Conclusion de la première partie
p. 211-212
Texte intégral
1Les comportements politiques, sociaux, religieux, voire culturels de la population d’Ille-et-Vilaine de 1919 à 1939 montrent une population très ancrée dans l’Ouest armoricain, mais zone de transition entre la Bretagne et l’Ouest intérieur.
2Politiquement, l’Ille-et-Vilaine n’est pas, malgré les apparences, totalement à droite. Le système électoral ne permet qu’exceptionnellement à la gauche d’avoir des élus, mais les pourcentages de vote en sa faveur ne cessent d’augmenter et, à partir des années trente, l’électorat évolue vers le centre (centre-gauche et centre-droit). Son comportement politique symbolise une double orientation : de grandes permanences géographiques remontant parfois à la période de la Révolution française et un tournant général dans les années trente.
3L’Église est omniprésente, sans être monolithique surtout à partir des années trente. La corrélation imparfaite entre la pratique religieuse et le vote à droite met en relief cette dualité du monde catholique. En même temps, cette forte présence de l’Église conduit le monde non catholique (laïque, syndical, socialiste,...) à élaborer des contre-réseaux de sociabilité coupant verticalement en deux parts inégales cette population.
4Aux déchirures complexes d’ordre idéologique (politique, religieux,...) répond une société très hiérarchisée, divisée en trois groupes correspondant à des clivages traditionnels à la fois semblables à ceux qui existent dans les décennies précédentes et à ceux de la société française contemporaine (à l’exception pour cette dernière d’une classe moyenne plus diversifiée en France). Cette société connaît une grande coupure entre les principaux groupes sociaux voire entre certaines catégories sociales pourtant proches économiquement. Les seuls qui pendant un temps réussissent à dépasser les clivages, sont les Anciens Combattants mais de nouveau, les années trente provoquent une rupture, même au sein d’un mouvement aussi consensuel que l’UNC à ses origines.
5Cette société très divisée dominée par l’Église, qui sous les permanences (géopolitiques, religieuses, de fortune) amorce des transformations vers 1930, est confrontée comme le reste du pays à la guerre et à l’Occupation. Le choc provoqué par cette dernière provoque des bouleversements en profondeur ou superficiellement, mais est-ce ressenti partout de la même manière ? Les transformations perceptibles pendant les années trente se poursuivent mais entraînent-elles des ruptures plus fortes ou jusqu’à la fin des années cinquante assiste-t-on à la permanence des comportements politiques, religieux, sociaux ?
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