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La forme de la ville

 | 
Stéphane Bourdin
, 
Michel Paoli
, 
Anne Reltgen-Tallon

Introduction

Stéphane Bourdin, Michel Paoli and Anne Reltgen-Tallon

Full text

« Les peuples [du Brésil] sont éparpillés çà et là et n’habitent pas dans des maisons, mais dans des grottes ou des cabanes composées de branchages et de feuilles de palmier ; et parce que cette manière de vivre ainsi dispersés fait que les esprits de ces gens-là restent dans la sauvagerie et leurs mœurs dans l’âpreté, et crée de grandes difficultés pour la prédication de l’Évangile […], les Portugais et les pères de la Compagnie de Jésus usent d’une extrême diligence pour les réunir en des lieux plus opportuns où, vivant de façon civile, ils puissent être plus aisément endoctrinés dans la foi par ces pères et gouvernés par les officiers du roi. »
Giovanni Botero, Des causes de la grandeur des villes [1588], éd. Descendre R., Paris,
Éditions Rue d’Ulm, 2014, p. 12.

1Si l’on est persuadé dès l’Antiquité que la ville dispose (ou doit disposer) d’une forme reconnaissable, celle-ci demeure en grande partie une représentation. La ville possède certes une dimension matérielle – même si les géographes ne s’accordent pas tous sur la définition à en donner –, mais elle existe également comme la somme des expériences et des ressentis individuels, à l’image de Nantes dans La Forme d’une ville de Julien Gracq.

  • 1 Iliade, XVIII, 481-482 ; cf. Musti D., Lo scudo di Achille. Idee e forme di città nel mondo antico,(...)
  • 2 Ennius, Annales, v. 72 sq.; Festus, p. 310-312 L.

2Ainsi, la polis grecque, reflet du cosmos, était parfois figurée comme une série de cercles concentriques sur le bouclier d’Achille1, ou la ville romaine comme la Roma quadrata (« Rome carrée ») idéalement tracée suivant les prescriptions rituelles par Romulus sur le Palatin2. Bien entendu, la réalité des agglomérations était souvent beaucoup plus irrégulière. Toutefois, l’idée que la ville antique possède une forme particulière, un plan urbain, est entretenue jusqu’à nos jours par la polysémie du terme latin forma, qui désigne aussi bien le « moule », la « forme », le « tableau général » que le « plan » : le grand plan de Rome sur cent cinquante et une plaques de marbre installé dans le temple de la Paix à l’époque de l’empereur Septime Sévère était ainsi appelé Forma Vrbis Romae, à la fois plan détaillé et représentation d’ensemble de la structure urbaine.

3Ce qu’a pu être la « forme de la ville », dans sa matérialité et au niveau des représentations, mérite donc d’être exploré depuis les premières expériences urbaines jusqu’à l’époque moderne, c’est-à-dire jusqu’au moment où la « redécouverte » des leçons de l’Antiquité amena, du moins dans le contexte de la chrétienté latine, à poser une sorte d’équivalence, ou plutôt d’implication (pour demeurer fidèle, jusque dans la métaphore, à la précision du langage mathématique) entre monde « civilisé » et urbanisme ordonné, comme le montre fort bien le passage de Giovanni Botero cité en ouverture de la présente introduction.

  • 3 Cité par Benevolo L., La città nella storia d’Europa, Rome/Bari, Laterza, 1993, p. 120. On connaît (...)

4Il est vrai que cette période, comme l’Antiquité dont elle s’inspirait, a également été fortement marquée par l’expérience coloniale et les possibilités qu’elle offrait pour le développement d’un urbanisme non contraint par le tissu bâti préexistant. Les contemporains en étaient d’ailleurs bien conscients, comme le montrent les instructions sur la construction de villes en Amérique, souvent citées dans les histoires du fait urbain, dont fut muni Pedrarias Davila à son départ d’Espagne en 1513 : « Les villes nouvelles peuvent être facilement organisées selon un plan ; si l’on ne commence pas en suivant une forme, il sera difficile d’en obtenir une par la suite3. »

  • 4 Dans Les embellissements de Paris (1749), Voltaire assimile explicitement la saleté et la puanteur (...)
  • 5 Tite-Live, V, 55, 4.

5L’idée de donner forme à la ville semblait donc s’imposer alors comme un but naturellement souhaitable (le corollaire tout aussi évident de cette assertion étant que la ville ne pouvait avoir une forme que par un effet de la volonté) : la ville étant par essence le lieu de la civilisation – le lieu où s’opérait précisément le processus qui faisait des hommes des êtres civils –, il ne pouvait être question de renoncer à lui appliquer la raison, et les diverses formes d’urbanisme spontané ne pouvaient donc être perçues que comme des manifestations de la barbarie4. La leçon antique étant ici encore une fois très claire : à ce sujet, il suffit d’évoquer la perplexité d’un Tite-Live devant l’absence de schéma régulateur à Rome – attribuée par lui, il est vrai, à la hâte de la reconstruction après l’incendie de la Ville par les Gaulois5.

  • 6 Dans le De Regno ad regem Cypri, dont toute la fin (à savoir les chapitres V à VIII de la seconde (...)
  • 7 Voir à ce sujet les remarques de Crouzet-Pavan E., Enfers et Paradis. L’Italie de Dante et de Giot (...)

6Non que cette idée d’un nécessaire ordre urbain ait été étrangère, tant s’en faut, à la pensée médiévale, notamment dans sa forme scolastique : on la retrouve, en particulier, chez Thomas d’Aquin6, digne héritier (en cela comme sur tant d’autres points) de l’aristotélisme politique ; et cela n’a pas toujours été de l’ordre du seul discours, si l’on en juge par les quelques rares exemples de créations ex nihilo qu’ait connus cette période (comme les bastides de la France méridionale, pour ne citer que l’un des plus célèbres), ou encore par celui des expériences édilitaires de certaines communes d’Italie centrale s’efforçant d’imprimer la marque d’un nouvel ordre politique sur l’espace urbain (à l’âge des régimes populaires triomphants, en particulier)7.

7Il reste cependant classique d’interpréter un texte tel que les recommandations faites à Pedrarias Davila comme l’émergence d’un nouveau discours sur la ville, propre à la Renaissance et plongeant ses racines dans les « bonnes pratiques » de l’Antiquité. C’est évidemment ce genre de grille de lecture trop simplificatrice, si ce n’est entièrement fausse, que l’on se propose de questionner ici, en même temps qu’un certain nombre d’autres idées reçues qui peuvent en découler : la ville antique était-elle si rationnelle et la ville médiévale si chaotique ? Et les villes renaissantes sont-elles toujours parfaitement conformes à cet idéal de forme urbaine ?

8D’autre part, l’ordre que l’on impose à la ville est-il lié à l’ordre politique (plus le pouvoir est faible et moins la ville aurait de forme, la forme étant nécessairement l’expression du pouvoir) ? Ou est-il plutôt lié à l’ordre militaire (les « cités idéales » réalisées étant souvent des villes de cantonnement), voire à l’ordre religieux (que l’on songe ici au « quadrillage » ecclésiastique des villes médiévales, et d’ailleurs également modernes) ?

  • 8 Comme on le sait, le concept d’« urbanisme » est inventé par Ildefons Cerdà au XIXe siècle. Plus g (...)

9Ainsi, l’on mesure à quel point la question de la forme de la ville engage des problématiques qui dépassent de très loin les seules questions de morphologie urbaine. Avec ses deux concepts (« forme » et « ville »), également essentiels, cette problématique ne saurait donc être réservée aux seuls urbanistes, ou plus généralement aux architectes et aux géographes8 ; elle peut au contraire être appréhendée aussi à travers l’étude de la documentation historique, archéologique ou littéraire.

10C’est là le postulat sur lequel repose le présent volume, qui rassemble les contributions de spécialistes de ces différents domaines sur un arc chronologique couvrant une vaste période s’étendant de la protohistoire jusqu’à l’âge de la Renaissance, selon une approche « trans-périodes » relativement neuve quant à ce sujet, nous semble-t-il, mais aussi volontairement limitée par un terme éloigné de nous dans le temps : l’idée de départ, en effet, était non seulement d’opérer un décloisonnement disciplinaire, en montrant que cette question de la forme de la ville pouvait être nourrie par d’autres champs de recherche que ceux auxquels elle est a priori associée, mais également s’appliquer à la compréhension d’époques plus anciennes.

  • 9 Choay F. (Espacements, op. cit., p. 21) insistait sur le fait que dans son essai, « il ne sera[i] t (...)

11Encore fallait-il, évidemment, définir ce que l’on pouvait exactement entendre par la « forme de la ville » dans une telle approche. La « forme » a donc été conçue ici non pas comme une réalité nécessairement concrète, matérielle, mais avant tout comme quelque chose que l’on peut penser et décrire9. Il s’agit par conséquent d’un « ordre » urbain qui possède un sens et permet ainsi à la fois à une réalité urbaine d’être pensée et décrite (avec des mots ou des images, autrement dit avec les outils conceptuels ou techniques disponibles à chaque époque pour aborder ces questions) ou à une idée (formulée elle aussi avec des mots ou des images) d’être réalisée, ou bien simplement d’exister comme idée utile pour servir de modèle ou de point de comparaison vis-à-vis du réel.

12Dès lors, cette forme, par sa dimension ordonnée, relève certes de la réalité mais aussi du conceptuel, de la représentation, du symbolique ; elle peut donc être étudiée aussi bien dans sa dimension concrète, ou plastique, qu’intellectuelle ou verbale. C’est alors toute la richesse des synergies entre réalités et représentations que l’on peut mettre en lumière : comment on pense la forme de la ville, comment on cherche à décrire la forme de la ville, comment on donne forme à la ville, comment on tente de passer d’une forme de ville à une autre ; la forme de la ville et son lien avec la société ou la politique, la forme de la ville idéale, les manières de représenter la forme de la ville : tels sont les types d’approche déclinés ici.

13La première conclusion qui se dégage de la mise en perspective des différentes contributions réunies dans cette même démarche est sans doute que la forme de la ville apparaît souvent comme un véritable marqueur identitaire : c’est ce que montrent aussi bien les études de Hédi Dridi sur les villes phéniciennes et puniques – sur la base d’une documentation essentiellement archéologique mais croisée avec les sources littéraires –, que celle d’Antoni Furió et Juan Vicente García Marsilla sur le processus de « désislamisation » appliqué à la ville de Valence au lendemain de sa reconquête par Alphonse d’Aragon, en 1238, qui croise sources littéraires, archives et archéologie.

14Selon le premier, en effet, s’il n’existe pas véritablement de site type pour les colonies phéniciennes, celles-ci reproduisent en revanche parfois la situation topographique de certaines villes de Phénicie (Tyr, Arwad) et présentent par ailleurs des éléments récurrents comme les hautes maisons de parfois six étages (dont on trouve encore des échos dans les actuelles villes yéménites) et leur couleur blanche.

15Quant aux seconds, ils montrent bien en quoi la politique urbanistique appliquée à Valence est en fait caractéristique de celle de l’ensemble des zones de la reconquête aragonaise, par opposition à celles reconquises par la Castille, beaucoup plus massivement fuies par les Maures et où, par conséquent, certains des monuments emblématiques de l’époque de la domination musulmane purent être conservés au titre de l’exotisme sans mettre en péril, même symboliquement, la récente victoire de la chrétienté – là où, à l’inverse, les souverains aragonais se devaient d’apposer la marque du nouveau pouvoir en raison du maintien d’une importante population maure.

16Cependant, le même constat d’un fonctionnement de la forme de la ville comme marqueur identitaire peut s’appliquer à une échelle beaucoup plus réduite que celle des grandes aires culturelles qui vient d’être évoquée, à savoir celle de la cité elle-même. C’est ce que montre bien l’exemple soissonnais étudié par Sheila Bonde et Clark Maines, qui analysent les raisons pour lesquelles l’abbaye suburbaine de Saint-Jean-des-Vignes fut incluse dans le nouveau tracé des remparts de la ville de Soissons en 1551, et qui montrent que ces raisons tiennent non seulement aux impératifs militaires alors invoqués, mais également, plus fondamentalement, aux liens étroits entretenus par la collégiale avec la cité, tant sur le plan institutionnel et religieux que sur ceux de l’économie ou de la vie intellectuelle, faisant d’elle un élément essentiel de l’identité soissonnaise.

17C’est le même type de rapport entre les habitants de la cité et l’un de ses monuments que met en lumière l’étude, plus littéraire, consacrée par Gérard Gros à la réécriture en français par Jean Le Marchant, au milieu du XIIIe siècle, du récit latin de l’incendie de la cathédrale de Chartres de 1194, incendie qui vit la relique de la chemise de Marie miraculeusement épargnée : par la mise en évidence des rapports intimes entretenus par les habitants de Chartres avec l’édifice qui abrite la relique – laquelle est perçue comme un talisman susceptible de protéger la ville dans son ensemble –, la cathédrale, conçue comme un reliquaire, apparaît bien ici comme l’édifice le plus important, celui qui structure les liens des habitants avec leur espace urbain.

18Enfin, dans cet ordre d’idées, l’article d’Olivia Carpi démontre le même type de rapport entre communauté citadine et bâti de la ville : partant du constat d’une apparente contradiction entre une identité politique de la ville d’Amiens très fortement marquée, au XVIe siècle, par l’ancienneté et l’importance de son autonomie, d’une part, et, d’autre part, par la faiblesse de l’urbanisme civique qui en résulte (contrairement à ce que l’on peut trouver dans les modèles voisins des cités flamandes ou, plus lointains, d’Italie), l’auteur explique cette situation par l’importance de la contrainte militaire dans ces lieux et à cette époque, mais également par un certain conservatisme des élites urbaines attachées à la forme politique de leur ville au point qu’elles tiennent à en conserver intacts les marqueurs visibles (beffroi, hôtel de ville), fût-ce au prix d’un certain archaïsme.

  • 10 Parce qu’ayant suscité de nombreux travaux ces dernières années : par exemple, pour ne citer que l (...)

19Au-delà de la seule identité citadine, c’est donc également une certaine forme de discours politique qui est ici véhiculée, ce qui nous introduit à un nouveau thème également très attendu10 : celui du lien entre la forme de la ville et le pouvoir politique. Deux autres études, outre celle sur Amiens évoquée à l’instant, viennent ici l’illustrer, complétant l’approche historienne d’Olivia Carpi par celles de l’histoire de l’art.

20Ainsi, examinant le Bréviaire de Châteauroux, Raphaële Skupien souligne le renouveau des modes de représentation de la ville et de ses monuments dans le milieu parisien autour de 1400 à partir de l’exemple de deux des miniatures peintes par le Maître de Boucicaut qui associent une vue de Paris, reconnaissable à ses principaux monuments, avec la figure de saint Denis, réputé être le premier évêque de la capitale : or, dans ces miniatures, le paysage figuré ne correspond pas à la réalité qu’ont permis de restituer les sources, car il a été forgé dans un contexte où l’iconographie de la geste dionysienne constituait un enjeu des luttes de pouvoir ; cette étude insiste donc sur la relation entre topographie et hagiographie dans la définition d’une forme emblématique de la ville médiévale.

21Dans un contexte bien différent, Marco Folin montre pour sa part, à partir des études de cas comparées de Rome et d’Urbino à cheval entre XVe et XVIe siècles, que l’idée de transformer le palais du pouvoir en y centralisant le maximum d’activités peut se solder par des résultats urbains diamétralement opposés en fonction du tissu social et institutionnel sur laquelle elle s’applique : à Urbino, la centralisation fonctionne au point de faire du palais ducal le condensé de la ville, son essence même, alors qu’à Rome le palais apostolique a beau prendre des proportions gigantesques, il ne réussit pas à imposer sa marque à l’ensemble de la cité ; ce qui s’explique non seulement par des questions d’échelle, mais également par la nature même des deux pouvoirs princiers dont ces villes sont le siège.

22Cela dit, lorsque le pouvoir s’efforce d’apposer sa marque sur la ville, ce n’est pas toujours pour s’affirmer en tant que tel : dans certains cas, il s’agit de promouvoir la traduction concrète, dans la pierre, d’un idéal de nature philosophique ou morale.

23C’est ce que montre par exemple Vincent Jolivet à propos de l’urbanisme orthonormé dans le monde étrusque, lequel remonte au VIIe siècle avant J.-C. (il apparaît d’abord à Véies, puis dans les nécropoles de Cerveteri et Volsinies, et enfin dans des fondations ex novo : emporia comme Pyrgi ou Spina, grandes agglomérations à plan régulier telles que Marzabotto et Pontecagnano, ou fondations coloniales d’époque hellénistique sur le territoire de cités plus importantes, comme Musarna sur le territoire de Tarquinia) et dérive d’expériences conduites dans le monde grec, manifestant une volonté d’organisation rationnelle de l’espace qui culmine dans le concept de « ville juste » traduit par le plan normé des villes fondées selon le rite.

24Dans le même ordre d’idées, l’article de Fabrizio Nevola étudie l’exemple de Sienne, une ville qui, malgré sa morphologie typiquement médiévale, s’est au XVe siècle efforcée de se doter d’une « forme » plus adaptée aux nouveaux canons esthétiques et intellectuels « à l’antique » de la Renaissance italienne, tant sur le plan de la monumentalité ou du décor urbain (avec notamment les nombreuses commandes municipales de louves romaines, rappel de la légende faisant remonter la fondation de la ville aux deux fils jumeaux de Rémus, pour orner les chapiteaux de colonnes placées aux points nodaux de la ville) que sur celui des constructions littéraires s’efforçant d’établir les origines antiques de la ville sur la base de sources textuelles, mais également topographiques et archéologiques.

25Enfin, en observant la façon dont les voyageurs, et plus spécialement les missionnaires jésuites, décrivent, par les mots ou les gravures, les cités du Japon, de Chine et du Nouveau monde, Marie-Christine Gomez-Géraud montre que « l’aptitude à synthétiser la forme de la ville et à l’élaborer selon des modèles géométriques dépend évidemment du matériau documentaire, mais renvoie surtout à un idéal urbain qui hisse les villes des lointains du monde au rang de cités parfaites. […] Dans le modèle géométrisé, la ville constitue le parangon de civilisation et institue l’Autre, l’étranger, comme le partenaire d’échanges sociaux. Allons plus loin : être capable de ville, c’est être capable d’humanité ».

26À l’inverse, la dimension presque morale que peut revêtir dans certains cas la forme de la ville est parfois de valeur négative, faisant apparaître de véritables contre-modèles. Ainsi, partant des descriptions plus qu’allusives de la forme de Troie chez Homère, Olivier Szerwiniack montre comment Virgile y ajoute une dimension morale : Troie est construite en hauteur car elle est orgueilleuse et doit donc être châtiée ; sur cette base, ses successeurs et imitateurs fabriquent de longues descriptions débordantes de faste, qui s’inspirent – entre fascination et condamnation – de descriptions d’une autre ville : Carthage. C’est donc à la fois la dimension archétypale et fantasmatique de la forme de la ville qui est ici mise en avant.

27Cela n’est pas sans trouver un écho certain dans l’exemple de la tragédie athénienne étudié par Sylvie Perceau, où Thèbes se voit présentée comme le modèle de l’anti-cité, marquée par le crime et la barbarie : cette image est analysée à travers les Phéniciennes d’Euripide (vers 410 avant J.-C.), dans lesquelles le palais semble renfermer la famille royale sur ses propres vices, tandis que la ville est enfermée dans sa muraille, ses sept portes et ses sept tours, au cœur d’un territoire qui est à la fois la plaine verdoyante où naît Dionysos mais aussi l’antre du dragon d’Arès tué par Cadmos ; Thèbes apparaît donc comme une ville fermée sur elle-même, en proie à la rivalité de forces antagonistes (stasis).

28C’est également le cas de la ville de Paris dans la description qu’en donne la dernière harangue de la Satyre Menippee analysée par Audrey Duru : ce texte, en effet, relayant le point de vue de la bourgeoisie parisienne opposée à la Ligue, se range du côté de la paix, donc d’Henri de Navarre et de l’État ; néanmoins, c’est en partant de la spécificité de Paris comme place-forte et comme ville franche (autrefois dotée de privilèges) que l’on aboutit à ce point de vue national ; l’auteur montre ainsi que les fortifications, qui définissent la ville en opposition à ce qu’elle n’est pas, favorisent, au temps de la Ligue, l’insécurité intérieure en piégeant les habitants ; en temps de guerre civile, l’état sauvage pénètre à l’intérieur de l’espace qui devrait être par nature le plus civilisé.

29Mais s’il existe des contre-modèles, a fortiori y a-t-il des modèles de référence en matière urbaine, à commencer, en contexte occidental, par ceux de Jérusalem et de Rome.

30La première est évoquée, aux côtés de la seconde, dans la contribution de Michel Perrin qui analyse ce que le clerc carolingien Hraban Maur dit de la forme des villes de Rome et de Jérusalem et reconstitue ce que pouvaient être ses sources : Varron, Pline l’Ancien et Isidore de Séville ; ces données étant exploitées par Hraban essentiellement sous l’angle de l’étymologie, conçue à l’époque comme étant censée donner l’essence profonde des mots. On est donc évidemment en présence ici d’un type de perception éminemment livresque de la forme de la ville.

31La même impression, du reste, ressort du second article consacré dans ce volume à la ville de Jérusalem, celui d’Anne Reltgen-Tallon, qui étudie, au prisme d’un récit de voyage en Terre sainte par un dominicain du XIVe siècle, l’image que pouvait se faire de la Ville sainte un clerc de la chrétienté latine à la fin du Moyen Âge : une image qui, même confrontée à la réalité de l’expérience, demeurait avant tout pétrie de réminiscences scripturaires et d’interprétations eschatologiques. Cela étant, cette étude met également en avant une autre dimension, à savoir l’importance de la pratique liturgique dans la perception de l’espace urbain, laquelle, plus que toute autre chose, donne ici forme à la ville ; ce en quoi, au-delà de son caractère évidemment exceptionnel, celle de Jérusalem peut apparaître comme parfaitement représentative de l’ensemble des villes de la chrétienté – et, partant, assumer, de ce point de vue-là également, une valeur paradigmatique.

32Plus encore que Jérusalem, cependant, et malgré toute la force symbolique de celle-ci, la ville par excellence, en terre d’Occident, est Rome. Pour la période antique, c’est à partir de l’exemple d’Orange étudié par Xavier Lafon que son caractère de modèle (que l’on se doit d’imiter dans toute colonie romaine digne de ce nom) est mis en évidence : Orange, en effet, colonie romaine fondée vers 36-35 avant J.-C., se développe au nord de la colline de Saint-Eutrope, à l’intérieur d’un rempart construit à l’époque augustéenne ; mais plusieurs indices, comme la présence de grands bassins, montrent toutefois que la colonie déborde largement le rempart, pour former une ville double, dont l’organisation topographique rappelle le projet d’aménagement et de monumentalisation du Champ de Mars à Rome, entre la fin de la dictature de César et le début du principat d’Auguste.

33Au Moyen Âge, l’image de Rome évolue, comme le montre la contribution d’André Vauchez, qui commence par évoquer les deux représentations dominantes qui en existent alors : celle de la grandeur déchue de l’Urbs et celle d’une primauté renouvelée par le christianisme. Évidemment contradictoires, ces deux images ont cependant ceci de commun qu’elles privilégient une lecture symbolique plutôt que réaliste de la ville, ce qui transparaît très bien à travers la sélection d’images commentées ensuite : s’échelonnant du VIIIe à la fin du XVIe siècle, celles-ci, malgré un cheminement progressif vers davantage de réalisme, font en effet la part belle non seulement à la dimension sacrée de la ville et à ses lieux de pèlerinage comme à ses monuments antiques, mais également aux représentations purement allégoriques (figures féminines la représentant comme « caput mundi » ou, au contraire, comme « vidua », veuve de son empereur) et aux formes symboliques comme celle du lion, soulignant sa nature royale, ou, plus souvent, la forme circulaire, symbole quant à elle de perfection.

34Et lorsque plus tard certaines cités s’efforcent de se poser en rivales de Rome, voire en nouvelles Rome, c’est bien souvent en lui empruntant, pour commencer, cette symbolique circulaire : c’est ce que montre l’étude menée par Marie Houllemare à partir de représentations littéraires et cartographiques de Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle, en particulier l’œuvre de l’éditeur et libraire Gilles Corrozet, véritable entreprise de construction de la capitale française comme nouvelle Jérusalem, et surtout comme nouvelle Rome, éclipsant ces villes par sa taille et sa richesse, par son antiquité, la grandeur de ses rois et de ses hommes illustres ainsi que l’excellence de ses institutions – tout cela étant évoqué à travers les différents monuments de la cité –, mais enfin et surtout par sa forme circulaire qui, au-delà de sa perfection symbolique, fait d’elle selon l’auteur une véritable « ville-monde ».

35Une dernière étude, enfin, fait ici toute sa place au modèle romain en tant que tel, à savoir celle que Michel Paoli consacre à un document des plus complexes : la fameuse lettre de Raphaël au pape Léon X. Examinant en particulier le plan (et donc la dynamique interne) du texte, l’auteur en renouvelle l’interprétation en montrant que l’objet des recherches de Raphaël ne saurait être la réalisation d’un plan global qui rende compte de la forme de la Rome antique (impossible à dresser avec les moyens de l’époque), mais uniquement le relevé systématique des monuments romains et leur restitution en plan, élévation et coupe ; et cela parce qu’il n’était pas davantage question pour lui de sauver les monuments en établissant une véritable protection du « patrimoine », mais plutôt de conserver par le dessin les informations architecturales contenues dans les édifices antiques, que le développement de la ville moderne était inéluctablement amené à détruire.

36Ces dernières considérations nous introduisent donc de plain-pied à l’ultime thématique illustrée dans ce recueil, à savoir la question de la caducité de la forme de la ville et, par conséquent, celle des limites du concept – puisque aussi bien parler de « forme de la ville » semble en effet supposer que celle-ci soit fixée une fois pour toutes.

37Or, l’ampleur même de la période étudiée amène inévitablement aussi à la mise en évidence de certaines discontinuités, notamment avec la question bien connue de la transition entre la ville antique et la ville médiévale : celle-ci se trouve en particulier au cœur de la contribution de Philippe Racinet, consacrée à la ville médiévale de Syrte (Surt) en Libye, dont la fouille archéologique attentive à la « stratigraphie horizontale » ainsi que l’étude topographique ont révélé, contre les résultats d’une première prospection aérienne menée dans les années 1950, la rupture avec le site antique pourtant tout proche, auquel Surt tourne résolument le dos.

38De même, si le quadrillage viaire de la ville de Reims était interprété par les urbanistes depuis le XVIIe siècle comme un héritage morphologique direct de la ville antique romaine, l’étude de Claire Pichard et Ricardo Gonzalez-Villaescusa nuance ici cette vision très tranchée en faisant toute leur part aux extensions médiévales (en particulier celle du XIIe siècle).

39Mais, au-delà de l’existence de telles ruptures chronologiques, c’est la définition même de ce que peut être une forme urbaine qui en réalité pose parfois problème. Comme l’explique en effet Stéphane Bourdin, dans le bassin occidental de la Méditerranée, c’est à partir du début de l’âge du Fer que les archéologues entrevoient la mise en place d’agglomérations urbaines, en même temps que se structurent les pouvoirs politiques (cités, royaumes). Si les auteurs antiques qualifiaient de « ville » (polis, urbs, oppidum) toutes les agglomérations qui étaient le siège d’une communauté politique autonome, indépendamment de sa réalité matérielle, les archéologues ont longtemps refusé d’employer ce vocabulaire pour des sites, comme les oppida celtiques, qui ne correspondaient pas au schéma classique de la ville antique, préférant des termes ambigus comme « proto-urbain ». Actuellement, dans un contexte mondial où les formes urbaines sont de plus en plus complexes et diversifiées, la tendance est plutôt à interpréter les agglomérations proto-historiques d’Europe continentale comme des manifestations d’une véritable expérience urbaine.

40Par ailleurs, sans que soit nécessairement remis en cause leur caractère urbain, la perception que nous pouvons avoir de la forme de certaines villes peut parfois être passablement faussée par la représentation que se sont efforcées d’en donner des élites soucieuses d’affirmer leur centralité au sein de ces espaces urbains : c’est ce que montre bien l’exemple des villes du monde égéen étudiées par Raphaël Orgeolet et Maria Pomadère. L’existence de villes est en effet admise pour le monde égéen à partir du IIe millénaire avant J.-C., et ce phénomène est concomitant de l’émergence des palais au Bronze moyen (vers 2000-1700). Ces palais ont toutefois trop longtemps retenu l’attention et la ville n’a longtemps été considérée que comme un centre de pouvoir palatial entouré d’une agglomération plus ou moins étendue. Cet article critique ce modèle palatial, fondé en réalité sur une iconographie qui met en avant le discours officiel, l’idéologie des élites, pour insister, à partir de la documentation archéologique, sur l’importance économique de ces agglomérations et sur leurs relations avec le territoire.

41C’est d’une certaine façon le même type d’argumentation que développe Maria Luisa Bonsangue à propos des villes du monde romain. La ville romaine, lieu de représentation de la majesté du peuple romain, a selon elle effectivement été longtemps considérée comme un cadre urbain régulier, beau et harmonieux, et l’on a longtemps affirmé que son rôle économique était négligeable, qu’elle n’était qu’un centre de consommation. Depuis les années 1980, le développement des études épigraphiques et archéologiques a permis de corriger cette image et de rendre aux villes romaines leur dimension productive. Des activités artisanales, parfois très bruyantes (boulangeries) ou polluantes (tanneries), étaient présentes au cœur des villes romaines. Le pouvoir ne se contentait le plus souvent d’intervenir que pour limiter l’occupation de l’espace public, en particulier la chaussée. L’idéologie impériale, qui voyait dans la ville un symbole du pouvoir romain, s’accommodait donc de la mixité socioéconomique et de la présence, peu esthétique mais très rentable, de locaux commerciaux et artisanaux à l’intérieur des centres urbains.

42Dans un contexte chronologique et géographique très différent, Camille Rhoné arrive elle aussi à des conclusions très comparables : son étude porte en effet sur les villes du Nord-Est iranien du IXe au XIe siècle, c’est-à-dire depuis l’émancipation de dynasties sultaniennes locales face au pouvoir califal de Bagdad jusqu’à la conquête turque – les nécessités de la défense de cette marge de l’Empire abbasside constituant précisément un élément de légitimation des nouveaux pouvoirs. Malgré cela cependant, l’important appareil défensif qui caractérise les villes de ces régions doit plus aux héritages antérieurs qu’à la période étudiée, laquelle laisse toute sa place au développement urbain et commercial et préfère par conséquent à la fortification intensive et continue d’autres systèmes de défense (en particulier divers dispositifs avancés protégeant l’hinterland et les axes de circulation vitaux pour les villes).

43Toutes ces études appellent donc à une certaine prudence vis-à-vis des discours officiels tendant à imposer leur conception de la forme de la ville au détriment, parfois, de la réalité. Mais la plus « déconstructiviste » de toutes les contributions de ce volume est sans doute celle d’Emmanuel Lurin, qui, d’une certaine façon, tend à nier la possibilité même d’une perception de la forme de la ville dans sa globalité et surtout son objectivité : prenant appui sur des vues de Rome gravées au XVIe siècle et sur les observations du Journal de voyage de Montaigne, l’auteur s’interroge en effet sur l’image que l’on peut subjectivement se former d’une ville, insistant donc sur l’appréhension de la forme comme expérience intérieure et non comme acquisition d’une connaissance objective ; en ce sens, il souligne l’importance des « détails » comme expression d’une perception réellement individuelle de la forme.

44Au risque de paraître clore sur un constat d’impuissance, à savoir l’impossibilité de penser la forme de la ville, il nous a donc paru intéressant de terminer sur cette note critique afin d’exclure tout esprit de système.

45Cette approche relativiste ne doit cependant pas faire perdre de vue la relative cohérence qui se dégage de l’ensemble, et à laquelle elle doit plutôt servir de contrepoint – une cohérence très perceptible au travers des cinq thématiques qui viennent d’être évoquées et ont été, pour cette raison, retenues pour constituer le plan autour duquel s’organise le présent volume : la forme de la ville comme marqueur identitaire, la forme de la ville et le pouvoir politique, la forme de la ville comme expression d’un discours philosophique ou moral, les modèles de référence et enfin les limites du concept.

46Si une telle distribution a été préférée à une approche chronologique plus traditionnelle, ce n’est évidemment pas pour nier les évolutions, voire les discontinuités si bien mises en lumière par certaines contributions : du reste, l’organisation interne de chacune des parties s’efforcera, au contraire, de respecter autant que faire se peut l’ordre chronologique. Mais le point de départ de la réflexion qui sous-tend cet ouvrage était précisément d’essayer de montrer la pertinence d’une approche de ces questions sur le temps long et, par conséquent, l’existence d’un certain nombre de constantes, ou du moins de convergences, au-delà de la diversité des époques, des lieux et des contextes culturels.

Notes

1 Iliade, XVIII, 481-482 ; cf. Musti D., Lo scudo di Achille. Idee e forme di città nel mondo antico, Rome/Bari, Laterza, 2008.

2 Ennius, Annales, v. 72 sq.; Festus, p. 310-312 L.

3 Cité par Benevolo L., La città nella storia d’Europa, Rome/Bari, Laterza, 1993, p. 120. On connaît aussi la fameuse page du Discours de la méthode (début de la IIe partie) dans laquelle Descartes explique qu’il est plus simple de construire une ville ordonnée à partir de rien : « Ainsi, ces anciennes cités qui, n’ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues, par succession de temps, de grandes villes sont ordinairement si mal compassées au prix de ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine. »

4 Dans Les embellissements de Paris (1749), Voltaire assimile explicitement la saleté et la puanteur des vieux quartiers à la « barbarie » : « Le centre de la ville, obscur, resserré, hideux, représente le temps de la plus honteuse barbarie. » (Œuvres complètes de Voltaire, t. V, Paris, Chez Furne, 1836, p. 390.)

5 Tite-Live, V, 55, 4.

6 Dans le De Regno ad regem Cypri, dont toute la fin (à savoir les chapitres V à VIII de la seconde partie) est consacrée à l’acte éminemment royal de la fondation des villes et aux principes dont celle-ci doit s’inspirer (Sancti Thomae Aquinatis doctoris angelici Opera omnia iussu Leonis XIII. P. M. edita, cura et studio fratrum Praedicatorum, Romae, 1882 ss, t. XLII, p. 468-471).

7 Voir à ce sujet les remarques de Crouzet-Pavan E., Enfers et Paradis. L’Italie de Dante et de Giotto, Paris, Albin Michel, 2001, p. 262-267 en particulier.

8 Comme on le sait, le concept d’« urbanisme » est inventé par Ildefons Cerdà au XIXe siècle. Plus généralement, on a l’habitude de réfléchir à une évolution qui part du Moyen Âge pour aller jusqu’à la ville contemporaine (cf., à titre d’exemple, l’irremplaçable essai de Françoise Choay, Espacements [1969], réédité dans id., La terre se meurt, Paris, Fayard, 2011, p. 11-61) – souvent même en ne se concentrant que sur la période XVIIIe-XXIe siècles (cf. Roncayolo M., dans Lectures de villes – Formes et temps, Marseille, Éditions Parenthèses, 2002, p. 25, qui insiste sur l’idée d’une césure au XVIIIe siècle). Durant les derniers siècles, l’urbanisme est devenu une question réservée à des spécialistes, alors que si l’on s’éloigne davantage dans le temps, on n’a aucun mal à constater que la ville, sa forme, son évolution pouvaient concerner bien plus de monde – d’où l’idée de sortir du domaine des spécialistes et de montrer que différentes disciplines peuvent être concernées et apporter un éclairage utile sur la question : archéologie et histoire, bien sûr, mais aussi littérature, philosophie, arts, droit, etc.

9 Choay F. (Espacements, op. cit., p. 21) insistait sur le fait que dans son essai, « il ne sera[i] t donc question […] ni d’architecture ni de monuments, mais uniquement des rapports qui lient les pleins et les vides dans la cité » ; ce ne sera pas le cas ici dans la mesure où la « forme de la ville » comme nous l’avons entendue ne concerne pas exclusivement les rapports entre pleins et vides.

10 Parce qu’ayant suscité de nombreux travaux ces dernières années : par exemple, pour ne citer que l’une des publications les plus récentes, le colloque Marquer la ville. Signes, traces, empreintes du pouvoir (XIIIe-XVIe siècles),Boucheron P. et Genêt J.-Ph. (dir.), Rome, École française de Rome/Publications de la Sorbonne, 2014.

Author(s)

Agrégé d’histoire et ancien membre de l’École française de Rome, maître de conférences en histoire et archéologie du monde romain à l’université de Picardie-Jules Verne, membre de l’unité de recherche TrAme (EA 4284) et directeur des études pour l’Antiquité à l’École française de Rome. Ses recherches portent sur l’organisation politique et sociale des peuples de l’Italie préromaine.
Normalien et agrégé d’italien, professeur des universités en littérature et civilisation italiennes à l’université de Picardie-JulesVerne, où il dirige l’unité de recherche TrAme (EA 4284). Il est spécialiste de la Renaissance italienne et particulièrement de Leon Battista Alberti et de l’Arioste.
Ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée d’histoire et ancienne pensionnaire de la Fondation Thiers, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’université de Picardie-Jules Verne et membre de l’unité de recherche TrAme (EA 4284). Ses recherches portent sur l’histoire religieuse occidentale de la fin du Moyen Âge.

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