fig. 2), qui se trouvait dans l’abside de la basilique Saint-Pierre, où elle fut placée sous le pontificat d’Innocent III (1198-1216), et que l’on peut voir aujourd’hui au Museo di Roma (Palazzo Braschi). Cette œuvre personnifie l’Église romaine, qui est figurée sous les traits d’une femme couronnée évoquant les représentations solennelles de Rome dans l’art antique. Sa réalisation n’a rien de fortuit car le règne d’Innocent III a marqué une étape décisive dans le processus qui tendait à faire de la chrétienté, à l’instar de l’Empire romain, un espace unifié au sein duquel le pontife romain, désormais qualifié de « vicaire du Christ » et non plus de saint Pierre, revendiquait le pouvoir spirituel (plenitudo potestatis) et même le droit de contrôler les souverains temporels dans l’exercice de leurs prérogatives politiques. Son pontificat constitue l’aboutissement de la réforme dite « grégorienne » – du nom du pape Grégoire VII (1074-1086), qui en avait été l’initiateur, au terme de laquelle l’Église avait fait du pape son empereur.

18Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les cartes et les plans n’étaient pas de simples représentations de l’espace, mais donnaient de ce dernier une interprétation symbolique, parfois sans grand rapport avec la réalité. Rome, étant la reine des villes (caput mundi), ne pouvait manquer d’évoquer le roi des animaux (fig. 3), comme on le voit dans cette illustration d’un recueil des hauts faits des Romains de l’Antiquité. Rome était considérée comme une cité royale, faite pour commander aux autres. Au XIIIe siècle, elle était le lieu de couronnement impérial (par exemple celui de Frédéric II par le pape en 1212), qui se tenait dans la basilique Saint-Pierre depuis Charlemagne. Mais on peut trouver également dans cette image une expression de l’orgueil urbain des Romains, lié à l’affermissement du régime communal, qui connut un grand essor à l’époque de Brancaleone degli Andalo dans les années 1252-1256.

19Rome restait, surtout, aux yeux des artistes et des hommes du XIIIe siècle, l’incarnation même de la ville où s’accumulent des monuments anciens et modernes sans équivalent ailleurs (fig. 4). On voit ici le palais du Sénat au Capitole, la tour des Milices, le Panthéon, le château Saint-Ange, l’église des Saints-Apôtres et les deux basiliques Saint-Pierre et Saint-Jean-de-Latran. La représentation des édifices, très vraisemblable même si leur concentration dans l’espace est totalement artificielle, rappelle les liens existant entre Rome et Assise où les papes s’étaient fait construire un palais attenant à la basilique Saint-François dans lequel ils résidèrent à plusieurs reprises au XIIIe siècle. Mais peut-être la fresque vise-t-elle avant tout à associer la Rome communale et la Rome pontificale, en conflit ouvert depuis la fin des années 1220 et que le pape Nicolas IV (Orsini) cherchait alors à réconcilier.

Figure 3. Plan de Rome en forme de lion, fin du XIIIe siècle, miniature illustrant le Liber Ystoriarum Romanorum (Hambourg, Staats-und Universitätsbibliothek, cod. in scrin. 151, f° 107 v°) et portant, en bas de l’image, l’inscription « Roma edificata a muodo de lione ».

20La figure 5 représente une femme revêtue d’un manteau noir. Ce personnage, qui apparaît derrière des fortifications comme absorbé dans une sombre méditation, incarne bien la Rome de la fin du Moyen Âge, privée de ses libertés communales par la papauté en 1398 et veuve de ses empereurs, qui, depuis 1312, ne venaient plus s’y faire couronner. À l’arrière-plan, quelques églises et des obélisques suffisent à évoquer de façon très imprécise le paysage urbain de la cité, appauvrie à la suite du grand schisme (1378-1417) et de la crise conciliaire.

21Le franciscain Paulin de Venise, prélat et curialiste du début du XIVe siècle, a écrit plusieurs chroniques qui présentent la particularité d’être abondamment illustrées d’images en rapport étroit avec le texte. La vue de Rome (fig. 6) qui figure dans une de celles-ci marque une étape dans l’histoire des représentations médiévales de la ville, dans la mesure où elle n’est pas purement symbolique. En effet, même si le plan elliptique évoque encore la perfection de la cité qu’Alcuin avait qualifiée au VIIIe siècle de mundi decus, l’auteur de cette vue s’est efforcé de donner une vue relativement précise de l’orographie (les sept collines) ainsi que de la disposition des principales rues, des portes et des aqueducs, sans privilégier les églises et les itinéraires de pèlerinage par rapport aux édifices antiques et civils. L’image, où l’on remarquera la présence de quelques êtres humains et animaux, n’est pas exempte d’erreurs et comporte de nombreuses lacunes, mais elle témoigne d’un certain réalisme que l’on peut sans doute mettre en rapport avec le milieu « pré-humaniste » de la cour de Naples auquel l’auteur était lié.

Figure 4. Cimabue, Ytalia : Vue de Rome, vers 1280, assise, basilique saint-François, détail de la fresque des quatre évangélistes.

Figure 5. Rome la Veuve, 1re moitié du XVe siècle, miniature extraite du Dittamondo de Fazio degli Uberti, XIVe siècle (Venise, Biblioteca Marciana, ms. ital. Cl. IX 40, f° 18).

Figure 6. Paulin de Venise, Plan de Rome, dans Satyrica historia, vers 1323-1330 (Venise, Biblioteca Marciana, ms. lat. Z. 399, f° 98).

22Beaucoup de villes italiennes se référaient à Rome, de façon plus ou moins légendaire, par leur origine et leur histoire. C’est le cas en particulier de Sienne, qui prétendait avoir été fondée par les Gaulois Senons (Senones) avant de devenir un municipe romain. Mais le rôle joué aux derniers siècles du Moyen Âge par les marchands et changeurs siennois comme banquiers de la papauté et les liens étroits que la cité toscane entretenait avec la Curie romaine expliquent aussi la présence de cette fresque peinte en 1413 par Taddeo di Bartolo sur les murs du palais communal de Sienne. Il s’agit d’un plan en perspective à l’intérieur d’un cercle qui accentue la rotondité de l’Urbs, mais on commence à se dégager du symbolisme de la période précédente dans la mesure où la représentation de la ville n’est plus ronde (fig. 7). Il ne s’agit pas pour autant d’une représentation réaliste : seuls ont été figurés les principaux monuments païens et chrétiens de la cité et les portes sont en nombre et en situation arbitraires. Sans doute le peintre a-t-il cherché à transcrire en images un guide plein d’histoires merveilleuses à l’intention des pèlerins et visiteurs de Rome, comme la Graphia urbis Romae ou les Miracula urbis Romae.

23Dans la Chronique universelle de l’humaniste allemand Hartmann Schedel (1493) on trouve une vue partielle de la ville (du Capitole au Vatican et au Trastévère ; fig. 8) d’esprit encore très médiéval, même si elle figure dans un ouvrage imprimé et comporte différentes couleurs pour indiquer l’eau, les prairies et les toits des maisons. L’auteur a eu le souci de représenter les monuments de l’Urbs dans leur apparence exacte et a précisé leur identité au moyen de légendes en latin.

24Destinée aux pèlerins, la gravure d’Étienne Dupérac représente les sept églises de Rome qu’ils devaient visiter pour gagner l’indulgence plénière du jubilé de 1575 (fig. 9) : les quatre basiliques majeures (Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Jean-de-Latran et Sainte-Marie Majeure), Sainte-Croix-de-Jérusalem, Saint-Laurent hors-les-murs et Saint-Sébastien dans la zone suburbaine des catacombes. Le rendu des églises est très précis et réaliste, mais il s’agit là d’une représentation sélective, dans la mesure où elle fait totalement abstraction de la situation topographique de ces dernières les unes par rapport aux autres, ainsi que des édifices qui les entouraient. L’image répond ici aux objectifs des pèlerins et illustre le rôle éminent de Rome comme cité du pardon au sein du monde catholique.

Conclusion

  • 9 Butor M., La Modification, Paris, Éditions de Minuit, 1974, p. 274.

25Pour comprendre l’évolution de l’image de Rome entre le XIIIe et le XVIe siècle, il faut évidemment tenir compte des progrès réalisés par la cartographie en Occident, avec l’apparition des portulans au XIVe siècle, ainsi que des recherches sur la perspective menées par les artistes du XVe siècle. Mais il serait illusoire de vouloir retrouver à tout prix dans ce domaine les traces d’un progrès linéaire qui aurait conduit des représentations symboliques à des vues réalistes. En fait, Rome est demeurée tout au long du Moyen Âge une cité phare qui avait eu aux yeux des lettrés de cette époque une dimension symbolique dont l’image a longtemps peiné à s’abstraire. Aussi les vues et les « plans » médiévaux de la ville sont-ils toujours, à des degrés divers, le fruit d’une interprétation, les monuments et les itinéraires qui y figurent visant moins à représenter un espace concret qu’à en donner une lecture idéologique, qu’elle soit d’inspiration ecclésiastique, impériale ou communale. La vie économique et sociale de l’Urbs est pratiquement absente de ces représentations, tandis que le thème du pèlerinage et de la rémission des péchés que l’on peut y gagner y est omniprésent. Ce qui souligne le caractère particulier de Rome, qui est avant tout un lieu de mémoire historique et religieux ou, pour reprendre la belle définition de Michel Butor, « un foyer d’émerveillements et d’obscurités9 ».

Figure 7. taddeo di Bartolo, Plan de rome en perspective, vers 1413, fresque (sienne, palazzo pubblico).

Figure 8. Vue de rome, 1493, gravure, extraite de la Chronique universelle d’Hartmann schedel de Nuremberg, humaniste allemand mort en 1514, qui avait longuement séjourné en italie.

Figure 9. Étienne Dupérac, Les Sept Églises de Rome, gravure, dans Antonio Lafreri, Speculum Romanae Magnificentiae, 1575 (New York, The Metropolitan Museum of Art).

Notes

1 Fumaroli M., Rome dans la mémoire et l’imagination de l’Europe, Rome, Unione internazionale degli Istituti di archeologia, storia e storia dell’arte in Roma, 1997, p. 35.

2 al-Idrisi, La Première Géographie de l’Occident, présentation, notes, index, chronologie et bibliographie par Bresc H. et Nef A., Paris, Flammarion, 2000, p. 373-374.

3 Orose, Historia adversus paganos, I, 15 et VII, 27, Chiarini G. et Lippold A. (éd. et trad.) : Orosio, Le storie contri i pagani, Vérone, Mondadori, 1976.

4 Dante Alighieri, La Divine Comédie. Le Purgatoire, XXXII, 101-102, J. Risset (éd. et trad.), Paris, Flammarion, 1985, t. II, p. 296-297.

5 Texte intégral dans Graf A., Roma nella memoria e nelle immaginazioni del Medio Evo, Turin, E. Loescher, vol. I, 1882, p. 57.

6 Pietri C., Roma christiana. Recherches sur l’Église de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte III (311-440), 2 vol., Rome, École française de Rome, 1976.

7 Vauchez A., « Aux origines du jubilé : le jubilé romain de 1300 », Maes B., Moulinet D. et Vincent C. (dir.), Jubilé et culte marial (Moyen Âge – époque contemporaine). Actes du colloque international du Puy-en-Velay (juin 2005), Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2009, p. 117-130 ; Hubert É. et Redon O. (dir.), « Rome des jubilés », Médiévales, no 40, 2000.

8 Je me suis appuyé pour cet inventaire sommaire sur l’ouvrage de Maddalo S., In figura Romae : Immagini di Roma nel libro medievale, Rome, Viella, 1990.

9 Butor M., La Modification, Paris, Éditions de Minuit, 1974, p. 274.

Table des illustrations

Légende Figure 1. Plan de Rome au VIIIe siècle, d’après l’Itinéraire d’Einsiedeln, restitution de C. Hülsen, 1907 (Rome, Biblioteca dell’Archivio Capitolino).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 309k
Légende Figure 2. Ecclesia romana, début du XIIIe siècle, mosaïque (Rome, Museo Barracco).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 769k
Légende Figure 3. Plan de Rome en forme de lion, fin du XIIIe siècle, miniature illustrant le Liber Ystoriarum Romanorum (Hambourg, Staats-und Universitätsbibliothek, cod. in scrin. 151, f° 107 v°) et portant, en bas de l’image, l’inscription « Roma edificata a muodo de lione ».
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 338k
Légende Figure 4. Cimabue, Ytalia : Vue de Rome, vers 1280, assise, basilique saint-François, détail de la fresque des quatre évangélistes.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 448k
Légende Figure 5. Rome la Veuve, 1re moitié du XVe siècle, miniature extraite du Dittamondo de Fazio degli Uberti, XIVe siècle (Venise, Biblioteca Marciana, ms. ital. Cl. IX 40, f° 18).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 583k
Légende Figure 6. Paulin de Venise, Plan de Rome, dans Satyrica historia, vers 1323-1330 (Venise, Biblioteca Marciana, ms. lat. Z. 399, f° 98).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 277k
Légende Figure 7. taddeo di Bartolo, Plan de rome en perspective, vers 1413, fresque (sienne, palazzo pubblico).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 370k
Légende Figure 8. Vue de rome, 1493, gravure, extraite de la Chronique universelle d’Hartmann schedel de Nuremberg, humaniste allemand mort en 1514, qui avait longuement séjourné en italie.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 213k
Légende Figure 9. Étienne Dupérac, Les Sept Églises de Rome, gravure, dans Antonio Lafreri, Speculum Romanae Magnificentiae, 1575 (New York, The Metropolitan Museum of Art).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/91350/img-9.jpg
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