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Les primaires ouvertes en France

 | 
Rémi Lefebvre
, 
Éric Treille

Troisième partie. Sociologie électorale des primaires et approches locales

10. Des primaires d’octobre 2011 à l’élection présidentielle d’avril-mai 2012 : les dynamiques sociologiques de la mobilisation électorale à gauche

Julien Audemard und David Gouard

Volltext

1Dans cette contribution, nous proposons d’apporter des éléments de réponse aux débats théoriques relatifs aux logiques électorales induites par le recours aux primaires. Nous répondrons à ces questions au travers d’une analyse sociologique et empirique de la mobilisation et de la trajectoire de l’électorat de gauche depuis les primaires d’octobre 2011 organisées par le Parti socialiste et le Parti radical de gauche jusqu’à l’élection présidentielle de 2012.

  • 1 Key V. O., Politics, Parties and Pressure Groups, New York, Thomas Y. Crowell Company, 1947. Voir (...)
  • 2 Geer J. G., op. cit. Voir également Kaufman K., Gimpel J., Hoffman A., « A promised fulfilled? Ope (...)
  • 3 Cette idée est en partie à l’origine de l’adoption par le parti Les Républicains des primaires ouv (...)
  • 4 Pour une précédente version de cet article, voir Audemard J. et Gouard D., « Les primaires citoyen (...)

2Dans le cadre du débat sur la portée plus ou moins démocratique de ce type de consultation1, notre propos consiste d’abord à interroger la nature de la mobilisation électorale lors de ces primaires. On peut en effet se demander si la mobilisation a équitablement touché les différents segments du corps électoral. Ensuite, dans le prolongement de controverses déjà anciennes animées par des travaux américains sur la question des orientations politiques et électorales des sympathisants supposées plus radicales que celles des adhérents du parti2, nous chercherons à savoir dans quelle mesure l’ouverture aux sympathisants a pu avoir un effet sur les résultats de l’élection. Enfin, dans la mesure où beaucoup de commentateurs et d’acteurs politiques ont considéré que la victoire de François Hollande en 2012 s’expliquait par la mobilisation d’un ensemble électoral cohérent dans ses orientations électorales des primaires jusqu’à l’élection présidentielle3, nous souhaiterions interroger les trajectoires des électeurs des primaires jusqu’à l’élection présidentielle afin de mieux comprendre les dynamiques ayant présidé au succès du candidat socialiste en 20124.

3Une approche localisée sur la ville de Montpellier nous a permis de renseigner la sociologie de la participation. Cette ville offre un terrain de recherche particulièrement intéressant dans la mesure où, depuis la fin des années 1970, le vote en faveur du Parti socialiste s’y est progressivement ancré. Depuis plusieurs années, le département de l’Hérault abrite d’ailleurs l’une des principales fédérations socialistes. En 2011, les dix cantons de l’agglomération montpelliéraine étaient tous détenus par un conseiller général socialiste. De fait, la participation pour les primaires a été particulièrement forte à Montpellier, se chiffrant à 10,2 % des électeurs inscrits sur les listes électorales au premier tour et à 10,5 % au second tour, soit quatre points de plus que la moyenne nationale. Dans cette configuration, il n’a d’ailleurs pas été étonnant qu’au second tour de l’élection présidentielle de 2012 François Hollande réalise à Montpellier un de ses meilleurs résultats parmi ceux enregistrés dans les grandes villes françaises.

  • 5 <http://cartelec.net>.

4Notre enquête a procédé en deux temps : d’abord en octobre 2011 lors des primaires, puis au printemps 2012 lors de l’élection présidentielle. Deux types de données ont été recueillis. Nous avons tout d’abord constitué une base de données agrégées concernant les caractéristiques sociales des différents bureaux de vote de la ville ainsi que leurs résultats électoraux produits lors des deux élections. Pour ces primaires, la ville comptait 60 bureaux de vote formés à partir de la fusion des 120 bureaux de vote habituels. Nous avons donc fait de ces bureaux « primaires » l’unité de référence de cette partie de notre analyse. Nous avons renseigné les caractéristiques socio-économiques du périmètre couvert par chacun de ces bureaux de vote grâce aux données fournies par les enquêtes INSEE à l’échelle des IRIS et accessibles via la base de donnée Cartelec5.

  • 6 Pour ces primaires, le bureau de vote Mozart procédait de la fusion des bureaux de vote no 99, no (...)

5Nous avons enfin complété cette base avec des données individuelles concernant les électeurs. Pour cela, nous avons déployé une enquête par questionnaires à la sortie de deux bureaux de vote des primaires aux profils socio-économiques contrastés afin de toucher des électeurs issus de milieux sociaux divers : le bureau de vote de l’école maternelle Mozart et le bureau de vote de l’école élémentaire Aliénor d’Aquitaine. Le premier bureau de vote regroupait pour l’essentiel des ménages plutôt aisés sur le plan socioéconomique tandis que le second bureau renvoyait surtout à des ménages de la petite classe moyenne6. Ces deux sites ont été également choisis parce qu’ils étaient, au regard des élections précédentes, fortement participatifs et parce que le vote en faveur du PS et, plus glogalement, de la gauche y était élevé. Ces tendances laissaient envisager une mobilisation importante lors des primaires ainsi qu’une participation substantielle à notre enquête.

6Près d’un millier de questionnaires ont été recueillis sur les deux tours de scrutin. Ces questionnaires comportaient des questions relatives à la politisation, aux choix électoraux (passés et immédiats) et aux principales caractéristiques socio-économiques des répondants. Plus des deux tiers des votants avaient effectivement répondu à notre questionnaire, ce qui non seulement nous a permis de limiter les biais de sélection mais aussi de nourrir des premières hypothèses sur les caractéristiques sociales des électeurs qui s’étaient mobilisés.

  • 7 Nous avons alors retenu trois des cinq bureaux de vote traditionnels qui avaient précédemment fait (...)
  • 8 Il s’agit du bureau de vote no 90 situé à la Paillade, un des plus importants quartiers populaires (...)

7Six mois plus tard, à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle de 2012, nous avons renouvelé ce dispositif d’enquête par questionnaires à la sortie de plusieurs bureaux de vote des deux mêmes sites7. Nous avons également mis en place ce dispositif dans un bureau de vote d’un quartier populaire de Montpellier qui n’avait pas fait l’objet de ce type d’investigation en 20118. Par ce nouveau dispositif, nous avons recueilli plus de 1 500 questionnaires.

Le cens caché des primaires

  • 9 Lors des deux tours de scrutin, nous avons relevé le sexe et l’âge approximatif des différentes pe (...)

8Notre étude montre que deux variables se sont révélées particulièrement discriminantes pour expliquer la participation à ces primaires : l’âge et le statut social. En effet, à l’occasion du premier et du second tour, le dispositif de passation de questionnaires montre une très nette sureprésentation des électeurs de plus de 50 ans parmi les votants. À l’inverse, les électeurs les plus jeunes ont très peu participé à la consultation. Ainsi, sur les deux sites investis, les électeurs quinquagénaires et sexagénaires ont eu en moyenne plus de quatre fois plus de chances de participer au scrutin que les électeurs de moins de 31 ans. Cette sureprésentation ne relève pas d’un artefact lié à la méthode d’enquête par questionnaire. Elle s’accentue d’ailleurs dès lors que sont prises en compte les personnes ayant refusé de répondre à l’enquête (voir tableau 1)9.

9En plus de constituer un électorat âgé, les votants des primaires appartiennent, pour la majorité d’entre eux, aux milieux sociaux les plus aisés. C’est ce qui ressort de la comparaison entre cet électorat et les données IRIS de l’INSEE relatives aux deux sites. Ainsi, la mobilisation lors des primaires a largement laissé de côté les milieux populaires et les jeunes. Tout juste peut-on noter un très modeste élargissement sociologique au second tour de scrutin, en même temps que la mobilisation générale augmentait légèrement.

Tableau 1. Répartition en classes d’âge des électeurs

Tableau 1. Répartition en classes d’âge des électeurs

* Chiffres obtenus après pondération effectuée à partir de l’observation des personnes n’ayant pas souhaité répondre à notre enquête. Voir la note de bas de page no 9.
Source : Enquête primaires Montpellier

  • 10 Comme l’indique le tableau 2, nous avons ici calculé un indice de séniorité. Ce dernier correspond (...)

10L’ensemble de ces résultats se trouve confirmé par une analyse de régression réalisée à l’échelle des soixante bureaux de vote montpelliérains dédiés aux primaires. En isolant les effets propres à chaque variable, cette analyse montre en effet que si les facteurs politiques tels que le niveau moyen de la participation électorale et l’ancrage à gauche des bureaux de vote ont une influence positive sur le niveau de la participation aux deux tours de scrutin, il en va également de facteurs sociaux, notamment d’ordre socioprofessionnel et générationnel. Ainsi, les bureaux de vote où les cadres et professions intellectuelles supérieures sont en proportion importante, et dans une moindre mesure ceux où les diplômés de l’enseignement supérieurs sont bien représentés, sont ceux où la participation a été la plus forte. De même, les bureaux de vote caractérisés par le poids des électeurs les plus âgés comparativement aux électeurs les plus jeunes sont ceux qui participent le plus10.

11On pourrait néanmoins objecter à ces résultats que les électeurs qui se sont mobilisés pour les primaires n’étaient, certes, pas représentatifs du corps électoral de leur espace, mais pouvaient finalement être représentatifs de l’électorat de gauche, et en particulier de l’électorat qui s’était prononcé en faveur de François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, tout du moins dans les deux espaces que nous avons investis par le biais des questionnaires. En effet, rien ne permet à ce stade d’affirmer que les votants aux primaires n’étaient finalement pas à l’image des électeurs de gauche et en particulier des électeurs socialistes de leur quartier.

Tableau 2. Régression linéaire : les déterminants de la participation électorale aux deux tours de la primaire à Montpellier (échelle : bureau de vote)

Tableau 2. Régression linéaire : les déterminants de la participation électorale aux deux tours de la primaire à Montpellier (échelle : bureau de vote)

Sources : données cartelec, résultats électoraux et listes électorales.
* p <, 05 ** p <, 01 *** p <, 001

  • 11 En effet, au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’ensemble des quatre bureaux de vote (...)

12Les questionnaires recueillis à l’occasion du premier tour de la dernière élection présidentielle nous permettent de répondre à cette objection dans la mesure où ces données rendent possible la comparaison des propriétés sociales des électeurs de gauche du premier tour de l’élection présidentielle, selon que ces derniers ont ou non participé aux primaires. Ces données sont d’autant plus solides que dans les quatre bureaux de vote étudiés en 2012 les électeurs de gauche forment un électorat qui a, dans l’ensemble, bien participé à l’enquête11.

Graphique 1 : Principales caractéristiques sociales des électeurs de gauche du premier tour de la présidentielle selon leur participation aux primaires.

Graphique 1 : Principales caractéristiques sociales des électeurs de gauche du premier tour de la présidentielle selon leur participation aux primaires.

Sources : QSU du premier tour de la présidentielle de 2012 dans les bureaux de vote n° 61, 90, 99 et 100.
Electeurs de gauche déclarant avoir participé aux primaires de 2011 = 287
Electeurs de gauche déclarant ne pas avoir participé aux primaires de 2011 = 535

  • 12 Les chiffres de ce tableau sont comparables si on accepte le postulat selon lequel la représentati (...)
  • 13 Pour la tranche d’âge des 18-31 ans, le taux de réponse au questionnaire était de 68 %.
  • 14 Dans notre échantillon, au sein de la classe d’âge des 18-35 ans, 62 % déclarent être titulaires d (...)

13Le graphique 1 fait apparaître clairement qu’au sein de l’électorat de gauche du premier tour de la présidentielle, dans les quatre bureaux que nous avons étudiés, les votants qui ont participé aux primaires d’octobre sont nettement plus âgés, appartiennent plus souvent aux catégories socioprofessionnelles les plus favorisées et sont plus diplômés que les électeurs de gauche qui n’ont pas participé aux primaires12. C’est d’ailleurs surtout pour les électeurs les plus diplômés, c’est-à-dire pour ceux qui détiennent un diplôme supérieur à bac + 5 que la différence entre les deux groupes est la plus forte. On peut penser que cette différence entre les deux groupes est limitée pour la catégorie plus large des diplômés de l’enseignement supérieur dans la mesure où les jeunes, en plus d’avoir massivement apporté leur suffrage à François Hollande dès le premier tour de l’élection présidentielle, qu’ils soient votants des primaires ou non, ont beaucoup participé à l’enquête par questionnaire13, ce qui mécaniquement a eu un effet structurel sur le niveau de diplôme moyen14. Enfin, les hommes sont légèrement sureprésentés parmi les votants aux primaires comparativement à ce qu’ils représentent dans l’électorat de gauche du premier tour de l’élection présidentielle.

14Pour prendre toute la mesure de ce contraste, il convient surtout de considérer que les différences socioéconomiques qui se donnent ici à voir au sein de l’électorat de gauche entre les votants et les non-votants aux primaires sont très probablement plus nettes encore dans la réalité. En effet, ce type d’enquête par questionnaire enregistre en règle générale moins de participation chez les votants les moins politisés, qui appartiennent aussi le plus souvent aux milieux les plus populaires. Ainsi, les parts de cadres ou de diplômés du supérieur parmi les électeurs de gauche n’ayant pas participé aux primaires sont-elles probablement surestimées. Si l’on peut penser que cette surestimation de la part des milieux sociaux les mieux dotés sur le plan socio-culturel se retrouve également chez le groupe des votants aux primaires, on peut néanmoins supposer qu’elle est moindre. En effet, si l’on s’en tient au nombre de votants aux primaires réels recensés dans chacun des bureaux de vote étudiés en octobre 2011, il s’avère qu’une très forte proportion d’entre eux ont effectivement participé à notre questionnaire lors du premier tour de l’élection présidentielle d’avril 2012.

15Il convient aussi d’ajouter que ce phénomène de sélection sociale est le même, que l’on raisonne sur la base des électeurs de François Hollande du premier tour ou sur la base des autres électeurs de gauche du premier tour. Notons toutefois que les électeurs des primaires qui ont voté au premier tour de la présidentielle pour un autre candidat de la gauche que François Hollande (pour Jean-Luc Mélenchon notamment) sont un peu plus jeunes en moyenne mais sont en revanche plus éloignés encore des milieux populaires.

16Cette même analyse comparative entre votants et non-votants aux primaires parmi l’électorat de gauche du premier tour, mais que l’on ferait cette fois-ci pour chacun des quatre bureaux de vote qui avait fait l’objet d’une investigation par questionnaires en 2012, permet par ailleurs de dégager des résultats intéressants, bien qu’il faille rester prudent sur l’interprétation des chiffres en raison des plus faibles effectifs. Ainsi, dans le bureau de vote le plus populaire que nous avions sélectionné, le bureau de vote no 90 du quartier de la Paillade, les différences entre les deux groupes selon le critère du genre, du niveau d’étude et de l’âge sont-elles plus marquées encore, comme si la compétence politique y était socialement plus clivée qu’ailleurs. Dans une moindre mesure, on retrouve ce plus fort clivage générationnel dans le bureau de vote no 61 Aliénor d’Aquitaine où réside surtout la petite classe moyenne (professions intermédiaires, employés). Néanmoins, dans ce même bureau de vote, les milieux populaires sont moins exclus de la participation à la primaire qu’ailleurs. Enfin, il est intéressant de noter que dans le bureau de vote no 99, très marqué à gauche et très participatif, l’exclusion des milieux populaires aux primaires est moins nette également, à l’inverse du bureau no 100 où la droite obtient en règle générale de bien meilleurs résultats.

17Nous aimerions ici avancer une explication sous forme d’hypothèse. On est ainsi tenté de voir dans ces résultats des logiques relatives à un encadrement militant en mesure d’atténuer les effets du cens caché touchant les milieux populaires. Bien que le dispositif n’ait pas été systématique, les observations réalisées à proximité immédiate des deux sites lors des primaires d’octobre 2011 ont montré, tout particulièrement pour le bureau no 61, que le réseau d’interconnaissances tissé autour du conseiller général socialiste était particulièrement visible, d’autant que ce dernier assurait la présidence du bureau de vote. Dans les différentes interactions à l’intérieur et autour du bureau de vote, plusieurs marques de familiarité se sont rendues visibles entre les responsables socialistes et les électeurs des primaires et entre les électeurs eux-mêmes (tutoiement, discussions d’ordre personnel, usage de l’humour, etc.) Ces quelques indices nourrissent l’hypothèse d’effets propres aux environnements politiques locaux sur la politisation et la mobilisation électorale d’une partie relativement significative de la population de ce quartier de condition modeste.

  • 15 Perrineau P. (dir.), Le Vote normal. Les élections présidentielle et législatives d’avril-juin 201 (...)

18En somme, du point de vue de la mobilisation, les primaires citoyennes ont exacerbé les logiques censitaires désormais particulièrement visibles lors des élections républicaines les moins mobilisatrices. Ainsi, les milieux populaires et les jeunes se sont assez largement tenus à l’écart de cette consultation alors même que ces deux importantes catégories sociales font dans leur ensemble état d’une affiliation électorale à gauche supérieure à la moyenne nationale15. Aussi, d’après les questionnaires du premier tour de l’élection présidentielle, 73 % des moins de 35 ans ont déclaré avoir voté pour un candidat de gauche contre 66 % des plus de 35 ans. D’après ces mêmes données, c’est aussi parmi le groupe des ouvriers et employés que les candidats de gauche, et notamment François Hollande, ont réalisé leurs meilleurs résultats. Reste maintenant à déterminer dans quelle mesure les électeurs des primaires se considérant de sensibilité de gauche se distinguent sociologiquement des adhérents socialistes et comment leur vote s’écarte-t-il, ou non, des préférences majoritaires de ces mêmes adhérents.

Ce que l’ouverture aux sympathisants fait au vote

  • 16 Afin de constituer l’échantillon de membres du PS, nous avons additionné les électeurs s’en déclar (...)
  • 17 D’après nos données, un électeur qui a participé aux deux tours de scrutin avait statistiquement 9 (...)

19Pour répondre à cette question, nous avons pu comparer les caractéristiques sociologiques mais aussi le choix électoral de ces deux groupes à partir des questionnaires récoltés en octobre 2011 dans les deux sites. Les questionnaires comportaient précisément une question concernant le rapport au Parti socialiste afin de différencier les adhérents PS des autres électeurs16. On peut raisonnablement penser que notre échantillon de 63 individus représente la quasi-totalité des membres du PS inscrits dans les deux bureaux de vote étudiés. En tant qu’adhérents, il est en effet très probable qu’ils aient participé aux primaires et qu’ils aient accepté de renseigner notre questionnaire au moins à l’un des deux tours de scrutin tant les taux de réponse ont été élevés, d’autant plus que, d’après les résultats de ces questionnaires, ces électeurs se montrent dans leur ensemble plus politisés que les autres participants17. Ce groupe de 63 adhérents socialistes représentent environ 9 % des votants, soit la proportion qu’ils auraient approximativement représentée sur l’ensemble de la ville. Aussi, en s’en tenant uniquement à la proportion que ces derniers représentent, on peut a priori penser que s’ils présentaient une spécificité en matière de comportement électoral, leur influence serait très marginale dans le résultat final.

20D’après nos résultats, c’est seulement sur le critère du genre que l’électorat des primaires s’avère plus représentatif de l’électorat de gauche que l’électorat constitué des seuls adhérents du Parti socialiste. En effet, alors que parmi les adhérents PS on dénombre 53 % d’hommes, au sein des autres votants ces derniers ne pèsent plus que 45,5 %, soit une proportion proche de leur représentation dans l’électorat de gauche au premier tour de la dernière élection présidentielle sur nos sites. En revanche, la représentativité des jeunes et des milieux populaires s’avère meilleure au sein du Parti socialiste que parmi les autres votants aux primaires.

  • 18 Juhem P., « La production notabiliaire du militantisme au Parti Socialiste », Revue française de s (...)

21Si l’on compare les choix électoraux de ces deux groupes, les questionnaires montrent que les adhérents socialistes ont, dès le premier tour de scrutin, massivement apporté leurs suffrages aux deux principaux candidats, François Hollande et Martine Aubry. C’est surtout Arnaud Montebourg et, dans une moindre mesure, Manuel Valls qui ont tiré profit du vote des non-adhérents. D’après les questionnaires, les adhérents au PS avaient trois fois moins de chances d’avoir voté A. Montebourg que les non-adhérents. On peut donc considérer qu’ouvrir le vote aux sympathisants tendrait à stimuler la concurrence entre les différents candidats, tandis que le vote des seuls adhérents se caractériserait par une forte discipline partisane favorable à une homogénéisation des votes18.

  • 19 Dans ce bureau de vote, au premier tour François Hollande a enregistré 31 % des suffrages exprimés (...)
  • 20 Dans ce bureau de vote, au premier tour François Hollande a enregistré 46 % des suffrages exprimés (...)

22Il est toutefois remarquable de constater que le vote des adhérents socialistes en faveur des deux principaux candidats diffère sensiblement selon le bureau de vote considéré. En effet, au bureau de vote Aliénor d’Aquitaine, au premier tour de scrutin, 60 % d’entre eux ont voté en faveur de François Hollande, contre seulement 25 % en faveur de Martine Aubry. Au bureau de vote Mozart, c’est Martine Aubry qui a nettement devancé François Hollande (57 % contre 23 %). Ce fort contraste dans l’orientation des votes des adhérents semble ensuite exercer un effet d’entraînement sur le vote des autres électeurs. En effet, au bureau de vote Mozart, le duel entre François Hollande et Martine Aubry a été très serré, et ce pour les deux tours de scrutin19. À l’inverse, le bureau de vote Aliénor d’Aquitaine figure parmi ceux où François Hollande a réalisé ses meilleurs résultats, devançant très nettement sa principale concurrente20.

  • 21 Fourquet J., « Géographie électorale des primaires socialistes », note no 111, Fondation Jean Jaur (...)

23Ce phénomène fait écho à ce que Jérôme Fourquet a défini comme un « effet d’amitié locale21 ». En effet, tandis que la conseillère générale du canton du bureau de vote Mozart s’était publiquement prononcée en faveur de la première secrétaire du Parti socialiste, dans le canton du bureau de vote Aliénor d’Aquitaine le conseiller général avait, lui, choisi son concurrent. Cette influence électorale des acteurs politiques locaux s’est d’ailleurs retrouvée dans le report de voix des électeurs d’A. Montebourg. En effet, si moins de 40 % des électeurs d’A. Montebourg se sont reportés sur le nom de François Hollande au second tour au bureau Mozart, ils étaient 73 % au bureau Aliénor d’Aquitaine. C’est donc au sein d’un environnement déjà bien structuré par les réseaux militants que les différents candidats peuvent parvenir à mobiliser une base électorale plus large. D’une manière générale, dans le cas montpelliérain, force est de constater que les réseaux partisans locaux ont surtout contribué au succès de François Hollande.

Tableau 3. Comparaison des caractéristiques sociologiques des adhérents PS et des électeurs non-adhérents PS

Adhérents PS (N = 63)

Électeurs non-adhérents PS (N = 643)

Hommes

53 %

45 %

Moins de 30 ans

16,4 %

9,5 %

Titulaires d’un bac + 3

41,6 %

52 %

Cadres et professions intellectuelles supérieures

35 %

43 %

Employés et ouvriers

35 %

19,5 %

Source : Enquête primaires 2011.

Des primaires à la présidentielle : discontinuités et réalignements

Graphique 2. Analyse en composantes principales : répartition des électorats des primaires et des candidats de gauche lors de la présidentielle de 2012 à Montpellier

Graphique 2. Analyse en composantes principales : répartition des électorats des primaires et des candidats de gauche lors de la présidentielle de 2012 à Montpellier

Note : Mesure de Kaiser-Meyer-Olkin =, 659. Test de Bartlett significatif à, 000. Analyse réalisée à l’échelle des bureaux de vote « primaires » de Montpellier.
Source : Haute autorité de primaires et ministère de l’Intérieur pour les données électorales et projet Cartelec pour les données sociologiques.

  • 22 Il s’agit en réalité d’une Analyse en Facteurs avec estimation du modèle via les composantes princ (...)
  • 23 Les variables mobilisées renvoient à des pourcentages calculés à partir des populations des espace (...)

24Pour répondre à notre dernière interrogation nous avons mené une analyse en composantes principales22. L’objectif est ici de confronter les caractéristiques sociologiques des différents électorats de la primaire et de la présidentielle afin de comparer les différentes logiques des votes produits lors de ces deux élections23.

  • 24 Le tableau de la matrice des saturations, ou coordonnées factorielles des variables, ainsi que le (...)

25Ce graphique met en évidence deux composantes24, l’une renvoyant aux caractéristiques sociologiques des bureaux de vote et qui oppose les bureaux « aisés » – forte proportion de cadres et de diplômés – aux bureaux « populaires » – forte proportion d’employés et d’ouvriers, de personnes sans diplôme ou possédant un diplôme inférieur au baccalauréat ainsi que de personnes étrangères ou d’origine immigrée – l’autre renvoyant à l’âge et à l’implantation locale des populations et qui oppose les bureaux composés essentiellement de jeunes, de locataires et de ménages récemment installés dans la ville aux bureaux composés de personnes plus âgées, de propriétaires, de personnes occupant des emplois stables et de ménages anciennement installés. Il est intéressant de noter ici que les deux composantes se recoupent assez largement sur une variable, la durée d’installation des ménages. Le positionnement de celle-ci montre que la proportion de « nouveaux » ménages est aussi très largement corrélée à la présence de populations diplômées et de cadres.

  • 25 Voir à ce propos Audemard J., Gouard D., « La participation électorale au prisme de la variable et (...)

26Au premier tour des primaires, les électorats Aubry et Montebourg, assez proches, présentent une double spécificité. Ils se positionnent à la fois sur l’axe sociologique, du côté des bureaux « aisés », mais aussi sur l’axe « implantation locale », du côté des populations jeunes et récemment installées. Ces deux électorats sont ainsi très proches des zones de force du vote de gauche à Montpellier, élections nationales et locales confondues. L’électorat Royal quant à lui se situe avant tout dans les bureaux les plus populaires d’un point de vue sociologique, bureaux où la proportion de jeunes et de ménages récemment installés est également importante. Le vote Royal recoupe finalement les zones de forces du vote PS au premier tour des élections nationales : dans la ville, la formation socialiste réalise ses meilleurs scores pour les élections les plus mobilisatrices dans les quartiers les plus populaires où une large partie de la population est issue de l’immigration, soit auprès d’un électorat massivement abstentionniste en dehors du scrutin présidentiel25. Cette spécificité est sans doute explicative de l’échec subi par la candidate lors de cette consultation, tout du moins à Montpellier. L’électorat Hollande puise lui aussi dans les milieux populaires, tout particulièrement ceux qui sont bien ancrés dans le paysage local ; il est à ce titre proche des zones de force « traditionnelles » du PS lors des élections locales. Seul l’électorat Valls semble ici assez peu déterminé, notamment d’un point de vue politique : éloigné de la production sociale habituelle des votes de gauche ou PS, il se caractérise avant tout par sa position vis-à-vis de la seconde composante et des populations très ancrées localement.

  • 26 Si on a vu que les électeurs populaires restaient assez largement en dehors de la consultation au (...)

27Au second tour, les électorats de Martine Aubry et de François Hollande sont bien moins déterminés par la première composante, ce qui montre que leurs bases sociologiques tendent à s’uniformiser. En effet, deux mouvements opposés mais complémentaires sont à l’œuvre au second tour de la consultation : à la fois une légère inclusion d’une partie de l’électorat jeune et/ou populaire et un retrait d’une partie de l’électorat du premier tour26. En revanche, les deux électorats se distinguent plus encore sur la composante d’implantation locale, le vote Aubry du côté des populations faiblement implantées, le vote Hollande du côté des populations bien ancrées localement. C’est en cela que François Hollande a sans doute bénéficié du soutien de réseaux partisans locaux pour emporter les primaires dans le contexte montpelliérain.

28Le vote pour les autres partis de gauche que le PS lors de l’élection présidentielle obéit finalement à une certaine stabilité sociologique d’une élection à l’autre : il est toujours corrélé à la présence de populations aisées et, surtout, jeunes et récemment installées dans la ville. De même, le vote Hollande du premier tour de la présidentielle ressemble fortement au vote PS des premiers tours d’élections nationales. Le vainqueur des primaires réalise ses meilleurs scores dans les bureaux les plus populaires, ceux-là mêmes où le vote Royal était le plus élevé en octobre 2011. Si l’on compare le vote Hollande du premier tour de la présidentielle de 2012 au vote PS lors des premiers tours des précédentes élections nationales, on s’aperçoit que celui-ci est encore plus déterminé par la composante sociologique et qu’il l’est moins par la composante d’implantation locale. Cela peut s’expliquer par l’apparente défection d’une partie de l’électorat jeune, diplômé, récemment installé, en faveur des autres candidats de la gauche. De ce point de vue, on peut dire que les primaires n’ont pas bouleversé les logiques « traditionnelles » de production des votes au sein de la ville ; le vote Hollande du premier tour de la présidentielle n’est en rien une copie du vote Hollande des primaires, ni une réunion de ses différents électorats.

29Au second tour, le vote PS n’est plus déterminé par la première composante, preuve que son électorat s’élargit. En ce qui concerne le second axe, on observe que ce vote se rapproche de l’électorat jeune, diplômé, et du vote de gauche au premier tour : François Hollande a bénéficié cette fois du ralliement de ces électeurs dont une partie avait choisi Martine Aubry ou Arnaud Montebourg lors des primaires. Ainsi, il est intéressant de constater que le poids de l’implantation locale a été moins important lors de cette présidentielle que lors des primaires.

  • 27 Lefebvre R., Les Primaires socialistes. La fin du parti militant, Paris, Raisons d’Agir, 2011.

30L’analyse comparée des deux électorats Hollande à Montpellier montre que le succès d’octobre 2011, outre le fait qu’il se soit construit selon une logique différente de celui de mai 2012, a plutôt initié une dynamique par étapes dont la logique s’inscrit dans une perspective propre à l’élection présidentielle. C’est en cela que l’on peut dire que le système des primaires renforce la présidentialisation de la vie politique française27. L’enquête par questionnaires réalisée lors du premier tour de l’élection présidentielle confirme également ces résultats. Elle nous suggère tout d’abord que l’électorat des primaires, qui réunissait déjà une part non négligeable d’électeurs qui n’avaient pas voté pour le PS lors du premier tour de la présidentielle de 2007, s’est dispersé dans ses choix lors du premier tour de la présidentielle de 2012 dans des proportions comparables :

Tableau 4. Votes déclarés par les participants des primaires lors des premiers tours des élections présidentielles 2007 et 2012

Tableau 4. Votes déclarés par les participants des primaires lors des premiers tours des élections présidentielles 2007 et 2012

Source : Enquête QSU premier tour 2012.
Les non-réponses ont été écartées. Pour 2007, seules les réponses des participants déclarés ont été conservées.
Se lit en lignes.

31Selon notre enquête, si la dispersion des votes à la présidentielle des électeurs des primaires a été la même pour 2007 et 2012 – environ un tiers des répondants ont déclaré ne pas avoir choisi le candidat PS – on constate tout de même que celle-ci profite bien plus largement aux autres partis de gauche en 2012 – près d’un électeur des primaires sur quatre déclare avoir voté pour un autre parti de gauche en 2012 contre un sur huit en 2007.

32La différence importante, déjà évoquée, de profil sociologique entre les électeurs des primaires et les électeurs de François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 appuie également cette hypothèse d’une dynamique par étapes. Corolaire de ce constat, les participants aux primaires affichent un niveau de politisation bien supérieur aux autres électeurs :

Tableau 5. Profils politiques des électeurs du PS et de la gauche au premier tour de 2012 selon leur participation aux primaires citoyennes d’octobre 2011

Électeurs PS ayant voté aux primaires (214)

Électeurs PS n’ayant pas voté aux primaires (326)

Autres électeurs de gauche ayant voté aux primaires (73)

Autres électeurs de gauche n’ayant pas voté aux primaires (209)

Déclare être très intéressé par la politique

44 %

21 %

53 %

27 %

A déjà été membre d’une association

48 %

34 %

58 %

50 %

A déjà été membre d’un syndicat

36 %

19 %

38 %

26 %

A déjà été membre d’un parti politique

17 %

6 %

23 %

8 %

A déjà milité dans un parti politique

18 %

5 %

22 %

13 %

Connaît la date des prochaines élections législatives

51 %

28 %

52 %

30 %

Connaît le nom du conseiller général

35 %

10 %

21 %

11 %

Connaît l’étiquette partisane du conseiller général

41 %

17 %

41 %

25 %

Source : Enquête QSU premier tour 2012.
Électeurs de gauche : électeurs ayant déclaré avoir voté pour un parti de gauche autre que le PS Se lit en colonnes.

  • 28 Une hypothèse plausible est qu’il s’agit, au moins en partie, des électeurs d’Arnaud Montebourg do (...)

33Ce dernier tableau montre que les électeurs des primaires entretiennent un rapport plus étroit au monde politique que les autres électeurs de gauche, que ce soit du point de vue de l’intérêt porté à la politique, des activités politiques pratiquées, ou encore du niveau de connaissance affiché. Ici, les écarts au sein de l’électorat Hollande semblent être les plus marqués. D’une manière générale, les électeurs des autres candidats de gauche semblent plus politisés que les électeurs du candidat PS, ce qui fait écho à l’analyse en composantes principales réalisée au niveau des bureaux de vote dédiés aux primaires. Ce tableau suggère lui aussi que ce sont sans doute les électeurs les plus politisés des primaires qui ont préféré un autre candidat de gauche lors du premier tour de 201228. Faut-il d’ailleurs voir dans leur connaissance a priori moindre du nom du conseiller général un indice d’une plus grande distance à l’égard des structures partisanes locales dont on sait par ailleurs qu’elles ont joué un rôle important dans le succès de François Hollande lors des primaires ? Reste que c’est cet électorat qui, par son ralliement au second tour de l’élection présidentielle, a contribué à la victoire finale du candidat socialiste.

34Notre étude a mis en évidence deux principaux résultats. En premier lieu, nous avons pu dresser un portrait sociologique très spécifique des électeurs des primaires, celui d’un électorat plutôt âgé, bien intégré socialement, diplômé et, de façon corrélative, très politisé. Notre enquête confirme qu’il existe un effet propre à la spécificité de cette consultation : son coût (matériel mais surtout en termes de politisation) a entraîné, par l’absence de la plus grande partie des électeurs, une surreprésentation des franges les plus politisées et les mieux intégrées de l’électorat socialiste et, plus généralement, de l’électorat de gauche. D’ailleurs, la mobilisation de ce segment électoral se positionnant plus à gauche que les sympathisants socialistes accentue d’autant plus la dimension censitaire de ce type de scrutin. Nous avons en effet pu voir que les électeurs des partis situés à la gauche du PS manifestaient des rapports au politique plus sophistiqués que leurs homologues sympathisants socialistes.

35De manière corrélative, ceci interroge le statut et le rôle de ces « nouveaux militants » à qui l’on a confié la fonction de désignation du principal candidat d’opposition à l’élection présidentielle de 2012. Selon notre enquête, et ce n’est pas une surprise compte tenu de leur niveau de politisation, les participants des primaires ont déclaré, bien plus que les autres électeurs, avoir évoqué l’élection à venir avec leurs proches lors de la campagne présidentielle. En organisant des primaires six mois avant l’élection présidentielle, le Parti socialiste n’a-t-il pas profité d’un rôle inducteur, proche de celui que Lazarsfeld attribuait aux « leaders d’opinion », joué par ces électeurs globalement plus investis et politisés ?

36Notre second résultat tient à la comparaison des différentes dynamiques électorales depuis les primaires jusqu’à la présidentielle. Nos résultats suggèrent finalement que la victoire de François Hollande, d’octobre 2011 à mai 2012, a suivi une dynamique par étapes. Lors du premier tour de l’élection présidentielle, François Hollande a tout d’abord bénéficié du soutien des franges les plus fidèles de l’électorat socialiste ainsi que de celui des quartiers populaires, fortement mobilisés en sa faveur. De ce point de vue, aucune ressemblance, aucune continuité sociologique entre les primaires et le scrutin présidentiel. Mieux encore, une partie non négligeable de l’électorat qui avait pris part à la consultation d’octobre 2011 n’a pas voté en faveur du candidat socialiste. Au second tour, en revanche, la victoire de François Hollande consiste en la réunion des électorats des primaires ainsi, qu’autour d’eux, d’une assise électorale bien plus élargie socialement.

Anhänge

Annexes

Matrice des saturations. ACP – Primaires et présidentielle 2012

Matrice des saturations. ACP – Primaires et présidentielle 2012

Anmerkungen

1 Key V. O., Politics, Parties and Pressure Groups, New York, Thomas Y. Crowell Company, 1947. Voir également Geer J. G., « Assessing the Representativeness of Electorates in Presidential Primaries », The American Journal of Political Science, vol. 32, no 4, Nov. 1988, p. 929-945.

2 Geer J. G., op. cit. Voir également Kaufman K., Gimpel J., Hoffman A., « A promised fulfilled? Open primaries and representation », Journal of Politics, volume 65, issue 2, May 2003, p. 457-476; De Nitto A. J., Smithers W., « The Representatives of Direct Primary: A Further Test of V. O. Key’s Theory », Polity, vol. 5, no 2, Winter 1972, p. 209-224.

3 Cette idée est en partie à l’origine de l’adoption par le parti Les Républicains des primaires ouvertes comme mode de désignation de leur candidat à l’élection présidentielle 2017. Voir Haegel F., « La primaire à l’UMP : genèse et enjeux », Pouvoirs, no 154, 3, 2015, p. 89-98.

4 Pour une précédente version de cet article, voir Audemard J. et Gouard D., « Les primaires citoyennes d’octobre 2011. Entre logique censitaire et influences partisanes locales », Revue française de science politique, volume 64, no 5, 2014, p. 955-972.

5 <http://cartelec.net>.

6 Pour ces primaires, le bureau de vote Mozart procédait de la fusion des bureaux de vote no 99, no 100 et no 101, tandis que le bureau de vote Aliénor d’Aquitaine procédait de la fusion des bureaux de vote no 61 et no 112.

7 Nous avons alors retenu trois des cinq bureaux de vote traditionnels qui avaient précédemment fait l’objet de nos investigations : les bureaux no 99 et no 100 pour l’ancien bureau de vote Mozart et le bureau no 61 pour l’ancien bureau de vote Aliénor d’Aquitaine.

8 Il s’agit du bureau de vote no 90 situé à la Paillade, un des plus importants quartiers populaires de Montpellier.

9 Lors des deux tours de scrutin, nous avons relevé le sexe et l’âge approximatif des différentes personnes n’ayant pas souhaité répondre à notre enquête. À partir de ces observations, nous avons pu pondérer les données obtenues dans les questionnaires afin d’obtenir une estimation plus fiable de l’électorat des primaires dans les deux espaces étudiés.

10 Comme l’indique le tableau 2, nous avons ici calculé un indice de séniorité. Ce dernier correspond au rapport entre le nombre d’électeurs de plus de 60 ans et le nombre d’électeurs de moins de 40 ans pour chaque bureau de vote.

11 En effet, au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’ensemble des quatre bureaux de vote étudiés, le taux de réponse au questionnaire était de 48 % pour les électeurs Hollande et de 52 % pour les électeurs des autres candidats de gauche.

12 Les chiffres de ce tableau sont comparables si on accepte le postulat selon lequel la représentativité statistique des différentes catégories est approximativement la même dans les deux groupes considérés.

13 Pour la tranche d’âge des 18-31 ans, le taux de réponse au questionnaire était de 68 %.

14 Dans notre échantillon, au sein de la classe d’âge des 18-35 ans, 62 % déclarent être titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et 49 % déclarent plus particulièrement être titulaires d’un diplôme de bac+ 2 à bac+ 4.

15 Perrineau P. (dir.), Le Vote normal. Les élections présidentielle et législatives d’avril-juin 2012, Paris, Presses de Sciences Po, 2013 ; Perrineau P., Atlas électoral. Qui vote quoi, où, comment ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2007 ; Cautrès B., Muxel A. (dir.), Comment les électeurs font-ils leur choix ? Le panel électoral français 2007, Paris, Presses de Science Po, 2009 ; Dupoirier É., « L’électorat présidentiel de Ségolène Royal. Premiers éléments d’analyse », Revue française de science politique, 57 (3-4), juin-août 2007, p. 475-487.

16 Afin de constituer l’échantillon de membres du PS, nous avons additionné les électeurs s’en déclarant membres au premier et au second tour de scrutin en prenant soin de ne pas comptabiliser deux fois le même électeur. Nous avons pu contrôler ce biais en croisant certains critères comme le genre et l’âge.

17 D’après nos données, un électeur qui a participé aux deux tours de scrutin avait statistiquement 90 % de chance de répondre à notre questionnaire au moins une fois.

18 Juhem P., « La production notabiliaire du militantisme au Parti Socialiste », Revue française de science politique, 56 (6), décembre 2006, p. 909-941.

19 Dans ce bureau de vote, au premier tour François Hollande a enregistré 31 % des suffrages exprimés contre 29 % pour Martine Aubry. Au second tour, ces deux candidats ont respectivement obtenu 51,5 % et 48,5 % des suffrages exprimés.

20 Dans ce bureau de vote, au premier tour François Hollande a enregistré 46 % des suffrages exprimés contre 25 % pour Martine Aubry. Au second tour, ces deux candidats ont respectivement obtenu 63,2 % et 35,2 % des suffrages exprimés.

21 Fourquet J., « Géographie électorale des primaires socialistes », note no 111, Fondation Jean Jaurès, décembre 2011.

22 Il s’agit en réalité d’une Analyse en Facteurs avec estimation du modèle via les composantes principales (rotation des facteurs « varimax ») et non d’une Analyse en Composantes Principales « à la française ». Cette analyse a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS. Voir notamment Chavent M., Kuentz V., Saracco J., « Analyse en Facteurs : présentation et comparaison des logiciels SAS, SPAD et SPSS », MODULAD, no 37, 2007, p. 1-30.

23 Les variables mobilisées renvoient à des pourcentages calculés à partir des populations des espaces de référence, en l’occurrence les bureaux de votes constitués lors des primaires. Puisque les résultats des primaires citoyenne de 2011 étaient calculés à partir de bureaux « primaires », regroupements de bureaux de vote traditionnels opérés pour l’occasion, nous avons donc conservé cette échelle d’analyse et procédé pour cela à une agrégation identique des résultats électoraux de 2012. Les variables sociologiques ont été établies à partir du fond Cartelec, construit après ventilation des données INSEE collectées à l’échelle des IRIS vers les périmètres correspondant aux bureaux de vote. La variable « PS (élections nationales) » correspond au score moyen réalisé par le PS aux premiers tours des élections présidentielles et législatives de 2002 et de 2007. La variable « PS (élections locales) » correspond au score moyen réalisé par le PS aux premiers tours des élections municipales, régionales et cantonales entre 2001 et 2010. Les variables « Gauche (élections nationales) » et « Gauche (élections locales) » se rapportent aux mêmes scrutins mais pour les candidats de gauche non-socialiste. Toutes les données électorales sont calculées par rapport au nombre d’inscrits.

24 Le tableau de la matrice des saturations, ou coordonnées factorielles des variables, ainsi que le tracé d’effondrement se trouvent en annexes.

25 Voir à ce propos Audemard J., Gouard D., « La participation électorale au prisme de la variable ethnique. Premiers résultats et perspectives de recherche », Revue Internationale de Politique Comparée, vol. 22, no 1, 2015, p. 83-114.

26 Si on a vu que les électeurs populaires restaient assez largement en dehors de la consultation au premier comme au second tour, il est également possible qu’une partie non négligeable de l’électorat le mieux doté sur le plan socioculturel se soit également retirée au second tour, en raison du rétrécissement de l’offre électorale. Ainsi, les bureaux de vote où Arnaud Montebourg réalise ses meilleurs scores au premier tour enregistrent des pertes d’électeurs au second tour, alors même que la tendance générale est à une progression de la participation. Voir Audemard J., Gouard D., « Les primaires citoyennes d’octobre 2011. Entre logique censitaire et influences partisanes locales », op. cit.

27 Lefebvre R., Les Primaires socialistes. La fin du parti militant, Paris, Raisons d’Agir, 2011.

28 Une hypothèse plausible est qu’il s’agit, au moins en partie, des électeurs d’Arnaud Montebourg dont certains s’étaient abstenus au second tour des primaires. Malheureusement, nous ne pouvons pas la vérifier dans la mesure où nous n’avons pas interrogé les participants à l’enquête de 2012 sur l’orientation de leurs votes au cours des primaires, mais uniquement sur leur participation.

Abbildungsverzeichnis

Titel Tableau 1. Répartition en classes d’âge des électeurs
Bildunterschrift * Chiffres obtenus après pondération effectuée à partir de l’observation des personnes n’ayant pas souhaité répondre à notre enquête. Voir la note de bas de page no 9.Source : Enquête primaires Montpellier
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-1.jpg
Datei image/jpeg, 160k
Titel Tableau 2. Régression linéaire : les déterminants de la participation électorale aux deux tours de la primaire à Montpellier (échelle : bureau de vote)
Bildunterschrift Sources : données cartelec, résultats électoraux et listes électorales.* p <, 05 ** p <, 01 *** p <, 001
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-2.jpg
Datei image/jpeg, 185k
Titel Graphique 1 : Principales caractéristiques sociales des électeurs de gauche du premier tour de la présidentielle selon leur participation aux primaires.
Bildunterschrift Sources : QSU du premier tour de la présidentielle de 2012 dans les bureaux de vote n° 61, 90, 99 et 100.Electeurs de gauche déclarant avoir participé aux primaires de 2011 = 287Electeurs de gauche déclarant ne pas avoir participé aux primaires de 2011 = 535
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-3.jpg
Datei image/jpeg, 95k
Titel Graphique 2. Analyse en composantes principales : répartition des électorats des primaires et des candidats de gauche lors de la présidentielle de 2012 à Montpellier
Bildunterschrift Note : Mesure de Kaiser-Meyer-Olkin =, 659. Test de Bartlett significatif à, 000. Analyse réalisée à l’échelle des bureaux de vote « primaires » de Montpellier.Source : Haute autorité de primaires et ministère de l’Intérieur pour les données électorales et projet Cartelec pour les données sociologiques.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-4.jpg
Datei image/jpeg, 37k
Titel Tableau 4. Votes déclarés par les participants des primaires lors des premiers tours des élections présidentielles 2007 et 2012
Bildunterschrift Source : Enquête QSU premier tour 2012.Les non-réponses ont été écartées. Pour 2007, seules les réponses des participants déclarés ont été conservées.Se lit en lignes.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-5.jpg
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Titel Matrice des saturations. ACP – Primaires et présidentielle 2012
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-6.jpg
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URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/74066/img-7.jpg
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Autoren

Docteur en science politique, chercheur associé au CEPEL (UMR 5112). Ses recherches portent sur la politisation des relations au sein des groupes de pairs et l’analyse contextuelle des votes. Il a soutenu, en 2013, une thèse intitulée Influences interpersonnelles. Comment le contexte structure les opinions et les votes.
Docteur en science politique, PRCE à l’université de Montpellier et membre du CEPEL (UMR 5112). Ses principales recherches portent sur l’évolution des comportements électoraux dans les municipalités communistes. Parmi ses dernières publications : La Banlieue rouge. Ceux qui restent et ce qui change, Lormont, Le Bord de l’eau, 2014.

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