Chapitre IX. Le travail libre en Grèce ancienne
p. 245-258
Dédicace
À la mémoire d’E. Sereni
Texte intégral
1Le travail « libre » peut s’entendre de différentes façons. Au sens étroit, il se limite aux relations de type salarial qui s’établissent, sous le seul effet de la contrainte économique, entre le travailleur dépossédé des conditions objectives de son activité et le propriétaire des moyens de production : relations qui connaissent leur plein développement en régime capitaliste. Au sens large, tel qu’il est plus généralement utilisé, il s’oppose à tout travail qui résulte d’une contrainte extra-économique (esclavage, servage et autres formes de dépendance personnelle) ou qui fait même simplement l’objet d’une réglementation d’origine socio-politique (régime de corporations ou de castes, législation étatique, etc.) : il se détermine alors positivement en fonction du contexte historique.
2Le travail « libre » en Grèce ancienne s’identifie spontanément, en ce dernier sens, avec le travail « des libres », par opposition à celui des esclaves. Identification commode, mais qui soulève bientôt deux difficultés. L’une, dont je ne peux traiter ici, tient au fait (bien connu) que cette distinction statutaire n’y est pas toujours facile à établir : parce que la liberté et l’esclavage y ont, selon le temps et le lieu considérés, un contenu et des contours variables, non dépourvus d’interférences1. L’autre, que je ne pourrai par contre éluder, est soulevée par les divers cas où le travail des non-esclaves, même réputés libres, ne laisse pas d’être soumis à certaines formes de contrainte extra-économique. Chacun dès lors comprendra que j’aie axé mon rapport sur l’Athènes classique, où la situation est la plus claire et la mieux documentée – tout en faisant évidemment mon possible pour l’étendre à l’ensemble du monde grec de l’époque mycénienne à l’époque hellénistique (à l’exclusion toutefois des royaumes hellénistiques d’Orient, où le problème m’a paru se poser dans des termes sensiblement différents2).
3Dans la même perspective, il m’a semblé également plus efficace de limiter mon rapport au travail « économique », celui qui concerne la production matérielle. L’historiographie du sujet, du reste, m’y invitait : car c’est bien sous cet angle qu’on l’y voit posé. Jusque vers le milieu du xixe siècle, son importance fut souvent largement sous-estimée par des érudits de tradition humaniste, encore habitués à ce que leurs propres élites sociales mènent une existence oisive de rentiers du sol ou de colons esclavagistes. C’est dans la seconde moitié de ce siècle et au début du xxe – génération qui vit, comme le dit Lucien Febvre, « le déclin de l’homme qui ne fait rien » – que la tendance se renversa, avec le triomphe du mode de production capitaliste et la naissance du mouvement ouvrier. Sur le monde grec du travail parurent alors de nombreuses études de détail et de synthèse solidement documentées3, dont la problématique était centrée sur les hommes libres – conformément aux théories « modernistes » de l’économie ancienne propagées, entre autres, par Ed. Meyer4, et selon une conception « libératrice » du progrès technologique qui s’est perpétuée ici et là jusqu’à nous jours5, malgré les crises du système social qui l’a nourrie. À partir des années 1920, ces vues euphorisantes se trouvèrent cependant contrebattues en Occident par une approche plus sociologique du sujet, inspirée de Max Weber et du développement contemporain des recherches ethnologiques. Dans les années 1930-1950, les historiens de l’Antiquité tendirent de leur côté à réduire le travail libre à la portion congrue, au profit du travail servile : qu’ils s’en préoccupent davantage depuis une dizaine d’années est une des manifestations les plus claires de l’élargissement et de l’enrichissement de leurs recherches6. C’est à ces deux courants de pensée que ressortissent actuellement les plus suggestifs des ouvrages de synthèse traitant plus ou moins longuement du travail libre en Grèce ancienne7 : un thème qui continue ainsi à se situer au cœur du débat idéologique sur les bases économiques de l’histoire sociale.
4Sur le plan épistémologique, sa difficulté tient à ce que le « travail libre » ne constitue pas une catégorie de la pensée grecque. D’une part, J.-P. Vernant a en effet excellemment montré que le « travail » y apparaît, non pas sous la forme abstraite d’une fonction sociale spécifique et homogène, mais sous la forme concrète de « travaux » particuliers traduisant des comportements, qualitativement irréductibles, de l’homme vis-à-vis de la nature8. D’autre part, rien ne distingue, dans le vocabulaire, l’activité laborieuse des libres de celle des esclaves : cette distinction, quand elle est introduite, n’a qu’une valeur normative9 qui n’a que fort peu influencé, dans la pratique, la répartition des tâches ; quand aux représentations figurées, elles sont également, de ce point de vue, largement ambigües10. Il nous est enfin rarement possible, au moins dans un premier temps, de discerner la forme et la part de travail effectif qu’assume lui-même un homme libre professionnellement engagé dans la production matérielle : car était réputé exercer un métier celui qui en vivait, sans nécessairement y travailler. Ce n’est donc qu’au terme d’une analyse critique de nombreux cas d’espèces que l’on pourra proposer une vue d’ensemble de la diffusion du travail libre en Grèce ancienne.
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5Nul ne conteste que la majorité des citoyens athéniens à l’époque classique était composée de propriétaires fonciers – même sans doute au ive siècle – et que la plupart d’entre eux exploitaient directement leurs terres. Mais cela ne veut pas dire que tous ces géôrgoï aient sans relâche peiné sur le terrain. Les plus importants, dont l’Ischomaque de l’Économique de Xénophon est un bel exemple, se contentaient au mieux de s’y rendre journellement – excellent entraînement physique – afin d’ordonnancer et de surveiller le travail des esclaves, tandis que d’autres, tel Périclès, devaient s’en remettre encore davantage à leurs intendants serviles. Le type le plus courant de géôrgos était cependant celui qu’affectionnait Aristophane : le paysan aisé, de la classe des zeugites, qui se faisait aider aux champs par quelques esclaves domestiques (se comptant sur les doigts d’une seule main) et qui répugnait à consacrer trop de temps aux joutes de l’assemblée ou aux expéditions militaires. Au bas de l’échelle, on devait trouver une minorité d’hommes libres assurants seuls (ou avec leurs enfants) la culture de leur lopin de terre. Selon que ces géôrgoï travaillaient de leurs bras ou ne s’acquittaient que d’une tâche de surveillance (epiméléia), on les qualifiait ou non d’autourgoï : ceux-ci étaient sans doute, dans l’Athènes du ive siècle, plus nombreux que ne le font supposer les discours judiciaires qui concernent surtout l’aristocratie foncière11, mais moins nombreux cependant que dans d’autres régions de la Grèce (comme certaines parties du Péloponnèse) où l’esclavage rural était peu développé. Dans la même catégorie sont vraisemblablement à ranger les quelques citoyens, métèques et surtout affranchis, qui prenaient à ferme des terres privées – tandis que les locataires des biens des orphelins et des épiclères, ainsi que des domaines publics ou sacrés, étaient au contraire uniquement des citoyens, parfois de condition fort aisée12.
6Une hiérarchie analogue se rencontrait parmi les artisans, dont une forte proportion était, on le sait, d’origine étrangère (moins forte cependant qu’on ne l’imagine parfois à la suite de J. Hasebroek). D’aucuns en effet se bornaient à surveiller de plus ou moins près leurs ergastèria serviles : tels des « démagogues » mis en scène par Aristophane. Mais il en était d’autres qui s’activaient dans leurs échoppes, où l’on venait volontiers leur faire la conversation : leur idéal était de se faire aider par quelques esclaves. Là encore, faute du moindre matériel statistique, il nous est impossible d’apprécier dans quelle mesure les artisans libres, citoyens ou métèques, contribuaient directement à la production. Et le problème se pose dans les mêmes termes pour le monde des échanges allant des petits kapèloï de l’agora, rivés à leurs étals, jusqu’aux emporoï et banquiers les plus cossus, qui devaient se décharger sur leur personnel servile du gros de leurs transactions.
7On peut en revanche qualifier, sans hésiter, de travailleurs certains « salariés » (misthôtoï) – quand ce terme s’applique aux hommes libres, dépourvus de qualification, qui, comme le dit Platon (Rép. II, 371e), « vendent l’emploi de leur force » corporelle en échange d’un misthos : c’est une occupation en soi, et non la condition générique de tous ceux qui sont ainsi rémunérés (y échappent en particulier ceux des artisans qui, au lieu de vendre les produits de leur travail, touchent également un misthos en contrepartie de leurs services). Mais leur importance numérique a donné lieu à des évaluations très divergentes, car d’inspiration plus ou moins moderniste. Les uns tendent en effet à l’estimer égale à celle de la catégorie censitaire des thètes auxquels ils semblent souvent intimement liés, et invoquent en ce sens le centre d’embauche des salariés existant à Athènes : le kolônos agoraïos, dit encore misthios ou ergatikos, et aussi misthôtèrion13. D’autres, au contraire, soulignent fort justement qu’on ne devenait misthôtos que, pour ainsi dire, par accident – « faute du nécessaire », quand on était dépourvu de toute possibilité d’investissement, et souvent pour des travaux saisonniers (moisson, vendange, cueillette des olives) ; que la plupart des exemples connus se situent dans une conjoncture difficile pour la cité ; que l’on ne rencontre aucune entreprise agricole ou artisanale dont le fonctionnement soit fondé sur le salariat et que nul ne songea jamais à remédier de cette façon au désœuvrement des hommes libres.
8Cette analyse rapide des diverses catégories de personnes libres engagées dans la production matérielle doit enfin s’appliquer aux femmes et aux enfants. À ceux-ci on se souciait d’enseigner très tôt, par la pratique, une certaine technè – comme l’imposait une loi fameuse de Solon : le plus souvent, c’était leur père qui s’en chargeait, à moins qu’ils ne fussent placés en apprentissage auprès d’un tiers. Dès leur plus jeune âge, ils devaient également participer aux travaux de maison, comme on peut l’inférer du rôle de serviteurs qu’ils partagent avec les femmes dans les représentations plus ou moins utopiques de sociétés sans esclaves. Les femmes, en tous cas, occupaient une large place dans ce « royaume de l’intérieur » que la nature leur avait réservé, et cela quel que fût leur rang social14. Elles étaient d’abord, évidemment, chargées de régler au mieux la vie de la maison, ainsi qu’Ischomaque le recommande longuement à sa jeune épouse (Xénophon, Écon., VII, 36-37) ; mais celle-ci se devait aussi de mettre éventuellement la main à l’ouvrage : surtout de « s’approcher du métier à tisser pour enseigner ce qu’elle savait mieux que les autres et apprendre de son côté ce qu’elle savait le moins bien » (X, 10) – le travail de la laine étant, sauf à Sparte, la principale activité productrice des femmes libres ; en cas de besoin, il lui fallait même s’acquitter de besognes normalement réservées aux esclaves (moudre le grain, pétrir la pâte par exemple). La ligne de démarcation entre ces travaux domestiques et les tâches accomplies à des fins lucratives n’est pas toujours facile à tracer. Dans certains cas, cependant, il est évident que les femmes libres écoulaient au dehors au moins une partie de leur production : telle, dans les Grenouilles d’Aristophane (v. 1347-1351), celle qui se voit en rêve « tout occupée à (ses) travaux, tordant de (ses) mains un fuseau chargé de lin, faisant une pelote pour, au petit jour, l’aller vendre au marché » ; telles aussi, dans les Mémorables de Xénophon (II, 7), la dizaine de parentes qu’Aristarchos recueillit chez lui en temps de guerre et qu’il ne réussit à nourrir qu’en les persuadant, sur les conseils de Socrate, de confectionner des vêtements, « le travail le plus honorable et le plus convenable pour des femmes ». Parfois aussi la femme aidait son mari dans ses activités artisanales (jamais, apparemment, aux travaux des champs) : par exemple, au peignage de la laine ou à la dorure des casques. La nécessité pouvait enfin la contraindre à s’engager comme salariée ou à ouvrir elle-même un petit atelier (bien qu’en ce cas elle s’adonnât plutôt au commerce de détail) : même à Athènes, où ses droits de propriété paraissent avoir été plus limités qu’ailleurs, il ne semble pas que la loi qui lui interdisait de « passer contrat pour plus d’un médimne d’orge » y ait fait sérieusement obstacle en l’obligeant à recourir à tout propos aux bons offices de son kyrios15.
9La plupart des hommes et femmes libres n’étaient donc, dans l’Athènes classique, rien moins qu’oisifs : il n’est pas de secteur de la production matérielle, même les mines, où ils ne sont présents sous une forme ou sous une autre. Mais nous ne disposons d’aucune donnée quantitative pour y apprécier leur rôle global par rapport à celui des esclaves, non plus que l’importance relative des diverses catégories de travailleurs que nous avons distinguées. Et ce qui est vrai de l’Athènes classique l’est aussi, a fortiori, de la plupart des cités grecques de n’importe quelle époque, où la diffusion du travail libre ne peut généralement s’évaluer qu’en fonction inverse de celle que l’on impute à l’esclavage sur des bases tout aussi fragiles ! Il n’est guère en effet que quelques cités où le problème est davantage circonscrit par l’interdiction faite soit à tous les hommes libres, soit plus fréquemment aux seuls citoyens de plein droit, de pratiquer un métier « banausique » : le meilleur exemple étant ici Sparte, dont rien ne prouve qu’elle cessât jamais d’observer cette prescription de « Lycurgue »16.
10Nous sommes ainsi amenés à passer de la description « quantitative » à l’interprétation « qualitative » du travail libre en Grèce ancienne : c’est-à-dire à rechercher les présuppositions socio-politiques succeptibles de rendre compte des formes spécifiques qu’il y a revêtues.
11La condition de citoyen-propriétaire foncier-travailleur est apparemment celle qui s’explique le plus aisément : à condition de bien poser, comme le fait Marx dans les Formen, qu’il s’agit essentiellement d’un membre de la communauté qui, en cette qualité, a accès à la terre et qui, en même temps, travaille. Mais cette représentation (avec les modifications que purent y apporter le développement des échanges et la diffusion de l’esclavage marchandise) pourrait bien être, plutôt qu’un héritage de l’ordre « naturel », le produit tardif d’un système socio-politique original. La question se pose tout particulièrement à propos de la fameuse réforme agraire de Solon : acte de naissance ? ou de renaissance ? d’une paysannerie libre. À la conception traditionnelle de paysans originellement libres (tant du point de vue politique qu’économique) et progressivement réduits au cours du viie siècle, par le mécanisme de l’endettement, à la condition d’« hectémores », voire d’esclaves17, s’oppose en effet l’hypothèse développée par M. I. Finley18, selon laquelle cet « endettement » n’est que la justification juridique, plus ou moins tardive, d’une situation de dépendants (pelataï) comparable à celle qui a perduré dans d’autres campagnes grecques (hilotes spartiates, pénestes thessaliens, etc.) et que l’on rencontre dans de nombreuses sociétés à base agraire. Dès lors, la paysannerie travailleuse libre, en Grèce classique, ne serait pas une survivance de la « communauté primitive » (réactivée en Attique par Solon), mais bien plutôt le point d’aboutissement, sur un fond de dépendance et non de liberté, de l’évolution historique de certaines cités achevant de se constituer sur des bases politiques, parallèlement au développement de l’esclavage-marchandise – tandis qu’ailleurs, comme à Sparte, les travailleurs ruraux continuaient à vivre sous la dépendance d’une élite civique se consacrant exclusivement au métier militaire. À l’époque archaïque, on aurait ainsi assisté dans certaines régions du monde grec, pour des raisons économico-politiques qui sont loin d’être claires, à une sorte de changement de cap, de la dépendance généralisée vers une opposition tranchée de l’esclavage et de la liberté. À l’appui de cette hypothèse, on a pu invoquer quelques exemples postérieurs d’une semblable émancipation des travailleurs ruraux allant de pair avec la diffusion de l’esclavage-marchandise : par exemple, en Thessalie à partir de la fin du ve siècle et peut-être aussi à Sparte à la basse époque hellénistique19. Cela ne veut cependant pas dire qu’il n’ait pas existé dans l’Athènes pré-solonienne, à côté d’une masse de dépendants, un fort noyau de paysans libres. Autrement, on ne saurait en effet s’expliquer le phénomène hoplitique, ni réussir à faire le joint avec les campagnes homériques, où l’on trouve deux types de travailleurs non-serviles : les détenteurs de klèroï, paraissant constituer l’élite militaire du laos ; les thètes privés de terres, vivant à la solde des puissants et occupant une position ambigüe en marge de leurs oikoï20 Mais où situer, dans cet éventail statutaire et ce processus historique, le petit paysan « libre » d’Hésiode, qui n’en reste pas moins la proie des « rois mangeurs de présents », ainsi que la figure si mystérieuse du latris archaïque21 ?
12Il n’est pas davantage évident, contrairement à ce que postulaient bon nombre d’historiens au début de ce siècle, que le progrès technique et la division du travail, joints à l’essor du commerce, devaient spontanément engendrer, à l’intérieur du corps civique, un artisanat libre : quelques cités, réelles ou imaginaires, en faisaient du reste, à l’époque classique, un monopole des étrangers ou des esclaves. Une certaine ambiguïté caractérise déjà, précisément, le statut des démiurges homériques (appellation qui, on le sait, n’est pas réservée aux travailleurs manuels) : ce sont certes des hommes libres, originaires ou non de la communauté, qui sont honorés pour leur savoir-faire quasi-divin, mais ce sont aussi, comme leur nom l’indique, des serviteurs du dèmos (que leur entretien ait été assuré par celui-ci ou par leurs employeurs privés22). Une étude récente de la mythologie de l’artisan en Grèce ancienne à travers le mythe de Dédale, a également montré que le daïdalon, de facture composite, est un instrument en même temps qu’un aspect de la mètis du souverain23. La liberté de l’artisan classique, accompagné comme nous le verrons par une baisse de son prestige professionnel, serait donc indissociable de la sécularisation et de la privatisation de sa fonction dans le cadre socio-politique de la cité.
13Les documents, surtout épigraphiques, que nous possédons sur les travaux publics nous permettent, d’autre part, de mieux comprendre le rôle qu’y jouait le travail libre. À partir d’une analyse des comptes de construction du sanctuaire d’Epidaure, A. Burford24 a en effet souligné à quel point le programme des réalisations et le système d’adjudication utilisé dépendaient des possibilités de se procurer de la main-d’œuvre qualifiée, sur place ou à l’étranger, et que celle-ci était presque exclusivement – sauf circonstances exceptionnelles comme celles que connaissait Athènes en 408-407, lors de l’achèvement de l’Erechthéion25 – une main-d’œuvre libre. D’une réflexion, assez rapide dans le cas de la Grèce, sur l’ensemble des travaux publics dans l’Antiquité, G. Bodei Giglioni conclut de son côté qu’ils visaient essentiellement, non pas à assurer le plein emploi, mais bien à embellir la cité ou à honorer les dieux – dans une conjoncture de prospérité « che genera il bisogno di forzalavoro invece di subirlo »26. On comprend mieux ainsi que, dans l’artisanat, le travail libre n’ait apparemment pas eu à souffrir de la concurrence servile – même durant la crise du ive siècle27 – parce qu’en ce secteur l’offre restait inférieure à la demande, dans un monde où l’agriculture familiale continuait à exercer une fonction régulatrice. Les seules mesures économiques prises par la cité visaient à protéger le citoyen contre l’étranger, quel qu’il fût, dans la répartition des profits.
14On s’est enfin naguère attaché à dégager les traits spécifiques de la rémunération que constitue le misthos. Contre une certaine tendance rémanente à gommer les différences entre l’esclavage et le salariat dans l’Antiquité classique, E. Ch. Welskopf a tout particulièrement, du côté marxiste, insisté sur l’originalité de l’un et l’autre mode d’exploitation28. En Occident, ce sont plutôt les différences entre les « salariés » antiques et modernes qui ont retenu l’attention des opposants à toute interprétation moderniste de l’économie grecque. C’est ainsi qu’A. Burford a fait remarquer que les sommes versées aux contractants, entre autres les misthoï, se présentaient trop souvent sous forme d’un chiffre rond, étaient trop insensibles aux fluctuations brutales des prix et trop variables au même moment d’un chantier à un autre, pour avoir étroitement dépendu, comme le supposaient jadis des historiens comme G. Glotz ou F. M. Heichelheim, de la loi de l’offre et de la demande fonctionnant dans le cadre d’une économie de marché : elles paraissent au contraire peu ou prou influencées par de nombreuses considérations extra-économiques (qualité du service rendu, volonté de manifester son dévouement à la cité ou sa piété envers la divinité, avantages conférés en nature ou sous forme d’« honneurs »29), et avoir donc revêtu un certain caractère conventionnel. Nous ne savons cependant pas ce qu’il en était des salaires versés par les employeurs privés.
15Prolongeant une étude d’É. Benvéniste, sur « Prix et salaire » dans Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Éd. Will30 conclut de la même façon que le mot misthos, qui s’appliquait chez Homère à une rétribution matérielle fixée à l’avance et venant en récompense d’une action difficile – caractéristique d’un système où les échanges économiques et les relations sociales étaient dominés par la pratique du don et du contre-don –, garda jusqu’à l’époque classique la signification d’une rémunération quelque peu casuelle et honorifique, sans jamais revêtir tout l’aspect régulier et purement économique qui est celui du salaire moderne. De l’athlon et du dôron, il se distingue cependant par le fait qu’il procède d’un accord contractuel. Et c’est aussi, selon Ph. Gauthier31, ce qui différencie la trophè du misthos jusqu’au début du ive siècle : « La question n’est pas de savoir si l’une était en nature, l’autre en espèces, puisque, de même que la trophè pouvait être versée en argent, de même et inversement le misthos pouvait être acquitté en nature. La différence n’était pas non plus dans le but, puisqu’en fin de compte le misthos, comme la trophè, permettait à celui qui le recevait d’assurer son entretien. La différence est dans la nature des liens qui unissent celui qui donne et celui qui reçoit. Entre la personne (ou le groupe) qui ‘‘nourrit’’ et celle qui ‘‘est nourrie’’, il y a un lien d’ordre affectif et moral, impliquant chez celui qui ‘‘nourrit’’ la notion de responsabilité et de devoir… Au contraire, entre le recruteur qui promet un salaire (ὁ μισθωσάμενoς) et la recrue qui s’engage pour un salaire (μισθῷ πεισθες), il n’y a que contrat, donnant-donnant. » Si le mot misthos prend, à partir du ive siècle, une signification plus substantive et cesse, à l’époque hellénistique, de pouvoir « être innocemment utilisé comme équivalent d’athla ou de dôra »32, n’est-ce pas que ce mode de rémunération du travail libre prenait alors une extension croissante avec le développement de l’économie de marché ?
16La réflexion amorcée par Ed. Will et Ph. Gauthier mériterait d’être étendue à tout le vocabulaire des rapports « para-salariaux » (par exemple aux mots épisitios et oikositos). Une direction parallèle de recherche serait d’examiner comment s’opère éventuellement le passage, chez les hommes libres, des obligations contractuelles aux obligations coutumières de caractère plus ou moins extra-économique ; comment le contrat de travail tend à se muer en contrat de prestation totale, dans des sociétés où l’esclavage (sous une forme ou sous une autre) est à l’horizon de toute relation de service. C’est vrai, comme l’a noté A. Mele33, du thète homérique, que Télémaque considère comme sien presque au même titre que le dmôs, et dont le sort reste précaire, même si toute entorse à son contrat est ressentie comme un abus : « en d’autres termes, le thète est vu comme un libre qui se rend semblable à l’esclave par un contrat et dans la mesure où il reste lié au contrat ». Dans la même perspective, on peut se demander pourquoi, dans les Mémorables de Xénophon (II, 8), Euthèros, qui se résigne à travailler de ses mains contre salaire, refuse de s’occuper régulièrement des affaires d’autrui en qualité d’intendant, en s’écriant que ce serait « supporter un esclavage » : pourquoi la sécurité de l’emploi, si recherchée de nos jours, lui apparaît-elle, en ce cas, si dégradante ? Tout se passe, en l’occurrence, comme s’il avait craint d’être réduit à l’état de « client », peut-être identique au pélatès qui servait comme thète dans la propriété détenue à Naxos par le père d’Euthyphron (Platon, Euth., 4c et 9a). Mais sur quelle base juridique reposait ce type de dépendance ? Sur une forme de paramonè comparable à celle qui était couramment imposée aux affranchis sans porter fondamentalement atteinte à leur liberté ? Il me semble en tous cas qu’à Athènes et sans doute plus encore dans d’autres cités grecques (cf. le code de Gortyne) certaines contraintes et pressions extra-économiques pouvaient s’exercer sur le travail des hommes libres (en dehors évidemment des « réquisitions » décidées par l’Etat, surtout pour la construction de fortifications) : sans doute, comme le fait remarquer Cl. Mossé à propos du texte de Platon évoqué ci-dessus, parce que le travailleur est encore incapable de se vendre lui-même comme pure force de travail, comme une réalité indépendante de lui-même34 ?
17Le travail libre en Grèce ancienne n’est donc ni la simple survivance d’un état de « nature », ni le produit non moins « naturel » du progrès technique. Ce sont là deux « explications », d’esprit également téléologique, qui concourent souvent à faire passer toute forme d’exploitation pour une contingence… l’esclavage antique pour un élément rapporté, un produit de luxe, dont l’importance temporaire n’aurait tenu qu’à l’incapacité des hommes libres de satisfaire une consommation hypertrophiée artificiellement par un afflux de richesses extérieures. Le travail libre nous est au contraire apparu comme étroitement conditionné, dans son existence même autant que dans ses formes, par l’ensemble des structures économiques, sociales et politiques qui sont celles de la cité, ou plutôt des cités, aux divers moments de leur histoire. À titre de contre-épreuve, considérons la façon dont il se présente dans le monde mycénien – malgré les fortes incertitudes qui pèsent, à tous les niveaux, sur l’interprétation des tablettes. D’une part, le libre jeu des contraintes économiques s’y laisse difficilement saisir : c’est ainsi que la nature du misthos n’est guère éclairée par la présence du mot e-mi-to dans une tablette présentant « ou bien un tableau de mouvement de personnel vers les ateliers ( ?o-pa), ou bien un tableau du personnel déjà employé dans certains ateliers ou responsable, pour certains ateliers »35. D’autre part, le terme e-reu-te-ro (ἐλεύθερoς ) ne s’applique qu’aux denrées « franches (de taxation) » et n’indique ainsi que « l’espace dans lequel se réalise l’autonomie par rapport au palais »36. Nous sommes là dans un monde où le dû, plutôt que le don, constitue le principe régulateur des rapports économiques et où, par conséquent, le problème du travail libre, tel que nous l’avons défini, n’a à la limite aucun sens.
18Le seul aspect du travail libre auquel les Grecs aient longuement et systématiquement réfléchi, c’est sa valeur éthico-politique.
19Leur réflexion porta plus précisément sur le travail des citoyens : car nul n’éprouva jamais le besoin de réfléchir ni ne trouva à redire au travail des étrangers (et a fortiori des esclaves). Le travail en soi, comme l’a bien montré A. Aymard37, n’était d’autre part l’objet d’aucun discrédit, si bien que chacun, quel que fût son rang social, pouvait s’y adonner sans encourir de blâme : à condition toutefois qu’il ne fût pas « entrepris sur l’ordre ou à la demande d’autrui », c’est-à-dire qu’il respectât « un certain idéal de liberté à la fois économique et morale, la liberté économique étant comprise comme la condition nécessaire de la pleine liberté morale ». On était aussi parfaitement conscient que le travail de tous, libres aussi bien que non-libres, avait assuré la base matérielle du progrès de la civilisation, et en particulier de ce qu’on devait aux « premiers inventeurs », de même qu’on savait l’apprécier sur le plan moral, en tant que ponos, ou reconnaître ce que les technaï contenaient de savoir positif38 : étant bien entendu, cependant, que la politique, au sens étymologique du terme, se situait sur un plan supérieur, ayant ses exigences propres.
20Dans ces limites, s’imposait à l’ensemble des écrivains athéniens de l’époque classique une certaine hiérarchie de valeurs, trop connue pour que j’y insiste : estime plus ou moins vive envers les géôrgoï (propriétaires), auxquels le travail de la terre, seule source matérielle de richesse, assurait l’autonomie économique tout en leur enseignant la justice, la piété, l’endurance et le dévouement à la communauté39 ; mépris plus ou moins accentué envers les artisans, fréquemment stigmatisés en la circonstance du nom de banausoï, et à plus forte raison envers les misthôtoï ou thètes dont l’âme, ainsi que le corps, s’avilissaient en accomplissant au service d’autrui une œuvre ontologiquement dépréciée – à tel point qu’Aristote y voit des « sortes d’esclaves » subissant une « servitude limitée »40.
21Parallèlement, la nature des politéiaï, réelles ou idéales, se définissait souvent d’après la place et le rôle qu’y tenaient ces différentes catégories socio-professionnelles. De la démocratie extrême à l’oligarchie la plus fermée, les possibilités étaient nombreuses, selon que toutes ces catégories étaient admises dans le corps civique ou que certaines d’entre elles en étaient exclues (en priorité les artisans, les commerçants et les marins, rarement les paysans) ; selon aussi que l’exercice des fonctions publiques, militaires ou religieuses leur était dévolu ou était au contraire réservé à une élite complémentaire de « sages », de soldats ou de prêtres.
22Ces critères avaient également plus ou moins cours dans les autres cités grecques : les Corinthiens étant, selon Hérodote (II, 167), ceux qui « réprouvent le moins les artisans » (noter la tournure négative). Mais étaient-ils partagés par la masse anonyme du peuple travailleur ? Les historiens modernistes de la fin du xixe-début xxe siècle, ainsi que leurs épigones actuels, se refusent à le croire : ils y voient essentiellement un préjugé, tardivement apparu, d’intellectuels inféodés à l’aristocratie foncière, que combattait un prolétariat en herbe occupé à jeter les fondements du socialisme et du communisme modernes… Même en recourant à la documentation archéologique, que l’on peut parfois supposer moins contaminée par l’idéologie des couches dirigeantes, il paraît cependant difficile de déceler l’existence, fût-ce à l’arrière-plan de la conscience sociale, d’une autre hiérarchie, structurée et cohérente, émanant des classes laborieuses. À en juger, par exemple, d’après la représentation de l’artisan dans l’imagerie céramique (traits grossiers et position accroupie à la manière des esclaves) on le sent généralement frappé (à ses propres yeux ?) d’une sorte de tare servile, même s’il porte parfois des marques d’héroïsation adaptées au contexte mythologique41. L’artisan-artiste, lui-même, peut être fier de son œuvre, se tailler une belle réputation et parfois aussi s’enrichir : mais ces réussites individuelles ne débouchent jamais sur une volonté catégorielle de renversement des valeurs établies et d’émancipation socio-politique42. Rien ne nous prouve non plus que les choses en soient allées de façon sensiblement différente avant ou après l’époque classique – en particulier chez les Stoïciens, qui tinrent tous les métiers pour indifférents plutôt qu’honorables et conçurent une morale du devoir et non du travail. Même prospère et talentueux, l’artisan libre a donc été selon l’heureuse formule de P. Vidal-Naquet43, le « héros secret » de l’histoire grecque.
23Il faut, d’autre part, souligner que les lignes essentielles de clivage à l’intérieur du corps civique athénien ne respectaient pas le classement fonctionnel présenté par les « intellectuels » : leur constructions idéologiques, même si elles faisaient l’unanimité, ne s’en situaient pas moins en deça ou au delà de la pratique politique. Celle-ci était davantage conditionnée par le degré de richesse des citoyens, s’exprimant en termes censitaires ou se traduisant, plus globalement, par l’opposition des « pauvres », ou plutôt des « besogneux » (pénètes, aporoï) et des riches (plousioï, euporoï). Or, comment se définissaient ces deux catégories ? Par l’obligation ou non de travailler pour se procurer de quoi vivre, c’est-à-dire moins par un certain niveau de fortune que par un certain genre de vie. Cette opposition entre pauvreté et richesse est à rapprocher de celle – non moins fondamentale – d’ascholia et de scholè. À la différence de l’argia, dés-œuvrement du pauvre et à ce titre blâmable, la scholè est en effet le loisir que l’on peut et que l’on doit s’accorder après satisfaction des besoins44. C’est une notion positive, dans son contenu autant que dans sa forme puisque créatrice de valeurs – par opposition à la simple « tranquillité » (hèsychia) et au pur « divertissement » (païdia). À partir de l’époque classique, le débat sur la nature de ces valeurs – politique ou personnelle – sera au cœur de la réflexion philosophique. Le problème du travail libre se trouve ainsi de nouveau abordé de biais : sous l’angle des revenus dont dispose le citoyen (plus tardivement le « sage ») et du loisir qu’ils lui autorisent.
24On s’est beaucoup demandé pour quelles raisons profondes le travail tenait si peu de place, et si médiocre, dans l’échelle des valeurs, et on a généralement répondu en invoquant des facteurs externes : l’influence de l’esclavage et (ou) l’institution des misthoï civiques. Il faut certainement en tenir le plus grand compte, à certaines époques et dans certains milieux. Mais on ne saurait pour autant se dispenser de recourir à des explications internes et plus générales, tenant compte de l’ensemble des structures économiques, sociales et politiques du monde grec. En suivant cette voie déjà largement explorée par J.-P. Vernant, on réussit mieux à comprendre pourquoi le citoyen grec se pose en consommateur et non en producteur, et pourquoi aussi les différents travaux productifs sont inégalement valorisés45. Ainsi peut-on tenter d’échapper à l’emprise des postulats idéologiques sur lesquels repose aujourd’hui la glorification du « travail libre ».
Notes de bas de page
1 Voir en particulier M. I. Finley, « The servile Statuses of Ancient Greece », Rev. Int. Dr. Ant., 7, 1960, p. 165-189 ; « Between Slavery and Freedom », Comp. St. in Soc. and Hist., 6, 1964, p. 233-249.
2 Je renvoie ici aux nombreux articles de H. Kreissig sur ce sujet.
3 Essentiellement W. Drumann, Arbeiter und Kommunisten in Griechenland und Rom, 1860 ; R. V. Pohlmann, Geschichte des antiken Kommunismus und Sozialismus (1893-1901 ; 3e édition en 1925 sous le titre de Gesch. der sozialen Frage und des Sozialismus in der antiken Welt avec, en appendice, une étude critique de F. Oertel, II, p. 511-571, reprise dans ses Kleine Schriften, 1975, p. 4098). Avec diverses nuances : A. Mauri, I cittadini lavoratori dell’Attica nei secoli ve e ive A.C., 1895 ; P. Guiraud, La main d’œuvre industrielle dans l’ancienne Grèce, 1900 ; H. Francotte, L’industrie dans la Grèce ancienne, 1900-1901 ; G. Salioli, Le capitalisme dans le monde antique, 1906 ; O. Neurath, Zur Anschauung der Antike über Handel, Gewerbe und Landswirtschaft, I. (Diss. Iena, 1906) et II-III (Jahrb. f. National-ökon. u. Stat., 89, 1907, p. 145-205) ; G. Glotz, Le travail dans la Grèce ancienne, 1920. Sans compter de nombreux articles consacrés surtout aux artisans : de Brants, dans Rev. de l’Instr. publ. en Belgique, 26, (1883 ; non consulté) ; F. Cauer, Neue Jahrd. f. kl. Alt., 3, 1899, p. 686-702 ; P. Waltz, Rev. hist., 117, 1914, p. 5-41 ; 141, 1922, p. 161-193 ; 142, 1923, p. 14-46 ; 146, 1924, p. 161-204, ainsi que dans l’Information hist., 8, 1946, p. 65-71 ; etc.
4 « Die Wirtschaftliche Entwicklung des Altertums », 1895 et « Die Sklaverei im Alt. », 1898, dans Kl. Schr., 1910, notamment p. 121-129.
5 Par ex., F. Bourriot, « La Grèce », dans l’Histoire générale du travail, éd. L.-H. Parias, I, 1962, p. 145-256.
6 En particulier H.-D. Zimmermann, « Die freie Arbeit in Griechenland wärhend des 5. und des 4. Jahrh v. u. Z. », Klio, 56, 1974, p. 337-352, et « Freie Arbeit, Preise und Löhne », dans Hellenische Poleis, éd. E. Ch. Welskopf, I, 1974, p. 92-107. Pour les années 30-50, seulement un article de B. Bilinski, « Le travail dans la Grèce antique », Archeologia, 2, 1948, p. 31-103 (en polonais ; rés. fr. p. 486-489).
7 Cl. Mosse, Le travail en Grèce et à Rome, (1966 ; éd. anglaise revue et complétée : The Ancient World at Work, 1969) ; A. Burford, Craftsmen in Greek and Roman Society, 1972 : M. I. Finley, The Ancient Economy, 1973 ; M. Austin et P. Vidal-Naquet, Économies et sociétés en Grèce ancienne (1972 ; 2e éd. 1973 ; éd. angl. revue et complétée, 1977).
8 « Le travail et la pensée technique », dans Mythe et pensée chez les Grecs, 1965, p. 183-247.
9 Sur les éleuthéroï technaï, voir en dernier lieu J. Christes, Bildung und Gesellschaft, 1975.
10 N. Himmelmann, Archäologisches zum Problem der griechischen Sklaverei (Abh. Ak. Wiss. Mainz., 1971, 13) ; J. Ziomecki Les représentations d’artisans sur les vases antiques, 1975.
11 Cl. Mosse, « Le statut des paysans en Attique au ive siècle », dans Problèmes de la terre en Grèce ancienne (Ed. M. I. Finley, 1973), p. 179-186, en particulier p. 183.
12 Le développement de ce mode d’exploitation foncière et les formes juridiques qu’il a pu revêtir restent difficiles à préciser : L. M. Gluskina, « L’affermage des terres en Attique au ive siècle » (en russe), VDI, 1968, 2, p. 42-58 ; D. Bahrend, Attische Pachturkunden, 1970.
13 A. Fuks, « Kolônos misthios : Labor Exchange in Classical Athens », Eranos, 49, 1951, p. 171-173.
14 P. Herfst, Le travail de la femme dans la Grèce ancienne, 1922 ; plus largement, S. B. Pomeroy, Goddesses, Whores, Wives and Slaves, 1975.
15 G. E. M. de Ste Croix, « Some Observations on the Property Rights of Athenian Women », Cl. Rev., 84, 1970, p. 273-278 ; H. Schaps, Women and Property Control in Class. and Hellenistic Athens (Ph. Diss. Harvard Univ., 1972), non consulté.
16 R. H. Ridley, « The economic Activity of the Perioikoi », Mnemosyne, 4e s., 27, 1974, p. 281-292 ; G. Berthiaume, « Citoyens spécialistes à Sparte », Mnemosyne, 4e s., 29, 1976, p. 360-364.
17 Voir la mise au pouint d’Éd. Will, « La Grèce archaïque », 2e Conférence d’hist. économique, Aix-en-Provence 1962, I, 1965, p. 59-94.
18 « La servitude pour dettes », Rev. hist. dr. fr. et étr., 43, 1965, p. 159-184.
19 Communications inédites de Cl. Mossé au colloque de Besançon 1974 et à un colloque sur l’esclavage tenu en Pologne en 1975. Cf. I. A. Sisova, « Le statut des pénestes » (en russe), VDI, 1975, 3, p. 39-57.
20 A. Mele, Società e lavoro nel poemi omerici, 1968.
21 G. Steinmayr, « Sviluppi semantici della base latro in Grecia e in Roma », Atti e Mem. d. Accad. di Verona, 1955-1956, p. 151-163.
22 K. Murakawa, « Demiurgos », Historia, 6, 1957, p. 385-415 ; R. Walcot, « The Specialisation of Labour in Early Greek Society », REG, 80, 1967, p. 60-67 ; L. H. Jeffery, « Demiourgoï in the Archaïc Period », Arch. Class., 25-26, 1973-1974, p. 319-330.
23 F. Frontisi-Ducroux, Dédale, 1975.
24 The Greek Temple Builders at Epidaurus, 1969.
25 R. H. Randall, « The Erechtheum Workmen », AJA, 57, 1953, p. 199-210.
26 Lavori pubblici e occupazione nell’antichità class., 1974, p. 33-34.
27 Voir en dernier lieu J. Pecirka, « The Crisis of the Athenian Polis in the Fourth Century B.C. », Eirene, 14, 1976, p. 12.
28 « Einige Probleme der Sklaverei in der griechisch-römischen Welt », Acta antiqua, 12, 1964, p. 311358, en réponse à S. Lauffer.
29 Un bel exemple en est fourni par une inscription inédite d’Argos des environs de 330 : il s’agit d’un procès entre le prêtre de Pallas et l’ergatès Nicostratos (connu à Delphes et à Épidaure) à propos des géra du sanctuaire.
30 « Notes sur MISTHOS », Hommages Cl. Préaux, 1975, p. 426-438.
31 Un commentaire historique des « Poroï » de Xénophon, 1976, p. 20-32, en particulier p. 23-24.
32 H. W. Pleket « Games, Prizes, Athlets and Ideology », Arena, 1976, p. 86, n. 155.
33 Op. cit., p. 133.
34 CL. Mosse, « Les salariés à Athènes au ive siècle », Dialogues d’histoire ancienne, 2, 1976, p. 97-101.
35 Chr. Sourvinou, « A propos de la tablette KN As 821 », Minos, 9, 1968, p. 184-186 ; et aussi, avec des nuances, J. L. Melena, Studies on some Mycenaean Inscriptions, Suppl. Minos, 5, 1975, p. 46-49.
36 A. Mele, « Esclavage et liberté dans la société mycénienne », Actes du colloque 1973 sur l’esclavage, 1976, p. 123.
37 « Hiérarchie du travail et autarcie individuelle dans la Grèce archaïque », Journ. de psychol., 1948, p. 29-45.
38 Voir, par ex. R. Mondolfo, « The Greek Attitude to Manual Labour », Past and Present, 6, 1954, p. 1-5 ; I. M. Nakhov, « Le problème de la conception du travail dans le cynisme ancien » (en russe), dans O. Jurewicz et H. Kuch, Die Krise der griech. Poleis, I, 1969, p. 43-49.
39 W. E. Heitland, Agricola, 1921 ; H. Kier, Die laudibus vitae rusticae, 1933 ; K. Schutze, « Die Wertung baüerlicher Arbeit in der antiken Dichtung », N. Jahrb. f. ant. u. deutsche Bildung, 1938, p. 352-367.
40 Politique, III, 4, 12 et I, 13, 13.
41 Voir supra n. 10.
42 La tendance actuelle, dans la vieille polémique sur le « statut » de l’artiste grec, est à sa valorisation (sans que l’on distingue assez les différents genres de promotion auxquels il pouvait prétendre) : H. Philipp, Tektonon Daidala, 1968 ; H. Lauter, Zur gesellschaftlichen Stellung des bildenden Künstlers in der griech. Klassik, 1974.
43 « Grèce », Encyclopedia Universalis, 7, 1970, p. 1017.
44 E. CH. Welskopf, Probleme der Musse im alten Hellas, 1962 ; « Loisir et esclavage dans la Grèce antique », Actes du colloque 1973 sur l’esclavage, 1976, p. 159-178.
45 Voir supra n. 8.
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