Philippe Collin
p. 79-80
Texte intégral
1Né en 1931, ancien élève de l’IDHEC, critique de cinéma pour la revue Elle (de 1974 à 2001) et au Masque et la Plume (de 1985 à 2001), réalisateur de quatre longs métrages de cinéma, Philippe Collin a eu une carrière à la télévision extrêmement riche avec pas moins d’une centaine de programmes culturels, réalisés du milieu des années 1960 au début des années 1990. Passées les années d’assistanat auprès notamment de Louis Malle (Zazie dans le métro en 1960, Vie privée en 1961, Le Feu follet en 1963), Alain Cavalier (Le Combat dans l’île en 1962), Marc Allégret (Les Affreux en 1959) ou Jean Renoir (Le Testament du docteur Cordelier en 1959), c’est en effet la télévision qui s’imposa largement pour lui. Si cette abondante production télévisuelle concerne principalement le domaine de l’art, elle ne se cantonne cependant pas à une discipline précise : la musique, le cinéma, les arts plastiques l’auront intéressé tour à tour. Dans la majorité des cas s’y sont manifestés des intérêts véritables pour les sujets traités, des choix personnels aussi, que son indépendance vis-à-vis de l’institution télévisuelle lui permit d’assumer. Ainsi qu’il le dit dans l’entretien, ses relations avec Maurice Leroux pour Arcana, connaissance de la musique (émission existant de 1969 à 1972), Jean-José Marchand pour Les Archives du XXe Siècle (1969-1974), Pierre-André Boutang pour Désir des arts (1983-1985) notamment, lui auront ainsi offert la chance d’entreprendre de réelles collaborations, excédant le cadre de la commande.
2Bien évidemment, les films qui lui tinrent à cœur, et aujourd’hui encore, sont d’abord des projets personnels, au cinéma comme à la télévision. Là encore l’art tient une place centrale, ou la pensée philosophique, du moins une certaine conception de l’existence qui aborde, de manière souvent plus grave qu’il n’y paraît, la notion de la liberté individuelle. Homme érudit, esprit pudique et élégant, volontiers iconoclaste, doué en outre d’un grand sens de l’humour et de la dérision, il y a de tout cela dans ses films documentaires et ses fictions. Marcel Duchamp (1967), Ciné-follies (1977), Le Fils puni (1979), Hogarth et Lichtenberg (1983), Geneviève de Brabant (1987) ou encore Les Derniers jours d’Emmanuel Kant (1996) composent ainsi une fascinante galerie de portraits où les « personnages » de fiction ne sont pas forcément les plus surprenants, les « sujets » empruntés à la vie réelle les moins exubérants.
3Au contact de l’art, d’artistes et d’intellectuels d’exception, Philippe Collin dit avoir appris constamment. Il s’est constitué une vie jubilatoire et passionnante qui a nourri ses œuvres d’imagination. C’est avec humilité, qu’il nous en fait partager quelques épisodes ici.
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