"Livre de mes Anciens grand pères"
|Deuxième partie. Une famille mancelle dans la tourmente du Grand Siècle
Chapitre V. Une famille sédentaire
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Géographique :
FranceTexte intégral
- 1 J. R. Pesche, Dictionnaire topographique, historique, et statistique du département de la Sarthe, (...)
- 2 « Les limites des paroisses du Mans », dans les papiers de la collection de M. Robert Charles. Arc (...)
- 3 F. Legeay, Notes sur la paroisse de Saint-Benoît du Mans, Le Mans, Monnoyer, 1894, p. 5.
1Les Bodreau participent pleinement à la vie citadine de leur paroisse et de leur ville. Ils se tiennent au courant des affaires de la province et de celles du royaume, mais, s’ils rapportent dans leur Livre les nouvelles qui leur parviennent, c’est parce qu’elles viennent à eux. Ils ne vont pas eux-mêmes au devant d’elles sinon en lisant les libelles ou les feuilles imprimées qui circulent et en prêtant l’oreille aux dires de ceux qui se déplacent. Tous quatre ne s’éloignent guère du Mans, bien que cette capitale de province modeste ne puisse pas leur fournir toutes les institutions nécessaires à leurs études et à leur formation. Cependant, leur ville natale offre un cadre suffisant et satisfaisant pour vivre, et c’est dans la paroisse de Saint-Benoît qu’ils choisissent d’installer définitivement les leurs en édifiant une famille sédentaire. Au xviie siècle, située au sud de la cité mancelle, la paroisse de Saint-Benoît est pratiquement « circonscrite dans l’enceinte de la nouvelle cité1 ». Ses limites2 sont : à l’Ouest, la Sarthe que l’on franchit sur le Pont Perrin, tout de pierres bâti comme son nom l’indique ; au Nord-Ouest, la rue du Portail Sainte-Anne et au Nord-Est, celle de la Truie qui File ; la Vieille Porte à l’Est et la rue Dorée (ou d’Orée, ce qui est plus explicite) au Sud, tout contre les murs de ville qui forment la deuxième enceinte du Mans, celle qui fut élevée au xive siècle. Les dehors3 de la paroisse s’étendent jusqu’à l’Angevinière et les Brouares à Sargé.
2Au fil des jours, les Bodreau ne quittent que rarement leur ville. Seuls Julien et Charles, les deux avocats du présidial manceau, ont franchi les limites de la province et, comme les autres membres de la famille, ils ont parfois quitté le havre de la rue Dorée pour de ponctuels déplacements, nécessités par les études principalement. Jehan et Julian n’avaient peut-être pas le goût des voyages et ils n’en ont pas fait. Ils ne se sont jamais éloignés à plus de quelques lieues du Mans et seulement pour effectuer des déplacements professionnels ou des séjours dans leurs propriétés rurales, séjours forcés dus à une fuite devant l’épidémie ou au suivi de leurs affaires.
3S’il n’a guère bougé de sa ville natale, le notaire n’a pas hésité à encourager les jeunes gens dont il a eu la charge à partir au loin faire leurs études, le premier d’entre eux étant bien sûr son fils Julien qui, étudiant à Paris puis à Orléans et à Bourges, « a faict un voiaige à Lyon comme il [lui] a mandé » [f°69]. Mais nous n’en savons pas davantage. Jamais l’avocat manceau ne confie à son Livre ce que ses années d’études loin de la maison de la rue Dorée lui ont permis de voir et de savoir sur son pays et ses contemporains. Tuteur de ses neveux, Julian les a autorisés à partir pour faire de bonnes études. Lorsqu’en avril 1633, Michel Bodreau, fait profession chez les Jésuites, Julian envoie la sœur de Michel et son propre fils l’avocat, « qui sont allez exprès de cette ville audit La Flesche » [f° 93], y assister. En 1633, Julian souffre depuis des années d’un ulcère à une jambe et il est âgé de soixante ans passés : voyager représente une difficulté pour lui. Au mois de septembre, c’est le tour de René de partir « pour aller estudier audict Paris » [f° 94]. Le futur médecin se rend ensuite à « Montpellier où il a obtenu ses lettres de docteur de l’Université » [f°107v°] et d’où il revient en mars 1640.
4Après ses brillantes études, installé à son tour dans la vie adulte, Julien ne se déplace guère et ne parle jamais de ses voyages éventuels. Pourtant, il s’est sans doute rendu dans la capitale au moment de la première publication de son ouvrage chez « Gervais Aliot imprimeur à Paris » [f° 124], mais il n’en dit rien. Il n’évoque qu’une seule fois un déplacement hors de la province au moment du mariage, en 1654, de son clerc Pierre Gendrot ; il est alors allé « aveq [ses] filles Marguerite et Louise en la ville d’Angers » [f°181v°], mais c’est le seul détail qu’il nous donne, ne faisant aucune description du trajet ou de la ville. Charles, son fils âgé de vingt-deux ans, ne les accompagne pas ce jour-là. Il partira en 1657, écrit son père, « par la voye du Sr Coustard messagé de Chasteau gontier pour aller à Paris » [f° 189]. Pour quelle raison ? Le Livre reste muet à ce sujet, mais sans doute est-ce pour ses études. C’est cependant à Charles que nous devons la seule relation véritable de voyage contenue dans le Livre.
- 4 R. Sauzet, Le notaire et son roi, Étienne Borrelly (1633-1718), un Nîmois sous Louis XIV, Paris, P (...)
5Comme pour Étienne Borrelly4 à la même époque, les voyages de Charles à Vendôme puis à Saumur et à Fontevraud semblent avoir la dévotion pour tout premier but, mais ce n’est pas le seul motif de ses visites.
Les « voyages » de Charles
6À l’époque moderne, le mot « voyage » suivi du nom de la ville sanctuaire désigne un pèlerinage. Seul Charles en évoque la pratique et il en parle sans employer le mot, sans en donner ni le but, ni l’attente, ni le résultat, mais en le présentant comme « un voyage » [f° 255] effectué en famille. Dans les dix dernières années de sa vie, Charles s’y rend deux fois ; le premier de ces voyages se déroule à Vendôme et le second à Saumur.
- 5 M.-A. Duveau, « Les funérailles de César de Vendôme », dans Bulletin de la Société Archéologique d (...)
7Lors de leur pèlerinage à Vendôme au mois de juin 1669, Charles et sa femme visitent la ville. La qualifiant de « fort belle » [f° 246 v°], Charles n’en fait pas de description, mais il énumère les monuments qu’il faut voir et qu’il a vu. Ce sont tout d’abord « les principalles églises la Trinité, St Martin, et la Magdeleine » [f° 246 v°] qui retiennent l’attention de Charles. Dans l’église abbatiale de la Trinité, le couple Bodreau vient de participer aux cérémonies du pèlerinage à la Sainte Larme, mais se rend-il également dans les deux églises paroissiales de la ville ? Charles ne les notent peut-être que pour s’en souvenir. Relevant la situation du « chasteau placé au dessus de la ville » [f°246v°], il emmène Marie visiter « une cavée ou sont les tombeaux de ducs de Vendosme et roys de France sortis de la maison » [f°247] et qui se trouve dans l’église du « collège des chanoines » [f°247]. Il s’agit de la collégiale de Saint-Georges où, quatre ans avant la visite de Charles et de Marie, fut enseveli le corps de César de Vendôme, son cœur reposant dans la chapelle Saint-Jacques5. Charles montre là son intérêt pour le passé et pour l’histoire de son pays ; il réagit en curieux un peu naïf, mais satisfait de sa visite, en notant : « j’en ay veu en chair et en os ou l’on crut les voir à l’époque » [f°247].
8« En cette anneée j’ay emenée ma femme et ma fille en voyage à Saumur et de là à Fontevrault » [f° 255] écrit Charles en 1673. Sa sœur Marguerite demeure à Fontevraud où son mari Pierre Bourgault remplit la charge de « médecin ordinaire de Madame l’Abesse et de toutes les religieuses » [f° 190] ; nul doute que – même si on implorait alors saint Maimbœuf à Saumur pour les maladies des yeux dont souffre Charles – les Bodreau font ici une visite de famille. De son voyage à Fontevraud, il ne dit rien. Les deux années précédentes, les filles de sa sœur Marguerite étaient venues chez lui au Mans ; or, elles ont le même âge que sa propre fille qui l’accompagne dans ce voyage à Fontevraud. Charles fait ici une visite purement familiale et il n’a pas ressenti le besoin de confier cette part d’intimité à son Livre. Contrairement à son voyage à Vendôme, il ne fait aucune description de la ville de Saumur ni de l’abbaye de Fontevraud.
- 6 « La rue Dorée, c’est-à-dire celle qui conduit dehors. » F. Dornic (dir.), Histoire du Mans et du (...)
9S’éloignant si peu de la ville du Mans durant toute leur existence, nous pouvons qualifier les membres de la famille Bodreau de sédentaires. À l’attrait des voyages, ils ont certes privilégié l’enracinement dans leur lieu de vie, mais ils ne se sont pas enfermés au cœur de la cité. Ils ont choisi de demeurer au plus près d’une des rares portes de la ville, au bout de la rue Dorée6, proche du Pont Perrin qui enjambe la Sarthe et permet de rejoindre l’Ouest de la campagne mancelle, cette campagne d’où ils sont originaires et où ils continuent d’exploiter des terres. Choix délibéré ou hasard de la vie, nous ne le saurons jamais puisque Julian notaire, l’initiateur du premier achat de terrain manceau, ne le dit pas vraiment. C’est lui cependant qui, par ce geste, a décidé du devenir de la famille et de sa fixation dans la paroisse de Saint-Benoît.
10À suivre les premières générations de la famille au fil de leurs changements de domicile, nous percevons nettement l’évolution de leur situation et l’ascension sociale des Bodreau se manifeste concrètement par l’accession à la propriété. À la ville, ce fait se traduit par le passage progressif du statut de locataire à celui de propriétaire et, à la campagne, par la multiplication des acquisitions de bordages et de métairies baillés à rente, multiplication qui témoigne d’une prospérité familiale croissante tout au long du siècle.
À la ville : de la chambre sous-louée à l’hôtel particulier
Le locataire
- 7 Cette maison comprend « une sallette ou chambre basse à cheminée avec une bouticque au-devant ». A (...)
- 8 Pierre Hameau, apothicaire, et son épouse Marie Leroy, habitent la paroisse du Crucifix. Martin Ha (...)
- 9 Mort-nés le 24 mai 1602.
- 10 Né le 12 août 1603 et mort le lendemain.
- 11 Née le 23 janvier 1607, elle meurt le 25 novembre 1614.
- 12 Née le 6 octobre 1610, elle meurt le 15 janvier 1613.
11À la ville, le sergent royal Jehan Bodreau s’établit tour à tour au Mans intra-muros et dans un de ses faubourgs. Il habite, rue de la Verrerie en la paroisse de Saint-Pierre-l’Enterré, une maison appartenant au sieur de La Roche Thomas et que « Me Julian Barré recepveur du domaine du roy » [f°2] lui sous-loue pour vingt livres par an du printemps 1564 à la Tous-saint 1566, puis de nouveau à partir de 1567 jusqu’au jour de son mariage le 5 juin 1569. Ensuite, le jeune ménage loue, dans la même rue, la maison de la dame de La Robinière qui devient, en 1572, la maison natale de leur fils Julian. À partir du 11 avril 1575, les Bodreau quittent l’abri des murailles de la ville et s’installent sur la rive droite de la Sarthe où ils occupent la maison de madame la lieutenante Hardyau dans le faubourg Saint-Jehan ; c’est là que Jacques voit le jour. Ils y demeurent sept années durant jusqu’à la mort, en 1582, de Jehan le chef de famille. Ses deux enfants survivants, Julian et Jacques, perdent aussi leur mère dès 1584 et restent au faubourg Saint-Jehan chez le couple Ledru jusqu’au 9 décembre 1593. Julian a vingt et un ans alors et travaille chez l’avocat Jehan Faissot ; avec son frère âgé de seize ans, il revient en ville et loue une chambre chez « Mme du Boullay au carrefour Saint-Benoît » [f°16v°] pendant un peu plus de deux ans. Puis les deux frères célibataires prennent un logement dans une maison voisine, celle du boucher François Rocher auprès duquel Julian « marchande le bail à IX livres par an » [f°17v°], et ils y demeurent jusqu’au jour du mariage du notaire le 29 octobre 1598. Les jeunes mariés, hébergeant toujours Jacques, s’installent « en une maison de la rue Dorée de ceste ville, [maison] de laquelle Margarit Gauquelin [leur] a transporté son bail » [f°23] et où « nous faisons à présent nostre demeure » [f°23] se plaît à écrire Julian qui a tout d’abord écrit simplement « où nous demeurons » et l’a rayé. Son fils Julien y naît le 24 août 1599. Cette maison est louée par le maître chirurgien Margarit Gauquelin et son épouse Juliane Lemore ; elle recouvre la moitié de la maison du carrefour du Pont Perrin7 « apartenant aux enfants de la dame de la Charterye » [f° 23]. Deux ans plus tard, en 1600, les deux frères Pierre et Martin Hameau8 héritent cette demeure de leurs parents et, l’année suivante, ils la vendent à leur locataire Margarit Gauquelin sieur de Beauregard ainsi que tout un ensemble de logis qui l’entoure. Une dizaine d’années plus tard, Julian Bodreau louera à son tour une petite maison à Catherine Hameau, la sœur de Pierre et de Martin. Devenu propriétaire, Margarit Gauquelin reprend son logement ; Julian doit s’en aller et, en 1602, il va habiter « la maison d’un nommé Pelouard chappellier » [f°33] au carrefour Saint-Benoît. C’est là que naissent et meurent ses jumeaux, Julian et Loyse9, puis son fils Jacques10 l’année suivante. Le 17 octobre 1603, il déménage à nouveau pour aller « demeurer en aultre maison de l’aultre costé de ladite rue Dorée qui appartient à Gremy orloger » [f° 33 v°], où ses trois derniers enfants voient le jour, mais après le décès d’un nouveau-né en avril 1605, il a la douleur d’y perdre Margaritte11 à l’âge de sept ans et Catherine12 à un peu plus de deux ans. Le notaire reste treize ans dans cette demeure jusqu’à ce beau jour de « jeudy 26e juin 1616 » [f°64v°] où il entre dans « la maison qu’il [a] faict bastir au carrefour du Pont Perrin proche les murs de ville » [f° 96].
Le propriétaire
- 13 P. Goubert, « Clio au comptoir », dans Clio parmi les hommes, Paris, Mouton, 1976, p. 130. Étudian (...)
- 14 Cf. divers actes notariés. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 623.
- 15 Aujourd’hui, une île appelée « des Planches » subsiste sur la Sarthe tout près du Pont Perrin, ell (...)
12Depuis qu’il assume seul son existence, voilà donc vingt-trois ans que Julian « erre » d’un côté à l’autre du bas de la rue Dorée, près du Pont Perrin, au carrefour Saint-Benoît ; sa fidélité à ce petit coin de paroisse s’affirme par l’acquisition en 1613 de « certaines vieilles maisons estables et jardins sittuées près le carrefour du Pont Perrin » [f° 63]. L’ensemble de bâtiments délabrés, que Julian acquiert par décret13 au mois de juin 1613 « sur Françoys Gasnier boucher » [f° 63], s’étend sur un terrain « joignant l’hostellerye de la Gallère abouttant d’un bout à la muraille de ville et about-tant la maison du sieur Pierre Broussin » [f°63]. Dans les premières années du siècle, le notaire Julian Bodreau a établi plusieurs actes réglant la succession des frères Hameau et la vente de leurs biens à Margarit Gauquelin, biens constitués de « logis sist au carrefour du Pont Perrin14 ». Les « maisons et édifices » [f°63] achetés par Julian en 1613 jouxtent la propriété de ce dernier ; l’ensemble de ces terrains relevait du fief des Planches15 appartenant à la famille d’Angennes.
- 16 Plan cadastral de 1812, section L 109. Arch. dép. Sarthe cote 2 PP 181.
- 17 Plan cadastral de 1846, section E. Arch. dép. Sarthe cote 2 PP 181.
13Julian commence par tout raser « et abattre jusques aux fondemens fors la petite chambre et grenier dessus qui sont sur le bout de la salle basse du derrière du logis dudit Broussin » [f° 63 et f° 63 v°]. Quel imbroglio décrit-il ainsi ! Les plans cadastraux ne datant que du début du xixe siècle, nous ne disposons que d’un état des lieux précis postérieur de deux siècles à celui de la construction. Le plan de 181216 fait encore état du dédale de maisons, cours et autres chambres hautes avec greniers qui s’imbriquent les unes dans les autres et, nonobstant les innombrables litiges entraînés par les droits et les obligations de chaque occupant des lieux, il nous pose des difficultés pour délimiter avec exactitude la propriété acquise en 1613 par le notaire. Le second plan cadastral17, élevé trente ans après le premier, montre déjà un souci de clarification dans la rénovation urbaine du quartier. Sur les deux plans, les murs de ville se distinguent parfaitement : ce sont les restes de l’enceinte du xive siècle.
« Jé y faict bastir une maison »
- 18 J. Du Chesne, Pourtraict de la Santé, Paris, 1606, p. 179.
- 19 J. Guillaume et B. Toulier, « Tissu urbain et types de demeures : le cas de Tours », dans La maiso (...)
- 20 G. Corrozet, Blasons domestiques contenant la décoration d’une maison honneste et du mesnage estan (...)
- 21 D. Castel, « Hôtel Richer de La Jousserie (1628) rue des Chapelains, au Mans », dans La Province d (...)
- 22 D. Castel, op. cit., p. 349.
- 23 Rôle des tailles pour la paroisse de St Benoît, Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 498. Le 10 s (...)
14« Et au lieu et place desdites vieilles maisons jé y faict bastir une maison » [f°63] : Julian manifeste là une attitude moderne en choisissant de faire du neuf ; il suit son temps qui se préoccupe de l’assainissement des villes. De même, il prend le parti de ne pas construire sur la rue, mais de laisser « une pettite cour au devant » [f° 64]. A-t-il lu l’ouvrage de son contemporain Joseph Du Chesne qui conseille de vivre dans une maison de ville « où il y ait court et jardin qui la puissent rendre bien ouverte de tous costez et aërée18 » ou faut-il voir là un souci de se distinguer des habitations environnantes ? Le retrait de la maison par rapport à la rue, procuré par la cour, revêt-il cette fonction de distinction décelée par les historiens19 de la Renaissance ? Ou cette exigence bourgeoise du citadin du xvie siècle, révélée par le libraire Gilles Corrozet20, est-elle devenue une chose courante au xviie siècle ? Ne comptons pas sur le notaire pour nous éclairer sur ces points. La présence de cette cour nous incite à nommer la « maison Bodreau » hôtel, suivant en cela « la majorité des auteurs [pour lesquels] l’hôtel particulier se distingue de la maison ordinaire par la cour qui le précède et qui l’isole de la voie publique21 » ; cependant, les deux étages que comprend la construction de Julian nous font hésiter car « au Mans l’étage unique est propre à l’hôtel. Les habitations ordinaires qui bordent les artères commerçantes possèdent généralement deux niveaux au-dessus du rez-de-chaussée22 ». Julian élève sa maison à deux étages au fond d’une cour et conjugue ainsi les deux acceptions : issu d’une famille de marchands, le notaire royal Julian Bodreau tend vers un autre statut. Nous savons qu’il nourrit de grandes ambitions pour son fils unique et que celles-ci vont se réaliser, mais, pour l’heure, le jeune Julien n’est encore âgé que de quinze ans. Ce n’est qu’à la génération suivante que ses descendants, les Chesneau, prendront réellement le statut de bourgeois, transformant au xviiie siècle la maison en hôtel particulier et figurant eux-mêmes dans la catégorie des privilégiés sur les rôles de taille23. La maison reflète totalement l’ascension sociale de la famille et nous ne doutons pas que le notaire eût aimé voir son œuvre ainsi accomplie.
- 24 Archives privées. Marin Dominique Chesneau a dressé vers 1770 un « Mémoire des androits ou se mett (...)
- 25 Article n° 574 du 13e registre de l’Hôtel de Ville, années 1612-1613. Arch. dép. Sarthe cote 111 A (...)
- 26 Article n° 284 du 20e registre de l’Hôtel de Ville, année 1645. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le M (...)
- 27 J. Bodreau, op. cit., article CCCCLXII : servitudes de maisons, p. 604.
15Dans le manuscrit, il n’est nullement question d’une quelconque clôture de la cour sur la rue et, si le dernier descendant de la famille à habiter la maison note, dans son curieux inventaire, l’existence de clefs ouvrant « la serrure à l’angloise de la porte à 2 ventaux du bout de l’allée sur la rue Dorée24 », une pierre de la façade où s’ouvre ce portail s’ornant de la date de 1742 tend à prouver que le notaire n’avait pas, au tout début du xviie siècle, élevé de porte sur la rue. Quant au « petit jardin [situé] entre ladite maison et la muraille de ville » [f° 64], Julian y cultive peut-être quelques légumes, mais il ne le dit jamais. Les plans cadastraux du xixe siècle laissent apparaître des jardins répertoriés sur les registres correspondant, mais nous ne pouvons assurer que l’un d’eux soit celui du notaire. Aujourd’hui, cette partie de la paroisse de Saint-Benoît a subi bien d’autres transformations – en près de quatre siècles – depuis le jour où Julian a « tous faict rasé et abattre » [f° 63]. Dans la cour, « est le puis que jé aussi faict racommodé » [f° 64], écrit-il également, montrant-là son souci d’améliorer le quotidien. On imagine le confort et la tranquillité apportés par la disposition personnelle d’un puits dans sa cour lorsqu’on lit les registres de l’Hôtel de ville faisant régulièrement état de querelles entre les habitants et la municipalité à ce propos. En 1613, « Jary de Saint-Benoît pretendoit avoir un puids seul a luy » et la ville permet pourtant aux habitants d’y puiser25. En 1645, le puits de Saint-Benoît est démoli à la requête du curé car « on jettoit dedans toutte sorte d’immondices et que les voisins et les paroissiens estant à l’église en recevoient de grandes incommodités26 ». Il y a ici emploi du même mot pour évoquer la fontaine et les lieux d’aisance, or, dans son ouvrage27, Julien Bodreau indique : « Les Coustumes ont donné divers noms à ces lieux : privez, lieux secrets, retraits, fossez, cloaques et à Orléans on les nomment “puits”. »
16Tous les aménagements entrepris par le notaire montrent qu’il tient à entrer dans des lieux flambant neuf et il surveille lui-même les travaux de près.
17Après avoir « tous faict rasé et abattre jusques aux fondemens » [f° 63], Julian « faict bastir une maison couverte en pavillon » [f°63v°]. Ce n’est pas simplement sa propre demeure que le notaire fait élever, lui qui a déjà plus de quarante ans et qui n’a qu’un seul héritier. Il construit un immeuble qu’il veut solide et durable. Il construit pour la postérité et soigne l’aspect symbolique : « la première pierre duquel bastiment fut assise aux fondemens […] par Julian Bodreau mon fils unicque estant en la seziesme année de son aage un vendredy 27e mars 1615 » [f°64]. Voilà un geste qui engage la responsabilité du futur avocat envers cette demeure. Sa maison doit, aux yeux du notaire, être le siège de la famille que son fils va perpétuer et c’est en effet ce qui adviendra. Cette construction concrétise tout l’œuvre de Julian. Il « fonde » sa famille comme il « fonde » sa maison, sans l’appui des ascendants, sans conserver les vieux murs.
- 28 Un pied correspond à 32,4 cm.
18Les « fondemens sont environ de dix pieds28 en terre depuis le rais de chaussée » [f°64] précise Julian, une assise de plus de trois mètres de profondeur laissant présager des dimensions de la maison. Et ce sont deux étages d’habitation, « la ceinture d’icelle estant de muraille tant du premier que du second estaige » [f°63v°], qui vont s’élever dans le bas de la rue Dorée.
- 29 P. Goubert, « Économie et urbanisme dans la première moitié du xviie siècle », dans Clio parmi les (...)
- 30 G. Lamarche-Vadel, De la duplicité. Les figures du secret au xviie siècle, Paris, La Différence, 1 (...)
- 31 P. Delsalle, Le cadre de vie en France aux xvie, xviie, xviiie siècles, Paris, Ophrys, 1995, p. 14 (...)
19Cette maison s’inscrit dans la période de grande reconstruction qui a été le fait de presque toutes les classes de la société dans la première moitié du xviie siècle29. La grande maison neuve est orientée face à la rue, respectant ainsi l’édit royal de 1609 qui oblige « les propriétaires de bâtir au moins pour faire face sur rue30 ». Si au siècle précédent la construction à pans de bois a prédominé, au xviie siècle l’utilisation de la pierre se répand d’autant plus aisément que la législation municipale tend à réduire les risques d’incendies. C’est à ce moment (en 1620) que Jacques Le Corvaisier remplace le pan de bois de son rez-de-chaussée par une façade en pierres dans sa maison située non loin de la cathédrale, bien que ce ne soit pas « tellement le bois qui soit en cause, mais plutôt les couvertures en chaume et les matières premières inflammables31 ». Julian fait le choix de couvrir sa maison « en pavillon » [f° 63 v°], optant ainsi pour un toit à quatre pentes, mais il en tait la nature : tuile plate carrée ainsi que de nombreuses constructions mancelles ou ardoise fine des carrières angevines ? L’entrée se fait par un perron ainsi que nous le découvrons à chaque récit d’inondation, le nombre de marches alors recouvertes par la rivière jaugeant la crue. Certaines constructions du début du xviie siècle au Mans ont utilisé les pierres provenant de la démolition du donjon, mais ce ne fut pas le cas pour la maison Bodreau dont la finition eut lieu juste avant que l’on exécute l’ordre royal de raser le château.
- 32 G. Lamarche-Vadel, op. cit., p. 58.
- 33 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. (...)
- 34 M. Cassan, « Formation, savoirs et identité des officiers “moyens” de justice aux xvie - xviie siè (...)
20« Ladicte maison fonds et superficie avec lesdicts accomodemens » [f°64v°] ont coûté au notaire « quatre mil cinq cens livres ou environ » [f°65], ce prix incluant l’achat d’une autre petite maison sise sur le même terrain. Aucun détail supplémentaire n’est donné ici car Julian tient « un petit livre à part » [f°65] dans lequel il réunit les « minses et despenses » [f°65], mais ce livre ne nous est pas parvenu. Julian ne parle pas des écuries, mais la bâtisse en dispose puisque, à l’époque de la Fronde, des cavaliers avec leurs chevaux y seront logés. Sa maison se « compose de salle chambre au bout cave et cuisine chambres haultes greniers dessus » [f° 63 v°] : ce sont les seules indications données dans le manuscrit qui nous permettent d’imaginer cette vaste demeure et elles sont bien imprécises. Julian fait-il preuve ici d’une certaine incapacité à décrire les lieux avec méthode ou est-ce le reflet d’une volonté de dissimuler le privé de sa vie ? Nous trouvons dans le texte du notaire à la fois un souci de précision dans la situation spatiale par rapport aux voisins, aux autres, et très peu d’indications sur ce qui est derrière le visible, c’est-à-dire sur le privé. Ainsi que l’écrit Gaëtane Lamarche-Vadel, « caché par les façades, naît un nouvel espace du secret32 » et, tout en demeurant loin encore du sentiment de l’intimité, le Livre des Bodreau laisse souvent percer beaucoup de pudeur. À la fin du siècle, l’inventaire après décès33 du fils de Charles précisera que la bibliothèque et le cabinet de travail sont installés dans l’étude. Cette « pièce particulière appelée “l’estude” [est] située à l’étage, protégée des bruits de la maisonnée34 », ainsi que dans la majorité des intérieurs d’officiers « moyens ».
- 35 Par exemple : L. Coste, « Cadre de vie d’officiers bordelais » dans M. Cassan, op. cit., p. 323-32 (...)
- 36 Inventaire Bodreau du 17 juillet 1692. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
- 37 P. Kjellberg, Le meuble français et européen du Moyen-Âge à nos jours, Paris, 1991, p. 80.
- 38 Ils représentent : Une bergère qui file, L’enfant prodigue, La Vierge, Le crucifix, St Jean dans l (...)
- 39 Inventaire après décès de Julien Bodreau, fils de Charles. Acte du 8 août 1692 passé devant Me Pie (...)
- 40 Il est conservé au siège de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe sis à la médiat (...)
- 41 Le tableau de Julien Bodreau porte l’inscription latine suivante : « Bodræi, ora vides patriis qui (...)
- 42 Le tableau de Magdeleine Berault porte une inscription sur son revers. Peu lisible aujourd’hui, ce (...)
- 43 Les dimensions des deux tableaux du Musée de Tessé sont : 0,55 x 0,46.
- 44 M. Ménard, « Si l’histoire m’était montrée », dans L’Art est-il une connaissance ?, 4e forum Le Mo (...)
- 45 « Les magistrats du tribunal civil ont donné de leur côté au savant commentateur de la coutume de (...)
21Absolument aucun mot sur l’ameublement ne paraît dans le manuscrit : nous ne voyons pas les Bodreau vivre le quotidien dans leurs meubles. La description du mobilier est réservée aux actes successoraux de ces officiers : ceux des inventaires après décès et des ventes, mais nous n’en possédons pas avant 1684. Jamais n’est signalé dans le Livre l’achat d’un lit, d’une chaise, d’une armoire ou même d’un tableau. Nous pouvons interroger les quelques actes notariés qui ont établi les successions des descendants de nos auteurs à la fin du siècle, mais nous ne savons quelle est la part réelle de l’héritage. C’est ainsi que nous connaissons quelques-uns des meubles garnissant la maison dans la deuxième moitié du xviie siècle, sans pouvoir nommer ni leur acquéreur ni leur date d’achat. Cette liste du mobilier – relevée dans les rares contrats de mariage, testaments, inventaires après décès et ventes qui nous sont parvenus – s’apparente aux listes établies par les historiens35 pour ce qui concerne les ameublements des officiers au xviie siècle. Nous y trouvons des sièges en assez grand nombre : des chaises en paille et d’autres couvertes de broderie et des sièges pliants ; nous y trouvons aussi des lits dont quelques-uns ont des rideaux, puis un portemanteau, un dressoir de bois à une fenêtre, un grand bahut fermant à clef, un guéridon, une petite table ronde, un petit charnier avec couvercle, une huche de chêne, deux paires d’armoires de bois de chêne fermant à clef et le « cabinet de bois de noyer aveq cinq fenestres et deux liettes aveq cinq serrures36 ». Ce meuble, ayant peut-être appartenu à Julien – puisque « dans la fenestre haulte est le portraict en bust de deffunt Me Julien Bodreau ayeul » – fait partie du goût nouveau du règne de Louis XIV37. Le couple du célèbre avocat se préoccupait-il de suivre la mode ? S’agit-il d’une acquisition de Charles postérieure à la mort de son père en 1662 ? Ajoutons enfin, en décoration, des tablettes, des regards, un miroir, des petits cadres, des tableaux38, une tapisserie tendue dans la salle et deux tapis de Bergame. Aujourd’hui, trois cent cinquante ans plus tard, trois tableaux demeurent de ce décor familier, mais il n’en est nullement question dans les actes de vente cités. Ces derniers ne pouvaient pas faire partie d’une vente publique puisque ce sont tous trois des portraits en buste des époux Bodreau. Au même titre que l’une des deux armoires en bois de chêne contenant les actes des ancêtres et le cabinet en bois de noyer, ils appartenaient « en commun à toute l’hérédité de l’ayeul39 ». Deux d’entre eux représentent l’avocat Julien et sont pratiquement identiques : l’un40 est daté de 1637 et l’autre41 fut exécuté en 1650. Le portrait de sa femme Magdeleine Berault42 n’est pas daté. C’est l’année même de leur installation dans la maison paternelle que les deux époux, alors âgés de trente-huit ans chacun, s’offrent ces portraits aux dimensions43 identiques. Le premier portrait de Julien et celui de Magdeleine sont peut-être alors exposés ensemble dans la salle, en pendant l’un de l’autre puisqu’ils se font face. Un blason figure dans l’angle droit du portrait de Julien. Le tout nouveau maître de maison, accédant désormais au rang de patriarche de la famille, prend possession de la demeure ancestrale et entre pleinement dans son rôle. Ainsi que le relève Michèle Ménard, « dans le désir de se voir représenté, il y a le désir d’être en représentation ; le rôle social paraît donc dans la figuration, même s’il se réduit au rôle joué dans la famille44 ». Le second tableau de Julien, est peint l’année qui suit la mort de Magdeleine, et Henri Chardon révèle aussi l’existence de plusieurs autres portraits45 de Julien.
22« Le jeudy 26e juin 1616 [Julian vient] demeurer en ladite maison estant parfaicte fors quelques petits acommodemens au dedans qu’[il] faict parachever y estant » [f° 64 v°], trois ans juste après l’acquisition des terrains et à peine plus d’un an après la pose de la première pierre. La hâte de prendre possession des lieux transparaît ici : tout n’est pas fini, mais on s’installe et c’est pour la vie : « Dieu nous face la grace d’y vivre et mourir en sa paix » [f°64v°]. Les longues années d’errance d’un appartement loué à un autre n’étaient pas un choix délibéré de vie. Pendant cent soixante-dix ans, de 1616 à 1786, de nombreux membres de la famille vont se succéder et passer quelques années ou leur vie entière dans la maison de la rue Dorée.
« Y vivre et mourir en sa paix »
23Dans le temps de son achat immobilier, Julian acquiert sur le même lieu « une aultre petitte maison et jardin au droict » [f°65] qu’il a achetés au fondeur voisin le sieur Dieuxivoys. Ne l’occupant pas lui-même, il la loue à « la dame de la Barre ve Hureau » [f° 65], sœur de ses voisins et amis, les Gauquelin. Plus tard, sa veuve y finira ses jours, abandonnant la grande maison au ménage de leur fils l’avocat. Ce dernier, n’ayant vécu que deux ans dans la maison familiale avant de partir étudier le droit, semble se soumettre à la volonté paternelle en s’y installant dès son retour avec sa jeune épouse. En effet, le notaire ne peut cacher la joie qu’il éprouve à écrire que son « filz et sadicte femme sont venus à leur mesnaige demeurer avec nous » [f° 73]. Il ne peut taire davantage la fierté qu’il ressent, en 1622, à la naissance de son petit-fils : « le premier nay en madicte maison que jé faicte bas-tir où nous demeurons mon fils et moy ensemblement et ne faisons que un mesnaige avec nos femmes » [f° 75 v°], ou à celle, l’année suivante, « d’une fille en [s]a dicte maison » [f°77v°]. Mais il se garde bien de noter le départ du jeune ménage en 1624 ; ce n’est qu’en septembre 1625 qu’il inscrit presque évasivement : « au mois de may 1624 mondict filz et sa femme sont sortis de ma maison » [f°80]. Aucun motif n’est allégué pour expliquer cette séparation tant de la part du père que de celle du fils. Voilà presque quatre ans que Julien est avocat et il commence à être réellement indépendant, mais rien dans le Livre ne peut laisser entendre que le père et le fils aient pu se gêner d’aucune façon dans l’exercice de leur profession ou dans leur vie commune. Le jeune ménage ne désire d’ailleurs pas s’installer dans une autre paroisse et n’envisage pas d’acheter une demeure : Julien et sa femme sont « allés demeurer au logis du sieur de la Boutterye proche le portail de la rue de La Tennerye » [f° 80]. Sont-ils à l’étroit dans la grande maison de la rue Dorée ? Le couple du notaire y élève son premier petit-fils qui « est décédé en [s]a maison le 4e 7bre de malladie de rougette » [f°75v°], puis sa petite-fille Marguerite née l’année suivante, en 1626. Ces années-là, chez Julian, demeurent aussi les enfants de son frère Jacques, décédé en 1622 : Anne qui en part le jour de ses noces le 3 février 1625, Michel qui devient religieux en 1633, René qui va étudier à Paris en septembre 1633 et Catherine qui s’y installe en juillet 1632. La grande maison du notaire abrite donc toute la jeunesse de la famille pendant des années et, en 1637, son fils revient y demeurer avec sa femme et leurs quatre enfants âgés de quatre à douze ans. Mais le notaire n’est plus ; il vient de « décéder en sa maison qu’il avoit faict bastir au carrefour du pont perrin proche les murs de ville » [f°96], écrit son fils, entreprenant la rédaction du Livre et montrant par cette première phrase tout ce que cette demeure a représenté dans la vie de son père.
24« Au mois de febvrier 1637 je suis venu demeurer en la maison de mon deffunt père » [f°97], écrit Julien. Magdeleine et lui s’installent dans la grande maison de la rue Dorée et leur premier geste, en cette année 1637, est peut-être celui d’accrocher au mur de la demeure leurs deux portraits tout neufs. C’est dans ce cadre familial que Julien va mettre la dernière main à l’ouvrage de sa vie, le Commentaire de la Coutume du Maine qu’il édite en 1645, et c’est là qu’il connaîtra quelques-unes des grandes joies de son existence et ses plus lourdes peines.
- 46 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 21 janvier 1644. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/ (...)
- 47 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 28 août 1645. Arch. dép. Sarthe cote 1 J 273.
- 48 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 10 février 1646. Arch. dép. Sarthe cote 1 J 273.
- 49 J. Bodreau, Les coustumes du païs et comté du Maine, Paris, Alliot, 1645, article CCCCLXIII, p. 60 (...)
25En 1641, sa fille aînée à peine âgée de dix-sept ans se marie avec l’avocat Mathieu Chesneau et il est vraisemblable qu’elle quitte la maison paternelle même si elle ne s’en éloigne guère. Son père n’en écrit rien, mais un acte notarié daté de 1644, traitant du partage de la succession de feux Jacques Bodreau et Catherine Gilles, nous apprend que « Me Mathieu Chesneau exploite la grande maison appelée des Gilles située paroisse Saint-Benoît46 ». La mère de Julien, s’étant « retirée en une petite maison » [f° 113] toute proche, a laissé la grande bâtisse à son fils. À l’automne 1642, elle meurt avant de voir se concrétiser l’ascension de son fils. L’année même de la parution de son Commentaire, l’avocat apporte des améliorations à la demeure paternelle. Au mois d’août, il fait « eslever une chambre sur celle qui luy apartient estant sur une autre chambre basse apartenant a la veuve et heritiere de deffunct Pierre Broussin47 ». Or, assise sur le seul morceau restant des « maisons et édifices » [f°63] achetés par son père, cette nouvelle pièce donne sur la cour de l’hôtellerie de La Galère et Jacquine Graffard sa propriétaire s’en offusque. Elle veut bien que « les fenestres et veues que ledict Bodreau a fait faire qui ont leur appert sur [sa] court soient et demeurent en l’estat qu’elles sont », mais elle demande que « seulement ne poura ouvrir les vittres ». Si Julien se plie à la requête de sa voisine dans un premier temps, il décide six mois plus tard « d’augmenter et accroistre une demye croisee en la grande chambre haulte48 ». À nouveau, Madame de La Galère accepte que « ladicte demye croisee et fenestre demeure en l’estat qu’elle est », mais elle impose que ce soit « a charge et condition qu’elle sera et demeurera grillee et vittree avec dormant ». Jacquinne Graffard se réserve le droit « de bastir en sa cour et sur son fonds quand bon luy semblera », ce que Julien accepte devant notaire. Entre les murs de ville, l’espace citadin est rare et convoité. Un article49 des Coustumes du Maine, intitulé : « De faire veuë sur soy et sur son voisin », détaille les modalités de ces arrangements en traitant toutefois le sujet sur un plan général. Les voisins demeurent en bons termes et, au « décès de Madame de La Galère » [f°187v°] en 1656, Julien lui fera l’honneur d’une inscription sur son Livre. Les améliorations ainsi apportées à la maison coïncident avec les dernières années de l’écriture et de la parution du chef d’œuvre de l’avocat : sans doute manquait-il de place pour travailler en toute sérénité.
26Aux troubles de la Fronde, pendant lesquels Julien est contraint de loger « un lieutenant du régiment de Piémont en [s]a maison aveq trois serviteurs et cinq chevaux » [f°145], s’ajoute pour lui la grande douleur de voir mourir sa femme douze ans après leur installation rue Dorée. Peu à peu, la jeunesse et la joie désertent la grande maison de l’avocat. Sa fille Marguerite épouse en mai 1657 le médecin du roi Pierre Bourgault et elle « est alée à son mesnage à Fontevrault » [f°190] moins d’un an plus tard, laissant à la maison son père « affligé d’une grande et périlleuse maladie » [f°189v°], sa sœur Louise et son frère Charles âgés respectivement de vingt-sept et vingt-cinq ans. Dix-huit mois s’écoulent avant que Julien n’éprouve enfin le « contentement » [f°197v°] d’entendre à nouveau chez lui le babil d’un enfant : « on a retiré de nourice [s]on petit-fils Julian Bourgault » [f°197v°] et il se charge de « l’élever en [s]a maison » [f° 197 v°]. Quelque temps après, la maison de la rue Dorée accueille les noces de Charles et de Marie Morice qui s’installent à Étival dans leur propriété du Boulay. Julien n’évoque jamais une éventuelle visite de son fils et en septembre 1660, il ne note pas la naissance de Marie premier enfant du jeune couple alors que, cette même année 1660, il inscrit la naissance d’une autre de ses petites-filles à Fontevraud. Deux années difficiles restent à vivre à Julien qui traverse le terrible hiver de l’Avènement en se faisant l’écho dans son Livre de « la grande disette et famine » [f°215v°] qui règnent alors. Et, le 13 juin 1662, au plus fort d’une grave épidémie de pourpre, Julien s’éteint dans la maison familiale de la rue Dorée.
- 50 Acte notarié du 6 juillet 1662 de la démission de Louise Bodreau de sa part des biens de l’héritag (...)
- 51 Bail Bodreau/Legendre : acte du 9 octobre 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe c (...)
- 52 Dans l’un de ses testaments, Louise « déclare a nouveau qu’elle n’a rien touché des sieurs Bourgau (...)
- 53 Plusieurs actes concernant les héritages des enfants de Marguerite font état du montant de cette r (...)
- 54 Bail Bodreau/Teulière : acte du 17 novembre 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe (...)
- 55 Le lieu de Ribemont se situe tout près de La Drourie sur la paroisse de Coulans-sur-Gée.
- 56 Acte du 18 décembre 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
27Louise demeure « en la maison où est décédé ledit sieur Bodreau50 », mais trois semaines après la mort de son père, conseillée par me René Bodreau, me Jean Faissot et me Pierre Trouillard (tous trois parents), elle se démet de son héritage en faveur de ses frère et sœurs « à la charge de luy faire par eux chascuns ans la somme de 450 livres en argent de pention viagère ». Louise quitte donc la maison et élit domicile en la paroisse Saint-Nicolas où elle loue un petit logement à Françoise Legendre, veuve du marchand François Durandière, pour la somme de cinquante livres par an. Cet appartement comprend « deux chambres haultes à cheminée aveq un petit grenier à costé de la grande chambre, un grenier qui est sur la petite chambre, aveq une portion dans la cave où mettre deux toises de gros bois, une pipe de vin et un charnier […et] aussy la place qui est sous le degré pour dévaller dans ladite cave51 ». Comme la plupart des femmes seules, célibataires ou veuves, Louise est obligée de réduire son train de vie et différents actes notariés52 montrent qu’elle devra, sa vie durant, se battre avec ses frère et sœurs pour obtenir son dû. Tous trois lui versent régulièrement chacun dix-huit livres53 par an, ces cinquante-quatre livres étant loin d’atteindre le montant convenu ; cependant, Louise gère suffisamment bien sa rente puisque, trois ans plus tard, elle loue « une maison cour et jardin scittue en la rue de Quatre roues composee de chambre basse cuisine a coste cave dessoubs chambre haulte une estude a coste grenier dessus cour escurie et grenier de la moitie du jardin aveq les lieux qui sont en iceluy54 ». Pour cette nouvelle demeure plus spacieuse, Louise paiera soixante-cinq livres par an à Louise Teulière veuve de Gabriel Cormier. En 1683, lors du partage des biens de sa sœur Marguerite, il est spécifié que « celui auquel échera Ribemont55 payera annuellement la pension deüe a damoiselle Louise Bodreau56 » et il est précisé que
« la rente viagère de dix huict livres deue chascuns ans pendant la vie de ladite demoiselle Louise Bodreau aux partageants par Me Mathieu Chesneau sieur des Portes avocat mary de demoiselle Marie Bodreau, et damoiselle Marie Morice veufve Me Charles Bodreau aussy avocat sera payée par eux pendant qu’elle sera deüe entre les mains de celuy a qui eschera ledit lieu de Ribemont a deduire sur les parties qu’ils sont obliges payer a ladite demoiselle Louise Bodreau ».
- 57 Il s’agit de Julien-Hylaire né le 13 octobre 1663 décédé le 25 avril 1664, de Julien né le 25 févr (...)
- 58 Acte de la vente des meubles du 10 novembre 1684 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe (...)
- 59 Marie choisit les tableaux représentant : La Vierge, Le Crucifix, St Jean dans le désert et St Fra (...)
28Après le départ de Louise, Charles habite la maison de la rue Dorée où ses trois fils57 vont naître (sa fille aînée étant née à Étival en 1660). Il y exerce la profession d’avocat et, au mois d’août 1663, il se plie à la requête de « Monsr de Sila commissaire de la Cour » [f° 229], subdélégué de l’intendant de la généralité de Tours dont dépend Le Mans, envoyé au Mans pour « examiner toutes les provissions des offices » [f° 229]. Charles « monstre les [s]iennes pour [s]on office de tiers modérateur » [f° 229] hérité de son père. Il demeure dans la maison de famille jusqu’à ce jour du 1er juin 1671, où il est « sorti du logis de feu [s]on regretté père » [f° 248] et où il s’en est « allé demeurer au Pré à la Corne en un pavillon sur la rue » [f°248]. Rue Dorée, il vit non loin de sa sœur Marie épouse de Mathieu Chesneau. Or Julien a choisi Mathieu pour exécuteur testamentaire et ce dernier n’est pas en bons termes avec son beau-frère. Charles écrit en effet que Mathieu le « persécute journellement par ses procès pour [s]on hérédité et injustement » [f° 223 v°], mais nous en avons retrouvé peu de trace dans les archives. Charles meurt en 1679 et sa veuve, Marie Morice, cinq ans plus tard. Pour s’acquitter des dettes laissées par sa mère, Julien, dernier enfant lui survivant, doit vendre les meubles de la maison le 10 novembre 1684. Il a dix-sept ans et « il est sur le point d’aller à La Flèche pour continuer ses études58 » ; son oncle, Mathieu Chesneau, paiera la pension avec le fruit de cette vente. Marie Bodreau, épouse de Mathieu Chesneau, achète quelques-uns des objets mis en vente et personne n’ose enchérir sur elle. Elle acquiert la vaisselle plate et creuse, les couverts d’argent, les douze chaises et les trois coussins couverts de broderie, un tapis de Bergame et quatre59 des six petits tableaux mis en vente : ceux dont les sujets sont religieux retiennent son attention. Marie a dépensé 197 livres 12 sols pour acquérir des objets qui avaient peut-être appartenu à son père et constituaient pour elle un décor familier. La vente rapporte 494 livres 19 sols 6 deniers ; cet argent sert à couvrir les frais de sépulture de Marie Morice, les menues dettes et la pension de Julien à La Flèche et chez son oncle Mathieu Chesneau qui lui demande deux cents livres par an.
- 60 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. (...)
- 61 Julian Bourgault et Henriette Bourgault, frère et soeur d’Adélaïde lui ont cédé leurs droits.
- 62 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. (...)
- 63 Acte de la vente des meubles du 18 décembre 1684 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe (...)
29Devenu « escuier garde du corps de sa Majesté60 », Julien Bodreau meurt célibataire à vingt-quatre ans, en 1691. L’inventaire « des meubles, titres et enseignements de la succession du deffunt Julien Bodreau » est dressé dans la maison de la rue Dorée, à la requête de son oncle Mathieu Chesneau, en présence de ce dernier et de ses créanciers qui sont ses cousines Adélaïde Bourgault, Marguerite et Jacquine Morice, et Jacques Brossard (pour lui-même et les autres créanciers). Les biens du jeune Julien Bodreau sont partagés entre ses héritiers qui ne sont autres que sa tante Marie Bodreau et sa cousine Adélaïde Bourgault61, l’épouse de Jean Haton, du côté paternel et sa cousine Marguerite Morice de l’autre côté. Cet inventaire met en lumière le comportement solidaire de la famille quant à la nécessité de préserver la mémoire ancestrale ; il est en effet décidé qu’une armoire « de bois de chesne fermant de clef dans [laquelle] sont les minutes des actes attestés par les Bodreau vivants srs advocat et notaire de cette cour, demeure en commun à toute l’hérédité de l’ayeul dudit Bodreau pour la conservation desdits actes62 », et que le « cabinet de bois de noyer aveq cinq fenestres et deux liettes aveq cinq serrures dans la fenestre haulte [duquel] est le portrait en buste de deffunt Me Julien Bodreau ayeul » ne quittera pas la maison. Par ailleurs, dans l’acte de vente des meubles de Marie Morice en 1684, le détail de l’utilisation des fonds récoltés est donné par le notaire qui indique que « a esté payé sept sols à Jean Moiré serrurier pour une clef faite au cabinet où est le bust dudit deffunt me Jullien Bodereau ayeul63 ». On s’est donc toujours soucié de l’entretien de ce meuble.
- 64 Acte du 6 juillet 1662, passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
- 65 M. Cassan, « Formation, savoirs et identité des officiers “moyens” de justice aux xvie-xviie siècl (...)
- 66 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. (...)
- 67 Laurent Ménard compte : « treze in folio, vingt quatre in quarto, quarante in octavo tant grands q (...)
- 68 R. Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1987, p. 174. Mont (...)
- 69 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. (...)
- 70 Guidonis Iuvenalis, Terentium familiarissima interpretatio cum figuris unicuique scænaæ præpositis(...)
- 71 A. Ledru, « Notices historiques et littéraires sur quelques hommes célèbres de la province du Main (...)
- 72 Voici ces lignes : Hic Guido Juvenalis erat urbis Cenomanensis oriundus et patia lingua vocabatur (...)
30Lors de sa démission64 en faveur de ses frère et sœurs, Louise leur laisse la bibliothèque et nous aurions aimé en connaître le contenu. Michel Cassan, étudiant les officiers “moyens” de Limoges, estime qu’ils « se glissent dans le groupe très fermé des détenteurs de bibliothèques65 » et que ces dernières, situées à l’étage, « sont en priorité des instruments de travail ». Or, l’inventaire de 1692 précise que les personnes présentes « se transportent dans une chambre haulte pour inventorier quelques livres qui y sont66 ». Le notaire Me Pierre Gendrot demande au marchand libraire Laurent Ménard de « faire un fidel raport du nombre et prix desdits livres », mais il n’est pas question d’en noter les titres. Cependant, il dénombre cent vingt livres et quarante et un manuscrits67, ce qui place la bibliothèque des Bodreau parmi les mieux fournies de celles des officiers des villes de l’Ouest à la fin du xviie siècle68. En 1692, c’est un petit-fils de Julien avocat, Mathieu Chesneau le jeune également avocat, qui possède cette bibliothèque acquise de son défunt cousin « en récompense de plusieurs honoraires mises et débours par luy présentés dans les affaires dudit Bodreau69 ». La Société d’Agriculture, Sciences et Arts du Mans conserve un ouvrage70 ayant appartenu à Julien avocat ; il s’agit d’un incunable de la plus grande rareté avec des figures sur bois et dont le texte est une poésie dramatique intitulée Terence écrite par Guy Jouenneaux71. Julien a noté et signé quelques lignes sur la page de titre au sujet de l’auteur72. Quelques mots sont griffonnés sur la dernière page et nous pouvons affirmer, en comparant avec la page de titre, que ce n’est pas l’écriture de Julien. Consultant le Livre de famille, nous relevons de grandes analogies entre le graphisme de ces mots et l’écriture de Julian père pour les mots les plus lisibles ainsi qu’avec celle de Jehan le grand-père pour ce qui est de deux petites lignes presque effacées ; cependant, nous ne pouvons dire avec certitude que ce livre aurait également appartenu à Jehan Bodreau, puis à son fils le notaire avant d’être lu par Julien avocat. Sur la quatrième de couverture, un prix : « XXXV sols ».
- 73 Rôle de Saint-Benoît. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 477.
- 74 Ibid. Sur le même rôle, Mathieu Chesneau est dit propriétaire d’un grand corps de logis évalué à 2 (...)
- 75 Il s’agit de Me Jacques Morice bourgeois au Mans, de Me Pierre Morice prêtre, de demoiselles Marie (...)
- 76 Acte du 18 mars 1695 passé devant Me François Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
- 77 G. Esnault, Mémoires de René-Pierre Nepveu de la Manouillère, Le Mans, Pellechat, tome ii, p. 134.
- 78 H. Chardon, « Mémoires de Julien Bodreau », dansAnnuaire de la Sarthe, 1904, p. 41.
31Avec le partage, en 1692, des biens du dernier descendant direct des Bodreau pouvant « renouveller la race » [f° 243 v°], Mathieu Chesneau prend possession de la maison construite par Julian Bodreau. Cependant, en 1694, Louis Gasselin, procureur syndic de la paroisse de Saint-Benoît, dressant le rôle du relevé des immeubles bâtis, inscrit que Mathieu Chesneau est propriétaire d’un « grand corps de logis scittué au derrière de la maison dudit sieur Vallet » et qu’il l’est « comme créansier et héritier de son neveu Charles Bodreau73 » (les prénoms sont ici confondus car Charles était le beau-frère de Mathieu, et c’est Julien, le fils de Charles, qui est resté le débiteur de son oncle toute sa courte vie). En 1694, note consciencieusement le même procureur syndic, Mathieu Chesneau possède un peu plus haut dans la même rue Dorée, une autre « maison qui a une très vaste étendue [et qui] ne peut valloir moins de six mille livres ou plus74 », maison qu’il habite alors. À la suite de l’inventaire après décès de Julien Bodreau petit-fils, les membres de la famille Morice75 ont renoncé à la succession au profit de sa cousine Marguerite Morice, épouse de Daniel Guitton, pour quatre cents livres76. Les époux Guitton restent les seuls héritiers en ligne maternelle et la maison Bodreau échoit à Mathieu Chesneau ; elle devient, pour un siècle, la demeure des Chesneau. Marie Bodreau y meurt en 1702, âgée de soixante-dix-huit ans, précédant de quatre ans son mari Mathieu Chesneau dans la tombe familiale de l’église Saint-Benoît. En 1706, au partage de leurs biens, leur fils Marin en hérite. Elle devient ensuite la propriété de Marin Dominique Chesneau sieur de La Drourie qui la lègue à ses fils en 1786 : « l’un est doyen de St Pierre et l’autre receveur des tailles à Alençon77 ». Ils la vendent au sieur Vaslin négociant qui la cède au sieur Massé marchand de bois qui « augmente la maison Bodreau, [celle-ci] n’étant que la moitié de ce que fut l’hôtel Massé78 ». La maison, restée cent soixante-dix ans dans la famille de son bâtisseur, passe alors de mains en mains pour traverser les deux siècles suivants, et elle subit quelques transformations pour devenir à l’aube de l’an 2000 la jolie bâtisse rénovée qui s’élève au bas de la rue de la Galère au pied du Pont-Perrin. Ce dernier, quoique entièrement refait et ayant quadruplé sa largeur, permet toujours de franchir la Sarthe en direction de la route de Laval, chemin tant de fois emprunté par les Bodreau pour se rendre dans les propriétés rurales qu’ils possèdent dans la campagne environnante.
À la campagne
- 79 P. Goubert, Clio parmi les hommes, Paris, Mouton, 1976, p. 130.
- 80 Fercé se situe sur la route de Sablé, à vingt-deux kilomètres du Mans ; Étival est à sept kilomètr (...)
32Comme la plupart des familles d’officiers royaux79, les Bodreau possèdent plusieurs propriétés rurales indispensables à leur approvisionnement d’une part et leur fournissant des rentes d’autre part. Ils en évoquent quelques-unes pour diverses raisons, mais certains actes notariés se rapportent à d’autres propriétés dont les auteurs ne parlent pas, tout simplement parce qu’elles font partie des affaires et non de la vie privée. Ne disposant pas de toutes les pièces afférant à ces terres, nous nous limitons ici à énumérer les propriétés qui nous sont connues par le Livre et surtout par les archives des notaires ; quelques-unes d’entre elles existent encore dans un paysage totalement bouleversé par le passage des voies ferrées, des autoroutes et du remembrement rural. Il s’agit de La Mauvillière à ChaufourNotre-Dame, de La Chouannais à Coulans-sur-Gée, de La Challerie, des Bouhardières et de la Noë Ronde à Souligné-Flacé, de La Rivière à Fercé, du Boulay à Étival, de Lespine au Petit-Saint-Georges, des Gastines à Saint-Padvin-des-Champs, du Plessis à Fillé et du Rossay à Changé. Exceptés Le Rossay situé à l’Est et Le Plessis au Sud du Mans, tous les autres lieux se tiennent dans un périmètre restreint n’excédant pas six lieues de rayon80 à partir du Mans, entre la route de Laval et la route de Sablé. La porte du Mans qui donne accès à ces deux routes étant le Pont-Perrin qui enjambe la Sarthe à deux pas de la maison de ville des Bodreau, il est aisé aux Bodreau de se rendre dans leurs propriétés et de s’en faire livrer les produits.
- 81 Actes du 21 septembre 1660 passés devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264.
- 82 Acte du 6 mars 1666 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264.
33Des actes notariés ont été établis au sujet d’un autre lieu dont les Bodreau ne parlent jamais : c’est le Carrefour à Sainte-Sabine. Il s’agit de la paroisse de Sainte-Sabine-sur-Longève située à cinq lieues au Nord du Mans, près de Saint-Jean-d’Assé, mais ce bordage semble n’avoir appartenu que provisoirement à Julien avocat. Cependant, avec ces actes, nous disposons-là d’un exemple de procédés qui menaient assez facilement les créanciers à devenir propriétaires. Nulle mention de ce lieu dans le manuscrit, mais, dans les papiers de Me Pierre Gendrot, nous trouvons trois actes le concernant, de 1660 à 1666. Les deux premiers, datés du 21 septembre 1660 et rédigés dans la maison familiale de la rue Dorée, sont les éléments d’un contrat pignoratif81 ; ils attestent que Me François Couette et sa femme « ont vendu ceddé et transporté ceddent transportent et promettent garantir de tous troubles a peine audict sieur Bodreau le lieu et bordage du Carrefour scittué en la paroisse de Ste Sabine » pour la somme de 360 livres et « d’en faire le remere dans les deux ans ». En contre partie, les vendeurs doivent donner une rente de vingt livres par an à l’acheteur « a commencer de ce jour et continuer jusques au remboursement actuel et a proportion de temps ». Pendant ces deux ans « ledit sieur Bodreau a relaissé auxdits vendeurs la jouissance desdites choses vendues ». Six ans plus tard, Julien Bodreau est décédé et c’est dans l’étude de me Pierre Gendrot, que le troisième acte est signé. On y voit Me Couette et sa femme rembourser Me Pierre Bourgault et sa femme Marguerite Bodreau « comme héritiers de deffunct Me Julien Bodreau82 » ; le bordage du Carrefour redevient alors propriété à part entière du couple Couette. Bien souvent, les « propriétaires emprunteurs » ne parvenaient pas à rembourser leurs dettes et les créanciers se payaient alors en devenant les nouveaux propriétaires du lieu. Ayant fait partie des biens des Bodreau pendant six ans, ce lieu, dont les Couette ont conservé la jouissance, n’a guère reçu la visite de ses propriétaires temporaires si ce n’est sous forme amicale, François Couette étant le clerc de Julien Bodreau.
34L’acquisition de propriétés rurales par les Bodreau, essentiellement faite par le notaire et l’avocat, amène à distinguer deux manières différentes d’organisation et de perception de l’espace et du temps. Le notaire achète ses terres suivant les occasions qui se présentent et dont il a connaissance dans l’exercice de sa profession ; se laissant guider par la bonne affaire financière, il ne semble pas se soucier réellement de la situation du lieu par rapport à sa demeure principale : il possède, par héritage, La Challerie à l’Ouest du Mans et il achète Le Plessis à Fillé au Sud, puis Le Rossay à Changé à l’Est. L’avocat fait preuve de plus de méthode en acquérant les terres qui entourent celles qu’il possède déjà (Les Bouhardières et La Noë Ronde près de La Challerie) et en arrêtant son choix sur une aire bien définie à l’Ouest du Mans (de Chaufour-Notre-Dame à Fercé en passant par Coulans-sur-Gée et Souligné-Flacé) ou bien dans un périmètre très proche de la porte de ville où il demeure (Le Petit-Saint-Georges et Saint-Pavindes-Champs) ; ces différentes propriétés devenant ainsi plus aisées à surveiller et à exploiter.
Les acquisitions du notaire
- 83 Ce bordage, situé en bordure de la RN 23, dépend aujourd’hui de la commune de Guécélard.
- 84 C’est Henri Chardon qui nous le révèle en citant le petit livre.
- 85 Acte du 9 juillet 1660 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264. Dans (...)
- 86 Acte du 28 mars 1679 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167. Et Arch. dé (...)
35Situé à Fillé, Le Plessis83 est à quatre lieues de la rue Dorée. Comme sa maison de ville, Julian l’a acheté par décret. Le 28 mai 1622, Julian paie « la somme de 1500 livres pour les frais du décret et ventes84 » qui lui permet d’acquérir le lieu du Plessis au nom de son fils marié depuis dix-huit mois et auquel il « avoyt promins les deniers par son contract de mariaige » [f°88v°]. Il profite de l’occasion et use ici de son autorité paternelle pour gérer la fortune de son fils. Ce même mois voit la naissance du premier petit-fils du notaire et la coïncidence des dates n’est certainement pas fortuite ; la descendance familiale s’amorce et Julian peut faire des projets d’avenir pour la pérennité de la famille. En 1629, il « faict baptir tout de neuf le logis du lieu et métaierye [ce qui lui] a cousté quatre cens Livres » [f°88v°]. Néanmoins, la lecture de quelques actes notariés établissent que c’est l’avocat qui exploite ce bien. Certains de ces actes font état d’un difficile remboursement de dettes de l’un des métayers du lieu. En 1633, Julien prête de l’argent à Charles Roullin qui tarde à le rembourser. Après un jugement du présidial de mai 1640 qui lui permet de recouvrer la moitié de la somme prêtée, Julien doit encore réclamer son dû, vingt ans plus tard en juillet 166085, à la veuve de Charles Roullin, Perrine Biseray. Enfin, ayant hérité du Plessis en 1662 à la mort de Julien, sa fille Marguerite assigne les héritiers de Charles Roullin et de sa femme à rembourser le reste de la dette : quarante-six ans après l’emprunt, le 28 mars 1679, Marguerite renouvelle sa demande et le 11 mai 1679, Marguerite Bodreau « a receu 60 sols a valoir sur la somme de 43 livres d’arrerages de rente86 ».
- 87 Acte du 26 avril 1631 passé devant Me Marin Pingault, Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
36De la rue Dorée, il faut sortir du Mans par la Vieille Porte, se rendre au bourg de Pontlieue, longer l’abbaye de l’Épau et traverser le bourg de Changé avant d’atteindre le lieu du Rossay qui comprend plusieurs bâtisses situées non loin des Commerreries sur la route communale. Ce sont là quatre lieues à parcourir. La seule mention du Rossay faite dans le manuscrit est due au notaire qui déplore que « aux vendenges 1633 la nourice [de Charles] se porte en [s]on lieu du Rossay en Change pour y séjourner pendant les vendenges auquel lieu la maladye de vérette le print qui luy a faict perdre un œil » [f° 92]. Charles a tout juste un an et c’est la deuxième année que Julian, son grand-père, exploite les vignes du Rossay. C’est en effet le 26 avril 1631 que Julian et sa femme Marguerite Termeau achètent à Sébastien Lambert « la moitié d’une maison située en Rossay en la paroisse de Changé et plusieurs pièces de terre et quartiers de vigne87 » pour cent cinquante livres. Ils étaient déjà propriétaires des deux-tiers des bois de la même propriété, bois que Julian avait acquis le 23 novembre 1630 de me Guillaume de La Motte avocat à Lassay. Me Louis, sieur de La Motte praticien au Mans, était héritier de me Anthoine Lambert prêtre habitué de la paroisse de Changé et propriétaire du Rossay ; or, la famille de La Motte est liée par mariage aux Berault et aux Chesneau.
- 88 Rien ne nous dit expressément qui est alors le propriétaire de ce lieu : le père de Jehan ? la soe (...)
- 89 Gillette, épouse d’Estienne Taron, sera la nourrice des enfants de Jehan.
- 90 Acte du 29 mai 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
- 91 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
37Avant d’acquérir sa maison de ville et ses premières propriétés rurales, le notaire Julian Bodreau exploite une terre que son père détenait déjà et qui est donc le premier bien foncier de la famille, il s’agit du lieu de La Challerie en Souligné-sous-Vallon. Issu d’une famille de marchands, originaires de Maigné [f° 23 v°] et installés à Souligné-sous-Vallon, le sergent royal Jehan Bodreau semble y posséder quelques terres à blé et arpents de vigne d’où il récolte le « bled seigle et le vin » [f° 8] qu’il vend aux halles du Mans88. Sans doute s’agit-il du lieu de La Challerie exploité alors également par le couple de sa sœur Gillette89 qui y demeure. On trouve la toute première évocation de ce lieu dans le manuscrit au bas du folio écrit par Jehan le 13 septembre 1572 pour annoncer la naissance de son fils Julian. Alors deuxième rédacteur du Livre, Julian ajoute qu’il a été « porté à nourice chez [sa tante] Gillette femme de Estienne Taron demeurants au lieu de la Challerye en Souligné soubz Vallon » [f°7v°]. Devenu propriétaire de ce bordage, Julian l’évoque dans son Livre pour dire les récoltes faites sur ces lieux ou les séjours forcés dus à la menace de la contagion qui sévit en ville et qu’il fuit au plus vite [f° 85] avec son fils Julien. Dans les archives des notaires, deux pièces nous sont parvenues à propos de La Challerie ; un acte90 passé devant me Pierre Gendrot montre, deux semaines avant sa mort, Julien Bodreau intimant à Marin Plessis vigneron, ancien colon du lieu, de payer les réparations qui subsistent après son départ et nous apprenons que, depuis « Pasques dernière » un nouveau colon, Toussaint Bel-langer, s’est installé à La Challerie. Sans doute est-ce Marie qui hérite de ce berceau de la famille puisque, en 1706, dans l’acte91 traitant du partage des biens de Mathieu Chesneau son époux, ce lieu échoit à leur fils Julien Chesneau sieur de Vieumont.
38Aujourd’hui, à trois lieues du Pont-Perrin, en empruntant la route départementale D. 309 jusqu’à Saint-Georges-du-Bois, puis la route D. 22 nous découvrons sur une butte les quatre corps de logis de La Challerie, dont deux sont en ruines. Ils se situent à un quart de lieue du village de Souligné-Flacé (alors Souligné-sous-Vallon) et de son église Saint-Rigomer qui recueillit, au xvie siècle et dans les toutes premières années du siècle suivant, les dépouilles de quelques membres de la famille. Près de La Challerie, dans un périmètre d’une demie lieue, se trouvent les bordages de La Chouannais, des Bouhardières et de La Noë Ronde. Ce sont des acquisitions de Julien. Plusieurs parcelles se nomment Les Noës et nous n’avons pas localisé La Noë Ronde avec exactitude, mais, suivant les actes notariés, les terres du bordage dit de La Noë Ronde joignaient les trois précédentes. La volonté de posséder un domaine rural de grande étendue est bien due à Julien l’avocat.
Les acquisitions de l’avocat
39Nous n’avons pas pu reconstituer le détail de toutes les acquisitions des Bodreau, mais c’est Julien qui, dans les archives des notaires, apparaît comme étant le plus grand acheteur de terres. La plupart des actes notariés qui nous sont parvenus font partie des belles séries de l’étude de me Pierre Gendrot puis de celle de son fils François.
- 92 Acte du 30 septembre 1656 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 260.
- 93 Acte du 20 novembre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
- 94 Acte du 15 juin 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
- 95 Acte du 3 février 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
- 96 Acte du 12 juin 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
- 97 Acte du 18 juillet 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
40Se transportant sur le lieu de La Chouannais en la paroisse de Coulans en 1656, Julien « a pris possession de la metairie en consequence de la baillée à rente et traicte qu’il en a faict aveq sieur Jean Berault fermier général d’Auvers le Hamon », et cet acte nous le décrit « entrant dans la maison et allant par les terres dependantes dudit lieu92 ». La « prise de possession » écrite se double d’une nécessaire marque physique de la propriété acquise. Julien baille sa métairie au laboureur Mathieu Lhommeau et à sa femme pour six ans93 à partir de novembre 1661. Des quatre enfants de Julien, lequel hérite de La Chouannais ? Difficile de le savoir en l’absence de l’acte de partage des biens de l’avocat. Sans doute est-ce sa fille Marguerite car, deux ans après le décès de Julien, un acte94 du notaire Pierre Gendrot montre Pierre Bourgault, mari de Marguerite, baillant ce lieu au sieur Chasseray. Marguerite a dû s’en défaire après le décès de Pierre Bourgault survenu en 1676. En 1679 Charles Bodreau en est le propriétaire95 dans un acte de prolongement de bail au colon du lieu, en 1681 ce lieu « depend de l’hérédité de feu Me Charles Bodreau96 » et le bordage de La Chouannais figure en 1692 à l’inventaire97 de la succession des biens du fils de Charles.
- 98 Acte du 6 février 1658 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 262.
- 99 Ibid.
- 100 Acte du 16 février 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
- 101 Ibid.
- 102 Ibid. Un additif daté du 14 avril 1662 est porté au verso de l’acte du 16 février.
- 103 Ibid.
41Le 6 février 1658, Julien acquiert « un quartier de vigne en les terres scittuées au haut du clos Piron en la paroisse de Souligné-sous-Vallon98 ». Cette vigne appartenait à Pierre Roullin qui demeure au lieu des Bouhardières, « situées es communaults de Souligné-sous-Vallon et Coullens99 ». Quatre ans plus tard, Julien devient propriétaire « d’une portion de terre à prendre dans une pièce appelée La Bouhardière100 ». Il l’achète à François Lhommeau qui s’est endetté auprès du sieur Champion en hypothéquant son bien le 20 janvier 1660 ; cette vente a lieu pour la « somme de 350 livres payable aux créanciers dudit vendeur qui lui seront par luy legue dans deux mois et sans intérêt jusques à la délégation fournye101 ». Et le 14 avril 1662, Julien reçoit chez lui « honorable homme Mathurin Champion, marchand fermier de la terre de Vendœuvre de la paroisse de Fay102 » auquel il paie la somme convenue. Ce lieu est « proche de La Noë Ronde103 » qui appartient également à Julien.
- 104 Acte du 3 février 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
- 105 Il s’agit du bail passé devant Me Pierre Ouvrard le 5 mars 1644 entre Me Bodreau et les fermiers N (...)
- 106 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
- 107 Les lettres d’obligations sont attestées « l’une par Me Louis Godefroy le 18 mars 1640, l’autre pa (...)
- 108 « Le contrat de transport est atteste par Me Simon Gouin le 6 juillet 1648 », précise l’acte de ve (...)
- 109 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
- 110 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
42Un contrat de bail à rente104 daté de 1661 montre que le lieu de La Noë Ronde avait déjà été baillé par Julien en 1644 aux parents des actuels fermiers105. Le contrat de 1661 est conclu entre Me Julien Bodreau d’une part et Pierre Plessis et sa femme d’autre part, mais la mère de Pierre devenue veuve exploite le lieu avec le ménage de son fils, ce qui laisse entendre qu’elle est soumise aux mêmes engagements que lui. À la fin de l’année 1661, Perrine Piron, veuve de Adam Amiard et demeurant à La Noë Ronde, vend à Julien « une petite Noë de pré clos à part […] joignant d’un bout la terre de la venderesse et d’autre bout celle dudit acquéreur106 ». Ce pré vient agrandir les terres de l’avocat sur ce lieu. L’acte de vente est passé à La Challerie située sur la même paroisse de Souligné-sous-Vallon, à deux pas de là. Le détail de la transaction établit que le pré vendu dépend de l’héritage paternel de Perrine Piron et qu’elle s’en sépare pour payer ses dettes contractées vingt ans auparavant auprès de Marin Bérard107 dont Julien avait repris les hypothèques108 en 1648… « En fin de marché a esté paye par ledit acquéreur à ladite venderesse 60 sols109 » sur le prix initial de quatre-vingt dix-sept livres du montant de la vente. En 1706, le bordage de La Noë Ronde écherra110, ainsi que La Challerie, à un petit-fils de Julien. Il deviendra la propriété du conseiller du roi Julien Chesneau de Vieumont fils de Mathieu Chesneau.
- 111 Acte du 23 janvier 1634 passé devant Me Marin Drouet. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
- 112 Appendice de l’acte précédent.
- 113 Acte du 1er décembre 1656 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 260.
- 114 Acte du 12 octobre 1659 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 263.
- 115 Acte du 3 novembre 1659 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 263.
- 116 Acte du 17 janvier 1660 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
- 117 Acte du 12 mai 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
43En 1634, le maître chirurgien René Coustard et sa femme empruntent111 au notaire Julian Bodreau la somme de cent cinquante livres en rente annuelle qu’ils assignent sur leur bordage de La Mauvillière situé paroisse de Chaufour. Le 17 janvier 1638, Julien avocat reconnaît112 avoir reçu le remboursement des époux Coustard. Cependant, dix-huit ans plus tard le bordage de La Mauvillière appartient à Julien sans que nous sachions quand et comment il l’a acquis. En 1656, Julien baille113 pour six ans son lieu de La Mauvillière à Pierre Huet, homme de bras et, en octobre 1659 il fait les comptes114 de l’exploitation de Pierre Huet sur le bordage de La Mauvillière avant d’en bailler la moitié en novembre à Jacques Pailler en « colonie partiaire115 ». Lors de son mariage en 1660, Charles reçoit de son père « en advancement de droict successif la metairie de La Mauvillière à Chauffour116 », mais c’est Mathieu Chesneau qui en établit le nouveau bail le 12 mai 1679117, après le décès de Charles. Chaufour-Notre-Dame se trouve sur la route de Laval à deux lieues et demie du Mans.
- 118 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
44À peine une lieue plus loin, au Nord du village de Coulans-sur-Gée, se situe la métairie de La Drourie qui appartenait déjà en 1641 à la famille Chesneau, au moment du mariage de Marie Bodreau avec Mathieu Chesneau. En 1706, l’héritier de la maison de la rue Dorée est l’un de leurs cinq fils survivants, Marin Chesneau sieur de La Drourie lieutenant de la bourgeoisie et La Drourie est devenue la propriété de son frère, René Chesneau118 prêtre curé doyen de Lassay. Cependant, c’est Marin Dominique, le fils de Marin qui conservera le titre ensuite ; en 1767, il clôt le Livre en signant : Marin Dominique Chesneau de La Drourie.
- 119 Acte du 3 juillet 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
- 120 Acte du 27 juin 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
- 121 Acte du 24 novembre 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
45« J’ay donné en dot a madite fille […] la jouissance du lieu de La Rivière en Fercé » [f° 110 v°] : c’est la première fois que Julien parle de cette propriété. Nous sommes le 15 septembre 1641 et les articles du contrat de mariage de Marie Bodreau avec Mathieu Chesneau viennent d’être signés entre les deux familles, mais aucun document ne nous permet de connaître la date d’acquisition de ce lieu par Julien. Après sa mort, une « ratiffication de bail119 » dévoile que le lieu de La Rivière « est tombé en partage de la succession de deffunct Me Julien Bodreau » à Marguerite Bodreau femme de Me Pierre Bourgault. René Monterruault sergent royal et sa femme Marguerite Piron demeurant à Chemiré-le-Gaudin, fermiers de La Rivière, avaient signé leur bail avec Mathieu Chesneau le 30 mai 1661 devant me Anthoine Foureau. En 1679, Marguerite Bodreau, veuve Pierre Bourgault, est dite propriétaire120 de La Rivière et le 24 novembre 1681, l’un de ses héritiers, son fils le prêtre Julian Bourgault, demande121 aux fermiers du lieu, Pierre Gareau et sa femme, de payer les cent dix-sept livres dont ils sont redevables.
46Sis à plus de cinq lieues du Mans, le bordage de Fercé est la propriété la plus éloignée de la maison de ville. Cependant, toutes ces propriétés se regroupent entre elles dans un cercle d’environ deux lieues de rayon dont le centre est La Challerie, c’est-à-dire le noyau originel de la famille, là où s’est installé le premier Bodreau marchand venu de Maigné avant le milieu du xvie siècle. Maigné est un village situé à une lieue et demie au Sud-Ouest de Souligné.
47À partir de leur maison, les Bodreau se sont constitué un réseau de propriétés proches de la porte de ville leur permettant sans doute un approvisionnement fréquent et régulier quoiqu’ils n’en parlent jamais. Il s’agit des bordages situés à Saint-Pavin-des-Champs et au Petit-Saint-Georges.
- 122 Le quartier de Saint-Pavin, bâti au xixe siècle, ne porte plus le nom « des Champs » en raison de (...)
- 123 Acte du 25 juin 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
- 124 Acte du 2 juillet 1682 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 287.
- 125 Acte du 30 juin 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
- 126 Acte du 5 juillet 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
- 127 Acte du 19 juillet 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
- 128 Acte du 29 juin 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
- 129 Acte du 8 aoust 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
48Le lieu des Gastines situé à Saint-Pavin-des-Champs, alors en zone rurale, se trouve aujourd’hui inclus dans un quartier122 de la ville du Mans. Charles en hérite à la mort de Julien en 1662, mais il n’est jamais évoqué dans le manuscrit et nous ne savons ni quand ni comment il est entré dans les biens de la famille. En 1663, Charles demande qu’une montrée y soit faite pour évaluer l’état des lieux et il paraît chercher querelle à son beau-frère Mathieu Chesneau à ce propos. En effet, Charles estime que « les réparations et malversations commises sur ledit lieu123 » doivent être assumées par Mathieu Chesneau qui s’en défend, reportant la responsabilité sur le couple des fermiers Lebapteux qui exploite Les Gastines. Sans doute est-ce là une des manifestations de la rancœur de Charles envers Mathieu après le décès de Julien, sentiment qu’il avoue en écrivant dans ses « remarques » [f° 223] que Mathieu le « persécute journellement par ses procès pour [s]on hérédité et injustement » [f° 223 v°]. Après la mort de Charles, sa veuve Marie Morice a bien du mal à se faire payer par le colon du lieu, Guillaume Lebapteux. Depuis le 6 décembre 1669, date du compte établi par le notaire me Brindeau, Guillaume Lebapteux ne parvient pas à payer ses fermes et, le 2 juillet 1682124, Marie Morice le met en demeure de régler. Enfin, le 30 juin 1683, Marie convient avec son débiteur que « vente soit faite de tous les meubles morts et vifs125 » détenus sur le lieu des Gastines. La vente126, organisée par le vigneron Legouet, a lieu le 5 juillet 1683. Tout est vendu excepté « un lict et un trousier de plume de poule127 » que Marie laisse à la disposition du sieur Legouet à qui elle donne deux mois pour la régler. Dès le 29 juin, Marie avait baillé128 à Pierre Boulay et à sa femme Anne Lassay le bordage des Gastines où ils s’installeront129 le 8 aoust 1683.
- 130 Acte du 29 mai 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
- 131 Ce terrain, récemment acquis par la municipalité, était le site de l’usine à gaz.
- 132 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
49Le lieu des Gastines comprend « un journeau et demy de terre apelle La Planche […] pour raison de laquelle [Charles] doibt chascuns ans a la Reverente dame abbesse du Pre cinq sols de rente foncière130 » et il s’engage à s’en acquitter dès 1663. Aujourd’hui encore, tout près de Saint-Pavin, subsiste un îlot131 sur la Sarthe qui porte le nom des Planches ainsi que le canal qui le borde. Ce lieu échoit en 1706 à l’avocat Pierre Chesneau de Montgond132 lors de la succession de son père Mathieu Chesneau qui en avait hérité au décès du fils de Charles.
- 133 Acte du 16 août 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
- 134 Acte du 11 septembre 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
- 135 Acte du 22 juin 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
- 136 Acte du 15 décembre 1664 passé devant Me François Bouvier. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
- 137 Acte du 15 novembre 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
- 138 Acte du 24 novembre 1671 passé devant Me Jean Loyseau. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
- 139 Acte du 6 mai 1680 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167. Et même acte (...)
- 140 Acte du 1er juin 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
- 141 Acte du 14 septembre 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
- 142 Acte du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
50Situé au Petit-Saint-Georges, sur la route de Sablé, dépendant de la paroisse de Saint-Georges-du-Plain, le bordage de Lespine est alors à une demie lieue de la rue Dorée. De même que Les Gastines, nous ne savons à quel moment il fut acquis par la famille, mais Lespine est nommé plusieurs fois dans le manuscrit et quelques actes notariés le concernant nous sont parvenus. C’est sur ce lieu, proche de la maison de ville, que, en août 1649, Magdeleine la femme de Julien « s’en ala prendre l’air affin de se fortiffier » [f°147v°] après avoir subi « une inflammation de poulmon » [f°147]. On y cultive du blé pour l’approvisionnement de la maison et, en 1662, Julien se plaint de n’en avoir « recueilly sur [son] lieu de Lespine en la paroisse du Petit-Sainct-Georges suffisamment » [f° 214 v°] pour faire face à la disette qui s’annonce. Le contrat de mariage de Marguerite, la deuxième fille de Julien, y est passé en 1657 et c’est elle qui en hérite cinq ans plus tard à la mort de son père. Est-ce en raison de ce souvenir que, lorsque les époux Bourgault vendent Lespine à Charles Bodreau le 16 août 1663, Marguerite se réserve « une table carelée d’ardoises qui est dans le jardin133 » ? Est-ce la table de la signature des articles de son contrat de mariage ? Ce bordage est vendu pour « la somme de troys mil livres tournois » à laquelle s’ajoutent six cents livres pour « les meubles qu’il a dans leur maison et sur ledit lieu y compris tous les bestiaulx qu’il y peut prétendre et tous les grains et fruicts tant naturels que industriaux qui sont sur le lieu ». Le 11 septembre 1663, Charles requiert le notaire Me Pierre Gendrot de « dresser procès-verbal du nom et qualité des grains recueillis l’année précédente sur ledit lieu134 ». L’année suivante, Charles demande à me Pierre Gendrot de faire une montrée135 sur le lieu de Lespine et il en ressort que bien des travaux sont à effectuer pour remettre l’habitation en état, puisque le charpentier évalue son ouvrage à quatre-vingt dix livres, que le couvreur demande soixante livres et que la remise en ordre des terrasses s’élève à vingt livres. Que désirait Charles en faisant ces constatations ? Essayait-il de ne pas s’acquitter entièrement du prix de la propriété ? En effet, Pierre Bourgault, convoqué par le notaire à cette montrée, « n’est compareu ny autre pour luy » et six mois plus tard, Marguerite Bodreau, tout en approuvant l’acte de vente passé par son mari, nomme136 me Mathieu Chesneau son procureur pour recevoir le reste du prix de vente. Charles continue de l’exploiter et en octroie la ferme137 au vigneron Charles Gentil et à sa femme Marie Gareau en 1665. Plus tard, Charles « sorti du logis de feu [s]on regretté père pour les malversations des tailles » [f° 248] vend « un lieu appelé Lespine138 » en 1671 à Me Denis Boivin, mais il ne s’agit probablement là que d’une partie des terres car, en 1680, Marie Morice, alors veuve de Charles, est dite propriétaire139 de ce lieu où elle demeure. La même année, elle a baillé Lespine à Mathurin Lebapteux, par un acte du 24 mars passé devant me Louis Haton, mais, mécontente de son travail, elle annule le bail140 le 1er juin 1681, et loue le bordage à un nouveau colon, Jacques Trouvé141. À la mort de leur fils Julien, en 1691, le lieu de Lespine fait partie de sa succession142 et le notaire dénombre cent douze titres et autres pièces concernant ce lieu.
51Dans cette succession, figure la terre du Boulay située à Étival. Charles se plaît à évoquer dans son Livre cette maison qui lui apporta la quiétude de ses trois premières années de mariage.
Les acquisitions de Charles
- 143 Acte du 3 janvier 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
- 144 Acte du 12 mars 1685 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 290.
- 145 Acte du 18 mars 1695 passé devant Me François Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
- 146 Acte du 28 octobre 1680 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 285.
52Charles s’installe au Boulay après son mariage avec Marie Morice en janvier 1660. Julien, son père, n’en dit rien, mais, relatant le baptême de sa fille aînée Marie, Charles indique que la fête eut lieu « en [s]a maison au Boulay » [f°225v°] sur la paroisse « d’Estival » [f°225]. Ce lieu n’appartient pas aux Bodreau avant le mariage de Charles. Dans le contrat de mariage de Charles et de Marie, la dot de Marie n’est pas mentionnée. Quelques membres de la famille Morice sont installés à Étival et plusieurs ont leur sépulture à l’église. En 1665, Charles achète « pour luy et ses hoirs et ayant cause une rente perpetuelle sur une portion de pré à prendre sur le pré apelle le pont gaultier de une hommée ou environ joignant d’un coste le pré dépendant du lieu du boullay143 ». Au printemps 1685, Julien Bodreau, le seul enfant de Charles et de Marie leur survivant, suit le conseil de son oncle Mathieu Chesneau et le baille144 à rente pour six ans. Dix ans plus tard, ses héritiers estiment les différentes propriétés qu’il leur laisse et le lieu de La Boulay est désigné comme « procédant de la succession de Marie Morice145 ». Également situé à Étival, le Petit Aulnay est une terre pour laquelle nous disposons seulement d’un bail146, passé en 1680, prouvant la propriété de Marie Morice veuve de Charles. Ces deux bordages écherront aux Chesneau avec Les Gastines, Lespine et La Chouannais à la mort du dernier fils de Charles.
Les francs-fiefs
53En 1663, Charles écrit : « en l’an 1660 l’on faisait la recouvre des francs fiefs » [f°224v°].
- 147 Délibération du 16 avril 1610. « Extraits des Registres de l’Hôtel de Ville », dans Annuaire de la (...)
- 148 Extraict des registres de la Chambre souveraine des Francs-Fiefs, nouveaux acquets et amortissemen (...)
- 149 Arrêt cassant les lettres en forme de requête civile expédiées en la chancellerie le 29 mai 1659 ; (...)
- 150 « Tout roturier peut acquérir un fief et s’y comporter en seigneur à la seule condition de payer e (...)
- 151 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
- 152 Acte du 17 janvier 1660 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
- 153 Acte du 29 mai 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
- 154 Acte du 3 janvier 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
- 155 Ibid.
54Depuis 1610, par un arrêt de la Chambre du Trésor de Paris, la ville du Mans147 est exemptée du droit de franc-fief. Mais, ainsi que le rappellent divers arrêts royaux pris tout au long du siècle, « les Roturiers possedant à present fiefs et autres biens Nobles, payeroient les sommes ausquelles ils seroient taxez en ladite Chambre, pour demeurer exempts et affranchis du payement desdicts droits de Francs-Fiefs148 ». Le 18 juin 1659, un arrêt du Conseil du Roi repousse « les requêtes civiles expédiées en la chancellerie le 29 mai149 » et les autorités du Mans doivent recouvrer les francs-fiefs. C’est cette décision royale que Charles évoque ici. Les Bodreau sont assujettis à cette taxe puisqu’ils possèdent des terres dépendant d’anciens fiefs. Mais Charles ne nomme pas les terres que cette taxe concerne. En 1660, Julien son père a dû payer le droit de franc-fief s’appliquant à ses biens150, mais il ne note aucun compte dans son Livre. Plusieurs propriétés rurales de la famille sont assujetties au cens. Les terres de La Noë « tenues censivement du fief de La Bouhardière apartenant de present au seigneur Dubois de Maquillé151 » ont été acquises en 1644 par Julien qui, en 1658, achète également un quartier de vigne situé à La Bouhardière. Lors de son mariage en 1660, Charles reçoit le lieu de La Mauvillière à Chaufour « en advancement de droit successif152 » ; or, cette métairie dépend du fief de la seigneurie de Broussin. Il hérite en 1662 avec le bordage des Gastines du « journau et demy de terre apelle La Planche scittué parroisse de St Padvin des Champs […] pour raison de laquelle il doibt chacuns ans a la Reverente dame abbesse du Pre cinq sols de rente fonciere153 », mais en 1660 ce lieu appartient encore à Julien. Le lieu du Boullay, où habite Charles dès son mariage, dépend du « fief et seigneurie d’Estival apartenant au seigneur du Bois de Maquillé154 » dont le cens s’élève à « six livres [dues] en frarache avec aultres155 » propriétaires.
55En reprenant le Livre en 1663, Charles a inscrit les comptes qu’il avait mis en mémoire, semble-t-il, sur un cahier personnel. Au même titre, il note le baptême de sa fille et les décès survenus dans sa belle-famille avant 1663, mais nous ne savons s’il recopie tous les événements importants de sa vie ou s’il ne relève sur le livre de la communauté familiale que ceux qui attestent de sa descendance et de ses droits de propriété : aides, francs-fiefs et droit d’office.
56En un demi siècle, le notaire et son fils n’ont cessé d’augmenter leur patrimoine foncier, grâce sans doute à un sens des affaires développé, mais aussi à une saine gestion. Leur mode de vie, tel que le laisse à peine entrevoir leur Livre, semble avoir été d’une grande sobriété. Après une jeunesse difficile, orphelin en charge de son frère cadet, et après l’achat de son office, le notaire, marié à une orpheline, a dû attendre quinze ans avant de pouvoir bâtir sa maison et de commencer à acquérir ses propriétés rurales. Pour l’avocat, il est évident que tout est plus simple. Fils unique ayant bénéficié de bonnes études, doté d’une grande intelligence, marié à la fille d’un avocat qui eut l’honneur d’être échevin, soutenu et aidé par ses parents qui lui ont épargné les soucis matériels qu’eux-mêmes avaient vaincus avec peine, ce n’est qu’à trente-huit ans qu’il perd le soutien de la présence paternelle. Il se retrouve alors – en tant que seul héritier de ce bon ménager que fut son père – propriétaire d’une belle maison en ville et de quelques bonnes terres rurales bien gérées. Cependant, c’est essentiellement vers la fin de sa vie qu’il agrandit considérablement et judicieusement ses avoirs ruraux ; est-ce la nécessité de penser à l’avenir de ses quatre héritiers qui le décide à faire de nouvelles acquisitions ? Toujours est-il que, d’après les documents qui nous restent aujourd’hui, c’est principalement dans les dix dernières années de sa vie que Julien acquiert ces lieux. Quant à son fils Charles, les choses sont beaucoup moins faciles pour lui. Avocat non admis au siège présidial, il vit dans l’ombre d’un père célèbre et dans le voisinage d’un beau-frère brillant. Il doit partager l’héritage paternel avec ses trois sœurs au moment même où il vient de se marier avec une orpheline et de commencer une carrière difficile ; et nous ne savons avec certitude si Charles a fait de nouvelles acquisitions de bordage ou de métairie. À la disparition du dernier Bodreau, toutes ces terres viendront augmenter le nombre des propriétés de la famille Chesneau qui conservera la demeure de la rue Dorée pendant près d’un siècle encore.
La vie professionnelle
57Pour chaque auteur du Livre, la profession est partie intégrante de sa personnalité puisque c’est ainsi qu’il se définit sur la page de garde. Cependant cette profession n’est pas réellement évoquée dans ses écrits. À l’image de la discrétion dont ils font preuve pour l’intimité de leur personne, les Bodreau ne nous disent rien ou presque de l’exercice quotidien de leur charge.
Le silence relatif du Livre de famille
- 156 Ce sont François d’Aguesseau, conseiller du roi, président trésorier de France, Philippe de Lavern (...)
58La vie entière des Bodreau est contenue dans leurs activités de notaire et d’avocat et, paradoxalement, ils n’écrivent presque rien à ce sujet dans leur Livre de famille. Mais, si les auteurs156 des livres de raison étudiés par Martine Allaire, ne parlent jamais de leur métier, les Bodreau y font tout de même quelques allusions et, à l’occasion de pratiques ancestrales ou de faits exceptionnels, ils en émaillent leur Livre.
Le nom du métier
59Jehan ne dit jamais rien de son rôle de notaire et de sergent royal. Il inscrit simplement en en-tête de la page de garde de son Livre :
60« Livre apartenant à Bodreau notaire royal » [f°1].
61Son fils Julian, reprenant les premières pages, écrit en 1596 que « le présent libvre apartenoit à deffunct me Jean Bodreau vivant notaire et sergeant royal » [f° 1 v°]. Retraçant la généalogie des Bodreau en 1598, il donne à son père le titre de « sergeant royal » [f°23v°].
62En 1596, Julian se dit lui-même « praticien et notaire royal au Mans » [f° 1 v°] après avoir « esté pourveu d’une office de notaire royal » [f°18v°].
63Fier des brillantes études de son fils unique, le notaire inscrit l’entrée de Julien dans le corps des avocats par ces lignes : « le jeudy XIe novembre 1620 lendemain de la Sct Martin à l’ouverture du pallays mondict filz a plaidé sa première cause au présidial » [f° 72]. « Avocat plaidant » pour son père, Julien sera « advocat consultant tiers modérateur » [f° 223] pour son fils Charles lorsque ce dernier annoncera son décès en 1663. Rien d’étonnant à ce que Julien Bodreau, reçu au présidial du Mans et y plaidant dès l’âge de vingt et un ans, soit devenu jurisconsulte à la fin de sa vie. De plus, il s’est distingué par l’édition de son ouvrage sur les Coutumes ainsi que le souligne si justement son fils en le disant « commentateur sur les coustumes du mainne » [f°223]. Charles Loyseau explique cette évolution : pour les avocats, être
- 157 C. Loyseau, Traicté des ordres et simples dignitez, Paris, R. Fouet, 1640, ch. viii p. 95, article (...)
« consultant est la retraicte d’honneur de leur vieillesse. Car c’est la recompense du labeur de leur vie passée, que ceux qui ne peuvent plus porter le travail et contention de la plaidoierie, et ausquels aussi l’aage continué parmy les affaires a acquis plus de capacité et d’expérience, donnent desormais conseils aux plus jeunes157 ».
64Quant à Charles, il s’octroie lui-même le titre d’avocat dans les pages du Livre, lors des naissances de ses enfants par exemple [f°225] et met l’accent sur son état, comme son grand-père, en écrivant qu’il a « eu le pain benist des advocats » [f° 244 v°], mais jamais il ne fait allusion à la pratique de son métier dans les pages du Livre de famille.
« Jé faict le pain bénist »
- 158 A. Franklin, La vie privée d’autrefois, arts et métiers, modes, moeurs, usages des Parisiens du xi (...)
65De l’usage très ancien du « pain bénit » des corporations, seuls le notaire Julian et son petit-fils Charles font état. Cette pratique est cependant très répandue et elle consiste en l’obligation pour chaque paroissien, dans le cadre de sa corporation, de fournir des pains à la messe du dimanche et à celles des fêtes. Ces pains, bénits pendant l’office, sont distribués par le prêtre et la quête qui suit est assurée par les femmes et les filles de ceux qui ont donné le pain158.
- 159 S. Hay, Stil et reglement pour la cour episcopal et officialité de la ville du Mans, 1645, p. 2 et (...)
66« Le 25e novembre 1596 » [f°18v°], il y a tout juste trois mois que Julian a acheté son office de notaire lorsqu’on lui demande de faire le pain bénit, et cela constitue une reconnaissance de sa corporation. Il est en effet de règle pour chaque membre de l’officialité « selon l’ordre du roolle et de la reception, d’offrir et de donner un pain à bénir159 », à la fête de Sainte-Catherine, de Saint-Nicolas d’hiver, de Conception Notre-Dame, de Saint-Nicolas d’été et de Saint-Hilaire. Julian est l’un des notaires de la confrérie de Saint-Michel du Cloître et il précise qu’il fait « le pain bénist des notaires » [f°18v°]. C’est un peu pour lui un rite de passage qu’il accomplit volontiers en soulignant qu’il a « iceluy offert aux cordeliers » [f°18v°] avec lesquels il est très lié : il assiste souvent aux prêches et aux offices de leur couvent.
67Trois quarts de siècle plus tard, les choses semblent bien différentes pour son petit-fils. Charles n’a pas « offert » le pain, il a « eu le pain bénist » [f°244v°]. Il précise que c’est « le pain bénist des advocats [et qu’il en a partagé la charge] avec Monsr Le Joyant le jeune » [f° 244 v°]. Ce dernier est membre d’une famille d’avocats liée par la profession, mais aussi par la parenté à la famille Bodreau. Charles inscrit le prix de revient de cette pratique et le folio qui la relate se résume à un relevé de comptes. La quantité fournie « par Cormeiller boullanger à St Jean » [f° 244 v°] est importante : « ledict pain bénist estoit de 8 dixainnes » [f°244v°]. Charles n’en donne pas le coût, chacun connaissant le prix du pain, mais il remarque que, ce « IX may 1668 jour St Nicolas » [f° 244 v°], il a aussi « baillé trante sols à Mezevette huissier » [f°244v°], qu’il a donné « une pièce de cinq sols au sergent » [f° 244 v°] et qu’il a dû débourser « cent sols pour le disner » [f°244v°], sans indiquer si ces dépenses sont liées entre elles et si le dîner clôt une journée particulière, telle que pourrait l’être celle de son entrée dans le corps des avocats. Julian semblait très enthousiaste de remplir cette obligation et Charles ne l’est manifestement pas. À la Sainte-Catherine 1596, Julian est jeune, célibataire, il a vingt-quatre ans et débute dans la profession. À la Saint-Nicolas de l’an 1668, Charles est plus âgé ; il a trente-cinq ans, il est marié et il a eu du mal à se faire accepter de ses pairs, mais ce « pain bénit » constitue pour lui la preuve de sa réception en la cour de l’officialité et il tient à la noter dans le Livre.
L’exercice de la profession
68Jehan n’a rien écrit sur sa fonction de sergent royal ; en revanche, Julian note quelques informations concernant sa propre activité. Il inscrit son installation : « le XXIe aoust 1596 jé esté pourveu d’une office de notaire royal pour 16£ » [f°18v°], et indique son entrée dans le corps professionnel par la distribution du pain bénit. Au moment du décès de sa belle-sœur Anne Pelard, il précise que c’est lui qui a « attesté » [f° 40] le testament, montrant ainsi l’une de ses attributions de notaire. Seules deux allusions à l’exercice de la profession sont faites par le notaire et l’avocat et, singulièrement, elles relatent une rupture dans les habitudes. La première, datée du « lundy XXI juillet 1626 » [f°82], annonce que « la jurisdiction cesse cedict jour à cause de la solennité et indulgences » [f° 82] ordonnées pour la béatification de saint Félix. Une « cessation de jurisdiction » [f°104] est également publiée au moment de l’épidémie de peste qui sévit le « samedy 12 juin 1638 » [f°104]. Ils ne parlent jamais de leur emploi du temps quotidien, sauf à l’aide de cette information négative. Julien l’avocat note, au milieu des troubles de la Fronde, que « les audiences des causes du siège présidial et de la sénéchaussée furent transférées audict Jacobins [...] à cause qu’on recouvroit le pallais » [f°164]. À partir du « mardy 4 may 1650 » [f°164], le voilà donc contraint de se rendre au couvent des Jacobins, situé hors les murs de la ville. Julien ne dit pas les inconvénients entraînés par ce déménagement provisoire, mais il paraît gêné par ce transfert qui dure « jusques au 30 du mesme mois » [f°164v] et oblige à tenir les audiences « en la salle du chapitre qui est au milieu de l’aile du cloistre » [f°164v°]. Julien exerce depuis trente ans et se rend régulièrement au palais, mais jamais il ne rapporte une audience dans son Livre ; par souci du secret et aussi par rigueur, la vie professionnelle ne se mêle pas à la vie familiale. Charles, avocat, travaille également au palais et, s’il n’en raconte rien, il laisse percevoir les difficultés qui surgissent parfois entre les différents corps qui s’y réunissent. En 1663, « il y a un si grand débat pour la séance du baillif […] avec messieurs du siège présidial » [f°226v°] que ces derniers sont « contrains de présider dans la chambre à costé du siège du présidial acoustumé » [f°227]. Charles, qui ne donne aucune explication sur le motif de ce débat houleux et n’en retient que la perturbation provoquée, ne semble pas apprécier ces violentes discussions et souhaite que « dieu les accorde » [f°227].
- 160 « Un tiers référendaire au Palais est celuy qui règle les despens dont les procureurs ne sont pas (...)
- 161 Acte du 9 mars 1658 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 262.
- 162 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux xviie et xviiie siècles, Paris, A. et J. (...)
69Outre sa charge d’avocat au présidial, Julien possède un office de tiers référendaire160. Au printemps 1658, deux jours avant de rédiger son testament, il se démet de « ses offices fournis et hereditere de tiers referendere des taxes et despens en la Senechaussée, siege presidial, civil et criminel, marechaussee, provoste et eaux et forests161 » en faveur de son fils Charles. La fonction de tiers référendaire, érigée en office en 1635, ne rencontra guère de succès162.
L’œuvre de Julien Bodreau, avocat
70En douze modestes petites lignes placées à cheval sur deux folios, Julien écrit :
« Le 28 febvrier 1645
par la grace de Dieu
j’ay achevé le
commentaire que j’ay
faict sur les coustumes
du pays et comté » [f°123 v°]
« du Maine qui est
imprimé par Gervays
Aliot imprimeur
à Paris Dieu veille que
ce soit à sa gloire et
à l’utilité du publiq. » [f°124]
- 163 J. Bodreau, Les coustumes du païs et comté du Maine avec les commentaires de MeJulien Bodreau advo (...)
- 164 Dans son Dictionnaire topographique, historique, genéalogique et bibliographique de la province et (...)
- 165 Imprimeur et marchand libraire demeurant près de la cathédrale Saint-Julien.
- 166 Sommaire des coutumes du Maine, recueilly par M. Julien Bodreau, avocat. Au Mans, chez Jérôme
- 167 Éloge de Me Bodreau par Mr Le Prince à la séance du mardi 23 juillet 1811 de la Société d’Agricult (...)
- 168 Société de Gens de Lettres, Nouveau Dictionnaire Historique ou Histoire Abrégée de tous les Hommes (...)
- 169 J. Cornette, La mélancolie du pouvoir, Omer Talon et le procès de la raison d’État, Paris, Fayard, (...)
- 170 G. D’espinay, La Réforme de la Coutume du Maine en 1508, Mamers, Fleury et Dangin, 1893, p. 49.
- 171 Dans son ouvrage, Julien Bodreau fournit l’acte de cette publication. J. Bodreau, Les coustumes du (...)
- 172 M. Amellon, Les coustumes du païs et comté du Maine, illustrées sur quelques articles des notes de (...)
71L’épître dédicatoire liminaire faite à Monsieur Le Vayer révèle « qu’il a esté composé pendant le cours de dix-sept années163 » ; ce commentaire est donc l’œuvre de sa vie. Pour une consultation plus aisée de son ouvrage, Julien Bodreau en édite en 1658 un abrégé intitulé : Illustrations et remarques sur les coustumes du Maine164 imprimé au Mans par Hierosme Olivier165 en deux volumes in 16, ayant deux ans auparavant publié un Sommaire des Coustumes du Maine166. L’abrégé de son ouvrage, dit le « Petit Bodreau », constitua une sorte de « bréviaire des avocats167 » jusqu’à la Révolution, par sa taille sans doute, mais aussi par son utilité. Il faut croire en effet, au vu de la complexité des Coutumes de l’Ancien Régime, qu’il était nécessaire aux hommes de loi de disposer d’un ouvrage facile à consulter à tout moment. En 1786, une Société de Gens-de-Lettres écrivait, recensant les livres édités par Julien Bodreau, que cet abrégé était « son meilleur ouvrage168 ». Julien le dédie au lieutenant général Jacques Le Vayer, fils de René Le Vayer : « je vous offre ce qui vous appartient, parce que cet ouvrage est pris en partie du Commentaire que j’ay ci-devant dédié à Monsieur vôtre Père », écrit-il en première page. Tenter de clarifier les coutumes de sa province par la collection et le classement des différents articles assortis de commentaires, est une tâche à laquelle plus d’un avocat s’est attelé sous l’Ancien Régime. En effet, le métier d’avocat est compliqué « par les multiples contradictions entre telles coutumes et telles autres, par leurs silences, leurs lacunes, leurs obscurités, qui appellent souvent exégèses savantes et complexes interprétations169 ». Après la réforme apportée à la Coutume du Maine170 au moment de la réunion des États du Maine en 1508, les coutumes et leurs articles furent lus au couvent des Frères prêcheurs du Mans par Martin Le Sage, greffier en la sénéchaussée. La publication171, ordonnée par Me Thibault Baillet, président, et Me Jehan Le Lièvre, conseiller en la cour de Parlement à Paris, eut lieu en leur présence ainsi qu’en celle de l’évêque du Mans, de plusieurs abbés et des personnalités civiles du Mans et de la province le 15 octobre 1508. Plusieurs publications successives furent faites à Paris, à Rouen, à Alençon et au Mans de 1509 à 1567. En 1536, Guillaume Le Rouillé d’Alençon vit son Grant coustumier du pays et conté du Maine édité par François Regnault à Paris, et Jean Aubert sieur de la Morlière, avocat au Mans sous Henri III, fit quelques observations sur la Coutume du Maine. L’imprimeur manceau Hierosme Olivier l’édite à nouveau en 1607, puis Marin Amellon, avocat au Mans, fait paraître en 1623 et en 1636 un nouvel exemplaire additionné d’une « table très ample servant de conférence aux Coustumes de Paris et d’Anjou172 ». Il était donc logique que Julien Bodreau, brillant avocat manceau, apporte sa pierre à cet édifice. Le « Grand Bodreau » édité en premier lieu à Paris en 1645, ainsi que le dit lui-même Julien, est imprimé au Mans par le fils de Hiérosme Olivier dès l’année 1645. Ensuite, les éditions s’enchaînent en 1656, 1658 et 1665, une dernière paraissant en 1675 à Paris chez Martin Coustelier, et apportent la preuve de l’utilité de cet ouvrage qui répond à l’attente des hommes de loi de la province. Julien ne souhaitait rien de plus en écrivant sur son Livre : « Dieu veille que ce soit à sa gloire et à l’utilité du publiq » [f° 124].
- 173 Il s’agit des ouvrages de la Médiathèque du Mans cotés Jurisprudence/714, 715, 717 et 719.
72Un autre avocat manceau Mathurin Louis, sieur des Malicottes, a rédigé des Remarques et notes sommaires sur la Coustume du Maine qui ont été publiées par Hiérosme Olivier au Mans en 1657. Inscrivant le « 4 aoust 1660 » [f°207v°] le décès de son « grand et singulier amy homme de probité et de scavoir » [f°208], Julien Bodreau rend un dernier hommage à ce confrère du présidial rappelant qu’ » il a commenté la coustume du Maine au mesme temps que [lui-même] donné au public [son] petit commentaire sur la mesme coustume » [f°208]. Julien précise alors que les deux ouvrages « furent imprimés en mesme temps en ceste ville par Gervaise Olivier imprimeur en 1658 » [f° 208], or les volumes conservés173 au Mans portent la marque de Hiérosme Olivier et sont datés de 1657 et 1658. Il s’agit de plusieurs membres de la famille Olivier imprimeurs et libraires catholiques installés au Mans près de l’église Saint-Julien depuis le milieu du xvie siècle.
Un contemporain : Julien Brodeau !
- 174 Julien Brodeau est né à Tours vers 1590 et est mort à Paris en 1653.
- 175 J. Brodeau, Commentaire sur la coustume de la prévosté et vicomté de Paris, Paris, P. Rocolet, 165 (...)
- 176 J.-R. Pesche et N.H.F. Desportes, Biographie et bibliographie du Maine et du département de la Sar (...)
- 177 Tome xix, col. 1125-1126.
- 178 B. Haureau, Histoire Littéraire du Maine, Paris, Dumoulin, 1870-1876, tome i, ii, p. 131-136.
- 179 G. Lepointre, « Julien Bodreau et Julien Brodeau », dans : Revue Historique et Archéologique du Ma (...)
- 180 Article CCCCC, dans Les coustumes du païs et conté du Maine avec les commentaires de maitre Julien (...)
73Une fâcheuse analogie entraîna une grave méprise sur l’œuvre de Julien Bodreau. En effet, Julien Brodeau, avocat tourangeau exerçant au Parlement de Paris, parfait contemporain174 de Julien Bodreau, a commenté la coutume de Paris175 et son Recueil d’arrêts du Parlement de Paris de Louet, que Julien-Rémi Pesche et N.H.F. Desportes176 notent sous le nom de Bodreau, a été publié après sa mort. Par ailleurs, les manuels d’histoire du Droit ainsi que le catalogue méthodique des ouvrages imprimés de la Bibliothèque Nationale177, dans son classement par auteurs, attribuent les livres de l’avocat manceau à Julien Brodeau. Cette confusion fut signalée par Barthélemy Hauréau178 et par Gabriel Lepointre179. Julien connaissait les œuvres de son confrère puisqu’il le cite dans son premier ouvrage publié en 1645. À l’article intitulé « De la preference du Seigneur de maison pour son loüage », il cite « l’arrest du 18 fevrier 1622 de Monsieur Loüet lettre C nombre 57 remarqué par messire Julien Brodeau180 ». Le livre de Mathurin Louis des Malicottes, paru en 1658, est aussi émaillé de références à Julien Brodeau.
- 181 Voir les conclusions de l'étude de Roland Mousnier sur les auxiliaires de la justice. R. Mousnier, (...)
74L’ascension professionnelle de la famille181 s’est ainsi faite en cinq générations. Du trisaïeul praticien du xvie siècle Jehan Bodreau, aux arrière arrière-petits-fils conseiller du roi ou lieutenant particulier de la fin du xviie siècle, c’est à l’arrière-grand-père Julian notaire, au grand-père Julien avocat et à son gendre Mathieu Chesneau avocat que Marin Dominique Chesneau de La Drourie doit son rang dans l’élite mancelle du xviiie siècle.
75Jehan n’a pas eu le temps de se fixer vraiment, oscillant entre son office de sergent royal au Mans et ses terres à Souligné-sous-Vallon. Son fils Julian, après quelques débuts difficiles, a finalement choisi, en guise de port d’attache, la paroisse Saint-Benoît près des rives de la Sarthe, et ses descendants y ont pris racine concrétisant ainsi les vœux de leur aïeul. Ce cocon social, bien adapté aux besoins et aux aspirations de tous, a été le théâtre de leur vie publique et privée, du berceau à la tombe, pendant deux siècles. Participant activement à la vie de leur cité, ils se sont impliqués dans un certain partage des temps forts que celle-ci traverse, même si parfois ils n’en ont été que spectateurs.
Notes
1 J. R. Pesche, Dictionnaire topographique, historique, et statistique du département de la Sarthe, Paris, Palais-Royal, 1974, tome iii, p. 342.
2 « Les limites des paroisses du Mans », dans les papiers de la collection de M. Robert Charles. Arch. dép. Sarthe cote 7 F 67.
3 F. Legeay, Notes sur la paroisse de Saint-Benoît du Mans, Le Mans, Monnoyer, 1894, p. 5.
4 R. Sauzet, Le notaire et son roi, Étienne Borrelly (1633-1718), un Nîmois sous Louis XIV, Paris, Plon, 1998, p. 160.
5 M.-A. Duveau, « Les funérailles de César de Vendôme », dans Bulletin de la Société Archéologique du Vendômois, Vendôme, Lemercier, 1886, p. 207-224.
6 « La rue Dorée, c’est-à-dire celle qui conduit dehors. » F. Dornic (dir.), Histoire du Mans et du Pays manceau, Toulouse, Privat, 1988, p. 87.
7 Cette maison comprend « une sallette ou chambre basse à cheminée avec une bouticque au-devant ». Acte de vente passé devant les notaires Julian Bodreau et Jacob Lemore en février 1602, Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 623.
8 Pierre Hameau, apothicaire, et son épouse Marie Leroy, habitent la paroisse du Crucifix. Martin Hameau, chirurgien, et son épouse Suzanne Corroleur, demeurent à Roscoff.
9 Mort-nés le 24 mai 1602.
10 Né le 12 août 1603 et mort le lendemain.
11 Née le 23 janvier 1607, elle meurt le 25 novembre 1614.
12 Née le 6 octobre 1610, elle meurt le 15 janvier 1613.
13 P. Goubert, « Clio au comptoir », dans Clio parmi les hommes, Paris, Mouton, 1976, p. 130. Étudiant la fortune des officiers royaux de Présidiaux, Pierre Goubert explique comment « il y eut, à l’origine de ces ascensions, des rentes constituées sur la noblesse » et comment « la noblesse pay[ant] très mal ses annuités de rente, on finissait souvent par arriver au « décret », c’est-à-dire à la vente par autorité de justice ».
14 Cf. divers actes notariés. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 623.
15 Aujourd’hui, une île appelée « des Planches » subsiste sur la Sarthe tout près du Pont Perrin, elle a longtemps abrité l’usine à gaz de la ville avant d’être rachetée par la ville en 2000.
16 Plan cadastral de 1812, section L 109. Arch. dép. Sarthe cote 2 PP 181.
17 Plan cadastral de 1846, section E. Arch. dép. Sarthe cote 2 PP 181.
18 J. Du Chesne, Pourtraict de la Santé, Paris, 1606, p. 179.
19 J. Guillaume et B. Toulier, « Tissu urbain et types de demeures : le cas de Tours », dans La maison de ville à la Renaissance, Condé-sur-Noireau, Picard, 1983.
20 G. Corrozet, Blasons domestiques contenant la décoration d’une maison honneste et du mesnage estant en icelle, Paris, 1534. Le libraire « souhaite que sa maison soit bien placée entre cour et jardin. Vœu de tous les citadins pour jouir d’un peu d’air et de tranquillité ».
21 D. Castel, « Hôtel Richer de La Jousserie (1628) rue des Chapelains, au Mans », dans La Province du Maine, Martin, Le Mans, oct-décembre 1995, p. 340.
22 D. Castel, op. cit., p. 349.
23 Rôle des tailles pour la paroisse de St Benoît, Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 498. Le 10 septembre 1775 et le 27 novembre 1779, Mr Chesneau de la Drourie est noté dans la catégorie « nobles et privilégiés ».
24 Archives privées. Marin Dominique Chesneau a dressé vers 1770 un « Mémoire des androits ou se mettent ordinairement les clefs tant des batiments de ville que nous occupons en la ville que de ceux que nous nous réservons en campagne ».
25 Article n° 574 du 13e registre de l’Hôtel de Ville, années 1612-1613. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 242.
26 Article n° 284 du 20e registre de l’Hôtel de Ville, année 1645. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 242.
27 J. Bodreau, op. cit., article CCCCLXII : servitudes de maisons, p. 604.
28 Un pied correspond à 32,4 cm.
29 P. Goubert, « Économie et urbanisme dans la première moitié du xviie siècle », dans Clio parmi les hommes, Paris, Imprimerie Nationale, 1976, p. 219-226.
30 G. Lamarche-Vadel, De la duplicité. Les figures du secret au xviie siècle, Paris, La Différence, 1994, p. 57.
31 P. Delsalle, Le cadre de vie en France aux xvie, xviie, xviiie siècles, Paris, Ophrys, 1995, p. 146.
32 G. Lamarche-Vadel, op. cit., p. 58.
33 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
34 M. Cassan, « Formation, savoirs et identité des officiers “moyens” de justice aux xvie - xviie siècles : des exemples limousins et marchois », dans Colloque de Limoges, 11-12 avril 1997, Les officiers « moyens » à l’époque moderne : pouvoir, culture, identité, pulim, 1998, p. 307.
35 Par exemple : L. Coste, « Cadre de vie d’officiers bordelais » dans M. Cassan, op. cit., p. 323-329.
36 Inventaire Bodreau du 17 juillet 1692. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
37 P. Kjellberg, Le meuble français et européen du Moyen-Âge à nos jours, Paris, 1991, p. 80.
38 Ils représentent : Une bergère qui file, L’enfant prodigue, La Vierge, Le crucifix, St Jean dans le désert, St François de Sales. Inventaire des meubles à vendre après le décès de Marie Morice, du 3 novembre 1684. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 289.
39 Inventaire après décès de Julien Bodreau, fils de Charles. Acte du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. p. 3. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
40 Il est conservé au siège de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe sis à la médiathèque du Mans, et fut donné à cette société par l’un de ses membres, descendant lui-même du célèbre jurisconsulte. Voir l’ » Éloge de Mr Bodreau par Mr Le Prince », lu à la 13e séance du mardy 23 juillet 1811 à 4 heures, et resté manuscrit, dans les Registres des délibérations de la Société libre des Arts de la Sarthe de l’an VII à 1817. Ce tableau, toujours visible au siège de la Société, porte l’inscription suivante : « Jul. Bodræi, ora vides patriis qui in legibus ante ipse suum melius pinxerat ingenium. 1637 ». Nous remercions Madame le professeur Michèle Ménard qui nous en donna le cliché.
41 Le tableau de Julien Bodreau porte l’inscription latine suivante : « Bodræi, ora vides patriis qui in legibus ante ipse suum melius pinxerat ingenium », suivie de : « act. S. 60 an 1650 », ce qui ne correspond pas à l’âge réel de Julien qui n’a que 51 ans en 1650. Inscrit à l’inventaire du musée sous le numéro 10 652, il figure au catalogue de 1932 sous le numéro 731, et fut exposé au Mans en 1938 sous le numéro 89 et en 1971 sous le numéro 55.
42 Le tableau de Magdeleine Berault porte une inscription sur son revers. Peu lisible aujourd’hui, cette inscription est reproduite dans le catalogue de l’exposition de 1938 : « portrait de Magdeleine Berault, femme de Julien Bodereau, avocat. Morte le 19 7bre 1649… elle a été inhumée en l’église de St Benoît près le Pilier de la Chapelle de St Sébastien au Mans. Son mari y est mort le 5 juin 1662 », ce qui est faux puisqu’il est décédé le 13 juin. Inscrit à l’inventaire sous le numéro 10626, il figure au catalogue de 1932 sous le numéro 732 et fut exposé en 1938 sous le numéro 90. Cf. É. WALTER, Le Musée Tessé du Mans, peinture française du xviie siècle, catalogue raisonné des collections publiques, sous la direction de M. le Professeur Jacques Thuillier, mai 1974. Nous tenons à remercier Madame Françoise Chaserant, conservateur en chef des Musées du Mans, qui nous a donné le cliché de ce tableau gardé dans les réserves du Musée de Tessé.
43 Les dimensions des deux tableaux du Musée de Tessé sont : 0,55 x 0,46.
44 M. Ménard, « Si l’histoire m’était montrée », dans L’Art est-il une connaissance ?, 4e forum Le Monde/Le Mans, Paris, Le Monde Éditions, 1993, p. 265.
45 « Les magistrats du tribunal civil ont donné de leur côté au savant commentateur de la coutume de Maine une preuve de leur estime en faisant placer son portrait dans la chambre du Conseil. J’ai dit plus haut qu’il y avait aussi dans une famille mancelle un portrait de Bodreau sans la solennelle perruque à trois marteaux du temps de Louis XIV ». H. Chardon, « Mémoires de Julien Bodreau », dans Annuaire de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1904, p. 40 et 41.
46 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 21 janvier 1644. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/8.
47 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 28 août 1645. Arch. dép. Sarthe cote 1 J 273.
48 Acte passé devant Me Pierre Ouvrard le 10 février 1646. Arch. dép. Sarthe cote 1 J 273.
49 J. Bodreau, Les coustumes du païs et comté du Maine, Paris, Alliot, 1645, article CCCCLXIII, p. 608.
50 Acte notarié du 6 juillet 1662 de la démission de Louise Bodreau de sa part des biens de l’héritage paternel en faveur de ses frère et soeurs, passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
51 Bail Bodreau/Legendre : acte du 9 octobre 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
52 Dans l’un de ses testaments, Louise « déclare a nouveau qu’elle n’a rien touché des sieurs Bourgault et Chesneau ses beaux-frères ». Acte passé devant Me Jean Loyseau le 20 novembre 1675, Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
53 Plusieurs actes concernant les héritages des enfants de Marguerite font état du montant de cette rente viagère. Acte du 18 décembre 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288. Acte du 8 mars 1682 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 287.
54 Bail Bodreau/Teulière : acte du 17 novembre 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
55 Le lieu de Ribemont se situe tout près de La Drourie sur la paroisse de Coulans-sur-Gée.
56 Acte du 18 décembre 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
57 Il s’agit de Julien-Hylaire né le 13 octobre 1663 décédé le 25 avril 1664, de Julien né le 25 février 1665 décédé le 24 mai 1665 et de Julien né le 18 janvier 1667.
58 Acte de la vente des meubles du 10 novembre 1684 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 289.
59 Marie choisit les tableaux représentant : La Vierge, Le Crucifix, St Jean dans le désert et St François de Sales. Ils valent respectivement 12 sols, 30 sols et 50 sols les deux derniers qui sont vendus ensemble.
60 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
61 Julian Bourgault et Henriette Bourgault, frère et soeur d’Adélaïde lui ont cédé leurs droits.
62 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
63 Acte de la vente des meubles du 18 décembre 1684 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 289.
64 Acte du 6 juillet 1662, passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
65 M. Cassan, « Formation, savoirs et identité des officiers “moyens” de justice aux xvie-xviie siècles : des exemples limousins et marchois », dans Colloque de Limoges, 11-12 avril 1997, Les officiers « moyens » à l’époque moderne : pouvoir, culture, identité, PULIM, 1998, p. 307.
66 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
67 Laurent Ménard compte : « treze in folio, vingt quatre in quarto, quarante in octavo tant grands que petits, quarante trois in douze, quinze et seze et dix manuscripts tant grands que petits ».
68 R. Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Seuil, 1987, p. 174. Montrant que, dans les villes de l’Ouest, les familles de robe possèdent des collections de livres plus importantes que celles des familles d’épée, Roger Chartier estime que la bibliothèque des premiers compte de vingt à cent ouvrages. Celle des Bodreau peut donc être considérée comme très importante.
69 Inventaire Bodreau du 17 juillet, du 20 juillet et du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
70 Guidonis Iuvenalis, Terentium familiarissima interpretatio cum figuris unicuique scænaæ præpositis, Impressum est hoc opus cura atque impensis Magistri Iohannis Trechsel, in civitate Lugdunensi, anno 1493, 1 vol. in 4° relié. Bibliothèque de la S.A.S.A.S. cote 890.
71 A. Ledru, « Notices historiques et littéraires sur quelques hommes célèbres de la province du Maine », dans Annuaire de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1819. « Gui Jouvenneaux ou Jouenneaux serait né pauvre au Mans au milieu du xve siècle et Nicolas Lepeltier lui aurait fourni des livres avant qu’il ne fasse des études à Paris. Entré dans la congrégation réformée de Chezal Benoît, il fut abbé de St Sulpice de Bourges, confesseur de Jeanne de France et mourut en 1505. L’une de ses oeuvres est un commentaire grammatical sur Térence qui, réimprimé à Venise en 1553, obtint un grand succès où la muse dramatique s’efforçait de secouer la barbarie du Moyen Âge et de se rapprocher des anciens. Les gravures en bois, retracent le costume des comédiens français et les décorations du xve siècle. » Il s’agit de Guidonis Juvenalis, nationè Cenomani, in Terentium familarissima interpredatio, cum figuris unicuiquè scoenæ prepositis, Paris, Marnef, 1492, in fol. ; Lyon, Truchsel, 1493, in 4°, avec quelques notes de Badius Ascensius, ajoutées à celles de Gui ; Strasbourg, 1496 ; Lyon, 1497. C’est bien un de ces exemplaires que posséda l’avocat.
72 Voici ces lignes : Hic Guido Juvenalis erat urbis Cenomanensis oriundus et patia lingua vocabatur (Guy Jouaneaux) suit Abbas Sancti Sulpicii Avaria Biturigum vide historiam Episcoporum Cenomanensium nuper editan a Domino de Courteilles Le Corvasier in vita Philippi a Luxemburgo Episcopi et Cardinalis, pagina 780. Bodreau.
73 Rôle de Saint-Benoît. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 477.
74 Ibid. Sur le même rôle, Mathieu Chesneau est dit propriétaire d’un grand corps de logis évalué à 2000 livres, d’une petite maison valant 25 livres de ferme, d’une maison de très vaste étendue ne valant pas moins de 6 000 livres, d’une petite maison de 20 livres de ferme et d’une autre maison, le tout situé dans la rue Dorée.
75 Il s’agit de Me Jacques Morice bourgeois au Mans, de Me Pierre Morice prêtre, de demoiselles Marie et Marthe Morice filles majeures demeurant à St Benoît.
76 Acte du 18 mars 1695 passé devant Me François Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
77 G. Esnault, Mémoires de René-Pierre Nepveu de la Manouillère, Le Mans, Pellechat, tome ii, p. 134.
78 H. Chardon, « Mémoires de Julien Bodreau », dansAnnuaire de la Sarthe, 1904, p. 41.
79 P. Goubert, Clio parmi les hommes, Paris, Mouton, 1976, p. 130.
80 Fercé se situe sur la route de Sablé, à vingt-deux kilomètres du Mans ; Étival est à sept kilomètres du Mans sur la route de Sablé ; Coullens (Coulans) sur la route de Laval est à douze kilomètres du Mans ; Chaufour sur la même route est à huit kilomètres ; Souligné-sous-Vallon, aujourd’hui Souligné-Flacé, est, à mi-chemin entre les routes de Laval et de Sablé, à quinze kilomètres du Mans ; Le Petit-Saint-Georges se situe à deux kilomètres du Pont Perrin et Saint-Pavin-des- Champs, quartier de la ville de nos jours, est à cinq cents mètres du Pont. Fillé, à douze kilomètres du Mans est sur la Sarthe à l’Ouest de la route de La Flèche et Changé se situe à neuf kilomètres du Mans sur la route de La Ferté-Bernard.
81 Actes du 21 septembre 1660 passés devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264.
82 Acte du 6 mars 1666 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264.
83 Ce bordage, situé en bordure de la RN 23, dépend aujourd’hui de la commune de Guécélard.
84 C’est Henri Chardon qui nous le révèle en citant le petit livre.
85 Acte du 9 juillet 1660 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 264. Dans cet acte de reconnaissance de dette, l’historique de l’affaire est retracé.
86 Acte du 28 mars 1679 passé devant Me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167. Et Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
87 Acte du 26 avril 1631 passé devant Me Marin Pingault, Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
88 Rien ne nous dit expressément qui est alors le propriétaire de ce lieu : le père de Jehan ? la soeur de Jehan ? ou Jehan lui-même ?
89 Gillette, épouse d’Estienne Taron, sera la nourrice des enfants de Jehan.
90 Acte du 29 mai 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
91 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
92 Acte du 30 septembre 1656 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 260.
93 Acte du 20 novembre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
94 Acte du 15 juin 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
95 Acte du 3 février 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
96 Acte du 12 juin 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
97 Acte du 18 juillet 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
98 Acte du 6 février 1658 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 262.
99 Ibid.
100 Acte du 16 février 1662 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 266.
101 Ibid.
102 Ibid. Un additif daté du 14 avril 1662 est porté au verso de l’acte du 16 février.
103 Ibid.
104 Acte du 3 février 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
105 Il s’agit du bail passé devant Me Pierre Ouvrard le 5 mars 1644 entre Me Bodreau et les fermiers Nicollas Plessis et sa femme Perrine Langlois.
106 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
107 Les lettres d’obligations sont attestées « l’une par Me Louis Godefroy le 18 mars 1640, l’autre par Me Julien Poupard le 6 septembre 1643 », précise l’acte de vente.
108 « Le contrat de transport est atteste par Me Simon Gouin le 6 juillet 1648 », précise l’acte de vente.
109 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
110 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
111 Acte du 23 janvier 1634 passé devant Me Marin Drouet. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
112 Appendice de l’acte précédent.
113 Acte du 1er décembre 1656 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 260.
114 Acte du 12 octobre 1659 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 263.
115 Acte du 3 novembre 1659 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 263.
116 Acte du 17 janvier 1660 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
117 Acte du 12 mai 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
118 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
119 Acte du 3 juillet 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
120 Acte du 27 juin 1679 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 284.
121 Acte du 24 novembre 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
122 Le quartier de Saint-Pavin, bâti au xixe siècle, ne porte plus le nom « des Champs » en raison de son nouveau statut et de la disparition à la Révolution de la paroisse de Saint-Pavin-de-la-Cité située dans les murs de la ville.
123 Acte du 25 juin 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
124 Acte du 2 juillet 1682 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 287.
125 Acte du 30 juin 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
126 Acte du 5 juillet 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
127 Acte du 19 juillet 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
128 Acte du 29 juin 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
129 Acte du 8 aoust 1683 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
130 Acte du 29 mai 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
131 Ce terrain, récemment acquis par la municipalité, était le site de l’usine à gaz.
132 Acte du 21 décembre 1706 passé devant Me Louis Hodebourg. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXV 102.
133 Acte du 16 août 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
134 Acte du 11 septembre 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
135 Acte du 22 juin 1664 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 268.
136 Acte du 15 décembre 1664 passé devant Me François Bouvier. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
137 Acte du 15 novembre 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
138 Acte du 24 novembre 1671 passé devant Me Jean Loyseau. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
139 Acte du 6 mai 1680 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167. Et même acte Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 285.
140 Acte du 1er juin 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
141 Acte du 14 septembre 1681 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
142 Acte du 8 août 1692 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
143 Acte du 3 janvier 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
144 Acte du 12 mars 1685 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 290.
145 Acte du 18 mars 1695 passé devant Me François Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
146 Acte du 28 octobre 1680 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 285.
147 Délibération du 16 avril 1610. « Extraits des Registres de l’Hôtel de Ville », dans Annuaire de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1835.
148 Extraict des registres de la Chambre souveraine des Francs-Fiefs, nouveaux acquets et amortissemens, du 10 avril 1658.
149 Arrêt cassant les lettres en forme de requête civile expédiées en la chancellerie le 29 mai 1659 ; ordonnant aux maires et échevins du Mans, d’Angers et autres villes de les remettre dans trois jours aux mains du contrôleur du sceau et, conformément à la déclaration du 27 août 1657 et aux arrêts du parlement de Paris des 14 mars et 27 mai 1659, de procéder en la chambre souveraine des francs-fiefs. Conseil du mercredi 18 juin 1659 à Paris. A.N. cote E 1709, fol. 66-67.
150 « Tout roturier peut acquérir un fief et s’y comporter en seigneur à la seule condition de payer exactement au Roi le droit de franc-fief ». A. Poitrineau, article « Droits honorifiques et droits utiles », dans F. Bluche, op cit., p. 498.
151 Acte du 8 octobre 1661 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
152 Acte du 17 janvier 1660 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 6 F 4.
153 Acte du 29 mai 1663 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 267.
154 Acte du 3 janvier 1665 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 269.
155 Ibid.
156 Ce sont François d’Aguesseau, conseiller du roi, président trésorier de France, Philippe de Lavernot, président de la sénéchaussée de Ponthieu, Paschal Dominique de Cuny, avocat bourguignon. Cf. M. Allaire, « La qualité de la vie à travers quelques livres de raison du nord de la France », dans La qualité de la vie au xviie siècle d’après les Mémoires et Livres de Raison, 7e colloque de Marseille, 1977, p. 137 à 141.
157 C. Loyseau, Traicté des ordres et simples dignitez, Paris, R. Fouet, 1640, ch. viii p. 95, article 28.
158 A. Franklin, La vie privée d’autrefois, arts et métiers, modes, moeurs, usages des Parisiens du xiie au xviiie siècle, d’après des documents originaux ou inédits, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1901, vol. 14, p. 114-128.
159 S. Hay, Stil et reglement pour la cour episcopal et officialité de la ville du Mans, 1645, p. 2 et 3.
160 « Un tiers référendaire au Palais est celuy qui règle les despens dont les procureurs ne sont pas d’accord ». Cf. A. Furetière, op. cit., article « Tiers referendaire ».
161 Acte du 9 mars 1658 passé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 262.
162 M. Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux xviie et xviiie siècles, Paris, A. et J. Picard, 1972, article : « Tiers référendaire ».
163 J. Bodreau, Les coustumes du païs et comté du Maine avec les commentaires de Me Julien Bodreau advocat, Paris, Gervais Alliot, 1645, 1 vol., in fol., 734 p.
164 Dans son Dictionnaire topographique, historique, genéalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, Le Mans, Floch, 1980, le chanoine Le Paige donne des dates erronées.
165 Imprimeur et marchand libraire demeurant près de la cathédrale Saint-Julien.
166 Sommaire des coutumes du Maine, recueilly par M. Julien Bodreau, avocat. Au Mans, chez Jérôme
Olivier, 1656, in 12, 80 p.
167 Éloge de Me Bodreau par Mr Le Prince à la séance du mardi 23 juillet 1811 de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.
168 Société de Gens de Lettres, Nouveau Dictionnaire Historique ou Histoire Abrégée de tous les Hommes qui se sont fait un nom par des Talens, des Vertus, des Forfaits, des Erreurs, etc. depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours, Caen, G. Leroy, 1786.
169 J. Cornette, La mélancolie du pouvoir, Omer Talon et le procès de la raison d’État, Paris, Fayard, 1998, p. 21.
170 G. D’espinay, La Réforme de la Coutume du Maine en 1508, Mamers, Fleury et Dangin, 1893, p. 49.
171 Dans son ouvrage, Julien Bodreau fournit l’acte de cette publication. J. Bodreau, Les coustumes du païs et comté du Maine, Paris, Gervais Alliot, 1645, p. 691.
172 M. Amellon, Les coustumes du païs et comté du Maine, illustrées sur quelques articles des notes de M. Charles Du Molin, avec les sommaires épigraphes sur chacun des articles, et une table très ample servant de conférence aux Coustumes de Paris et d’Anjou, Le Mans, Gervais Olivier, in 32, 1636, pp. 592-737.
173 Il s’agit des ouvrages de la Médiathèque du Mans cotés Jurisprudence/714, 715, 717 et 719.
174 Julien Brodeau est né à Tours vers 1590 et est mort à Paris en 1653.
175 J. Brodeau, Commentaire sur la coustume de la prévosté et vicomté de Paris, Paris, P. Rocolet, 1658, 2 vol. in f°, conservés à la BnF. sous la cote F 2472 et 2473.
176 J.-R. Pesche et N.H.F. Desportes, Biographie et bibliographie du Maine et du département de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1828.
177 Tome xix, col. 1125-1126.
178 B. Haureau, Histoire Littéraire du Maine, Paris, Dumoulin, 1870-1876, tome i, ii, p. 131-136.
179 G. Lepointre, « Julien Bodreau et Julien Brodeau », dans : Revue Historique et Archéologique du Maine - Article CCCCC, article du 25 février 1944, p. 76.
180 Article CCCCC, dans Les coustumes du païs et conté du Maine avec les commentaires de maitre Julien Bodreau advocat, illustrées de plusieurs arrêts de la cour et jugemens rendus audit siège sur l'interpretation de ladite coustume, Paris, Gervais Alliot, 1645, 1 vol. in f°, p. 674.
181 Voir les conclusions de l'étude de Roland Mousnier sur les auxiliaires de la justice. R. Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue, Paris, PUF, 1980, tome ii, p. 359.
Table des illustrations
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