Chapitre I. Les origines d'une carrière politique (1878-1907)
p. 17-33
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Texte intégral
Les Daniélou et la politique : une tradition familiale
Des ancêtres maires
1Le goût de la politique apparaît parfois comme une passion héritée de ses ancêtres. Cela paraît bien être le cas dans la famille de Charles Daniélou car déjà son arrière grand-père occupait les fonctions de maire de Locronan. Au xviiie siècle, on note un détail intéressant : par le mariage de Jean Daniélou et de Françoise Le Coz, la sœur du père du futur évêque constitutionnel Claude Le Coz, les deux familles sont apparentées. L'engagement politique apparaît sous le Premier Empire : la passion politique avait gagné Jean-Marie Daniélou (1764-1814), maire de Locronan sous Napoléon 1er. Marié le 21 germinal An V à Marie-Anne Dumoulin, il était receveur de l'enregistrement. De cette union naquit un fils, Jean-Pierre, « ondoyé par sa grand-mère Le Bian et baptisé par un prêtre réfractaire (Balcon)1 ».
2Jean-Pierre Daniélou épousa Marie-Anne Kervern et fut notaire à Locronan puis à Pouldavid avant de s'établir à Douarnenez. D'avril 1848 à janvier 1849, il fut maire de Douarnenez et symbolisa le renouveau du sentiment républicain. En 1854, il décida de revenir à Locronan pour y finir sa vie. Si Jean-Pierre Daniélou était un républicain convaincu, son fils, Eugène Lucien Napoléon, symbolisa cet engagement de manière encore plus forte.
3Eugène Daniélou est né à Douarnenez en 1834. Devenu marchand de vin, il était l'un des principaux négociants de Douarnenez. Il importait et exportait diverses marchandises et possédait plusieurs bateaux : « dans la famille on disait qu'il était armateur, cela faisait plus convenable2 ». Il acquit ainsi une importante fortune et s'engagea dans la vie municipale, du côté républicain : premier magistrat de Douarnenez à plusieurs reprises, il laissa l'image d'un grand maire dans toute la région.
4Son premier mandat municipal fut de courte durée car il ne dépassa pas l'été 1855. Il redevint ensuite maire du 14 mai 1871 à décembre 1873. 1882 marqua en revanche son installation à la mairie pour six années : de mai 1882 à mai 1888, Eugène Daniélou dirigea l'action de la municipalité pour la troisième fois et apparut comme « la bête noire de la droite à Douarnenez à cause de la violence et aussi de la hardiesse de ses idées3 ». C'était un républicain très dur, « au caractère violent, un peu cassant [...]4 », qui s'était illustré par son engagement pour « la diffusion de l'enseignement comme pour l'indépendance de ses idées religieuses5 ». Républicain sur le plan politique, il était un athée militant, un anticlérical déclaré qui refusa de se marier à l'église et de laisser baptiser ses enfants. S'il fut très populaire auprès des marins pêcheurs, ses idées ont « choqué, effrayé, parfois certains républicains6 ». Battu par Émile Giffo en 1888, il redevint maire, pour la quatrième fois, de mai 1892 à mai 1896. Fidèle à son engagement, il représentait toujours « la tendance pure et dure du parti républicain, contre la droite7 ». Il laissa à sa mort le souvenir d'un maire anticlérical et d'un homme généreux, proche des populations maritimes, plutôt misérables, qu'il aimait. Lors de ses obsèques civiles, en 1897, une foule immense accompagna le cortège de cet ancien maire si haut en couleurs.
Une jeunesse douarneniste et brestoise (1878-1897)
5Charles-Léon-Claude Daniélou est né le 13 juillet 1878 à Douarnenez, rue Monte-Au-Ciel. Son père alors âgé de quarante-trois ans et sa mère, Marie Poullouin, âgée de trente ans, n'étaient pas mariés. « La tradition raconte que l'enfant n'ayant pas été baptisé, le fut, d'office, par les lavandières douarnenistes8. » Le couple a eu neuf enfants dont cinq sont morts très jeunes. La famille vivait rue Monte-Au-Ciel, dans un couvent de sœurs blanches transformé en commerce. Charles fut élevé avec ses frères et sœurs dans un climat anticlérical et ne fut baptisé « officiellement » qu'à vingt ans, à Paris. Il fréquenta, enfant, l'école communale de Douarnenez et vécut au milieu des fils de pêcheurs sur les bancs de l'école primaire. Il aimait regarder, au port, le va-et-vient incessant des barques aux voiles brunes et passait de longs moments à observer les femmes qui, assises devant leurs fenêtres, fabriquaient des filets de pêche : « moi-même, en les regardant, j'apprenais leur métier et faisais de petits filets9 ».
6Il dut cependant quitter cet univers pour aller étudier au lycée, à Brest. Son ambition : faire une carrière d'officier dans la Marine nationale. Il prépara alors l'entrée à l'École Navale mais fut écarté lors de l'examen médical à cause de sa vue. Après cette cruelle déception, il se lança dans la poésie et ne songeait plus qu'aux lettres. Lycéen à Brest, il écrivit ses premiers vers et contacta Renan Saib, directeur d'une nouvelle revue littéraire lorientaise, Le Clocher Breton. La parution de ses tout premiers vers coïncida avec le moment où il passait l'oral de la première partie du baccalauréat :
« Je me souviens que, quand je rentrai de Rennes, mon père me dit en riant, pendant qu'il me montrait le fascicule du Clocher Breton : tiens, voici ce qui est arrivé pour toi en ton absence. Heureusement que tu as été reçu, sans cela tu pouvais être sûr que j'allais te sermonner d'importance10 »
7Cet amour de la littérature qui lui vint de bonne heure ne le quitta plus. Il adorait surtout la poésie et composait déjà de nombreux poèmes aux thèmes romantiques, évoquant la Bretagne de l'Armor et de l'Argoat :
« Ô terre de granit j'exalterai toujours,
Et de toute l' ardeur de ma foi, ta nature
Avec ses âpretés et ses riches labours
Où lève, au clair soleil, la récolte future.
Mais je dirai surtout la gloire de tes flots
Qui roulent sur le sable et les galets des plages,
Se brisent dans les rocs et dont tous les sanglots
Prolongent leur rumeur au sein des coquillages.
Et quand j'aurai chanté, dans le couchant vermeil,
Ma dernière chanson sur ta falaise creuse,
Si le vent de la mer vient bercer mon sommeil,
Mon âme, au son du glas, s'en ira plus heureuse. »
Décembre 189611.
8Dans ce poème on décèle déjà, chez ce jeune homme de dix-huit ans, l'amour mêlé des lettres et de la Bretagne.
9Il est vrai que la région de Douarnenez a inspiré bien des vocations et des artistes. À la fin du xixe siècle, de nombreux artistes et écrivains fréquentant l'été la Bretagne, choisissaient d'y séjourner. Parmi eux, il y avait les poètes parnassiens qui voulaient réagir contre les épanchements romantiques et lyriques par la recherche de la perfection formelle.
10Jean Richepin, Raoul Ponchon, André Theuriet et le paysagiste Lansyer et surtout Sully Prudhomme, François Coppée et José Maria de Héré-dia étaient douarnenistes pendant les mois d'été. « José Maria de Hérédia affectionnait particulièrement Douarnenez12 », qu'il découvrit en 1863. Il y fit quatre séjours entre 1891 et 1896. Ces poètes parnassiens se retrouvaient, en fin de journée, sur la place de Douarnenez, dans un petit bureau de tabac tenu par les deux vieilles demoiselles Madézo. C'est là qu'ils rencontrèrent le père de Charles, Eugène Daniélou, alors maire de la ville, avec lequel ils allaient en mer :
« Ils naviguaient avec mon père sur notre cotre, le blanc Fortunio, ou bien, ils empruntaient ses chevaux pour aller galoper en campagne13. »
11Si Charles Daniélou avait publié quelques vers dans Le Clocher Breton, il avait également réussi à faire publier par un éditeur de Lorient un petit recueil de ses premiers poèmes. Jeune poète et déjà fortement parnassien, il avait envoyé à François Coppée un exemplaire de ce petit livre de poèmes dont l'un lui était dédié. Le 18 février 1897, il reçut une lettre de remerciements de l'académicien, immédiatement interprétée comme un encouragement à venir à Paris pour se lancer entièrement dans la poésie. Cette lettre lui « suffit pour convaincre [sa] mère que [sa] destinée [1'] appelait à Paris14 ». Les demoiselles Madézo confièrent au jeune Daniélou, avant son départ pour Paris, une lettre de recommandation « plus puissante que ne l'aurait été une missive d'un prince de la littérature15 ». Grâce à cette lettre et au souvenir d'Eugène Daniélou qu'elle rappelait, Charles, jeune apprenti-poète de dix-neuf ans, fut accueilli chez Hérédia et chez Coppée comme un « enfant de la maison16 ». Il entrait ainsi du jour au lendemain, dans le monde nouveau, et au combien exaltant, des salons littéraires et mondains de la capitale.
Initiations politiques et littéraires (1897-1907)
12En quittant Douarnenez à dix-neuf ans pour tenter l'aventure littéraire à Paris, Charles Daniélou passait instantanément dans un autre monde : celui de l'élite intellectuelle et politique du pays.
Les salons parisiens et l'entrée en littérature
13Eugène Daniélou avait laissé à sa mort une fortune importante mais nul ne sait ce qu'elle devint ! Alain Daniélou, fils de Charles, a écrit plus tard qu'il avait entendu parler « d'une vie de folie qu'auraient menée les trois frères [...]17 ». Ce qui semble certain, c'est que le jeune poète breton qui arrive à Paris en 1897 est désargenté. Fréquentant le cénacle de Hérédia et de Coppée, il sut bénéficier de leurs relations et fut hébergé chez la très riche baronne Pierard. Il se mit bientôt à fréquenter le salon d'écrivains quelque peu dissidents qui s'était formé autour de madame Le Fer de La Motte.
14Cette Espagnole, un temps supérieure d'une congrégation religieuse, fut mise en cause par la famille Bassot mécontente que leur fille s'affilie aux œuvres sociales qu'elle avait fondées. Elle fut toutefois réhabilitée grâce en particulier à l'appui inconditionnel du cardinal Amette, archevêque de Paris18. Elle devint une sorte de mystique, de gourou qui vivait entourée de poètes et d'artistes. Ce cénacle, que fréquentait assidûment la baronne Pierard, fit en sorte de convertir Charles Daniélou, même s'il avait suivi, dès 1895, l'enseignement religieux donné par les Oratoriennes aux élèves du lycée de Brest. Et s'il souhaitait se faire baptiser depuis cette époque, il avait différé son baptême pour ne pas entrer en opposition avec son père. C'est en 1897 qu'il fut baptisé « dans la chapelle des religieuses de l'Oratoire des mains de Monseigneur Jourdan de La Passadière19 ». Ce baptême était aussi pour lui un excellent moyen de bien s'intégrer dans ce nouveau monde.
15Familier des salons littéraires où il parlait à tous de « son pays comme du plus beau du monde20 », il fut amené à rencontrer chez Hérédia, Henry de Régnier, Pierre Louÿs, à côté d'hommes politiques tels que Gabriel Hanotaux, Louis Barthou, Georges Leygues. Chez Coppée, il eut le privilège de connaître Émile Zola et d'autres personnalités comme Monseigneur Duchesne, Brunetière, ou encore Sarah Bernardt accompagnée d'Edmond Rostand qui préparait pour elle le rôle de L'Aiglon. Il y rencontra aussi Deschanel, Déroulède, Barrès etc. Par ailleurs, il rendait visite, rue d'Artois, à Jules Lemaître qui écrivait ses Contemporains.
16Charles Daniélou établit donc rapidement des relations dans les milieux de la littérature et de la politique. Il rencontra des académiciens, des hommes politiques de la droite nationaliste, mais aussi des personnalités de la gauche. Peut-on rêver mieux, pour un jeune poète fraîchement débarqué, que ces premières années parisiennes marquées par des relations suivies avec les milieux littéraires les plus célèbres de l'époque ? La fréquentation de Coppée et de Lemaître le poussa et le conforta dans l'écriture et dans la publication de poèmes : en 1899, un nouveau recueil, Ascension, fut édité chez Perrin. Ces premiers mois déterminèrent la profession « d'homme de lettres » et son premier engagement politique, à droite.
L'engagement à droite : la Ligue de la patrie française
17Arrivé à Paris à la fin de 1897, Charles Daniélou avait rapidement noué des relations avec Coppée, Lemaître et bien d'autres. Par ses fréquentations, il devait se trouver mêlé à l'événement politique majeur de cette fin de siècle : l'affaire Dreyfus.
18Condamné pour haute trahison à la déportation perpétuelle, le capitaine Dreyfus fut envoyé à l'île du Diable en 1895. Si cela ne provoqua aucune émotion particulière, les révélations du colonel Picquart puis la mise en cause d'Esterhazy furent à l'origine, dès la fin de 1897, des doutes qui commencèrent à apparaître sur la réelle culpabilité de Dreyfus. Un torrent de passions se déchaîna alors sur le pays qui se trouvait divisé en deux camps : les dreyfusards et les antidreyfusards. L'affaire Dreyfus amena l'engagement d'écrivains et d'intellectuels avec notamment à gauche Zola, Péguy, Proust, Anatole France et à droite Barrès, Coppée, Lemaître. Fréquentant ces trois derniers, Charles Daniélou se trouvait donc au cœur de salons peuplés d'antidreyfusards déclarés et militants. Tous soutenaient la chose jugée et étaient hostiles à la révision du procès qui porterait atteinte à l'honneur militaire.
19En janvier 1898, Daniélou a l'occasion d'assister à un événement dont il fut, d'après lui, l'unique témoin : la dernière rencontre entre Émile Zola et François Coppée. Zola, romancier populaire, riche et mondialement connu, convaincu de l'innocence de Dreyfus, était écœuré par la campagne nationaliste et antisémite qui battait son plein. Il décida d'utiliser sa notoriété pour aider le capitaine et souhaita faire paraître un texte dans la presse. Après avoir rédigé sa « Lettre au Président de la République », il alla voir Coppée avec lequel il entretenait une amitié de vingt ans. Ce 12 janvier 1898, Charles Daniélou était avec l'académicien lorsque Émile Zola demanda à être introduit. Alors que Coppée le recevait, Daniélou se retira, laissant les deux écrivains ensemble. Il put néanmoins déceler combien cette entrevue, de près d'une heure, était orageuse : ils évoquaient l'Affaire et « François Coppée, auquel Zola montre quelques feuillets, le supplie de ne rien publier21. » Au moment où ils se quittent, Charles Daniélou voit les deux hommes : « les yeux pleins de larmes se donnant une affectueuse étreinte22 ». Coppée se confia alors à son jeune visiteur et lui fit part de son émotion :
« Mon petit vous me voyez désemparé.
Voyez le mal que la politique peut faire à une amitié vieille d'un demi-siècle. Zola est plus décidé que jamais à se jeter dans la lutte. Il vient de me lire une lettre qu'il publiera demain sous le titre : J'accuse. Comme si nous n'étions pas assez divisés ! J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le retenir. La politique n'est pas notre affaire. Nous ne pouvons y récolter que des ennuis. La vente de ses livres s'en ressentira. Je lui ai dit quelle épreuve allait subir notre vieille amitié, mais il n'a rien voulu entendre23. »
20François Coppée et Émile Zola ne se revirent plus jamais après cette entrevue. Dès le lendemain, le 13 janvier 1898, L'Aurore tirait à 300 000 exemplaires la lettre de Zola qui, en s'investissant ainsi dans la lutte, devenait « le héros éponyme de l'engagement des intellectuels dans l'Affaire 2424. » Si l'affaire Dreyfus divisa la France en deux camps, elle changea aussi les formes du combat politique. En effet, les ligues, véritables organisations de masse, supplantent alors les vieilles formations représentées au parlement : la Ligue des droits de l'homme chez les dreyfusards, la Ligue des patriotes et surtout la Ligue de la patrie française chez les antidreyfusards. De spectateur, Daniélou se transforma en acteur engagé. En devenant membre de la Ligue de la patrie française, il entrait dans le combat antidreyfusard. Cette expérience fut sa première initiation à la vie politique.
21Pour répliquer à la création, le 20 février 1898, de la Ligue des droits de l'homme, Louis Dausset, Henri Vaugeois et Gabriel Syveton fondèrent, le 31 décembre 1898, la Ligue de la patrie française. La ligue se structura dès janvier 1899 : François Coppée était le président d'honneur, Jules Lemaître le président, Henri Vaugeois le secrétaire général, Syveton le trésorier. Barrès et Albert de Mun étaient membres du Comité directeur. Daniélou y a-t-il adhéré dès sa création ? Entretenant des contacts très réguliers avec Coppée et Lemaître, cela paraît vraisemblable. Il est toutefois certain qu'il en fait partie en 1900 au moment où Syveton en est devenu l'homme-clé.
22Syveton, qui régente les finances de la ligue, coordonne et impose ses orientations en attribuant de l'argent à certains délégués. Il multiplie les voyages en province pour susciter la création de sections locales et apparaît comme le collaborateur le plus proche de Lemaître. Syveton vint d'ailleurs à Brest en septembre 1899 pour créer une section de la ligue afin de « protester contre les manifestations antipatriotiques et la propagande anarchiste25 ». Peut-être était-il accompagné de Charles Daniélou, ligueur d'origine finistérienne ?
23Daniélou fit partie de l'équipe de délégués chargés par Syveton d'examiner les circonscriptions et de dresser une carte électorale du pays. L'objectif était de mettre sur pied un comité régional dans chacune des douze régions définies afin de diriger les comités locaux qui servaient de relais aux décisions parisiennes. Charles Daniélou fut ensuite nommé Délégué général de la patrie française pour l'Ouest. Il fit à ce titre de nombreuses conférences et prit part à la protestation contre la révision du procès Dreyfus en développant l'idéologie de la ligue : lutte antimaçonnique, défense catholique, combat pour l'enseignement libre, défense des congrégations et surtout antidreyfusisme.
241902 marqua pour la ligue une importante défaite électorale à laquelle s'ajouta une crise interne révélée par la démission de Coppée. Charles Daniélou qui était devenu, cette même année, le secrétaire de Gabriel Syveton, fut chargé par Jules Lemaître de négocier avec François Coppée le retrait d'une phrase figurant dans la lettre de démission de l'académicien. Coppée avait décidé de quitter la ligue car il n'acceptait pas sa mise à l'écart lors de la campagne électorale. Car revenu avec ferveur à la religion, il manifestait sa foi de manière tapageuse. Or, cela gênait les dirigeants de la ligue qui voulaient apparaître officiellement sans liens avec les congrégations. Dans la lettre de démission de Coppée, du 23 mai 1902, une phrase pouvait leur nuire :
« Je ne puis laisser ignorer à l'opinion que la présence d'un catholique ayant le courage de sa foi est une gêne pour le comité directeur de la Patrie Française26. »
25Charles Daniélou réussit à convaincre le démissionnaire de rayer ces mots après un « pénible entretien27 ». Grâce à son poste auprès de Syveton, Daniélou se voyait confier des responsabilités et des missions délicates. Il avait la confiance du seul dirigeant « actif et âpre qui ait l'étoffe d'un chef [...]28 ». Il apparaît également comme l'un des ligueurs las de la crise et de la léthargie que traversait la ligue depuis la défaite électorale de 1902 :
« Dausset et Daniélou réussirent à convaincre Lemaître de reprendre le lent et ingrat travail de conférences, de protestations, contre les injustices du ministère, de création et d'animation de nouveaux comités29. »
26En fait, Daniélou voulait plus de dynamisme afin de réagir contre le déclin de la ligue qui apparaissait alors comme inexorable : le temps des 100 000 adhérents était révolu. D'ailleurs, les municipales de 1904 furent un nouvel échec et des rumeurs se propageaient sur des détournements de fonds pratiqués par Syveton. Jules Lemaître abandonnait toute activité à l'automne 1904.
27Le 4 novembre 1904, des députés nationalistes accusèrent, lors d'un débat à la Chambre, le ministre de la Guerre, le général André, de faire pratiquer la délation dans l'armée et de constituer des fiches sur les opinions politiques, religieuses et républicaines des officiers. Le ministre avait établi un fichier avec le concours des loges du Grand Orient afin de contrôler l'avancement des officiers. Or, le scandale éclata car des fiches furent vendues par un dévoyé à deux députés nationalistes : Guyot de Villeneuve et Gabriel Syveton. Ce dernier, député de la Seine, particulièrement acharné lors du débat à la Chambre, se précipita au banc des ministres et frappa violemment à la tête le général André. Expulsé du Palais Bourbon, Syveton devait être déféré devant la cour d'assises. Il déclara lors de l'instruction :
« Je l'ai souffleté non par derrière, mais par sa face, pour l'outrager, pour venger l'armée livrée et la patrie trahie30. »
28Par cette affaire des fiches, Syveton était projeté au premier plan de l'actualité par la presse qui évoquait aussi ses pratiques douteuses comme trésorier de la ligue. Charles Daniélou fut étroitement mêlé à ces événements car c'est lui qui découvrit, le 8 décembre 1904, Gabriel Syveton, mort, dans son cabinet de travail. Ce décès apparaissait d'autant plus étrange qu'il survenait la veille de sa comparution devant les assises. Lemaître parla alors d'un nouveau crime maçonnique tandis que d'autres évoquaient un « suicide » provoqué par la police. Charles Daniélou fut longuement entendu par la police comme témoin car il était non seulement le secrétaire de Syveton mais aussi celui qui, le premier, avait découvert le corps. L'enquête conclut à un accident ou un suicide dû à une asphyxie au gaz.
29L'engagement de Charles Daniélou au sein de la droite nationaliste, conservatrice et antidreyfusarde était donc total. Arrivé à Paris pour tenter de faire carrière dans les lettres, il avait découvert la politique en fréquentant les milieux mondains, les cénacles des académiciens et les journalistes influents comme Maurice Barrès. Ses relations, ses amitiés, ses fréquentations se situent toutes à droite. Il n'est donc pas étonnant qu'il s'engage dans la Ligue de la patrie française fondée par ses maîtres académiciens. Là, il se voit confier d'importantes responsabilités : membre de l'équipe chargée d'organiser les élections de 1902, il fut aussi délégué de la ligue pour tout l'Ouest et essaya de redynamiser la ligue moribonde après la défaite électorale de 1902. Charles Daniélou occupa également la place de choix de secrétaire de l'homme clé de la ligue : Syveton. Après la disparition de la ligue en 1905, Daniélou se détacha quelque peu de la lutte politique :
« Je laisse à d'autres la tribune, avec ses stériles débats [...]31. »
30Ce retrait de la vie politique militante fut suivi d'un retour à la littérature et de l'entrée dans le journalisme où il ne tarda pas à se faire une place intéressante.
Un émigré breton régionaliste, poète et journaliste
31Charles Daniélou épousa Madeleine Clamorgan le 27 juillet 1904 à Saint-Honoré d'Eylau, à Paris. Madeleine était une jeune et brillante étudiante issue d'une famille de souche normande. Son père, le général Louis Clamorgan, avait épousé Lucie Cuzon du Rest, une Bretonne fixée à Paris, dont un des membres de la famille dirigeait l'influent journal, Le Siècle. Née le 16 novembre 1880, Madeleine quitta la France pour le Tonkin en 1892 car son père, alors colonel, venait d'y être nommé dans l'infanterie de marine. La famille, laissant le colonel là-bas, revint en France en 1894 à cause de la détérioration de la situation militaire. Madeleine fit alors ses études à Brest où sa mère et ses frères s'étaient installés. En 1898-99, elle vint à Paris poursuivre ses études. Elle rencontra madame Le Fer de La Motte qui appartenait, comme ses professeurs à Brest, à une congrégation féminine nouvellement fondée, l'Oratoire de France. C'est à ce moment qu'elle a « la révélation de la vie spirituelle et même de la vie mystique. Jusqu'ici elle avait à peine la foi32. » En 1903, elle est reçue première à l'agrégation de lettres, ce qui est remarquable car à cette époque les femmes n'abordaient que rarement l'enseignement supérieur.
32Charles et Madeleine qui se connaissaient depuis Brest où ils avaient fait leurs études fréquentaient désormais à Paris les salons de Mme Le Fer de La Motte. Forts d'une inclination très ancienne qui les attirait l'un à l'autre, Madeleine et Charles décidèrent de se marier. Le jeune couple habita tout d'abord à Neuilly puis la baronne Pierard permit aux nouveaux mariés de loger dans un pavillon d'une dizaine de pièces. Ni Charles ni Madeleine n'avaient de véritable fortune et cette aide fut très appréciée. Le couple marqua sa reconnaissance envers Mme Le Fer de La Motte en lui proposant d'être la marraine de leur premier enfant, Jean, né en 1905. La baronne Pierard fut, quant à elle, la marraine de leur second fils, Alain, né en 1907. Si ce mariage marqua une étape importante de la vie de Charles Daniélou, cette année 1904 fut également celle du retour à la poésie ainsi que celle d'un nouvel engagement politique : celui du régionalisme breton.
33Entre 1899, année de la publication d'Ascension, et 1904, Charles Daniélou ne publia aucun recueil de poésies. Sans doute était-il trop accaparé par l'aventure de la Ligue de la patrie française. En 1904, il publia Les Rayonnements, un petit livre de poèmes romantiques aux titres évocateurs : « Mélancolie », « Crépuscule » où l'on sent l'attachement à la Bretagne dans des poèmes tels que « Le pays natal », « Ô terre de granit », « Le pardon », « Retour à la mer », « Arvor » etc. Dans « Mélancolie » on décèle la nostalgie du pays natal :
« Le vent souffle un air chaud, et le ciel triste et gris
Descend si près des toits qu'on étouffe à Paris.
Le joli mois de mai, tapi dans ses feuillages,
Implore le soleil que masquent les nuages.
Je rêve à ma Bretagne, à ses rocs de granit,
À ses clochers à jours qui, jusque au zénith,
Au travers de la brume ont l'air d'aller ; je rêve
Au bruissement clair de la mer sur la grève,
Aux landes, aux genêts, aux pins, aux chemins creux,
Aux menhirs anciens, aux vallons vaporeux,
À la fécondité de nos champs, à l'austère
Et ronde nudité des monts du Finistère.
Là, tout est gris, le ciel et la mer, les rochers
Et les champs, les coteaux, les bourgs et leurs clochers
Et cette opacité de l'air humide et dense
Fait Paris plus étroit et la Bretagne immense. »
mai 189833.
34En 1905, Charles Daniélou publia un livre qui eut un grand retentissement et qui faisait de lui désormais : « un poète de talent34 ». Cet ouvrage, Les Armoricaines, révèle son attachement à ses origines et à la culture bretonne. Chacun des poèmes évoque l'histoire, le légendaire breton, et beaucoup de l'amour éprouvé pour le sol natal. Ce sont tour à tour les druides, les bardes, les saints et les rois de Bretagne qui « empruntent la voix du poète et nous les reconnaissons à leurs accents de patriotisme et de foi35 ». Cet ouvrage reçut un bon accueil dans la revue bretonne L'Hermine, et plus tard, quand Paul Lagadec évoqua le poète Daniélou dans Le consortium breton, il déclarait que la sortie des Armoricaines, « fit sensation, un véritable barde inspiré s'y révélait36 ». Ce livre révélait le poète talentueux qu'était devenu à vingt-sept ans Charles Daniélou :
« Un grand souffle sacré traverse et anime ces vers sonores et quasi-prophétiques, consacrés à la mer, aux saints, aux preux, à l'esprit de la race ; l'amour et la femme n'ont qu'une place exiguë dans le livre : on sent ici un auteur maître de lui et sans langueur37. »
35Les Armoricaines est un ouvrage déterminant dans la carrière littéraire de Charles Daniélou car s'y trouvent déjà les thèmes qu'il aborda tout au long de sa vie. Si des thèmes sont permanents dans son œuvre, d'autres sont plus conjoncturels. Car il lui arrive d'être emporté par le tumulte de la vie parisienne et de réagir à l'actualité. Les événements contemporains l'inspirent. C'est ainsi que Daniélou publie, en 1906, un nouveau recueil de poèmes chez son éditeur parisien, Albert Fontemoing, sous le titre évocateur des Heures lyriques et chrétiennes. Le contexte politique était alors dominé par la loi de séparation de l'Église et de l'État votée le 9 décembre 1905. Impliqué depuis son arrivée à Paris dans le milieu de la droite catholique, Daniélou faisait partie des adversaires de cette loi. Devenu responsable d'une rubrique consacrée entièrement à cette affaire dans l'influent journal conservateur L'Écho de Paris, il rencontrait les principaux acteurs de cette question brûlante. Ainsi, dans son ouvrage, il se révélait un croyant fervent, choqué par les lois visant à laïciser la France. La préface est claire : ce livre est un livre de combat :
« À l'aube d'un siècle où les ennemis de l'Église lui donnent un suprême assaut, il a paru bon à l'auteur de ce petit livre d'unir son témoignage de foi à celui des millions de catholiques qui souffrent d'être traités en parias dans leur patrie. Tout poète appartient à son époque pour en interpréter les émotions. Les Heures lyriques et chrétiennes ne prétendent qu'être un faible écho de l'émotion religieuse du temps présent. »
avril 190638.
36Charles Daniélou veut ici s'associer à la souffrance des catholiques et leur faire témoignage de sa foi. Cet ouvrage est aussi un livre de combat en faveur de l'Église catholique contre les lois de la République. S'il évoque parfois à demi-mots la politique du gouvernement, il lui arrive aussi de l'aborder sans précautions de style :
« L'ouragan déchaîné de la haine publique S'abat en mugissant sur la nef catholique39. »
37Dans un poème intitulé « Imprécations », il attaque cette République qui, avec « un bourgeois à l'Élysée40 » dont elle fait « un roi fainéant41 », tyrannise les catholiques :
« Tu renais donc, ô tyrannie,
Sur le sol sacré des Gaulois ;
Et tu couvres ta félonie
Du masque impassible des lois,
Qui portais jadis la couronne
Et le sceptre des mauvais rois,
« Faut-il donc, que plus famélique,
Sous les traits de la République,
Tu renouvelles tes exploits42 ! »
38Plus loin, il écrit :
« Adieu jours de paix, jours prospères,
Sur un charnier, mourra demain43 ! »
39Charles Daniélou apparaît là encore comme un ardent défenseur de la foi et de l'Église catholique. Ses relations politiques, mondaines, littéraires et son poste à L'Écho de Paris, témoignent de son engagement dans la droite cléricale et nationaliste. Toutes ses prises de positions, ses combats concordent. Daniélou est un défenseur de l'ordre, de la patrie et de l'Église. Même sa poésie en témoigne.
40Son union avec Madeleine Clamorgan l'implique encore davantage dans ce milieu. En effet, depuis qu'en 1899 elle a eu la révélation de la vie spirituelle, Madeleine s'est entièrement tournée vers la foi. Agrégée de lettres en 1903, mariée en 1904, elle enseigne en 1904-1905 au collège Sévigné à Paris. En 1906, elle est de plus en plus décidée à fonder une Ecole normale pour la formation d'un corps enseignant féminin catholique. En 1907, elle fonde, au 4 de la rue Oudinot, à Paris, une École normale libre. Pour aboutir à cela elle avait réussi à intéresser à ce projet des dirigeants du catholicisme libéral comme Albert de Mun, Bazire ainsi que des notables catholiques de l'aristocratie royaliste et de la grande bourgeoisie industrielle : en aidant Madeleine Daniélou, ils combattaient la politique de laïcisation menée par le gouvernement.
41Par son mariage et surtout par ses activités et ses divers engagements, il était difficile à Charles Daniélou d'éviter l'entrée du religieux dans sa vie.
42Lui, élevé par un père anticlérical, vit désormais au rythme des affaires politiques et religieuses du moment. Initié à la politique à l'époque de l'affaire Dreyfus, il se fit baptiser quelques années avant la loi de séparation de l'Église et de l'État. Sa vie personnelle se trouve modifiée par les grands événements contemporains. Son amour de la Bretagne natale, exprimé à chaque publication, le fait s'engager à nouveau dans l'action politique mais cette fois dans le combat régionaliste breton.
43Le mouvement politique breton ne prend forme qu'à la toute fin du xixe siècle par la création, le 16 août 1898, de l'Union régionaliste bretonne. L'URB a pour objectif de dépasser les préoccupations érudites afin d'œuvrer en faveur d'une décentralisation effective et du développement économique, institutionnel et culturel de la Bretagne. L'URB souhaitait aussi exalter la conscience nationale pour revivifier le sentiment nationaliste breton comme cela est clairement notifié dans ses statuts :
« L'URB se propose de développer par le réveil du sentiment breton toutes les formes de l'activité bretonne44. »
44Cette organisation a une composition largement dominée par un bloc cléricalo-aristocratique issu majoritairement du monde rural. Classée politiquement à droite, l'URB veut « rénover la petite patrie pour la plus grande gloire de la grande45 ».
45Daniélou collaborait depuis mars 1898 au Clocher Breton aux côtés de Charles Le Goffic, d'Anatole Le Braz, de François Vallée, de François Jaffrennou et de Louis Tiercelin ; personnalités qui s'engagèrent dans l'aventure de l'URB. Ces fréquentations, la collaboration au Clocher Breton, l'amour pour la Bretagne expliquent son adhésion enthousiaste, en 1904, à ce mouvement politique :
« Pour ma part, j'ai vu avec une joie véritable le mouvement régionaliste breton se dresser pour la défense de ces grandes traditions locales qui déterminent la physionomie d'une race46 »
46S'engager dans cette organisation régionaliste est pour Charles Daniélou l'occasion de répondre à l'appel de la petite patrie et de passer ainsi du stade de la contemplation passive de la splendeur passée de la Bretagne à l'action politique active et militante en restant fidèle à la grande patrie, la France. C'est aussi à cette époque qu'il s'investit encore davantage dans le métier des lettres.
47Charles Daniélou se lance aussi dans l'écriture de romans. Il en publie sous forme de feuilletons dans plusieurs journaux parisiens, « à la manière de Conan Doyle, mais auxquels [il] s'efforçait de donner un tour plus littéraire47 ». Sont alors publiés : Le capitaine Trinitas, Le crime de Ronan
48Conan et Le fantôme de Richemer « qu'il avait écrit un peu dans l'esprit de Gaston Leroux48 ». Ainsi, après la poésie, Daniélou s'essayait au difficile exercice du roman. Il prit cela très au sérieux car, bien plus tard, lorsque l'homme politique supplanta l'homme de lettres, « il parlait volontiers de lui-même comme d'un poète et d'un écrivain49 ».
49Il collaborait, par ailleurs, à divers journaux parisiens tels que L'Éclair, L'Écho de Paris, Le Journal des débats, Le Gaulois, La Patrie, La Libre Parole, Le Soleil, Les Annales de la Patrie Française. C'est grâce à Albert de Mun, membre comme lui de la Ligue de la patrie française, ami de Coppée et de Lemaître, membre aussi de l'URB, que Daniélou écrit dans ces journaux, tous d'obédience conservatrice ou monarchiste. Plus tard, Daniélou lui rendit hommage :
« À l'époque où les lettres m'intéressaient davantage que la politique il avait de sa grande autorité, facilité, dans la grande presse parisienne, les débuts du jeune compatriote que j'étais pour lui50. »
50De tous les journaux auxquels il collabora, c'est L'Écho de Paris qui le sollicita le plus sérieusement. Il y avait d'ailleurs déjà publié des romans feuilletons. Cet important quotidien conservateur était dirigé par Maurice Barrés que Daniélou fréquentait depuis son arrivée à Paris. L'Écho de Paris lui demanda de nombreux articles et, le contexte politique de l'époque étant dominé par la séparation de l'Église et de l'État, il devint rapidement chef d'une rubrique spéciale traitant uniquement de cette question brûlante. Il alimentait sa rubrique en interrogeant des ecclésiastiques comme le cardinal Amette, mais aussi les hommes politiques jouant les rôles les plus déterminants. Ce fut d'ailleurs à cette occasion que Daniélou rencontra pour la première fois le rapporteur de la loi : Aristide Briand.
51Quand la question de la séparation fut réglée, L'Écho de Paris le nomma rédacteur de l'importante rubrique de politique étrangère, à la suite d'André Melvil. On peut trouver ici l'origine de l'intérêt qu'il porta toute sa vie aux affaires internationales. Il bénéficiait, à moins de trente ans, d'un poste convoité au sein de la rédaction de L'Écho de Paris ; sa carrière prenait ainsi de plus en plus d'importance.
52La vie est faite bien souvent de rencontres, de circonstances et d'actions. Celle de Charles Daniélou fut nettement orientée par la rencontre de Coppée et de Lemaître. Car en fréquentant ces sommités à seulement vingt ans, il se voyait ouvrir les portes de l'aventure littéraire et politique à Paris. Poésie, romans, journalisme mais aussi engagement politique à l'opposé de celui de son père : celui de la droite conservatrice, cléricale et antidreyfusarde. Les actions et les fréquentations du jeune Daniélou le classent alors nettement à droite.
53Son ascension sociale, le nombre et la qualité de ses relations faisaient de lui, à moins de trente ans, un jeune homme riche d'une histoire personnelle faite de diverses expériences et de multiples rencontres. À vingt ans, il était intime avec de grands écrivains, ce qui lui ouvrit les portes du métier des lettres. À vingt-six ans, il avait été le secrétaire de Syveton et avait occupé des responsabilités à la Ligue de la patrie française avant de devenir membre de l'URB et de se marier à la fille d'un général. À vingt-neuf ans, il était responsable d'une importante rubrique à la rédaction de L'Écho de Paris, journal dirigé par une de ses relations : Maurice Barrès. C'est ainsi que la littérature avait mené Daniélou à la politique puis au journalisme. La politique devait le rattraper et ne plus jamais le quitter.
Notes de bas de page
1 . Maurice Dilasser, « Illustrations du xxe à Locronan », dans Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1979, p. 673.
2 . Alain Daniélou, Le chemin du labyrinthe, Paris, Robert Laffont, 1981, p. 31.
3 . Maurice Lucas, Luttes politiques et syndicales à Douarnenez, 1890-1925, Morlaix, 1975, p. 44.
4 . Idem
5 . Ibidem, p. 44.
6 . Ibidem, p. 44.
7 . Ibidem, p. 46.
8 . Yves Le Gallo, dans Un pays de Cornouaille [...], op. cit., p. 667
9 . Charles Daniélou, Études Contemporaines, Paris, Eugène Figuière, 1913, p. 39.
10 . Charles Chassé, « Une visite chez Charles Daniélou », La Dépêche de Brest, 26 novembre 1927.
11 . Charles Daniélou, Poésies, Paris, Eugène Figuière, 1927, p. 27.
12 . Bernard Duchâtelet, dans Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne, tome 3, Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1987, p. 111.
13 . Charles Daniélou, Dans l'inimité de Marianne, Paris, musy, 1945, p. 12.
14 . Idem, p. 15.
15 . Charles Chassé, « Une visite chez Charles Daniélou », La Dépêche de Brest, 26 novembre 1927.
16 . Idem.
17 . Alain Daniélou, Le chemin du labyrinthe, op. cit., p. 31.
18 . Lettre à l'auteur de Mademoiselle Renouard, archiviste des collèges Sainte-Marie, 23 septembre1995.
19 . Marie-Odile Dolivet, Une grande éducatrice : Madeleine Daniélou, mémoire de maîtrise, université Paris X, 1987, p. 59.
20 . « Préface de l'éditeur » dans Les Armoricaines, Paris, Eugène Figuière, 1922, réédition de l'ouvrage de 1905, p. 2.
21 . Jean-Denis Bredin, L'Affaire, Paris, Julliard, 1983, p. 312.
22 . Charles Chassé, « Une visite chez Charles Daniélou », La Dépêche de Brest, 26 novembre 1927.
23 . Charles Daniélou, Dans l'intimité de Marianne, op. cit., p. 15.
24 . Article non signé, « Zola et les juifs », L'Histoire n° 148, octobre 1991, p. 38.
25 . ADF 1 M 228, commissaire de police de Brest à préfet, le 23 février 1900.
26 . Charles Daniélou, Dans l'intimité de Marianne, op. cit., p. 23.
27 . Idem, p. 23.
28 Jean-Pierre Rioux, Nationalisme et conservatisme : la Ligue de la patrie française (1899-1914), Paris, Beauchesne, 1977, p. 111.
29 . Idem, p. 103.
30 . Jean-Denis Bredin, L'Affaire, op. cit., p. 597.
31 . « Préface de l'éditeur », dans Charles Daniélou, Les Armoricaines, op. cit., p. 2.
32 . Article non signé, « Hommage à Madeleine Daniélou », Les cahiers de Neuilly, janvier 1967, p. 36.
33 . Charles Daniélou, Poésies, op. cit., p. 15.
34 . Camille Le Mercier d'Erm, Les bardes et poètes nationaux de la Bretagne armoricaine, Rennes, Paris, Plihon et Hommay, Sansot, 1918, p. 525.
35 . Lan al Lenner, L'Hermine, tome XXXIII, 1905, p. 28.
36 . Paul Lagadec, Le consortium breton, 1928, p. 456-457.
37 . Idem p. 456-457.
38 . Charles Daniélou, Heures lyriques et chrétiennes, Paris, Albert Fontemoing, 1906, p. 7.
39 . Idem, p. 59.
40 . Ibidem, p. 90.
41 . Ibidem, p. 90.
42 . Ibidem, p. 88.
43 . Ibidem, p. 92.
44 . Article 3 des statuts de L'URB.
45 . Michel Nicolas, Le séparatisme en Bretagne, Brasparts, Beltan, 1986, p. 228.
46 . Charles Daniélou, Études contemporaines, op. cit., p. 11.
47 . Charles Chassé, « Une visite chez Charles Daniélou », La Dépêche de Brest, 26 novembre 1927.
48 . Sophie Bassouls, lettre à l'auteur, le 13 avril 1993.
49 . Idem.
50 . Charles Daniélou, Dans l'intimité de Marianne, op. cit., p. 94.
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