1 Cerfi, « Les équipements du pouvoir », Recherches, 1973, p. 57.
2 Certeau M. de, L’invention du quotidien. 1 : Arts de faire, Gallimard, 1990, p. xl. Cette notion d’anti-discipline décrit bien une posture problématique du Cerfi dont toutefois Certeau ne faisait pas partie.
3 Le Cerfise est le Cerfi dans son implantation du Sud-Est de la France. Sur l’implication de l’équipe du Cerfise au Petit séminaire, quartier pauvre du nord de Marseille, voir notamment Anselme M. et Péraldi M., « Le Petit séminaire à Marseille », op. cit., p. 49-64.
4 Il s’agit de Félix Guattari, François Fourquet, Lion Murard, Hervé Maury, Françoise Lévy, Franck Novati et Gaëttane Lamarche-Vadel, in « Histoire de la psychiatrie de secteur ou le secteur impossible ? », Recherches, no 17, mars 1975.
5 « Les équipements du pouvoir », op. cit., p. 57.
6 « Programmation, architecture et psychiatrie », Recherches, no 6, juin 1967.
7 Agnès Y., « Trente chercheurs en quête de “l’ordre du désir” », Le Monde, 14 et 15 juillet 1974.
8 La Voie communiste et l’union des étudiants communistes.
9 Pour un éclairage sur les pratiques thérapeutiques et l’ambiance à La Borde, on peut lire Norgeu A.-M., La Borde : le château des chercheurs de sens ? La vie quotidienne à la clinique psychiatrique de La Borde, Erès, 2006.
10 Fourquet F., « L’accumulation du pouvoir ou le désir d’État », Recherches, no 46, septembre 1982, p. 9. Pour d’autres éléments sur l’histoire du Cerfi, se reporter à Querrien A., « Cerfi, 1965-1987 », Criticalsecret. com, no 8-9, 2002 ; Querrien A., « Le Cerfi, l’expérimentation sociale et l’Etat : témoignage d’une petite main », in Bezes P., Chauvière M., Chevallier J., Montricher N. de et Ocqueteau F. (dir.), L’État à l’épreuve des sciences sociales. La fonction recherche dans les administrations sous la Ve République, La Découverte, 2005, p. 72-87 ; Mozère L., « Foucault et le CERFI : instantanés et actualité », Le Portique, 13-14, 2004, p. 323-337.
11 Trois autres questions étaient posées : qu’est-ce que les cerfistes entendaient par généalogie ? Que voulaient dire en affirmant que l’État ne savait pas analyser la demande sociale ? Que pouvait-on dire de l’inconscient dans le champ social ? À la dernière question, c’est l’ouvrage L’anti-Oedipe de Félix Guattari et Gilles Deleuze qui répond car il sort au même moment, en 1972 aux Éditions de Minuit.
12 Qui devient le premier chapitre du premier tome de « Généalogie du capital. Les équipements du pouvoir », Recherches, no 13, 1973.
13 Ibid., p. 7-8.
14 « La coopération en pratique », Recherches, no 15, juin 1974, p. 7.
15 « L’accumulation du pouvoir ou le désir d’État », Recherches, 1982, no 46.
16 Le compte rendu parait en 1973, dans « Généalogie du capital… », op. cit. Les discussions auxquelles il prit part sont également reprises dans le volume III des Dits et écrits, Gallimard, 2001, p. 447-456. Voilà ce que David Macey rapporte de la rencontre : « Quant à la contribution de Foucault, elle se résuma à deux brefs échanges avec Deleuze et Guattari sur le rôle de la ville comme force de production. » Macey D., Michel Foucault, Gallimard, 1994, p. 334-335.
17 Ces deux séries de faits sont évoquées dans le volume I des Dits et écrits 1954-1975, Gallimard, 2001, p. 60.
18 Mozère L., « Foucault et le Cerfi : instantanés et actualité » Le Portique, no 13-14, 2004, p. 323-337, notamment p. 329.
19 Les travaux de Michel Foucault et des tenants de la psychiatrie institutionnelle ne vont pas dans le même sens pour autant. Georges Daumezon, une des concepteurs de la psychothérapie institutionnelle, a largement critiqué les vues de Foucault qui passait, selon lui, un peu vite sur l’existence de réelles maladies psychiques nécessitant des traitements.
20 Foucault n’acceptera que tardivement (en octobre 1984) sa publication dans la revue « Des espaces autres », Architecture, Mouvement, Continuité, no 5, octobre 1984, p. 46-49. Le texte est reproduit dans Dits et écrits, vol. II, 2001, p. 1571-1581.
21 Dits et écrits, vol. II, op. cit., p. 1571.
22 Foucault M., « La société punitive », Annuaire du Collège de France, 73e année, Histoire des systèmes de pensée, année 1972-1973, p. 255-267 ; texte repris dans Dits et écrits, vol. I, op. cit., p. 1324-1338.
23 Dits et écrits, vol. I, op. cit., p. 1335.
24 Ibid., p. 1337.
25 « Le bio-pouvoir, c’est l’ensemble des mécanismes par lesquels ce qui, dans l’espèce humaine constitue ses traits biologiques fondamentaux, va pouvoir entrer à l’intérieur d’une politique, d’une stratégie politique, d’une stratégie générale de pouvoir », Foucault M., Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France. 1977-1978, Éditions des Hautes études/Gallimard/Le Seuil, 2004, p. 3.
26 Foucault M. et al., Les machines à guérir. Aux origines de l’hôpital moderne, Pierre Mardaga, 1979. Ces travaux étaient articulés à ceux conduits au même moment sur La politique de l’espace parisien à la fin de l’Ancien Régime par Blandine Barret-Kriegel, François Béguin, Bruno Fortier, D. Friedmann et A. Monchablon (CORDA, 1975).
27 Foucault M., Surveiller et punir. Naissance de la prison, Gallimard, 1975, p. 143.
28 Ibid., p. 144-145.
29 Foucault M., Le pouvoir psychiatrique. Cours du Collège de France. 1973-1974, Éditions des Hautes études/Gallimard/Le Seuil, 2003.
30 Foucault M., « Non au sexe roi », Le Nouvel observateur, no 644, 12-21 mars 1977, repris dans Dits et écrits, vol. II, op. cit., p. 256-269.
31 Idem.
32 Foucault M., Sécurité, territoire, population…, op. cit., p. 58.
33 Terme « qui à coup sûr n’est pas satisfaisant. », in Foucault M., ibid., p. 59.
34 Ibid., p. 21.
35 « Les équipements du pouvoir », op. cit., p. 19.
36 Ibid., p. 142.
37 Ibid., p. 144-145.
38 Regazzola T. et Lefebvre J., La domestication du mouvement. Poussées mobilisatrices et surrection de l’État, Anthropos, 1981.
39 L’ouvrage est intéressant et fragile. Comment traiter en moins de 200 pages l’émergence de l’État sur une période de plus de quinze siècles et à travers des objets aussi complexes que le crédit et la monnaie, les chemins de fer et les infrastructures routières ? L’ouvrage n’est qu’une esquisse.
40 Fortier B., « Espace et planification urbaine (1760-1820) », in Prendre la ville. Esquisse d’une histoire de l’urbanisme d’État, Actes du colloque de 1976 à Saint-Étienne-en-Devolluy, Anthropos, 1977, p. 79-102. Cette communication de Fortier procède du travail collectif de l’équipe de Michel Foucault : Barret-Kriegel B., Béguin F., Fortier B. et al., La politique de l’espace parisien à la fin de l’Ancien Régime, CORDA, 1975.
41 Il y a alors, dans Paris, autant de constructions illégitimes que légitimes.
42 Querrien A., « Écoles et corps. Le cas des Ponts et Chaussées. 1747-1848 », Les Annales de la recherche urbaine, no 5, automne 1979, p. 81-114.
43 Ibid., p. 87.
44 Cité par Querrien A., ibid., p. 84.
45 Ibid., p. 110.
46 Querrien A., Généalogie des équipements collectifs. Les équipements de normalisation. L’école primaire, Copedith, 1975.
47 Cette critique de l’école comme pièce maîtresse de la normalisation s’inscrit pour partie dans les mêmes perspectives que celle d’Ivan Illich dans Une société sans école (Le Seuil, 1971) ou de Fernand Oury et Jacques Pain, Chronique de l’école-caserne (Maspéro, 1972).
48 Murard L. et Zylberman P., « Le petit travailleur infatigable ou le prolétaire régénéré. Villes-usines, habitat et intimités au XIXe siècle », Recherches, no 25, 1976.
49 Paris n’a pas eu le monopole de la Commune qui s’est soulevée au même moment à Lyon, Marseille, à Nantes et ailleurs.
50 Ces préceptes vont être développés ailleurs. Georges Picot, en 1878, fondateur des habitations bon marché, sachant que la maison individuelle coûte cher, propose les principes de logements collectifs adaptés à ce problème : « Les plans seront conçus dans la pensée d’éviter toute occasion de se rencontrer entre locataires. Les paliers et les escaliers en pleine lumière doivent être considérés comme une prolongation de la voie publique. Il faut proscrire rigoureusement les corridors et couloirs quels qu’ils soient. » Ce regard sur le collectif reste toutefois réservé aux classes populaires. Les bourgeois habitant les immeubles haussmanniens qui sont bâtis à la même période ne sont pas soupçonnés, eux, d’anarchie sexuelle.
51 Murard L. et Zylberman P., op. cit., p. 209.
52 Joseph I., Fritsch P. et Battegay A., « Disciplines à domicile. L’édification de la famille », Recherches, no 28, novembre 1977. Sur une problématique proche, on peut lire Alliaume J.-M., Barret-Kriegel B., Béguin F., Rancière D. et Thalamy A., (Foucault M. [dir.]), Politiques de l’habitat, (1800-1850), Copedith, 1977.
53 Cité par Joseph I. et al., op. cit., p. 171.
54 Donzelot J., La police des familles, Les Éditions de Minuit, 1977.
55 Le petit travailleur infatigable, op. cit., p. 43.
56 Dreyfus J., La ville disciplinaire. Essai sur l’urbanisme, Galilée, 1976. L’ouvrage reprend un rapport de 1974 : L’urbanisme comme idéologie de la rationalité : le refus de l’ordre de la différence, rédigé pour le compte du Credoc et du services Affaires économiques et internationales du ministère de l’Équipement. Ce rapport rend compte d’une mission confiée à Dreyfus par ce ministère dans le cadre de l’évaluation du premier programme de recherche urbaine. La charge contre l’urbanisme d’État et l’idéologie du pouvoir qui la sous-tend est violente. Dreyfus est sanctionné, mis au placard pendant plusieurs années. Le rapport est repris dans la thèse qu’il soutient en 1974, sous la direction de Jean Duvignaud, à l’université François-Rabelais de Tours.
57 Et comme beaucoup de jeunes architectes, chercheurs et/ou enseignants en sciences humaines et sociales, par exemple Michel Marié ou Pierre Bourdieu.
58 Dreyfus J., La ville disciplinaire, op. cit., p 15.
59 Ibid., p. 10.
60 Ibid., p. 77.
61 Ibid., p. 101.
62 Ibid., p. 101-102.
63 Ibid., p. 102.
64 « Les équipements du pouvoir », vol. I, op. cit., p. 154.
65 L’accumulation du pouvoir, op. cit., p. 33 et 34.
66 Ibid., p. 24.
67 Joseph I., Fritsch P. et Battegay A., Disciplines à domicile…, op. cit.
68 Ibid., p. 18-19.
69 Ibid., p. 21.
70 Cet élargissement intervient en 1982.
71 Pour une critique en règle et sans nuance des techniques de la psychologie et de la psychiatrie « classiques », voir « Guérir pour normaliser. L’arsenal thérapeutique pour rectifier les comportements », Autrement, no 4, hiver 1975-1976. L’ouvrage comporte notamment un texte de Lion Murard.
72 « Programmation, architecture et psychiatrie », Recherches, no 6, juin 1967.
73 Deleuze G. et Guattari F., L’anti-Œdipe. Capitalisme et schizophrénie, Les Éditions de Minuit, 1972.
74 L’accumulation du pouvoir, op. cit., p. 16 et 17.
75 Pour Guattari, les dynamiques de l’inconscient sont matérielles, incarnées dans des actes, des comportements. « Généalogie du capital. 1 : Les équipements du pouvoir. Villes, territoires et équipements collectifs », Recherches, no 13, décembre 1973, p. 132.
76 Deleuze G. et Guattari F., Qu’est-ce que la philosophie ?, Les Éditions de Minuit, 1991.
77 Sur cette question, voir Antonioli M., Géophilosophie de Deleuze et Guattari, L’Harmattan, 2003 ; Antonioli M., « Gilles Deleuze et Félix Guattari : pour une géophilosophie », in Paquot T. et Younès C., Le territoire des philosophes, La Découverte, 2009, p. 117-138.
78 « Histoire de la psychiatrie de secteur ou le secteur impossible ? », Recherches, no 17, mars 1975, p. 293. Au printemps 1972, le Cerfi est chargé par l’établissement public d’arrêter le programme d’équipements d’hygiène mentale sur la ville nouvelle, à l’horizon 1975-1985 (équipe composée d’Hervé Maury, Lion Murard, Arielle Roy et puis Ariane Cotlenko). À Marne, la situation est différente et le travail doit répondre à deux questions précises : faut-il et comment faire quelque chose de psychiatrique sur la « piazza » du centre régional de Noisy-le-Grand ? Quel contenu au centre de santé mentale prévu sur le quartier 5 du secteur II ? L’équipe est composée de plusieurs programmateurs de la ville nouvelle de Marne, d’une architecte et de Félix Guattari, François Fourquet, Lion Murard, Hervé Maury, Françoise Lévy, Franck Novati, Gaëttane Lamarche-Vadel.
79 Il existe de nombreuses relations de l’aventure du Cerfise au Petit séminaire. La plus complète est celle parue sous le titre « Le Petit séminaire. Chronique raisonnée d’une réhabilitation singulière », in Mollet A. (coord.), Droit de cité. À la rencontre des habitants des banlieues délaissées, L’Harmattan, 1986, p. 106-156. Voir aussi Boutron J. et Anselme M., « Réhabilitation et programmation continue. Le Petit séminaire », in Mollet A. (dir.), Quand les habitants prennent la parole, Plan construction, 1981, p. 157-171.
80 Chaque logement d’alors devait coûter un million de francs d’alors.
81 On reconnaît là une partie du modèle de la séance psychanalytique.
82 Anselme M. et Péraldi M., « Le Petit séminaire à Marseille », op. cit., p. 49-64, notamment p. 51.
83 « Histoire de la psychiatrie de secteur ou le secteur impossible ? », op. cit., p. 317.
84 Anselme M., in Mollet A. (coord.), op. cit., p. 116.
85 « Histoires de la rue des caves », Recherches, no 19, septembre 1975. Manuscrit réalisé par Denis Leparc, Alain Azémar et Yan de Kerorguen.
86 Cauquelin A., La ville la nuit, Puf, 1977. Livre rédigé à partir d’une recherche collective financée par la DGRST et le ministère de l’Équipement en 1975.
87 Ce sont les premières lignes du livre de Cauquelin A., La ville la nuit, op. cit., p. 5.
88 Ibid., p. 10.
89 Clastres P., La société contre l’État, Les Éditions de Minuit, 1974.
90 Extrait d’entretien de Pierre Lassave avec Isaac Joseph, in Les sociologues et la recherche urbaine dans la France contemporaine, Presses universitaires du Mirail, 1997, p. 262.
91 Joseph I., Le passant considérable. Essai sur la dispersion de l’espace public, Librairie des Méridiens, 1984.
92 Dans la continuité d’Isaac Joseph, plusieurs chercheurs du Cerfise vont explorer les espaces publics, par exemple Foret C. et Bavoux P., En passant par le centre… La rue de la République à Lyon. Anthropologie d’un espace public, Éditions du Cerfise, 1990. Plus récemment encore, on peut se reporter aux travaux d’Alain Battegay et Ahmed Boubeker, par exemple : « Centralités immigrés formes urbaines et mobilités d’approvisionnement », in Bonnet M. et Aubertel P. (dir.), La ville aux limites de la mobilité, Puf, 2006, p. 109-121.
