1 Schumpeter J., Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris. Payot, 1990, p. 319.
2 Voir par exemple Engel P., « La vérité peut-elle survivre à la démocratie ? », Agone : Histoire, Politique & Sociologie, 2010, no 44, p. 31-56.
3 Ricœur P., La Critique et la Conviction. Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay, Paris, Calmann-Lévy, 1995, p. 63.
4 Platon, La république, Paris, GF Flammarion, 2004, livre VIII, 561a-c : « Quant au discours vrai, repris-je, il ne lui a pas fait bon accueil et ne le laisse pas entrer dans la salle de garde. » ; Arendt H., « Philosophy and politics », Social Research, vol. 57, no 1, Printemps 1990, p. 73-103.
5 Sur la distinction entre l’homme et les hommes, voir Arendt H., Qu’est-ce que la politique ?, Paris, Le Seuil, 1995, p. 39 ; sur Platon en particulier, voir par exemple Arendt H., « Vérité et politique », La Crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, p. 302-303 et 312-313.
6 Castoriadis C., « La démocratie athénienne : fausses et vraies questions », La Montée de l’insignifiance. Les carrefours du labyrinthe – 4, Paris, Le Seuil, 1996, p. 229.
7 Ibid., p. 225.
8 L’idée que Platon ne ferait qu’opposer démocratie et vérité appelle une nuance importante. Il affirme en effet que nous pouvons trouver dans une démocratie toutes les formes de constitution (il parle d’un « grand marché aux constitutions politiques » [Platon, op. cit., livre VIII, 557d]), et ainsi les comparer. À ce titre, il faudrait donc reconnaître ce que la philosophie doit à la démocratie. Seulement, c’est bien cet empire du choix libre qui fait problème pour Platon, quand les principes vrais sont négligés au profit des « discours fanfarons » ou que les plaisirs non nécessaires dominent l’homme démocratique. Le caractère nécessaire de la vérité disparaît au profit de la contingence du choix devant des options d’égale valeur, ce qui bien sûr condamne la démocratie.
9 Detienne M., Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, Paris, François Maspero, 1967, p. 27.
10 Vernant J.-P., « Les origines de la philosophie », Mythe et pensée chez les Grecs. Études de psychologie historique. Paris, La Découverte, 1996, p. 403-410.
11 Arendt H., « Vérité et politique », op. cit., p. 315-316.
12 Castoriadis C., « Imaginaire politique grec et moderne », op. cit., p. 194-195.
13 Castoriadis C., L’Institution imaginaire de la société, Paris, Le Seuil, 1975, p. 206.
14 Castoriadis C., « Imaginaire politique grec et moderne », op. cit., p. 194.
15 Castoriadis C., « La démocratie comme procédure et comme régime », op. cit., p. 272.
16 Legros R., L’Avènement de la démocratie, Paris, Grasset, 1999 et Legros R., L’Idée d’humanité. Introduction à la phénoménologie, Paris, Grasset, 1990. La comparaison la plus intéressante entre démocratie grecque et démocratie moderne est peut-être celle de Veyne P., « Les présupposés de la cité grecque, ou pourquoi Socrate a refusé de s’évader », L’Empire gréco-romain, Paris, Le Seuil, 2005.
17 Castoriadis C., « Imaginaire politique grec et moderne », op. cit., p. 197 et suivantes.
18 Ibid., p. 205-206. Sur l’importance capitale de la démocratisation de la société, après la démocratisation de l’État, voir Bobbio N., « Démocratie directe, démocratie représentative », Le Futur de la démocratie, Paris, Le Seuil, 2007, p. 134-161.
19 Chollet A., « La question de la démocratie : Claude Lefort et Cornelius Castoriadis », in B. Bachofen, S. Elbaz et N. Poirier (éd.), Cornelius Castoriadis : réinventer l’autonomie, Paris, Éditions du Sandre, 2008, p. 199-214 ; Poirier N., L’Ontologie politique de Castoriadis. Création et institution, Paris, Payot, 2008, notamment l’excursus de la 3e partie.
20 Tocqueville A. (de), De la démocratie en Amérique. Œuvres, tome II, Paris, Gallimard, 1992, p. 520.
21 Ibid., p. 520-521. On pourrait par ailleurs conclure de cette citation indique que les hommes continuent de vouloir fonder le pouvoir sur la vérité, même s’ils la cherchent désormais dans l’opinion de la majorité. C’est juste, mais la vérité change à ce point de nature (de vérité du savoir à opinion du grand nombre) qu’elle n’est plus capable de fonder le pouvoir. Tout au plus peut-elle lui donner du crédit, un appui contingent mais révisable et dont on peut douter, comme les termes de « presque illimité », et « vraisemblable » peuvent l’indiquer.
22 Mill J. S., De la liberté, Paris, Gallimard, 1990, p. 85. On trouve un raisonnement assez semblable chez Benjamin Constant, pour qui également le processus cumulatif des opinions conduit à la vérité. Le remplacement des opinions erronées par des vérités équivaut précisément à ce « qui change les États, agit les peuples, froisse les individus, produit, en un mot, ce que nous appelons des révolutions » (Constant B., « Mélanges de littérature et de politique », Écrits politiques, Paris, Gallimard, 1997, p. 709 et suivantes).
23 Voir par exemple Mill J. S., De la liberté, op. cit., p. 89 : « Il existe une différence extrême entre présumer vraie une opinion qui a survécu à toutes les réfutations et présumer sa vérité afin de ne pas en permettre la réfutation. La liberté complète de contredire et de réfuter notre opinion est la condition même qui nous permet de présumer sa vérité en vue d’agir : c’est là la seule façon rationnelle donnée à un être doué de facultés humaines de s’assurer qu’il est dans le vrai. »
24 Ibid., p. 163.
25 Tocqueville A. (de), op. cit., p. 519.
26 Lefort C., « Réversibilité : liberté politique et liberté de l’individu », Essais sur le politique, XIXe-XXe siècles, Paris, Le Seuil, 1986, p. 232-233.
27 Ibid., p. 233.
28 Tocqueville A. (de), op. cit., p. 649 et suivantes.
29 Ibid., p. 235.
30 Lefort C., « Réversibilité : liberté politique et liberté de l’individu », op. cit., p. 235.
31 Comme Arendt, Lefort refuse de se départir de l’exigence de vérité, qui n’est pas étrangère à un certain courage, aussi bien sur le plan philosophique (à propos de Merleau-Ponty par exemple, dans Lefort C., Le Temps présent. Écrits 1945-2005, Paris, Belin, 2007, p. 344) que sur le plan politique (à propos de Souvarine, ibid., p. 531).
32 Castoriadis C., « Imaginaire politique grec et moderne », op. cit., p. 216-217.
33 Arendt H., « Vérité et politique », op. cit., p. 314.
34 Rorty R., « The priority of democracy to philosophy », Objectivity, relativism, and truth: Philosophical papers, vol. I, Cambridge, Cambridge University Press, 1991, p. 175-196.
35 Rawls J., « Justice as Fairness: Political not Metaphysical », Philosophy and Public Affairs, vol. 14, no 3, 1985, p. 223-251.
36 « To persuade the multitude means to force upon its multiple opinions one’s own opinion; persuasion is not the opposite of rule by violence, it is only another form of it. » Arendt H., « Philosophy and politics », art. cit., p. 74 (nous traduisons)
37 Arendt H., « Vérité et politique », op. cit., p. 305-307.
38 Ibid., p. 330-336.
39 Badiou A., « Philosophy and politics, an interview with Alain Badiou », Angelaki: Journal of the theoretical humanities, 1998, vol. 3, no 3, p. 121.
40 Badiou A., Abrégé de métapolitique, Paris, Le Seuil, 1998, p. 25.
41 Comparer Badiou A., « Considérations philosophiques sur la très singulière coutume du vote, étayées sur l’analyse de récents scrutins en France », Lignes, vol. 3, no 9, octobre 2002, p. 9-35 et Sartre J.-P., « Élections, pièges à cons », Les Temps Modernes, no 318, janvier 1973.
42 Badiou A., op. cit., p. 25-28.
43 Badiou A., Peut-on penser la politique ?, Paris, Le Seuil, 1985, p. 17.
44 Badiou A., La Relation énigmatique entre philosophie et politique, Paris, Germina, 2011, p. 43.
45 Badiou A., « Philosophy and politics, an interview with Alain Badiou », art. cit., p. 123.
46 Derrida J., Voyous. Deux essais sur la raison, Paris, Galilée, 2003, p. 128.
47 Ibid., p. 196.
48 Voir Boudou B., « La traversée du politique : Derrida et Ricœur entre pureté de la philosophie et tragique de l’action », Raisons politiques, 2012, vol. 1, no 45, p. 211-233. La proximité conceptuelle que nous suggérons ne doit effacer ni leurs profondes différences politiques ni même leur désaccord « stylistique ». On trouve par exemple chez Lefort un certain agacement face aux inversions totalisantes de Derrida. Voir l’opposition entre l’humilité de Merleau-Ponty et la prétention de Derrida (non nommé mais immédiatement reconnaissable par le mot « déconstruit »), dans Lefort C., Le Temps présent. Écrits 1945-2005, op. cit. p. 344.