1 C. Mennesson, Être une femme dans le monde des hommes. Socialisation sportive et construction du genre, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 25-27 ; M. Perrot, « Métiers de femmes », op. cit.

2 Quoiqu’il soit difficile d’établir des comparaisons internationales étant donné que les frontières des spécialités chirurgicales ne sont pas toujours superposables, on peut faire le constat que la chirurgie reste un peu partout dans le monde une spécialité très masculine.

3 Les données concernant les effectifs en exercice ont été calculées à partir de : Cnom, Démographie médicale française. Situation au 1^er janvier 2006, Étude n ° 39, 2006.

4 Parmi le bloc des « spécialités chirurgicales » de l’internat, les étudiants distinguent généralement les « vraies » spécialités chirurgicales (l’orthopédie, la chirurgie digestive, la chirurgie cardiaque, la chirurgie vasculaire, la neurochirurgie, la chirurgie pédiatrique) des spécialités médico-chirurgicales (l’ophtalmologie, l’ORL, l’urologie, la gynécologie-obstétrique).

5 R. Bercot, A. Mathieu-Fritz, Les chirurgiens. Éléments pour une analyse sociologique d’une crise de recrutement professionnel, LATTS et GTM, rapport de recherche, septembre 2006, p. 47.

6 G. Labarthe, D. Hérault, « Les étudiants inscrits en médecine en janvier 2002 », Études et résultats, 2003, n ° 244, p. 3.

7 A. Billaut, « Les affectations en troisième cycle des études médicales en 2004 suite aux épreuves nationales classantes (ECN) », DREES, Études et Résultats, septembre 2005, n ° 429, p. 7.

8 M. Vanderschelden, « Les affectations des étudiants en médecine à l’issue des épreuves classantes nationales en 2006 », DREES, Études et résultats, avril 2007, n ° 571, p. 6.

9 R. Bercot, A. Mathieu-Fritz, op. cit., p. 52-54.

10 J. Dall’Ava Santucci, Des sorcières aux mandarines. Histoire des femmes médecins, Paris, Calmann-Lévy, 2004 (1989), p. 248.

11 D’après un sondage effectué par IPSOS pour Le Nouvel Économiste, seulement 7 % des Français souhaitaient être opérés par une femme chirurgien en 1987 (fait cité par le D^r Constance Joël in Les filles d’Esculape. Les femmes à la conquête du pouvoir médical, Paris, Robert Laffont, 1988, p. 9). Il faudrait évidemment réactualiser une telle enquête pour savoir ce qu’il en est aujourd’hui.

12 Pour éviter ce genre d’incident elle prend pourtant soin d’afficher sur sa blouse l’étiquette avec son nom et son statut (quoique tous les praticiens du service aient un tel badge, elle est la seule à le porter).

13 Les quelques travaux sur la « conquête » de la médecine par les femmes sont exclusivement le fait de femmes médecins : M. Lipinska, Les femmes et le progrès des sciences médicales, Paris, Masson, 1930 ; C. Joël, Les filles d’Esculape, op. cit. ; J. Dall’Ava-Santucci, Des sorcières aux mandarines, op. cit.

14 M. Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 1998.

15 M.-C. Pouchelle, Corps et chirurgie à l’apogée du Moyen Âge. Savoir et imaginaire du corps chez Henri de Mondeville, chirurgien de Philippe Le Bel, Paris, Flammarion, 1983, p. 101-112.

16 G. Dumas, « Les femmes et les pratiques de la santé dans le “Registre des plaidoiries du Parlement de Paris, 1364-1427” », CBMH/BCHM, vol. 13, 1996, p. 3-27.

17 T. Planiol, Herbes filles hier, femmes médecins aujourd’hui, Paris, Cheminements, 2000, p. 31.

18 A. Testart, « La femme et la chasse », in F. Héritier, Hommes, Femmes. La construction de la différence, Paris, Le Pommier/Cité des sciences et de l’industrie, 2005, p. 145. Voir aussi sur le « tabou du sang » : J. Le Goff, « Métiers licites et métiers illicites dans l’Occident médiéval », in Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident : 18 essais, Paris, 1977, p. 93.

19 M.-C. Pouchelle, Corps et chirurgie à l’apogée du Moyen Âge, op. cit., p. 120.

20 T. Planiol, op. cit., p. 31.

21 Cependant Geneviève Dumas rapporte le cas – datant de 1410 – de Jeanne Pouquelin, veuve de barbier, à laquelle on reproche précisément de continuer à exercer la métier de son mari décédé et à qui on autorise le rasage mais en lui interdisant les pratiques connexes à la chirurgie (op. cit., p. 11).

22 G. Dumas, op. cit., p. 16.

23 M. Lipinska, op. cit., p. 55.

24 C. Joël, op. cit., p. 62.

25 La mention « No carpenter, smith or woman shall practice surgery » est mentionnée mais non datée par Pearl Katz (1999) mais l’est sur: [http://www.bookrags.com/Midwifery].

26 M. Lipinska, op. cit., p. 63.

27 Mélina Lipinska (op. cit., p. 116) et Constance Joël (op. cit., p. 103-105) s’appuient ainsi sur la biographie réalisée par Léonce Grasilier (« Henriette Faber, femme-médecin », Extrait des Archives provinciales de médecine, 1990). Le destin insolite de la jeune femme suscite également une biographie romancée : A. Benitez-Rojo, Femme an costume de bataille, Paris, Le Cherche Midi, 2005 (2001).

28 R. Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Paris, Stock, 1980, p. 252-253.

29 C. Baudelot, R. Establet, Allez les filles !, op. cit. ; C. Marry, Les femmes ingénieurs. Une révolution respectueuse, Paris, Belin, 2004 ; N. Lapeyre, Les professions face aux enjeux de la féminisation, Paris, Octares, 2006.

30 Pour quelques données chiffrées sur les inscriptions féminines dans les autres universités de médecine en France, on pourra consulter : M. Lipinska, op. cit., p. 169. On retiendra qu’à Montpellier elles furent manifestement tout aussi précoces qu’à Paris tandis que les autres universités connurent un décalage dans le temps.

31 Elle est déjà médecin, diplômée de l’école de médecine de femmes de Pennsylvanie (T. Planiol, op. cit., p. 50). Il est à noter que parmi les étudiantes en médecine, beaucoup avaient acquis auparavant un diplôme d’infirmière ou de sage-femme (C. Joël, op. cit., p. 111).

32 En 1890, 71,3 % des 195 étudiantes inscrites dans les cinq facultés de l’université de Paris sont des étrangères. En médecine on compte une fois et demie à deux fois plus de femmes d’Europe centrale que de Françaises inscrites (C. Christen-Lécuyer, « Les premières étudiantes de l’université de Paris », Travail, Genre et Sociétés, octobre 2000, n ° 4, p. 42-43). Elles viennent principalement de Russie (D. Gouzévitch, I. Gouzévitch, « La voie russe d’accès des femmes aux professions intellectuelles scientifiques et techniques [1850-1920] », Travail, Genre et Sociétés, octobre 2000, n ° 4, p. 55-75), de Pologne (où les Juifs ont subi les pogroms) et de Roumanie (du fait d’un numerus clausus restrictif).

33 M. Lipinska, op. cit., p. 165.

34 Voir les extraits de ces délibérations sur le site des internes des hôpitaux de Paris : [http://www.leplaisirdesdieux.com/LePlaisirDesDieux/Histoire/ConseilSurveillance/CS1881.html].

35 Un des arguments avancés pour justifier cette interdiction étant l’impossibilité d’admettre la promiscuité des sexes qu’aurait impliquée l’obligation de résidence à l’hôpital associée au statut d’interne.

36 M. Lipinska, op. cit., p. 166.

37 B. Vergez, Le monde des médecins au XX^e siècle, Paris, Éditions Complexe, 1996 ; B. Vergez- Chaignon, Les internes des hôpitaux de Paris (1802-1952), Paris, Hachette, 2002.

38 C. Hamonet, « Augusta Klumpke et Blanche Edwards. Des femmes à la conquête des Hôpitaux de Paris », Annuaire des Hôpitaux de Paris (édition 2004), Paris, AIHP, 2004, p. xxii.

39 Sorrel-Dejerine, « Centenaire de la naissance de M^lle Klumpke », Association française des femmes médecins, 1959, n ° 8, p. 14, cité par C. Christen-Lécuyer, op. cit., p. 40 ; J. Dall’Ava Santucci, op. cit., p. 142-143.

40 C. Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la III^e République : l’étudiante », CLIO, 1996, n ° 4, [http://clio.revues.org/document437.html].

41 J. Dall’Ava Santucci, op. cit., p. 136.

42 Compte rendu de la thèse de Blanche Edwards (« Les Nouvelles doctoresses », Revue Scientifique des Femmes, janvier 1889) où Céline Renooz stigmatise les positions de Charcot, cité in N. Edelman, « Premières femmes médecins en France : un rôle particulier dans la construction d’une science médicale », in J. Carroy et al. (dir.), Les femmes dans les sciences de l’homme (XIX^e -XX^e siècles), Paris, Seli Arslan, 2005, p. 74-75.

43 N. Edelman, op. cit., p. 74.

44 B. Vergez, Le monde des médecins au XX^e siècle, op. cit., p. 64.

45 N. Edelman, op. cit., p. 90.

46 Cnom, La conjoncture de la démographie médicale au début de 1988, Étude n ° 18, octobre 1988, p. 8.

47 Seul le chirurgien François Moutet mentionne qu’une Anglaise, Eleonore Davis-Colly, est considérée comme la première femme chirurgien diplômée mais n’en précise pas la spécialisation ni le lieu d’internat (F. Moutet, La féminisation des effectifs chirurgicaux, Grenoble, PUG, 2010, p. 31).

48 N. Guirimand, « De la réparation des “gueules cassées” à la “sculpture du visage”. La naissance de la chirurgie esthétique en France pendant l’entre-deux-guerres », ARSS, 2005, n ° 156-157, p. 72-87.

49 B. Poupineau, M. Delabroye, Élisabeth Lafourcade, médecin à Tafilalet. La vocation aux instituts séculiers, Paris, Éditions du Centurion, 1965.

50 L’ouvrage de François Moutet précise toutefois : « Jusque dans les années 1950, les promotions d’IHP ne comptent que peu de femmes, d’aucune à deux par an. Les femmes chirurgiens sont encore plus rares. M^me Béraud exerce l’orthopédie à Berck dans les années 1950. M^me Valérie André est une des premières neurochirurgiens mais aussi première femme pilote d’hélicoptère pendant la guerre d’Algérie. Elle deviendra la première femme général de l’armée française. Francine Leca, élève du professeur Mathey, est la première femme chirurgien cardiaque à Necker dans les années 1970 » (F. Moutet, op. cit., p. 32).

51 J. Cassell, « The Good Surgeon », International Journal of Moral and Social Studies, 1987, vol. 2, n ° 2, p. 155-171.

52 P. Tabet, « Les mains, les outils, les armes », L’Homme, 1979, XIX, p. 5-61.

53 Y. Kniebiehler, C. Fouquet, Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montalba, 1980.

54 F. Héritier, Masculin-Féminin, la pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.

55 M. Perrot, « Métiers de femmes », op. cit., p. 3.

56 S. Schweitzer, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes aux XIX^e et XX^e siècles, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 256.

57 J. Domergue, H. Guidicelli, La chirurgie française en 2003 : les raisons de la crise et les propositions, ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, février 2003, p. 22.

58 N. Lapeyre, M. Robelet, E. Zolesio, « Les pratiques professionnelles des jeunes générations de médecins. Genre, carrière et gestion des temps sociaux. Le cas des médecins âgés de 30 à 35 ans », Rapport de recherche pour le CNOM, université Lyon III et université Toulouse II, 2005 ; H. D. Bui Dang, « La démographie médicale en observation : dix chroniques des années charnières (1999-2004) », Cahiers de sociologie et de démographie médicales, n ° 44-3, 2003, p. 271-348.

59 A. Deloche, Comme un éléphant blanc. Agir à cœur ouvert…, Paris, Michel Lafon, 2005.

60 M. Weber, « L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales » (1904), Essais sur la théorie de la science, Paris, Agora, 1992, p. 172.

61 Nous employons le « je » chaque fois que nous faisons allusion à notre présence concrète sur le terrain.

62 J.-C. Sournia, De la chirurgie, Paris, Éditions Privat, 1998, p. 78-81.

63 Ibid., p. 79.

64 Ibid., p. 78.

65 J.-P. Bex, Principes et techniques de base de la chirurgie moderne, Paris, Masson, 1989, p. 13.

66 J. M. Eisenberg, D. S. Kitz, R. A. Webber, « Development of Attitudes about Sharing Decision-Making: A Comparison of Medical and Surgical Residents », Journal of Health and Social Behavior, 1983, vol. 24, p. 85-90.

67 Ce codage signale le carnet de notes d’où sont extraites les observations.

68 J.-C. Sournia, op. cit., p. 79.

69 J.-P. Bex, op. cit., p. 12.

70 J. Cassell, « Dismembering the Image of God. Surgeons, heroes, Wimps and Miracles », Anthropology Today, vol. 2, n ° 2, avril 1986, p. 14.

71 Ibid., p. 14.

72 J. Cassell, « Of Control, Certitude and the “Paranoïa” of Surgeons », Culture, Medicine and Psychiatry, vol. 11, n ° 2, 1987, p. 229-249.

73 P. Katz, op. cit., p. 19-41.

74 Les observations de Jean Peneff vont dans le même sens : « Certains propos entendus décrivaient de manière peu amène l’univers clos des chirurgiens, leur comportement autoritaire, leur accès de mauvaise humeur » (J. Peneff, « Le travail du chirurgien : les opérations à cœur ouvert », Sociologie du travail, 1997, n ° 3, p. 271).

75 À rapporter aussi à l’excès de maniaquerie déjà évoqué.

76 « Il était indispensable d’avoir accompli sa visite avant l’heure fatidique de la convocation patronale, sinon la foudre vous tombait sur la tête » (Deloche, op. cit., p. 135).

77 Notamment : J.-P. Bex, op. cit., p. 53-56 ; G. Samama, D. Goutaine, L’interne de garde de chirurgie, Paris, Maloine SA Éditeur, 1981, p. 7. Le plus caractéristique étant : P. Orsini, Manuel de l’aide en chirurgie, Paris, Masson, 1980. Il est fait allusion aux « remontrances » de l’opérateur (p. 1) aux « algarades du chirurgien agacé […] qui trouve un “exutoire” aux contrariétés » (p. 4), à la « Fureur du chirurgien ! » (p. 31), au chirurgien « excédé » p. 97-98, etc.

78 J. Cassell, « The Fellowship of Surgeons », International Journal of Moral and Social Studies, 1989, vol. 4, n ° 3, p. 205.

79 J. Peneff, « Le travail du chirurgien… », op. cit., p. 271.

80 R. Selzer, La chair et le couteau, op. cit., p. 16 ; J. Cassell, « Dismembering the Image of God… », op. cit., p. 14. On peut encore citer, dans un autre registre, le film Malice d’Howard Backer (1993) où le personnage, incarné par Alec Baldwin, chirurgien, dit en réunion qu’il est Dieu.

81 Le discours de condescendance doit être considéré en fonction de leur position dans la structure sociale, qui leur assure de pouvoir transgresser la limite (en se montrant apparemment familier) sans pour autant remettre en cause leur position (comme pour l’aristocrate qui tape sur la coupe du palefrenier et dont on dira « il est simple » : Bourdieu, Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982, p. 131).

82 Y. Faure, « Anesthésistes et chirurgiens, l’arrangement des sexes comme renfort symbolique à la domination d’un groupe professionnel sur un autre », communication au colloque international Travail, emploi, formation, quelle égalité entre les hommes et les femmes ?, CLERSE, université Lille 1, 23-24 novembre 2006.

83 M. Callon, V. Rabeharisoa, « De la sociologie du travail appliquée à l’opération chirurgicale : ou comment faire disparaître la personne du patient », Sociologie du travail, 1999, n ° 41, p. 152.

84 F. Bonvin, « Le malade-objet », in P. Bourdieu, La Misère du monde, Paris, Le Seuil, 1993, p. 871-880 ; J.-M. Dubernard, L’hôpital a oublié l’homme, Paris, Plon, 1997.

85 P. Katz, op. cit., p. 30-31 ; M.-C. Pouchelle, L’hôpital ou le théâtre des opérations. Essais d’anthropologie hospitalière 2, Paris, Seli Arslan, 2008.

86 F. de Singly, « Les habits neufs de la domination masculine », Esprit, novembre 1993, n ° 196, p. 54-64.

87 Dominique Thurier repassera dans ce service lors de son internat et désigne ce stage comme le plus difficile de sa formation, celui où elle a le « plus souffert » du fait de la réticence du chef de service à accueillir des femmes.

88 Florence dit qu’aujourd’hui encore quelques vieux patrons adoptent le vouvoiement pour les filles uniquement, signe de respect selon elle mais qui, de fait, produit un « décalage » certain pour celles-ci.

89 Nous reprenons là le néologisme formulé à propos des formes exacerbées d’affirmation de soi viriles des ouvriers (H. Eckert, E. Sulzer, « Le défi de la féminisation des chaînes automobiles », in H. Eckert, S. Faure [dir.], Les jeunes et l’arrangement des sexes, Paris, La Dispute, 2007, p. 195-211).

90 Phénomène que décrivent aussi Line Chamberland et Johanne Paquin au sujet des plaisanteries hétérosexistes auxquelles peuvent être confrontées les lesbiennes exerçant en milieux professionnels « masculins » (L. Chamberland, J. Paquin, « Sexisme et hétérosexisme : l’expérience de travailleuses lesbiennes exerçant des métiers traditionnellement masculins au Québec », in Y. Guichard-Claudic et al. [dir.], L’inversion du genre. Quand les métiers masculins se conjuguent au féminin… et réciproquement, Rennes, PUR, 2008, p. 159).