Les voyages des cœurs royaux en val de Loire (fin xive-début xvie siècle)
p. 231-243
Texte intégral
1La période qui s’étend de la fin du xve au début du xvie siècle est marquée par de nombreux bouleversements1. En cette fin de Moyen Âge (ou en ce début d’époque moderne) où le royaume de France sort de la guerre de Cent Ans pour rentrer dans les guerres d’Italie, le pouvoir royal ne cesse de s’affirmer et de se structurer.
2Un des modes d’affirmation de la monarchie est le cérémonial royal dont l’importance est grandissante. Parmi les nombreux « gestes » qui font ce cérémonial (le sacre, les entrées2), les funérailles occupent une place majeure. Revêtues d’une grande signification politique, elles sont un moment de grande solennité. Depuis le début du xve siècle la durée des funérailles royales peut s’étendre sur plus d’un mois, l’effigie et les attributs de la royauté accompagnent les souverains jusqu’à la nécropole de Saint-Denis, le « cimetière aux rois ».
3À la fin du xve et au début du xvie siècle, après quelques années de désuétude (de Charles VI à Louis XI) la pratique de l’inhumation séparée des cœurs est en vogue à la cour de France. Charles VIII (comme avant lui de nombreux rois du xive siècle de Philippe le Bel à Charles V), la reine Anne de Bretagne, le Roi René ou encore le bâtard Jean d’Orléans comte de Dunois, pour ne citer qu’eux, vont avoir un tombeau de cœur.
4Plusieurs paramètres vont faire du Val de Loire le théâtre de déplacements de cœurs où les « entrées » en ville vont représenter un moment important. Dans la deuxième moitié du xve siècle, à un moment où les souverains résident de plus en plus fréquemment en Val de Loire, le sanctuaire de Notre- Dame de Cléry connaît un grand succès. Il devient la nécropole des Dunois-Longueville et surtout le cimetière de Louis XI3 (premier capétien à ne pas reposer à Saint-Denis depuis Louis VII en 1180, enterré à Barbeau près de Melun). La mort de Charles VIII à Amboise, celle d’Anne de Bretagne à Blois, imposent des délais importants avant l’inhumation à Saint-Denis et favorisent un lent retour vers la capitale ainsi que la partition des cadavres. La mort de Dunois en région parisienne sera à l’origine d’un voyage « inverse ». Son corps, après division, sera inhumé à Cléry, ses entrailles à Beaugency et son cœur à Châteaudun. Si l’on ajoute à ces exemples les cas de deux ducs d’Anjou4 (Louis Ier et René) dont les cœurs « voyageront » avant d’être enterrés à Angers, il s’avère qu’en quelques années, de nombreux cœurs royaux et princiers vont donc « circuler » dans un périmètre assez restreint. Leurs déplacements furent à l’origine de processions importantes, avec de nombreuses haltes dans des villes dont le choix n’est pas dû au hasard.
5Le cœur du défunt fait-il l’objet d’une attention particulière lors de son entrée en ville ?
6Les sources sur les funérailles de cœur sont rares. Les contemporains ont généralement moins décrit les cérémonies qui accompagnent l’enterrement du cœur que celles du corps5. Pourtant, grâce aux testaments et aux récit de funérailles6 de Dunois (Jean le Fèvre pour Louis Ier), grâce à différents écrits, lettres, récits concernant Charles VIII7, et surtout en utilisant les différentes sources qui décrivent les funérailles du cœur d’Anne de Bretagne (dont la chronique de Pierre Choque) il est possible de considérer que l’entrée du cœur est un événement important qui est célébré comme tel.
Les funérailles du cœur du Bâtard d’Orléans
7Le cas sur lequel nous nous penchons pour initier notre réflexion n’est pas celui d’un souverain, mais celui de Jean d’Orléans, fils bâtard de Louis d’Orléans8, mais aussi petit-fils de Charles V, compagnon de Jeanne d’Arc. Son demi-frère, Charles d’Orléans, lui avait donné le comté de Dunois en 1439. Chambellan de Charles VII et de Louis XI9, il fut enterré à Notre-Dame de Cléry en Novembre 146810. Comme beaucoup de membres (même indirects) de la famille royale et comme de nombreux princes, il décida de choisir une sépulture de cœur. Celui-ci fut inhumé à la Sainte-Chapelle de Châteaudun qu'il avait fondée en 1446, à l'Est du château Saint Roch11. Son cœur rejoignit le cœur de son épouse, Marie d'Harcourt, morte en 1464, dont le corps reposait aussi à Notre-Dame de Cléry.
8Les comptes des funérailles du cœur de Jean d'Orléans sont conservés. Jean est mort le 24 novembre 1468 à l’Haÿ près de Paris, le corps fut mis dans un cercueil de plomb après avoir été embaumé et éviscéré. « La dépouille fut recouverte d’un poêle en drap et velours noir et fut déposée sur un chariot peint en noir conduit par deux pages montés sur des chevaux. Suivait un cortège réglé par le défunt, composé de Gentilshommes, officiers et serviteurs, vêtus de noir, portant bannières, étendards et guidons aux armes du Bâtard »12. Le cœur allait être enterré à la Sainte-Chapelle de Châteaudun, les entrailles à Beaugency et le corps à Notre-Dame de Cléry. Le voyage funèbre dura 16 jours, le cortège réglé par le défunt passa par Montlhéry, Etampes, Le Puiset, Beaugency et Cléry où le corps fut inhumé. Puis le cortège, où figure un grand nombre de pauvres (50 munis de torches aux armes du défunt), accompagna le cœur à Châteaudun en passant à nouveau par Beaugency. Le cœur, enfermé dans une caisse de plomb couverte d’un voile noir, se trouvait sur un chariot. Tout comme pour le corps, le clergé des villes traversées se portait à la rencontre du convoi et le chariot entrait dans les églises où il passait la nuit. Ainsi à La Ferté-Villeneuil : « le curé vint avec la croix au devant du cœur »13. À Châteaudun, le cœur passa la nuit qui précéda les funérailles au couvent des Cordeliers et le jour des obsèques, une messe fut célébrée.
9« Le lundi 5 décembre 1468 fut inhumé à Châteaudun, dans la Sainte-Chapelle, le cœur du défunt noble prince, monseigneur Jean, comte de Dunois, accompagné par plusieurs nobles hommes et ecclésiastiques, monseigneur Miles14, l’abbé et les religieuses de la bienheureuse Marie-Madeleine de Châteaudun, le collège de Saint-André et un grand nombre de prêtres »15. Les pauvres étaient, comme pour les funérailles du corps, nombreux. Le luminaire fut très important, comme il était demandé dans le testament de Jean. Les Mendiants d'Orléans dirent quatre messes et les Cordeliers de Châteaudun en dirent deux pour le salut de Jean.
10L’impression qui se dégage de ce premier témoignage est que le cœur est traité comme le corps du défunt. Il est accueilli à l’entrée de la ville par ceux qui sont chargés de veiller sur lui et de prier pour son salut. Ce qui semble primer ici c’est l’acte dévotionnel. Le nombre de pauvres, le luminaire, le choix des « haltes » dans des églises mendiantes -si possible-sont autant de preuves de la piété du défunt qui se place, parfois, sous la protection de la Vierge, comme à la Sainte-Chapelle de Châteaudun et à Notre-Dame de Cléry.
11Mais en même temps le choix des villes traversées, et surtout le choix des lieux d’inhumation (Châteaudun comme Cléry ou Beaugency) sont des gestes dont la portée symbolique est forte. Dunois avait été successivement seigneur de Gien, Romorantin, Châteaudun, Beaugency et Cléry. Sa proximité avec Beaugency, où il résida souvent, explique son désir d’y laisser ses entrailles. Son attachement pour Châteaudun où il fit édifier la Sainte-Chapelle du château à partir de 1451 était plus fort16. Consacrée en 1465 par le cardinal d’Estouteville17, elle était dédiée à la Vierge et aux saint anges ainsi qu’à saint Jean-Baptiste. Dunois y avait établi un prieuré conventuel de l’ordre et de la règle de Saint-Victor de Paris18. La chapelle allait devenir la nécropole des cœurs de la nouvelle branche Orléans que Dunois, bien que bâtard, entendait fonder. Le cœur de Jean d’Orléans y rejoignit en 1468 celui de son épouse, Marie d’Harcourt, morte en 1464, celui de François d'Orléans-Longueville, leur fils, les rejoindra en 1491, ainsi que celui de son épouse, Agnès de Savoie morte en 150819. C’est à proximité du chœur, sous la nef de la chapelle dans une crypte, que furent inhumés par la suite, dans six petites niches situées sur le mur du fond, les cœurs de la famille20.
12L’entrée du cœur de celui qui portait le nom de sa ville (le Dunois est le nom du comté de Châteaudun) est une étape importante. Elle permet à la population, assemblée (on le devine) devant le cortège majestueux et solennel, de se recueillir une nouvelle fois devant son protecteur et bienfaiteur. En confiant son cœur à la ville de Châteaudun, le défunt souligne le profond attachement qui le lie à cette cité.
13En acceptant la division de son corps, en choisissant de disséminer ses restes en trois lieux chers à sa mémoire, Dunois souligne son appartenance à la haute aristocratie et sa filiation capétienne. Il favorise le développement durable de prières, entretenu dans tout son domaine ce qui doit permettre l’enracinement de sa dynastie naissante.
Les ducs Louis et René d’Anjou
14C’est en Anjou que nous disposons d’une des plus anciennes descriptions de l’arrivée « d’un cœur royal ». Grâce à Jean Le Fèvre, évêque de Chartres et chancelier du duc Louis 1er d’Anjou, il est possible de reconstituer en partie le déroulement des obsèques du cœur du duc21. Louis était un des fils de Jean II et de Bonne de Luxembourg, comte puis duc en 1360, régent du royaume à la mort de Charles V, il fut choisi la même année par la reine Jeanne de Sicile pour devenir son successeur. En 1383, il devient Roi de Sicile et de Jérusalem, il tombe malade au mois de septembre 1384 dans le sud de l’Italie et meurt dans la nuit du 20 au 21 près de Bari. Par respect des décisions de Louis d’Anjou, le cœur du défunt est ramené à Angers où il est l’objet d’une imposante cérémonie.
15Jean, qui était aussi l’un des acteurs essentiels de ce convoi, décrit « l’entrée du cœur » dans la ville comme un événement important. Le 29 décembre22 une procession est organisée par la duchesse d’Anjou, Marie de Blois, et par le duc Jean de Berry, frère du défunt. À la tête de la procession qui accueille le cœur à l’entrée de la ville se trouvaient les deux fils du duc Louis et Charles. Jean le Fèvre, raconte : « Ce jour, alames au Pont de Sée au devant du cœur de Monseigneur que on aportoit […] L’evesque d’Angiers et moy venismes à pié avec la procession »23. Le cœur fut ensuite conduit, en présence de nombreux seigneurs et prélats, dont les évêques de Chartres et d’Angers, à la cathédrale Saint-Maurice. Le convoi comportait 150 porteurs de torches vêtus de robes et de chaperons noirs24. Le cœur reposa en la cathédrale où furent célébrées les vigiles ; le lendemain, une cérémonie religieuse eut lieu25. Il fut alors enterré.
16Le cœur du prince sert ici d’analogie au corps resté en Italie, il est honoré à l’égal de celui-ci. Non seulement cette cérémonie remplace celle qui aurait pu avoir lieu pour le corps, mais elle fournit à la comtesse et reine de Sicile, l’occasion de légitimer le rang prestigieux de son époux. Reproduisant une pratique à laquelle Charles V, le frère du défunt, avait donné une importance particulière, la famille d’Anjou souligne son rang royal et son appartenance à la lignée capétienne. Une lettre envoyée au duc de Berry par la reine en Novembre, dont Jean le Fèvre propose une copie, est révélatrice :
« qu’il vous plaise faire telle ordenance sur le fait des obseques de monseigneur comme vous verrés qu’il appartendra et sera expedient […] et quand le cueur et les entrailles seront venus, que il est bien raison que l’on y face obseques solennels, considéré la personne de si grant seigneur comme estoit le Roi de Sicile […] »26.
17Un siècle plus tard, les funérailles du cœur de René d’Anjou eurent lieu en octobre 1480, à Angers27. Le roi René fut l’auteur de plusieurs ouvrages dont certains révèlent une réelle fascination pour le cœur28. Ainsi dans Le Livre du Cœur d’Amour épris le cœur du héros se transforme en chevalier qui va connaître de nombreuses aventures et dans Le mortifiement de vaine plaisance le cœur est une entrave au salut. Mort à Aix-en-Provence, le roi avait laissé dans son testament daté de 1474 des consignes bien précises pour que les funérailles de son cœur soient aussi somptueuses que celles de son corps. Nous disposons d’un long récit de ses funérailles où l’entrée dans la ville d’Angers du convoi qui accompagne le cœur du défunt est décrite comme solennelle et majestueuse. Ces funérailles du cœur furent l’occasion d’un convoi « analogue à celui du corps »29.
18Toutes les églises de la ville sont représentées ; après une messe à la cathédrale, le cœur, enchâssé dans une boîte d’argent, est porté vers l’église des frères Mineurs afin d’y être inhumé. Le cœur est porté sur une litière recouverte d’un grand drap d’or bordé de velours noir décoré d’écus couronnés. Il est surmonté d’un dais de velours noir porté sur six bâtons30. L’ampleur de la procession religieuse et la présence du drap d’or et du dais, symboles de la majesté du défunt, montrent ici les honneurs particuliers réservés au cœur. Seuls les rois avaient depuis le début du xive siècle droit à un dais placé31 au-dessus du cercueil et représentant comme les regalia, le pouvoir du souverain32. Dans l’église des cordeliers, le cœur est placé sous une chapelle ardente, au milieu du chœur. Un important luminaire est déployé. Cinquante pauvres et de nombreux religieux et habitants de la ville assistent à la célébration des Vigiles et à la haute messe de requiem qui est célébrée le lendemain33.
19À deux reprises le cœur est célébré et honoré comme un substitut du corps princier. Ces deux princes qui portent le titre de roi utilisent la partition du corps et les funérailles de cœur pour affirmer leur titre et leurs prétentions ainsi que leur attachement pour la cité angevine. La procession qui accompagne le cœur dès l’entrée de la ville souligne le respect et la fidélité des habitants de la cité, clergé en tête, le parallèle avec ce qui se passe lors de l’arrivée d’un « cadavre intact » et même avec une entrée « royale » est saisissant.
Le cœur de Charles VIII
20Au xve siècle, il est intéressant d’observer que la pratique de l’inhumation séparée du cœur est davantage utilisée par certaines familles princières que par les rois et les reines de France34. Il faut attendre l’extrême fin du xve siècle pour trouver un exemple de funérailles d’un cœur royal. Le cœur de Charles VIII, roi de France, dont les funérailles sont longuement décrites par Pierre d’Urfé35, fut enterré près du tombeau de ses parents, à Notre-Dame de Cléry. Après la mort du roi, survenue à Amboise en avril 1498, le cortège funéraire remonta vers Paris. Mené par La Trémoille, premier chambellan, suivi par des officiers de la cour, par de nombreux prélats et une « foule considérable »36, il s’arrêta à Notre-Dame de Cléry37.
21Le texte de Pierre d’Urfé, très précis sur les funérailles parisiennes autour du corps, reste très discret sur la cérémonie qui accompagna les obsèques du cœur : « Le Grand Écuyer se déporte de parler des funérailles, aumônes, services et cérémonies faites et tenues en l’église de Clery où le cœur dudit Seigneur a été enterré, […] où il a été fait solennel service car Messeigneurs les Prélats qui en ont eu la charge y ont dignement procedé38 ».
22La cérémonie eut lieu le dimanche 22 avril39. Le char portant le cœur royal, traîné par douze beaux coursiers, gardé par cinquante gardes suisses et cinquante arbalétriers français, était précédé par le grand écuyer. Sur un second char, tiré par six chevaux montés par des pages, étaient exposés les insignes de la royauté, la couronne, le sceptre et l’épée nue40. Un long cortège suivait, où se trouvaient de nombreux prélats et princes du sang. L’absence de Louis XII aux funérailles de cœur et de corps de Charles VIII est encore une fois logique. Les préparatifs auxquels il était confronté41, ses relations difficiles avec Pierre d'Urfé et surtout la tradition qui écarte l’héritier du trône des cérémonies funèbres de son prédécesseur en sont certainement la cause42.
23Cette description rend visible le parallélisme entre le cœur, où résident la valeur et la dignité royale et les insignes de la royauté. Le caractère exceptionnel de l’utilisation du char, qui n’est jamais utilisé par le roi de son vivant, semble renvoyer au triomphe à l’antique comme probable héritage des voyages en Italie43, mais il nous laisse quelque peu perplexe : il se pourrait qu’il s’agisse tout simplement d’un chariot… Ici le passage par Cléry, qui n’est qu’un petit bourg, est le fruit d’un choix délibéré du roi ou du chambellan. Situé sur la route de Paris, le sanctuaire abritait le tombeau des parents du roi défunt : Louis XI et Charlotte de Savoie y avaient été ensevelis en 1480 et 1483. Le cœur du défunt, solennellement déposé dans la nef, se trouvait sous la protection de la Vierge ce qui permettait au roi dont le « corps politique » allait rejoindre la nécropole dionysienne de reposer aux côtés des siens.
24Le « spectacle » de la mort royale avait débuté entre Amboise et Cléry, il se concrétisait d’abord par les funérailles de cœur, il allait durer plusieurs jours et se terminer, après de nombreuses étapes, à Paris et à Saint-Denis.
L’apothéose : les funérailles du cœur d’Anne de Bretagne
25Datant du début du xvie siècle, il existe une superbe description des funérailles du cœur de la reine Anne, duchesse de Bretagne. Celui-ci fut enterré dans l’église des Carmes de Nantes après un somptueux cérémonial44.
26Le cœur de celle qui fut duchesse de Bretagne et deux fois reine de France, fut inhumé dans le caveau où reposaient son père François II et sa mère Marguerite de Foix. La pompe grandiose qui accompagna la cérémonie révèle encore une fois les ressemblances entre les funérailles du cœur et celle du corps45.
27Le cœur de la reine, enfermé depuis Blois dans un reliquaire d’or en forme de cœur46, arriva le 13 mars aux Chartreux de Nantes47, dans les faubourgs de la ville, et il fut déposé sur la tombe du « feu Arthur, oncle d’Anne », Arthur de Richemont48, connétable de France, vainqueur des Anglais à Formigny »49et duc de Bretagne. Cette tombe était recouverte d’un drap de velours puis d’un drap d’or richement décoré. Plusieurs messes sont célébrées « ainsi que si le corps y eust esté » et le 19 un cortège se forme pour transporter le cœur des Chartreux aux Carmes en plein centre ville.
28À l’intérieur de la cité furent tendus des linges blancs signifiant que « en humilité voulloient recevoir le cueur de leur souveraine dame ». Des cierges aux armes de la noble dame, avec deux couronnes et une cordelière d’or, illuminaient chaque fenêtre. Devant chaque maison, un enfant vêtu de noir tenait un cierge allumé et s’agenouillait en pleurs au passage du cœur. Le recueillement frappe le chroniqueur : « ainsi faisaient (pleuraient) tous les assistants, non sans cause, car grant pitié avoient de veoir le cueur de leur maistresse, dame naturelle et princesse souveraine séparé du corps »50. Le Breton regrette manifestement que le corps de la duchesse ait été enterré à Saint-Denis alors que tous les ducs, ses prédécesseurs, reposaient en Bretagne.
29Le cortège était précédé d’un crieur vêtu d’une robe de velours noir qui portait deux cloches et à chaque carrefour disait : « Dites vostre pater nostres à Dieu, c’est pour l’âme de la très crestienne royne et duchesse nostre souveraine […] de laquelle on porte le cueur aux Carmes. Priez Dieu pour son âme »51. Les bourgeois, un cierge à la main, et de nombreux clercs, dont l’archevêque de Dol, venaient ensuite. Des torches aux armes de la ville et aux armes de la Duchesse accompagnaient le cortège : « les torches de la Dame étaient portées le plus près du cœur ». Ce dernier était précédé par deux hérauts, sous un poêle de drap d’or soutenu par le vice chancelier de Bretagne52, l’abbé de Kemperlé53, et les sénéchaux de Rennes et de Nantes. Le chancelier Philippe de Montauban portait le cœur enfermé dans un écrin d’or pur. Autour du cœur de la reine, marchaient un grand nombre de ses officiers. Derrière le poêle venaient les gens de robe. Guillaume de Loyon, connétable de Nantes, accompagné de ses archers, fermait la marche.
30Comme pour le corps de la reine, le cœur fut porté dans une chapelle ardente dressée dans le chœur de l’église des Carmes et un service religieux célébré. À l’entrée de l’église un grand drap noir était tendu avec un grand écu aux armes de la reine et de la duchesse. « Le côté des armes de France était soutenu par un ange qui disait : « Rogo pro te Ana ». Du côté des armes de Bretagne se trouvait un lion d’or rugissant qui disait : « Libera eam de ore leonis »54. Sous l’écu on pouvait lire la devise des ducs de Bretagne depuis 138155, attribuée ici à Anne : « À ma vie ». La nef et le chœur étaient couverts de draps de velours noir. Une chapelle ardente fut érigée au milieu du chœur, devant le grand autel, elle était l'élément principal du décor56. Composée de quatre piliers de bois, d'un toit à cinq clochers et quatre pignons57, elle était surmontée de croix doubles et de doubles couronnes d'or sur chaque clocher. De forme rectangulaire ou carrée elle était peinte en noir, garnie d'un ciel et de tentures en drap noir et ornée d'écus aux armes de la reine (mi partie de France et de Bretagne). D'un des écus de la reine, de face sur la représentation conservée, sortaient deux bras, la main droite tenant le sceptre, l'autre la main de justice. En dessous de cet écu se trouvait une hermine, l’emblème des ducs de Bretagne, et on retrouvait la devise « À ma vie » qui ornait aussi la porte de l'église.
31« Aux quatre piliers de la chapelle Royale ardent furent mys Rondeaulx et épitaphes »58, tous vantaient les vertus du cœur de la défunte :
« Ci gist le cuer de ame haulte princesse
Royne de France et de Bretagne duchesse,
De haultesse et vertus enobly,
Dont le corps est mys et ensevely
Dedans France pour estre leur bannere,
Leur enseigne, leur clarté et lumière59. »
32Le reliquaire en or qui contient le cœur était posé sur une estrade recouverte d'un drap d'or. Sur la miniature qui accompagne le texte de Pierre Choque sont agenouillés, de part et d'autre de la chapelle ardente, des membres de l'hôtel de la reine qui portent ses armes et des moines. Le cœur de la duchesse est mis en valeur par la lumière issue des nombreux cierges qui parsèment la chapelle et dont l'éclat rappelle le statut de la reine.
33La grand messe fut dite par l’archevêque de Dol et le sermon prononcé par un carme parla « très bien des vertus de la dicte dame »60. Le chancelier prit ensuite le cœur et descendit dans le caveau familial avec le héraut d’armes. Ils déposèrent le cœur dans « un coffret en osier fermé à clef » entre les corps des parents de la reine, dans le tombeau qu’Anne avait fait édifier en 1500 et dont la construction était terminée depuis 150761. Le héraut Bretagne prononce alors ces derniers mots :
« La tres crestienne royne et duchesse,
Nostre souveraine dame et maistresse,
Son corps gist à Saint-Denys en France
Et son cueur repose soubz cette lame.
Noblesse, l’église, l’universel monde
Priez Dieu qu’il ayt mercy de son ame »
34Le lendemain un autre office eut lieu dans la cathédrale de Nantes et le surlendemain une autre procession fut organisée par la confrérie de Sainte Véronique.
35L’ampleur de la cérémonie montre que le cœur de la duchesse mérite des rites funéraires très proches des funérailles de corps de la reine. Alors que les funérailles de Saint-Denis mettaient davantage l’accent sur le statut royal, cette célébration nantaise permettait de glorifier la duchesse plus que la reine, comme si l’entrée du cœur d’Anne était en quelque sorte la « dernière » entrée de la duchesse dans sa « bonne ville » de Nantes où elle était venue pour la dernière fois en juillet 1505.
36En même temps la cérémonie nantaise soulignait aussi la puissance de la cour de France qui, seule, pouvait se permettre de célébrer aussi somptueusement ces doubles funérailles62. Jean Lemaire de Belges, dans la dédicace du « Traité des Pompes Funèbres antiques » qu’il dédie, quelques temps après les funérailles de la reine, à Claude de France, la fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, souligne l’importance de la majesté de la pompe funèbre à laquelle la duchesse a eu droit :
« Jaye […] esté l’un des doulentz spectateurs de la pompe funeralle et finalle inhumation du corps de feue d’eternelle mémoire la Royne vostre très chère Dame et génitrice, et de ce triomphe Royal […], le peuple de France mais aussi toutes nations externes ont pu veoir à l’œil par extrême admiration plus que oncques ; mais d’autre princesse qui trespassat, de combien surmonte en gloire et souveraine estime toute quelconque dignité féminine la couronne sacrée, Reginalle de ce Royaume […]. Par icelle démonstration a ésté divulgué notoirement à tout le monde de quelle et quante amour et vraye charité fondée en saincte foy catholique et droicte société conjugale, le Roy très chrestien nostre souverain seigneur et vostre très redoubté père embrassoit les vertuz innumerables et la caste fidelité de vostre très magnanime dame et mère vivante, actendu que par sa très habondante amplitude et magnificence sans quelque épargne, ledit seigneur a rendu la renommée de sa très illustre compaigne immortelle à la bouche des hommes et toujours admirable à ceulx qui cy après liront les histoires des exèques funéraulx daucuns princes ou princesses63. »
37Le roi Louis XII sut rapidement utiliser « l’impact médiatique » de ces imposantes cérémonies puisqu’il commanda une trentaine de livrets relatant les obsèques de son épouse64 qu’il offrit à toutes les princesses du royaume, dont Claude de France et Louise de Savoie comtesse d’Angoulême, aux cours étrangères, ainsi à Catherine d’Aragon épouse d’Henri VIII d’Angleterre, et à quelques grands seigneurs, tel Charles de Bourbon65, le futur connétable.
38Les funérailles du cœur permettent de reproduire tout en les infléchissant politiquement les funérailles du corps. Elles sont aussi l’occasion pour la monarchie de réitérer le faste d’une cérémonie dont l’importance politique n’est plus à démontrer pour le corps.
Conclusion en forme d’analyse
39De tous ces exemples se dégagent un certain nombre de points sur lesquels il nous faut revenir.
40Les funérailles de cœur sont encore, à la fin du Moyen Âge, un privilège qui concerne la famille royale et quelques puissantes familles princières qui veulent ainsi imiter le roi. À partir du xvie siècle, la noblesse sera tentée par cette pratique et les sources le confirment : dans la deuxième moitié du xvie siècle les tombeaux de cœurs seront de plus en plus nombreux. Par ailleurs, tous les rois de France auront des funérailles et un tombeau de cœur jusqu’à la fin du xviiie siècle.
41Les funérailles de cœur renouvellent le cérémonial utilisé pour celles du corps, le cœur fait souvent figure de substitut à un corps absent pour des raisons qui peuvent varier. Par le biais de cette nouvelle cérémonie le défunt recherche le salut (présence du clergé, des pauvres, du luminaire…) ce qui ressort clairement des choix effectués pour les lieux de sépulture : Notre-Dame de Cléry, Châteaudun dédiés à la Vierge, Franciscains ou Carmes pour René et pour Anne. Le roi – ou le prince – se rapproche par la même occasion de certains de ses proches, parents ou épouse, et envoie aussi un message « politique » tels Anne à Nantes, René à Angers.
42Dans cette triple perspective, la procession, le convoi, qui sillonne les routes sur plusieurs kilomètres, traverse plusieurs villes, fait une entrée solennelle dans la ville choisie pour accueillir le cœur, est une pièce maîtresse du cérémonial. Autant la cérémonie d’inhumation est réservée à un auditoire restreint, autant le passage du convoi touche un large public, clergé de la ville, bourgeois, officiers, pauvres. Quel est l’impact réel de ce type de cérémonie ? Il a des chances d’être assez fort et de marquer les esprits.
43Il faut, pour terminer, se souvenir que cette période de la fin du xve siècle et du début du xvie siècle est celle où les entrées royales furent souvent l’occasion pour les villes d’utiliser le « langage du cœur »66. En signe de fidélité, de soumission, certaines villes ont offert à Louis XI, comme en 1464 à Tournai, un cœur d’où sortaient des fleurs de lys67 ou à François 1er, en juillet 1515 à Lyon, la clé du cœur.
44Symbole d’hommage, de fidélité, de soumission, le don du cœur était perçu comme un geste fort. Il est certain que l’arrivée du cœur de son souverain, de son prince, de sa duchesse devait être perçue par la ville tout entière, comme une marque d’attachement, de reconnaissance, de fidélité de la part du défunt à l’égard d’une cité qui lui était particulièrement chère.
Notes de bas de page
1 Cette réflexion est extraite de la thèse de doctorat de l’auteur, intitulée Le cœur du roi 1250-1550, soutenue sous la direction de madame Colette Beaune en décembre 2002 (Université de Paris X-Nanterre).
2 Guenée (Bernard), Lehoux (Françoise), Les entrées royales françaises 1328-1515, Paris, 1968.
3 Favier (Jean), Louis XI, Paris, p. 903-904.
4 Louis 1er duc d’Anjou, mort en 1384, et le roi René, mort en 1480.
5 Ainsi pour Charles VIII, le contraste est flagrant, le récit de Pierre d’Urfé, Grand Écuyer du roi, est très détaillé pour les funérailles du corps et beaucoup plus synthétique pour celles du cœur.
6 Édité et commenté par Jarry (Louis), Testaments, inventaire et compte des obsèques de Jean, bâtard d'Orléans, Orléans, 1890.
7 En particulier une lettre du Sieur de Bouchaige écrite à sa femme le 17 avril 1498, publiée par Godefroy (Théodore), Cérémonial François, Paris, 1619, p. 746.
8 Donc de lignage capétien-valois.
9 Ces faits sont antérieurs à la mort de Charles VIII, mais nous réservions ce dernier exemple car il était doublement exceptionnel par la précision des descriptions et par le fait qu’il ne concernait pas un roi mais un membre du lignage valois.
10 Voir infra, l’importance de la Sainte-Chapelle de Châteaudun et de Notre-Dame de Cléry.
11 Jarry (Louis), op. cit., p. 36.
12 Ibid, p. 36.
13 Ibid.
14 Il s’agit de Miles d’Illiers, évêque de Chartres.
15 D’après Guillaume Laisné, Coudray (L. D.), Histoire du château de Châteaudun, Paris, 1871.
16 La Sainte-Chapelle de Châteaudun abritait des morceaux de la Vraie Croix.
17 Jarry (Louis), Testaments…, op.cit, p. 26.
18 Coudray (L. D.), Histoire du château de Châteaudun, op.cit, p. 114. Dunois aurait choisi l’ordre de Saint-Victor par estime pour plusieurs de ses membres qui avaient contribué à son éducation.
19 Tous sont enterrés à Notre-Dame de Cléry. Il est intéressant de retrouver ici un membre de la famille de Savoie qui pratique la multiplication des sépultures depuis assez peu de temps. Agnès de Savoie fit achever la Sainte-Chapelle et François fit construire le clocher.
20 Je remercie, à ce propos, le personnel du Château qui m’a permis par un jour de mars 2001 de visiter cette crypte désormais fermée et vidée de ces ornements depuis la Révolution Française.
21 Journal de JeanLe Fèvre, évêque de Chartres, chancelier des rois de Sicile, tome. 1, publ. Moranvillé (H), Paris, 1887. Jean le Fèvre est né à Paris, il fut abbé de Saint-Vaast d’Arras en 1370 puis conseiller de Charles V. En 1380 il devient évêque de Chartres et chancelier de Louis 1er d’Anjou, puis de son fils jusqu’à sa mort en 1390.
22 Les entrailles avaient été enterrées à Saint-Martin de Tours le 23 décembre, Journal de Jean Le Fèvre, op.cit., p. 76.
23 Ibid., p 77.
24 Ibid., p. 61.
25 « L’abbé de Saint-Florent dit la première messe qui fu de saint Maurice. Un evesque jacobin dit la seconde qui fu de Nostre Dame. La tierce messe je dis et je presché », Ibid., p. 78.
26 Ibid., p. 60.
27 Le roi René était mort à Aix le 10 juillet de la même année. Description des funérailles dans BNF, Fr. 4317, fol 23.
28 Ces réflexions sont inspirées par l’intervention passionnante d’Armand Strubel, prononcée lors du colloque sur le cœur sous le titre « Le cœur personnifié, réifié, hypostasié », Lausanne, novembre 2000, The Heart, Actes du colloque tenu en novembre 2001 à Lausanne sous la direction d’Agostino Paravicini Bagliani, Micrologus, 11/2003, p.449-468.
29 Coulet (Noël), Planche (Alice.), Robin (Françoise.), Le roi René : le prince, le mécène, l’écrivain, le mythe, Aix en Provence, 1982, p. 40-41. Cette analogie est soulignée tout au long de la relation des funérailles.
30 Gaude-Ferragu (Muriel), « Le cœur couronné, tombeaux et funérailles de cœur en France à la fin du Moyen Âge », Micrologus, op. cit, p. 241-266.
31 Le dais serait apparu pour la première fois lors des funérailles de Philippe V en 1322. Il surmonte ensuite toutes les dépouilles royales. Gaude-Ferragu (Muriel), D’or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen-Âge, Villeneuve d’Asq, 2005, p.230-231.
32 Gaude-Ferrragu (Muriel), « Le cœur couronné… », op. cit.
33 Gaude-Ferrragu (Muriel), D’or et de cendres, op. cit., p. 342.
34 Ces derniers avaient pourtant entamé le processus près de deux siècles plus tôt. Il n’est pas possible ici d’expliquer les causes de cette évolution qui sont, par ailleurs, développées dans ma thèse.
35 Le récit du cérémonial que fait Pierre d’Urfé est excessivement précis. Il est publié dans Boureau (Alain), Le simple corps du roi, l’impossible sacralité des souverains français, xve-xviiie siècles, Paris, 1988, p 95-114. Il y a aussi une version dans l’édition de Godefroy du Cérémonial François (1619) et dans L’histoire de Charles VIII de Guillaume de Jaligny (1684).
36 Jarry (Louis), Histoire de Cléry, Orléans, 1899, p. 198-199.
37 Labande-Mailfert (Yvonne), Charles VIII, le vouloir et la destinée, Paris, 1986, p. 464.
38 Jaligny (Guillaume de.), Histoire de Charles VIII…, op. cit., p. 756. Saint-Gelais (Jean de), Histoire de Louis XII, éd. Godefroy, Paris, 1622, p. 109.
39 Une lettre du sieur de Bouchaige écrite à sa femme le 17 avril, publiée par Godefroy, nous éclaire sur ce point : « Le corps du feu roy […] n’est parti aujourd’hui mais demain, après le service, et il ira à Saint-Denis là où il sera enterré, excepté que dimanche il séjournera à Cléry », Godefroy, Cérémonial, op.cit., p. 746.
40 Les funérailles de Charles VIII sont exceptionnelles pour plusieurs raisons. Outre le faste des cérémonies de Cléry, la présence de l'épée (comme celle des cottes d'armes pour le corps), des drapeaux et des chevaux sont remarquables. Adoptant un rituel honorant les qualités chevaleresques et militaires, le roi se présente comme le modèle du roi chevalier, voir, Labande-Mailfert (Yvonne), Charles VIII, op.cit, p. 273.
41 Boureau (Alain.), Le simple corps du roi, op.cit, p. 33.
42 Louis est venu se recueillir sur le corps de son cousin dès le 8 avril au Château d’Amboise et nous savons qu’il donna des instructions rigoureuses aux gens du Parlement de Paris pour qu’ils assistent aux obsèques de son prédécesseur. Godefroy ,Cérémonial, op.cit., p. 746.
43 Labande-Mailfert (Yvonne.), Charles VIII, op.cit.,., p. 435.
44 Le Fur (Didier), Anne de Bretagne, Paris, 2000, donne une abondante bibliographie. Dom Lobineau, Histoire de la Bretagne, t. 1, p 837. Pierre Choque « hérault d’armes d’Anne de Bretagne », Récit des funérailles d’Anne de Bretagne, éd. Merlet (Lucien), de Gombert (Max), Genève, 1970. Tourault (Philippe), Anne de Bretagne, Paris, 1990, p. 219.
Pierre Choque, « Commémoration et advertissement de la mort d’Anne de Bretagne », BNF, Fr. 5094, vers 1515. Il existe aussi des récits anonymes imprimés cf la bibliographie de Le Fur (Didier), op. cit., p. 212-213.
45 Le parallèle est saisissant entre la cérémonie des funérailles du corps de la reine décrite par Pierre Choque et celle des funérailles de François 1er, longuement reprise par Giesey (Ralph E.), The Royal Funeral Ceremony in Renaissance France, Genève, 1960.
46 Aujourd’hui conservé au Musée Dobrée à Nantes (fig. 1, p. XXIII, fig. 2, p. XXIV).
47 Le voyage dut s’effectuer par bateau, sur la Loire.
48 Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne (1393-1458). Cosneau (Émile), Le Connétable de Richemont (Arthur de Bretagne, 1393-1458), Paris, 1886.
49 Pierre Choque, Récit des funérailles…, op.cit., p. 93.
50 Ibid., p. 95.
51 Ibid., p. 96.
52 Jean Briçonnet.
53 Pierre de Kergus.
54 Pierre Choque, Récit des funérailles, op. cit., p. 100-101.
55 Le Fur (Didier), Anne de Bretagne, op. cit, p. 139.
56 Le terme de « chapelle ardente » apparaît pour la première fois en 1481 dans la description des funérailles de René d'Anjou, Gaude-Ferragu (Muriel), D’or et de cendres, op.cit, p. 360.
57 Illustration ci-jointe, p. XXV. BNF, Fr 18537, fol 65. Autre représentation de cette chapelle ardente, Arsenal, ms fr 5224, fol 48.
58 BNF, Fr. 18537, fol. 63.
59 Ibid.
60 Des sermons fort semblables avaient été prononcés lors des cérémonies de Blois, de Paris et de Saint-Denis, en présence du corps de la défunte. Le Fur (Didier.), Anne…, op. cit., p. 132-135.
61 Ibid., p. 140
62 Le cœur reste en Bretagne, le corps repose à Saint-Denis, le parallèle avec la décision de Charles V est intéressant. Le cœur du duc de Normandie repose à Rouen, le corps du roi de France à Saint-Denis.
63 Jean Lemaire de Belges Traité des Pompes Funèbres Antiques, éd. Stecher (Jean Auguste.), Œuvres, t. IV, Genève, 1969, p 269-292, p. 271. BNF, Fr. 22326, fol. 79. Ce traité et la description des funérailles de la reine eurent certainement une grande influence sur l’ordonnancement des funérailles de la reine Claude et de François 1er. Brown (E. A. R), « Royal Bodies, Effigies, Funeral Meals and Office in Sixteenth Century France », Micrologus VII, Il Cadavere, The Corpse, 1999, p. 437-508.
64 Le Fur (Didier), Anne de Bretagne, op. cit, p. 120. Gaude-Ferragu (Muriel), D’or et de cendres, op.cit, p. 28.
65 Ibid.
66 Nagle (Jean), La civilisation du cœur, Paris, 1998.
67 Guenée (Bernard),. Lehoux (Françoise.), Les Entrées royales, op. cit., p. 28.
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