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La parole et le lieu

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Mathias Lavin

Ouverture

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Extrait du texte

La scène de l’origine

L’œuvre de Manoel de Oliveira est placée sous le signe du paradoxe. Commencée à une époque où le cinéma était encore massivement un art muet, elle représente près de quatre-vingts ans passés en cinéma. Cette longévité miraculeuse révèle de profondes discontinuités qui obligent à la prudence dès que l’on est attentif aux courants divers, parfois contradictoires, qui traversent les films. Oliveira est avant tout un homme de Porto où il est né le 11 décembre 1908, dernier fils de Francisco José de Oliveira et Cândida Pinto de Oliveira1. De Douro, faina fluvial, son premier court métrage commencé en 1929, à Porto de mon enfance, achevé en 2001, Manoel de Oliveira n’a cessé d’affirmer le lien de profonde intimité existant entre ses films et sa ville. S’il faut se garder de toute généralité sur un hypothétique « esprit du lieu », il n’en demeure pas moins que l’attachement voué à la grande cité du nord du pays est réel et que cette inscription le place d’emblée dans u...

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