La diplomatie romaine, l'autre instrument de la conquête
|Deuxième partie. L'ébauche d'une diplomatie à l'époque royale
Chapitre V. Diversité et limites de la diplomatie royale
Texte intégral
1L’évolution de l’usage de la diplomatie par les rois qui se sont succédé à Rome s’accompagne d’une évolution importante des contenus et de l’efficacité de leur pratique. Bien que le nombre des échanges soit relativement faible, la diplomatie royale offre une assez grande diversité d’objectifs : l’analyse de la part réservée à chacun de ces objectifs et l’évaluation de leurs résultats doit permettre de compléter l’examen de la diplomatie royale, d’en évaluer l’ampleur et les limites.
- 1 Voir le paragraphe « Paix et négociations », l’hypothèse formulée sur l’objectif de cette ambassad (...)
2La répartition des objectifs des échanges royaux fait apparaître des chiffres assez peu éloignés des statistiques générales, à l’exception de deux objectifs : les missions liées à la guerre (nettement plus nombreuses) et les missions d’informations (au contraire sous-représentées). La plupart des objectifs sont présents au cours des deux dynasties, cependant une différence sensible sépare le détail des objectifs diplomatiques des interventions des rois latins de ceux des rois étrusques. Les exemples les plus frappants concernent d’une part la guerre, représentée par huit des 26 missions reçues ou envoyées par les rois latins (seulement trois échanges sous les rois étrusques), d’autre part la paix avec sept missions sous les rois latins contre 14 pour les rois étrusques. Soulignons enfin que l’objectif est inconnu pour une seule des 53 démarches recensées1 – ce qui confirme la relative précision des témoignages des sources de l’époque royale (sans préjuger de la rigueur de leur contenu).
Les demandes d’aides et d’information
Une seule demande d’information
- 2 D. H., 3, 23, 1. AD 0017. Voir supra p. 58.
- 3 Au iie siècle, Persée fait encore référence (Liv., 42, 6, 8) à la nécessité de renouveler les trai (...)
- 4 P.-M. Martin, op. cit., p. 167.
- 5 Voir supra p. 61, les innovations de Numa.
3La seule démarche de caractère diplomatique connue ayant eu pour objectif l’information aurait été envoyée par Tullus Hostilius, au début de son règne, à Fidènes afin de connaître les raisons pour lesquelles la cité s’était soustraite à son autorité2. L’échec de la démarche permet à Tullus d’engager immédiatement les hostilités : cette demande d’information semble donc avoir eu déjà (comme dans les siècles postérieurs) pour finalité de servir de prétexte à une réclamation. L’interprétation est d’autant plus probable que la réponse fournie paraissait recevable : la mort de Romulus dégageait Fidènes de ses engagements antérieurs, à l’instar d’une tradition bien établie dans le monde grec (et plus tard, dans le monde hellénistique3), mais aussi dans le monde italique, à travers l’engagement personnel à l’égard du chef. Les rois romains auraient-ils eu, en ce domaine, une attitude différente ? Rien ne le laisse supposer, mais cette démarche est en vérité assez suspecte : les conflits entre Fidènes et Romulus se seraient soldés par une conquête, alors que l’annalistique a bien du mal à expliquer la réalité des relations entre les deux cités au moment de la prise du pouvoir par Tullus4. Cette mission, unique pour toute la période royale, révèle que la demande d’information, presque assimilable à une procédure de réclamation, en préalable à un conflit, était difficile à manier : aucune autre guerre n’a été précédée de demandes d’explication concernant les motifs et les comportements du futur ennemi. Par ailleurs, dès le règne de Numa, les réclamations formulées par les Fétiaux ne peuvent être assimilées à des démarches comparables à cette demande d’information5.
- 6 Voir infra p. 140.
4Puisque la recherche d’informations ne donne pas lieu à des missions particulières, de quelle façon les renseignements circulent-ils ? Les sources ne livrent la trace d’aucun élément ayant été fourni par des marchands ou par des amis ou alliés de Rome, alors que de tels indices sont relativement nombreux durant la période républicaine. L’absence de témoignages de cette nature semble confirmer la place politique occupée par la cité nouvelle : une cité isolée, probablement trop faible pour établir un réseau d’informateurs. Les appuis dont Rome pourrait bénéficier sont fort peu nombreux ; il est d’ailleurs significatif que la demande émane du roi romain et non l’inverse : dès la victoire du lac Régille, ce sont les Latins puis les Herniques ou les Èques qui deviennent les informateurs de Rome6.
Quatre demandes d’aides exceptionnelles
- 7 Comparer avec le tableau XX p. 143.
5Bien que cette fonction soit mieux représentée que la précédente avec quatre missions, le nombre limité des demandes d’aides traduit avec une certaine vraisemblance – comme l’objectif précédent – la faiblesse du poids politique et militaire de la cité : Rome ne peut pas aisément solliciter des appuis extérieurs et elle-même ne peut pas faire l’objet de demandes de soutiens, de quelque nature qu’elles soient. Aussi les démarches ne concernent-elles, directement, ni la politique extérieure, ni le domaine militaire : ce sont deux demandes d’aide démographique et d’association et deux demandes d’aide religieuse – autant de démarches exceptionnelles, et même uniques dans le cas des deux premières. Logiquement, ces démarches ont été effectuées à la seule initiative des rois de Rome – une situation encore une fois exceptionnelle, puisque, dès le premier siècle de la République, l’initiative de ces démarches est, officiellement, plus équilibrée7.
- 8 Au ve siècle, les ambassades chargées du ravitaillement sont fréquentes (voir infra p. 144-147).
- 9 D. H., 3, 32, 6. AD 0019.
- 10 Les origines de la plèbe, p. 193.
6En revanche, on ne trouve trace d’aucune ambassade ayant pour objectif d’obtenir un soutien alimentaire, comparable à celles qui sont envoyées dès les premières années de la République8. Il est hautement improbable qu’aucun problème frumentaire ne soit survenu au cours de toute la période royale ; il faut donc admettre que la question a été réglée différemment – peut-être grâce aux opérations militaires de la période, souvent apparentées à des razzias, incluant la mainmise sur les richesses et les productions de l’ennemi. Ces sortes de réquisitions n’avaient alors pas à faire l’objet de tractations particulières. Pour preuve, on ne trouve témoignage que d’un seul marchandage portant sur des productions agricoles : après son troisième triomphe sur les Sabins, Tullus Hostilius mit fin à la guerre contre la restitution des prisonniers, de l’argent et « il leur imposa de livrer du bétail et des bêtes de somme9 ». Denys fournit ici une précision conforme à ce que nous connaissons du contexte de la période : sont réclamés des animaux utiles tant aux éleveurs qu’aux agriculteurs dont les activités sont amplement complémentaires dans la Rome primitive, comme l’a souligné J.-C. Richard10.
- 11 Les demandes de renforcement démographique postérieures sont celles des colonies romaines désirant (...)
- 12 Liv., 1, 9, 1. AD 0001.
- 13 L’héritage indo-européen à Rome, Paris, 1949, p. 127-137 et plus récemment, Mariages indo-européen (...)
- 14 J. Poucet, Les origines de Rome, 1985, p. 283.
7La première demande d’aide de caractère démographique est également la seule à avoir été formulée par Rome elle-même11. Dans cet épisode très chargé symboliquement, quel rôle réel a pu jouer la diplomatie ? Romulus aurait envoyé une mission aux peuples voisins (vicinas gentes) – probablement Latins et Sabins –, après avoir pris conscience que « le manque de femmes bornait à une seule génération la durée de sa puissance12 ». La fonction complémentaire de la mission était de contracter une alliance avec ces peuples, mais la réponse faite aux légats fut jugée insultante par Romulus qui eut aussitôt recours à la violence avec l’enlèvement des Sabines. G. Dumézil a montré que le rapt était un mode de mariage couramment pratiqué dans le monde indo-européen13. Cependant, dès l’époque républicaine, cette pratique était considérée comme primitive, de sorte que, si d’autres démarches du même ordre ont été effectuées postérieurement, la tradition les a peut-être occultées14. La première démarche diplomatique et ses prolongements peuvent, en outre, traduire la volonté (ou plus sûrement celle des annalistes) de justifier le recours à la force et donc de respecter ce qui sera formalisé postérieurement avec la notion de bellum iustum. En effet, après l’échec de son initiative diplomatique, Romulus ne chercha plus à s’opposer à la réaction violente des jeunes Romains ; il se contenta de canaliser leur ardeur en organisant les Consualia, jeux au cours desquels prit place l’épisode de l’enlèvement des Sabines.
- 15 Plut., Rom., 14, 1. Plutarque ne précise pas les noms de ces auteurs.
8Cet acte d’agression pouvait ainsi apparaître comme la conséquence de l’échec diplomatique précédent, puisque l’attaque contre les Sabins ne fut apparemment précédée d’aucune autre tentative de conciliation. Que la tradition annalistique ait choisi d’ouvrir l’histoire diplomatique de Rome sur un acte renvoyant à ce qui devient progressivement une des fonctions essentielles de la diplomatie est très éclairant : la diplomatie devait permettre, dès son origine, de justifier par anticipation (ou par reconstruction) un acte d’agression. Pour sa part, Plutarque indique – tout en réfutant cette hypothèse – que l’enlèvement des Sabines aurait eu une origine beaucoup plus simple : selon le témoignage de « quelques auteurs… Romulus aimait naturellement la guerre15 ». Quelles qu’aient été les motivations véritables de Romulus, elles n’excluent pas sa volonté (ou, encore une fois, celle des annalistes) de tenter de justifier diplomatiquement ses initiatives belliqueuses.
- 16 AD 0009.
- 17 P.-M. Martin, i, p. 25-26.
- 18 P.-M. Martin a démontré l’existence de ces associations pour tous les rois, à l’exception de Tullu (...)
- 19 E. Païs, Storia critica, ii, p. 76 sq. ; E. Gjerstad, Legends and Facts, p. 42 ; J. Gagé, Les Femm (...)
- 20 « Ils (Romulus et Tatius) réunissent en un seul les deux États, mettent la royauté en commun, tran (...)
- 21 Liv., 1, 14, 1-3 ; AD 0004 et 0005.
- 22 G. Dumézil, Mythe et épopée, 1, 271 et suivantes ; P.-M. Martin, i, p. 59-60.
9La demande de soutien suivante est tout aussi singulière : après l’apothéose de Romulus, il s’agissait de lui trouver un successeur, les Sénateurs auraient alors choisi de s’adresser à Numa16. Le résultat positif de la démarche contraste avec l’échec de Romulus, mais il confirme surtout les ambiguïtés de ce qui est présenté comme un choix lié aux qualités personnelles de Numa. Or Numa est le gendre de Tatius ; sa promotion n’est probablement liée qu’à la fonction de vice-roi occupée par son beau-père auprès de Romulus17. En effet, les relations avec les Sabins ont été falsifiées – ou pour le moins déformées – afin de masquer la tradition romaine (ou sabine) de la double royauté, mais aussi de gommer le rôle des associés au pouvoir dans la succession des rois de Rome18. Dans le cas de la succession de Romulus, l’hypothèse ancienne d’E. Païs a été reprise par E. Gjerstad, J. Gagé puis, plus récemment, par P.-M. Martin19 : Tatius et Numa ne feraient qu’une seule et même personne. Or, le personnage de Tatius est apparu dans le déroulement de deux actes diplomatiques de Romulus (il en est donc pour le moins très proche) : lors du traité aboutissant au synœcisme romano-sabin fondant la double royauté20, et lors du sacrifice à Lavinium au cours duquel il aurait été assassiné. Le crime est présenté comme la conséquence d’un incident antérieur (le premier incident diplomatique) : des parents de Tatius avaient maltraité des legati des Laurentes et Tatius ne les avait pas désapprouvés21. Si Numa doit être assimilé à Tatius, le meurtre de l’associé de Romulus s’expliquerait essentiellement par l’impossibilité dans laquelle se trouvait la tradition de présenter Numa le pieux comme ayant été formé par Romulus lui-même22.
- 23 D.H., 4, 59 ; AD 0053.
- 24 Liv., 1, 55, 6.
- 25 Plut., Publ., 14, 1.
- 26 A. Sommella Mura, La decorazione architettonica del tempio arcaico, P. P., 1977, p. 62-128 ; F. Co (...)
10Les deux demandes d’aides religieuses relèvent de l’initiative de Tarquin le Superbe. La première est liée à un événement religieux d’une grande importance au regard de l’histoire religieuse romaine : la découverte de la tête humaine sur l’emplacement du futur temple de Jupiter Capitolin. Denys est seul à affirmer que Tarquin, afin d’obtenir l’interprétation du prodige, envoya aux devins étrusques « les plus distingués des citoyens comme ambassadeurs23 ». Tite-Live ne mentionne pas de démarche diplomatique, mais seulement la venue à Rome de devins étrusques pour étudier le prodige24. Les divergences entre Denys et l’annaliste concerne donc le lieu et la forme de la consultation, en revanche, ils témoignent tous les deux d’un recours à la divination étrusque lors de cet événement – une collaboration exceptionnellement reconnue par la tradition, bien que le rôle de Tarquin dans l’édification du temple lui-même ait largement été minimisé par cette même tradition. Plutarque affirmait que Tarquin « n’eut pas le temps de le dédier, mais il restait peu de choses à faire pour l’achever, lorsque Tarquin fut expulsé25 ». D’ailleurs, l’influence étrusque sur sa décoration n’est plus aujourd’hui contestable26.
- 27 AD 0054. G. Daux, Delphes, p. 584, n. 1. Les références aux autres sources figurent dans la liste (...)
- 28 G. Dumézil, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, p. 429. J. Gagé, La chute des Tarquins… p. (...)
- 29 Ainsi P.-M. Martin, sans rejeter l’hypothèse d’une mission, ne prend pas fermement position en sa (...)
- 30 P.-M. Martin, op. cit., p. 282. Liv., 1, 56, 5 et D. H., 4, 69, 2. M. Pallottino, Histoire de la p (...)
- 31 Cic., De Rep., 2, 44.
11La seconde demande d’aide religieuse de Tarquin est la célèbre mission auprès de l’oracle de Delphes, sans doute la mission la plus contestée du dernier roi de Rome. G. Daux affirme qu’il n’y a « naturellement aucune créance à accorder au récit de Tite-Live selon lequel Tarquin le Superbe, à la suite d’un prodige, aurait député deux de ses fils à Delphes27 », sans avancer d’argument – alors qu’il admet l’historicité des consultations, dès le siège de Véies. Pour G. Dumézil, les rapports avec Delphes à l’époque royale sont « invraisemblables » et la consultation des fils de Tarquin n’est que « pure légende28 ». Beaucoup d’autres historiens hésitent à prendre position, tant il semble difficile de rejeter trop rapidement les témoignages des sources29. À la même époque, la présence des Étrusques (au moins de ceux de Caere) est attestée à Delphes30 et l’existence de relations entre le sanctuaire et les Étrusques est bien établie. Rien n’interdit de supposer que Tarquin ait pu, à l’instar d’autres rois étrusques, faire porter à Delphes une offrande et consulter l’oracle. Cicéron met précisément l’accent sur la similitude entre le comportement de Tarquin et celui des autres monarques étrusques : « conformément aux habitudes de ceux dont il était issu, il envoya à Delphes des dons magnifiques prélevés sur son butin, en guise d’offrandes à Apollon31 ».
- 32 Cic., De Rep., 2, 44 ; Val. Max., 7, 3, 2.
- 33 D. H., 4, 69, 2-4 ; Liv., 1, 56, 5-12.
12Les suspicions à l’égard de cette démarche sont principalement liées au véritable roman imaginé autour du changement de régime et au rôle joué par les ambassadeurs royaux à Delphes, Brutus et les deux fils de Tarquin. La prétendue légitimité conférée à Brutus par la Pythie a fait l’objet de multiples développements dramatisés (chez Valère Maxime, Denys ou Tite-Live) qui sont, en effet, difficilement crédibles. Pour autant, la présence dans la tradition de détails manifestement surajoutés ne permet pas d’affirmer que les autres aspects de l’épisode ont été totalement inventés. Les récits sont à la fois précis sur la consultation elle-même, mais aussi contradictoires et lacunaires sur le déroulement et le but même de la mission. Pour Cicéron et Valère Maxime, il s’agit d’offrir des présents à Apollon32 ; pour Denys et Tite-Live, la mission a pour but de consulter l’oracle, mais le motif de la consultation diffère. Tite-Live affirme que l’origine en était le prodige du serpent sortant d’une colonne en bois ; Denys pense qu’il s’agissait de mettre fin à l’épidémie qui décimait les Romains33. Quelle qu’ait été l’origine de la démarche, consultations et cadeaux étant le plus souvent associés, les contradictions sur ce point ne constituent pas un argument déterminant pour rejeter l’authenticité de la démarche. Ces hésitations montrent en outre que les auteurs se sont plus attachés au récit de la « légende » de Brutus qu’à l’origine ou au contenu même de la mission.
- 34 Voir les références à l’acte 2004.
- 35 Voir page précédente et A. Alföldi, Early Rome, p. 341.
- 36 P.-M. Martin, i, p. 284-285.
- 37 M. Gras, Trafics tyrrhéniens, p. 583 et suivantes. J. Gagé, La chute des Tarquins et les débuts de (...)
- 38 C. Ampolo, ibid., p. 454.
- 39 Op. cit., p. 282.
- 40 Religion romaine archaïque, p. 434.
13Une information utile à ce débat est en revanche absente de nos sources : où l’offrande fut-elle déposée ? Le butin de Véies fut, on le sait, déposé dans le Trésor des Massaliotes au début du ive siècle34, mais à l’époque de Tarquin – moins d’un siècle après la fondation de la colonie phocéenne –, il n’est pas assuré que ce Trésor ait déjà existé. En revanche, une autre cité proche de la Rome des Tarquins, Caere, possède déjà un Trésor sur le site de Delphes35 : les légats auraient donc pu utiliser ce lieu, même si les relations entre Caere et Tarquin s’étaient probablement dégradées à la fin de son règne36. Cet argument ne suffit certes pas à affirmer l’authenticité de la démarche, mais, faute de parvenir à une certitude, on peut au moins souligner qu’une telle mission s’insérerait aisément dans l’ensemble des rapports amplement confirmés entreles Étrusques, la Grande Grèce et la Grèce continentale, bien avant la fin du vie siècle37. La présence de métèques grecs est ainsi attestée par des documents épigraphiques à Tarquinia et à Caere dès la fin du viie siècle38. Aussi, l’introduction des livres sibyllins et la consultation à Delphes amènent P.M. Martin à affirmer que ces initiatives « constituent un témoignage certain de la volonté de Tarquin II d’ouvrir l’horizon religieux des Romains, sur l’Étrurie bien sûr, mais aussi sur la Grèce »39. Dans le même sens, G. Dumézil (qui rejette pourtant l’historicité de la consultation à Delphes) affirme que « l’un des principaux services que les Tarquins ont rendus à Rome est de l’avoir largement ouverte à des influences plus lointaines, grecques notamment »40.
14Les quatre demandes d’aides de la période royale traduisent la diversité des démarches représentées par cette fonction particulière de la diplomatie : ces contacts mettent en jeu des relations singulières qui, sans concerner directement ses relations extérieures (au sens politique et militaire du terme), n’en sont pas moins représentatives des ouvertures de la cité sur l’extérieur. Dès les premières décennies de la République, le contenu des démarches liées à cette fonction devient plus étroitement lié aux conflits en cours et révèle les variations du rapport des forces : désormais les voisins de Rome sont désignés officiellement (tout du moins) comme étant plus fréquemment demandeurs.
La diplomatie liée à la guerre est fortement représentée
- 41 20 % pendant la période royale, 17 % des actes du ve siècle mais seulement 2 à 5 % des échanges de (...)
- 42 P.-M. Martin a recensé les actions militaires et les conquêtes royales (p. 150-151).
- 43 Voir p. 87, l’enchaînement des guerres menées par Romulus.
15Dans le contexte particulièrement belliqueux de la période royale, les démarches consacrées à la guerre représentent 11 contacts, soit 20 % des échanges royaux. Bien que cette proportion de contacts directement liés à la guerre soit nettement plus élevée que lors des siècles postérieurs41, le chiffre ne traduit cependant pas un usage très fréquent de la diplomatie au regard du nombre considérable d’affrontements mentionnés par nos sources – au moins 15 conflits sont évoqués par Tite-Live et Denys et une vingtaine de cités auraient été attaquées42. Les processus mis en œuvre lors des conflits sont, en vérité, peu lisibles car les engagements militaires sont souvent intégrés dans des actions en chaîne, dont seule la première aurait pu donner lieu à une déclaration43.
- 44 P.-M. Martin, op. cit., p. 122-133.
- 45 Voir notre article « Les Fétiaux, un collège religieux au service du droit sacré international ou (...)
- 46 Cic., De Rep., 2, 31.
16La fonction guerrière est « la fonction prioritaire » des rois de Rome, selon la formule de P.-M. Martin44, une priorité qui, selon la tradition, aurait imposé très tôt la mise en place de règles et de précautions religieuses : l’œuvre de Numa s’inscrit dans cette logique, avec l’organisation du collège des Fétiaux et du ius fetiale45. Selon Cicéron, c’est seulement à partir du règne de Tullus que « toute guerre non déclarée est présumée contraire à la justice et à la religion46 ». Son affirmation est partiellement confirmée par la chronologie des échanges liés à la guerre : avant Tullus, ni Romulus, ni Numa n’ont eu besoin d’avoir recours à une procédure de déclaration de guerre, le premier parce que c’est lui qui reçoit des réclamations, le second parce qu’il n’a pas fait de guerre. Aussi, quand Tullus a jugé utile ou nécessaire ( ?) de recourir à cette procédure, il a pu s’inspirer en partie de celles qui avaient été utilisées précédemment contre Rome.
Les quatre réclamations formulées contre Rome
- 47 Plut., Rom., 16, 2 ; AD 0002.
- 48 Plut., Rom., 25, 3 ; AD 0007.
- 49 Plut., Rom., 16, 2.
17Trois des sept rois – Romulus, Tullus et Tarquin l’Ancien – auraient reçu quatre demandes de réparation ou de restitution : cette proportion est unique ; à aucun autre moment de l’histoire de Rome on ne retrouve une situation comparable. La tradition n’a pas pu gommer totalement la faiblesse de la cité naissante. La première fut adressée à Romulus par les Sabins exigeant la restitution des jeunes filles enlevées ; l’échec de la démarche permet à Rome d’attribuer à Acron l’initiative du conflit47. La deuxième est la réclamation formulée par les Véiens, revendiquant le contrôle de Fidènes, au nom de la parenté les unissant à la cité. Romulus y répond « avec un mépris insultant48 », mais c’est Véies qui, comme précédemment, est accusée d’avoir pris l’initiative de l’attaque contre Romulus en formulant cette réclamation. Plutarque l’affirme clairement : « Les Véiens prirent l’initiative de la guerre en réclamant Fidènes qui leur était apparentée49. »
- 50 Liv., 1, 22, 4 ; AD 0012.
- 51 D.H., 3, 57, 1-2 ; AD 0036. Sur la trêve (AD 0021), voir p. 94, les négociations.
18Reprenant une attitude semblable, Tullus utilise un subterfuge pour rendre Albe responsable de l’initiative du conflit. Les légats des deux rois d’Albe et de Rome, envoyés au même moment, sont chargés de la même mission : obtenir la restitution du butin accaparé par chacune des deux cités. Tullus, selon Tite-Live, « était sûr d’un refus, il serait alors en droit de déclarer la guerre50 ». Il retarde donc sa réponse aux délégués albains, afin que les siens reçoivent en premier une réponse négative, il peut alors rejeter la responsabilité du conflit sur Albe. Enfin, la dernière réclamation reçue par un roi romain est celle des Étrusques auprès de Tarquin I, afin d’obtenir la restitution de leurs prisonniers après la conclusion de la trêve. Pour toute réponse, Tarquin retient les légats en otages et la guerre est immédiatement décidée51.
- 52 Liv., 1, 22, 7.
- 53 Liv., 1, 23, 4.
19La version proposée par l’annalistique est donc l’inversion systématique de l’initiative de l’agression : en réclamant à Rome, la restitution des Sabines, de Fidènes, du butin fait sur Albe ou des prisonniers étrusques, ce sont les ennemis de Rome qui prennent le risque de faire « retomber sur eux tous les désastres de la guerre52 ». Ils deviennent les agresseurs ; Rome est alors en droit de riposter. D’ailleurs, la mort de Cluilius, le roi Albain, est interprétée par Tullus Hostilius comme le signe que les dieux ont frappé la tête de celui qui menait une guerre impie (bellum impium53). Cette forme de raisonnement n’est en revanche pas réversible, nous allons le voir, lorsque ce sont les rois de Rome qui ont l’initiative de réclamations similaires.
Les sept réclamations présentées par les rois romains
- 54 Liv., 1, 10, 2. Sur toutes ces opérations, Liv., 1, 10-11.
20Les rois romains auraient formulé sept réclamations qui débouchèrent immédiatement sur des conflits. La pauvreté relative des témoignages de cet ordre ne se limite pas à la période royale ; sont-ils pour autant représentatifs de la réalité des conditions dans lesquelles les guerres ont été déclenchées ? La plupart des récits soulignent l’engrenage des affrontements de sorte qu’il devient utopique de chercher à savoir à quel moment une déclaration de guerre aurait pu intervenir. Par exemple, les activités de Romulus sont présentées ainsi : après l’échec de la réclamation des Sabins, un premier conflit s’engage contre les Caerites qui avaient envahi le territoire romain ; après la première victoire de Romulus, les Antemnates font irruption sur les terres de Rome, suivis de peu par les habitants de Crustumérie. Dans cet enchaînement d’opérations militaires, chaque cité n’a pas à déclarer la guerre à Romulus puisque, selon Tite-Live, elles s’étaient entendues « pour entreprendre la guerre en commun54 », et aucune réclamation ni demande de restitution n’est formulée par Romulus. En outre chaque engagement paraît être la conséquence du précédent, seule la dernière campagne de Romulus contre Fidènes est clairement présentée comme une réponse à l’agression des Fidénates – pour autant, il n’y a pas trace d’une déclaration de guerre contre cette cité.
- 55 La double ambassade nos 0012 et 0013 (voir l’index des actes diplomatiques).
- 56 B. Liou-Gille, Les rois de Rome et la ligue latine, Latomus, 1997, p. 729-764.
- 57 D.H., 3, 34, 1-3 ; AD 0022.
21Les innovations de Tullus Hostilius ont été fort importantes, nous l’avons vu : il a notamment été le premier roi romain à formuler une demande de réparation auprès d’Albe, au cours de l’ambassade croisée précédemment évoquée55. L’origine des précautions particulières prises par Tullus lors du déclenchement des conflits est liée au contexte du soi-disant conflit avec Albe, comme l’a souligné B. Liou-Gille56. Les guerres antérieures n’avaient pas eu besoin d’être déclarées, parce qu’aucune ne concernait l’ensemble des Latins. Denys en témoigne lors du premier ultimatum : « Les cités latines ne donnèrent pas de réponse séparément aux ambassadeurs (venus les sommer d’obéir aux ordres des Romains), mais dans une assemblée générale de toute la nation57. » La rupture fut sanctionnée par un vote des Latins. Tullus aurait donc été le seul roi à n’avoir engagé aucune guerre non déclarée, confirmant ainsi l’importance accordée par le roi à l’usage de cette fonction de la diplomatie.
- 58 Liv., 1, 30, 4.
- 59 AD 0022, D.H., 3, 34, 1.
22L’étape suivante concerne les conditions de la déclaration de guerre contre les Sabins, qui semble suivre de peu le renforcement de Rome après le règlement des rapports avec Albe : « Alors, confiant en ses forces, Tullus déclare la guerre aux Sabins… des deux côtés on s’était causé des dommages dont on avait en vain demandé réparation58. » Quand Tullus engage les hostilités et envahit le territoire sabin, sa guerre est juste puisqu’il a suivi les règles de déclaration de guerre. Une intervention des Fétiaux n’est pas évoquée mais, puisqu’on avait demandé réparation, les formes alors en vigueur avaient probablement été respectées. Tullus prit enfin l’initiative d’envoyer aux Latins une injonction d’obéissance s’apparentant à ce qui constituerait le premier ultimatum59.
- 60 Liv., 1, 31, 6.
- 61 Liv., 1, 32, 2.
- 62 Liv., 1, 32, 12 (AD 0024).
- 63 AD 0024 et 0025. Liv., 1, 32, 13-14.
23La volonté de respect du ius gentium, plus que la référence religieuse à l’héritage de Numa, justifierait ses démarches puisque Tite-Live affirme « les questions de religion étaient la dernière des préoccupations du roi60 ». Pourtant, quand il fut touché par la maladie, il fit preuve d’un excès de religiosité et même de pratiques superstitieuses qui ne trompèrent pas Jupiter : Tullus fut foudroyé par le dieu, furieux de constater qu’il n’avait pas respecté les rites en son honneur. La remarque de Tite-Live permet de souligner que, dès le règne de Tullus, il était possible de dissocier religiosité personnelle et respect du droit religieux présidant aux relations internationales. Le règne d’un personnage dénué de religiosité personnelle devait pourtant comporter quelque risque : dès son accession au pouvoir, Ancus Marcius l’aurait clairement énoncé « le règne précédent, remarquable pour tout le reste, n’avait eu qu’un point faible, son indifférence ou ses pratiques irrégulières en matière de religion61 » ; il s’engagea donc à rétablir, dans tous les domaines, le respect des règles instaurées par Numa et, même, il les renforce. Lors de sa démarche auprès des Latins afin de leur demander réparation, il fait référence au concept d’une guerre juste et pure (puro pioque duello62). À cette occasion, Tite-Live décrit la mise en place du collège des Fétiaux, suivie du récit de leur première intervention et de la formulation de la rerum repetitio et de l’indictio belli63.
- 64 Voir la liste de ces interventions établie par P.-M. Martin, op. cit., p. 180.
- 65 AD 0047, D.H., 4, 50, 2.
- 66 Liv., 1, 57, 1.
- 67 D.H., 4, 31, 1.
24Les règnes des trois rois étrusques sont, en revanche, ceux qui présentent le plus de distorsions entre le nombre des missions envoyées ou reçues avant le début des hostilités et le nombre des conflits évoqués par nos sources. Tarquin I ne reçut qu’une réclamation des Étrusques afin d’obtenir la restitution des prisonniers, mais il s’est engagé dans bien d’autres guerres contre Fidènes, Caere ou Véies et il aurait conquis huit cités, selon Denys et neuf selon Tite-Live64. Les conditions dans lesquelles Servius Tullius aurait exigé desÉtrusques le respect du traité de Tarquin sont assez suspectes puisque la réclamation (non suivie d’une guerre – ce qui est exceptionnel) est prolongée par une mission de douze cités annonçant leur acceptation des clauses de ce traité. Tarquin le Superbe n’aurait quant à lui formulé qu’une demande de restitution auprès des Volsques65, mais il aurait conquis Pometia, Gabies et Fidènes. Le dernier conflit qu’il dirigea contre Ardée se fit également sans déclaration de guerre, au seul motif qu’il devait « refaire sa fortune… et calmer à l’aide du butin le mécontentement de ses sujets66 ». C’est d’ailleurs, à notre connaissance, le seul cas où un roi de Rome est présentée comme étant l’agresseur, sans justification de la défense du territoire ou des biens romains – mais il s’agit de la dernière initiative du roi honni… Même l’action de Tarquin l’Ancien n’avait pas été présentée dans des termes semblables : Denys affirme que le premier Tarquin avait « gagné maintes grandes batailles pour la défense de Rome67 ».
25Ces différents épisodes s’insèrent avec vraisemblance dans ce que nous pouvons connaître des rapports de forces entre Rome et ses voisins à ce moment de son histoire. Romulus doit imposer l’existence même de sa cité et reçoit deux réclamations, sans avoir les moyens d’en formuler. Tullus dispose déjà d’un rapport de forces moins défavorable et il peut avoir l’audace d’attendre la réponse d’Albe ; puis après le règlement avec Albe, il prend l’initiative de demander réparation aux Sabins ; enfin le premier des rois étrusques subit également la pression des autres cités d’Étrurie avant de s’imposer. Les récits des préludes aux conflits royaux confirment cependant que les procédures de déclaration ou demandes de réparation sont encore mal établies et ne présentent probablement aucun caractère impératif. Bien que les actes diplomatiques liés aux guerres soient proportionnellement plus nombreux que dans toute autre période de la conquête, au regard du nombre des opérations militaires engagées contre les cités ou les peuples voisins, ces missions restent encore sous-représentées. Le mode de fonctionnement du bellum iustum n’est encore qu’ébauché ; chaque roi élabore, en fonction de ses propres besoins, des procédures nouvelles. De ce point de vue, les différences sont ténues entre les pratiques des rois latins et des rois étrusques : les uns et les autres ont en vérité peu ressenti la nécessité de faire usage de la diplomatie pour déclarer les guerres. Les rapports entre les peuples de l’Italie centrale semblent dominés par une volonté de recourir, sans préambule, à l’affrontement. Les références au respect d’un droit, si mal daté, paraissent avoir été appliquées artificiellement par les annalistes sur la période royale, dans le but très probable de renforcer l’image d’une Rome dont les guerres auraient été – dès l’origine de la Cité – toutes justes et légitimes.
Paix et négociations
26Ces deux fonctions de la diplomatie sont ici regroupées car l’imbrication sémantique est si forte que certains échanges devraient figurer dans les deux catégories ; il a fallu trancher : sept des contacts royaux associant un traité à des négociations de trêve (deux) ou d’amitié (cinq) ne figurent que dans la rubrique des négociations et ne sont pas reprises dans celle consacrée à la paix.
Des négociations relativement diversifiées
- 68 Sur ces difficultés sémantiques, voir la première partie, p. 25 et suivantes.
- 69 AD 0008 et 0027.
27Les hésitations des sources, tant grecques que latines, sont particulièrement perceptibles dans les récits des négociations68. Si les quatre rapprochements sont bien identifiés, les ambassades chargées de négocier des trêves ou de rechercher des amitiés sont, dans sept cas sur onze, associées à une autre fonction : la négociation (ou la conclusion) d’un traité de paix, généralement présenté comme ayant été obtenu en complément de l’objectif principal qui aurait été la négociation. Dans le vocabulaire convenu des historiens anciens, l’amitié et la recherche d’alliance sont souvent associées : la formule « socii et amici » en témoigne ; il est en revanche plus surprenant que deux demandes de trêves aient pu donner lieu à la conclusion de traités. Il est d’ailleurs significatif que, dans ces deux cas, les sources fournissent des détails contradictoires, tant sur les objectifs que sur leurs réalisations69.
- 70 Voir l’index des actes aux nos 0038 et 0039.
- 71 Ce sont les AD 0011, 0027, 0044.
- 72 Voir la liste des actes en fin de volume (AD 0045C1 et 0046D1 et D2).
28Les démarches chargées de rechercher un rapprochement ou une alliance n’ont eu pour interlocuteurs que des peuples d’Italie centrale – à l’exception de l’alliance (un foedus ?) peut-être conclue avec les Marseillais en 600 et du rapprochement qui avait précédé ce traité avec les Phocéens, avant la fondation de la cité70. C’est en outre avec les Latins et les Sabins que, presque à égalité, les rois étrusques et latins ont majoritairement négocié (respectivement quatre et cinq contacts) et ces démarches constituent le seul type d’objectif présent dans les sept règnes, tant latins qu’étrusques. Numa, Ancus et Servius, dont l’activité diplomatique fut pourtant très limitée, ont, au cours de leur règne, soit envoyé, soit reçu une ambassade destinée à la négociation : Numa négocie un traité avec les Latins, Ancus une trêve avec les Volsques de Velitrae et Servius établit avec les Latins un rapprochement, plus précisément des relations d’hospitalité71. Le plus actif des rois en matière de négociation fut, encore une fois, Tarquin le Superbe qui a pris l’initiative d’envoyer trois missions chargées, l’une d’établir un rapprochement avec les Latins, les deux autres de négocier une alliance avec des peuples contactés pour la première fois – les Volsques et les Herniques72.
- 73 Les actes 0006 et 0014C2.
29Contrairement à la période républicaine, les initiatives des rois romains sont nettement plus nombreuses que les demandes formulées par les ennemis ou étrangers : sept demandes de rapprochements auraient été émises par les rois, tandis que deux seulement auraient été reçues – l’une de la part des Latins (après le meurtre de Tatius, sous le règne de Romulus) et la seconde de la part d’Albe (avant le combat singulier entre Horaces et Curiaces73). Dans cette fonction particulière de la diplomatie, les rois semblent avoir subi la pression de leurs voisins, dans des conditions où le rapport des forces ne leur était pas nécessairement favorable. La tradition n’a pas pu masquer totalement (comme lors des déclarations de guerre) les contraintes imposées à la Rome des premiers siècles. En présentant les souverains romains demandeurs de rapprochements ou d’amitiés par exemple, les annalistes ont traduit une situation assez vraisemblable : dans un environnement qui ne lui était pas favorable, Rome tentait de rechercher des appuis diplomatiques, à défaut de pouvoir s’imposer militairement et politiquement.
Les paix des rois
3021 des 53 actes diplomatiques de la période royale ont pour objectif d’obtenir ou de conclure une paix, de renouveler un traité ou d’accorder une deditio – soit une proportion peu inférieure à la moyenne de l’ensemble des siècles analysés. En revanche, la répartition détaillée des échanges est assez éloignée de celle observée au cours des siècles républicains et deux des types de missions liées à la paix ne sont pas représentés : la paix par arbitrage et la référence à la fides – deux fonctions qui présupposeraient la reconnaissance par l’interlocuteur de l’autorité de Rome, mais à l’époque royale ces objectifs ne traduiraient assurément pas la réalité historique des rapports de force
- 74 Il faudrait y ajouter les cinq traités associés à des trêves ou des conclusions d’amitiés (voir le (...)
31La répartition chronologique des démarches faisant référence à la paix est nettement déséquilibrée : alors que le nombre total des échanges est presque identique sous les rois latins et étrusques (26 et 27), 14 démarches auraient été consacrées à la paix sous les rois étrusques contre sept seulement sous les rois latins74. L’image produite est ainsi le négatif de l’usage de la fonction diplomatique de la guerre et cette inversion doit traduire une certaine évolution : les rois latins auraient subi la pression des cités et des peuples voisins, tandis que les rois étrusques auraient été moins passifs, sans pour autant avoir été en mesure d’imposer leur autorité en toutes circonstances.
- 75 Liv., 1, 14, 1-3. AD 0004 et 0005.
- 76 D.H., 2, 51-53. Voir supra le début de ce chapitre.
- 77 Liv., ibid.
32Quelques analyses sont rendues difficiles par l’impossibilité dans laquelle nous sommes d’identifier avec précision certains peuples ou cités inclus dans les traités. Pour quelques-uns même, la datation des premiers accords pose problème. Tite-Live indique, par exemple, que le traité avec Lavinium a été renouvelé par Romulus, mais il ne précise pas la date du premier accord75. On peut simplement émettre l’hypothèse que la mission évoquée dans le même chapitre, pour laquelle l’annaliste n’indique pas l’objectif, a pu avoir cette fonction. Si l’on suit Denys en effet, les délégués de Lavinium ont été maltraités par les parents du roi Tatius après avoir rencontré les deux rois de Rome76. D’ailleurs, Tite-Live le suggère lorsqu’il justifie le renouvellement : « Pour assurer l’expiation de l’offense faite aux délégués et de l’assassinat du roi, on renouvela le traité entre Rome et Lavinium77. »
- 78 Respectivement Liv., 1, 19, 1 (AD 0011), D.H., 3, 51, 1 (AD 0033) et pour les deux derniers D.H., (...)
- 79 A. Alföldi, Early Rome, p. 123, 131, 288 et 296.
33Pour les quatre autres traités, les imprécisions sont encore plus grandes : Numa a conclu avec ses voisins (non précisés) des pactes d’alliance, Tarquin a fait des offres d’amitié à des cités latines (mais Denys ne cite les noms que de deux d’entre elles) ; enfin Servius et Tarquin II ont noué des relations d’amitié avec les Latins – l’aristocratie des Latins, dit Tite-Live, sans fournir aucun nom de cité – mais peut-être s’agissait-il déjà des cités membres de la Ligue78. Ces lacunes et imprécisions ne sont peut-être pas fortuites : la tradition a pu éviter de préciser la portée réelle de certains de ces traités, dont on pouvait considérer, quelques siècles plus tard, qu’ils avaient été conclus dans des conditions trop peu favorables à Rome79. Le décalage est en effet très net entre les précisions apportées dans la désignation des cités passées sous contrôle des rois romains et les imprécisions concernant le nom de celles avec lesquelles ils ont dû négocier, tenant compte d’un rapport des forces, a priori, plus équilibré.
- 80 « Veientes pacem petitum oratores Romam mittunt » Liv., 1, 15, 5 (AD 0008).
- 81 « in pace concordiaque », Cic., De Rep., 2, 14, 27.
- 82 Cic., De Rep., 2, 7, 13.
- 83 Voir les références dans la liste en fin de partie.
- 84 Voir supra p. 63.
- 85 Le détail figure dans l’encadré ci-dessus et la liste des actes royaux.
34Outre les incertitudes concernant l’identité des cités ou peuples concernés, le contenu des traités ou des accords de paix reste souvent mal déterminé, rendant délicate leur analyse. Tite-Live présente en ces termes la mission reçue par Romulus : « Les Véiens envoient des délégués à Rome pour demander la paix80. » Demander la paix, donner la paix, faire la paix, ces formulations, utilisées dans plus de la moitié des actes royaux, sont insuffisantes pour identifier la nature des accords. En revanche, l’usage de ces formules diminue sensiblement dès les premiers siècles de la République et au iiie siècle, elles sont utilisées dans moins de 20 % des actes liés à la paix. Dans quelques cas, le vocabulaire est plus précis, mais il fait référence à des concepts tardifs, utilisant, par anticipation, un schéma républicain, voire augustéen. Cicéron crédite ainsi le règne de Numa de 39 années « de paix et de concorde81 ». De même, le traité de Titus Tatius avec Romulus, instaurant la double royauté latino-sabine, est qualifié de foedus par Cicéron82 – bien que l’usage du mot foedus semble peu compatible avec le contexte juridique des débuts de la royauté. Les sources évoquent cependant cinq démarches qui auraient eu officiellement pour objectif d’établir un traité de paix, et les récits de onze autres contacts font référence à un foedus83 ! Nous avons souligné les contradictions de Tite-Live sur ce point, notamment au sujet du traité conclu sous le règne de Tullus84, mais c’est, en vérité, l’ensemble des références à des foedera qui ne peut être attesté. L’établissement de relations sanctionnées par un acte juridique aussi précis qu’un foedus, avec les voisins de Rome (Sabins, Latins, Étrusques ou Èques85) est peu crédible – ce qui n’exclut pas l’existence d’accords ou de conventions moins formelles.
- 86 AD 0015 et 0023.
- 87 D. H., 3, 41, 5 ; M. Humbert, Municipium, p. 184.
- 88 D. H., 4, 58, 2 ; AD 0049. M. HumKbert, Municipium, p. 86-87.
- 89 D. H., 3, 66, 3 ; AD 0041.
35Si on ne peut préciser la forme juridique des accords, on peut tenter d’évaluer, en revanche, leur impact sur les relations postérieures des cités ou peuples concernés avec Rome. Les échanges, au cours desquels le vocable foedus est utilisé – peut-être abusivement –, ont eu, provisoirement, sans doute, un effet positif en contribuant d’une certaine façon à stabiliser les relations entre Rome et ces voisins. Les conventions, alliances ou traités conclus par les rois latins paraissent avoir été suivis d’effets pour trois d’entre eux, tandis qu’avec Albe et les Latins, ils eurent un impact très provisoire86. De plus, la mission auprès des Volsques d’Écétra, à la fin du règne d’Ancus, est suspecte. Leur soumission ne fut définitive qu’en 338, alors que le traité d’Ancus semble évoquer une soumission quasi définitive87. Les accords des rois étrusques paraissent avoir été plus pérennes, notamment avec Gabies dont le traité va servir de modèle au foedus Cassianum88. Les acquis diplomatiques des rois étrusques n’ont probablement pas été tous définitifs, mais l’absence de conflits postérieurs suppose que certains engagements ont été respectés, durant quelques années, au moins. Le traité de Tarquin l’Ancien avec les Sabins semble ainsi avoir débouché sur une paix réelle89, mais l’annalistique a peut-être surévalué la portée des acquis de la diplomatie royale.
- 90 Pour Tite-Live, seule Collatie fait sa deditio ; tandis que pour Denys, Crustumérie et Nomentum en (...)
- 91 AD 0048, D.H., 4, 52, 2.
- 92 Liv., 2, 19, 2.
- 93 M. Humbert, Municipium, p. 177-178.
36Les premières procédures de deditiones ont-elles été plus efficaces et surtout définitives ? Les cités de Crustumérie, Nomentum et Collatie se soumettent en envoyant à Tarquin l’Ancien des délégations, présentées par Denys et Tite-Live en termes différents90. Tarquin le Superbe aurait, pour sa part, reçu la soumission des Sabins dans des conditions qui apparentent la démarche à une procédure de deditio, mais le terme romain convenu n’est pas présent puisque Denys est seul à en témoigner91. Les trois deditiones du règne de Tarquin l’Ancien ont pu avoir des prolongements positifs au moins durant la période royale, puisque ces cités n’ont plus avec les rois de Rome aucun autre contact diplomatique – ce sont, avec Cures, les seuls actes uniques de la période royale. Avec Crustumérie, aucun conflit postérieur n’est évoqué jusqu’à la prise de la cité en 499, dans des conditions non précisées par Tite-Live92. Nomentum ne réapparaît dans les sources qu’au moment de la guerre latine, en 338, lors de son intégration dans la civitas romana93 et aucune autre information n’est fournie concernant Collatie. Ces trois deditiones semblent donc avoir établi des formes de relations plus stables que les traités dont les engagements ne furent généralement respectés que fort peu de temps.
- 94 « προ καλουµενος τους ανδρας εις φιλιαν » D. H., 3, 50, 4 ; AD 0032.
- 95 Voir notre article Mélanges M. Clavel-Lévêque.
- 96 App., Ib., 32. La cité se donne peu après à Scipion lui-même.
37Enfin, les conditions de l’échec de la démarche de Tarquin auprès de Corniculum méritent quelques commentaires. Après le succès des deditiones des trois premières cités, Tarquin I fait le siège de la cité, mais avant le début des hostilités, il « invite les habitants à entrer dans l’amitié de Rome94 ». Les habitants ayant refusé, la cité est prise d’assaut. Bien que cette proposition ne soit pas exactement l’équivalent d’une deditio, elle a en commun avec cette procédure de tenter une dernière conciliation avant l’assaut final. Proposer d’entrer dans l’amitié de Rome à une cité encerclée, est assurément plus proche d’une simple demande de soumission que d’une négociation. En revanche, la proposition étant faite par l’assaillant, son rejet signifie, qu’aux yeux des assiégés, le rapport des forces n’était pas définitivement établi. De fait, les deditiones sont, en toute logique, demandées par le déditice lui-même et les exemples de demandes formulées par l’assaillant sont fort rares95. L’exemple historique suivant concerne Scipion mandatant, en 206, Silanus solliciter la soumission de Castulon (ou Castax), chez les Turdetans – une demande également rejetée96. Aux deux derniers siècles de la République, les rares exemples de deditiones demandées par des magistrats (qui d’ailleurs ne sont pas consuls) ont toutes été des échecs.
38L’échec de Tarquin auprès de Corniculum a peut-être instauré un mode de fonctionnement de ces sortes de soumissions, assimilables à des deditiones : c’est à celui qui subit la pression de Rome de reconnaître son infériorité en proposant sa deditio. La tentative de Tarquin l’Ancien illustre clairement la distinction primitive entre soumission et capitulation : son offre avait pour fonction d’éviter la prise d’assaut, dans des conditions non précisées ici, mais le demandeur offrait nécessairement quelque compensation. Bien que celui-ci s’estime en position de force, il offrait ainsi une négociation rudimentaire et verrouillée – mais une forme de négociation tout de même. Néanmoins, la rudesse des rapports entre les cités de l’Italie centrale à l’époque archaïque imposait probablement une diplomatie plus manichéenne : paix et guerre s’opposaient dans une relation simplifiée ne laissant que fort peu de place à d’autres formes de règlements des conflits. Il faut attendre le ive siècle (et surtout le iiie siècle) pour que les procédures de soumission évoluent vers des formes d’assujettissement partiellement négociées, se démarquant plus nettement encore d’une capitulation.
Notes
1 Voir le paragraphe « Paix et négociations », l’hypothèse formulée sur l’objectif de cette ambassade (infra p. 94).
2 D. H., 3, 23, 1. AD 0017. Voir supra p. 58.
3 Au iie siècle, Persée fait encore référence (Liv., 42, 6, 8) à la nécessité de renouveler les traités lors du changement de souverain.
4 P.-M. Martin, op. cit., p. 167.
5 Voir supra p. 61, les innovations de Numa.
6 Voir infra p. 140.
7 Comparer avec le tableau XX p. 143.
8 Au ve siècle, les ambassades chargées du ravitaillement sont fréquentes (voir infra p. 144-147).
9 D. H., 3, 32, 6. AD 0019.
10 Les origines de la plèbe, p. 193.
11 Les demandes de renforcement démographique postérieures sont celles des colonies romaines désirant obtenir l’envoi de nouveaux colons qui n’ont pas été retenues dans notre inventaire.
12 Liv., 1, 9, 1. AD 0001.
13 L’héritage indo-européen à Rome, Paris, 1949, p. 127-137 et plus récemment, Mariages indo-européens, Paris, 1979, p. 115-118. B. Liou-Gille, Une lecture religieuse…, p. 29-38.
14 J. Poucet, Les origines de Rome, 1985, p. 283.
15 Plut., Rom., 14, 1. Plutarque ne précise pas les noms de ces auteurs.
16 AD 0009.
17 P.-M. Martin, i, p. 25-26.
18 P.-M. Martin a démontré l’existence de ces associations pour tous les rois, à l’exception de Tullus Hostilius (i, p. 57-67 et le tableau p. 62).
19 E. Païs, Storia critica, ii, p. 76 sq. ; E. Gjerstad, Legends and Facts, p. 42 ; J. Gagé, Les Femmes de Numa, Mélanges Boyancé, p. 296 ; P.-M. Martin, i, p. 59. Contra J. Poucet, Légende sabine, p. 154.
20 « Ils (Romulus et Tatius) réunissent en un seul les deux États, mettent la royauté en commun, transportent le siège du pouvoir à Rome qui se trouve ainsi doublé » Liv., 1, 13, 4-5 (AD 0003).
21 Liv., 1, 14, 1-3 ; AD 0004 et 0005.
22 G. Dumézil, Mythe et épopée, 1, 271 et suivantes ; P.-M. Martin, i, p. 59-60.
23 D.H., 4, 59 ; AD 0053.
24 Liv., 1, 55, 6.
25 Plut., Publ., 14, 1.
26 A. Sommella Mura, La decorazione architettonica del tempio arcaico, P. P., 1977, p. 62-128 ; F. Coarelli, Guide archéologique de Rome, Paris, 1994, p. 38.
27 AD 0054. G. Daux, Delphes, p. 584, n. 1. Les références aux autres sources figurent dans la liste des actes royaux.
28 G. Dumézil, La religion romaine archaïque, Paris, 1966, p. 429. J. Gagé, La chute des Tarquins… p. 49 utilise le même terme de « légende ».
29 Ainsi P.-M. Martin, sans rejeter l’hypothèse d’une mission, ne prend pas fermement position en sa faveur. De même B. Liou-Gille, Une lecture religieuse, p. 412-417, qui souligne toutefois le contexte favorable à un tel contact.
30 P.-M. Martin, op. cit., p. 282. Liv., 1, 56, 5 et D. H., 4, 69, 2. M. Pallottino, Histoire de la première Italie, p. 89.
31 Cic., De Rep., 2, 44.
32 Cic., De Rep., 2, 44 ; Val. Max., 7, 3, 2.
33 D. H., 4, 69, 2-4 ; Liv., 1, 56, 5-12.
34 Voir les références à l’acte 2004.
35 Voir page précédente et A. Alföldi, Early Rome, p. 341.
36 P.-M. Martin, i, p. 284-285.
37 M. Gras, Trafics tyrrhéniens, p. 583 et suivantes. J. Gagé, La chute des Tarquins et les débuts de la République romaine, Paris, 1976, p. 49. C. Ampolo, Analogie e rapporti fra Atene e Roma arcaica, P.P., 1971, p. 443-457.
38 C. Ampolo, ibid., p. 454.
39 Op. cit., p. 282.
40 Religion romaine archaïque, p. 434.
41 20 % pendant la période royale, 17 % des actes du ve siècle mais seulement 2 à 5 % des échanges des derniers siècles républicains.
42 P.-M. Martin a recensé les actions militaires et les conquêtes royales (p. 150-151).
43 Voir p. 87, l’enchaînement des guerres menées par Romulus.
44 P.-M. Martin, op. cit., p. 122-133.
45 Voir notre article « Les Fétiaux, un collège religieux au service du droit sacré international ou dela politique extérieure romaine ? » Mélanges p. Lévêque, t. vi, p. 1-16.
46 Cic., De Rep., 2, 31.
47 Plut., Rom., 16, 2 ; AD 0002.
48 Plut., Rom., 25, 3 ; AD 0007.
49 Plut., Rom., 16, 2.
50 Liv., 1, 22, 4 ; AD 0012.
51 D.H., 3, 57, 1-2 ; AD 0036. Sur la trêve (AD 0021), voir p. 94, les négociations.
52 Liv., 1, 22, 7.
53 Liv., 1, 23, 4.
54 Liv., 1, 10, 2. Sur toutes ces opérations, Liv., 1, 10-11.
55 La double ambassade nos 0012 et 0013 (voir l’index des actes diplomatiques).
56 B. Liou-Gille, Les rois de Rome et la ligue latine, Latomus, 1997, p. 729-764.
57 D.H., 3, 34, 1-3 ; AD 0022.
58 Liv., 1, 30, 4.
59 AD 0022, D.H., 3, 34, 1.
60 Liv., 1, 31, 6.
61 Liv., 1, 32, 2.
62 Liv., 1, 32, 12 (AD 0024).
63 AD 0024 et 0025. Liv., 1, 32, 13-14.
64 Voir la liste de ces interventions établie par P.-M. Martin, op. cit., p. 180.
65 AD 0047, D.H., 4, 50, 2.
66 Liv., 1, 57, 1.
67 D.H., 4, 31, 1.
68 Sur ces difficultés sémantiques, voir la première partie, p. 25 et suivantes.
69 AD 0008 et 0027.
70 Voir l’index des actes aux nos 0038 et 0039.
71 Ce sont les AD 0011, 0027, 0044.
72 Voir la liste des actes en fin de volume (AD 0045C1 et 0046D1 et D2).
73 Les actes 0006 et 0014C2.
74 Il faudrait y ajouter les cinq traités associés à des trêves ou des conclusions d’amitiés (voir le paragraphe précédent), mais les proportions n’en seraient pas modifiées.
75 Liv., 1, 14, 1-3. AD 0004 et 0005.
76 D.H., 2, 51-53. Voir supra le début de ce chapitre.
77 Liv., ibid.
78 Respectivement Liv., 1, 19, 1 (AD 0011), D.H., 3, 51, 1 (AD 0033) et pour les deux derniers D.H., 4, 45, Liv., 1, 45, 2 (AD 0044 et 0045C2). Sur la question de l’appellation des composantes de Ligue Latine, voir supra p. 43 et les articles de B. Liou-Gille.
79 A. Alföldi, Early Rome, p. 123, 131, 288 et 296.
80 « Veientes pacem petitum oratores Romam mittunt » Liv., 1, 15, 5 (AD 0008).
81 « in pace concordiaque », Cic., De Rep., 2, 14, 27.
82 Cic., De Rep., 2, 7, 13.
83 Voir les références dans la liste en fin de partie.
84 Voir supra p. 63.
85 Le détail figure dans l’encadré ci-dessus et la liste des actes royaux.
86 AD 0015 et 0023.
87 D. H., 3, 41, 5 ; M. Humbert, Municipium, p. 184.
88 D. H., 4, 58, 2 ; AD 0049. M. HumKbert, Municipium, p. 86-87.
89 D. H., 3, 66, 3 ; AD 0041.
90 Pour Tite-Live, seule Collatie fait sa deditio ; tandis que pour Denys, Crustumérie et Nomentum envoient des délégations (voir les références des AD 0028, 0029, 0031 dans la liste des échanges royaux).
91 AD 0048, D.H., 4, 52, 2.
92 Liv., 2, 19, 2.
93 M. Humbert, Municipium, p. 177-178.
94 « προ καλουµενος τους ανδρας εις φιλιαν » D. H., 3, 50, 4 ; AD 0032.
95 Voir notre article Mélanges M. Clavel-Lévêque.
96 App., Ib., 32. La cité se donne peu après à Scipion lui-même.
Table des illustrations
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Titre | Tableau V. – Les objectifs de la diplomatie royale. |
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Titre | Tableau VI. – La diplomatie royale liée à la guerre. |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/7166/img-2.png |
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Titre | Tableau VII. – Les négociations des rois. |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/7166/img-3.png |
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Titre | Tableau VIII. – La diversité des paix des rois. |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/7166/img-4.png |
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