Chapitre IV. Origines de l’objet pauvre

1Dans le « dialogue avec le réel1 » qu’entame l’objet pauvre se joue le principe même de l’appropriation, en même temps que s’exprime la complexité de ce phénomène : la récupération à des fins artistiques suppose en effet des accommodements, le geste même pouvant varier considérablement d’une compagnie à l’autre, jusqu’à la feinte. Et il en va de même de la nature des objets récupérés, qui sont parfois davantage « prélevés » que véritablement sauvés de la disparition, achetés que trouvés et, comble du paradoxe, neufs plutôt qu’usagés. Autant dire que s’expriment déjà, avant la scène, des choix et des orientations qui conféreront ensuite à l’objet pauvre son éventail de sens et d’emplois. C’est donc bien par là qu’il faut commencer : la trouvaille participe en effet déjà de l’élaboration du travail théâtral.

2La récupération est souvent une activité à plein temps, étroitement liée à la vie quotidienne. Michel Laubu l’affirme : « Je suis un ramasseur – je n’arrête pas ; aujourd’hu