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    Plan détaillé Texte intégral L’équipement d’une exploitation Le coût des outils La valeur d’un outil Notes de bas de page Auteur

    Économie et société en Grèce antique

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre V. De l’ethnologie à l’économie : le coût de l’outillage agricole

    Marie-Claire Amouretti

    p. 143-154

    Texte intégral L’équipement d’une exploitation Le coût des outils La valeur d’un outil Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1L’outillage agricole et l’équipement d’une ferme sont des sujets qui intéressent à juste titre ethnologues et économistes : les premiers pour en étudier la typologie sur la longue durée, les seconds pour en évaluer le coût comme capital investi et la performance dans la productivité espérée. Cependant cette seconde démarche n’est effectuée la plupart du temps que pour les grands domaines ou les exploitations modernes. Dans l’ancienne agriculture traditionnelle dès lors qu’un outil est en partie construit ou transformé à la ferme il paraît échapper à toute investigation chiffrée, à toute évaluation économique, nous sommes renvoyés aux séries typologiques des ethnologues et des archéologues1. Cela semble particulièrement vrai pour la Grèce antique qui ne bénéficie pas de sources équivalentes à celles que nous fournit le monde romain avec les Agronomes latins ou l’édit de Dioclétien sur les prix2.

    2Et cependant les données, fragmentaires il est vrai, du monde grec, la permanence d’un grand nombre de ses outils dans la culture méditerranéenne sur la longue durée peuvent peut-être permettre de dépasser cette frontière entre l’économique et l’ethnologique, et contourner les oppositions entre « primitivistes » et « modernistes » pour l’Antiquité hellénique3. C’est avec gratitude que je rends hommage à P. Lévêque qui m’a toujours soutenue dans la problématique si particulière de l’histoire des techniques, m’ouvrant libéralement les possibilités d’édition du Centre d’histoire ancienne de Besançon4. Ce modeste apport complémentaire voudrait, en prolongeant la réflexion, ouvrir d’autres pistes.

    L’équipement d’une exploitation

    3Peut-on faire l’inventaire de l’équipement d’une ferme grecque ? En fait le plus ancien inventaire de ce type est celui qu’ont dessiné les illustrateurs byzantins du manuscrit d’Hésiode Les travaux et les jours. Certes on ne peut utiliser sans précaution ce genre de sources : il y a beaucoup de fantaisie dans la représentation des outils, plusieurs s’inspirent d’instruments de l’époque byzantine, d’autres relèvent de l’imagination du copiste. Mais si l’illustration reste discutable dans le détail5 elle nous remet en mémoire une indication fondamentale : c’est chez Hésiode que nous trouvons la première… et la dernière évocation conservée dans les textes littéraires d’un équipement agricole et de sa fabrication. On peut bien relever des indications éparses chez Homère, Aristophane, Xénophon et Théophraste principalement, on n’a pas l’équivalent de l’apport hésiodique.

    4Par l’épigraphie, en dehors des allusions éparses dans les comptes de construction de temples, on aurait pu disposer d’un véritable inventaire chiffré, la liste des biens confisqués aux profanateurs, dont Alcibiade aurait été un des chefs selon les délateurs : l’inventaire des Hermocopides, bien daté de 414 avant J.-C. est pour nous un document inestimable. Avec ses limites évidemment ; il concerne un petit groupe de gens, souvent jeunes, appartenant à la classe aisée, qui ne sont pas représentatifs de la moyenne des exploitants grecs. L’inventaire est mené par lieux-dits, et non par propriétaires, il est lacunaire sur bien des endroits, les stèles étant mutilées. Cependant nous avons là des fragments d’inventaires d’exploitations (dont l’étude a été magistralement menée par W. Kendrick Pritchett et D. A. Amyx), aussi bien en Attique, qu’en Eubée ou à Thasos6. On a ainsi parfois le début de l’inventaire de l’outillage d’une exploitation. Ainsi dans la stèle II (I3 422, 1. 119-135) sont énumérés à la suite : 2 pelles à vanner, 4 fourches à vanner, des rateaux ou crochets7, des solives et tuiles faitières correspondant sans doute à un bâtiment, 3 paniers, une cage8, trois pioches à sarcler, un ciseau, une pince, entraves et axe9, serpe de vigneron, 10 houes, 3 houes à deux dents, tarière. Dans plusieurs cas on a la liste d’instruments recensés dans la cuisine : avec pilons de bois, mortiers, de bois, pierre ou céramique, jarres de farine, meules. Il s’agit parfois de maisons citadines (I3 422, l. 4-25 ; 224-235) mais aussi de bâtiments ruraux (I3 425, l. 5-10). Dans la stèle VI une énumération de bétail a été conservée (I3 426, l. 67-72). Plusieurs fragments se réfèrent à une exploitation viticole avec pressoir et échalas pour la vigne (I3 422, l. 254-256 ; 425, l. 55 et 57 et 135). Les contenants, pithoi, amphores, et la taille intermédiaire de la phidacnè sont recensés, vides ou pleins. Puisqu’il s’agit ici d’unité d’exploitation, certains propriétaires possédant manifestement des terres très dispersées, on peut se poser la question de leur taille en fonction de l’outillage conservé. F. Salviat a fait remarquer récemment que les vignobles de l’Athénien Adeimantos correspondaient à une étendue d’une trentaine d’hectares dans un cas, d’une dizaine dans l’autre, compte tenu de la capacité des pithoi et amphores conservées dans le chai10. On peut noter que l’énumération de la stèle II qui nous donne une indication sur les instruments manuels doit correspondre à une propriété en polyculture non négligeable qui utilise au moins trois laboureurs à temps plein et peut augmenter son personnel, mais n’est sûrement pas cependant immense.

    5On peut enfin essayer d’aborder la question par un autre angle en tentant d’établir la liste minimum de l’équipement d’une exploitation. Non celle qui fait partie des propriétés d’un riche citoyen, mais celle de la majorité des Grecs visant à l’autarcie, reposant sur la trilogie méditerranéenne, blé/vigne/oliviers, auxquels s’ajoutent les légumes, quelques fruits, quelques têtes de bétail ovin et caprin. Ce n’est pas possible à partir des données très éparses des sources antiques, c’est aux comparaisons ethnologiques qu’il faut revenir, et particulièrement à l’équipement agricole insulaire ; une véritable permanence peut être retrouvée à partir d’enquêtes d’époques variées, à Corfou, en Crète, à Amorgos et Melos11. La confrontation de ces enquêtes nous a conduite à esquisser une liste, étant bien entendu qu’il s’agit là d’une exploitation minimale, celle qui ne produit pas pour une vente importante, ni vin de cru ni vin de masse, pas plus le domaine spécialisé évoqué dans le Contre Phainippos de Démosthène, mais l’exploitation familiale de base, celle de la distribution d’un kleros, de cinq à huit hectares12.

    Le coût des outils

    6On le voit par notre tableau, les indications de coût sont fragmentaires. Cependant elles donnent des éléments non négligeables, et le rapport de prix entre les différents outils ne semble pas tellement changer dans l’Édit de Dioclétien. La valeur marchande de l’outillage agricole semble très stable à travers l’Antiquité13.

    7À l’époque archaïque beaucoup des outils de bois sont faits sur place. Cependant, Hésiode le rappelle, pour le métal, il faut bien passer à la forge. Dans l’Athènes classique, on trouve des fabricants de tous les types d’outils, araire comprise. Cependant le cas athénien est plutôt une exception. Dans beaucoup de régions grecques, la tradition hésiodique devait se poursuivre. Il est difficile d’évaluer pour cette période la part prise par le salaire dans le coût de fabrication d’un outil à lame de métal. Cependant, on a l’exemple, sur le chantier d’Éleusis au ive siècle, du salaire d’un ouvrier qui doit fabriquer ciseaux et trépans, c’est-à-dire des outils qui demandent de la précision mais sont légers. Il est payé 6 drachmes pour 6 outils, le métal étant fourni pour 4 drachmes 3 oboles pour chaque ciseau. Si le coût du matériau n’est pas négligeable pour le métal ou la pierre, le bois est moins cher qu’on ne pourrait le penser. On peut avoir en réserve des lots d’échalas pour la vigne pour 3 oboles les cents. Seules les portes pleines ou demi-pleines et les grosses solives atteignent des prix plus élevés ; mais qui n’ont rien de prohibitif, de 3 à 7 drachmes pour une poutre de 3 mètres. La céramique est d’un prix dérisoire, une amphore vide n’atteint pas 2 oboles. Et une très grande partie de l’équipement de la cuisine est en céramique, ainsi que tous les contenants des réserves et même certaines auges de pressoir. Cependant, les grands vases tranchent dans cette énumération, de 30 à 50 drachmes, c’est un prix très élevé, dans lequel le coût du matériau intervient peu14. Souvent enterrés, les pithoi sont vendus avec la maison. C’est un objet que l’on ne renouvelle pas, il faut qu’il soit d’excellente qualité. A l’époque contemporaine, les pithoi étaient faits par des artisans spécialisés qui se déplaçaient de village en villages.

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    (D) : Edit de Dioclétien
    (H) : Stèle des Hermocopides
    (E) : Comptes d’Eleusis

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    (D) : Edit de Dioclétien
    H) : Stèle des Hermocopides
    (E) : Comptes d’Eleusis

    8C’est là d’ailleurs un des investissements les plus importants. Dans bien des cas on n’a pas besoin du pressoir dont Caton plus tard détaillera minutieusement l’installation. La table de presse, si souvent illustrée sur les vases suffisait pour le vin, le foulage aux sandales de bois dans l’auge pour l’huile15. Même dans le cas des fermes du Bosphore pour lesquelles l’installation viticole est en partie restée en place avec des pressoirs à contre-poids16, l’investissement ne peut être très élevé : compte tenu du prix des matériaux en pierre et du coût de l’arbre de presse, il ne devait pas dépasser 20 drachmes. En revanche, si on veut un chai important, on doit fournir au départ, un déboursement non négligeable. C’est pourquoi on comprend que dans le cas des vignobles orientés vers la vente des fabricants céramistes soient annexés à la propriété17.

    9Mais pour le petit paysan, un équipement tel que nous venons de l’évoquer dans notre liste n’est pas très cher. Est-il négligeable pour autant ? Comment apparaît-il par rapport au coût de la vie ?

    10Nous n’avons, pour la période classique, d’indications sérieuses sur le coût de la vie que pour Athènes. On sait que le misthos héliastikos était de 2 oboles au début de la guerre du Péloponnèse, et qu’Aristophane s’indigne d’un misthos ekklesiastikos à 3 oboles au début du ive siècle18. Cela doit couvrir les besoins alimentaires de la journée, c’est la trophè donnée par la cité à ceux qui la servent. Cette indemnité couvre facilement les besoins en céréales ; un chenice par jour de blé à trois drachmes le médimne ne coûte pas une obole pour la journée. Même à 5 drachmes il permet d’ajouter un peu de vin, d’huile, de miel, quelques légumes parfois, et on n’atteint pas les trois oboles. C’est d’ailleurs le prix que cherche à maintenir Athènes lorsque les spéculations font varier après 330 le médimne à des taux spéculatifs au cours d’une même année19. Une confirmation sur le faible coût de la vie quotidienne à Athènes nous est donnée par le Contre Polyclès de Lysias au tout début du ive siècle ; dans sa plaidoirie, il estime que pour la nourriture et l’entretien de cinq personnes : deux Athéniens mineurs, leur sœur, un esclave pédagogue et une servante, 3 drachmes par jour, c’est compter très large, et il a d’ailleurs intérêt à compter large dans le cadre de cette plaidoirie. Il s’agit d’une famille riche, les vêtements des trois enfants seront renouvelés, les garçons dépenseront de l’huile pour le gymnase. On arrive, tout compris à 3 oboles 2/3 par tête, et il s’agit d’un maximum probablement jamais atteint. Ce qui veut dire, inversement, que lorsque l’on procède à du troc sur une petite échelle, la valeur du produit échangé est basse.

    11D’autre part si nous comparons notre liste d’outils au prix d’un esclave dans la stèle des Hermocopides – 170 drachmes s’il n’a pas de spécialité particulière – ou à celui d’une bête de somme, aux environs de 50 drachmes pour un bœuf de travail, on ne peut manquer d’être frappé de la différence. Un esclave coûte près d’un an du salaire d’un ouvrier qualifié, déduction faite de la nourriture ; une bête de somme, trois mois. On semblerait donc retrouver dans l’estimation économique du capital d’une exploitation le type d’évaluation mis en avant par les orateurs grecs dans les plaidoyers du ive siècle : ce sont les esclaves qui font la valeur du fond, on ne cite même pas l’outillage. Certes lorsque l’on inventorie une succession, une confiscation, l’outillage agricole est évalué en termes marchands, minutieusement, mais indéniablement cette valeur est basse comme capital immobilisé, par rapport au coût des esclaves, à celui des bâtiments ou de la terre20. Mais peut-on vraiment évaluer l’outillage agricole en termes uniquement marchands ? et le comparer absolument à l’outillage artisanal ?

    La valeur d’un outil

    12Lorsque l’on a affaire à un outil conduit de main d’homme, l’adaptation de l’instrument au corps qui l’utilise est essentielle. Il ne s’agit pas seulement de prendre en compte une donnée psychologique, de vaincre habitudes et routine. On adapte réellement l’instrument : la longueur du manche, l’équilibre de la partie métallique. On fera une faucille plus légère pour les femmes ; une autre pour un gaucher. Le corps, à son tour, s’adapte à certains mouvements. L’évocation malicieuse du jeune homme de la ville dans le Dyscolos de Ménandre, soupirant et courbatu après une journée à manier la lourde Dikella, est plus qu’une indication symbolique. La « valeur ajoutée » à l’outil que l’on a longtemps manié n’est pas seulement psychologique ; ce n’est pas uniquement le compagnon fidèle que l’on retrouve comme « la bonne épée ». C’est aussi une valeur réelle dès lors qu’elle économise la santé de celui qui la manie et améliore sa productivité21. Dirons-nous qu’elle n’est pas économique parce qu’elle n’est pas chiffrable ? Cet élément vaut aussi pour l’outillage artisanal. Mais dans l’agriculture intervient aussi une seconde donnée.

    13Ce qui change aussi la valeur d’un outil rural c’est la période de son utilisation. Une faucille perdue à la moisson ce n’est pas comme une faucille perdue en hiver. La perte par bris, vol, usure, au moment de l’utilisation est catastrophique. On peut emprunter au voisin, dira-t-on ; ce n’est pas toujours facile, le poème d’Hésiode le rappelle avec verve « facile de dire “donne moi tes bœufs et ton chariot”, mais facile aussi de répondre “mes bœufs ont leur ouvrage” » (T. et J., v. 453-454). Inversement un personnage habile saura tirer parti de cette valeur très particulière de l’instrument agricole : c’est le cas de Thalès dans la célèbre anecdote où ayant prévu une récolte abondante d’olives, il avait loué tous les pressoirs de la ville. La récolte arrivée, on dut passer par lui et ses pressoirs eurent alors une valeur qui dépassait largement celle de leur coût monétaire. Vrai ou faux ? L’exemple rapporté par Aristote (Pol. II, 9) est vraisemblable aux yeux des Anciens, c’est l’essentiel.

    14Ainsi celui qui est suffisamment riche pour capitaliser de l’outillage peut en jouer. Inversement pour le petit et moyen propriétaire, tout changement d’outillage doit être mûrement réfléchi car il impose un changement dans un facteur fondamental de la vie paysanne : le temps d’utilisation. Nous avons un exemple très précis du coût estimé dans le monde rural de ce temps d’utilisation, à une époque un peu plus tardive : le code rural byzantin sur la date duquel on s’interroge encore, mais qui semble proche du viie siècle de notre ère, évoque, dans ses articles, tous les délits possibles en matière rurale : l’emprise sur le champ du voisin au moment des labours puis des semailles par exemple, les cueillettes illicites. Le vol des outils agricoles est évoqué dans plusieurs articles : ainsi le vol de la bêche et de la houe, pendant le temps de labour (art. 22), le vol de l’araire avec la précision : si on vole l’araire ou le soc ou le joug, pendant cette période, le délit est le même (art. 62), la sanction identique : celui qui a volé paiera le salaire d’un ouvrier agricole multiplié par le nombre de jours écoulés depuis le vol22. La minutie de ces procédures évoque une période où les outils agricoles sont rares, ce qui n’est manifestement pas le cas dans la période grecque classique, mais le principe reste fondamental, et il concerne toute l’agriculture traditionnelle, la valeur d’un outil agricole change suivant la période de l’année même si cet élément n’est pas chiffré sur le plan marchand.

    15Les conséquences peuvent être évoquées par un exemple très contemporain : on a souvent souligné le suréquipement de la France rurale en tracteurs dans les années 1960-1970 : une fois la part faite aux pressions des marchands et des banques, et à l’élément psychologique, reste l’élément économique : c’est à la même période que chacun veut utiliser sa machine et ces périodes variant suivant des impondérables climatiques, mieux vaut posséder un tracteur sous-employé une partie de l’année (ce qui fausse d’ailleurs les statistiques de modernisation des campagnes calculées sur le nombre des tracteurs). La valeur d’un outil agricole ne peut s’estimer comme celle d’un outil artisanal ; cela, qui reste encore vrai pour l’agriculture moderne et explique tant de mécomptes des tentatives collectivistes mais aussi tant de déceptions des modernisations libérales, est évidemment encore plus vrai de l’agriculture traditionnelle. Le temps – météorologique – intervient toujours et le paysan est amené à gérer sa journée avec une grande souplesse. Il lui faut perpétuellement s’adapter. Même dans les Travaux et les Jours d’Hésiode dont les yeux sont fixés sur des règles religieuses, le rythme est loin d’être immuable. L’agriculteur attend les pluies d’automne, ce qui peut vouloir dire selon les années la fin d’octobre ou la fin de novembre. Lorsque l’on abandonne les préceptes livresques donnés aux paysans pour voir leur pratique, on est frappé de cette élasticité relative.

    16Un exemple amusant est donné par l’agenda journalier d’un paysan varois contemporain. Employé à l’arsenal de Toulon il exploite en dehors de son temps de travail 4 hectares en propriété, métayage ou location. Il utilise toutes ses fins d’après midi et ses jours de congés et « maladies » (on sait que jusqu’à la grande mutation des années 1960 il existait en France une tolérance pour ces ouvriers paysans dont les congés « de maladies » coïncidaient avec les périodes agricoles). Il exploite seul en employant la moitié de son temps effectif, soigneusement comptabilisé. Il échange des journées de travail avec son voisin, il adapte ses interventions à l’équipement qu’il peut emprunter en échange de l’utilisation d’un cheval. Si les aléas climatiques imposent leurs contraintes ainsi que le degré de maturation des plantes, le paysan compose dans une limite relative, ainsi il déchausse une partie de ses vignes au mois de mai, taille ses figuiers de décembre à avril. La gestion du temps est un facteur essentiel de la bonne gestion de son petit capital foncier23.

    17Le paysan du poème hésiodique est lui aussi un comptable rigoureux de la gestion de son temps et dans cette gestion la fabrication et l’entretien du matériel tient une place importante. Il ne faut risquer d’en manquer au moment indispensable ; de leur présence et de leur bon usage dépend pour la divinité la grâce d’une bonne récolte24. Le temps de l’outillage est ainsi aussi important que le temps de l’activité agricole proprement dite.

    18Mais si nous envisageons maintenant l’Économique de Xénophon les choses changent. Est pris en compte comme dominante cet élément particulier du monde grec, l’esclavage rural. Même dans les petites propriétés, même quand le citoyen travaille aussi, le temps de l’esclave appartient et est géré par le maître. La limite imposée est la seule « rentabilité » de l’outil humain. Sans doute, dira-t-on, dans la pratique, un jeune garçon de la famille, un valet de ferme, ont eu leur temps réglé par leur maître de façon aussi rigoureuse, et les exemples de ce type « d’exploitation » sont nombreux. Mais ils pouvaient partir à terme et leur personne n’était pas comptée et gérée comme un capital. Si Hésiode fait bien référence aux esclaves, il les place après l’outillage. Xénophon, lorsqu’il centre la gestion du domaine sur l’organisation du temps des esclaves fait un raisonnement économiquement plus sérieux que s’il nous donnait un inventaire de son outillage. Pour le type d’exploitation qu’il évoque, la rentabilité comme nous l’avons montré25 peut être très élevée grâce à des techniques agraires jouant sur la rotation des plantes et la multiplication des labours, avec un outillage simple et, comme nous l’avons vu, peu coûteux et facilement accessible sur le marché. Par contre, lorsque Caton, deux siècles plus tard, fait un long inventaire de l’outillage d’une exploitation tournée vers la vente, on aura tendance à y voir selon que l’on est « primitiviste », l’illustration anecdotique d’un esprit tournée vers le catalogage inutile, ou « moderniste » un progrès considérable d’une mentalité plus économique. Plus simplement les conditions sont différentes : exploitation beaucoup plus grande, ouverture d’un marché nettement plus important, l’augmentation quantitative de la production justifie l’intérêt tourné de nouveau vers l’outillage à renouveler et cette période correspond d’ailleurs à une diffusion de nouvelles techniques de transformation dans les pressoirs et les meules.

    19Au terme de cette réflexion, nous constatons que l’outillage agricole peut s’appréhender en termes monétaires, cette valeur estimée n’est pas négligeable et les recherches en cours peuvent permettre d’affiner les quelques données que nous possédons. Cependant la faible valeur ajoutée par la fabrication, l’utilisation en Grèce dans des unités de petites dimensions, n’en font pas un capital immobilisé important. À cette valeur marchande s’ajoute une valeur d’usage, selon la personne qui l’utilise et surtout la période d’utilisation. Enfin, la productivité à l’époque classique est liée fortement à la somme de travail et aux techniques agricoles beaucoup plus minutieuses et performantes qu’on ne l’imagine. De ce fait l’indifférence que semblent manifester les Grecs pour leur outillage agricole à la période classique ne témoigne pas forcément d’une mentalité archaïsante et conservatrice. L’intérêt porté aux différents types de servilité ou à l’utilisation pratique des esclaves souligne une évolution : d’Hésiode à Xénophon, si l’aspect religieux des pratiques agricoles n’a pas changé, l’appréhension économique que l’on avait a évolué dans certaines régions : de l’outillage au cœur de l’exploitation agricole et de la gestion du temps chez Hésiode on est passé à l’utilisation rationnelle du temps de l’esclave chez Xénophon.

    Notes de bas de page

    1 Le prix d’un outil n’apparaît que rarement dans les types de fiches scientifiques, les registres d’inventaire normalisés des musées ou les grilles d’analyse informatique. C’est un élément qui n’est pratiquement jamais pris en compte dans les nombreuses vitrines qui exposent des outils traditionnels, en France, ou à l’étranger. Et, pourtant, beaucoup de ces outils ont été achetés.

    2 Cinq listes ont survécu à travers les Agronomes latins. Celles de Caton, De Agricultura, 10, 11 ; Varron, De Lingua Latina, 5, 134 sq. ; Palladius, De Re Rustica 1, 43 ; Virgile, Géorgiques 1, 60. Sur ces textes on verra les travaux de K. D. White, en dernier lieu Greek and Roman Technology, Londres 1984 avec sa bibliographie antérieure, et les points de vue de J. Kolendo dont beaucoup d’articles ont été regroupés dans L’agricoltura dell’ Italia romana, Rome, 1980. Pour l’Edit de Dioclétien, on dispose maintenant de l’édition de M. Giacchero, Edictum Diocletiani, Gênes, 1970.

    3 Pour l’état de la question J. Andreau et R. Étienne, « Vingt ans de recherche sur l’archaïsme et la modernité des sociétés antiques », REA, T. LXXXVI, 1984, p. 1-4. M. I. Finley a encore accentué l’aspect « primitiviste » de sa position dans ses derniers articles parus en français chez Maspero en 1986 et 1987. Cf. à l’inverse les positions nuancées de W. E. Thompson, « The Athenian entrepreneurs », AC LI, 1982, p. 53, 62,75.

    4 M.-C. Amouretti, « Les instruments aratoires dans la Grèce archaïque », Dha, 1976, p. 26-52. Le pain et l’huile dans la Grèce antique, de l’araire au moulin, Annales littéraires, université de Besançon, n° 328, Paris, 1986. Pour la période homérique, on verra W. Richter, « Die Landwirtschaft im homeririscen Zeitalter », Archaeologia homerica, Band II M, Göttingen, 1967.

    5 G. Derenzini, C. Maccagni, « Par la storia degli attrezzi agricoli, una tradizione iconografica nei codici esiodi, La macchine, Boletino dell’istituto italiano per la storia della tecnica, n° 617, vol. II, 1969-1970, p. 65-93 et A. Bryer, « Byzantine agricultural implements : the evidence of medieval illustrations of Hesiod’s Works and Days », ABSA, 81, 1986, p. 45-80. Le premier analyse la transmission et les inflexions de l’iconographie. Le second, sans se référer à Drenzini, donne les comparaisons avec l’outillage byzantin. Sous dir. A. Guillou, Les outils dans les Balkans du Moyen Age à nos jours, Paris, 1986.

    6 Sur propriétés et propriétaires évoqués dans la stèle, W. Kendrick Pritchett, Hesperia, 1958, vol. XXV, p. 270-271 ; sur Adeimantos et l’estimation de ses vignobles, F. Salviat, « Le vin de Thasos, amphores et sources écrites », BCH, sup. XIII, p. 150, 152 et 174.

    7 Okistia ne peut désigner ici des herses, cf. M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 107.

    8 Galeagra pourrait aussi désigner un instrument précis en forme de cage destiné à recevoir le raisin sous le pressoir : cf., Illustration in M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, pl. 38.

    9 W. Kendrick Pritchett préfèrerait l’interpréter comme l’axe d’un chariot et un élément de moyeu. Cependant il me paraît plus logique d’y voir des entraves pour animaux. On l’a aussi vu comme des fers pour esclaves : cf. Pédè kai axôn, Hesperia, XXV, p. 299. Tout récemment Lin Foxhall a interprété IG3 422 (l. 4-14) comme une description de pressoirs, ces mots indiquant des éléments de machine : Oil extraction and processing equipment in Classical Greece, La production du vin et de l’huile en Méditerranée de l’âge du bronze à la fin du xvie siècle, Colloque Aix-Toulon, Préactes, éd. par M.-C. Amouretti, J.-P. Brun, D. Eitam, Aix, 1991, p. 338.

    10 F. Salviat, op. cit., p. 151.

    11 Pour Corfou, A. Sordinas, « The ropas plow of the Island of Corfou », Tools and Tillage, vol. III, 1978, p. 139-149. Pour Amorgos, C. Connel, In the Bee Land Glade ; A study with drawing of Greek Village Life on the southern Cycladic Islands of Amorgos, Donoussa, Schinoussa and Irakleia, Nauplie, 1980 ; C. Renfrew, M. Wagstaff, Melos. An Island polity : the Archaeology and Exploitation in Melos, Cambridge, 1982 ; L. Lacroix, Îles de la Grèce, Paris, 1853. Pour l’Argolide, « Whole issue on a Greek Countryside : Reports from the Argolid Exploration Project », Expedition, Vol. 19, n° 1, 1976.

    12 Sur la bibliographie concernant les tailles des exploitations dans l’Antiquité grecque, on verra en dernier lieu M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit. p. 205-207, et R. Osborne, « Classical and hellenistic houses », ABSA, 1985, p. 119 sq. ; ID., Demos, The Discovery of Classical Attica, Cambridge, 1985. Et surtout la publication du colloque Agriculture in Ancient Greece, Athènes, 1990, in Opuscula Atheniensia, 1992.

    13 E. Frezouls, « Prix, salaires et niveaux de vie, quelques enseignements de l’édit du maximum », Ktema, 2, 1977, p. 253-268 ; J.-P. Morel, « La manufacture, moyen d’enrichissement dans l’Italie romaine », in Ph. Leveau, L’origine des richesses dépensées dans la ville, Aix, 1985, p. 98-99.

    14 Pour la fabrication du ciseau IG 22 1673, l. 53-55 ; sur l’analyse du prix du bois et le degré d’incertitude qui demeure sur ces prix, on verra l’étude de R. Meiggs, Trees and Timbers in the Ancient Mediterranean World, Oxford, 1942, p. 422-441, pour l’analyse des comptes de construction d’Epidaure et d’Eleusis. Sur le prix des pithoi, D.-M. Robinson, Olynthus, VIII, p. 313-316 et le tableau de D.-A. Amyx, Hesperia, 27, 1958, p. 168-170. Dans sa remarquable étude sur les potiers du Péloponnèse au xixe et xxe siècle, H. Blitzer insiste sur le coût faible de la poterie par rapport au temps de travail des potiers ; KORONEIKA Storage – Jar Production and Trade in the traditional Aegean, Hesperia, vol. 59, 4, 1990, p. 680.

    15 « Vases illustrant le foulage », D. A. Amyx, Hesperia, XXVIII, 1958, p. 244 ; B. A. Sparkes, « Treading the grapes », BaBesh, 51, 1976, p. 47-65 ; J. Jehasse, « Un cratère de Pan découvert à Aléria », Monuments et mémoires de la fondation Eugène Piot, 1972, p. 25-41 ; F. Lissarrague, La cité des images, Paris 1984, fig. 185-186 ; sur les méthodes de pressurage au sac et aux sandales, M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 159. A. Gonzalez Blanco, « Pressoirs à huile d’époque romaine dans la péninsule ibérique », La production du vin et de l’huile, op. cit., p. 252.

    16 V. F. Gadjukevic, Bosporanische Reich, Berlin, 1971 ; Z. Yanuviev et al., « La viticulture à Chersonèse Taurique ive-iie siècle avant notre ère d’après les recherches archéologiques et palynologiques », RA, 1985, 1. Sur les inventaires hellénistiques des papyrus de Zénon, on a surtout des listes d’instruments donnés par le propriétaire pour les ouvriers de vignobles. Ainsi Psi, 629-630 ; l’analyse la plus détaillée sur ce point reste celle de C. Ricci, La coltura della vite et la fabricazione del vino nell’Egitto greco romana, Milan, 1924, p. 30-46. Pour une recension d’ensemble, N. Savvonidi, « Wine making in Northern Coast of the Black Sea in Antiquity », La production du vin et de l’huile, op. cit., p. 129-143.

    17 Y. Garlan, Vin et amphores de Thasos, EFA, Sites et monuments V, Paris, 1988. Il faut distinguer nettement les amphores qui servent directement de réceptacle au moût comme en Egypte, (cf. supplément BCH, 1991 sur les fouilles d’Alexandrie), et celles qui sont utilisées pour le transport après fermentation dans les pithoi. Le petit paysan, lui, peut parfaitement se contenter d’outres pour le transport comme cela se pratiquait encore à l’époque ottomane, mais il lui faut le pithos pour la fermentation.

    18 Sur le sens réel du misthos, cf. les remarques de E. Will, « Notes sur le misthos », Hommage à Claire Préaux, Bruxelles, 1975, p. 426-436.

    19 Cf. le tableau des prix F. Heichelheim, R.E., Sup. VI, sitos et W. Kendrick Pritchett, Hesperia, 25, 1956, p. 196-198.

    20 Sur ces aspects économiques, R. Descat, « L’économie d’une cité grecque au ive siècle avant J.-C. : l’exemple athénien », REA, 1986.

    21 Depuis les ouvrages de A. Leroi-Gourhan, Evolution et technique, l’homme et la matière, 1943 ; Milieu et technique, 1965 ; Le geste et la parole, la mémoire et les rythmes, 1965, les ethnologues ont souvent privilégié cet aspect. Voir le catalogue de l’exposition de Arts et Traditions Populaires, L’homme et son corps, Paris, 1978 et B. Brill, « Description du geste technique, quelle méthode ? », Techniques et cultures, janvier-juin, 1984, p. 80-96.

    22 Le texte a été publié par W. A. Ashburner, « The farmer Law », JHS, 1910, p. 97-108.

    23 Agenda publié et étudié par C. Bromberger, « Du bon usage du temps, l’agenda agricole d’un ouvrier paysan varois en 1942 », Provence historique, mai-juin, 1983, p. 129 sq. M.-C. Amouretti, « Les Rythmes agraires dans la Grèce antique », in M.-C. Cauvin, Rites et rythmes agraires, Maison de l’Orient, Lyon, 1991, p. 119-126.

    24 Sur la place de l’outillage et la mentalité hésiodique, J.-P. Vernant, « Travail et nature dans la Grèce ancienne », Mythe et pensée chez les Grecs, 1971, p. 16-36 (réédition de l’édition de 1955) ; M.-C. Amouretti, « Les instruments aratoires », loc. cit., p. 36, avec les remarques Jean-Louis Durand, Le labour du sacrifice, Paris-Rome, 1986, sur le rôle symbolique du labour p. 178 sq.

    25 M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 57, 75, 259-262.

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    1 Le prix d’un outil n’apparaît que rarement dans les types de fiches scientifiques, les registres d’inventaire normalisés des musées ou les grilles d’analyse informatique. C’est un élément qui n’est pratiquement jamais pris en compte dans les nombreuses vitrines qui exposent des outils traditionnels, en France, ou à l’étranger. Et, pourtant, beaucoup de ces outils ont été achetés.

    2 Cinq listes ont survécu à travers les Agronomes latins. Celles de Caton, De Agricultura, 10, 11 ; Varron, De Lingua Latina, 5, 134 sq. ; Palladius, De Re Rustica 1, 43 ; Virgile, Géorgiques 1, 60. Sur ces textes on verra les travaux de K. D. White, en dernier lieu Greek and Roman Technology, Londres 1984 avec sa bibliographie antérieure, et les points de vue de J. Kolendo dont beaucoup d’articles ont été regroupés dans L’agricoltura dell’ Italia romana, Rome, 1980. Pour l’Edit de Dioclétien, on dispose maintenant de l’édition de M. Giacchero, Edictum Diocletiani, Gênes, 1970.

    3 Pour l’état de la question J. Andreau et R. Étienne, « Vingt ans de recherche sur l’archaïsme et la modernité des sociétés antiques », REA, T. LXXXVI, 1984, p. 1-4. M. I. Finley a encore accentué l’aspect « primitiviste » de sa position dans ses derniers articles parus en français chez Maspero en 1986 et 1987. Cf. à l’inverse les positions nuancées de W. E. Thompson, « The Athenian entrepreneurs », AC LI, 1982, p. 53, 62,75.

    4 M.-C. Amouretti, « Les instruments aratoires dans la Grèce archaïque », Dha, 1976, p. 26-52. Le pain et l’huile dans la Grèce antique, de l’araire au moulin, Annales littéraires, université de Besançon, n° 328, Paris, 1986. Pour la période homérique, on verra W. Richter, « Die Landwirtschaft im homeririscen Zeitalter », Archaeologia homerica, Band II M, Göttingen, 1967.

    5 G. Derenzini, C. Maccagni, « Par la storia degli attrezzi agricoli, una tradizione iconografica nei codici esiodi, La macchine, Boletino dell’istituto italiano per la storia della tecnica, n° 617, vol. II, 1969-1970, p. 65-93 et A. Bryer, « Byzantine agricultural implements : the evidence of medieval illustrations of Hesiod’s Works and Days », ABSA, 81, 1986, p. 45-80. Le premier analyse la transmission et les inflexions de l’iconographie. Le second, sans se référer à Drenzini, donne les comparaisons avec l’outillage byzantin. Sous dir. A. Guillou, Les outils dans les Balkans du Moyen Age à nos jours, Paris, 1986.

    6 Sur propriétés et propriétaires évoqués dans la stèle, W. Kendrick Pritchett, Hesperia, 1958, vol. XXV, p. 270-271 ; sur Adeimantos et l’estimation de ses vignobles, F. Salviat, « Le vin de Thasos, amphores et sources écrites », BCH, sup. XIII, p. 150, 152 et 174.

    7 Okistia ne peut désigner ici des herses, cf. M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 107.

    8 Galeagra pourrait aussi désigner un instrument précis en forme de cage destiné à recevoir le raisin sous le pressoir : cf., Illustration in M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, pl. 38.

    9 W. Kendrick Pritchett préfèrerait l’interpréter comme l’axe d’un chariot et un élément de moyeu. Cependant il me paraît plus logique d’y voir des entraves pour animaux. On l’a aussi vu comme des fers pour esclaves : cf. Pédè kai axôn, Hesperia, XXV, p. 299. Tout récemment Lin Foxhall a interprété IG3 422 (l. 4-14) comme une description de pressoirs, ces mots indiquant des éléments de machine : Oil extraction and processing equipment in Classical Greece, La production du vin et de l’huile en Méditerranée de l’âge du bronze à la fin du xvie siècle, Colloque Aix-Toulon, Préactes, éd. par M.-C. Amouretti, J.-P. Brun, D. Eitam, Aix, 1991, p. 338.

    10 F. Salviat, op. cit., p. 151.

    11 Pour Corfou, A. Sordinas, « The ropas plow of the Island of Corfou », Tools and Tillage, vol. III, 1978, p. 139-149. Pour Amorgos, C. Connel, In the Bee Land Glade ; A study with drawing of Greek Village Life on the southern Cycladic Islands of Amorgos, Donoussa, Schinoussa and Irakleia, Nauplie, 1980 ; C. Renfrew, M. Wagstaff, Melos. An Island polity : the Archaeology and Exploitation in Melos, Cambridge, 1982 ; L. Lacroix, Îles de la Grèce, Paris, 1853. Pour l’Argolide, « Whole issue on a Greek Countryside : Reports from the Argolid Exploration Project », Expedition, Vol. 19, n° 1, 1976.

    12 Sur la bibliographie concernant les tailles des exploitations dans l’Antiquité grecque, on verra en dernier lieu M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit. p. 205-207, et R. Osborne, « Classical and hellenistic houses », ABSA, 1985, p. 119 sq. ; ID., Demos, The Discovery of Classical Attica, Cambridge, 1985. Et surtout la publication du colloque Agriculture in Ancient Greece, Athènes, 1990, in Opuscula Atheniensia, 1992.

    13 E. Frezouls, « Prix, salaires et niveaux de vie, quelques enseignements de l’édit du maximum », Ktema, 2, 1977, p. 253-268 ; J.-P. Morel, « La manufacture, moyen d’enrichissement dans l’Italie romaine », in Ph. Leveau, L’origine des richesses dépensées dans la ville, Aix, 1985, p. 98-99.

    14 Pour la fabrication du ciseau IG 22 1673, l. 53-55 ; sur l’analyse du prix du bois et le degré d’incertitude qui demeure sur ces prix, on verra l’étude de R. Meiggs, Trees and Timbers in the Ancient Mediterranean World, Oxford, 1942, p. 422-441, pour l’analyse des comptes de construction d’Epidaure et d’Eleusis. Sur le prix des pithoi, D.-M. Robinson, Olynthus, VIII, p. 313-316 et le tableau de D.-A. Amyx, Hesperia, 27, 1958, p. 168-170. Dans sa remarquable étude sur les potiers du Péloponnèse au xixe et xxe siècle, H. Blitzer insiste sur le coût faible de la poterie par rapport au temps de travail des potiers ; KORONEIKA Storage – Jar Production and Trade in the traditional Aegean, Hesperia, vol. 59, 4, 1990, p. 680.

    15 « Vases illustrant le foulage », D. A. Amyx, Hesperia, XXVIII, 1958, p. 244 ; B. A. Sparkes, « Treading the grapes », BaBesh, 51, 1976, p. 47-65 ; J. Jehasse, « Un cratère de Pan découvert à Aléria », Monuments et mémoires de la fondation Eugène Piot, 1972, p. 25-41 ; F. Lissarrague, La cité des images, Paris 1984, fig. 185-186 ; sur les méthodes de pressurage au sac et aux sandales, M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 159. A. Gonzalez Blanco, « Pressoirs à huile d’époque romaine dans la péninsule ibérique », La production du vin et de l’huile, op. cit., p. 252.

    16 V. F. Gadjukevic, Bosporanische Reich, Berlin, 1971 ; Z. Yanuviev et al., « La viticulture à Chersonèse Taurique ive-iie siècle avant notre ère d’après les recherches archéologiques et palynologiques », RA, 1985, 1. Sur les inventaires hellénistiques des papyrus de Zénon, on a surtout des listes d’instruments donnés par le propriétaire pour les ouvriers de vignobles. Ainsi Psi, 629-630 ; l’analyse la plus détaillée sur ce point reste celle de C. Ricci, La coltura della vite et la fabricazione del vino nell’Egitto greco romana, Milan, 1924, p. 30-46. Pour une recension d’ensemble, N. Savvonidi, « Wine making in Northern Coast of the Black Sea in Antiquity », La production du vin et de l’huile, op. cit., p. 129-143.

    17 Y. Garlan, Vin et amphores de Thasos, EFA, Sites et monuments V, Paris, 1988. Il faut distinguer nettement les amphores qui servent directement de réceptacle au moût comme en Egypte, (cf. supplément BCH, 1991 sur les fouilles d’Alexandrie), et celles qui sont utilisées pour le transport après fermentation dans les pithoi. Le petit paysan, lui, peut parfaitement se contenter d’outres pour le transport comme cela se pratiquait encore à l’époque ottomane, mais il lui faut le pithos pour la fermentation.

    18 Sur le sens réel du misthos, cf. les remarques de E. Will, « Notes sur le misthos », Hommage à Claire Préaux, Bruxelles, 1975, p. 426-436.

    19 Cf. le tableau des prix F. Heichelheim, R.E., Sup. VI, sitos et W. Kendrick Pritchett, Hesperia, 25, 1956, p. 196-198.

    20 Sur ces aspects économiques, R. Descat, « L’économie d’une cité grecque au ive siècle avant J.-C. : l’exemple athénien », REA, 1986.

    21 Depuis les ouvrages de A. Leroi-Gourhan, Evolution et technique, l’homme et la matière, 1943 ; Milieu et technique, 1965 ; Le geste et la parole, la mémoire et les rythmes, 1965, les ethnologues ont souvent privilégié cet aspect. Voir le catalogue de l’exposition de Arts et Traditions Populaires, L’homme et son corps, Paris, 1978 et B. Brill, « Description du geste technique, quelle méthode ? », Techniques et cultures, janvier-juin, 1984, p. 80-96.

    22 Le texte a été publié par W. A. Ashburner, « The farmer Law », JHS, 1910, p. 97-108.

    23 Agenda publié et étudié par C. Bromberger, « Du bon usage du temps, l’agenda agricole d’un ouvrier paysan varois en 1942 », Provence historique, mai-juin, 1983, p. 129 sq. M.-C. Amouretti, « Les Rythmes agraires dans la Grèce antique », in M.-C. Cauvin, Rites et rythmes agraires, Maison de l’Orient, Lyon, 1991, p. 119-126.

    24 Sur la place de l’outillage et la mentalité hésiodique, J.-P. Vernant, « Travail et nature dans la Grèce ancienne », Mythe et pensée chez les Grecs, 1971, p. 16-36 (réédition de l’édition de 1955) ; M.-C. Amouretti, « Les instruments aratoires », loc. cit., p. 36, avec les remarques Jean-Louis Durand, Le labour du sacrifice, Paris-Rome, 1986, sur le rôle symbolique du labour p. 178 sq.

    25 M.-C. Amouretti, Le pain et l’huile, op. cit., p. 57, 75, 259-262.

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