1 Pour une discussion critique de ces philosophies libérales de l’individu, voir Pinto L., Le café du commerce des penseurs, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2009.
2 Granjon F., Le Foulgoc A., « Les expériences médiatiques des publics internautes. Des usages sociaux de l’actualité », Réseaux, vol. 2-3, no 160-161, 2010, p. 225-253 ; Le Hay V. et al., « Usage des médias et politique : une écologie des pratiques informationnelles », Réseaux, vol. 6, no 170, 2011, p. 45-73.
3 Dahlgren P., Media and Political Engagement : Citizens, Communication and Democracy, Cambridge, Cambridge University Press, 2009 ; Jouët J. et al., « Political information and interpersonal conversations in a multimedia environment : a quantitative and qualitative examination of information practices in France », European Journal of Communication, vol. 26, no 4, 2011, p. 361-375.
4 Granjon F. et al., « Présentation du dossier : Actualités et citoyenneté à l’ère numérique », vol. 6, no 170, 2011, p. 9.
5 Comme l’indiquent ces expressions utilisées dans la littérature scientifique pour décrire la fragmentation des publics : « contacts médiatiques », « combinaison entre différents supports », « enchaînements intermédiatiques », « culture d’écran », « consommation cross media », « mix media ».
6 Nous faisons ici allusion à l’idée de publics imaginés discutée par Daniel Dayan selon qui : « l’un des éléments essentiels de la réception consiste alors à accepter ou non la compagnie des “autres” que l’on imagine ; à se sentir part d’une image d’un public que l’on juge acceptable, souhaitable, désirable ou inacceptable, avilissante ; à entrer dans le jeu ou à battre en retraite en zappant […] La réception de tout texte présuppose celle qui lui est, qui lui a été ou qui pourrait lui être, réservée par un autre public. Recevoir une émission, c’est aussi entrer en conversation avec cet autre public, ce qui confère une dimension supplémentaire à la notion d’un “voir avec”. Être spectateur c’est faire partie d’un “nous”, mais ce “nous” se constitue en s’opposant à des “autres” et aux lectures que ces autres manifestent ou qu’on leur prête. » Dayan D., « Les mystères de la réception », Le Débat, no 71, 1992, p. 160 et 161.
7 Pour ce chapitre, nous procédons à une analyse secondaire de deux corpus d’entretiens réalisés pour l’enquête Médiapolis et intégralement retranscrits. Le premier corpus est constitué de quarante entretiens individuels semi-directifs et le second de dix entretiens collectifs (ayant réuni un total de quarante-six enquêtés).
8 Nous emploierons donc indifféremment les expressions : « normes de la légitimité informationnelle », « normes informationnelles dominantes » et « normes de l’information légitime ». Ces normes dessinent des « hiérarchies informationnelles », expression qui sera aussi amplement utilisée ici. Précisons donc que nous nous intéressons aux « hiérarchies informationnelles » que l’on peut rencontrer dans l’ensemble du monde social et non à celles qui s’établissent plus exclusivement au sein du champ journalistique. Ces dernières, on le sait, obéissent en grande partie à des critères de rentabilité et d’audience, si bien que dans la culture professionnelle des journalistes, une « bonne » information doit être « concernante », c’est-à-dire faire écho aux préoccupations du plus grand nombre.
9 Bourdieu P., La distinction, critique sociale du jugement, Paris, Éditions de Minuit, 1979, voir p. 518-520.
10 Lahire B., La culture des individus, dissonances culturelles et distinction de soi, Paris, La Découverte, 2004.
11 Donnat O. (dir.), Regards croisés sur les pratiques culturelles, La Documentation française, Paris, 2003 ; Donnat O. (dir.), Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique – Enquête 2008, Département des études, de la prospective et des statistiques, Paris, La Découverte, ministère de la Culture et de la Communication, 2009.
12 Coulangeon P., Les métamorphoses de la distinction. Inégalités culturelles dans la France d’aujourd’hui, Paris, Grasset, 2011.
13 De ce point de vue, les analyses d’Isabelle Charpentier et d’Emmanuel Pierru – lequel souligne notamment que « l’intérêt pour l’actualité de proximité est largement le fait de ceux qui sont socialement et culturellement les moins favorisés » – font toutefois exception. Pierru E., « “Effets politiques des médias” et sociologie prophétique – Pour une sociologie des rapports ordinaires à l’information politique », J.-B. Legavre (dir.), La presse écrite, un objet délaissé ? Regards sur la presse écrite française, Paris, l’Harmattan, 2004, p. 307. Charpentier I., « Une pratique rare et sélective : la lecture de la presse d’information générale et politique », J.-B. Legavre (dir.), La Presse écrite : un objet délaissé ? Regards sur la presse écrite française, ibidem, p. 315-335.
14 Granjon F., Le Foulgoc A., « Les expériences médiatiques des publics internautes. Des usages sociaux de l’actualité », article cité, p. 234. Le Hay V. et al., « Usage des médias et politique : une écologie des pratiques informationnelles », art. cit.
15 Granjon F., Le Foulgoc A., « Penser les usages sociaux de l’actualité », Réseaux, vol. 6, no 170, 2011, p. 17-43.
16 Sur les quatre-vingt-six enquêtés de notre corpus, quinze appartiennent aux classes populaires, vingt-trois aux classes moyennes et quarante-huit aux classes supérieures. La nette sur représentation des enquêtés issus des fractions hautes de l’espace social tient aux biais liés aux conditions de recrutement des enquêtés (par des universitaires et étudiants parisiens dans un laps de temps contraint, etc.). Ce déséquilibre dans la pondération sociale de notre échantillon constitue une limite de notre analyse que nous avons cherché à compenser par la mobilisation de travaux sur les pratiques culturelles et informationnelles des classes populaires (en particulier ceux de Vincent Goulet) et, dans une moindre mesure, des classes moyennes.
17 Cela explique pourquoi nous privilégions ici la variable « position sociale » au détriment d’autres variables qui, comme l’âge ou le genre, influencent également les préférences informationnelles dont les ressorts sont multifactoriels.
18 Comby J.-B., Devillard V., Dolez C., Rieffel R., « Les appropriations différenciées de l’information en ligne au sein des catégories sociales supérieures », Réseaux, vol. 6, no 170, 2011, p. 75-102.
19 Nous utiliserons ici les notions de « classes sociales », « groupes » et « milieux » sociaux de façon équivalente. Notre usage de ces trois concepts s’inscrit dans une conception plutôt wébérienne du monde social et de son découpage. Il se soucie notamment des logiques statutaires de l’appartenance à tel ou tel groupe, celle-ci étant le produit de diverses caractéristiques tant objectives que subjectives. Nous rejoignons par ailleurs Louis Chauvel lorsqu’il considère que la notion de classe « est licite dès que nous pouvons repérer des groupes inégaux aux destins sociaux distincts » (Chauvel L., « Le retour des classes sociales ? », Revue de l’OFCE, no 79, 2001, p. 317).
20 Lors du recrutement, les variables privilégiées étaient le niveau d’éducation, le statut socioprofessionnel et, dans une moindre mesure, le lieu d’habitation.
21 Olivia s’informe essentiellement à travers la presse gratuite. Elle écoute Europe 1 ou France Info le matin, mais d’une oreille distraite. Elle regarde les informations régionales sur France 3 le soir, puis le journal télévisé de France 2.
22 Les rapports à l’information décrits ici peuvent, avec d’autres membres des classes populaires ayant vécu une socialisation politique plus accentuée, prendre des tournures différentes. Et cela en particulier lorsqu’il s’agit de sélectionner les médias et les informations consommées dans la mesure où, par exemple, une acculturation aux schèmes communistes peut favoriser la lecture quasi exclusive d’un quotidien comme L’Humanité (ce qui traduirait alors sans doute un rapport à l’actualité davantage sélectif).
23 Jessica s’informe quasi exclusivement via le JT de TF1. Elle feuillette parfois la presse gratuite pour « passer le temps ». À la radio, elle n’écoute que la musique. Elle achète des magazines comme Public ou Closer toutes les semaines.
24 Philippe consulte régulièrement la presse quotidienne locale. Il écoute également les informations sur France Bleue Béarn. Il regarde fréquemment le Six minutes sur M6.
25 Coulangeon P., Les métamorphoses de la distinction, op. cit.
26 En dépit de ce dégoût affiché, expression à peine voilée d’un sentiment d’incompétence plus que d’un désintérêt, Jessica, au cours de l’entretien, formule une critique argumentée à l’encontre de Nicolas Sarkozy et élabore un jugement négatif sur le fonctionnement de la démocratie en France.
27 Nous n’abordons pas, dans le cadre de ce chapitre, « la division sexuelle du travail d’information » pour reprendre une expression de Vincent Goulet qui en relève la prégnance au sein des classes populaires (Goulet V., Médias et classes populaires. Les usages ordinaires des informations, Paris, INA Éditions, 2010, p. 50). Sur les rapports genrés aux types d’actualités, voire également Debras S., Lectrices au quotidien, Paris, L’Harmattan, 2003.
28 Sébastien a 28 ans. Titulaire d’un CAP, il est palefrenier. Il s’informe via les JT. Julie a 26 ans et travaille comme employée dans un élevage de porcins. Diplômée d’un BTS, elle écoute surtout une radio locale pour s’informer. Fabien, âgé de 24 ans, exerce la même profession que Julie avec qui il vit. Ils travaillent néanmoins dans deux élevages différents. Fabien détient un BEP et s’informe également en écoutant une radio locale. Emilie a 20 ans et est employée comme secrétaire dans un cabinet d’huissier. Elle s’informe très occasionnellement, plutôt par la télévision et la radio.
29 Davison W. P., « The third-person effect in communication », Public Opinion Quarterly, vol. 47, no 1, 1983, p. 1-15.
30 Goulet V., Médias et classes populaires, op. cit.
31 Sur ce point, voir à nouveau Goulet V., Médias et classes populaires, op. cit.
32 Dayan D., « Les mystères de la réception », art. cit.
33 Archibald a 30 ans. diplômé de l’IEP de Bordeaux, puis de l’EM Lyon (bac + 5), il est chargé d’affaire. Pauline a 26 ans et est avocate.
34 Ève, 29 ans, est chargée de mission pour un organisme de conseil aux ONG. Elle est diplômée de l’IEP de Bordeaux et titulaire d’un Master (bac + 5). Elle s’informe essentiellement par internet, la radio et la presse écrite.
35 Comby J.-B. et al., « Les appropriations différenciées de l’information en ligne par les classes sociales supérieures », art. cit.
36 Georges est abonné à Challenges, à Micro Hebdo et lit occasionnellement Le Figaro Magazine. Il écoute France inter et France info pour s’informer et apprécie des émissions comme Envoyé Spécial ou Des racines et des ailes. Fidèle au Grand journal, il regarde également le Six Minutes sur M6 dont il apprécie le dynamisme.
37 On retrouve donc ici « l’opposition entre ceux qui manifestent un intérêt pour l’information politique « sérieuse », légitime, supposant la neutralisation de l’urgence et un goût – scolastique – pour ce qui ne se connecte pas aux réalités de la « vraie » vie, et ceux qui cherchent dans les moyens d’information tout ce qui a trait aux préoccupations ordinaires, y compris dans le sensationnel de l’événement et du fait divers. » Pierru E., « “Effets politiques des médias” et sociologie prophétique – Pour une sociologie des rapports ordinaires à l’information politique », art. cit., p. 311. Une telle opposition avait également été pointée par P. Bourdieu qui l’expliquait notamment par le fait que des individus se sentent bien davantage membres du pays légal (et donc sommés de « bien » s’informer sur les affaires de la cité) que d’autres. Bourdieu P., La Distinction, op. cit., p. 318.
38 Guillaume s’informe essentiellement par la radio et l’internet. Il lui arrive également de lire des newsmagazines.
39 Ces intérêts différenciés des classes populaires et supérieures pour les informations locales et internationales, s’expliquent en grande partie par des inégalités face aux déplacements (et aux voyages) ou face à la répartition sur le territoire (qu’il s’agisse de l’éloignement des centres urbains cosmopolites ou de l’accès aux régions économiquement actives et/ou environnementalement attractives), répartition qui n’est autre que la traduction spatiale de rapports de force sociaux. S’intéresser à ce qui se passe à l’étranger ne va pas de soi. Cela suppose notamment d’être situé dans des chaînes d’interdépendance qui s’étendent au-delà des frontières. Quant au goût des groupes populaires pour les informations locales, il se perçoit dans leur consommation élevée de la presse quotidienne régionale. Pour des données chiffrées et une analyse récente, voir : Dang Nguyen G., Dejean S. et Souquet A., « La presse quotidienne régionale face aux enjeux du numérique », M@rsouin, Télécom Bretagne, septembre 2011.
40 Georges justifie par exemple son goût pour les questions écologiques en expliquant que « c’est un sujet qui m’importe parce que ça va toucher nos futures générations donc je lis ce qui se passe ».
41 Ces constats ne sont pas sans rappeler l’attitude d’étudiants de Sciences Po à l’égard de la série « Hélène et les garçons », attitude dont Dominique Pasquier avait souligné la condescendance (Pasquier D., La culture des sentiments. L’expérience télévisuelle des adolescents, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1999).
42 Signalons que si les déclarations collectées et administrées dans ce chapitre peuvent être en décalage avec les pratiques effectives, cela nous importe finalement peu dans la mesure où ce qui est révélateur, c’est, selon nous, le sens donné aux pratiques et la manière dont celles-ci sont – plus ou moins stratégiquement – présentées.
43 Christophe s’informe principalement par le biais de la radio et de l’internet.
44 Renaud privilégie la radio et l’internet pour s’informer.
45 Dans leur enquête sur les modes de consommation des actualités, Fabien Granjon et Aaurélien Le Foulgoc observent des attitudes similaires chez leurs enquêtés les plus diplômés : Granjon F., Le Foulgoc A., « Les usages sociaux de l’actualité », art. cit., p. 236.
46 Ces deux enquêtés utilisent, pour s’informer, la presse quotidienne nationale et hebdomadaire, les sites internet des journaux (dont ceux de la presse étrangère), la radio, mais aussi la télévision (en particulier Canal +).
47 Pour des objectivations statistiques de cette tendance, voir : Granjon F., Le Foulgoc A., « Les expériences médiatiques des publics internautes. Des usages sociaux de l’actualité », art. cit. ; Coulangeon P., « Le privilège culturel des cadres », P. Bouffartigue, C. Gadea, S. Pochic (dir.), Cadres, classes moyennes : vers l’éclatement, Paris, Armand Colin, 2011, p. 187-201.
48 Rémi (27 ans, auditeur interne chez Renault, diplômé de la rue d’Ulm. Il s’informe par la radio et l’internet) affirme par exemple qu’il apprécie le format papier pour son aspect « sage, ouais d’avoir le quotidien papier, écrit petit. Y a un côté vraiment… vous voyez… matériel, la sagesse écrite, voilà ».
49 Ce qu’a objectivé Isabelle Charpentier en opérant une analyse secondaire de données statistiques de l’enquête sur les « Pratiques culturelles des Français » de 1997. Elle constate en effet qu’au sein des classes supérieures, « les pratiques sont cumulatives, la lecture fréquente de la presse quotidienne nationale la plus légitime (Le Monde, Libération, Le Figaro) favorise celles des news magazines ». Charpentier I. « Une pratique rare et sélective : la lecture de la presse d’information générale et politique », art. cit., p. 333.
50 Aurélien utilise l’internet, la radio et la presse écrite pour s’informer.
51 Même si la plupart fréquentent avant tout les versions internet des médias « traditionnels » et ne s’aventurent qu’occasionnellement hors des sentiers battus du web (Comby J.-B. et al., « Les appropriations différenciées de l’information en ligne par les classes sociales supérieures », art. cit.).
52 Par exemple, certains enquêtés, à l’instar de Georges, mettent en place des « alertes » pour recevoir des mails contenant des informations sur les sujets qui les intéressent. Ce type d’usage se rencontre exceptionnellement chez les membres issus des classes populaires qui s’informent de toute façon peu sur la toile.
53 Les statistiques exposées par V. Le Hay et al. confirment que les combinaisons médiatiques sont surtout le fait des audiences les mieux dotées en ressources culturelles. Voir Le Hay V. et al., « Usage des médias et politique : une écologie des pratiques informationnelles », art. cit., p. 55.
54 On pourrait ici développer un parallèle avec les différences sociales en matière de pratiques alimentaires étudiées par Faustine Régnier et Ana Masullo. Ces chercheuses se proposent d’actualiser les observations de Bourdieu dans La Distinction en remarquant que les membres des classes supérieures sont davantage contraints moralement que dans les années 1970 par la nécessité de se conformer à des normes sociales (esthétiques, sanitaires, etc.), là où les pratiques alimentaires au sein des milieux populaires se heurtent moins systématiquement que par le passé à des obstacles matériels et sont orientées par un souci d’intégration sociale, par exemple en allant régulièrement dans des fast food : Regnier F., Masullo A., « Obésité, goûts et consommation. Intégration des normes d’alimentation et appartenance sociale », Revue française de sociologie, 2009, vol. 50, no 4, p. 747-773. Des différenciations sociales du même ordre s’observent également en matière cette fois de pratiques énergétiques et d’usages de la route : Comby J.-B., Grossetete M., « “Se montrer prévoyant” : une norme sociale diversement appropriée », Sociologie, vol. 3, no 3, 2012, p. 251-266. Autrement dit, on retrouve ici un constat général de la sociologie de la consommation dans la mesure où il apparaît que la contrainte symbolique s’intensifie dans les fractions hautes de l’espace social et cela sans doute d’autant plus que la contrainte matérielle s’amoindrit dans les classes sociales populaires : Herpin N., Sociologie de la consommation, Paris, La Découverte, 2004.
55 Sur le papier, Édouard pourrait être rangé du côté des fractions basses des classes supérieures. Comme son père qui était cadre supérieur dans l’industrie, il occupe un poste à responsabilité. Toutefois, il a fait une école de commerce « post bac » peu réputée. Il fréquente par ailleurs dans le cadre de son travail des individus issus des classes populaires. Il est enfin marié à une architecte d’intérieur avec laquelle il habite en région parisienne, à Bois-Colombes. Ces différents éléments nous permettent de le considérer plutôt comme un membre des classes moyennes et de la petite bourgeoisie que comme un individu appartenant aux classes supérieures.
56 Par contraste, Rémi (27 ans, auditeur interne chez Renault, diplômé de la rue d’Ulm) déclare que « Le Post, c’est un espèce de torche-cul en ligne… ça m’attriste. »
57 Josiane a 50 ans, elle est enseignante dans un lycée professionnel et est titulaire d’un bac + 2. Gilles a 48 ans, diplômé du CAPET, il est enseignant dans un collège. Bruno, 50 ans et titulaire du BEPC, est maître nageur. Brigitte est âgée de 50 ans, elle est diplômée d’un brevet professionnel et travaille en tant qu’assistante vétérinaire. Daniel a 56 ans, il détient un BTS Gestion et est agent de maintenance dans le secteur du tourisme. Ghyslaine, 56 ans, possède des brevets fédéraux dans le sport et elle travaille comme animatrice sportive. Dominique a 55 ans, il est diplômé d’un BTS électronique et est opérateur en central électrique.
58 Et pas seulement une « conscience », comme c’est le cas pour les enquêtés issus des groupes populaires.
59 Aude écoute Europe 1 tous les matins. Elle regarde également les JT ainsi que de nombreuses émissions culturelles.
60 Et notamment des enquêtes statistiques sur les modes de classement des genres de l’actualité afin de pouvoir quantifier les observations initiées ici.
61 Cela permettrait en particulier de préciser la dialectique qui apparaît en creux entre d’un côté les hiérarchies propres aux journalistes qui privilégient généralement les informations susceptibles d’intéresser le plus grand monde et d’un autre côté les normes informationnelles dominantes qui tendent à disqualifier ces actualités « omnibus ». Autrement dit, les informations démonétisées au sein des rédactions semblent pourtant celles qui sont socialement les plus valorisées, ce qui pourrait accentuer les logiques de distinction sociale à l’œuvre sur le terrain informationnel dans la mesure où la moindre proportion des actualités et des modes de traitement jugés « nobles » (en particulier dans les médias audiovisuels et la presse écrite), les rend plus sélectifs.