L’étrange bataille : prendre la mesure de l’événement

1 C’est que j’eus une première occasion de constater, sur terre, Olivier Chaline, La bataille de la Montagne Blanche (8 novembre 1620). Un mystique chez les guerriers, Paris, Noésis, 1999, p. 379-420.

2 La bibliographie ne manque pas sur les Cardinaux : Geoffrey Marcus, Quiberon Bay. The Campaign in Home Waters, 1759, Londres, Hollis & Carter, 1963 ; Ruddock Mackay, Admiral Hawke, Oxford, Oxford UP, 1965 ; Pierre de La Condamine, Le combat des Cardinaux. 20 novembre 1759, baie de Quiberon et rade du Croisic, 3^e éd., La Turballe, Alizés-L’esprit large, 2000 ; Guy Le Moing, La bataille navale des « Cardinaux » (20 novembre 1759), Paris, Economica, 2003 ainsi que récemment Nicholas Tracy, The Battle of Quiberon Bay 1759. Hawke and the Defeat of the French Invasion, Barnsley, Pen & Sword Maritime, 2010 et Olivier Chaline, « Quiberon Bay, 20 novembre 1759 : la bataille des Cardinaux, victoire anglaise », La bataille des Cardinaux. Actes des conférences, Cahiers de Guérande, 53, 2011, p. 46-70. Signalons aussi le volume d’aquarelles de Pierre Raffin-Caboisse, La bataille des Cardinaux, Turquant, Cheminements, 2008.

3 « Les relèvements du Thésée et du Superbe coulés le 20 novembre l’île Dumet est relevée au compas depuis le Superbe sud-est par est une quart d’est à environ deux miles et demi ensuite vous prenez le mât du drapeau sur l’île Dumet à découvrir la côte nord-est du château assez pour voir le jour entre eux. Le monastère de Notre-Dame au nord un tout petit peu sud il y a neuf brasses et demi le long de l’épave/Les relèvements du Thésée les Cardinaux sont relevés au compas dans le sud-ouest par l’ouest ½ d’ouest trois quatre miles Saint Gildas nord, nord-ouest ensuite la pointe du Mont découvre celle de Saint de Saint Gildas l’île Dumet est ¼ sud. Les relèvements des deux épaves l’une par rapport à l’autre nord est et sud ouest à 3 milles environ il y a 11 brasses et demie le long du Thésée dont le grand mât et l’artimon sont dressés, les mâts et les espars du Superbe sont partis… », cité, en respectant la quasi absence de ponctuation d’après la traduction de Jean-Michel Eriau, Des vaisseaux de Louis XV au large de la Bretagne et l’itinéraire d’un chercheur d’épaves, Rennes, Ouest-France, 2010, p. 148-150, d’après National Maritime Museum Greenwich, Caird Library Clement’s Papers, ADM B 161.

4 Ruddock Mackay, Admiral Hawke…, op. cit., p. 244. Le Pakenham’s Journal of the Proceedings of H.M.S. Dunkirk, est conservé à Greenwich, au National Maritime Museum, PAK 1, p. 86-93.

5 Le rapport a été mis en ligne sur [http://www.archeosousmarine.net/Pdf/rapport_thesee.pdf].

6 « Relation de ce qui vient de se passer sur mer, cette année 1759, faite par un interprète du Croisic » dans le Journal des capucins du Croisic. Je remercie M. Renaudeau, de Piriac, de m’avoir communiqué une copie de ce document conservé à Paris aux Archives franciscaines.

7 Depuis le XIX^e siècle, la tradition historiographique continue imperturbablement de rapporter qu’ils ont viré de bord sabords ouverts et d’en tirer des conclusions sarcastiques sur la piètre qualité des capitaines de la marine de Louis XV. C’est un complet contresens : rien ne prouve qu’ils étaient en train de virer de bord lorsqu’ils ont coulé et M. de Kersaint, le commandant du Thésée, n’était pas un débutant. Voici ce qu’écrit un témoin oculaire : « Rapport que ce vaisseau avait essuyé quatre volées en combattant contre un vaisseau anglais de 74 qui l’avaient peu endommagé et que le Thésée venant de riposter par les canons de ses batteries de tribord, il est survenu un grain si violent que n’ayant pas eu le temps de rentrer ses canons de la batterie sous le vent, par conséquent de fermer les sabords, la mer entra avec tant d’abondance dans le vaisseau qu’il coula bas dans un instant. » Archives nationales, Marine B⁴ 88, f° 250. Témoignage sur le naufrage vu depuis un autre bâtiment f° 296. La position de l’épave retrouvée par Jean-Michel Eriau est 47° 23 940 et 002° 44 328. Plusieurs bâtiments britanniques ont failli couler pour les mêmes raisons.

8 Sur les bâtiments réfugiés dans la Vilaine, voir Henri Pluyette, Le blocus de la Vilaine, Arzal, chez l’auteur, 1976.

9 Hawke a laissé une relation de la bataille qui fut adressée à l’Amirauté et publiée à maintes reprises depuis, National Archive, Admiralty. 1/92. On la trouvera, par exemple, traduite dans les documents du livre signalé plus haut de Guy Le Moing, La bataille navale…, op. cit., p. 140-144.

10 Il est à noter que, pour une fois, l’après-bataille a fait l’objet d’un traitement pictural spécifique puisque, en 1760, le peintre Richard Wright lui consacra une toile évocatrice intitulée The day after. Elle se trouve à Greenwich au National Maritime Museum.

11 Archives nationales, Marine B⁴ 88, f° 250 r° : « Que lui Mathieu Portes charpentier domicilié de Recouvrance s’est sauvé au grand mât de perroquet au haut duquel il avoit monté par les haubans lui huitième des matelots de l’équipage, le vaisseau ayant coulé perpendiculairement et qu’ayant crié il est venu un canot anglois les sauver, qui les a mis à terre à la côte du Croisic le 22 à midi. »

12 Jacques Aman, « La fin du Soleil Royal et du Héros », Neptunia, 42, 1956, p. 6-9.

13 Marc Paillé, « Une victime peu connue de la bataille des Cardinaux : le vaisseau Le Juste », Bulletin du Comité nantais de documentation historique de la Marine, 1970, p. 7-16 ; Jean Boudriot, « Propos sur l’épave du Juste (1724-1759) », Neptunia, 133, 1979, p. 1-8.

14 Guy Le Moing, La bataille navale…, op. cit., p. 83-87.

15 Pour s’en tenir au seul vaisseau amiral de Hawke, National Archives, ADM 51/811 Captain’s log et ADM 52/862 Master’s log.

16 L’anecdote est rapportée par Stéphane de La Nicollière-Teijeiro, Combat de Belle-Ile ou des Cardinaux, Nantes, 1878 (tiré à part extrait de la Revue de Bretagne et de Vendée), p. 25. Il s’appuie sur une relation anonyme, datée du 4 décembre 1759 et qui se trouvait, en 1878, conservée notamment aux archives du greffe du tribunal civil de Nantes.

17 Archives nationales, Marine B⁴ 87, Conflans à Berryer, 21 novembre, du Croisic, f° 276 r°-277 v° ; Conflans à Berryer, 24 novembre, du Croisic, f° 272 r°-275 r°, voir aussi 258 v°-264 v° « Relation circonstanciée du combat donné le…, par le maréchal de Conflans » et 265 r°-271 r°, Lettre de M. le Maréchal de Conflans, du 24 novembre 1759, imprimé. On trouvera sa relation la plus détaillée, celle du 24 novembre, citée dans les annexes du livre de Guy Le Moing, La bataille navale…, op. cit., p. 133-139.

18 Ibid., p. 139-140.

19 Ibid., p. 133-139.

20 Archives nationales, Marine B⁴ 87, Conflans à Berryer, 21 novembre, du Croisic, f° 276 r°-277 v°.

21 Depuis la rade de l’île d’Aix, M. de Bauffremont écrit le même jour à Berryer ; Archives nationales, Marine B⁴ 87, f° 209 r°-211 r°.

22 Archives nationales, Marine B⁴ 87, f° 276 r°-277 v°, lettre du maréchal de Conflans à Berryer, 24 novembre 1759.

23 Voir Olivier Chaline, « La bataille navale des Cardinaux (1759), défaite française, défaite bretonne ? », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. LXXXVII, 2009, p. 185-196.

24 Charles Laurent (éd.), Les voyages en Bretagne du chevalier de Mirabeau 1758-1760, Mayenne, J. Floch, 1983, p. 180.

25 Barbier, Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763) ou Journal de Barbier, Paris, Charpentier, 1857, t. VII, p. 213.

26 Simon Surreaux, Les maréchaux de France au XVIII^e siècle. Histoire sociale, politique et culturelle d’une élite militaire, thèse de doctorat, Université Paris IV, 2012, t. I, p. 176.

27 Ruddock Mackay, Admiral Hawke…, op. cit., p. 255-258.

28 Geoffrey Marcus, Quiberon Bay…, op. cit., p. 171.

29 Ibid., p. 172-173.

30 Voir Tim Fulford, « Britannia’s Heart of Oak: Thomson, Garrick and the Language of Eighteenth-Century Patriotism », dans James Thomson. Essays for the Tercentenary, Liverpool English Texts and Studies (No. 35), Liverpool, Liverpool University Press, 2011, p. 191-216.

31 Léon Guérin, Histoire maritime de la France, Paris, Andrieux, 1844 (2^e éd.) ; Octave Troude, Batailles navales, Paris, Challamel aîné, 1867-1868 ; Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Paris, Champion, 1902 ; William Laird Clowes (dir.), The Royal Navy. A History from the earliest Times to the Present, London, S. Low, Marston and Co., 1899-1903, 7 vol. (précisons que William Clowes avait été assisté de nombreux collaborateurs dont le captain Alfred T. Mahan et Theodore Roosevelt) ; Julian S. Corbett, England in the Seven Years’ War. A Sstudy in Combined Strategy, London, Longmans, Green and Co., 1907. 2 vol. ; Brian Tunstall, Naval Warfare in the Age of Sail. The Evolution of Fighting Tactics, 1650-1815, Londres, Chatham Publishing, 1990 (texte rédigé dans les années 1930 mais publié par Nicholas Tracy), p. 97-98; Alfred Thayer Mahan, The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783, London, S. Low, 1889.

32 Voir Ruddock Mackay et Michael Duffy, Hawke, Nelson and British Naval Leadership 1747-1805, Woodbridge, The Boydell Press, 2009, notamment les chapitres 4 et 5 sur ce qu’il advint du double héritage, tactique et stratégique de Hawke.