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Démocratie et modernité

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Yves Couture
, 
Stéphane Vibert
, 
Marc Chevrier

Deuxième partie. Lieux de la démocratie

7. Le désenchantement des monstres

L’oralisme comme utopie démocratique

Mathilde Villechevrolle

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Extrait du texte

En 1760, l’abbé de l’Épée fonde à Paris la première école destinée à accueillir collectivement les enfants sourds afin de leur enseigner la foi. Il imagine alors une pédagogie originale, fondée sur le langage gestuel. Un siècle plus tard, les pédagogues européens, réunis en congrès à Milan, entérinent l’abandon de l’art du vieil abbé : ils se prononcent en faveur d’une méthode bannissant catégoriquement les signes. En à peine plus de cent ans, l’éducation des sourds a donc été totalement bouleversée. La rapidité et la radicalité de ce changement ne peuvent qu’interroger. Pourquoi le XIXe siècle a-t-il d’abord consacré avec faste, puis refoulé avec violence la langue des signes ? En quoi la surdi-mutité a-t-elle soudainement posé problème ? Plus largement, pourquoi la modernité a-t-elle été si intolérante à l’égard du silence ?

L’historiographie traditionnelle réduit souvent l’histoire des sourds à une « querelle de méthodes ». Dans son acceptation la plus générale, l’oralisme désigne...

Auteur

Doctorante en histoire et philosophie de la médecine, Lasco-Paris Descartes et étudiante en médecine à l’UPMC Sorbonne Université. Elle prépare une thèse sur le discours médical sur la surdité au XVIIIe-XIXe siècle et enseigne l’épistémologie des sciences humaines et l’analyse de discours à Science Po Paris. Elle a récemment publié « L’Histoire des Sourds est un sport de combat. Réflexions sur l’écriture de l’histoire des Sourds depuis le XIXe siècle », dans La Nouvelle Revue de l’adaptation et de la scolarisation. Revue internationale, 64, janvier 2014, p. 41-51 ainsi que « Les chairs de l’homme démocratique. Métaphore du corps et désenchantement du monde », dans L’homme démocratique. Perspectives de recherche, (M. Golebiewska, A. Leder, P. Zawadzki [dir.]) Peter Lang, Frankfurt, 2014.

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