Version classiqueVersion mobile

Les écoles de dessin au xviiie siècle

 | 
Agnès Lahalle

Chapitre VII. Les élèves des écoles de dessin

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

1Par la formation et le recrutement de la plupart de leurs professeurs, par les contenus et les méthodes de leur enseignement, les écoles gratuites de dessin se rapprochent plus du modèle académique que de celui des métiers. L’artiste semble prendre le pas sur l’artisan. Pourtant toutes les écoles affichent la finalité d’un enseignement utile, destiné aux professionnels pour lesquels le dessin est utile, artistes certes mais aussi artisans et ouvriers. Qui donc fréquente ces écoles ? S’agissant des élèves, la question concerne d’abord leur origine géographique et sociale ainsi que leur âge. L’analyse des règlements, ensuite, permet de connaître les obligations auxquelles la fréquentation de l’école les soumet et dont ils tirent des avantages d’ordre personnel et professionnel.

L’élève-type

  • 1 AM Lille, fonds Gentil, carton 8, Élèves de l’École d’architecture, 9 avril 1760.
  • 2 AM Orléans, BB Registre des délibérations du Conseil municipal (1786-1789).
  • 3 AD Pyrénées Atlantiques, C 1341, École de dessin.
  • 4 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Poitiers) et Affiches du Poitou (1773-1789).

2S’interroger sur les caractéristiques des élèves d’une école de dessin pose un problème de sources. S’il est relativement aisé d’étudier les « maîtres de dessin », il est plus difficile de connaître les élèves, sauf s’ils sont devenus des artistes renommés. Les registres des écoles ne présentent souvent qu’une liste d’inscrits, sans autres références que des noms et prénoms : ceux de l’école d’architecture de Lille, qui appartient à l’Académie des Arts de la ville, indiquent cependant les professions et les âges de soixante-six élèves1. Les comptes des villes eux ne mentionnent que la minorité d’élèves financièrement aidés par la municipalité (Orléans2) ou les États (Pau3). Les palmarès de distribution des prix sont parfois plus complets quant à l’origine et à l’âge des élèves, mais restent toutefois partiels, en raison du faible nombre de lauréats par rapport à l’ensemble des élèves qui fréquentent les écoles : ceux de Poitiers donnent une idée de l’étendue des genres étudiés dans l’École royale académique de la ville et de la diversité de ses élèves4.

  • 5 ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin, Registre des inscriptions et admissions (...)
  • 6 Michel Vangheluwe, « Les élèves », dans L’Académie de Peinture et de sculpture à Valenciennes au x (...)
  • 7 Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’a (...)
  • 8 AM Grenoble, GG 241, dans Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794), Peintre dauphinois, (...)

3La source la plus complète concerne les écoliers fondés de Paris. Les registres des fondations et les lettres adressées par des fondateurs au directeur Bachelier, pour recommander tel ou tel élève, ou par des parents qui souhaitent obtenir les avantages d’une fondation pour leur enfant, présentent les nom, prénom, âge des fondés ; parfois la profession du père ou du tuteur ; et l’origine géographique. Cependant toutes ces rubriques ne sont pas systématiquement remplies. Sur l’ensemble de ces documents, seuls ont été retenus ceux qui donnaient des renseignements autres que les seuls nom et prénom, soit un total de trois cent trente-huit élèves5. Complété par des recensements locaux6 et les travaux universitaires de Jean-Pierre Guillaumont sur l’école de Dijon7 et Marianne Clerc sur celle de Grenoble8, l’étude de ces sources permet d’ébaucher un profil-type d’élève autour de trois questions : l’âge, l’origine familiale et l’origine géographique.

L’âge des élèves

  • 9 ANF AJ/53/167, École royale gratuite de dessin, Organisation de l’école, Administration (1767-1876 (...)

4L’étude des élèves fondés à l’École royale de dessin de Paris est facilitée par l’importance du nombre de ceux qui fréquentent l’école, capable, selon son directeur Jean-Jacques Bachelier, d’accueillir près de mille cinq cents élèves par semaine : registres des élèves et correspondance adressée au directeur constituent donc une source essentielle pour connaître les élèves de l’école, ainsi que la motivation des fondateurs pour y inscrire leurs protégés. Il est cependant difficile d’évaluer la part que représentent les fondés par rapport à l’ensemble des élèves parisiens. Elle est sans doute minoritaire, sachant que le nombre de fondateurs est de quatre cent quarante en 1785. Or, même si un fondateur peut aider plusieurs élèves (comme le libraire Panckoucke qui en finance dix), le nombre de fondés doit représenter le tiers des mille cinq cents élèves qui fréquentent l’école, d’autant qu’une fondation peut être attribuée à un seul élève pour les six ans que durent les leçons de l’école. Reste à savoir si l’effectif de mille cinq cents élèves avancé par Bachelier a bien été atteint. Les seuls fondés ne semblent donc pas tout à fait représentatifs quant à l’origine sociale des élèves qui fréquentent l’école, puisque ce sont généralement ceux qui disposent de moindres ressources financières : tous les élèves « reçoivent l’instruction gratuite, mais l’École ne leur fournit que des originaux pour travailler pendant les heures de l’étude » alors qu’à un fondé sont fournis « crayons et instruments nécessaires pour travailler dans les classes et originaux pour étudier chez lui9 ». En revanche, les fondés sont significatifs de la moyenne d’âge de l’ensemble des élèves, moyenne voisine de celle que l’on peut rencontrer dans des écoles de province.

5Sur deux cent dix-neuf élèves fondés pour lesquels l’âge est précisé, 60 % ont entre 10 et 13 ans, ce qui correspond à l’âge « vuide » que mentionne Ferrand de Monthelon, lorsqu’il évoque les trois âges de l’enfance. Quand on y adjoint les élèves de 14 ans, on obtient plus de 70 % du corpus étudié, avec un âge moyen de douze ans.

Graphique 4 : Âge des élèves fondés de l’École royale gratuite de dessin de Paris

Graphique 4 : Âge des élèves fondés de l’École royale gratuite de dessin de Paris

À Paris, un élève peut être admis dès 8 ans
Sources : ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris, Élèves fondés entre 1780 et 1794.

  • 10 ANF 0/1/1933/B(2), École royale gratuite de dessin, Tableau des Élèves de l’École royale académiqu (...)
  • 11 AD. Pyrénées Atlantiques, C 1341, École de dessin, Note des Élèves de l’Académie de Dessin pour le (...)
  • 12 Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794)…, op. cit., p. 162.

6La liste des élèves qui remportent les prix à l’École royale académique de Poitiers en 1785 indique que plus de la majorité des dix-sept élèves (= 59 %) ont quinze (= 35 %) et seize ans (= 24 %)10. Les dix-sept élèves primés ont entre douze et vingt ans. La liste des lauréats de 1781 comporte les noms de huit élèves dont l’âge est compris entre douze et seize ans. L’école de Poitiers accueille jusqu’à une centaine d’élèves par an. La différence des moyennes entre Paris et Poitiers s’explique par le type même des listes étudiées : à Paris les âges relevés sont ceux d’élèves qui commencent les leçons à l’école, alors qu’à Poitiers les lauréats ont déjà une, voire plusieurs années d’étude derrière eux. La moyenne d’âge des vingt-six élèves qui fréquentent l’Académie de Valenciennes en 1786 est de seize ans et demi, mais sans doute certains d’entre eux étaient-ils inscrits dès l’ouverture de l’école trois ans plut tôt. Les douze élèves instruits gratuitement à l’école de Pau en 1787 ont entre 8 et 18 ans, avec une moyenne d’âge de 13 ans11. De son côté, Marianne Clerc analyse la situation de près de trois cent quatre-vingts élèves de Grenoble entre 1763 et 1790. Elle établit à seize ans la moyenne d’âge des élèves qui fréquentent l’école de Grenoble avant 1777, et à quatorze ans après cette date. Cette différence de moyenne tient à deux raisons : d’une part la diminution des élèves militaires plus âgés, par déménagement des aspirants officiers à Valence ; en outre, comme d’autres écoles de dessin à cette date, celle de Grenoble devient entièrement gratuite et le nombre d’élèves artisans, plus jeunes, s’accroît12. L’école de Grenoble reçoit un maximum de cinquante élèves par an : le plus jeune a 7 ans, le plus âgé en a 30. Dans tous les cas, l’élève « type » d’une école de dessin est un garçon, âgé de douze à quatorze ans.

  • 13 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant règlements pour l’École royale gratuite de dessin dans (...)
  • 14 Mercure de France, avril 1750 ; « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing (...)
  • 15 ANF 0/1/1927, Règlement pour les Élèves…, op. cit.
  • 16 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la ville de Strasbourg concernant l’é (...)
  • 17 Règlement de MM. Les Élus généraux des États du duché de Bourgogne concernant les Élèves de l’Écol (...)
  • 18 Règlement pour l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, fait par les Vicomte-Mayeur Lie (...)
  • 19 Ibidem, article X.
  • 20 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Observations de Jean-Baptiste Pierre sur le r (...)
  • 21 AM Valenciennes, GG 121, Lettre du Magistrat au comte d’Angiviller, janvier 1785.

7Cet âge moyen s’explique par celui auquel un élève peut être inscrit à l’école. Les règlements qui le stipulent le situent généralement entre huit et dix ans. À Saint-Quentin, « les ouvriers, les Enfants des Artisans et leurs Apprentis seront admis indistinctement dans ladite École, pourvu qu’ils soient âgés de huit ans accomplis13 ». Même limite à Beauvais14, Paris15 ou Strasbourg16. Les élèves de Dijon doivent être « de dix ans accomplis, prouvé(s) par un extrait baptistère17 ». Les « au moins douze ans commencés18 » exigés à Besançon correspondent à l’âge où le garçon est autorisé à suivre les leçons du peintre Wyrsch ou du sculpteur Luc Breton, inaccessibles sans avoir eu « les premiers principes de dessin19 » que le professeur-adjoint est chargé de donner. Cette précision place vers dix ans l’admission possible de l’enfant à l’école. Les élèves des écoles gratuites de dessin sont plus jeunes que ceux des écoles associées d’architecture ou de mathématiques : à Lille, les élèves ne peuvent s’inscrire en architecture qu’après suivi les leçons de l’école de dessin ; ils ont en moyenne 17 ans et demi. Les élèves des écoles de dessin sont également plus jeunes que ceux de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui propose un enseignement « supérieur ». Jean-Baptiste Pierre son directeur conteste d’ailleurs un enseignement trop précoce du dessin : « Un enfant de sept ans ne comprend guère ce qu’un Professeur de dessin peut expliquer. Et l’exécution exige une tranquillité, qui est incompatible avec l’âge dans lequel la nature occupée de son développement, est toujours en action20. » Il estime à dix, et mieux encore douze ans, l’âge « le plus convenable ». Ce à quoi le magistrat de Valenciennes répond que « l’âge de sept ans ne donne ordinairement pas beaucoup de conception mais il permet l’habitude du craïon21 ». Les autorités municipales de Valenciennes s’appuient sur les exemples de Paris et de Saint-Quentin, toutes deux Écoles royales, pour justifier l’autorisation de leçons dès 7 ans révolus.

8L’âge minimum requis correspond donc à celui de l’entrée en apprentissage dans les métiers corporés ou chez un maître libre. La durée des enseignements proposés à l’école de dessin étant d’environ six ans, un élève peut y suivre les leçons, parallèlement à son apprentissage, comme le demandent en particulier les magistrats des villes du Nord. Il s’agit bien là d’un complément de la formation aux métiers. En revanche aucune limite d’âge supérieure n’existe : ainsi Charles Caullet a trente ans quand il fréquente la nouvelle école de dessin de Douai dont il devient ensuite le professeur.

9Le second point qui caractérise l’élève-type d’une école gratuite de dessin est son origine familiale.

Origine socio-professionnelle des élèves

10Il est difficile de discerner, dans les listes d’élèves, ce qui relève du métier des parents ou tuteurs – parfois mentionné par les fondateurs de Paris – de ce qui précise la profession choisie par l’élève, pour laquelle il suit les leçons de l’école et qui se trouve confirmée lors de la remise des prix. La rubrique concernant le choix du métier (tableau 20, p. 251) est surtout renseignée pour les écoles de Dijon et Grenoble, plus rarement pour celle de Paris. L’étude des différentes listes permet cependant de grouper ces deux types d’indications. Les rubriques des tableaux et graphiques ci-dessous, fondées en partie sur le travail de Marianne Clerc pour Grenoble, sont suffisamment larges pour associer origine familiale (rarement indiquée) et choix des élèves : l’enfant reconduit le plus souvent le métier du père et, s’il s’en écarte, reste dans un métier de la même « catégorie », en particulier de l’échoppe ou de l’atelier s’il en est issu.

  • 22 ANF AJ/53/135, Admission des élèves fondés.

11La situation de l’école parisienne est particulière puisque seuls sont étudiés les élèves fondés. Si la rubrique relative à l’appartenance professionnelle des pères, mères ou tuteurs des élèves est détaillée pour les écoles de Dijon et Grenoble, ce n’est pas le cas pour Paris : le nom et l’âge de l’élève paraissent bien régulièrement, mais le métier des parents est plus rarement noté. La caution du fondateur suffit souvent pour inscrire l’élève, sans obligation pour le représentant légal d’en faire la démarche et donc de préciser sa profession. Il arrive aussi que le fondateur désigne un élève déjà inscrit à l’école ou qui y a remporté un prix, sans qu’il soit alors jugé utile d’en rappeler les coordonnées. Le curé de Saint-Germain l’Auxerrois demande ainsi à fonder Jacques Louis Constant Le Cerf, âgé de quatorze ans, et « déjà commençant à l’École » où il a fait des progrès22. Enfin étudier l’origine familiale des élèves par le biais des registres de fondations donne une vision partielle, puisque seuls les élèves financièrement aidés par des bienfaiteurs sont pris en compte : cela explique en particulier l’absence de renseignements en rubrique 1 relative aux « parlementaires et titulaires d’office ». En revanche, s’agissant d’élèves recommandés par une élite sociale, la rubrique 7 (« gens du fondateur ») est spécifique à Paris. Malgré ces réserves, il est possible de présenter quelques conclusions.

12Dans les trois écoles étudiées dans le tableau 20, une grande partie des élèves appartient aux métiers (rubrique 3), avec un total de 52 % à Dijon, 49 % à Paris et 35 % à Grenoble : menuisiers, tapissiers, maçons, mais aussi orfèvres, taillandiers, serruriers, tourneurs, bourreliers ou tailleurs par exemple. Le pourcentage parisien peut paraître cependant faussé, en raison de l’importance des « gens du fondateur » (35 % des élèves) : filleul du chef d’office de Mademoiselle ; fils de jardinier, comme celui de Charles-Nicolas Cochin, du duc de Brissac, du prince de Condé, du garde des sceaux ou de la reine. Le prince de Condé fonde également le fils du concierge de la Société Militaire de Paris, alors que le duc d’Orléans aide le fils de la nourrice de Mgr le duc de Valois : le jeune fondé, déjà élève de l’école, se voit donc pourvu des fournitures nécessaires aux leçons. Plus rarement se trouvent, parmi les élèves fondés de Paris, des enfants de familles moins modestes comme le fils d’un ingénieur géographe, celui d’un libraire ou encore d’un « bourgeois de Paris » (rubrique 6). Cependant l’essentiel des élèves étudiés vient du monde de l’artisanat. Cette constante est confirmée à Valenciennes : sur les vingt-six élèves inscrits en 1784, dix-huit sont issus d’une famille du commerce et de l’artisanat ; pour deux autres le père est ouvrier, les cinq autres étant fils de négociants ou de médecin.

Tableau 20 : Appartenance socio-professionnelle des élèves de l’école de Grenoble entre 1763 et 1790.

131 : parlementaires, titulaires d’office – 2 : militaires – 3 : commerçants et artisans – 4 : artistes et métiers de la décoration – 5 : Ponts et Chaussées, architectes, géomètres, géographe – 6 : divers (bourgeois, professions libérales, étudiants, ecclésiastiques) –

Source et référence : AM Grenoble, GG 241-242, Registre de l’école de dessin, dans Marianne Clerc, Jacques-André Treillard, (1712-1794), Peintre dauphinois, thèse en histoire de l’art, sous la direction de Marie-Félicie Pérez, Université de Lyon II, 1992, annexe 39.

Graphiques 5 et 6 : Répartition des élèves de Dijon et de Paris selon leur appartenance socio-professionnelle

14Pour Dijon et Paris, les premières rubriques sont identiques à celles proposées par Marianne Clerc pour Grenoble. La septième, spécifique à Paris, regroupe les garçons attachés au service du fondateur.

151 : parlementaires, titulaires d’office – 2 : militaires – 3 : commerçants et artisans –4 : artistes et métiers de la décoration – 5 : ingénieurs, architectes, géomètres, géographe –6 : divers (bourgeois, professions libérales, étudiants, ecclésiastiques) – 7 : gens du fondateur (Paris).

Source et référence : Pour Dijon, Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’art, sous la direction d’Albert Chatelet, Université de Strasbourg, 1994, p. 98-102 – Pour Paris, ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris, Élèves fondés, entre 1780 et 1794.

  • 23 ANF AJ/53/135, École royale gratuite de dessin, op. cit., Lettre de M. de Sareux, commandant du dé (...)
  • 24 ANF 0/1/1933/B(2), Académies et écoles de province, « Mémoire sur les Règlements de l’École Royale (...)
  • 25 AD Côte d’Or, C 3219, fol. 118, dans Marcelle Impériali, « François Devosge, créateur de l’École d (...)
  • 26 Ibid.
  • 27 Ibid.

16D’autres élèves appartiennent à l’armée (colonne 2 du tableau 20). Ainsi en est-il à Paris d’un dénommé « de Lestrière, grenadier du régiment des gardes françaises23 ». À Poitiers, François Aujollest-Pagès, l’entreprenant directeur de l’École royale académique de la ville, est également professeur de l’École gratuite militaire, classe ouverte « en faveur de MM. Les Officiers et Cadets Gentilshommes en garnison à Poitiers et à tous MM. Gentilshommes se destinant au Service relativement au Dessein24 ». En 1780, il y enseigne à onze sous-lieutenants et cadets du régiment de Neustrie, dix du régiment du Médoc et quatre « gentilshommes qui se destinent au service ». Ces derniers sont tous originaires de Poitiers, âgés de treize à quinze ans. Enfin les écoles de province, même si elles sont « destinées aux ouvriers et familles peu aisées25 », accueillent également quelques fils de notables, affichant ainsi un double objectif : « La formation professionnelle pour les gens de métier et le perfectionnement des qualités techniques des artistes26. » En 1768, l’école de Dijon par exemple accueille des enfants d’armuriers, serruriers, entrepreneurs, plâtriers, tailleurs de pierre, fondeurs et ébénistes mais aussi de marchands et d’officiers d’office. Et parmi les « notables » dijonnais qui envoient leurs enfants à l’école de dessin se trouvent des conseillers, avocats et médecins. Le fils de l’intendant Amelot de Chaillou, âgé de douze ans, y est également élève27. À Poitiers, le fils du procureur du roi et présidial, et petit-fils du procureur général du conseil supérieur, fréquente l’École royale académique de la ville en 1774. La catégorie « artistes » (rubrique 4) est nulle à Paris qui ne possède pas de classe artistique, contrairement à Grenoble (10,2 % d’artistes) et surtout Dijon (le quart des élèves).

  • 28 ANF Collection Deloynes, pièce 1823, Jean-Jacques Bachelier, « Détails sur l’origine et l’administ (...)
  • 29 AD Pas-de-Calais, série C, pièce 6, Mémoire pour l’Académie naissante de dessein, peinture et scul (...)
  • 30 ANF 0/1/1933/A (2), Académies et écoles de province, Bayonne, Pierre Laglaire, « Réflexions sur l’ (...)
  • 31 Charles Engrand, « Critiques, projets et réalisations pédagogiques de Jacques Sellier, architecte (...)

17Les élèves des écoles de dessin sont donc d’origine sociale diversifiée, diversité probablement plus importante encore dans les écoles académiques et académies destinées autant aux artisans qu’aux amateurs d’art et futurs artistes ; aux fortunés comme aux plus pauvres. Jean-Jacques Bachelier précise d’ailleurs qu’il n’est fait aucune différence dans l’enseignement et les diplômes acquis entre les élèves, qu’ils soient ou non fondés28. La liberté d’accès et la gratuité des écoles attirent, comme sans doute l’utilité et l’intérêt des leçons qui y sont données. L’accès aux écoles gratuites de dessin est cependant limité par le nombre d’élèves que l’école peut matériellement accueillir : ainsi la classe des premiers principes de Besançon n’en reçoit-elle que trente, en raison de l’exiguïté de la salle. Ce sont alors les administrateurs qui choisissent parmi les candidats. Il y a donc « mélange social », comme le laisse entendre le professeur de Saint-Omer : « L’Académie réunit dans ses écoles des personnes de tous les états et des ouvriers de toutes les classes29. » L’initiateur de l’école de Bayonne ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que « le riche comme le pauvre gagneront à l’établissement de cette académie ; celui-ci par l’espoir de devenir habile et de s’attirer l’applaudissement de ses concitoyens ; et celui-là par l’agrément de pouvoir faire exécuter avantageusement tous les ouvrages qu’il voudrait, et celui d’éclairer, de conduire l’ouvrier et diriger même souvent l’artiste sur son talent30 ». Inévitable dans les écoles de dessin où la répartition des élèves ne repose que sur le choix du genre : figure, bosse, ornement, etc. et la destination du métier, ce « mélange » est moins systématique dans certaines écoles académiques et académies où les règlements dissocient les classes. À Poitiers par exemple « les ouvriers » sont distingués de « l’École du modèle » ouverte aux élèves au talent reconnu et de « l’École gratuite de Dessin » : les leçons ont lieu à des jours et des horaires différents, avec leçons en semaine pour les « écoliers », et leçons pratiques le dimanche pour les ouvriers. C’est encore plus vrai à Toulouse, la seule Académie royale de province : au-dessus des quatre écoles de dessin se trouvent les classes spéciales de peinture, de sculpture et d’architecture, accessibles sur la recommandation d’un académicien, et socialement plus sélectives. Et même dans une simple école, il semble que cette « osmose » sociale ne soit pas toujours aussi évidente, comme le montrerait l’exemple de l’École des Arts d’Amiens étudiée par Charles Engrand. Selon le directeur-professeur d’Amiens, Jacques Sellier, « les enfants de clercs de procureurs restent hésitants à (la) fréquenter de crainte de se mêler aux fils de paysans et d’artisans » et ceux des négociants le sont sans doute davantage, fidèles à une formation classique qui les mène du collège à des activités dans la maison familiale et à l’étranger31.

Origine géographique des élèves

18Le troisième critère de caractérisation d’un élève d’école gratuite de dessin relève de son origine géographique, étudiée en particulier pour les trois écoles de Paris, Dijon et Grenoble. La plupart des élèves de l’École royale gratuite de dessin de Paris (86 %) viennent de la ville même, puis de la proche région (Versailles, Choisy le Roy, Longchamp, etc. 6 %). Les autres, généralement plus âgés, sans doute à l’école royale pour parfaire une formation professionnelle amorcée en province, se recrutent plus largement vers l’ouest (Normandie), l’est (Alsace, Franche-Comté) et le centre-est (Bourgogne). Le grand sud, tout comme le nord ne sont pas représentés, probablement en raison de l’importance des écoles de dessin de ces régions (Bordeaux, Toulouse, et Lyon ; Lille et les écoles de Flandre), tout comme la Bretagne, dotée de quatre écoles avant 1789.

Graphique 7 : Origine géographique des élèves de l’École royale gratuite de dessin de Paris (1770-1789)

Graphique 7 : Origine géographique des élèves de l’École royale gratuite de dessin de Paris (1770-1789)

Source : ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris.

  • 32 Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon…, op. cit., p. 98.

19Un constat similaire peut être dressé pour les élèves de l’école de Dijon, à partir de l’étude de cent cinquante-trois élèves. Prenant appui sur une division administrative ultérieure issue de la Révolution, Jean-Pierre Guillaumont indique que « les élèves viennent de vingt-huit départements français différents et de six pays européens […] avec une majorité originaire de Dijon, puis de la province de Bourgogne32 ». L’importance des élèves originaires de localités situées à plus de 400 kilomètres de Dijon s’explique par le nombre de ceux qui, plus âgés que la moyenne, fréquentent les classes artistiques de l’école dijonnaise. Parmi eux se trouvent en particulier 7 % d’étrangers. À Grenoble, 80 % des élèves viennent de la ville même.

Graphique 8 : Origine géographique des élèves de l’école de Dijon

Graphique 8 : Origine géographique des élèves de l’école de Dijon

Source et référence : AD Côte d’Or, série C, Registre des Délibérations des Élus Généraux de Bourgogne, dans Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’art, sous la direction d’Albert Chatelet. Université de Strasbourg, 1994, p. 98-102.

20Les élèves sont donc majoritairement issus de la ville puis de la province de l’école. Ceux qui viennent de régions plus éloignées sont souvent les plus âgés, désireux de parfaire une formation déjà reçue chez un maître de métier. Cela est plus fréquent encore lorsque l’école provinciale propose également, comme à Dijon, un enseignement artistique, avec classe du modèle vivant et possibilité d’obtenir un prix pour étudier à Rome.

Et les filles ?

  • 33 Mercure de France, septembre 1758, p. 179.
  • 34 Règlement intérieur, article II du chapitre II, dans Edmond de Saint-Raymond, « L’Académie royale (...)
  • 35 BM Bordeaux, fonds patrimoniaux, H 5155/1.7, Arrangements particuliers faits par l’Académie Royale (...)
  • 36 Jean-Jacques Bachelier, Mémoire sur l’éducation des filles, Paris, imprimerie royale, 1789, p. 20.
  • 37 Ibidem, p. 15.
  • 38 Ibid., p. 18.
  • 39 AM Annecy, 1R12, fol. 5, Procès verbal du Conseil général provisoire de la commune d’Annecy, séanc (...)

21Les écoles gratuites de dessin ne s’adressent qu’aux garçons. Lorsque le nom de filles apparaît dans les palmarès des concours annuels, ce n’est que dans les classes artistiques où s’enseignent les « arts d’agrément ». À Rouen par exemple, le prix d’après nature, décerné en 1758, est remporté par Marie-Catherine Descamps, fille du directeur et professeur de l’école académique de la ville33. Il semble cependant qu’à Toulouse, elles soient également admises dans les autres classes dont elles peuvent aussi remporter les prix, à condition toutefois d’être accompagnées d’une « femme chaperon34 ». Le règlement de l’Académie précise en outre que les femmes ne sont pas admises dans la classe du modèle vivant mais peuvent suivre les leçons d’un professeur, pendant un an (article III)35. Et, si l’une d’elles obtient le prix de quinze livres d’après l’estampe ou de soixante livres pour l’architecture, « ces prix sont prélevés sur les fonds de réserve de l’Académie, afin de ne pas diminuer le nombre des petits prix ordinaires affectés aux jeunes garçons Élèves de l’école » (article IV). Cette pratique reste exceptionnelle. Partout ailleurs, les filles ne paraissent pas dans les écoles. Des projets sont pourtant proposés, demandant que les apprenties et ouvrières bénéficient également d’une formation au dessin, aussi utile pour elles que pour les garçons, et que n’assurent pas toujours les maîtres chez lesquels elles sont placées. Jean-Jacques Bachelier en particulier propose l’établissement d’un institut pouvant accueillir deux cents filles qui, aux frais de la nation, pourraient y « acquérir les connaissances utiles relatives aux différentes professions qu’elles pourraient embrasser, c’est-à-dire celles de tous les travaux qui ont les arts pour objet et dont le dessin est la base36 » et où elles apprendraient l’écriture, l’orthographe, les langues française et étrangères, la géométrie et le dessin dans tous les genres, la musique vocale. Il leur faudrait surtout travailler « l’ornement qui est la base des ouvrages de la plupart des manufactures, telles celles de beaucoup d’étoffes, des toiles peintes, papier pour meubles, porcelaines, faïences, etc.37 ». Les mêmes arguments avancés pour la justification des écoles gratuites de dessin sont présentés : faire œuvre de bienfaisance en permettant d’éviter l’ignorance et le désœuvrement qui entraînent la débauche ; former des sujets utiles à la société et à l’économie. S’y ajoutent des raisons plus spécifiques, liées au rôle social des femmes : l’instruction et la formation reçues les rendraient en effet « plus capables d’élever leurs enfants ou de former ceux que l’on pourrait leur confier ; elles seraient aussi plus dignes de s’unir à des artistes dont elles deviendraient en même temps les émules et les compagnes38 ». Le projet n’aboutit pas. Les écoles gratuites de dessin sont réservées aux garçons. Seule, celle d’Annecy offre la possibilité aux filles d’en suivre les leçons. Sa date officielle de création (1793), en pleine époque d’égalité civile, explique sans doute cette exception : « Le dit Gavaudan s’obligera d’enseigner gratuitement le Dessein et toutes ses parties […] à tous les Élèves de l’un et l’autre Sexe qui seront admis39. »

22La grande majorité des élèves qui fréquentent les écoles de dessin sont donc des adolescents de 12 à 14 ans, issus du milieu des métiers (arts mécaniques) et originaires de la ville où se situe l’école. En suivre les leçons les engage à respecter les règlements de l’établissement.

Être élève d’une école gratuite de dessin

23Tout élève d’une institution scolaire est soumis à des obligations qui relèvent de l’administration (s’inscrire), de la discipline (respect des locaux et des personnes) et du travail, et que rappellent les règlements des écoles.

Les modalités d’inscription dans une école

  • 40 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, (...)
  • 41 AM Lille, carton 103, Affiche par le Magistrat, lue et publiée le 6 février 1755.
  • 42 Ibid., Annonce des cours, 1762.

24Pour suivre des leçons d’une école gratuite de dessin, il faut, en premier lieu, s’y inscrire. Accueillir et inscrire les élèves relèvent de la fonction des commissaires ou du directeur de l’école, souvent professeur lui-même, sous la responsabilité du bureau administratif. Ainsi à l’école des élèves externes de Beauvais, les futurs élèves se font-ils inscrire « dans le Registre ouvert pour cet effet en ladite Manufacture par ledit Peintre et Professeur du Roi40 ». Chaque année s’effectue d’abord l’annonce de l’ouverture ou de la reprise des leçons, par affichage public ou voie de presse. Sont alors précisés : la date du début des leçons, les horaires, le lieu, le matériel nécessaire aux leçons, les conditions d’inscription. L’affiche lue et publiée par le magistrat de Lille en 1755 indique que les leçons de l’école récemment fondée débuteront « le 17 février dans l’ancien hôpital militaire, rue des Malades41 ». Le même procédé est reconduit chaque année : « Le Sr Guéret commencera un cours de Dessein où toutes les parties du corps humain seront développées […]. Ensuite toutes les parties du dessein relatives aux Manufactures, Arts et Métiers qui peuvent y avoir rapport, suivant ce qui est amplement expliqué dans un prospectus. Ses leçons seront données dans la Salle de l’École publique rue des Recollets, les lundi, mardi, mercredi et jeudi chaque semaine. S’inscrire chez Guéret, rue du Molinel42. » Pour suivre les leçons d’une école de dessin, les élèves doivent remplir quatre conditions, définies dans les règlements : l’âge (vu précédemment) ; la présentation de l’élève par l’adulte qui a autorité sur lui ; la moralité ; et un minimum de connaissances.

  • 43 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766, Article V.
  • 44 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’ét (...)
  • 45 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, (...)
  • 46 Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’Éco (...)
  • 47 ANF 0/1/1933/B (2), Poitiers, Règlement arrêté par l’École royale Académique de Peinture, Sculptur (...)
  • 48 Règlement arrêté par l’Académie Royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Bordeaux, Bordeau (...)
  • 49 AM Bordeaux, Ms 1234, dans Robert Mesuret, « Jean-Jacques Leupold (1725-1795) », Revue historique (...)

25Signe d’une plus grande ouverture des écoles et contrairement à ce qui se passe à l’Académie royale de peinture et sculpture ou dans les classes artistiques supérieures des académies provinciales, l’admission dans une école de dessin ne s’effectue pas sur recommandation d’un académicien. Il faut seulement être « présenté aux commissaires par ses Parents, Tuteurs, Curateurs, Maîtres ou autres dans la puissance desquels il pourrait être, pour répondre de sa conduite et de son exactitude à fréquenter43 ». Même exigence à Cambrai, Valenciennes, Douai, ou Strasbourg où « nul enfant ne sera admis qu’il ne soit présenté aux maîtres par ses parents, son tuteur, maître de pension ou quelqu’autre personne comme chargée à cet effet de commission44 ». Ce sont les responsables de l’enfant, fils ou apprenti, qui se chargent de l’inscrire : « Les Maîtres pourront présenter Leurs garçons, compagnons Et apprentis, et Les Maîtres de pension Leurs pensionnaires En répondant de leur bonne Conduite45. » À Dijon, « les jeunes gens qui désireront être admis comme Élèves à cette École, se feront présenter par leurs parents ou leurs maîtres, chez M. Devosge, directeur de ladite École, pour être inscrits sur le registre d’admission par nom, surnom, demeure et âge46 ». Cette non recommandation académique est une nouveauté au xviiie siècle. Elle place la formation professionnelle dans laquelle le dessin tient un rôle essentiel dans un processus non sélectif, renforcé lui-même par la gratuité voulue par les initiateurs des écoles. Le dessin « et autres arts analogues » sortent des sphères académiques, corporatives ou privées, pour devenir accessibles à tous ceux qui se destinent à un métier de l’art, de quelque nature qu’il soit. Cela n’exclut pas toutefois un enseignement plus artistique, pour les élèves qui montrent des dispositions particulières ou pour des amateurs qui fréquentent les écoles académiques et académies, lesquelles proposent également la classe du modèle vivant. Dans ce cas, la procédure en vigueur à l’Académie royale de Paris a cours. Rares sont en effet les écoles académiques où l’accès à la classe du modèle est possible pour tous les élèves : si certains d’entre eux en sont jugés capables, les professeurs en exercice leur délivrent alors un certificat47. À Bordeaux par exemple, « quand un Élève voudra prendre des leçons et étudier dans les Écoles de l’Académie, il demandera au Concierge un billet que l’Élève fera signer par tel Académicien qu’il jugera à propos ; ce billet ainsi signé, sera remis au Concierge, qui inscrira sur un Catalogue le nom, et de l’Élève et de l’Académicien qui l’aura présenté48 ». En revanche la classe des commençants, sous responsabilité de la municipalité, est libre d’accès, dans les mêmes conditions que dans les autres écoles de dessin, ce que rappelle l’un de ses professeurs : « Je me suis fait une loi dont je (ne) m’écarte jamais de recevoir tous ceux qui se présentent gratuitement, et sans autre recomendation49. »

  • 50 AM Orléans, BB 11, Registre des délibérations, 23 juin 1787.
  • 51 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg…, op. cit., art (...)
  • 52 Ibidem, article VI. La même formule est reprise mot pour mot dans le règlement de Valenciennes (AM (...)

26Dans le cas d’écoles en partie financées par des souscripteurs ou des fondateurs, les donateurs peuvent se substituer aux parents, tuteur ou maître et désigner directement un élève ou le proposer aux administrateurs de l’école. Cela est particulièrement vrai lorsque le corps municipal se réserve le droit de désigner des élèves, comme à Orléans où la ville finance cinq écoliers. Ainsi « sur l’avis que la compagnie a eu que le sieur Veillard, nommé à l’école de dessein le 15 mai 1786 avait été obligé de renoncer à sa place par des arrangements de la famille, il a été délibéré de donner sa place à Charles Robiner, âgé de douze ans, qui leur a paru avoir des dispositions pour le dessein50 ». À Strasbourg, « l’on y admettra non seulement les enfants de la ville ainsi que les étrangers […] mais aussi les orphelins et enfants trouvés dont Messieurs les Directeurs de ces deux fondations voudront bien faire choix51 ». Places réservées donc, qui indiquent de façon significative la relation entre école de dessin et bienfaisance. Quant aux élèves majeurs, c’est-à-dire « libres d’aucune puissance, et (qui n’ont) aucune profession qui les assujettisse à autrui, (ils) devront se munir d’un Certificat de vie et de mœurs, et être présentés par des gens connus52 ». Il s’agit là moins d’une demande relative à la capacité du postulant qu’à sa moralité, critère indispensable pour être admis à l’école.

  • 53 Règlement pour l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, fait par les Vicomte-Mayeur Lie (...)
  • 54 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, (...)

27La seconde obligation à remplir pour pouvoir étudier dans des écoles de dessin est en effet fondée sur l’assurance que le candidat suit une vie honnête, conforme à la morale sociale et chrétienne. Ce critère rappelle une des finalités mises en avant lors de la création des écoles : il s’agit de lutter contre les mauvais penchants d’une jeunesse que l’oisiveté conduit à la débauche et à la violence. Pourtant si les leçons à l’école de dessin occupent une partie du temps de l’adolescent et lui évitent donc de paresser, elles ne permettent sans doute pas de mieux l’éduquer puisque, pour être accepté, il doit déjà l’être. À Besançon, « tous les citoyens et habitants de la ville […], ainsi que ceux de la province, qui se présenteront pour élèves de l’Académie, y seront reçus sans frais aucuns, en justifiant pour eux de leurs bonnes vies et mœurs53 ». Et à Châtellerault « tous ceux qui voudront être admis à l’école de dessein, d’architecture et autres s’adresseront à M. Goutière Échevin pour obtenir De Lui un Billet d’admission qu’il signera, après que Le présentant lui aura certifié par personnes connues, et dignes de foy, ou par certificats de ses vices, mœurs et Conduite54 ». À cette disposition de recrutement répondent les différents articles inscrits dans les règlements, relatifs à la discipline à observer dans les écoles. La nécessité de moralité et d’ordre, régulièrement mise en avant, s’explique d’autant plus que les élèves auxquels s’adressent les leçons sont souvent de jeunes adolescents.

  • 55 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg…, op. cit., art (...)

28La dernière condition pour entrer comme élève dans une école de dessin concerne le degré d’instruction. Tout élève doit en effet savoir lire et écrire. À Strasbourg, l’obligation est poussée au point de vérifier si les futurs élèves ont les connaissances et la maturité suffisantes pour suivre les leçons : « Il ne sera reçu aucun enfant au-dessous de huit ans accomplis et qui ne sache lire et écrire. Il sera même avant sa réception examiné et questionné par les instructeurs, afin que de ses réponses il puisse être jugé, s’il a déjà la conception assez bonne pour tirer profit des leçons qui lui seront données55. » Le degré d’alphabétisation rappelle que les écoles de dessin s’adressent à une catégorie de métiers pour lesquels la maîtrise de l’écrit est essentielle. Nul doute également que l’aisance du graphisme aide à l’apprentissage du dessin : manière de tenir le crayon, de contrôler le geste de la main, d’utiliser l’espace de la feuille.

  • 56 ANF AJ/53/46, École royale gratuite de dessin, op. cit.
  • 57 Le répertoire des fondations de l’année 1787 indique ainsi que 21 fondations sont abandonnées à la (...)
  • 58 ANF AJ/53/1, École royale gratuite de dessin, Arrêté du Comité de l’École, 7 août 1784. L’arrêté f (...)
  • 59 Ibid.
  • 60 À partir de 1776, l’École royale gratuite de dessin est installée dans l’amphithéâtre de l’ancienn (...)
  • 61 ANF AJ/53/1, École royale gratuite de dessin, Arrêtés du Comité de l’École, 7 août 1784.
  • 62 Ibid. Le projet d’accueillir également des filles n’aboutit pas, faute, semble-t-il, de financemen (...)

29Si cette exigence est régulièrement notée dans les règlements des écoles de dessin, il se rencontre cependant des exemples – très rares – d’élèves ne sachant signer leur engagement à suivre les leçons avec assiduité. Il s’agit de cinq enfants de l’hospice du faubourg du Roule à Paris, âgés de neuf à douze ans et recommandés par le curé de la paroisse. Ils paraissent sur les registres de l’école de Bachelier entre 1786 et 1792. À la même période, un dénommé Louis Maréchal, âgé de dix ans et demeurant chez son bienfaiteur rue de l’îsle Saint-Louis à Paris, est noté « ne sait signer » : il entre à l’école en mars 179156. Les difficultés économiques des années 1780 sont en effet indirectement rappelées dans les demandes d’aide adressées à l’école de Bachelier57. En août 1784, le bureau de l’École royale de Paris projette même de créer une autre école « pour les ouvriers du faubourg Saint-Antoine […] nombreux et privés de l’instruction du dessin qui leur est pourtant de première nécessité58 ». Le comité rappelle que les ouvriers du faubourg sont « presque tous ébénistes, tapissiers, menuisiers en meubles, sculpteurs, modeleurs, fondeurs ». Les administrateurs souhaitent « établir une classe dans une des salles des Enfants trouvés59 » qui puisse accueillir cinquante à soixante élèves. Puisque la plupart sont destinés aux arts mécaniques, les enfants trouvés pourraient ainsi profiter de la classe une ou deux heures par jour, sans avoir besoin de se rendre jusqu’à l’actuelle école de dessin60 et sans attenter à leur règlement puisqu’ils seraient placés « sous la surveillance des personnes chargées de les surveiller pendant leurs études61 ». Le Comité demande qu’un arrêt du Conseil étende au faubourg les lettres patentes de 1776, ce qui est accepté l’année suivante. Il faut cependant attendre 1787 pour que la nouvelle école puisse fonctionner dans l’hôtel d’Aligre, propriété de l’hôpital62. Deux ans ont en effet été nécessaires pour d’une part obtenir du lieutenant de police l’autorisation d’expulser le locataire de l’hôtel d’Aligre, d’autre part signer un bail emphytéotique qui autorise l’école à s’installer, contre un loyer de six cents livres et la réalisation de quelques travaux, en particulier la suppression de la vue directe que les élèves externes peuvent avoir sur l’hôpital.

30L’inscription dans une école de dessin engage alors les élèves à un certain nombre d’obligations que précisent les règlements.

Les devoirs et obligations des élèves

  • 63 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École Royale gratuite de Dessin dans (...)
  • 64 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la Polic (...)

31L’étude des règlements des écoles gratuites de dessin permet de constater les similitudes existant entre les différents établissements, quant aux devoirs et obligations des élèves, en matière de discipline générale, dans et aux alentours de l’école, et d’attitude à observer durant les leçons. Les différences relevées concernent davantage la place tenue dans les textes par chaque item et les sanctions encourues en cas de transgression. L’importance du respect des règlements est partout attestée par l’obligation de les lire à chaque début d’année scolaire et de les afficher dans les salles de classe. Ainsi en est-il à Saint-Quentin : « Ordonne Sa Majesté que le présent Règlement sera affiché dans ladite Ville de Saint-Quentin, et notamment dans la Salle d’Étude de ladite École, et aux principales portes des Églises, et que ladite affiche sera renouvellée chaque année, à ce que personne n’en ignore63. » Même demande à Orléans : « Le présent Règlement et tous ceux qui y seront ajoutés par la suite, seront lus chaque année à l’ouverture de l’École, et affichés dans les salles, à ce que nul n’en prétende cause d’ignorance64. »

  • 65 Ibid.
  • 66 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit.

32Les différents articles des règlements d’école se partagent entre discipline et pédagogie, en proportion variable selon les établissements. Celui de l’École académique d’Orléans comprend seize articles : trois sur les horaires et le calendrier annuel (articles I à III) ; un sur la fonction du concierge (article XV) ; trois sur la pédagogie (articles IV, VII et XII) ; et huit sur la discipline intérieure (articles V, VI, VIII à XI, XIII et XIV), le seizième stipulant l’obligation d’affichage du dit règlement65. Les vingt-quatre articles du règlement de Saint-Quentin portent également sur l’organisation administrative et l’horaire de l’école ainsi que sur les conditions d’inscription (sept articles), la pédagogie (neuf articles), l’application du texte (un article) et la discipline (sept articles)66. À Dijon, l’importance donnée aux prix annuels (seize articles à eux seuls) éclipse les questions de discipline (onze articles, y compris ceux relatifs à l’attitude durant les leçons). Le bon comportement des élèves reste cependant une préoccupation essentielle des administrateurs des écoles, d’une part parce qu’il garantit l’ordre – scolaire mais aussi social –, d’autre part parce qu’il reflète l’éducation morale qu’ils souhaitent assurer auprès des enfants et adolescents qui leur sont confiés. La surveillance exercée porte à la fois sur la discipline générale, le respect des locaux et du matériel de l’école et celui à l’égard des personnes. À chaque manquement correspondent des sanctions, modulées selon l’importance de l’infraction, et variables d’un établissement à l’autre, le tout sous l’autorité du bureau administratif représenté par un commissaire délégué.

  • 67 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, préambul (...)
  • 68 Ibid.
  • 69 « Règlement pour l’École gratuite de dessin fondée par les États de Bretagne », dans André Lesort, (...)

33La discipline est la première préoccupation des administrateurs des écoles gratuites de dessin. En effet, « il est assez ordinaire, surtout parmi le commun du peuple, d’abandonner les enfants à leur conduite et caprices, d’où il arrive que naturellement inclinés à des amusements frivoles, ils consomment dans l’ignorance et la fainéantise des premières années qui se passent pour eux en pure perte67 ». En conséquence la fréquentation de l’école, en plus de « leur inculquer de bonne heure des connaissances et des idées68 », permet aussi de parfaire leur éducation, en leur évitant l’oisiveté. Tous les règlements étudiés rappellent la nécessaire discipline que les élèves se doivent d’observer, pour leur propre bien et celui de leurs condisciples, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’école, et que résume celui des écoles bretonnes : « Chacun apportera la plus grande attention à observer en tous points l’ordre, la décence et le respect dû au lieu, à l’étude et au maître69. »

  • 70 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de ge (...)
  • 71 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 72 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la polic (...)
  • 73 Règlement arrêté par l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Bordeaux, article (...)
  • 74 AD Isère, D3, Lettre de J.-J. Bachelier à M. Fontaine, secrétaire du duc d’Orléans, le 15 janvier (...)
  • 75 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article VIII.

34Nombre d’articles concernent donc d’abord ce qui relève de la décence, définie dans l’Encyclopédie comme étant « la conformité des actions extérieures avec les loix, les coutumes, les usages, l’esprit, les moeurs, la religion, le point d’honneur et les préjugés de la société dont on est membre70 ». Les autorités de Cambrai enjoignent « très expressément aux écoliers qui fréquenteront ladite école, de s’y comporter avec toute la décence et la modestie convenable, de suivre en tout point ce qui leur sera prescrit par les commissaires ou le professeur71 ». La décence touche autant l’apparence vestimentaire que l’honnêteté des propos tenus. Les élèves admis à l’école doivent en effet toujours « s’y présenter décemment vêtus72 » et faire montre de modestie dans le vêtement, poussée à l’extrême à Bordeaux où « ils n’y entreront qu’en habit décent, en conséquence ils ne pourront s’y tenir en veste ou en bonnet, et ceux à qui leurs facultés ne permettront d’y venir qu’en sabots, seront obligés de les quitter à la porte73 ». Bachelier conseille de « n’admettre jamais la crapule, les haillons, ny les sabots, on ne ferait qu’une école de charité où l’honnête homme rougirait d’envoïer son enfant. Écartez-en toutes les maladies dangereuses, les écrouelles, les humeurs froides, la galle, la teigne, l’épileptie et même les marques de la petite vérole trop récente74 ». Si les sabots sont souvent sales, boueux ou bruyants dans une salle, ils sont surtout la marque d’une condition sociale subalterne ; leur interdiction rappelle bien la disparité des origines sociales des élèves, dont font aussi partie des enfants et adolescents peu fortunés. À Saint-Quentin, le bureau de l’école le comprend qui ne demande aux élèves que de « se présenter avec décence et propreté suivant leurs facultés75 ».

  • 76 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 77 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la polic (...)
  • 78 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, (...)
  • 79 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée dans les (...)
  • 80 AM Grenoble, GG 240, Règlement qui sera observé dans l’École publique de Dessein établie à Grenobl (...)
  • 81 Chez les artisans, seuls les maîtres bronziers sont autorisés à porter l’épée.

35À cette décence vestimentaire se rattache également l’interdiction générale d’entrer dans l’école avec canne et épée ou bâton. Tous les règlements le précisent, sous des formulations voisines : « Aucun élève ne sera reçu dans l’académie avec épée ou canne76 » ; « nul ne pourra entrer, sous quelque prétexte que ce soit, avec canne ni épée, à peine d’exclusion77 » ; « les Élèves n’apporteront pas dans la classe de Cannes, Batons ny Baguettes78. » Même interdiction à Reims où chacun des élèves « pourra les déposer dans l’endroit qui lui sera indiqué, et paiera cinq sols pour la garde de l’épée, arme, canne ou bâton qu’il aura déposé79 », tandis qu’à Grenoble c’est le portier qui est chargé de les conserver le temps de la leçon80. Si l’épée est la marque de la noblesse81, également autorisée à l’Académie royale de peinture et de sculpture et dans les académies de province (noblesse de l’art), la canne et le bâton renvoient aux marques symboliques de reconnaissance des compagnons. L’interdiction des uns comme de l’autre est-elle une mesure d’uniformisation sociale ; ou simplement destinée à éviter toute violence ?

  • 82 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, (...)
  • 83 Bordeaux, Règlement arrêté par l’académie royale de peinture…, op. cit., article XII.

36La décence s’applique également aux propos tenus à l’intérieur de l’école, qui ne doivent être ni mauvais ni de discours trop libres. À Châtellerault, « tous les élèves qui jureront, diront des paroles Malhonnêtes ou contre les Bonnes Mœurs, même Parleront de choses Étrangères à L’instruction seront Repris par le Professeur La première fois et En cas de Récidive, il pourra Les chasser après en avoir prévenu dans Le jour M. Le Maire82 ». La même sanction est envisagée à Bordeaux où « les Élèves ne pourront traiter aucun sujet contraire à la religion, aux lois, à l’État ou à la décence, à peine d’exclusion83 ».

  • 84 Cambrai, Règlement de l’école de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 85 AM Valenciennes, GG 121, Statuts et règlements de l’Académie de peinture et de sculpture de la vil (...)
  • 86 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le B (...)
  • 87 « Règlement pour l’École gratuite de dessin fondée par les États de Bretagne », op. cit.

37Enfin, et sans doute par désir de ne pas ternir le renom de l’école, tout en rassurant une population inquiète du comportement d’adolescents souvent turbulents, les administrateurs des écoles prévoient également la conduite des élèves en dehors de l’école. La volonté de contrôle est probablement renforcée par le fait que ces mêmes administrateurs sont en grande partie membres du corps municipal, également chargés du maintien de l’ordre public : « Défendons aux élèves de courir ou crier en entrant ou en sortant de l’école, ni même dans la place aux environs de l’hôtel de ville84. » Car « si en entrant ou en sortant de l’Académie les Élèves causaient quelque trouble aux voisins ou aux passants, sur la plainte qui en serait portée, il nous en sera rendu compte pour y pourvoir, ainsi qu’il appartiendra85 ». Formule identique en Bretagne ou à Paris, ce qui laisse supposer un règlement-type dont s’inspirent les administrateurs des différentes écoles. En revanche, la sanction encourue varie d’une ville à l’autre, assez mal définie en fait puisque laissée à l’appréciation des responsables de l’école, à Valenciennes et à Paris où « il en serait rendu compte à M. le Lieutenant de Police86 », alors qu’en Bretagne les fautifs sont exclus de l’école : « Sur la plainte qui en serait portée, l’École leur serait interdite pour un an, et dans le cas de récidive, l’exclusion serait perpétuelle87. »

  • 88 Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’Éco (...)
  • 89 Saint-Quentin, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XI.
  • 90 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 91 AM Valenciennes, GG 121, Statuts et règlements de l’Académie de peinture…, op. cit., titre Élèves, (...)
  • 92 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article X.
  • 93 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée…, op. ci (...)
  • 94 AD Pas de Calais, série C, Beaux-Arts, Correspondance générale des États d’Artois, liasse 1772, Rè (...)

38Le second volet relatif à la discipline dans les écoles de dessin concerne les locaux et leurs usagers, qu’ils soient administrateurs, maîtres, surveillants ou autres élèves. Nombreux sont les règlements qui insistent sur l’interdiction faite aux élèves de dégrader les murs et le mobilier, « d’écrire leurs noms et de crayonner sur les murs de la salle et de l’escalier, de les rayer et dégrader, sous peine d’être bannis pour six mois88 », « d’écrire et dessiner sur les murs de ladite Salle89 » ou « de couper tables, chaises avec leurs canifs ou couteau, à peine de punition exemplaire90 ». À Valenciennes s’ajoute celle « de manger dans la classe91 ». Cette dernière interdiction de consommer à l’intérieur de l’école est reprise dans d’autres règlements, comme à Saint-Quentin – « ni manger ni boire pendant ledit temps (de l’étude)92 » – ou à Reims – « il ne sera permis sous aucun prétexte aux Élèves de manger dans les Écoles : ceux de l’École de dessein seulement pourront apporter du pain pour l’usage du dessein93 ». Si le pain est autorisé durant la leçon, c’est uniquement à des fins pédagogiques, pour « effacer les faux coups de crayon94 ». À Saint-Omer, le pain, utilisé comme gomme, est fourni par l’école, financé par les douze sols demandés à l’entrée de l’école, complétés par cinq sols par mois. Ces sommes sont également destinées à payer les gages du balayeur.

  • 95 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, (...)
  • 96 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, (...)
  • 97 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Poitiers), Règlement arrêté par l’École Royal (...)
  • 98 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 99 Ibid. article XL.

39À l’égard des personnes, l’attitude des élèves concerne la déférence et le respect dus à l’ensemble de celles qui fréquentent l’établissement, ce que le règlement de Beauvais présente de façon assez générale comme les « manquements, suffisamment caractérisés, au bon ordre et à la décence de la dite École, jurements, propos scandaleux, défauts de soumission aux enseignements ou envers ceux qui seront chargés d’y présider, querelles, violences et voies de fait entre les Écoliers, et autres déportements semblables95 ». Le respect est d’abord dû au professeur : « Tous les élèves se comporteront dans la Classe avec décence Et Respect vis-à-vis du professeur, Lui parlant avec honnêteté et subordination96. » Puis à l’ensemble des autorités de l’école : à Poitiers, « les Élèves seront vis-à-vis de leurs Professeurs et des autres Officiers, dans les bornes de l’honnêteté et de la subordination, et se parleront mutuellement avec politesse97 », comme à Cambrai où « il est fait défense aux élèves de s’échapper au point de tenir des propos ou des discours indécents, soit contre les commissaires soit contre le professeur98 ». Les élèves doivent également se comporter poliment avec les personnels de l’école, autres que les maîtres et les administrateurs : « Ordonnons aux élèves d’obéir au garde des états sans murmurer ni l’invectiver en façon quelconque, pour tout ce qui pourra concerner les règlements, à péril de deux sols d’amende et d’être renvoyé de l’école en cas de récidive99. »

40L’ensemble de ces interdits impose aux administrateurs des écoles de prévoir une surveillance efficace des élèves et une hiérarchie de sanctions, en cas de manquement à la règle. Dans le cadre général de l’école, la surveillance est assurée par un personnel spécifiquement affecté à cette fonction, qui peut également intervenir durant les leçons lorsque le professeur ou l’adjoint ne suffisent pas à « contrôler » les nombreux élèves de la classe. Les règlements précisent alors ce que chacun des responsables – surveillants et maîtres – peut imposer comme sanction, modulée en fonction du délit constaté.

  • 100 Ibid. article XLIII.
  • 101 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, article (...)
  • 102 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766.

41Pour assurer la surveillance de l’école, les administrateurs, placés sous l’autorité de la ville ou, à Paris, du lieutenant général de police, disposent de deux possibilités : soit affecter à l’école un garde pour la durée des leçons, comme à Cambrai où « il se trouvera chaque jour de leçon un garde des états pour veiller au bon ordre, lequel sera aux ordres des commissaires, sans qu’il puisse s’en exempter sans leur permission100 » ; soit engager une personne au service de l’établissement. Dans ce cas, il s’agit souvent du concierge qui fait également office de surveillant, comme à Strasbourg où « le Magistrat constituera et salariera un concierge, qui fera exactement l’ouverture et la fermeture des portes, empêchera tout babil, désordre, carillon et indécence, à l’effet de quoi il restera dans la sale pendant toute la durée de l’école, tiendra cette sale toujours propre et bien aérée, la chauffera pendant l’hiver et s’acquittera des ordres et commissions qui lui seront données, soit par Messieurs les Inspecteurs en chef, soit par les instructeurs101 ». À Lille, « tous ceux qui seront trouvés contrevenants aux Articles cy dessus, seront chassés de la Classe par le concierge jusqu’au lendemain, pour la première fois. Et la seconde fois, le Concierge portera ses plaintes chez leurs Parents102 ». Cet article du règlement lillois indique la présence du concierge dans la classe, y compris durant les leçons du professeur. Ce dernier assure également la surveillance des élèves, mais seulement dans le cadre de la classe et le temps de la leçon dont il est responsable.

  • 103 Nouveau règlement de l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, 2 mai 1775, article IX, d (...)
  • 104 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 105 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766.
  • 106 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée dans les (...)
  • 107 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la polic (...)
  • 108 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XI
  • 109 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, article (...)
  • 110 Règlement pour l’Académie de peinture et de Sculpture de Besançon…op. cit., article XIII.
  • 111 AM Bordeaux, ms 1234, f° 407, dans R. Mesuret, « Jean-Jacques Leupold (1725-1795) », Revue d’Histo (...)
  • 112 Ibid.

42Qu’encourent les élèves en cas de désordre ? Les règlements prévoient une gamme progressive de sanctions : simple remontrance, comme le stipule le règlement de Besançon : si un élève ne se rend pas à l’école avec exactitude, « nous invitons les professeurs à le rappeler charitablement à ses devoirs103 ». La sanction peut aussi être une amende à verser à l’école : les élèves de Cambrai « responsables des dégradations, fractures de glaces et autres signes de pétulance et d’excès commis dans les écoles […] payeront tous chacun une amende par fracture et dégradation, à moins qu’ils ne nomment les auteurs des excès commis104 ». Ceux de Lille doivent acquitter « une amende de cinq sols, qu’ils mettront dans une Boëte destinée à cet usage aux profits des Pauvres. Et en deffaut de Payement, Ils seront Exclus de Leçons Jusqu’à ce qu’ils y aient satisfaits105 ». Une exclusion temporaire peut être décrétée « si un élève était indocile, manquait de respect à son Maître ou troublait l’ordre de l’école, le Professeur pourra le bannir pour un temps proportionné au délit, et il en fera part dans la semaine aux Directeurs106 ». Plus rares sont les cas d’exclusion perpétuelle, décidée en cas d’immoralité ou d’irrespect à l’égard des personnes : « Seront pareillement exclus, d’après le jugement du Comité, tous ceux qui se seront rendus coupables de quelque action contraire à la religion et à la probité ; Ceux qui refuseront ou négligeront d’une manière formelle d’obéir aux Règlements et aux Professeurs ; Ceux qui manqueront essentiellement à MM. Les Administrateurs et Professeurs107. » La dégradation du matériel peut aussi être cause de renvoi définitif : « Il est défendu auxdits Élèves de rien écrire ni dessiner sur les murs de ladite Salle ; et s’ils étaient convaincus de l’avoir fait, ils seraient réprimandés publiquement pour la première fois par le Professeur, et encas de récidive, ils seraient renvoyés de ladite École108. » L’indiscipline et la paresse enfin peuvent entraîner l’exclusion : « Les écoliers indociles, paresseux, turbulents, querelleurs ou qui, sans cause légitime feront de fréquentes absences seront renvoyés de l’école au cas que malgré toute admonition ils demeurent incorrigibles109. » La décision prise à l’encontre de l’élève coupable, quelle qu’elle soit, est toujours du ressort du bureau de l’école : « Les élèves auront pour les professeurs la déférence et les égards que leurs places exigent ; et s’il arrivait que quelques uns d’entre eux vinssent à manquer essentiellement, ou causassent dans les salles du trouble contraire au bon ordre qui doit être observé, lesdits professeurs en informeront M. le Maire, pour que, par le Bureau de direction, il soit ordonné ce qui se trouvera au cas appartenir110. » Rien de bien original dans les différentes mesures proposées contre le désordre d’élèves, même si les professeurs ne sont eux-mêmes pas toujours persuadés de leur efficacité. Comme dans toutes les écoles, le professeur de la classe des principes de Bordeaux applique la sanction : « Quand je vois à l’heure de la Classe des Élèves qui, au lieu d’étudier, s’amusent à jouer et à poliçonner dans la cour, je les reprens deux ou trois fois ; et s’ils sont incorrigibles, je prends le parti de les mettre dehors, jusqu’à ce que leurs parens se soyent présentés111. » Il déplore cependant le fait qu’un élève renvoyé peut toujours continuer de « jouer impunément et même de débaucher les autres. Ces mauvais sujets se gardent bien de rapporter à leurs parens ce qui leur est arrivé112 ».

43Être élève d’une école gratuite de dessin implique donc, comme pour tout autre établissement scolaire, une discipline qui – dans un souci d’éducation morale – repose sur l’ordre, la décence et le respect. Les élèves sont mineurs, confiés pour quelques heures par semaine par leurs parents, tuteurs ou maîtres, au soin de l’école. Il s’agit également d’assurer une meilleure efficacité aux leçons qui sont données.

L’obligation d’assiduité

  • 113 Dijon, Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves d (...)

44En effet, les règlements des écoles gratuites de dessin comportent également des articles relatifs à la pédagogie, en particulier au comportement des élèves durant les leçons hebdomadaires qu’ils suivent. Le progrès dans le genre étudié ne peut alors être obtenu que par le sérieux du travail et la présence régulière aux cours : « On exige des élèves une entière assiduité, pour qu’ils puissent profiter des avantages des leçons113. » Cette obligation est régulièrement rappelée, accompagnée de modalités concernant le contrôle des présences et la justification des absences. Sont également indiquées les mesures prises en cas de son non-respect.

  • 114 AD Isère, D3, Règlement qui sera observé dans l’École publique de Dessein établie à Grenoble, arti (...)
  • 115 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 116 Dijon, Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves d (...)
  • 117 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le B (...)
  • 118 « Lorsqu’un élève aura été absent plus de trois jours, il ne pourra rentrer dans les Écoles, s’il (...)

45Suivre une leçon, c’est d’abord s’y rendre à l’heure : « Les Étudiants ou Élèves auront soin de se rendre à la Sale à l’heure fixée, et ceux qui y viendront plus tard ne pourront exiger que la leçon ne soit recommencée, ni l’École prolongée en leur faveur114. » À Cambrai, « tous élèves et disciples seront tenus d’être entrés en classe, les jours y dessus indiqués pour la fréquentation, au plus tard un quart d’heure après l’heure sonnée, à peine d’être pris pour absens115 ». Toute absence doit être justifiée par « des certificats de leurs parents ou de leurs maîtres116 », sous peine d’être « rayés de la liste pour un mois d’absence sans cause légitime, et ils ne pourront s’excuser qu’en rapportant des certificats de leurs parents ou de leurs Maîtres117 ». Des formulations identiques se retrouvent dans l’ensemble des règlements118.

  • 119 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., art (...)
  • 120 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la polic (...)
  • 121 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le B (...)
  • 122 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XVI.

46Parce que les progrès dans l’art du dessin ne peuvent exister que si les élèves assistent régulièrement aux leçons, un système de contrôle des présences (sous la responsabilité du professeur) et d’information au responsable de l’élève (sous la responsabilité de l’administration) est mis en place. Les registres renseignés au moment de l’inscription permettent de connaître les élèves et d’en faire l’appel, afin de remettre « exactement tous les mois, aux commissaires, une liste des absens et de la quantité de fois qu’ils auront été absens, pour recevoir des ordres des commissaires à cet effet119 ». Plusieurs moyens sont utilisés : certificat d’assiduité remis le jour de l’entrée et renouvelé tous les quatre mois, pour les écoles de Bretagne ; appel fait par le concierge à Bordeaux puis compte rendu au bureau de l’académie ; certificat d’absence sans cause légitime, remis au responsable de l’enfant ; distribution de jetons à la couleur du jour. À Orléans, c’est par un tableau affiché dans l’école que l’administration peut vérifier la présence des élèves : « Il sera placé dans l’École, en lieu apparent, un Tableau de tous les Élèves, ayant à côté de chaque nom un Numéro et six chevilles mobiles. Ce tableau sera renfermé à clef sous un chassis à verre. Chaque jour, une demi-heure après l’ouverture de l’École, le Concierge d’icelle en fera la visite, prendra le compte des absens par le Numéro de leur place, et tirera une des chevilles de ce Numéro sur le Tableau ci-dessus décrit. Après quoi, il refermera le tableau et en remettra la clef au Directeur-Professeur qui, à la fin de chaque semaine, fera le relevé des absences et en rendra compte au Comité à la fin de chaque mois120. » À Paris est mis en place un système de jeton, fondé sur la caution versée à l’inscription de l’élève : « À la sortie, il sera remis aux Élèves un jeton portant le nom du jour, afin d’être pour les parents et pour les Maîtres une preuve de leur assiduité ; et pour en garantir la perte, ils consigneront douze sous, qui leur seront rendus lorsqu’ils quitteront l’École121. » Le principe des jetons est imité à Saint-Quentin : le professeur en donne un à chaque élève, à la fin de l’étude, à rapporter « audit professeur à l’Étude suivante, pour constater qu’ils se sont trouvés à l’Étude précédente. Lesdits jetons seront alternativement d’une couleur différente ; et pour répondre desdits Jetons, chaque Père, Mère ou Maître desdits Élèves sera tenu, lors de leur inscription chez le Secrétaire du Bureau d’Administration, de consigner entre les mains dudit Secrétaire une somme de trois livres, qui leur sera rendue lorsque lesdits Élèves cesseront d’aller à l’Étude et qu’ils se seront fait rayer sur le registre122 ».

  • 123 « Ceux qui se seront absentés trois fois sans excuse Légitime, Le professeur après avoir fait part (...)
  • 124 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, (...)
  • 125 « Nul Élève ne pourra s’absenter de la classe sans raison légitime ou sans permission, à péril d’a (...)

47Si l’absence n’est pas justifiée, l’élève a un avertissement puis, en cas de récidive, est rayé des registres de l’école123. Le renvoi est moralement justifié : un élève absent « sans empêchement légitime déclaré à temps (par) les parents » prend une place « qui pourra être occupée par un sujet appliqué124 ». L’élève peut aussi être exclu des concours125 et soumis à une amende. Ces dispositions correspondent à celles mises en place dans les établissements scolaires qui accueillent des adolescents. La particularité des écoles par rapport aux collèges tient davantage à la faible durée des leçons qui sont proposées et au plus grand « mélange » social des élèves.

48Être élève d’une école gratuite de dessin, c’est donc accepter un règlement qui éduque des adolescents placés « à égalité » devant des obligations de discipline et de travail. S’y inscrire, c’est également trouver des avantages que ne procure pas le seul apprentissage auprès d’un maître de métier.

Les avantages à fréquenter une école gratuite de dessin

49La fréquentation d’une école gratuite de dessin permet de compléter l’apprentissage chez un maître et, parfois, de se découvrir un talent pour les arts « supérieurs » que sont la peinture, la sculpture et l’architecture. Elle apporte également des privilèges, distincts d’un établissement à l’autre selon son statut, et qui peuvent concourir à la promotion sociale de l’élève.

Les privilèges accordés aux élèves

  • 126 Edmond Saint-Raymond, « L’Académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Toulouse », (...)
  • 127 M. de Bucelly d’Estrées, « Notice historique sur Maurice Quentin de Latour », Mémoires de la Socié (...)
  • 128 Le dessin toulousain de 1730 à 1800, Préface de Robert Mesuret, Musée Paul Dupuy, Toulouse, imprim (...)

50Les élèves des seules académies et écoles académiques forment une des classes constitutives de l’institution. Ils en font partie, au même titre que les académiciens et les artistes et associés. À Marseille, Bordeaux ou Toulouse, comme à Poitiers ou Orléans, ils bénéficient donc des mêmes privilèges. Ceux de Toulouse en particulier sont assimilés aux élèves des collèges royaux et obtiennent les mêmes exemptions « du tirage au sort pour la milice, de la garde et patrouille bourgeoise, du vingtième d’industrie des taxes et répartitions des corps de métier126 ». Les privilèges sont accordés jusqu’à ce que l’élève ait 20 ans et prolongés au-delà pour les lauréats des premiers prix. Les privilèges identiques sont acquis pour les élèves de Saint-Quentin « qui suivent les leçons et qui ont des médailles ; (ils) sont assimilés à ceux des collèges royaux et par ce fait seuls exempts de tirer à la milice127 ». Enfin, dans l’ordre des honneurs, les meilleurs élèves des académies de province qui se rendent à Paris peuvent entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture « par la porte des Médailles » : ainsi en est-il de François Jacquemin, fils d’un négociant toulousain, né en Lorraine vers 1760, et qui remporte le premier prix de peinture de Toulouse en 1787128.

Parfaire sa formation

  • 129 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’é (...)
  • 130 Marie-Catherine Massé, La collection de dessins du Musée des Beaux-Arts de Reims : une école de de (...)
  • 131 AM Lille, carton 103, Règlemens pour l’Académie des Arts, article X, 8 octobre 1766.
  • 132 BM Lille, fonds Lemaire, pièce 72, « Ordonnance des échevins de la ville de Douai », 16 janvier 17 (...)
  • 133 Ibid.
  • 134 Ibid.

51Suivre les leçons d’une école de dessin assure un complément de formation professionnelle. Aussi, convaincues de l’utilité des leçons proposées dans l’école de dessin de la ville, les autorités municipales fournissent-elles à chaque élève un certificat attestant de son travail et de sa conduite à l’école de dessin : « Ceux qui sortiront de l’école pour se mettre en apprentissage pourront, s’ils le jugent à propos, prendre un témoignage signé des instructeurs portant combien de tems ils ont fréquenté, quel est le genre de Travail auquel ils se sont le plus appliqué129. » D’autres incitent voire obligent les maîtres à inscrire et envoyer leurs apprentis à l’école : cette possibilité donnée aux artisans et ouvriers d’acquérir des connaissances théoriques complémentaires de la pratique suivie chez un maître est vue comme un avantage certain. À Reims, les apprentis de chaque métier doivent fréquenter l’école pendant au moins deux ans avant de pouvoir être admis à la maîtrise130. Même mesure à Lille : « Ordonnons aux Maîtres des différents corps d’Arts et Métiers de cette Ville, qui auront des apprentis qui prendront des leçons publiques, de les laisser suivre lesdites Leçons, et même de les y envoyer, sous telle peine qu’il appartiendra131. » Cependant cette obligation rencontre parfois une résistance chez les Maîtres qui « empêchent les jeunes Gens qu’ils ont chez eux, de fréquenter l’École gratuite du Dessein, sous prétexte que, suivant leurs Statuts ou les Règlements pour la Police de leur Corps, il serait ordonné à ceux qui se destineraient à s’y faire agréger, de faire un apprentissage pendant une ou plusieurs années chez les Maîtres132 ». Il s’agit en particulier des serruriers, charpentiers, maçons et jardiniers. Les échevins de Douai mettent alors en avant la perte de temps que représentent, pour beaucoup de jeunes, les années d’apprentissage qui « sont dégénérées en années d’oisiveté, dangereuses à la jeunesse. […] Les Maîtres eux-mêmes usant du prétexte d’ignorance chez les jeunes Apprentis, ne les employent qu’à faire des commissions, ce qui ne remplit nullement l’intention des parens ». Au contraire, l’école gratuite de dessin forme aux principes dont « dépend la perfection des Arts et Métiers ». En conséquence, les métiers sont contraints de laisser les apprentis qui le désirent de se rendre librement à l’école « aux heures et jours de leçon, sans qu’il (leur) soit loisible de s’y opposer, ou d’exiger le rétorage, pour récupérer le tems que les Élèves auraient employé à l’École du Dessein, sous telle peine que de droit133 ». La seule condition accordée aux maîtres est de pouvoir « s’assurer si leurs Apprentis fréquentent la dite école, par toutes les voies qu’ils trouveront convenir134 ». Ordre est donné de publier et d’afficher cette ordonnance par toute la ville. À Douai comme à Lille, le non-respect de cette obligation est sanctionné par une amende. Les écoles de dessin sont bien destinées aux arts mécaniques.

  • 135 ANF 0/1/1927 (1), Tableau des recettes de l’École royale gratuite de dessin.
  • 136 Lettres patentes du Roi, concernant l’École Royale gratuite de dessin, données à Versailles le 19 (...)
  • 137 AM Lille, carton 103, Règlements pour l’Académie des Arts, article XXVII, 8 octobre 1766.
  • 138 AM Lille, Lemaire 56, Calendrier pour l’année bissextile 1776, à la suite de Continuation de la Lo (...)
  • 139 AM Lille, 1152, liasse 13, Affiche du 2 avril 1783.
  • 140 « Nom des élèves de l’École royale gratuite de dessin qui ont remporté les grands prix, apprentiss (...)

52Un second avantage obtenu par les meilleurs élèves des écoles gratuites de dessin au regard des métiers est l’allègement des droits à payer pour être reçu maître, dans les villes à métiers jurés et corporés. À Paris, les « droits d’apprentissage et Maîtrises (sont) accordées par 47 Corps et Communautés135 » à l’école de dessin, mesure confirmée par les lettres patentes de 1776 qui stipulent « que toutes les maîtrises qui seraient acquises pour récompenser les élèves qui les auraient méritées dans les concours ne soient payées que sur le pied établi en faveur des fils de maîtres, pourvu toutefois que lesdits élèves ayent fait leur apprentissage dans les mêmes corps et communautés dont les maîtrises leur seraient conférées136 ». La décision d’accorder aux élèves qui remportent un premier prix l’exemption « des droits de réception dus aux Corps d’Arts et Métiers de cette Ville, dont ils voudront acquérir la Maîtrise137 » est reconduite lorsque le magistrat de Lille décide de transformer l’école de dessin en Académie des Arts par l’établissement d’une classe de modèle, que complètent les deux écoles d’architecture et de mathématiques. Sont ainsi affranchis « de la maîtrise et de tous les droits et devoirs y attachés les peintres sculpteurs et graveurs qui se distingueront le plus dans leur profession138 », y compris les associés à l’école académique ou l’académie. Cependant cette mesure ne s’applique pas sans quelque conflit avec la communauté des peintres. Celle-ci dénonce comme des « manœuvres destructrices des droits légitimes du Corps » le privilège de franchise accordé aux agrégés de l’Académie « pendant tout le temps de la composition d’un morceau de peinture (nécessaire) pour être admis à la réception139 ». Les élèves qui ont remporté un apprentissage ou une maîtrise à l’École royale de Paris, entre 1768 et 1788, sont essentiellement orfèvres, joailliers et bijoutiers (11), puis maçons (6), graveurs et ciseleurs (5), menuisiers (3), bourreliers et selliers (3) et serruriers (3). Les autres métiers ne sont représentés qu’une fois (tabletier, peintre, fourbisseur, arpenteur, charron, faïencier, sculpteur et éventailliste)140. Maîtrises acquises dans un art mécanique, lorsque l’école de dessin n’a pas de classe artistique (comme à Paris) ou dans la communauté des peintres, sculpteurs et imagiers de Saint-Luc (comme à Lille) : arts libéraux et arts mécaniques sont ici réunis.

53Un autre avantage dont peut bénéficier un élève est la possibilité d’obtenir une bourse pour parfaire sa formation artistique à l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris ou à celle de Rome. Destiné aux élèves reconnus pour leurs talents artistiques, l’aide financière octroyée pour un séjour parisien ou romain n’est proposée que dans les écoles à classes artistiques du modèle, complétées par des cours d’anatomie, et qui forment peintres et sculpteurs. François Devosge obtient ainsi des États de Bourgogne le financement de quatre années de pension à Rome pour un peintre ou un sculpteur particulièrement talentueux de l’école de Dijon. La pension est versée durant quatre années, à raison de six cents livres par an. Le peintre Prud’hon puis le sculpteur Rude en ont bénéficié. En reconnaissance à la province et à l’école dijonnaise, les lauréats s’engagent à copier les œuvres antiques romaines et à en enrichir la collection de l’école, base du futur musée de Dijon. L’élève recruté est lauréat d’un concours organisé tous les trois ans par les autorités administratives de l’école.

  • 141 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, École des Beaux-Arts, « Sentiment sur le projet d’envoyer des j (...)
  • 142 Ibid.

54Certaines municipalités s’interrogent pourtant sur l’intérêt d’envoyer des élèves dans des académies plus prestigieuses. Le magistrat de Strasbourg en particulier estime dommageable pour la ville et la province de voir des « jeunes gens envoyés à Paris et se trouvant de grandes dispositions […] suivre la route ordinaire des Études établies dans l’Académie royale de peinture et de sculpture, remporter les prix et (être) envoyés à l’École de Rome141 », puis revenir à Paris et y rester : l’effort consenti par la ville n’est pas récompensé. En conséquence, « une ville de Province telle puissante et riche qu’elle soit, ne doit s’occuper des Arts que pour répandre le bon goût et le maintenir dans les Manufactures et dans les Arts méchaniques ». Le corps municipal estime plus avantageux pour la ville et l’Alsace de former une école académique à Strasbourg et « si par hasard il se trouvait un sujet transcendant au jugement du Professeur et des Connaisseurs », il serait distingué « par une éducation particulière et plus soignée » puis envoyé à Paris « lorsqu’il serait en État de continuer des Études capables d’en faire un Artiste142 ».

55Par l’allègement du coût de l’apprentissage ou de la maîtrise, ou par le financement d’études à Paris ou à Rome, les écoles de dessin de province apportent à leurs meilleurs élèves la reconnaissance d’une qualification d’excellence. Ces avantages expliquent les nombreuses sollicitations faites auprès des directeurs des écoles pour inscrire de futurs élèves.

Pourquoi inscrire un enfant à l’école ?

  • 143 ANF AJ/53/46, École royale gratuite de dessin, Registre des élèves fondés, 3e volume et ANF AJ/53/ (...)

56L’examen des lettres adressées au directeur ou à des fondateurs de l’école de Paris143 permet ainsi de préciser les raisons pour lesquelles est demandée une inscription d’élèves. Cette source ne concerne que les élèves fondés, c’est-à-dire financièrement aidés par les fondateurs. Cette spécificité explique l’argument de bienfaisance souvent avancé par les solliciteurs. Cependant, la correspondance fait également état de demandes qui s’appuient sur le talent des adolescents pour lesquels est souhaitée l’inscription à l’école, comme sur les bienfaits que retirent les élèves des leçons reçues. Qu’ils soient fondés ou non, les élèves – s’ils ont du talent – ne retirent que des bénéfices personnels des années passées à l’école de dessin.

  • 144 ANF AJ/53/135, École royale gratuite de dessin, Lettre de Charles-Nicolas Cochin à Jean-Jacques Ba (...)
  • 145 Ibid. Lettre d’Anisson Duperon, invité à la distribution des grands prix, 3 mars 1784.

57Quelques fondateurs justifient le choix de l’enfant qu’il souhaite fonder, par la protection due à « leurs gens » ou à ceux de leurs « fidèles » : ainsi en est-il des fils de jardiniers déjà évoqués, dont celui de Charles-Nicolas Cochin « à qui je voudrois trouver un État et que j’ai pris chez moi (pour) étudier le dessin de la figure […]. Je me propose de le dresser à la gravure144 » ; ou pour « un garçon d’office à moi ; il a déjà quelques connaissances du dessin ; il désireroit s’y fortifier pour sabler les desserts et y ajouter les ornements et fleurs dont cet objet est susceptible. Ce n’est pas un enfant quoiqu’il soit encore jeune, mais j’espère que vous en serez content par son application et sa sagesse145 ». Cette première catégorie de lettres concerne davantage les élèves déjà destinés à une profession pour laquelle le dessin est nécessaire.

  • 146 Ibid. Lettre du Sieur Clouet à Mgr le lieutenant général de police, 8 juin 1776.
  • 147 Ibid. mai 1785. Le demandeur obtient une fondation.
  • 148 Ibid. Requête de Jean-Baptiste Frapier au baron de Breteuil, août 1784.

58Un deuxième type de lettres groupe les demandes fondées sur des raisons financières. La majeure partie provient de parents aux faibles revenus, qui souhaitent une formation solide pour leurs garçons : un compagnon orfèvre, « chargé de famille, dont un fils de 13 ans et demi (qui) a de l’application et du talent pour le dessin. L’a poussé à l’Académie mais sa fortune ne lui permet pas de procurer des maîtres à son fils. Supplie d’agréer son fils pour que le papier lui soit fourni gratuitement à l’école de dessin146 ». Ou cette autre demande d’un père « chargé d’une famille nombreuse faisant seize personnes pour un de ses enfants147 » ou de ce taillandier installé à Paris « où il est chargé d’une épouse et de neuf enfants dont six garçons dont trois abonnés à l’école depuis environ deux ans148 ». Cependant les difficultés liées à la rigueur de l’hiver précédent les ont obligés à ne plus se rendre aux leçons : il obtient une fondation pour l’un de ses enfants. Ce corpus de demandes décèle en filigrane l’intérêt professionnel que les enfants ont de suivre les leçons de l’école, complémentaires de l’apprentissage chez un maître de métier (souvent le père lui-même).

  • 149 Ibid. 10 décembre 1786.
  • 150 Ibid, Lettre de Brillon Duperron à Jean-Jacques Bachelier, 29 août 1777.

59Certaines demandes enfin insistent sur les qualités morales et les dispositions pour le dessin dont paraît être pourvu l’enfant recommandé : « application et talents », « grandes dispositions » chez ce jeune de huit ans et demi149 ou « progrès » sont alors mis en avant. Il peut également s’agir de demandes fondées sur l’utilité même du dessin. Lorsqu’un fondateur est averti qu’une des trois places qu’il fonde est vacante, et parce qu’il n’a « point de sujet à présenter », il accède à la demande d’une mère pour son fils qui, « par la mauvaise difficulté que lui faisait le maître d’école de sa Paroisse […] cessait d’aller à celle de Dessein. (Elle) espérait que cela ne dureroit pas et que son fils reviendroit à celle de dessein qu’elle regardait comme plus avantageuse pour l’avancement de cet enfant150 ». Le maître d’école s’inquiète-t-il d’une concurrence exercée par un établissement qui se propose de compléter gratuitement une formation professionnelle, alors que son rôle à lui reste davantage axé sur les apprentissages fondamentaux que sont l’écriture et la lecture ? Estime-t-il au contraire que la fréquentation d’une école gratuite de dessin, qui accueille tous ceux qui le souhaitent, est un risque moral pour l’enfant ? Quelles que soient les raisons du maître, la mère souhaite pour son fils l’accès à une position sociale reconnue, que les leçons suivies à l’école de Bachelier semblent permettre. Il s’agit bien là d’une reconnaissance d’utilité sociale et de promotion : « l’avancement » de son enfant.

  • 151 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Reims, Lettre du Sieur Clermont, professeur d (...)
  • 152 AM Lyon.12007, Arrêt du Conseil d’État relatif aux honoraires des professeurs de l’École gratuite (...)
  • 153 BNF, collection Deloynes, pièce 1850, Pétition demandant le maintien de l’école gratuite de dessin (...)

60Suivre les leçons proposées dans une école de dessin autorise donc l’espoir d’une « promotion sociale », du moins d’une formation professionnelle plus adaptée aux nécessités économiques et techniques du siècle. Mais cette possibilité ne concerne finalement que très peu d’adolescents, en raison même de la faible capacité d’accueil des écoles et des possibilités financières des municipalités. L’estimation de l’effectif scolaire moyen reste cependant difficile à établir : ne faut-il comptabiliser que les seuls élèves gratuits pour lesquels le professeur reçoit une indemnité fondée sur ce nombre (2 à Angers, entre 12 et 15 à Pau) ? Faut-il inclure les élèves qui fréquentent les classes académiques supérieures de peinture, sculpture et architecture ? Le tableau 21 présente le nombre d’élèves inscrits chaque année, quand il est attesté par des sources archivistiques : demandes de professeurs désireux de voir leurs rémunérations augmenter en raison de l’accroissement du nombre de leurs élèves151 ; prévisions budgétaires152 ; pétition pour le maintien de l’école153 ; liste d’élèves. Quoique succinctes et fragmentaires, ces données permettent cependant de proposer une estimation de l’effectif moyen annuel des élèves fréquentant l’école.

Tableau 21 – Estimation du nombre d’élèves inscrits chaque année dans l’école de dessin de la ville

Tableau 21 – Estimation du nombre d’élèves inscrits chaque année dans l’école de dessin de la ville

Sources et références : Amiens (AM Amiens GG 771 et BB 127, dans C. Engrand, « Critiques, projets et réalisations pédagogiques de Jacques Sellier, architecte de la ville d’Amiens, au xviiie siècle », Histoire de la formation technique et professionnelle en France, Lille, Revue du Nord et Paris, INRP, 2003, p. 69) – Beauvais (Mercure de France, avril 1750 ; « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitans de la Ville de Beauvais ») – Dijon (AD Côte d’Or, C 3219, Délibérations des Élus Généraux de Bourgogne, 1768) – Dunkerque (dans C. HARBION, « Nicolas Truit, artiste peintre et fondateur de l’école de Dunkerque », Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie n° 24, novembre 1990) – Grenoble (AM Grenoble, GG 214 dans M. Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794). Peintre graveur fondateur de l’École publique de dessin de Grenoble, thèse sous la direction de M.-F. Pérez, Lyon II, 1992, annexe 38) – Lille (AD Nord, L 8877, liasse 2) – Orléans (L. Jarry, « L’école gratuite de dessin de la ville d’Orléans », Réunion des Sociétés des Beaux Arts des Départements, Paris, Plon, 1893, tome VIII) – Paris (BNF, collection Deloynes, pièce 1850) – Reims (ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Reims) – Rouen (C. Robillard de Beaurepaire, Recherches sur les institutions publiques dans le diocèse de Rouen avant 1789, Évreux, Pierre Huet, 1872, tome 3, p. 172) – Saint-Omer (AD Pas de Calais, Série C, Correspondance générale des États d’Artois, 1788) – Saint-Quentin (AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École Royale gratuite de Dessin dans la Ville de Saint-Quentin, 31 octobre 1782, article IV) – Tours (AM Tours, GG26, 1782) – Valenciennes (Michel Vangheluwe, « Les élèves », dans L’Académie de Peinture et de sculpture à Valenciennes au xviiie siècle, Édition de la Société de Amis du Musée, 1986, p. 68-69).

  • 154 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’é (...)

61Le complément de formation apportée par les écoles de dessin n’intéresse donc qu’une minorité d’apprentis et ouvriers : c’est déjà un « privilège » que d’y être admis, ce que les lettres de demandes des parents, désireux d’obtenir une place à l’école de Bachelier, mettent en relief. C’est également l’avis du magistrat de Strasbourg, quand il précise que la fréquentation de l’école de dessin permet aux « habitants (de voir) ainsi leurs enfants acquérir avant l’âge de 16 à 17 ans, des lumières qui à la longue ne peuvent que les conduire à se faire un nom et une fortune154 ».

  • 155 Pierre Caspard, « Travaux d’élèves. Pour une histoire des performances scolaires et de leur évalua (...)
  • 156 Lettre de M. de Cideville (président du parlement), au graveur Le Bas, dans Charles de Robillard d (...)

62En dehors de ces quelques témoignages, peut-on assurer que le complément de formation apportée par les écoles gratuites de dessin modifie la position sociale des élèves ? La réponse est difficile : « Sur les effets mêmes de l’enseignement en termes d’apprentissage, l’information devient problématique155. » Ne sont vraiment étudiés et reconnus que les élèves qui ont suivi une carrière artistique ou « technique supérieure », après avoir fréquenté quelque temps une école de dessin. Bien qu’impossible à évaluer, leur nombre doit être suffisamment important pour que, dès le milieu du xviiie siècle, le bureau de l’école de Rouen reconnaisse « une quantité de bons sujets qui ont rempli les ateliers des plus grands graveurs, des meilleurs peintres, sculpteurs, architectes de Paris156 ». Mais si des ingénieurs et architectes, peintres et sculpteurs, graveurs et dessinateurs, sont passés par les écoles de dessin (et leurs biographes le précisent), comment connaître précisément le devenir des élèves lauréats des prix de maîtrises et qui sont demeurés dans les arts mécaniques ?

  • 157 J.-B. Descamps, « Projet pour l’établissement solide d’une École gratuite de dessin », août 1747, (...)
  • 158 Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794)…, op. cit., Annexe 45.
  • 159 Léon Charvet, « L’influence de l’école de dessin de Lyon à la fin du dix-huitième siècle et au com (...)

63En l’état actuel des recherches, il paraît seulement possible d’affirmer que les écoles de dessin ont été – pour certains de leurs élèves – une première approche à un art qu’ils ont ensuite pu approfondir dans les institutions supérieures de l’Académie royale de peinture et de sculpture, l’Académie d’architecture ou les premières écoles d’ingénieurs, celle des Ponts et Chaussées ou, plus rarement, celle du génie. Jean-Baptiste Descamps, directeur de l’école de Rouen, le rappelle : « Leur talent n’aurait pas pu percer comme il faut sans les premières instructions qu’il (= Descamps) leur a données157. » En somme, si d’anciens élèves de Rouen sont devenus ingénieurs, architectes ou artistes, ils le doivent aux leçons suivies à l’école de dessin de la ville. L’architecte Malhortie, recruté comme professeur de géométrie à Paris, est lui-même un ancien élève de Rouen. L’école de dessin leur a donné le goût et les bases du dessin, utiles à leur future activité. Une liste particulièrement intéressante concernant le devenir des élèves de Grenoble est proposée par Marianne Clerc dans son travail consacré à Jean-Jacques Treillard, le professeur et directeur de l’école158. Elle concerne soixante élèves « placés par l’École de Dessein de Grenoble » vers 1778 : 35 % sont considérés comme « artistes », surtout des peintres (29 % des artistes) et architectes (20 % des artistes), les autres se partageant entre la sculpture, la gravure et le dessin. Un élève est également devenu professeur de mathématiques. Viennent ensuite ceux qui suivent une carrière militaire (33 %), partagés entre « Élèves pour le Génie militaire » (75 %), « Élèves officiers géographes » (15 %) et « Élèves Secrétaires des officiers généraux » (10 %). Enfin 32 % travaillent « dans les Ponts et Chaussées ». La destination des élèves vers des professions d’artistes, d’architectes (compris parmi les artistes) et d’ingénieurs est ici soulignée. À Lyon, d’anciens élèves de l’école sont devenus dessinateurs dans une fabrique de papiers peints (comme Pierre Revoil) ou dans une maison de fabricant de soieries (Antoine Berjeon, Pierre-Toussaint Déchazelles)159. Mais les autres élèves ? (cf. illustration 13, p. VIII).

  • 160 Pour les écoles des Ponts et Chaussées et de Mézières, voir Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël (...)
  • 161 D’après Léon Lefebvre, « Les écoles gratuites de dessin à Lille au xviiie siècle », dans L’Archite (...)

64Pour les ingénieurs et architectes, la comparaison entre, d’une part, les programmes d’apprentissage des Ponts et Chaussées ou de l’école du Génie de Mézières à partir de 1760 et, d’autre part, les leçons proposées dans les écoles de dessin confirme une identité de préoccupations160 : coupe des pierres et des bois, levés topographiques, toisé des bâtiments, architecture civile et militaire, connaissance des cinq ordres d’architecture, charpente, etc. sont communs aux trois institutions. L’architecte et aquarelliste Victor Jean Nicolle (1754-1826), lauréat du grand prix de perspective à l’École royale gratuite de dessin de Paris (1771), complète ainsi sa formation chez un architecte parisien. Cette similitude d’exercices est aussi valable pour les artistes, en particulier par les leçons de la figure présentes dans toutes les écoles et à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Sans la fréquentation de l’école de dessin, certains élèves n’auraient sans doute pas eu l’impulsion nécessaire pour se déterminer dans leur profession. Ainsi en est-il de Jean-Baptiste Wicar, fils d’un ouvrier charpentier, entré à dix ans à l’école de dessin de Lille. Huit ans plus tard, en 1780, il étudie à l’académie parisienne où il devient l’ami de Jacques-Louis David. Wicar suit une carrière de peintre, graveur et dessinateur161. Cependant il s’agit là sans doute d’une minorité d’élèves. La plupart d’entre eux suivent une carrière dans les arts mécaniques, pour lesquels ils ont acquis une formation complémentaire théorique grâce aux leçons suivies dans les écoles. C’est encore plus vrai dans les villes corporées, surtout lorsque les règlements imposent aux métiers d’envoyer leurs apprentis à l’école de dessin (Douai). Suivre les élèves ne peut alors se faire que lorsque, parmi eux, émerge un talent exceptionnel.

65Un élève d’école de dessin est donc un garçon d’une douzaine d’années, inscrit par ses parents, tuteur ou maître de métier, parfois par le fondateur qui finance le matériel dont il a besoin. Il doit suivre avec assiduité les leçons pour lesquelles il est inscrit et faire preuve de décence et de respect à l’intérieur de l’école qu’il ne fréquente que quelques heures par semaine. S’il montre un talent particulier, il est encouragé par le professeur et peut alors s’orienter vers une formation supérieure et entrer dans une carrière artistique ou d’ingénieur. Les écoles gratuites de dessin permettent ainsi de déceler des talents que l’apprentissage seul n’aurait sans doute pas mis en valeur.

Notes

1 AM Lille, fonds Gentil, carton 8, Élèves de l’École d’architecture, 9 avril 1760.

2 AM Orléans, BB Registre des délibérations du Conseil municipal (1786-1789).

3 AD Pyrénées Atlantiques, C 1341, École de dessin.

4 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Poitiers) et Affiches du Poitou (1773-1789).

5 ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin, Registre des inscriptions et admissions des élèves fondés (1780-1794).

6 Michel Vangheluwe, « Les élèves », dans L’Académie de Peinture et de sculpture à Valenciennes au xviiie siècle, Édition de la Société de Amis du Musée, 1986, p. 68-69 (26 élèves étudiés).

7 Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’art, sous la direction d Albert Chatelet, Université de Strasbourg, 1994.

8 AM Grenoble, GG 241, dans Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794), Peintre dauphinois, thèse en histoire de l’art, sous la direction de Marie-Félicie Pérez, Université de Lyon II, 1992, annexe 40.

9 ANF AJ/53/167, École royale gratuite de dessin, Organisation de l’école, Administration (1767-1876), Présentation de l’école avec préambule de Jean-Jacques Bachelier, p. 13.

10 ANF 0/1/1933/B(2), École royale gratuite de dessin, Tableau des Élèves de l’École royale académique de peinture, sculpture et architecture de Poitiers qui ont mérité des prix dans la Séance Publique du 25 août 1785.

11 AD. Pyrénées Atlantiques, C 1341, École de dessin, Note des Élèves de l’Académie de Dessin pour le mois de juin 1787.

12 Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794)…, op. cit., p. 162.

13 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant règlements pour l’École royale gratuite de dessin dans la Ville de Saint-Quentin, 31 octobre 1782, Article IV.

14 Mercure de France, avril 1750 ; « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitans de la Ville de Beauvais », article IV.

15 ANF 0/1/1927, Règlement pour les Élèves…, op. cit.

16 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la ville de Strasbourg concernant l’établissement et la fondation d’une École gratuite des Arts et Métiers, article 8.

17 Règlement de MM. Les Élus généraux des États du duché de Bourgogne concernant les Élèves de l’École gratuite de Dessin, Peinture et Sculpture, sous la protection de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le prince de Condé, Dijon, Defay, 29 décembre 1783, article premier.

18 Règlement pour l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, fait par les Vicomte-Mayeur Lieutenant général de police, Échevins et Conseillers-Assesseurs de la Cité royale de Besançon, article XI, Besançon, imprimerie de Q.-J. Bogillot, 1774, dans Auguste Castan, L’ancienne école de peinture et de sculpture de Besançon (1756-1791), Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1888, p. 173, article XI.

19 Ibidem, article X.

20 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Observations de Jean-Baptiste Pierre sur le règlement soumis par la ville de Valenciennes au comte d’Angiviller, 1er novembre 1784, dans L’Académie de Peinture et de Sculpture à Valenciennes au xviiie siècle, Valenciennes, Édition de la Société des Amis du Musée, 1986, p. 28.

21 AM Valenciennes, GG 121, Lettre du Magistrat au comte d’Angiviller, janvier 1785.

22 ANF AJ/53/135, Admission des élèves fondés.

23 ANF AJ/53/135, École royale gratuite de dessin, op. cit., Lettre de M. de Sareux, commandant du dépôt des recrues du régiment des gardes françaises, 26 mars 1785.

24 ANF 0/1/1933/B(2), Académies et écoles de province, « Mémoire sur les Règlements de l’École Royale académique de Poitiers ».

25 AD Côte d’Or, C 3219, fol. 118, dans Marcelle Impériali, « François Devosge, créateur de l’École de dessin et du Musée de Dijon, 1732-1811 », La Révolution en Côte d’Or, nouvelle série, fascicule 3, Dijon, Rebousseau, 1927, p. 20.

26 Ibid.

27 Ibid.

28 ANF Collection Deloynes, pièce 1823, Jean-Jacques Bachelier, « Détails sur l’origine et l’administration de l’École royale gratuite de dessin, sur l’instruction, les prix d’émulation, la police des classes et les sujets qui les fréquentent », sd, (1769 ?).

29 AD Pas-de-Calais, série C, pièce 6, Mémoire pour l’Académie naissante de dessein, peinture et sculpture en la ville de Saint-Omer, sd, dans Jules Joets, L’école des Beaux-Arts de Saint-Omer (1767-1908), Saint-Omer, Imprimerie du Mémorial artésien, 1909, p. 14.

30 ANF 0/1/1933/A (2), Académies et écoles de province, Bayonne, Pierre Laglaire, « Réflexions sur l’établissement projetté d’une École Royale académique gratuite de Dessein dans la ville et cité de Bayonne présentées à Messieurs les amateurs du bien public », 9 novembre 1778.

31 Charles Engrand, « Critiques, projets et réalisations pédagogiques de Jacques Sellier, architecte de la ville d’Amiens, au xviiie siècle », Lille, Revue du Nord, n° 17, hors série, et Paris, INRP, 2003. L’école d’Amiens propose une multitude de formations dont, pour les marchands et négociants, « le change, le commerce, le rapport des monnaies, la manière de tenir les livres à partie simple ou double », ce qui dépasse largement les préoccupations des écoles de dessin telles que définies ici.

32 Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon…, op. cit., p. 98.

33 Mercure de France, septembre 1758, p. 179.

34 Règlement intérieur, article II du chapitre II, dans Edmond de Saint-Raymond, « L’Académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Toulouse », dans Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, IIe série, tome 1, Toulouse, Doularoure-Privat, 1913, p. 289.

35 BM Bordeaux, fonds patrimoniaux, H 5155/1.7, Arrangements particuliers faits par l’Académie Royale de Peinture, de Sculpture et d’Architecture de la ville de Toulouse en 1757, pour avoir force de règlements et servir de suite aux Statuts donnés par le Roi à ladite Académie en décembre 1750.

36 Jean-Jacques Bachelier, Mémoire sur l’éducation des filles, Paris, imprimerie royale, 1789, p. 20.

37 Ibidem, p. 15.

38 Ibid., p. 18.

39 AM Annecy, 1R12, fol. 5, Procès verbal du Conseil général provisoire de la commune d’Annecy, séance du 29 janvier 1793, l’an 2e de la République, article 1er des conditions imposées au professeur nouvellement recruté.

40 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitants de la Ville de Beauvais », article IV.

41 AM Lille, carton 103, Affiche par le Magistrat, lue et publiée le 6 février 1755.

42 Ibid., Annonce des cours, 1762.

43 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766, Article V.

44 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’établissement et fondation d’une École gratuite des Arts et Métiers, 1768, article 6.

45 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’école de dessin, 3 février 1786, article 1.

46 Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’École gratuite de dessin, Peinture et Sculpture, sous la protection de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince de Condé, Dijon, chez A.M. Devay, 1785, article premier.

47 ANF 0/1/1933/B (2), Poitiers, Règlement arrêté par l’École royale Académique de Peinture, Sculpture, Architecture, et autres Arts, pour être suivi tant dans l’École Gratuite de Dessein, que dans les autres Sales ou Classes d’Enseignement, Chapitre troisième, « De l’École du Modèle », article premier, 20 mars 1779.

48 Règlement arrêté par l’Académie Royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Bordeaux, Bordeaux, chez les Frères Labottière, 1773, article premier. À l’Académie royale de Toulouse également, les élèves des classes supérieures ne sont admis que sur recommandation d’un académicien.

49 AM Bordeaux, Ms 1234, dans Robert Mesuret, « Jean-Jacques Leupold (1725-1795) », Revue historique de Bordeaux, tome XXXIII, 1940, p. 68.

50 AM Orléans, BB 11, Registre des délibérations, 23 juin 1787.

51 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg…, op. cit., article 7.

52 Ibidem, article VI. La même formule est reprise mot pour mot dans le règlement de Valenciennes (AM Valenciennes, GG 121, Règlement de Messieurs…, op. cit., Titre III, article III).

53 Règlement pour l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, fait par les Vicomte-Mayeur Lieutenant général de police, Échevins et Conseillers-Assesseurs de la Cité royale de Besançon, article XI, Besançon, imprimerie de Q.J. Bogillot, 1774, dans Auguste Castan, L’ancienne école de peinture et de sculpture de Besançon (1756-1791)…, op. cit.

54 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’école de dessin, 3 février 1786, article 1.

55 AM Strasbourg, carton 4 liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg…, op. cit., article 8.

56 ANF AJ/53/46, École royale gratuite de dessin, op. cit.

57 Le répertoire des fondations de l’année 1787 indique ainsi que 21 fondations sont abandonnées à la société philanthropique (ANF AJ/53/108, École royale gratuite de dessin).

58 ANF AJ/53/1, École royale gratuite de dessin, Arrêté du Comité de l’École, 7 août 1784. L’arrêté fait suite à un mémoire que Jean-Jacques Bachelier propose en 1782, relatif à la création d’une succursale de l’école de dessin dans le faubourg Saint-Antoine. Il souhaite y accueillir mille deux cents, voire mille cinq cents élèves, « y compris les enfants trouvés que l’administration de l’hôpital jugera bon d’y admettre, dès huit ans accomplis, sauf pour ceux capables de recevoir l’instruction dès sept ans » (ANF AJ/53/1, École royale gratuite de dessin, « Mémoire sur l’établissement d’une succursale de l’École de dessin »).

59 Ibid.

60 À partir de 1776, l’École royale gratuite de dessin est installée dans l’amphithéâtre de l’ancienne école de chirurgie de Saint Côme.

61 ANF AJ/53/1, École royale gratuite de dessin, Arrêtés du Comité de l’École, 7 août 1784.

62 Ibid. Le projet d’accueillir également des filles n’aboutit pas, faute, semble-t-il, de financement suffisant.

63 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École Royale gratuite de Dessin dans la Ville de Saint-Quentin, article XXIV, 31 octobre 1782.

64 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la Police intérieure de l’École Académique de Peinture, Sculpture, Architecture, et autres Arts dépendans du Dessin, article XVI.

65 Ibid.

66 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit.

67 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, préambule.

68 Ibid.

69 « Règlement pour l’École gratuite de dessin fondée par les États de Bretagne », dans André Lesort, Les États de Bretagne et l’enseignement du dessin au xviiie siècle, Paris, Plon-Nourrit, 1911, p. 15.

70 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres, Paris, Briasson, David, Lebreton, Durand, 1751-1771.

71 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXVI. Le même article se retrouve mot pour mot dans le règlement de Douai (Règlement de l’École gratuite du Dessein en la Ville de Douay…, op. cit., article VII).

72 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la police intérieure de l’École…, op. cit., article V.

73 Règlement arrêté par l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Bordeaux, article 2, Bordeaux, Labottière, 1773.

74 AD Isère, D3, Lettre de J.-J. Bachelier à M. Fontaine, secrétaire du duc d’Orléans, le 15 janvier 1769, à propos du projet d’école de dessin à Grenoble.

75 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article VIII.

76 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXV.

77 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la police intérieure de l’École…, op. cit., article V.

78 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’École de dessin, 3 février 1786, article 15.

79 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée dans les Écoles de Mathématique et de Dessein de la Ville de Reims, sd, article III.

80 AM Grenoble, GG 240, Règlement qui sera observé dans l’École publique de Dessein établie à Grenoble, article 4.

81 Chez les artisans, seuls les maîtres bronziers sont autorisés à porter l’épée.

82 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’École de dessin, 3 février 1786, article 10.

83 Bordeaux, Règlement arrêté par l’académie royale de peinture…, op. cit., article XII.

84 Cambrai, Règlement de l’école de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XLII.

85 AM Valenciennes, GG 121, Statuts et règlements de l’Académie de peinture et de sculpture de la ville de Valenciennes, Valenciennes, imprimerie J.-B. Henry, 1785, titre Élèves, article XV.

86 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le Bureau d’Administration de l’École royale Gratuite de Dessin », 20 janvier 1768.

87 « Règlement pour l’École gratuite de dessin fondée par les États de Bretagne », op. cit.

88 Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’École gratuite de dessin…, op. cit., article 17.

89 Saint-Quentin, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XI.

90 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XLI.

91 AM Valenciennes, GG 121, Statuts et règlements de l’Académie de peinture…, op. cit., titre Élèves, article 12.

92 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article X.

93 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée…, op. cit., article IV.

94 AD Pas de Calais, série C, Beaux-Arts, Correspondance générale des États d’Artois, liasse 1772, Règlement de l’École de dessin de Saint-Omer, 9 novembre 1772, article 14, dans Jules Joets, L’école des Beaux Arts…, op. cit., p. 13.

95 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitans de la Ville de Beauvais », article VI.

96 AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’école de dessin, 3 février 1786, article 9.

97 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Poitiers), Règlement arrêté par l’École Royale Académique de Peinture, Sculpture, Architecture et autres Arts, pour être suivi tant dans l’École gratuite de dessein, que dans les autres sales ou classes d’Enseignement, École gratuite de dessin, article V.

98 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXXV.

99 Ibid. article XL.

100 Ibid. article XLIII.

101 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, article 3.

102 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766.

103 Nouveau règlement de l’Académie de peinture et de sculpture de Besançon, 2 mai 1775, article IX, dans Auguste Castan, L’ancienne école de peinture et de sculpture de Besançon (1756-1791)…, op. cit.

104 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXXIX.

105 AM Lille, carton 103, Règlement pour l’Académie des Arts, Lille, J.-B. Henry, 1766.

106 AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police qui doit être observée dans les Écoles de Mathématique et de Dessein de la Ville de Reims, sd, article VII.

107 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la police intérieure de l’École…, op. cit., article IX.

108 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XI

109 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement concernant l’École gratuite de dessin, 1768, article 12.

110 Règlement pour l’Académie de peinture et de Sculpture de Besançon…op. cit., article XIII.

111 AM Bordeaux, ms 1234, f° 407, dans R. Mesuret, « Jean-Jacques Leupold (1725-1795) », Revue d’Histoire de Bordeaux, tome XXXIII, 1940, p. 68.

112 Ibid.

113 Dijon, Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’École gratuite de dessin…, op. cit., article 12.

114 AD Isère, D3, Règlement qui sera observé dans l’École publique de Dessein établie à Grenoble, article III.

115 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXXI.

116 Dijon, Règlement de MM. Les Élus-Généraux des États du duché de Bourgogne, concernant les Élèves de l’École gratuite de dessin…, op. cit., article 12.

117 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le Bureau d’Administration de l’École royale Gratuite de Dessin », 20 janvier 1768.

118 « Lorsqu’un élève aura été absent plus de trois jours, il ne pourra rentrer dans les Écoles, s’il n’apporte un Billet signé de ses Parens ou de l’un des Directeurs, lequel billet contiendra les raisons de son absence » (AM Reims, C 692, liasse 19, fol. 4, Règlemens concernans la Police…, op. cit., article V). « Les jeunes gens seront rayés de la liste pour un mois d’absence sans cause légitime ; pourquoi ils seront tenus de rapporter des Certificats de leurs Parents ou de leurs Maîtres » (« Règlement pour l’École gratuite de dessin fondée par les États de Bretagne », op. cit.).

119 Cambrai, Règlement de l’École de dessin, dans A. Durieux, Les artistes Cambrésiens…, op. cit., article XXXIII.

120 ANF O/1/1933/B (2), Académies et écoles de province (Orléans), Règlement particulier pour la police intérieure de l’École, op. cit.

121 ANF 0/1/1927, « Règlement pour les Élèves, ordonné par M. le Lieutenant général de Police, et le Bureau d’Administration de l’École royale Gratuite de Dessin », 20 janvier 1768.

122 AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École…, op. cit., article XVI.

123 « Ceux qui se seront absentés trois fois sans excuse Légitime, Le professeur après avoir fait part à M. Le Maire, L’élève sera Rayé de La Liste et Renvoyé pour le reste de L’année de la Classe » (AM Châtellerault, Registre des délibérations du Corps de ville, 1762-1790, n° XXXVI, feuillet 285, Règlement de l’école de dessin, 3 février 1786, article 13).

124 Mercure de France, avril 1750, « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitans de la Ville de Beauvais », article VI, article VII.

125 « Nul Élève ne pourra s’absenter de la classe sans raison légitime ou sans permission, à péril d’amende et d’être privé du concours aux prix en cas de récidive, à l’arbitrage des commissaires » (Règlement de l’École gratuite du Dessein en la Ville de Douay…, op. cit., article VIII).

126 Edmond Saint-Raymond, « L’Académie royale de Peinture, Sculpture et Architecture de Toulouse », Mémoires de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, IIe série, tome 1, Toulouse, Doularoure – Privat, 1913, p. 290.

127 M. de Bucelly d’Estrées, « Notice historique sur Maurice Quentin de Latour », Mémoires de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Saint-Quentin, n° 905, 1840, p. 241.

128 Le dessin toulousain de 1730 à 1800, Préface de Robert Mesuret, Musée Paul Dupuy, Toulouse, imprimerie Bayard, 1954, p. 89.

129 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’établissement et fondation d’une École gratuite des arts et métiers, 1768, article 14.

130 Marie-Catherine Massé, La collection de dessins du Musée des Beaux-Arts de Reims : une école de dessin au xviiie siècle en Champagne, mémoire de l’École du Louvre sous la direction de Roseline Bacou, Paris, novembre 1978, p. 10.

131 AM Lille, carton 103, Règlemens pour l’Académie des Arts, article X, 8 octobre 1766.

132 BM Lille, fonds Lemaire, pièce 72, « Ordonnance des échevins de la ville de Douai », 16 janvier 1777.

133 Ibid.

134 Ibid.

135 ANF 0/1/1927 (1), Tableau des recettes de l’École royale gratuite de dessin.

136 Lettres patentes du Roi, concernant l’École Royale gratuite de dessin, données à Versailles le 19 décembre 1776, registrées en Parlement le 30 décembre 1776, article VI.

137 AM Lille, carton 103, Règlements pour l’Académie des Arts, article XXVII, 8 octobre 1766.

138 AM Lille, Lemaire 56, Calendrier pour l’année bissextile 1776, à la suite de Continuation de la Loi de la Ville de Lille du 1er novembre 1776.

139 AM Lille, 1152, liasse 13, Affiche du 2 avril 1783.

140 « Nom des élèves de l’École royale gratuite de dessin qui ont remporté les grands prix, apprentissages et maîtrises, dans les concours, depuis son origine », dans Calendrier pour l’année 1790 à l’usage des élèves qui fréquentent l’École royale gratuite de dessin, Paris, Imprimerie royale, 1790, d’après Renaud d’Enfert, De la figure humaine au dessin géométrique. Enseignement du dessin et formation ouvrière en France, 1750-1850, thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Antoine Picon, Université Paris I, 2001, p. 81.

141 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, École des Beaux-Arts, « Sentiment sur le projet d’envoyer des jeunes gens étudier les Arts à Paris », 1767.

142 Ibid.

143 ANF AJ/53/46, École royale gratuite de dessin, Registre des élèves fondés, 3e volume et ANF AJ/53/47, École royale gratuite de dessin, Registre des élèves fondés, 4e volume.

144 ANF AJ/53/135, École royale gratuite de dessin, Lettre de Charles-Nicolas Cochin à Jean-Jacques Bachelier.

145 Ibid. Lettre d’Anisson Duperon, invité à la distribution des grands prix, 3 mars 1784.

146 Ibid. Lettre du Sieur Clouet à Mgr le lieutenant général de police, 8 juin 1776.

147 Ibid. mai 1785. Le demandeur obtient une fondation.

148 Ibid. Requête de Jean-Baptiste Frapier au baron de Breteuil, août 1784.

149 Ibid. 10 décembre 1786.

150 Ibid, Lettre de Brillon Duperron à Jean-Jacques Bachelier, 29 août 1777.

151 ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Reims, Lettre du Sieur Clermont, professeur de l’École gratuite de dessin de Reims au comte d’Angiviller, pour obtenir une augmentation de ses honoraires, 1781.

152 AM Lyon.12007, Arrêt du Conseil d’État relatif aux honoraires des professeurs de l’École gratuite de dessin établie à Lyon, 11 août 1780.

153 BNF, collection Deloynes, pièce 1850, Pétition demandant le maintien de l’école gratuite de dessin de Paris, 1792.

154 AM Strasbourg, carton 4, liasse 4, Règlement du Magistrat de la Ville de Strasbourg concernant l’établissement et la fondation d’une École gratuite des Arts et Métiers, 1768, préambule.

155 Pierre Caspard, « Travaux d’élèves. Pour une histoire des performances scolaires et de leur évaluation (1720-1830 », dans Histoire de l’Éducation, INRP, n° 46, mai 1990, introduction, p. 1.

156 Lettre de M. de Cideville (président du parlement), au graveur Le Bas, dans Charles de Robillard de Beaurepaire, Recherches sur l’instruction publique…, op. cit., p. 174.

157 J.-B. Descamps, « Projet pour l’établissement solide d’une École gratuite de dessin », août 1747, dans Charles de Robillard de Beaurepaire, Recherches sur l’instruction publique…, op. cit., p. 160.

158 Marianne Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794)…, op. cit., Annexe 45.

159 Léon Charvet, « L’influence de l’école de dessin de Lyon à la fin du dix-huitième siècle et au commencement du dix-neuvième siècle », dans Réunion des Sociétés des Beaux Arts des Départements, Paris, Plon, 1880, volume IV, p. 49 à 58.

160 Pour les écoles des Ponts et Chaussées et de Mézières, voir Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël Sakarovitch, « Les exercices dans les écoles d’ingénieurs sous l’Ancien Régime et la Révolution », dans Histoire de l’Éducation, n° 46, mai 1990, p. 53 à 109.

161 D’après Léon Lefebvre, « Les écoles gratuites de dessin à Lille au xviiie siècle », dans L’Architecture et la construction dans le Nord, Lille, 1893, p. 156.

Table des illustrations

Titre Graphique 4 : Âge des élèves fondés de l’École royale gratuite de dessin de Paris
Légende À Paris, un élève peut être admis dès 8 ansSources : ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris, Élèves fondés entre 1780 et 1794.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-1.png
Fichier image/png, 108k
Légende Source et référence : AM Grenoble, GG 241-242, Registre de l’école de dessin, dans Marianne Clerc, Jacques-André Treillard, (1712-1794), Peintre dauphinois, thèse en histoire de l’art, sous la direction de Marie-Félicie Pérez, Université de Lyon II, 1992, annexe 39.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-2.png
Fichier image/png, 5,2k
Légende Source et référence : Pour Dijon, Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’art, sous la direction d’Albert Chatelet, Université de Strasbourg, 1994, p. 98-102 – Pour Paris, ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris, Élèves fondés, entre 1780 et 1794.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-3.png
Fichier image/png, 64k
Titre Graphique 7 : Origine géographique des élèves de l’École royale gratuite de dessin de Paris (1770-1789)
Légende Source : ANF AJ/53/46, 47 et 135, École royale gratuite de dessin de Paris.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-4.png
Fichier image/png, 10k
Titre Graphique 8 : Origine géographique des élèves de l’école de Dijon
Légende Source et référence : AD Côte d’Or, série C, Registre des Délibérations des Élus Généraux de Bourgogne, dans Jean-Pierre Guillaumont, L’Académie de Peinture et de Sculpture de Dijon, thèse en histoire de l’art, sous la direction d’Albert Chatelet. Université de Strasbourg, 1994, p. 98-102.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-5.png
Fichier image/png, 118k
Titre Tableau 21 – Estimation du nombre d’élèves inscrits chaque année dans l’école de dessin de la ville
Légende Sources et références : Amiens (AM Amiens GG 771 et BB 127, dans C. Engrand, « Critiques, projets et réalisations pédagogiques de Jacques Sellier, architecte de la ville d’Amiens, au xviiie siècle », Histoire de la formation technique et professionnelle en France, Lille, Revue du Nord et Paris, INRP, 2003, p. 69) – Beauvais (Mercure de France, avril 1750 ; « Plan d’une instruction publique et gratuite de l’Art du desseing, en faveur des jeunes Habitans de la Ville de Beauvais ») – Dijon (AD Côte d’Or, C 3219, Délibérations des Élus Généraux de Bourgogne, 1768) – Dunkerque (dans C. HARBION, « Nicolas Truit, artiste peintre et fondateur de l’école de Dunkerque », Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie n° 24, novembre 1990) – Grenoble (AM Grenoble, GG 214 dans M. Clerc, Jacques-André Treillard (1712-1794). Peintre graveur fondateur de l’École publique de dessin de Grenoble, thèse sous la direction de M.-F. Pérez, Lyon II, 1992, annexe 38) – Lille (AD Nord, L 8877, liasse 2) – Orléans (L. Jarry, « L’école gratuite de dessin de la ville d’Orléans », Réunion des Sociétés des Beaux Arts des Départements, Paris, Plon, 1893, tome VIII) – Paris (BNF, collection Deloynes, pièce 1850) – Reims (ANF 0/1/1933/B (2), Académies et écoles de province, Reims) – Rouen (C. Robillard de Beaurepaire, Recherches sur les institutions publiques dans le diocèse de Rouen avant 1789, Évreux, Pierre Huet, 1872, tome 3, p. 172) – Saint-Omer (AD Pas de Calais, Série C, Correspondance générale des États d’Artois, 1788) – Saint-Quentin (AD Aisne, C 812, Ordonnance du Roi portant Règlements pour l’École Royale gratuite de Dessin dans la Ville de Saint-Quentin, 31 octobre 1782, article IV) – Tours (AM Tours, GG26, 1782) – Valenciennes (Michel Vangheluwe, « Les élèves », dans L’Académie de Peinture et de sculpture à Valenciennes au xviiie siècle, Édition de la Société de Amis du Musée, 1986, p. 68-69).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/6995/img-6.png
Fichier image/png, 12k

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search