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Le châtiment du crime au Moyen Âge

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Nicole Gonthier

Introduction

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Géographique :

France

Texte intégral

1Pour connaître la manière dont on traite le crime à l'époque médiévale, l'historien dispose d'une variété de documents assez grande. Des registres criminels, des recueils de sentences consignent les décisions des juges et quelques pièces comptables exposent la façon dont elles furent mises à exécution. Un corpus important de textes normatifs, coutumiers et traités de jurisprudence, évoque les sanctions applicables à telle ou telle déviance. Les informations les plus saisissantes se trouvent dans les chroniques qui, pareilles aux gazettes modernes, font moisson des événements sensationnels. Le caractère public des peines judiciaires, quelles qu'elles soient, donne matière aux comptes rendus « émerveillés » des chroniqueurs, étonnés soit par les méthodes employées, soit par la qualité ou le comportement des condamnés. Certains se montrent plus attentifs que d'autres à ces « faits divers » et délaissent les habituels récits de la vie des princes ou des affrontements guerriers pour s'attarder sur des épisodes judiciaires qui mettent en scène ou qui intéressent des gens du commun. L'iconographie, enfin, offre un précieux complément à ces quelques mentions, les enlumineurs choisissant volontiers des scènes de violence pour illustrer des manuscrits et, parmi celles-ci, des représentations d'exécutions ou de supplices. Les détails techniques apparaissent ici, qui échappaient à l'attention du lecteur des sources précédentes. Des éléments précis permettent de retracer la réalité des pénalités et les pratiques de leur administration.

2Plus largement, les textes des archives judiciaires et les prescriptions du droit pénal ouvrent sur des questions de sociologie et de philosophie. Elles apportent une définition exacte du crime, elles cernent les critères qui déterminent les sentences. Des notions aussi importantes que la préméditation, la responsabilité, la liberté de choix et de détermination, ou la complicité sont débattues avec finesse, les juristes du Moyen Âge retrouvant dans le droit romain une source inépuisable de réflexion.

3La pénalisation du crime est la réponse d'une société qui a défini ses valeurs et les protège de toute transgression. Cependant, avant d'en arriver aux sanctions, cette société fait l'effort de se prémunir contre les débordements criminels. L'étude des mesures de prévention révèle une politique concertée et cohérente, conjuguant formation morale et éducation civique, usant tout à la fois de la persuasion et de la menace.

4La gamme des peines est large et laisse deviner que des motifs très divers animent les justiciers qui les imposent. Les raisons du choix de telle ou telle doivent donc être analysées pour souligner la justification globale de la sanction et surtout pour éclairer le glissement de la notion de pénalité à celle de châtiment.

5Le choix de ce dernier terme pour qualifier la présente étude tient compte de l'évolution constatée entre les plus anciennes formulations des sentences et celles qui, à la fin de la période, reviennent sous la plume des théoriciens du droit ou des chroniqueurs et parlent d'amender le criminel, de venger la société, de purifier le pécheur.

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