Chapitre II. High School, 1968

L’essence de la métamorphose que subissaient les hommes consistait en un affaiblissement de leur nature propre, de leur personnalité et en un renforcement du sentiment du destin.
Vassili Grossman, Vie et destin, I, 257.

1L’interdiction qui frappa jusqu’en 1991 le premier film de Frederick Wiseman, Titicut Follies (1967) fait de High School, financé par un mécène soucieux de questions pédagogiques, l’œuvre par laquelle des publics non festivaliers ont découvert le cinéaste. Il ne sut qu’ensuite trouver production et diffusion durables – sinon sereines – auprès d’importantes et plus riches chaînes de télévision publiques.

2High School fut montré par de petites chaînes locales, à New York et à Los Angeles. En revanche, cent cinquante copies en seize millimètres – contre dix pour son septième film, Essene (1972) – circulèrent, dans les ciné-clubs certes, mais surtout dans les universités et les lycées. Même aux États-Unis, une telle diffusion ne se conçoit guère sans un appui des ense