Le spectaculaire, le Mal inné, l’expiation : trois conceptions du fantastique dans le grand opéra

Matthias Brzoska

p. 169-182


Extrait

1Le fantastique dans le grand opéra ? On pourrait couper court cette contribution en précisant qu’il n’y en a pas dans un genre qui se veut explicitement réaliste et historique et dont les auteurs – depuis Victor-Joseph Étienne de Jouy, librettiste de Spontini et Rossini – se sont beaucoup plus occupés de vérité que de fantastique ou de merveilleux1. C’est certainement Meyerbeer, avec Robert le Diable (1831), qui a inauguré une nouvelle conception du fantastique. Mais l’œuvre fait exception dans l’histoire du grand opéra. D’abord, elle a été conçue initialement non pas pour l’Académie Royale, mais pour l’Opéra-Comique ; ensuite, avec ses 758 représentations jusqu’en 18932, elle reste unique – aucune des œuvres que l’on pourrait qualifier de fantastique a eu grande fortune à l’Académie. Les amateurs du grand opéra n’étaient pas favorables au fantastique. Léon Halévy dit avoir détourné, tant bien que mal, son frère compositeur du genre « légendaire et fantastique » au profit du g

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