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Chapitre III. Dynamisme à la Chambre et enracinement local (1910-1914)

p. 55-75

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Un jeune député dynamique : défenseur de la grande et de la petite patrie (1910-1912)

Des débuts remarqués à la Chambre

1En élisant Charles Daniélou les électeurs envoyaient siéger à la Chambre un député de trente-deux ans, dynamique et ambitieux. Si sa jeunesse n'était apparue à aucun moment de la campagne comme un handicap, il lui fallait désormais assumer cette charge avec les honneurs, mais aussi avec les responsabilités et les devoirs qu'elle imposait, en essayant de montrer rapidement qu'il avait l'étoffe d'un parlementaire malgré son jeune âge.

2Charles Daniélou faisait partie d'une Chambre qui apparaissait « plus au centre que la précédente1 ». Investi par l'Action libérale populaire, il s'inscrivit au groupe parlementaire de ce parti qui comptait trente-quatre membres parmi lesquels, le marquis de l'Estourbeillon, Émile Villiers et Albert de Mun : trois députés que connaissait bien le nouvel élu du Finistère. Le groupe le désigna pour faire partie de diverses commissions. Il allait pouvoir commencer son travail de parlementaire. Le rôle des commissions était important dans la vie politique de l'époque : si elles pouvaient examiner les projets de loi, elles pouvaient aussi préparer les débats publics et proposer des textes législatifs. D'ailleurs, le débat parlementaire s'ouvrait non pas sur le texte proposé par le gouvernement mais sur celui modifié par la commission ; commissions qui contrôlaient le ministère correspondant.

3Une des plus prestigieuses était sans conteste celle des Affaires étrangères et des colonies. Il était, en effet, très important d'être membre d'une telle commission dans le climat de tension internationale qui caractérisait l'époque. Le groupe de l'ALP y désigna Daniélou. C'était là une preuve de confiance envers ce jeune député qui avait acquis, comme responsable de la rubrique de politique étrangère à L'Écho de Paris, une bonne connaissance des problèmes internationaux.

4Charles Daniélou fut également désigné pour faire partie de la commission des comptes définitifs. Celle-ci était chargée du contrôle des dépenses des exercices périmés. Il fut rapporteur du projet de loi portant règlement des exercices 1907, 1908, 1909 du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Suite à ce rapport, il intervint à la Chambre en juin 1911 pour demander à Dujardin-Beaumetz, le ministre des Beaux-Arts, la justification de certaines dépenses. Daniélou était donc impliqué dès le début de la législature, dans la vie parlementaire.

5Membre du groupe de l'ALP, il vota logiquement contre le ministère radical Monis, axé au centre gauche, et contre le gouvernement radical-socialiste formé par Caillaux en juin 1911. C'est en ce début d'année 1911 que Daniélou quitta son groupe pour rejoindre celui des Républicains progressistes. Si ce changement marquait son évolution vers le centre droit, il était aussi révélateur de la situation politique dans la première circonscription de Châteaulin : pour espérer la conserver, il lui était indispensable de se démarquer de l'ALP car « l'opinion majeure des électeurs est aussi éloignée de l'Action libérale qu'elle l'est du radicalisme2 ». L'engagement de Daniélou dans le parti de Jacques Piou ne fut donc qu'un moyen de gagner la bataille électorale.

6Charles Daniélou publia dans L'Éclair du 17 janvier 1911 un article intitulé « Les encagés de la Chambre ». Les élections de 1910 avaient conduit au morcellement des partis et à l'éclatement des groupes parlementaires désormais au nombre de neuf. Daniélou y dénonçait la profusion des groupes et l'aliénation qu'entraînait, pour un député, l'entrée dans un groupe parlementaire. On décèle dans cet article l'amertume de ce jeune député, désolé de voir que les pesanteurs et traditions ne changent pas aussi rapidement qu'il le voudrait. Suite aux dernières élections, 235 députés entraient à la Chambre pour la première fois. Daniélou avait espéré que cela contribue à changer les mœurs parlementaires :

« Eh bien non, rien n'est changé. Comme leurs prédécesseurs, tous ces nouveaux élus ployaient l'échine, faisaient la cour aux aînés et vite ils furent encagés dans les groupes ; ils adoptèrent leurs méthodes, leurs errements ; ils épousèrent les mêmes haines de personnes [...]3 »

7Daniélou considérait que l'entrée dans un groupe entraînait une perte de liberté :

« Mécaniquement ils aliénèrent leur liberté ; ils ne furent plus que des "entravés", les entravés du Parlement. Les anciens avaient vaincu4 »

8Dans cet article, Daniélou désespérait de ne voir apparaître aucun grand homme pour prendre en mains le destin de la France :

« Depuis six mois que je siège à la Chambre voici ce que j'ai constaté. Les hommes sont des moutons à qui il faut un berger et des chiens pour les diriger et les maintenir en rang. Or, à la Chambre, ni berger, ni chiens5 »

9Daniélou dénonçait donc la trop grande discipline des groupes parlementaires et réclamait, en même temps, un homme qui puisse diriger avec autorité le pays. Ce guide serait alors le chef d'un parti de l'ordre :

« Pour enrayer le mouvement révolutionnaire il faudrait s'unir, il faudrait qu'un parti de l'ordre se dressât en face du parti du désordre6 »

10Mais là se posait le même problème que précédemment :

« Mais qui réunira les éléments dispersés de ce groupement nécessaire ? Qui donc est celui-là ? Qui donc est-il ? Je ne sais pas, je ne vois pas7 »

11Daniélou apparaît comme un député voulant s'affranchir des groupes pour se ranger derrière un homme fort qui saurait rassembler autour de lui afin de combattre le désordre. Et s'il attaque les groupes parlementaires, il est également sans concessions pour les partis :

« Les partis n'ont plus aujourd'hui d'idéal. L'idéal religieux, l'idéal patriotique, l'idéal républicain, voire même l'idéal laïque, ce ne sont plus que des mots que l'on entend au Parlement8 »

12Pour lui, les partis se battent non pas pour un idéal mais pour des revendications matérielles catégorielles. Et c'est là que réside la cause du désordre. Mais cette volonté d'établir un pouvoir fort ne pousse pas Daniélou dans les rangs des partisans de l'Empire ou de la monarchie :

« Je ne fais pas de théorie. Je ne discute pas des systèmes. J'observe les faits, et voilà tout. J'ignore quel bien nous donnerait l'Empire, quel miracle la monarchie opérerait. Je vis en république et suis républicain. C'est sous cette forme de gouvernement que je constate le désordre. Cela ne veut pas dire que le désordre soit une conséquence fatale du système. Tous les régimes ont leurs affamés et, de leurs appétits, du désordre est sorti. Mais le système républicain est perfectible ; il n'est pas incarné dans un homme ; son personnel se renouvelle, je crois qu'il peut s'améliorer9 »

13Daniélou s'affirme donc républicain même s'il juge que le système a des manques et des insuffisances. Conservateur, il réclame plus d'ordre. Voulant faire preuve d'indépendance, il critique groupes parlementaires et partis politiques.

14Il faisait ainsi parler de lui dès le début de la législature, et côtoyait à la Chambre et en commission les hommes politiques qui comptaient à l'époque. Il était l'ami de Maurice Barrès en compagnie duquel il quittait souvent la Chambre pour « remonter les Champs-Élysées jusqu'à l'Arc de l'Étoile et descendre l'avenue de la Grande Armée jusqu'à Neuilly où il habitait10 », comme Daniélou. Il était aussi l'ami d'Albert de Mun. Engagé dans la politique de bonne heure, journaliste politique à L'Écho de Paris, Daniélou n'entrait pas à la Chambre dans un monde inconnu. Il avait déjà établi un solide réseau de relations, ce qui avait dû lui faciliter son travail de parlementaire.

15En 1910, Daniélou déménagea du 82 de la rue Peyronet à Neuilly-sur-Seine pour habiter au 12 bis boulevard d'Inkermann, toujours à Neuilly. Ce logement dans les beaux quartiers de Paris et son manoir de Kergwénolé à Locronan sont bien révélateurs de son ascension sociale.

16Passionné par les questions politiques, Daniélou n'en oubliait pas pour autant ses électeurs. À la fin du mois de septembre 1911, il se rendit à Crozon pour leur rendre compte de son mandat. Il y fit un discours dans lequel il rappelait ses votes et ses interventions à la Chambre et évoqua des questions d'actualité. Daniélou rendit hommage à Aristide Briand pour la manière avec laquelle il avait rétabli l'ordre à l'occasion de la grève des cheminots en octobre 1910. S'il affirmait que ce rapprochement vers Briand était, au vu de l'agitation révolutionnaire, « le plus impérieux des devoirs11 », il regrettait pourtant que celui-ci « n'ait pu se libérer de ses attaches anciennes et ne soit pas devenu le chef d'un grand parti de l'ordre12 » qui s'avérait de plus en plus nécessaire afin de faire face au désordre causé par une CGT qu'aucun « gouvernement n'a osé jusqu'ici dissoudre13 ». Après avoir fait part de son inquiétude à propos du désordre intérieur, Daniélou évoqua la situation internationale et plus particulièrement, la crise marocaine. Annonçant que jamais la France n'avait outrepassé son droit, qu'elle était pacifique mais qu'elle « n'est pas disposée à se laisser dévorer par l'ogre allemand14 », il affirmait que le pays était assez puissant pour ne pas se laisser « intimider par les rodomontades prussiennes15 ». Passionné par la question marocaine, Daniélou avait pris l'initiative de propositions de résolutions, en 1911 :

« pour apporter l'hommage de la Chambre aux troupes françaises qui combattaient au Maroc16 ».

17L'Allemagne souhaitait obtenir une compensation à l'influence grandissante de la France au Maroc. Après l'épisode de l'envoi de la canonnière allemande, la Panther, devant Agadir, la tension entre les deux pays était encore montée. Suite à des négociations, l'Allemagne acceptait d'avance le protectorat français sur le Maroc et obtenait, en contrepartie, une part importante du Congo. Cependant, Caillaux, président du Conseil, dut justifier cette cession devant la Chambre. Dans ce contexte de haute tension entre la France et l'Allemagne, Albert de Mun souhaita être admis à participer aux travaux de la commission des Affaires étrangères. Charles Daniélou, qui avait gardé de solides contacts avec celui qui l'avait aidé à débuter dans le journalisme à Paris, démissionna de la commission afin de lui permettre d'y siéger. C'est d'ailleurs à l'occasion de ce projet de cession d'une partie du Congo qu'Albert de Mun, affaibli par la maladie, fit son ultime intervention à la tribune de la Chambre. Le 20 décembre 1911, la Chambre votait en faveur de ce projet à une large majorité : 393 pour, 36 contre. La droite vota contre ou s'abstint, comme choisirent de le faire Charles Daniélou et Albert de Mun.

18C'est Charles Daniélou qui relança à la tribune de la Chambre des députés ce qui devint l'affaire des poudres. Le 12 mars 1907, le cuirassé Iéna avait explosé dans le port de Toulon, causant la mort de 117 marins et faisant 33 blessés17 Puis, le 25 septembre 1911, un second cuirassé, la Liberté, explosait à son tour, causant la mort de 165 marins18. Ces tragiques événements touchèrent le Finistère : de nombreuses victimes en étaient originaires, et surtout, les poudres incriminées dans la catastrophe avaient été fabriquées à Pont-de-Buis. Enfin, c'est Daniélou qui amena cette affaire à la Chambre.

19Il joua en effet un rôle de premier plan dans cette affaire. C'est le 10 novembre 1911 qu'il interpella le gouvernement sur les causes de l'explosion des deux cuirassés. Il évoqua à la tribune les déclarations faites par le directeur de la poudrerie de Pont-de-Buis au Conseil Général du Finistère à propos de la mauvaise qualité des poudres fournies à la Marine nationale. Le directeur de la poudrerie, Léopold Maissin, par ailleurs maire du Relecq-Kerhuon et conseiller général, mettait en cause son prédécesseur à Pont-de-Buis, Albert Louppe. En interpellant le gouvernement sur ce sujet, Daniélou voulait mettre en lumière, sinon révéler, certains aspects méconnus ou occultés de cette affaire :

« Mon rôle sera simple, je déposerai publiquement, sur cette tribune, les affirmations, les accusations qui depuis cinq ans, ont été dispersées, étouffées par des mains inconscientes, pour ne pas dire criminelles. Pour le reste, la Chambre jugera19 »

20Daniélou aborda le rapport établi par Léopold Maissin sur la catastrophe de l'Iéna ; rapport dans lequel les procédés de fabrication de Louppe étaient vigoureusement mis en cause. Le jeune député du Finistère évoqua les aspects techniques de la fabrication de la poudre : fabrication de coton-poudre, qualité des dissolvants, éléments de stabilisation, trempage à froid ou à chaud. Daniélou apparaissait très au fait de la réalisation technique des poudres ce qui renforçait sa démonstration. Mais s'il mettait en cause les procédés de fabrication des poudres, il insistait également sur les insuffisances des contrôles de qualité. La poudre fabriquée à Pont-de-Buis était, selon lui, de mauvaise qualité car les trempages à chaud y étaient exagérés et les contrôles presque nuls. Il cita d'ailleurs un ouvrier tonnelier, Mauchard, qui avait déclaré avoir reçu l'ordre, comme ses collègues, de cacher les malfaçons de la poudre, ce qui lui faisait dire que :

« Notre conviction à tous, en faisant cela par ordre, était que nous agissions ainsi pour écouler de la poudre mauvaise et nous disions couramment : c'est un coup pour envoyer du monde à Cayenne20 »

21Daniélou termina son intervention vigoureusement. Il s'étonna de constater que malgré le rapport de Léopold Maissin démontrant que la poudre fabriquée était dangereuse, rien n'avait été fait pour retirer le lot BM 13 2 06 P.B., lot mis en cause dans l'explosion des deux cuirassés. Puis, s'adressant à Delcassé, ministre de la Marine, il lui infligea ce coup cinglant :

« Si vous aviez écouté Maissin, la Liberté existerait encore et nos marins ne seraient pas morts21 »

22Il évoqua ensuite une entrevue avec Delcassé, quelques jours après la catastrophe de la Liberté, au cours de laquelle le ministre lui disait qu'il cherchait les causes d'un tel drame et combien il était angoissé à l'idée qu'un autre navire pût exploser. Daniélou lui avait alors demandé : « Êtes-vous sûr, Monsieur le Ministre, de toutes vos poudres22 ? » et Delcassé lui avait répondu : « Oh, cela est impossible23 ! », ce qui permettait au député du Finistère de poursuivre :

« Eh bien, non, cela n'était pas impossible. Et pendant que vous trembliez, il y avait des hommes qui connaissaient toute l'affaire, qui savaient qu'il y avait sur nos navires, des poudres radoubées. Qui ? Leurs noms sont aujourd'hui sur toutes les lèvres. Êtes-vous sûr, vous-même, de n'avoir pas connu tout cela24 ? »

23Daniélou demanda l'ouverture d'une instruction judiciaire et termina en rappelant la parole du tonnelier de Pont-de-Buis : « C'était un coup pour envoyer du monde à Cayenne25 » Bon orateur et « formidablement documenté, son discours produisit une grosse impression26 ». Daniélou avait lancé le débat.

24Émile Goude, député socialiste de Brest, se félicita de voir Daniélou prouver que c'était effectivement la poudre B qui était à l'origine de ces catastrophes ce qui « lave les mains des accusations de sabotage lancées par la presse capitaliste27 ». Georges Le Bail se demanda si l'hypothèse du sabotage était complètement à exclure. Puis Painlevé parla en technicien de la poudre B après avoir évoqué « le talent savamment graduel de Charles Daniélou28 ».

25Une motion fut rédigée :

« La Chambre, douloureusement émue par la catastrophe de Toulon, adresse aux familles des victimes l'expression de sa sympathie attristée ; prend acte des déclarations du gouvernement et confiante en lui pour mettre en lumière toutes les responsabilités pour appliquer énergiquement les sanctions nécessaires et pour éviter par l'amélioration des conditions de fabrication, de réception et de surveillance des poudres, le retour de malheurs irréparables, repoussant toute addition, passe à l'ordre du jour29 »

26Le texte fut adopté par 402 voix contre 98. Daniélou avait prononcé son premier discours d'importance à la tribune de la Chambre. Il avait révélé certains aspects méconnus du scandale des poudres et impressionné ses collègues parlementaires. Pendant les années suivantes, il aborda très souvent cette affaire qui fut d'ailleurs au cœur de sa campagne électorale de 1914. Par cette intervention, Charles Daniélou donna une dimension nationale au scandale des poudres et se fit connaître de l'ensemble de ses collègues députés.

27Si les problèmes nationaux le passionnaient, l'intérêt qu'il portait à sa petite patrie l'amenait à s'investir encore plus dans le combat régionaliste. Membre actif de l'Union régionaliste bretonne, il intervint sur l'économie et sur la protection des monuments historiques en Bretagne.

Un membre actif de l'Union régionaliste bretonne

28Charles Daniélou avait prononcé, le 8 mars 1911, un discours devant la Ligue nationale pour le relèvement des petites industries provinciales. Comme Jean Choleau, l'économiste de l'URB, Daniélou réclamait une décentralisation économique ainsi que des réformes administratives qui protégeraient les économies régionales. Il évoquait le déclin des industries locales dû notamment au développement du machinisme qui se substituait à la main-d’œuvre villageoise. Il évoqua, pour illustrer son propos, la fabrication des filets de pêche à Douarnenez et dénonça le mal venu de la ville :

« Un jour, dans un magasin, des filets venus d'ailleurs se sont entassés. Ils arrivaient de Paris, ils parurent moins coûteux que la main-d’œuvre locale et, peu après, un grand nombre de jeunes filles s'en allaient, appelées aux environs de la grande ville, à la fabrique des filets par la machine30 »

29Daniélou continua en demandant où étaient les toiles d'antan, les beaux draps de Morlaix, les faïences du Croisic, l'industrie du meuble etc. Constatant le déclin de l'industrie locale, il ne critiquait pas ses compatriotes, mais faisait, plus globalement, le procès du progrès :

« C'est le machinisme moderne, c'est la science, c'est le progrès qui sont la cause immédiate des maux que nous déplorons31 »

30D'ailleurs, il rendait hommage aux paysans qui résistaient au développement du machinisme :

« Oh, non nos paysans bretons ne sont pas coupables ! Si longtemps qu'ils ont pu, ils ont résisté à l'envahissement, ils ont lutté jusqu'à perdre haleine sauvagement parfois, jusqu'à la ruine même, contre le machinisme, et ces années encore, nous les avons vus dans nos ports organiser de véritables émeutes, et mettre en pièces les machines nouvelles qui s'implantaient pour la mise en boîtes des sardines. Mais ils devaient être, ils furent les victimes du progrès32 »

31Charles Daniélou développait des arguments conservateurs. Il mettait le progrès technique à l'index et avait une démarche passéiste, rêvant à l'industrie des toiles de l'époque moderne, condamnée depuis déjà longtemps. Mais s'il évoquait la crise économique, il faisait également allusion à la crise politique et sociale qui minait la France. Il estimait, en effet, que « l'envahissement du progrès33 » avait de graves conséquences dans tous les secteurs de la vie sociale, politique et économique du pays. Les propositions de Daniélou étaient conformes à l'esprit de l'URB : une décentralisation administrative et politique et une « vulgarisation du machinisme qui permettra l'éclosion du travail à domicile34 ». Daniélou souhaitait qu'à travers le travail à domicile, la vie de village se maintienne et que la Bretagne reste un pays à l'abri du progrès économique et social qui détruirait le tissu social rural breton. Ainsi, pour lui le maintien des paysans à la terre, le travail à domicile étaient les seuls garants de la permanence de la morale. Son régionalisme s'inscrivait bien dans la ligne de conservatisme social prônée par l'URB II espérait qu'ainsi, les Bretons exilés à Paris ou ailleurs puissent dire à l'inverse de la situation du moment :

« Nous apprenons qu'il y a du travail chez nous, faites-nous rentrer au pays35 »

32Une économie forte était donc fondamentale pour garder les Bretons au pays. Daniélou accordait aussi une grande importance à la protection des monuments historiques.

33Dans l'ouvrage qu'il publia en 1913 sous le titre Études contemporaines, Charles Daniélou évoquait dans le chapitre consacré au régionalisme, le discours qu'il avait prononcé le 29 mars 1911 à la Chambre à propos des monuments historiques. Cela montre son grand intérêt pour l'histoire et les Beaux-Arts mais aussi qu'il considérait cela comme faisant partie intégrante du régionalisme breton. Daniélou intervint à propos d'un projet de loi relatif à la conservation des monuments et objets ayant un intérêt historique ou artistique. Il insista sur les difficultés rencontrées par les pouvoirs publics pour empêcher les atteintes à l'intérêt historique de bâtiments privés, soumis au droit de propriété. Il évoqua ensuite les étrangers qui achetaient des bâtiments anciens pour les démonter et les reconstituer chez eux.

34Il demanda alors au sous-secrétaire d'État de prendre des mesures dans trois directions. La première concernait l'ouverture des routes et les problèmes posés par leur alignement et leur élargissement afin de rendre plus accessibles les bourgs et villages. Il déclarait d'ailleurs, non sans humour :

« Je ne suis pas, messieurs, un ami de la ligne droite - cette déclaration n'a rien de politique (sourires) - surtout quand, pour se déployer, la ligne droite renverse et écrase la beauté36 »

35Il demandait donc au sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts d'intervenir auprès de son collègue des Travaux publics afin que les agents de voirie signalent les monuments de valeur historique rencontrés sur le tracé des routes. La deuxième remarque de Daniélou visait à mettre en lumière les conséquences entraînées par la vitesse excessive des automobiles. Il redoutait, en effet, que pour faciliter la vitesse, on en arrive à démolir des vestiges, des bâtiments gênants. Il terminait en demandant que des mesures soient prises à l'égard des propriétaires d'immeubles d'intérêt historique. En effet :

« Les nécessités de la vie moderne pousseront, un jour ou l'autre, à ouvrir dans un mur antique aux fenêtres étroites comme des meurtrières, une large devanture de magasin où luira la peinture éclatante comme une tâche neuve sur le granit verdi37 »

36Charles Daniélou se faisait ainsi le défenseur des monuments historiques, pensant bien sûr à sa cité de Locronan dont les maisons autour de la place dataient du xviie siècle et constituaient, avec l'église, une merveille d'art architectural.

37Membre de l'URB depuis 1904, Daniélou participa au congrès décisif de Saint-Renan qui se déroula du 9 au 14 septembre 1911 et qui amena la scission de cette organisation. Une partie de L'URB constituée de jeunes d'origine bourgeoise et urbaine supportait difficilement l'hégémonie de l'inamovible marquis de l'Estourbeillon et décidèrent de fonder la Fédération régionaliste de Bretagne. Charles Daniélou ne suivit pas ses jeunes collègues et resta fidèle à son président. Il intervint d'ailleurs lors du banquet de clôture :

« À son tour, Charles Daniélou tint l'auditoire sous le charme de son éloquence dans une improvisation enthousiaste qui fut un hymne d'une poésie merveilleuse en l’honneur de la Bretagne38 »

38En juillet 1911, le Gorsedd des Celtes d'Irlande, de Grande-Bretagne, de France et de Belgique qui s'était déjà réuni à Locronan en 1909 y tint à nouveau ses assises. Est-ce à cette occasion que Charles Daniélou fut élevé à la dignité de barde ? S'il n'est pas possible de le dater avec certitude, il est cependant avéré que cela eut lieu lors d'un « des congrès, par le Gorsedd39 ».

39Comme en 1907, c'est à Charles Daniélou que le président de l'URB confia le soin de dresser le panégyrique d'un personnage de l'histoire de Bretagne. En 1912, c'est Nominoé qui fut mis à l'honneur par l'organisation régionaliste. Charles Daniélou, malgré « les soucis quotidiens d'une vie d'action et de combat40 » accepta. Il débuta son discours par un éloge de l'Histoire puis insista sur le rôle éducatif et de ciment de la nation qu'elle peut jouer car il suffit de « l'écouter pour apprendre d'elle et triompher41 ». Il s'efforça ensuite de montrer comment Nominé avait fait la Bretagne et évoqua avec lyrisme l'épopée du chef breton ; notamment la fameuse bataille de Ballon. Mais, au-delà de la simple narration des faits, il est possible de déceler dans ce discours des allusions à la situation politique du moment. En effet, Nominé avait été l'homme providentiel de son époque car il avait su dans ce difficile ixe siècle faire l'unité autour de lui. Les Bretons vivaient alors dans un pays angoissant où le découragement était total, et alors : « Nominoë apparut. D'où venait-il ? On ne sait pas42 » En cette année 1912, s'adressant aux congressistes il leur demandait :

« Aujourd'hui même, à l'heure où nous sortons à peine d'une longue période de divisions et d'humiliations, pendant laquelle nous n'avons jamais désespéré de nos frères, ni de nous-mêmes, qui de nous, qui de vous va refaire la patrie unie forte et glorieuse43 ? »

40Où est-il le Nominoé de 1912 ? Qui pourrait sauver la petite patrie ?

« Qui de nous ? Chacun de nous, messieurs, nous tous à la fois, parce que nous avons recueilli les leçons du passé et qu'elles nous ont appris à nous connaître nous-mêmes. L'herbe d'or est fauchée, à nous de la faire refleuri44. »

41Daniélou avait confiance car « l'histoire des hommes est un perpétuel recommencement 45 ». L'histoire de la Bretagne lui apparaissait bien comme un moyen de revivifier le sentiment national breton. Son discours fut « très applaudi46 » car :

« La parole chaude, éloquente et poétique de l'orateur avait tenu en haleine toute l'assistance ; il a dit de la Bretagne qu'elle était charmeuse et sa parole, à lui, Daniélou ne l'était pas moins47 »

42Par ses prises de positions, par son action à la Chambre et au sein de l'URB, Charles Daniélou apparaît comme un ardent régionaliste, défendant les thèses du marquis de l'Estourbeillon, auquel il reste d'ailleurs fidèle en 1911. 1912 marquait aussi son entrée à l'Institut national de Bretagne, sorte « d'académie des sciences morales et économiques48 » émanant de l'URB49.

43Charles Daniélou était donc passionnément attaché à la vie de la Bretagne et se faisait le défenseur de la grande patrie à la Chambre. La suite de ce premier mandat s'avéra également très active.

Un député-maire actif à la Chambre (1912-1914)

44Charles Daniélou qui avait été révélé par son rôle dans l'affaire des poudres se vit confier de nouvelles responsabilités à la Chambre dès 1912. Cette même année, il souhaita conforter son assise locale lors des élections municipales de mai 1912.

45C'est avec cet objectif qu'il décida de conquérir la mairie de Locronan. Lors des législatives de 1910, il y avait obtenu 138 voix, contre 15 à son adversaire, ce qui permettait de le donner favori pour les élections municipales à venir. Daniélou figurait sur la liste sortante, progressiste, qui était opposée à celle menée par le médecin Henri Magne. Le premier tour se déroula le 5 mai 1912 : la liste sortante obtint dix élus contre deux à celle de l'opposition municipale. Daniélou augmentait son score de 1908 en rassemblant 93 voix sur son nom, contre 79, quatre ans auparavant. Il arrivait sixième en nombre de voix50 Charles Daniélou fut élu maire de Locronan, le 19 mai, au premier tour de scrutin avec dix voix contre deux à Henri Magne. Cette nouvelle victoire électorale révélait qu'il avait réussi à s'imposer sur la terre de ses ancêtres. Avec Guillaume Hémon, son premier adjoint, il souhaitait œuvrer au renouveau de Locronan et sans doute rêvaient-ils à une nouvelle époque de prospérité, aussi grande qu'au temps des marchands de toile.

Toujours la question des poudres

46Charles Daniélou fut choisi, en janvier 1912, par le groupe progressiste pour se présenter au secrétariat de la Chambre. Il fut élu secrétaire de la Chambre des députés, pour l'année 1912, par 215 voix contre 86. Depuis Isnard en 1902, il était le premier Breton à occuper cette fonction. Après un an et demi de législature, Daniélou entrait au bureau de la Chambre ; cet organe qui assurait la direction des débats parlementaires. Le bureau avait à sa tête le président de la Chambre, un vice-président, des secrétaires et des questeurs. En tant que secrétaire, Daniélou avait la responsabilité de surveiller la rédaction des procès-verbaux, de constater les résultats des scrutins et de contrôler les délégations de vote. Il avait la volonté de s'investir de plus en plus dans la vie parlementaire. Il devait d'ailleurs voir ses responsabilités s'étoffer rapidement.

47Élu à la commission de la Marine en février 1912, Charles Daniélou se vit confier la responsabilité d'une enquête sur la marine de Guerre. Il embarqua dès l'été 1912 sur la troisième escadre de la Marine nationale et se rendit, en septembre, dans les arsenaux de Brest et de Lorient. L'objectif principal de cette enquête était d'étudier l'état des soutes à poudres et à projectiles sur les navires de guerre. Satisfait des progrès réalisés sur les nouvelles unités, du type Jean-Bart par exemple, il affirma que toutes les précautions possibles « y ont été prises pour que des catastrophes comme celle de l'Iéna » et de la Liberté ne puissent se produire51 ». Ainsi, la question des poudres était-elle toujours l'une de ses grandes préoccupations. Il restait encore à les améliorer afin de les rendre encore plus stables :

« C'est un gros problème au sujet duquel je me suis longuement entretenu avec mon collègue Painlevé52 et dont la Chambre aura à s'occuper cet hiver53 »

48Mais si son enquête visait pour l'essentiel la question des soutes à poudres, il eut également l'occasion d'étudier l'ensemble des services de la Marine : constructions navales (à Brest, les nouveaux bassins de La Ninon), sous-marins, bassins de radoubs etc. Apparemment satisfait de voir la Marine « reprendre enfin le rang qu'elle aurait dû garder54 », Daniélou rencontrait, en octobre 1912, Delcassé, ministre de la Marine, pour lui rendre compte de son enquête.

49Le 30 janvier 1913, il prononça un nouveau discours sur la question des poudres. Il exposa à la tribune de la Chambre les données et aspects techniques de la composition de la poudre B ainsi que les observations des ingénieurs. Sans concessions pour la direction des poudres, il mettait fortement en cause les procédés de fabrication et de trempage de la poudre, comme lors de son grand discours du 11 novembre 1911. Cette fois-ci, il alla plus loin et cita un spécialiste des poudres, le commandant Schwerer : « La suppression du monopole s'impose55 » Daniélou faisait ensuite référence au rapport du budget de la Marine établi par Painlevé :

« Si notre fabrication actuelle prête à de graves critiques, ce n'est pas parce qu'elle est fabrication d'État, c est parce que l'État est seul fabricant56 »

50Il était clair que Charles Daniélou souhaitait la fin du monopole de fabrication des poudres. Il n'hésita pas, d'ailleurs, à apostropher le ministre de la Marine, Pierre Baudin :

« Nous en avons assez des catastrophes que vous avez faites, que vous pouviez éviter, que vous n'avez pas su éviter ! Nous avons vu assez de êtes responsables parce que vous n'avez pas su contrôler, parce que vous n'avez pas voulu entendre, parce que vous êtes restés figés devant une formule incomplète, parce que vous n'avez pas voulu abandonner devant la vérité votre parti pris orgueilleux et vos idées préconçues57 »

51Le ministre de la Marine s'efforça de démontrer que l'administration avait apporté des améliorations à la fabrication des poudres depuis les explosions de l'Iéna et de la Liberté. Cela ne satisfaisait pas Daniélou qui conclut, sous les applaudissements du centre et de la droite, en interpellant le gouvernement : « Nous demandons que le gouvernement français fournisse aux marins français de la bonne poudre58 »

Un important travail parlementaire

52Comme en novembre 1911, l'affaire des poudres mettait au premier plan le travail parlementaire de Charles Daniélou. Il apparaissait alors comme un spécialiste de cette question à propos de laquelle il se vit confier une mission d'enquête par la commission de la Marine. Quelques jours plus tard, il intervint à nouveau, mais cette fois-ci, dans le débat sur le budget de la Marine. Début février 1913, il fit un long discours en forme d'hommage à la politique menée en vue de « redresser » la Marine. Il fit l'éloge du savoir-faire des ouvriers construisant à Brest et à Lorient le Jean-Bart et le Courbet. Ainsi, Daniélou était désormais très au fait des sujets traitant des poudres et de la marine de Guerre. Il s'était imposé car il fut chargé, en décembre 1913, par la commission de la Marine, de rapporter le projet de loi déposé par le gouvernement sur l'organisation du corps des officiers de marine, du corps des équipages de la Flotte et du corps des officiers mécaniciens. Adolescent, il s'était vu interdire la carrière d'officier de marine en se voyant refuser l'entrée à l'École navale. Député, il pouvait servir cette Marine à laquelle il avait tant rêvé. Membre actif de la commission de la Marine, Charles Daniélou était en charge d'autres études et d'autres rapports parlementaires.

53La commission des Comptes définitifs le nomma, le 8 novembre 1912, rapporteur des comptes de l'administration des Beaux-Arts pour l'année 1910. Cette commission le chargea aussi d'un rapport sur l'administration centrale de l'Instruction publique. Suite à ces rapports, il interpellait les ministres concernés en critiquant l'intérêt, l'opportunité de certaines dépenses. Contester les dépenses administratives, jugées toujours trop importantes par les contribuables, pouvait le rendre populaire et lui assurait d'ailleurs le soutien du Courrier du Finistère :

« M. Daniélou a fait là de la bonne besogne car il est intolérable que l'on pille les contribuables avec la désinvolture de cette administration59 »

54Il fut également chargé, en janvier 1913, par la commission de l'Enseignement et des Beaux-Arts, d'un rapport sur une proposition de Georges Berry concernant les pouvoirs des préfets de police visant à interdire toute pièce de théâtre ou chanson qui ferait l'apologie du crime, de l'antipatriotisme ou qui serait un outrage à la pudeur. Accusé par le syndicat des théâtres de vouloir rétablir la censure, Daniélou réagit :

« Ce que nous voulons lui donner [au préfet de police] c'est un pouvoir de répression administrative au moins égal à celui d'un maire de province60 »

55Parlementaire très actif, Daniélou intervint assez fréquemment sur des sujets aussi divers que la discussion du budget des Beaux-Arts, de l'Instruction publique, de l'Agriculture et de la Marine. Il prit aussi l'initiative d'intervenir sur des projets de loi relatifs à la fréquentation scolaire, aux caisses des écoles, à l'organisation de l'enseignement professionnel agricole. Il invita, en 1913, le gouvernement à faire déclarer inéligibles les juges de paix et certains magistrats, dans toute l'étendue du département où ils exerçaient leurs fonctions, afin de préserver leurs décisions de toutes arrière-pensées politiques.

56Si Charles Daniélou était impliqué dans des dossiers de portée nationale, il faisait également remonter à Paris, les problèmes de sa circonscription et de la Bretagne. C'est ainsi qu'il intervint en février 1912 auprès du ministre des Travaux publics, Jean Dupuy, à propos de la ligne de chemin de fer Châteaulin-Camaret, puis au sujet de l'électrification d'un phare près de Morgat. En avril 1912, il intervint auprès du ministre de la Guerre, suite à une rumeur courant sur une diminution des effectifs de la garnison de Crozon qui passeraient de 240 à 70 hommes. Le 18 novembre 1912, il évoquait la situation des agriculteurs bretons à la Chambre et demandait au ministre de l'Agriculture de leur attribuer, suite à un été désastreux, des aides financières pour faire face à l'hiver qui approchait.

57Député conservateur, Daniélou avait pourtant soutenu la politique d'apaisement menée par Aristide Briand qui apparaissait alors « comme le sauveur à bien des hommes classés à droite [...] les jours de peur sociale61 ». Daniélou considérait qu'anarchie et désordre régnaient. Il n'était donc pas surprenant de le voir faire une conférence sur le thème du « désordre moderne62 », à Châtillon-Coligny dans le Loiret. En octobre 1912, lors de son compte rendu de mandat, Daniélou rendit hommage à Poincaré, Millerand et Delcassé, personnages qui, d'après lui, inspiraient confiance à la nation. D'ailleurs, il ajoutait : « Je rends d'autant plus volontiers hommage à la valeur personnelle de chacun de ces hommes que je ne suis pas du même parti qu'eux63 » La fermeté en politique intérieure et extérieure était pour lui essentielle. Il adhérait donc entièrement à la candidature à l'Elysée de Raymond Poincaré, « ce patriote lorrain, ferme républicain, rassurant à droite sans se couper de la gauche, porté par un mouvement d'opinion64 ». Poincaré fut élu, par l'Assemblée nationale, avec 483 voix contre 296 à Pams, le 17 janvier 1913. Cette élection enthousiasma Daniélou qui décida d'écrire à ses électeurs :

« Le 17 janvier 1913 doit rester pour vous une date historique, la date de la magnifique victoire de la république libérale et patriote sur le régime d'intransigeance maçonnique qui s'est appelé le combisme65 »

58Le 18 février 1913, Daniélou envoyait un télégramme de félicitations au nouveau Président de la République. Le 4 mars, il recevait les remerciements de Poincaré :

« Vous avez bien voulu me faire parvenir une adresse de félicitations du conseil municipal de Locronan. J'ai l'honneur de vous remercier de cette communication et je vous serais obligé de transmettre aux membres de cette municipalité mes remerciements pour les sentiments qu'ils m'ont exprimés et dont vous avez bien voulu vous faire l'interprète auprès de moi. Veuillez agréer, monsieur le député, l'assurance de ma haute considération. Poincaré66 »

59Une des grandes questions de l'année 1913 fut celle de la loi de trois ans de service militaire adoptée le 19 juillet à la Chambre. L'Écho de Paris, comme d'autres journaux conservateurs, menèrent « une campagne d'affolement d'une extrême violence67 » plus ou moins inspirée, afin de développer un climat de peur favorisant l'adoption de la loi. C'est dans ce même journal que Charles Daniélou signa un article, le 12 mars 1913, intitulé : « Les braves jeunes gens68 ! ». Il y décrivait une séance du conseil de révision de Châteaulin : « [...] de tous côtés, ils arrivèrent de leurs villages, drapeau en tête, chantant des hymnes patriotiques et de vieux chants bretons69 ». Les explications du préfet sur les nécessités militaires et sur le service de trois ans furent, d'après lui, accueillies par une acclamation : « [...] de Ti Hi Hou, le cri barbare des jours de fête et le cri de guerre des Bretons70 ». Daniélou évoquait ensuite la peur des conscrits de se voir ajournés et comment les plus faibles gonflaient leurs poitrines afin de s'entendre dire : « bon pour le service armé71 ». Il terminait en déclarant :

« Je ne sais pas comment la loi de trois ans sera accueillie dans les autres régions, mais ce que je sais aujourd'hui, c'est que chez mes Bretons, il ne s'élèvera pas de murmure de désapprobation et que tous les jeunes conscrits, frères de nos héroïques marins de la Liberté, répondront avec enthousiasme à l'appel de la patrie72. »

60En signant un tel article Charles Daniélou participait à la campagne menée en faveur de la loi de trois ans par la presse conservatrice. Les conscrits chantant avec les drapeaux, heureux par la perspective d'un départ de trois ans à l'armée, c'était là une vision bien idyllique et caricaturale qui servait les intérêts des nationalistes à la Chambre. Il allait jusqu'à avancer que l'ensemble des Bretons soutenait cette loi et n'omettait pas de rappeler, une fois encore, le sacrifice des marins de la Liberté. Mise au vote après des mois de campagne passionnée, cette loi fut adoptée par 358 voix contre 204, la droite, le centre et une partie de la gauche ayant voté pour comme Daniélou et Albert de Mun. Mais, dès septembre, Daniélou dut défendre cette position lors d'une réunion du comice agricole du canton de Pleyben. En effet, les agriculteurs s'inquiétaient de voir partir pour trois ans une partie de leur main-d’œuvre. Conscient de la rareté de celle-ci, Daniélou reconnaissait que cette loi aggravait leurs problèmes mais il déclarait :

« Quels éloges ne méritez-vous pas pour accueillir avec ce patriotique désintéressement de pareils sacrifices et quels éloges aussi ne méritent pas vos jeunes fils, cette vaillante classe de vingt ans, que je viens de voir accourir aux conseils de révisions avec l'enthousiasme des volontaires des premières armées de la république73 »

61Il terminait de façon lyrique :

« Un pays qui trouve un si grand désintéressement chez les hommes, un si noble enthousiasme chez ses enfants est un pays qui ne peut pas mourir74 »

62Par cet engagement en faveur de cette loi de trois ans, Charles Daniélou adoptait la ligne politique des conservateurs. Ce texte tenait lieu de riposte aux projets de réarmement de l'Allemagne et devait permettre de préparer le pays face à la menace étrangère qui se faisait plus précise.

Un livre compte rendu de mandat : Études contemporaines

63Charles Daniélou publia, au printemps 1913, chez Eugène Figuière, un livre mêlant réflexions politiques et discours. Il souhaitait, ainsi, faire connaître ses idées et valoriser les discours prononcés à la Chambre et ailleurs. Il abordait dans Études contemporaines, divers aspects de la vie politique régionale, nationale et internationale. Ce livre débutait par l'évocation du régionalisme. Commencer ainsi montrait, une fois encore, l'importance qu'avait cet engagement pour lui. Ce livre fut d'ailleurs bien accueilli par l'URB qui dans son bulletin le qualifia « d'un vif intérêt75 » notamment pour les textes consacrés à Alain Le Grand et Nominoé qui sont « de magnifiques témoignages d'une haute éloquence bretonne76 ».

64Daniélou évoquait ensuite, sous le titre « Autour de la séparation », la question de la suprématie française dans le Levant. Il défendait les Écoles françaises d'Orient et le rôle essentiel qu'elles jouaient pour maintenir et développer le rayonnement de la culture nationale. Il se montrait un ardent défenseur des écoles catholiques implantées à l'étranger et un adversaire de la Mission laïque dont le but était de développer un enseignement français laïque en Orient, et plus généralement à l'étranger. Il pensait que : « là où le religieux a réussi avec ses qualités si précieuses d'abnégation et de persévérance, l'instituteur laïque échouera fatalement77 ».

65Il dressait ensuite une chronique des événements qui amenèrent à la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905 et évoquait la tentative de Monseigneur Villate de créer en 1906 une Église indépendante du Vatican. Après avoir évoqué cette « ridicule tentative78 », Daniélou abordait la politique étrangère.

66Dans un texte intitulé « Affaires étrangères », il évoquait la situation diplomatique de la Turquie, de l'Autriche, de la Bulgarie et celle, dans les Balkans, de la Serbie, du Monténégro, de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, conscient que : « les Serbes ne songèrent qu'à fourbir leurs armes pour une revanche qui leur apparaissait devoir être prochaine79 ». Mais, plus que la politique extérieure, la situation intérieure inspirait le député du Finistère.

67Sous le titre évocateur de « désordre actuel », il abordait l'actualité. Il contestait aux fonctionnaires le droit de faire grève. Pour lui, ils devaient plus que les autres citoyens « avoir le souci de faire respecter l'ordre80 » car ils doivent « se considérer comme de véritables missionnaires de l'ordre public81 ». La grève était pour Daniélou, la résultante de la propagande syndicale et socialiste. Il mettait en cause les gouvernements qui n'avaient pas su prendre :

« Les mesures nécessaires pour arrêter la propagande qui trouble les consciences et qui fausse les jugements de la classe ouvrière82 ».

68Daniélou n'acceptait pas la propagande menée par une CGT qui prônait le socialisme révolutionnaire et l'antimilitarisme. Il apparaissait bien là dans la ligne conservatrice. Il terminait son ouvrage par des réflexions sur des sujets de société.

69Il évoqua le droit de vote des femmes aux élections municipales. Il reconnaissait que « les droits de la femme en matière électorale n'ont jamais fixé sérieusement notre attention83 ». L'idée de les voir voter à toutes les élections ne lui plaisait pas, même s'il n'était pas hostile au vote féminin. Mais, s'il affirmait n'être « pas partisan d'accorder le droit électoral et électif à toutes les femmes - elles y perdraient autant que nous84 », il estimait toutefois que seule une catégorie très spécifique d'entre elles pourrait voter. Il pensait là aux veuves assurant la charge d'un foyer. En effet, seul le chef de famille pouvait voter et ce rôle était accompli non seulement par les hommes mais aussi par les veuves. Daniélou trouvait donc « légitime d'attribuer à la mère de famille veuve, jusqu'à la majorité du plus jeune de ses fils, la voix du père malheureusement disparu85 ». Il adoptait ainsi une position modérée.

70Charles Daniélou abordait, pour finir, le problème de la peine de mort. La Chambre avait débattu en 1908 du maintien ou non de la peine capitale. Cela lui inspirait diverses réflexions. Il pensait que la peur de l'échafaud n'était pas dissuasive pour le criminel. Pour lui « ce qui pourrait l'arrêter, dans son œuvre néfaste, c'est le respect qu'il devrait avoir de son prochain ; c'est la conscience de l'abomination de l'acte irréparable qu'il est prêt à commettre ; c'est surtout la crainte d'un éternel châtiment, plus effroyable que tous les échafauds du monde86 ». Daniélou voulait que le respect d'autrui soit développé et entretenu et attaquait les gouvernements qui s'étaient succédés en affirmant que :

« l'augmentation du nombre des grands crimes provient bien moins de la disparition de l'ombre de la guillotine que des doctrines prêchées par les hommes au pouvoir87 ».

71Ainsi, Daniélou mettait en cause les thèses défendues par le pouvoir qui privilégiait la prévention sur la répression et la politique anticléricale qu'il avait menée, conduisant, selon lui, à l'affaiblissement de l'esprit religieux et de l'amour de son prochain. Il n'abordait pas du tout une des causes du développement de l'insécurité de l'époque : la crise sociale, les conditions de vie difficiles des milieux modestes. Il préférait évoquer un nécessaire retour à la morale.

72Dans cet ouvrage, Charles Daniélou livrait aux lecteurs ses réflexions sur l'actualité politique. En abordant en premier le régionalisme, il montrait combien ce combat comptait dans sa vie. Décrivant ensuite les événements qui découlèrent de la séparation de l'Église et de l'État et le « désordre actuel », il portait un regard critique sur la politique intérieure française. Il apparaissait aussi bien informé sur les origines de la crise orientale. Daniélou montrait ainsi qu'il possédait une vision globale de la vie publique ; tous ses aspects l'intéressaient et il avait une vision élargie de l'action que pouvait mener un parlementaire. En publiant cet ouvrage en juin 1913, à moins d'un an des élections législatives, il disposait d'un support pour diffuser ses idées et valoriser l'action menée pendant cette législature à la Chambre.

73La famille Daniélou s'agrandit en 1909 par la naissance d'une fille, Catherine, et en 1912 par celle d'un troisième garçon, François. Si Charles menait un ardent combat politique, sa femme, Madeleine continuait de son côté, son action en faveur de l'éducation privée féminine. Madeleine Daniélou ouvrait en 1913 l'École normale et le premier collège secondaire à Neuilly, au 24 boulevard Victor Hugo. Passionnée par les questions d'éducation, elle se voulait une éducatrice proche de Mme de Maintenon, et se dévoua à l'éducation des jeunes filles car dans « les années 1902-1903, elle avait été frappée par la crise de la foi que traversaient beaucoup de jeunes filles de l'enseignement public88 ». Elle voulait faire en sorte de « créer un milieu de qualité intellectuelle très grande à l'intérieur duquel la foi puisse se développer89 ». Par son engagement politique mais surtout par l'action de sa femme, Charles Daniélou vivait dans un environnement très marqué par la religion.

74Actif à la Chambre, Daniélou était également présent dans sa circonscription. Il séjournait l'été dans son manoir de Kergwénolé et participa au grand pardon de Cournouaille, celui de Sainte-Anne-la-Palud. C'était pour lui l'occasion de rencontrer ses électeurs car une grande partie de la population de sa circonscription était présente. En 1913, Charles Daniélou était accompagné d'Émile Villiers, sénateur du Finistère, du marquis de l'Estourbeillon, député du Morbihan et président de l'URB et d'Albert de Mun, député de Morlaix90.

75Le sous-secrétariat d'État à la Marine marchande fut créé, le 22 mars 1913 par le ministère Barthou et confié à Anatole de Monzie dont c'était le premier poste gouvernemental. À la fin de l'année 1913, il vint dans le Finistère en voyage officiel et se rendit, entre autre, à Camaret. Daniélou accueillit, en tant que député de la circonscription, le membre du gouvernement. Cela avait pourtant posé quelques problèmes aux services de l'administration. En effet, le docteur Auffret se trouverait en présence de Daniélou lors de l'accueil d'Anatole de Monzie. Or, Auffret répandait partout qu'il se présenterait contre le député sortant lors des prochaines élections législatives. Une confrontation pouvait donc avoir lieu. Après enquête, il était clair que « la politique serait rigoureusement bannie de la réception. Le maire est bien décidé à y veiller ainsi qu'il a bien voulu me le dire91 ». Les services de la préfecture préparèrent la visite du sous-secrétaire d'État et prévoyaient un discours de Daniélou « si monsieur de Monzie le désire92 » ; discours dans lequel « il le priera de vouloir bien insister auprès du Président de la République pour qu'il vienne en Bretagne l'an prochain93 ». Après s'être rendu à Bannalec, Concarneau et Pont-l'Abbé, il reçut les délégués de pêcheurs de Douarnenez à propos de la crise sardinière. Il s'embarqua ensuite à bord du contre-torpilleur la Tramontaine qui l'amena à Camaret. Il y fut accueilli par Charles Daniélou qui prononça un discours après ceux du maire de Camaret, Toussaint Le Garrec, de Toudouze, rédacteur en chef de la Ligue maritime française et du poète Saint-Pol-Roux. Daniélou dit au sous-secrétaire d'État qu'il était très heureux de sa venue à Camaret car cela était « le gage de [sa] sollicitude pour toute la population maritime de la presqu'île de Crozon et pour nos Camaretois en particulier94 ». Il se félicita ensuite de la création de ce sous-secrétariat d'État et rendit hommage à la population de Camaret :

« Une population calme et laborieuse. Par ses propres moyens, au milieu des crises les plus redoutables, elle a transformé ses armements et ses engins de pêche, sans bruit, et au prix des plus lourds sacrifices qu'elle a vaillamment consentis. Par l'exemple qu'elle a donné, elle a mérité que vous vous intéressiez tout particulièrement à elle95 »

76Charles Daniélou traça, pour finir, un tableau poétique de la région en évoquant les rives déchiquetées, les rocs et les longues plages de sable fin et, comme prévu, demanda à de Monzie de faire :

« partager son enthousiasme à M. Poincaré pour que notre région soit comprise à l'un des premiers rangs parmi celles que le Président de la République se propose de visiter pendant son septennat96 ».

77La venue du sous-secrétaire d'État à la Marine marchande était un atout important pour Daniélou à quelques mois des élections. En effet, elle le valorisait auprès de la population maritime de sa circonscription car elle lui permettait de défendre les intérêts des pêcheurs en rapportant à Anatole de Monzie leurs revendications. Il espérait qu'ils ne l'oublieraient pas lors des élections législatives de 1914.

78Fidèle à son engagement régionaliste, Charles Daniélou participa au sixième congrès des membres de l'URB résidant à Paris, le 29 janvier 1914. Il reçut d'ailleurs lors de ce repas, par deux fois, un hommage appuyé de son président. Le marquis de L'Estourbeillon insista sur la venue de « MM. Ginoux-Defermon et Daniélou, députés bretons toujours sur la brèche97 ». Puis, après le discours présidentiel, Charles Daniélou prononça « des paroles très goûtées et fort applaudies, en bon et fervent apôtre de la cause régionaliste98 ». Le président de l'URB appréciait le député-maire de Locronan et lui rendait publiquement hommage. Mais, si ce combat régionaliste avait toujours la même importance, d'autres échéances approchaient ; une autre lutte devait s'engager.

79Le jeune homme que les électeurs envoyèrent à la Chambre n'était pas un novice en politique. Armé de solides relations dans tous les milieux et d'une expérience de l'arène politique, Daniélou s'adapta rapidement à ses nouvelles fonctions de parlementaire. Membre de diverses commissions dont il était, pour plusieurs d'entre elles, le rapporteur, puis secrétaire de la Chambre, il s'impliquait beaucoup dans ses nouvelles fonctions de parlementaire. Profitant de l'affaire des poudres pour intervenir à la Chambre, il put y acquérir une audience nationale et interpella le gouvernement à diverses reprises. La politique intérieure le passionnait mais il n'en oubliait pas pour autant le combat pour la Bretagne. Par ses prises de position et ses discours, ce membre actif de l'URB réussissait à allier le combat pour la grande patrie et celui nécessaire pour la petite. Ainsi, il soulevait à la Chambre des problèmes bretons et, devenu maire de Locronan, il s'enracinait encore plus profondément sur la terre de ses ancêtres. Ne négligeant pas l'écriture, il publiait un ouvrage politique en 1913 sachant qu'il pourrait être utile lors de la campagne à venir. Recevoir le sous-secrétaire d'État à la Marine marchande à Camaret le valorisait auprès des marins pêcheurs à quelques mois des élections. Un nouveau combat devrait être mené pour obtenir le renouvellement de la confiance de ses électeurs et ainsi être à nouveau convié « aux soupers de Marianne99 ».

Notes de bas de page

1 Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la Troisième république, op. cit., p. 221.

2 ADF 1 M 135, sous-préfet de Châteaulin, le 6 août 1910.

3 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 185.

4 Idem, p. 152.

5 Le Courrier du Finistère, 28 janvier 1911.

6 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 153.

7 Idem, p. 153.

8 Ibidem, p. 154.

9 Ibidem, p. 157.

10 Charles Daniélou, Dans l'intimité de [..,], op. cit., p. 84.

11 Le Courrier du Finistère, 7 octobre 1911.

12 Idem.

13 Ibidem.

14 Ibidem.

15 Ibidem.

16 Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires [...] op. cit., p. 1935.

17 Ernest Monis, La foudre B et la Marine nationale, Paris, Charles-Lavauzelle, 1912, p. 11.

18 Jacques Vichot, Répertoire des navires de guerre français, Paris, Association des amis des musées de la Marine, 1967, p. 85.

19 Le Courrier du Finistère, 18 novembre 1911.

20 Le Courrier du Finistère, 18 novembre 1911.

21 Idem.

22 Ibidem.

23 Ibidem.

24 Ibidem.

25 Ibidem.

26 Ibidem.

27 Ibidem.

28 Ibidem.

29 Ibidem.

30 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 185.

31 Idem, p. 43.

32 Ibidem, p. 44.

33 Ibidem, p. 45.

34 Ibidem, p. 48.

35 Ibidem, p. 51.

36 Ibidem, p. 32.

37 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 185.

38 Bulletin de l'URB 1912, congrès de Saint-Renan de 1911, p. 43.

39 Charles Daniélou, Dans l'intimité de Marianne, op. cit., p 30.

40 Bulletin de l'URB, congrès de Redon, 9-15 septembre 1912, p. 274.

41 Idem, p. 275.

42 Ibidem, p. 275.

43 Ibidem, p. 282.

44 Ibidem, p. 282.

45 Le Courrier du Finistère, 21 septembre 1912.

46 Le Courrier du Finistère, 21 septembre 1912.

47 Bulletin de l'URB, congrès de Redon, 9-15 septembre 1912, p. 282.

48 Camille Le Mercier d'Erm, Les bardes et poètes [...], op., cit., p. 524.

49 Yves Le Berre, La littérature de langue bretonne, livres et brochures entre 1790 et 1918, Brest, Ar Skol Vrezoneg, 1994, p. 156.

50 ADF 3 M 580, élections municipales de mai 1912.

51 Le Courrier du Finistère, 7 septembre 1912.

52 P. Painlevé était le rapporteur du budget de la Marine.

53 Le Courrier du Finistère, 7 septembre 1912.

54 Idem.

55 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 185.

56 Idem, p. 185.

57 Ibidem, p. 189.

58 Ibidem, p. 191.

59 Le Courrier du Finistère, première page, 7 décembre 1912.

60 Le Courrier du Finistère, 18 janvier 1913.

61 Madeleine Rebérioux, La République radicale ?, op. cit., p. 138.

62 Le Courrier du Finistère, 5 octobre 1912.

63 Idem, 26 octobre 1912.

64 Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la Troisième république, op. cit., p. 228.

65 Le Courrier du Finistère, 25 janvier 1913.

66 Archives municipales de Locronan. Télégramme de Raymond Poincaré à Charles Daniélou, 4 mars 1913.

67 Madeleine Rebérioux, La République radicale ?, op. cit., p. 226.

68 L'Écho de Paris, cité par Le Courrier du Finistère, 15 mars 1913.

69 L'Écho de Paris, cité par Le Courrier du Finistère, 15 mars 1913.

70 Ibidem.

71 Ibidem.

72 Ibidem.

73 Le Courrier du Finistère, 20 septembre 1913.

74 Idem.

75 Bulletin de l'URB, 1914, p. 46.

76 Bulletin de l'URB, 1914, p. 46.

77 Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 85.

78 Idem, p. 117.

79 Ibidem, p. 134.

80 Ibidem, p. 138.

81 Ibidem, p. 141

82 Ibidem, p. 142.

83 Ibidem, p. 211.

84 Ibidem, p. 213.

85 Ibidem, p. 213.

86 Ibidem, p. 216.

87 Ibidem, p. 216.

88 Jean Daniélou, Et qui est mon prochain Paris, stock, 1974, p. 34.

89 Idem, p. 34.

90 Michelle Le Bloa, Un pardon de Basse-Bretagne, Sainte-Anne-la-Palud, 1913-1964, mémoire de maîtrise, UBO, 1992, p. 213.

91 ADF 1 M 321, rapport du commissaire spécial de Quimper au préfet, septembre 1913.

92 Idem.

93 Ibidem.

94 Le Courrier du Finistère, 11 octobre 1913.

95 Idem.

96 Ibidem.

97 Bulletin de l'URB, 1914, p. 124.

98 Idem, p. 124.

99 Charles Daniélou, Dans l'intimité de Marianne, op. cit., p. 1.

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