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    Plan détaillé Texte intégral Introduction Le Nouveau Monde La wilderness, expression du rêve américain La loi de 1964 Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    L’espace du Nouveau Monde

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La wilderness : un espace fantasmé

    Marie-Claude Strigler

    p. 31-44

    Texte intégral Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Introduction

    1Lorsqu’on évoque le terme de wilderness dans les civilisations occidentales, c’est l’image d’une nature vierge, originelle, à l’étendue infinie qui vient à l’esprit. On pense, paradoxalement, à un paysage marqué par l’absence de l’homme, qui serait pourtant présent en tant qu’observateur discret.

    2L’idée de la wilderness apparaît lors de la découverte et de la colonisation de l’Amérique par les Anglais et les Français dès le xvie siècle. C’est au xixe siècle qu’elle est institutionnalisée en tant que sensibilité et nature originelles. Elle donne alors naissance aux premiers Parcs nationaux. Mais au cours du xxe siècle, ses ressources naturelles sont exploitées avec frénésie, la dégradant de façon peut-être irréversible. Selon Roderick Nash, qui y consacre son œuvre, la wilderness échappe à tout essai de définition universelle, et n’a pas d’équivalent dans les autres langues. Il semble pourtant que trois caractères sont toujours présents :

    • Elle est inhabitée et ne porte aucune trace d’activité humaine (elle est « vierge », « authentique »).

    • Elle existe dans une vaste échelle de temps et d’espace (elle est « immense », « originelle »).

    • Elle est l’expression du sentiment de wildness (sauvagerie) ; elle est « indomptable1 ».

    3Deux termes en anglais sont très proches, mais ont un sens différent. Ce sont wildness et wilderness. Le dictionnaire Robert et Collins traduit le premier terme par « aspect sauvage », « sauvagerie », « désordre ». Le même dictionnaire traduit wilderness par « étendue déserte », « région reculée ou sauvage », « désert ».

    4Ainsi, la wilderness évoque bien l’idée de grands espaces vierges et apparaît comme une nature extrême, dont la représentation va s’avérer tantôt menaçante et diabolique, tantôt idéalisée. Nous essaierons d’interpréter l’évolution de ces représentations et de déterminer le rôle qu’elles ont joué dans la formation de l’identité, de la pensée et de la politique américaines.

    Le Nouveau Monde

    5En fait, à l’arrivée des Européens au xvie siècle, l’Amérique est Terra Incognita pour l’Ancien Monde, plutôt qu’une Terra Nullius. On y trouve des peuplades nomades ou sédentaires qui vivent des ressources d’un monde qui est déjà source de spiritualité, puisque ce sont des peuples de cultures animistes ou chamaniques. Mais l’équilibre en est rompu par l’arrivée des Européens venus à la conquête du Nouveau Monde, tout à la fois immensité hostile et terre promise.

    6L’Amérique est pourtant considérée réellement comme Terra Nullius car les Indiens sont assimilés à l’espace qu’ils occupent. Même plus tard, Tocqueville, lorsqu’il est allé en Amérique, exprime la même idée :

    « Quoique le vaste pays qu’on vient de décrire fût habité par de nombreuses tribus d’indigènes, on peut dire avec justice qu’à l’époque de la découverte, il ne formait encore qu’un désert. Les Indiens l’occupaient, mais ne le possédaient pas ; ils étaient là en attendant2. »

    7Le continent entier est une wilderness. Les premiers explorateurs, Cabeza de Vaca, Christophe Colomb, Giovanni da Verazano, décrivent des terres incontrôlées, habitées par des indigènes sauvages et païens, au même titre que par des animaux féroces et inconnus. Ils offrent la première vision d’un monde « sauvage » où bêtes et Indiens sont unis dans une même abomination. Le nouveau continent était appréhendé avec un mélange de fascination et de terreur ; selon les régions, les récits des voyageurs peignaient aussi bien des Indiens cruels que des bons sauvages vivant dans une nature riche et généreuse.

    8Comme le fait remarquer Élise Marienstras3, « sur le continent à conquérir existait une force d’opposition à la civilité aussi évidente que la forêt sauvage : c’était l’homme de la forêt et du désert, l’Indien, dont la sauvagerie semblait beaucoup plus permanente et moins facilement réductible que celle de la nature ».

    9À leur arrivée, les premiers colons européens ont été soumis à un « choc culturel biologique » : en effet, dès 1594, l’Europe occidentale connaissait une pénurie de bois. Aussi les forêts primaires américaines leur semblèrent-elles mythiques par leur inépuisable richesse végétale et animale. Il n’en reste pas moins que leurs descriptions reflétaient davantage leurs convictions religieuses que la réalité de la faune et de la flore. Satan semblait être toujours à l’œuvre dans l’obscurité des forêts4.

    10Les premières réactions à la wilderness américaine ont été violentes et souvent contradictoires : un espoir incommensurable et une terreur profonde ; l’espoir que le Nouveau Monde offrirait un nouveau départ, et la peur d’une nature menaçante et impitoyable.

    11Les traditions populaires de nombreuses cultures associent la wilderness au surnaturel et au monstrueux, au mystérieux, qui exaltent l’imagination, surtout la nuit et dans les régions de forêts. Les Européens, de tradition judéo-chrétienne, puisaient leurs croyances dans la Bible, où la wilderness est désignée par le Désert, mentionné 245 fois dans l’Ancien Testament et 35 fois dans le Nouveau Testament. Pour les Hébreux, le Désert était une terre maudite, aride, le domaine du mal, une sorte d’enfer, et en même temps l’arme la plus puissante de Dieu qui pouvait y exiler quiconque avait provoqué son courroux. Pour les premiers Euro-Américains, comme pour les Européens au Moyen Âge, l’obscurité de la forêt cachait des êtres et des animaux sauvages, et des créatures étranges nées de l’imagination. Lorsque William Bradford5 descendit du Mayflower pour poser le pied sur une terre « effroyable et désolée », il fut l’initiateur d’une longue tradition de « répugnance6 ». Le but des Pères Pèlerins était de fonder une colonie sur les rives de l’Hudson, mais ils furent forcés par la tempête d’aborder la côte au niveau de Plymouth. Tocqueville en fait le récit : « Autour d’eux n’apparaissait qu’un désert hideux et désolé, plein d’animaux et d’hommes sauvages, dont ils ignoraient la férocité et le nombre. La terre était glacée ; le sol était couvert de forêts et de buissons. Le tout avait un aspect barbare. »

    12Dans ce contexte « néfaste », la wilderness était considérée comme amorale, immorale, la manifestation biblique du mal, le contraire de l’Éden, menaçante, terrifiante, douloureuse, et maints autres qualificatifs négatifs.

    13En revanche, contrairement à Plymouth où le climat était hostile, les colons de Virginie ou de Pennsylvanie avaient trouvé un nouvel Éden, verdoyant et fertile. C’était un endroit à apprivoiser pour qu’une communauté humaine puisse s’y établir. Dans cette perspective, la terre fournissait les matériaux pour créer une société, et la nature n’était pas à craindre, elle était prête à être exploitée. Mais dans tous les cas, l’objectif était le même : la civilisation européenne devait venir à bout de la wilderness et contribuer à son épanouissement7.

    14Le texte de Thomas Hariot, qui relate son voyage de 1585 en Amérique, décrit des Indiens qui vivaient nus, libres de toute contrainte, dans l’abondance d’une nature luxuriante. Puisque, au début des temps, selon la Bible, les hommes vivaient dans la wilderness, était-ce le dessein de Dieu de donner aux hommes une seconde chance, si cette fois ils savaient résister au serpent ?

    15Tocqueville traduit bien l’ambivalence des perceptions, entre l’attirance et le danger qui rôdait : lorsque les Européens abordèrent les rivages de l’Amérique, « ils se crurent transportés dans les régions fabuleuses qu’avaient célébrées les poètes. Mais […] la mort était cachée sous ce manteau brillant ; il régnait d’ailleurs dans l’air de ces climats je ne sais quelle influence énervante qui attachait l’homme au présent et le rendait insouciant de l’avenir8 ». On croirait presque voir Ulysse résistant à grand-peine au chant des sirènes.

    16Néanmoins, les protestants les plus fervents pensaient que se prélasser dans l’Éden était contraire à la volonté divine. C’était pour eux un lieu d’épreuve. L’Exode et le Deutéronome racontent comment Moïse libéra Israël du joug égyptien et les emmena dans le désert pendant 40 ans. Là, Dieu châtia les pécheurs et récompensa les purs et il leur donna les Dix Commandements avant de les laisser atteindre la Terre promise.

    17L’Église devait donc trouver refuge contre ses ennemis dans la wilderness avant un retour triomphal en Europe.

    18Les années passant, les puritains en vinrent à penser que Dieu voulait qu’ils accomplissent sa volonté en Amérique, loin des événements européens. Au début du xviie siècle, les colons puritains en Nouvelle-Angleterre, forts de leurs convictions religieuses, ont conceptualisé la wilderness en un autre Éden qui, non seulement promettait une liberté religieuse, mais offrait un accès à un nouveau Paradis. C’était le lieu où les élus de Dieu devaient être mis à l’épreuve et rachetés. C’est ainsi que John Winthrop, le premier gouverneur de Boston, décrivait une nouvelle Jérusalem, hors de laquelle régnait le chaos habité par le Démon. La mission des puritains était d’imposer l’ordre dans le chaos et de le revendiquer au nom de Dieu. Même alors, le péché est toujours possible car Satan rôde autour des hommes. La wilderness a été créée pour être mauvaise, afin que Dieu puisse triompher9.

    19Selon le pasteur calviniste Cotton Mather10, la wilderness et le protestantisme ont une destinée commune : lorsque la main de Dieu a frappé les Indiens de maladies mortelles, n’était-ce pas parce qu’il voulait que les protestants s’emparent de la wilderness pour accomplir sa volonté11 ? Les puritains fuyaient souvent dans la forêt la corruption de la civilisation. La wilderness en soi n’a jamais été considérée comme leur but. Ils essayaient au contraire de se ménager un jardin au sein des espaces sauvages. Paradoxalement, leur sanctuaire et leur ennemi étaient une seule et même chose ; la wilderness était métaphore et réalité. L’idée d’un continent païen hantait leur imagination12. Les forêts sombres et désolées étaient l’antre du Démon. Cotton Mather pensait savoir pourquoi : Satan avait séduit les premiers habitants indiens, pour se ménager une place forte. Donc les indigènes n’étaient pas seulement des païens, ils étaient d’actifs disciples du Diable13. Les puritains redoutaient également les efforts de quiconque tentait d’influer sur les forces de la nature, que ce soit par la sorcellerie ou la magie. D’après William Cronon14, jusqu’au xviiie siècle, la wilderness désignait des territoires perdus et délaissés qui effrayaient les populations de l’époque. C’étaient des terres de désolation au double sens du terme : physique et moral. Ces terres en friche devaient être soumises au travail de l’homme pour qu’il les rende fertiles en les cultivant. Pourtant, si l’on adopte le point de vue des Indiens, la notion même de wilderness est une invention européenne. Pour le chef sioux lakota Luther Standing Bear, qui écrit dans les années 1930, « il n’y avait pas de wilderness, puisque la nature n’était pas dangereuse, mais hospitalière. Il y avait entre les Lakotas et le monde animal un sentiment fraternel qui assurait leur sécurité. Toutes choses étaient liées dans le même Grand Mystère15 ». Le point de vue des Indiens sur la wilderness devrait ultérieurement faire l’objet d’une recherche intéressante.

    20Puis, au xviiie siècle, à l’aube du siècle des Lumières, la conception religieuse puritaine de la Frontière s’estompa peu à peu pour faire face à un nouveau nationalisme. L’Ouest offrait des possibilités d’expansion nationale et commerciale plutôt que de mise en œuvre de la volonté divine. Pour Thomas Jefferson, entre autres, la conquête de l’Ouest donnerait naissance à une société utopique, et il promit la prospérité grâce à l’agriculture aussi bien que la régénération morale et culturelle. Dans l’esprit des Américains, l’Ouest offrait des possibilités sans limites.

    21Jefferson avait assigné à Meriwether Lewis et William Clarke la mission d’inventorier les ressources du continent et de compléter sa taxonomie, encouragé par la Philosophical Society créée par Benjamin Franklin, en Pennsylvanie. La curiosité de ces hommes pour leur environnement était réelle, mais ils cherchaient aussi à savoir quelles ressources la terre recelait, qui pourraient les aider à construire une société civilisée. Les progrès de l’industrie et de la technologie au nord, et l’accent mis au sud sur une société agraire chère à Jefferson, obéissaient à un même désir de dompter la wilderness et de lui imposer des limites. L’Amérique pouvait avoir un caractère rural, certes, mais pas un caractère sauvage. Il lui fallait un paysage de douces collines et de fermes prospères. Cependant, c’est « le Grand Désert Américain » que décrivit Meriwether Lewis en 1805.

    22Ce n’est qu’à partir de la fin du xviiie siècle que s’amorce un nouveau regard sur la wilderness (la forêt, mais aussi sur le désert en Amérique), considérant ce territoire non plus comme une victoire de l’homme sur la nature ou bien une réserve de ressources, mais comme un paysage emblématique d’un nouveau paradigme : l’identité fondatrice d’une civilisation en gestation, aventurière et ingénieuse, pieuse et méritante.

    23Tocqueville en est le témoin passionné. Lorsque, en 1831, il débarque en Amérique, officiellement pour étudier le système carcéral américain, il désire aussi se confronter à la « grandeur sauvage » de l’espace américain. « Nous voulons la wilderness et les Sauvages, et n’osons pas trop l’avouer16. »

    24À la façon de nombreux récits de voyage romantiques, cette quête du désert américain est conçue comme un processus de reconnaissance et un pèlerinage littéraire17. Tocqueville écrit encore : « J’étais plein des souvenirs de Monsieur de Chateaubriand et de Cooper18 », qui était alors l’écrivain à la mode, y compris en France où venait de paraître la traduction du Dernier des Mohicans et de La Prairie. Cooper fut le premier à prédire que les Américains ne tarderaient pas à souffrir, non de l’étendue de la wilderness, mais d’un excès de civilisation, un avis que partageait le peintre Catlin.

    25Tocqueville perçoit la colonisation comme une mission civilisatrice qui éradiquerait définitivement toute trace de sauvagerie sur terre. La wilderness est donc soumise à un traitement impitoyable, suscité par l’esprit des Lumières : le monde de la forêt, en devenant clairière, est en quelque sorte éclairci, éclairé. Tocqueville ressent néanmoins ce combat contre les forces obscures comme une immense destruction :

    « Chaque année, les déserts deviennent des villages, des villages deviennent des villes. Témoin journalier de ces merveilles, l’Américain ne voit rien dans tout cela qui l’étonne. Cette incroyable destruction, cet accroissement plus surprenant encore lui paraît la marche habituelle des événements. Il s’y accoutume comme à l’ordre immuable de la nature19. »

    26Ces remarques fondent idéologiquement le mouvement impérialiste de la conquête américaine du territoire indien. Elles annoncent également les prémices de la construction d’une identité américaine en devenir.

    27Pendant la première moitié du xixe siècle, la wilderness devient une sorte de paradis perdu. Au fur et à mesure qu’elle disparaît, elle acquiert une valeur esthétique et idéologique qui assure la supériorité américaine sur une Europe qui a trop longtemps été condescendante vis-à-vis du Nouveau Monde. On assiste à la naissance du paradigme identitaire de l’Amérique des grands espaces. « C’est l’épreuve de la wilderness qui fonde la légitimité et la supériorité absolue de l’Amérique et des Américains20. » La wilderness n’est plus un vide chaotique et désertique. Elle est désormais profusion, prodigalité, vitalité, force et grandeur. C’est alors que s’installe l’idéologie de l’exceptionnalisme américain.

    28La wilderness devient un principe identitaire efficace à mesure qu’elle s’efface de la réalité même de l’espace américain. Son évanouissement progressif lui donne la dimension d’un fantasme national, qui va de pair avec le mythe de la Frontière.

    La wilderness, expression du rêve américain21

    29Les xviiie et xixe siècles marquent une évolution de la wilderness vers l’incarnation du rêve américain. Civilisation et « sauvagerie » qui s’étaient opposés dans les mentalités jusqu’alors, deviennent désormais indispensables l’un à l’autre. « Wild », sauvage, prend le sens d’originel, pur et authentique, source de recueillement et signal d’alarme des débordements humains. L’industrie est en plein essor. Le chemin de fer et le télégraphe jouent un rôle essentiel dans la structuration du territoire et l’avancée de la Frontière et, en même temps, fournissent un accès plus aisé aux terres sauvages. Dès 1850 apparaissent les premiers guides touristiques pour attirer les visiteurs déçus et accablés par la civilisation. L’immensité vierge du continent devient emblématique des origines mythiques de l’humanité.

    30Sur le plan spirituel et artistique, Emerson et Thoreau vont transformer la vision de la forêt. Leurs écrits marquent le début de la Renaissance américaine, influencée par le romantisme britannique. Leur ami, Nathaniel Hawthorne, partageait un conflit, fréquent dans sa génération, entre un esprit rationnel et une pulsion subliminale de s’abandonner aux brûlants désirs de son âme. Mais, contrairement à Emerson, il demeura déchiré entre les deux visions, subjugué par la lumière, mais trop conscient de la présence de la wilderness pour nier l’existence de l’obscurité. Son roman, The Scarlett Letter, (La lettre écarlate) est situé dans la Nouvelle-Angleterre puritaine du xviie siècle, et traduit l’angoisse de l’âme dans la forêt :

    « leur route ne fut plus qu’un sentier s’enfonçant dans le mystère de la forêt primitive. Celle-ci le bordait si étroitement, se dressait si noire et si dense de chacun de ses côté, ne laissait apercevoir que si imparfaitement le ciel tout là-haut, qu’Hester voyait en ce chemin l’image de la sauvage solitude morale où elle errait depuis si longtemps22 ».

    31La wilderness peut aussi être un désert marin ; aussi Herman Melville dédicaça-t-il Moby Dick à Hawthorne23.

    32Avec le Transcendantalisme, la forêt devient une cathédrale, source d’inspiration divine et de spiritualité. Elle devient expérience mystique de l’existence, ce que vécut Thoreau pendant deux ans, en 1845 et 1846, lorsqu’il se retira dans une cabane au bord de l’étang de Walden dans le Massachussetts24. Fenimore Cooper célèbre le mythe premier de l’Amérique avec Le dernier des Mohicans ou La Prairie, Washington Irving avec Une excursion dans les prairies. Jack London, un peu plus tard, exalte le retour à la nature sauvage avec L’appel de la forêt, la « forêt » qui traduit « the wild ».

    33Le changement de perception de la nature sauvage s’accompagne de l’apparition des notions de sublime et de frontière. Le processus de transformation de la nature en art se poursuivit par la peinture et la photographie avec l’École d’Hudson. Désormais, plutôt que de présenter la nature comme obstacle à la civilisation, écrivains et peintres en font la source de « l’esprit américain ». Ils ont pris conscience qu’avoir construit la nation en « domptant » la nature, menait à la destruction de la wilderness. Au fur et à mesure que la civilisation avançait et que le progrès réduisait la wilderness à « de simples îles dans un continent domestiqué25 », on prenait conscience qu’il serait sage de sauvegarder ce qui en restait ; il semble que sa rareté était une condition préalable à sa survie.

    34Elle incarne alors l’un des mythes américains. Marqueur identitaire indispensable, elle va susciter des innovations d’aménagement. Avec la création des premiers Parcs nationaux (Yelloswtone en 1870), les Américains tentent de préserver des archétypes de paysages de wilderness. Ce qui caractérisait la jeune nation américaine a fini par devenir source de fierté et d’identité nationale. Ce sont des citadins qui commencent, dès les années 1870, à venir chercher, comme touristes, les sensations intenses de la wilderness, mise dès lors en scène et en spectacle. Ce phénomène de valorisation de la wilderness ainsi que les premières mesures de protection de la nature se sont produits en même temps que la fin de la conquête territoriale du continent nord-américain et que les massacres des populations indiennes qui ont accompagné cette conquête.

    35Le meilleur remède contre une civilisation jugée trop raffinée et trop moderne était le retour à une nature primitive et sauvage. Ce n’était que dans la « sauvagerie » de la nature que l’on pouvait ressentir intimement que l’on était américain. En ce sens, ce n’était pas seulement un lieu de rédemption religieuse, mais aussi un lieu de construction nationale.

    36Par ailleurs, pour les romantiques, la nature était le siège de qualités abstraites telles que vérité, beauté, indépendance et démocratie. C’est là que l’homme pouvait retrouver l’innocence de ses origines, individuelles et nationales. La nature sauvage devint donc source de fierté nationale car en elle s’enracinaient les caractéristiques d’une identité unique ; Cette nouvelle acception de la wilderness donna naissance à une explosion de créativité chez les artistes américains qui ne cherchaient plus leurs modèles en Europe, source supplémentaire de fierté.

    37La peinture édénique d’une nature sublime donne à l’Amérique un statut de terre promise, mais aussi d’un pays où peuvent régner l’égalité et la liberté (au moins pour les Euro-Américains). Entre 1867 et 1879, les photographies prises lors de missions officielles d’exploration de l’Ouest monumentalisent une nature censément vierge et sauvage au moment des plus vives intrusions industrielles dans les terres de l’Ouest et de l’exploitation des ressources naturelles26.

    38Lorsque l’historien Fred Jackson Turner fit en 1893, à la foire internationale de Chicago, le discours qui donnera à la Frontière son aura romantique dans la conscience américaine, le pays était déjà entré dans l’ère industrielle. Alors que des fortunes se construisaient dans les grandes villes de l’Est où sévissaient le crime, les maladies, la pauvreté et la pollution, les vastes territoires de l’Ouest offraient toujours la promesse d’un Éden préindustriel. Dans sa « thèse de la Frontière », Turner montrait que chaque fois que les pionniers allaient plus loin vers l’Ouest, ils abandonnaient des coutumes et des institutions européennes devenues inutiles, et ils innovaient en trouvant des solutions inédites aux nouveaux problèmes créés par un environnement inconnu, riche de promesses et de menaces. Au fil des générations, la Frontière engendra des caractéristiques de simplicité, de violence, de trivialité, de démocratie et d’esprit d’initiative, que tout le monde considérait comme typiquement américaines. Turner fut le fondateur d’un mythe pérenne : la vie sur la Frontière, où tout était possible, où tout était à créer, avait conduit les pionniers à inventer de nouvelles institutions. La conquête de la forêt était le berceau de la démocratie. Lorsque la traversée du continent fut terminée, la Frontière cessa d’être une référence géographique pour devenir idéologique27.

    39La sauvegarde de zones entièrement sauvages devenait donc une nécessité afin que l’identité américaine puisse être préservée à leur contact28.

    40Les dime novels (des romans à trois sous), le Wild West Show de Buffalo Bill, le nouveau National Park System, bénéficiaient de l’insatisfaction des citadins et des revenus des riches citoyens de l’Est. Dans les publicités, dans les tableaux et les photos de l’Ouest, les représentations d’une nature sublime réaffirmaient l’existence de l’identité américaine qui n’avait rien perdu de sa vitalité. L’Ouest était devenu l’Amérique. C’est dans les villes que résidait désormais le péché. La nature, après avoir été diabolisée, était divinisée dans la deuxième moitié du xixe siècle. Elle devenait si rare que Thoreau fit appel au gouvernement fédéral pour demander sa protection.

    41L’inspiration spirituelle des écrits de Thoreau et d’Emerson commença à trouver son expression politique à la fin du xixe siècle. C’est alors que John Muir, qui avait été élevé dans le dédain calviniste de toute « sauvagerie », sortit d’un séjour prolongé dans la solitude de la Sierra Nevada en Californie et devint l’un des principaux artisans de la protection de l’environnement de sa génération. En préconisant la création du Parc national de Yosemite en 1890 et en organisant le Sierra Club en 1892, Muir érigea la wilderness en une pure expression de la divinité sur terre. La plupart des idées de Muir étaient des variations sur les thèmes fondamentaux des transcendantalistes : les objets naturels sont des manifestations de Dieu sur terre29.

    42La romance de la Frontière joua même son rôle en politique, puisque la cabane de rondins devint une image forte qui aida des candidats à devenir présidents des États-Unis, d’Andrew Jackson à Abraham Lincoln30.

    43Pour les fondateurs du préservationnisme (selon lequel la nature « sauvage » a une valeur en soi), la wilderness était indispensable pour les loisirs et la recherche scientifique, mais aussi pour perpétuer le caractère américain, forgé par le contact des pionniers avec la Frontière31.

    44Aldo Leopold écrit que : « La wilderness a une valeur patriotique fondamentale dans la culture américaine32. »

    La loi de 1964

    45Le concept actuel de wilderness s’inspire des écrits de Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau, John Muir, Theodore Roosevelt, Aldo Leopold. John Muir, Aldo Leopold, Robert Marshall et d’autres, s’associèrent au Sierra Club fondé par Muir et agirent pour obtenir une protection fédérale de la wilderness. Aussi en 1964, le président Johnson signa la loi qui créait un système de protection de la wilderness33.

    46Trois idées prévalent :

    • Ce sont au début des parcs pour des loisirs « virils », chasse au gros gibier, randonnées sportives. Il faut donc des lieux rudes et dangereux, du courage pour les affronter, très loin de l’attitude qui prévaut aujourd’hui, où il s’agit de ne pas laisser de trace de passage humain.

    • Pour les Transcendantalistes : la wilderness ne sert pas seulement à des loisirs immédiats, elle doit permettre d’accéder à des « fins élevées » en raison de ses valeurs esthétiques et spirituelles. Ses paysages étaient censés être impressionnants et offrir une solitude qui permet de réfléchir sur soi.

    • La troisième idée est liée aux deux premières : elle est source de paysages sublimes qui inspirent les artistes.

    47Les États-Unis furent le premier pays à définir juridiquement des zones de wilderness :

    48« Une wilderness, contrairement à ces régions où l’homme et ses ouvrages dominent le paysage, est par la présente loi reconnue comme une région où le terroir et sa communauté de vie ne sont pas entravées (untrammelled) par l’homme, où l’homme lui-même n’est qu’un visiteur de passage. » Un trammel est un filet utilisé pour attraper les poissons ou un dispositif pour entraver les chevaux. La wilderness n’est donc pas une terre « jamais foulée par l’homme » comme il est souvent dit, mais une terre libre de toute contrainte humaine.

    49Cet espace de nature sauvage, qui était d’abord à conquérir, devait désormais être protégé. Le combat pour assurer sa protection s’est fait au nom de principes éthiques, sentimentaux, philosophiques, esthétiques, mais obéit surtout à une question de survie. Il nous donne l’occasion de repenser notre relation au monde, devenu par la faute des hommes, un monde « naturel » en « liberté surveillée », protégé de nous-mêmes.

    50Julia Butterfly Hill, la fille d’un pasteur itinérant, explique : « Les forêts cathédrales anciennes sont continuellement profanées par l’exploitation forestière industrielle. La protection de ces écosystèmes sacrés est un devoir moral au nom de la vie et impose à tous de s’unir dans cet objectif commun34. »

    51Paradoxalement, les parcs nationaux sont des espaces sauvages ouverts au public, l’inconnu se visite. Les excursions dans la wilderness jouent le rôle de la célébration rituelle d’un héritage culturel, d’un rituel pour recréer l’expérience de la Frontière et la formation du caractère américain. Sans visiteurs, la wilderness demeure une idée abstraite.

    52Elle joue un rôle dans le processus d’affirmation de soi :

    53Affirmation de l’identité individuelle : preuve que l’on est indépendant, physiquement en forme, unique. C’est dans ce sens qu’ont lieu les stages dans la wilderness organisés par les entreprises pour forger le caractère de leurs cadres, et les not-for-profit Native American wilderness boot camps (camps d’entraînement à but non lucratif dans la wilderness indienne).

    54Affirmation d’une identité collective ; symbole fort d’un patrimoine partagé. Selon Nash, l’identité culturelle américaine peut s’affirmer grâce à la wilderness et aux Parcs nationaux face aux Européens qui avaient un héritage plus riche. Pour lui, « Notre ego national se nourrit aussi bien de la protection que de la conquête de la wilderness35. » Et si l’on en croit Benedict Anderson, « les nations sont des communautés imaginées. Le mythe est le langage grâce auquel une société se souvient de son histoire36 ».

    55Sur un plan philosophique, le contact avec la nature valide notre sens de notre « moi biologique », de notre place dans le monde.

    56Nous avons vu que la wilderness a longtemps régné dans l’histoire de la terre, puis a été créée comme un concept par la civilisation ; elle fut redoutée et haïe, idéalisée et idolâtrie à tel point qu’elle est en danger de disparaître, de mourir de l’excès de notre amour. Elle n’aurait plus de réalité concrète, il ne resterait que des paysages témoins de la wilderness d’autrefois et des concepts, un état d’esprit.

    57Y a-t-il meilleur exemple que celui du Grand Canyon, dont la fréquentation doit être « gérée », ce qui est antinomique. Le nombre de visiteurs est contingenté. Des loteries sont organisées des mois à l’avance pour y accéder individuellement.

    Conclusion

    58La wilderness est réalité et mythe, concept culturel et locus de riches écosystèmes37, un lieu où vivent des êtres vivants qui ne pourraient vivre nulle part ailleurs. Elle a une dimension symbolique que le Nouveau Monde voit naître avec le recul de la Frontière. Aujourd’hui, alors que nous vivons une profonde crise écologique, les gens reviennent aux écrits de Thoreau et se tournent vers les discours et prophéties des grands chefs indiens comme si, ensemble, ils pouvaient apporter une aide spirituelle38.

    59Le mythe de la wilderness tel que nous le connaissons n’est pas très différent de ce qu’il était au xixe siècle : un moyen d’échapper aux maux de nos cités sur-industrialisées. La wilderness doit être préservée à tout prix, car elle est salvatrice.

    60Les Parcs nationaux sont à la fois des monuments à la gloire des Américains qui ont dû surmonter toutes les épreuves pour devenir ce qu’ils sont, de même que des lieux sacrés où le public peut venir admirer la beauté et la grandeur qui dominaient autrefois le continent39.

    61Les artistes, les architectes, les cinéastes, clament la nécessité de son existence. La wilderness devient l’objet d’une sensibilité esthétique et écologique indispensable à la survie, non seulement de l’homme, mais du monde auquel nous avons maintenant conscience d’être liés.

    62C’est ce qu’affirme Gary Snyder :

    « Il se peut que la wilderness diminue temporairement, mais le caractère sauvage ne disparaîtra pas. Un esprit sauvage erre autour de la planète ; les millions de petites graines de la végétation des origines se cachent dans la boue sur les pattes d’une sterne arctique, dans les sables du désert, ou dans le vent. […] La wilderness reviendra inévitablement, mais ce ne sera pas dans un monde aussi beau que celui qui miroitait à l’aube de l’holocène40. »

    63Snyder, par une image, explique que la wilderness a des lois immuables : le coyote et l’écureuil terrestre ne rompent pas l’accord passé entre eux, qui veut que l’un joue le rôle de prédateur et l’autre soit le gibier. Telles sont les leçons du monde sauvage41.

    Bibliographie

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    Wilson A., American Masculinities: A Historical Encyclopedia, Thousand Oaks (Calif.), Sage Publications, 2003.

    Notes de bas de page

    1 Joliet F., « Le “wilderness”, une co-naissance nature-société », colloque Interactions Nature-Société, analyse et modèles UMR6554 LETG, La Baule, 2006.

    2 Tocqueville A. (de), De la démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, collection « Folio-Histoire », t. I, première partie, chap. i, 1986, p. 67.

    3 Marienstras É., Les mythes fondateurs de la nation américaine, Paris, Maspéro, 1976, p. 159.

    4 McGrory Klyza C., Wilderness Comes Home: Rewilding the NorthEast, Hanover (N.H.) and London, Middlebury College Press, 2000.

    5 William Bradford (1590-1657) était le chef de la communauté séparatiste des colons de Plymouth au Massachussetts, puis gouverneur de la colonie.

    6 Koch P., Solitude: A Philosophical Encounter, Peru (Ill.), Open Court Publishing Company, 1994, p. 214.

    7 Roderick N., « The Cultural Significance of the Wilderness » [xroads.virginia.edu/-cap/nature/cap2.html].

    8 Tocqueville A. (de), op. cit., p. 79.

    9 Wilson A., American Masculinities: A Historical Encyclopedia, Thousand Oaks (Calif.), Sage Publications, 2003.

    10 Cotton Mather (1663-1728), pasteur calviniste, appartenait à la troisième génération de puritains de Nouvelle-Angleterre. Il participa aux procès contre les sorcières de Salem, bien qu’il ne demandât pas leur exécution. Impressionné par la puissance de la nature et de ses éléments, il interprétait les catastrophes naturelles comme le châtiment de Dieu pour les pécheurs. Lorsqu’il vit la comète de Halley, il annonça la fin du monde.

    11 Soll M., « Religion irradiates wilderness », in M. Lewis (dir.), American Wilderness: a New History, New York, Oxford University Press, 2007.

    12 Nash R. F., Wilderness and the American Mind, New Haven (Conn.) & London, Yale University Press, 2001, p. 35.

    13 Pearce H., The Savages of America: A Study of the Indian and the Idea of Civilization, Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1965.

    14 Cronon W., Uncommon Ground: Rethinking the Human Place in Nature, New York, WW Norton & Cpny, 1996.

    15 Standing Bear L., Land of the Spotted Eagle, 1933, Lincoln, University of Nebraska Press, 2006, p. 193.

    16 Tocqueville A. (de), Voyage en Amérique, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, t. I, cahier portatif 2, p. 153.

    17 Le Scanff Y., « Quinze jours dans le désert – Tocqueville et la wilderness », Études, n° 4042, février 2006, p. 223-233.

    18 Tocqueville A. (de), op. cit., cité par Le Scanff Y., op. cit., p. 361.

    19 Ibid., p. 361.

    20 Le Scanff Y., op. cit.

    21 Joliet F., op. cit.

    22 Hawthorne N., La Lettre écarlate, Lausanne, La Guilde du livre, 1957, p. 170.

    23 La première édition de Moby Dick a été faite par Harper and Brothers, New York en 1851. Elle fut expurgée pour ne pas heurter les opinions politiques de certains.

    24 Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, Paris, Gallimard Imaginaire, 1990.

    25 Josselin L., The Wilderness Concept and the Three Sisters Wilderness: Deschutes and Willamette National Forests, Oregon, Central Oregon Community College & Oregon State University, Bend (Ore.), Wilderness Associates, 2005, p. 52.

    26 Il s’agit entre autres des photographies de Clarence King (1842-1879), premier directeur du United States Geological Survey, il explora la Sierra Nevada ; de George M. Wheeler (1842-1905) ; de Ferdinant V. Hayden (1829-1887), géologue, qui explora les Montagnes Rocheuses ; et de John W. Powell (1834-1902).

    27 Slotkin R., Gunfighter nation: the Myth of the Frontier in Twentieth Century America, New York, Maxwell McMillan International, 1992.

    28 Le bureau du Recensement annonçait pourtant, en 1897, qu’il n’existait plus de terres vierges de la colonisation aux États-Unis et F. J. Turner faisait remarquer, en 1903, que la décennie précédente était la première dans l’histoire à s’être déroulée sans conquête de l’Ouest.

    29 Burton L., Worship and Wilderness: Culture, Religion, and Law in the Management of Public Lands and Resources, Madison, University of Wisconsin Press, 2002.

    30 Payne D. G., Voices in the Wilderness: American Nature Writing and Environmental Politics, Hanover (N.H.), University Press of New England, 1996.

    31 Scott D., The Enduring Wilderness, Golden (Colo.), Speaker’s Corner, Fulcrum Publishing, 2004.

    32 Leopold A., Journal of Land and Public Utility Economics, 1925.

    33 Loi de protection de la wilderness, PL 88-577, 1964.

    34 Butterfly Hill J., Legacy of Luna, San Francisco, Harper Collins Publishers Inc., 2000. Histoire vraie, écrite sous forme de journal, alors que l’auteur défendait un arbre nommé Luna, dans le nord de la Californie, de 1997 à 1999.

    35 Roderick N., « The Cultural Significance of the American Wilderness », in M. McChoskey et J. Gilligan (dir.), Wilderness and the Quality of Life, San Francisco, Sierra Club, p. 66-73.

    36 Anderson B., L’imaginaire national : réflexion sur l’origine et l’essor des nationalismes, Paris, La Découverte, 2006, p. 655.

    37 Knott J. R., Imagining Wild America, Ann Arbor, the Univeristy of Michigan Press, 2005.

    38 Sayre R., Thoreau and the American Indian, Priceton, Princeton University Press, 1977.

    39 Ross P. A., The Spell Cast by Remains: the Myth of Wilderness in Modern American Literature, New York, Routledge, 2006.

    40 Snyder G., The Practice of the Wild, San Francisco, North Point Press, 1990, p. 15. L’extinction de l’Holocène est le nom donné habituellement à l’extinction massive et étendue des espèces durant l’époque contemporaine, ou dite « moderne » de l’Holocène qui continue actuellement. Ces extinctions concernent de nombreuses familles de plantes et d’animaux. Au début de l’Holocène, après la dernière glaciation, ce sont surtout les continents et les îles nouvellement conquis par Homo sapiens qui ont vu leurs grandes espèces disparaître.

    41 Ibid., p. 4.

    Auteur

    • Marie-Claude Strigler
      Marie-Claude Strigler est maître de conférences en anglais des affaires à l’université de Paris III-Sorbonne Nouvelle. Ses recherches portent sur le difficile équilibre entre le respect des traditions et l’indispensable développement économique des réserves indiennes d’Amérique du Nord. Elle est l’auteur de divers ouvrages sur la Nation navajo. Elle a également dirigé un livre avec Christian Gros : Être Indien dans les Amériques.
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    1 Joliet F., « Le “wilderness”, une co-naissance nature-société », colloque Interactions Nature-Société, analyse et modèles UMR6554 LETG, La Baule, 2006.

    2 Tocqueville A. (de), De la démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, collection « Folio-Histoire », t. I, première partie, chap. i, 1986, p. 67.

    3 Marienstras É., Les mythes fondateurs de la nation américaine, Paris, Maspéro, 1976, p. 159.

    4 McGrory Klyza C., Wilderness Comes Home: Rewilding the NorthEast, Hanover (N.H.) and London, Middlebury College Press, 2000.

    5 William Bradford (1590-1657) était le chef de la communauté séparatiste des colons de Plymouth au Massachussetts, puis gouverneur de la colonie.

    6 Koch P., Solitude: A Philosophical Encounter, Peru (Ill.), Open Court Publishing Company, 1994, p. 214.

    7 Roderick N., « The Cultural Significance of the Wilderness » [xroads.virginia.edu/-cap/nature/cap2.html].

    8 Tocqueville A. (de), op. cit., p. 79.

    9 Wilson A., American Masculinities: A Historical Encyclopedia, Thousand Oaks (Calif.), Sage Publications, 2003.

    10 Cotton Mather (1663-1728), pasteur calviniste, appartenait à la troisième génération de puritains de Nouvelle-Angleterre. Il participa aux procès contre les sorcières de Salem, bien qu’il ne demandât pas leur exécution. Impressionné par la puissance de la nature et de ses éléments, il interprétait les catastrophes naturelles comme le châtiment de Dieu pour les pécheurs. Lorsqu’il vit la comète de Halley, il annonça la fin du monde.

    11 Soll M., « Religion irradiates wilderness », in M. Lewis (dir.), American Wilderness: a New History, New York, Oxford University Press, 2007.

    12 Nash R. F., Wilderness and the American Mind, New Haven (Conn.) & London, Yale University Press, 2001, p. 35.

    13 Pearce H., The Savages of America: A Study of the Indian and the Idea of Civilization, Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1965.

    14 Cronon W., Uncommon Ground: Rethinking the Human Place in Nature, New York, WW Norton & Cpny, 1996.

    15 Standing Bear L., Land of the Spotted Eagle, 1933, Lincoln, University of Nebraska Press, 2006, p. 193.

    16 Tocqueville A. (de), Voyage en Amérique, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, t. I, cahier portatif 2, p. 153.

    17 Le Scanff Y., « Quinze jours dans le désert – Tocqueville et la wilderness », Études, n° 4042, février 2006, p. 223-233.

    18 Tocqueville A. (de), op. cit., cité par Le Scanff Y., op. cit., p. 361.

    19 Ibid., p. 361.

    20 Le Scanff Y., op. cit.

    21 Joliet F., op. cit.

    22 Hawthorne N., La Lettre écarlate, Lausanne, La Guilde du livre, 1957, p. 170.

    23 La première édition de Moby Dick a été faite par Harper and Brothers, New York en 1851. Elle fut expurgée pour ne pas heurter les opinions politiques de certains.

    24 Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, Paris, Gallimard Imaginaire, 1990.

    25 Josselin L., The Wilderness Concept and the Three Sisters Wilderness: Deschutes and Willamette National Forests, Oregon, Central Oregon Community College & Oregon State University, Bend (Ore.), Wilderness Associates, 2005, p. 52.

    26 Il s’agit entre autres des photographies de Clarence King (1842-1879), premier directeur du United States Geological Survey, il explora la Sierra Nevada ; de George M. Wheeler (1842-1905) ; de Ferdinant V. Hayden (1829-1887), géologue, qui explora les Montagnes Rocheuses ; et de John W. Powell (1834-1902).

    27 Slotkin R., Gunfighter nation: the Myth of the Frontier in Twentieth Century America, New York, Maxwell McMillan International, 1992.

    28 Le bureau du Recensement annonçait pourtant, en 1897, qu’il n’existait plus de terres vierges de la colonisation aux États-Unis et F. J. Turner faisait remarquer, en 1903, que la décennie précédente était la première dans l’histoire à s’être déroulée sans conquête de l’Ouest.

    29 Burton L., Worship and Wilderness: Culture, Religion, and Law in the Management of Public Lands and Resources, Madison, University of Wisconsin Press, 2002.

    30 Payne D. G., Voices in the Wilderness: American Nature Writing and Environmental Politics, Hanover (N.H.), University Press of New England, 1996.

    31 Scott D., The Enduring Wilderness, Golden (Colo.), Speaker’s Corner, Fulcrum Publishing, 2004.

    32 Leopold A., Journal of Land and Public Utility Economics, 1925.

    33 Loi de protection de la wilderness, PL 88-577, 1964.

    34 Butterfly Hill J., Legacy of Luna, San Francisco, Harper Collins Publishers Inc., 2000. Histoire vraie, écrite sous forme de journal, alors que l’auteur défendait un arbre nommé Luna, dans le nord de la Californie, de 1997 à 1999.

    35 Roderick N., « The Cultural Significance of the American Wilderness », in M. McChoskey et J. Gilligan (dir.), Wilderness and the Quality of Life, San Francisco, Sierra Club, p. 66-73.

    36 Anderson B., L’imaginaire national : réflexion sur l’origine et l’essor des nationalismes, Paris, La Découverte, 2006, p. 655.

    37 Knott J. R., Imagining Wild America, Ann Arbor, the Univeristy of Michigan Press, 2005.

    38 Sayre R., Thoreau and the American Indian, Priceton, Princeton University Press, 1977.

    39 Ross P. A., The Spell Cast by Remains: the Myth of Wilderness in Modern American Literature, New York, Routledge, 2006.

    40 Snyder G., The Practice of the Wild, San Francisco, North Point Press, 1990, p. 15. L’extinction de l’Holocène est le nom donné habituellement à l’extinction massive et étendue des espèces durant l’époque contemporaine, ou dite « moderne » de l’Holocène qui continue actuellement. Ces extinctions concernent de nombreuses familles de plantes et d’animaux. Au début de l’Holocène, après la dernière glaciation, ce sont surtout les continents et les îles nouvellement conquis par Homo sapiens qui ont vu leurs grandes espèces disparaître.

    41 Ibid., p. 4.

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    Strigler, M.-C. (2013). La wilderness : un espace fantasmé. In G.-H. Laffont, A. Gautier, D. Martouzet, G. Chamerois, & N. Bernard (éds.), L’espace du Nouveau Monde (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.86516
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    Strigler, Marie-Claude. « La wilderness : un espace fantasmé ». L’espace du Nouveau Monde, édité par Georges-Henry Laffont et al., Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.86516.

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    Laffont, G.-H., Gautier, A., Martouzet, D., Chamerois, G., & Bernard, N. (éds.). (2013). L’espace du Nouveau Monde (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.86357
    Laffont, Georges-Henry, Arlette Gautier, Denis Martouzet, Gilles Chamerois, et Nicolas Bernard, éd. L’espace du Nouveau Monde. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2013. https://doi.org/10.4000/books.pur.86357.
    Laffont, Georges-Henry, et al., éditeurs. L’espace du Nouveau Monde. Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.86357.
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