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Histoires de la souffrance sociale

 | 
Chauvaud Frédéric

Deuxième partie. Figures et expressions

Errance juvénile et souffrance sociale au xixe siècle d’après les récits autobiographiques

Jean-Jacques Yvorel

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

  • 1 Alain Faure, « Enfance ouvrière, enfance coupable », dans Les Révoltes logiques, n° 13, hiver 1981 (...)

1Si, comme l’écrit fort bien Alain Faure « le vagabondage n’est qu’une pure création du droit pénal, un mot de la répression, [qui] n’a d’existence qu’en tant que délit légalement constitué. [Si] le petit vagabond était un vagabond que parce qu’on l’arrêtait1 », l’errance d’un grand nombre d’enfants, dans la France du xixe siècle, est un fait social difficilement niable dont témoignent des sources variées. En fait, c’est au pluriel qu’il faut écrire errances, tant les raisons qui conduisent des jeunes garçons ou des jeunes filles à déambuler sur les chemins des campagnes ou dans les rues des grandes villes sont variées. Il ne s’agit pas ici de s’essayer à une typologie, mais seulement de souligner que sous l’angle des liens familiaux, des modes d’existence, de la nature des déplacements, de la sociabilité, les enfants errants diffèrent fortement comme le montre leur dossier quand une arrestation et une comparution les ont transformés en vagabonds. Ils peuvent ne plus avoir de famille, être abandonné ou rejeté, avoir rompu avec leurs parents de leur propre initiative, mais aussi garder des liens familiaux forts. Ils peuvent exercer une profession urbaine ou rurale, ne vivre que de la charité ou de rapines, ou encore concilier travail et mendicité. Certains sont des voyageurs internationaux, d’autres n’ont pas quitté leur ville ou leur département de naissance. Les enfants errants sont parfois solitaires ou voyagent en petits groupes parfois familiaux.

  • 2 Claude Genoux, Les mémoires d’un enfant de la Savoie, (1851) rééd. La Fontaine de Siloé, Les March (...)

2L’analphabétisme est un des éléments de la situation sociale objective des enfants errants puisqu’ils sont nécessairement très vite déscolarisés si tant est qu’ils aient été scolarisés. Arrêtés et envoyés en correction, ils ont très peu de chance d’apprendre à lire. L’enseignement dans les prisons et les colonies agricoles pénitentiaires est des plus succinct. Dans notre micro corpus on ne trouve aucun enfant qui est acquis la maîtrise de la langue écrite dans une institution corrective. Par contre, c’est à l’orphelinat de la rue d’Enfer que le petit ramoneur savoyard Claude Genoux apprend à lire et à écrire : « Aussi, quoi que je ne connusse pas une seule lettre le jour où j’allai m’asseoir sur les bancs de la classe, quatorze mois ne se passèrent pas sans que j’eusse fait de notable progrès. Je savais lire couramment, un peu écrire et la première règle de l’arithmétique lorsque je quittai ce bienfaisant asile2. »

  • 3 Benjamin, Histoire d’un sourd-muet écrite par lui-même, Paris, Librairie de Borrani, 1856, 36 p. D (...)

3De même Benjamin, de son vrai nom François-Lucien Guillemont, qui a la « chance » d’être sourd-muet, est instruit à l’hospice des enfants trouvés de Cambrais, institution à laquelle il est confié après sa seconde arrestation, avant de parfaire son éducation à l’institut des sourds-muets de Paris. Il deviendra professeur à l’institut des sourds-muets de Lyon3.

  • 4 Sur ce point voir Michelle Perrot, « Les vies ouvrières », dans Pierre Nora (dir.), Les lieux de m (...)
  • 5 Joseph-Laurent Fénix, Tu t’appelleras Souris. Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur (...)
  • 6 Denis Bertholet, Les Français par eux-mêmes, 1815-1885, Olivier Orban, 1991, p. 11.
  • 7 Nous empruntons cette distinction à Pierre Bourdieu, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p. 10

4Cette multiplicité des situations et des destins et cette absence de maîtrise de l’écrit a une double conséquence quant aux autobiographies qui relatent ces expériences juvéniles : elles sont très peu nombreuses et très hétérogènes. Les récits d’errances juvéniles ne constituent pas un genre, même aussi « incertain » que les autobiographies ouvrières4. Nous ne pouvons relever aucune régularité, aucun passage obligé, dans ces rares textes (par exemple, les deux ramoneurs qui ont laissé des annales ne démarrent pas leur narration au même moment. Joseph-Laurent Fénix évoque la vie au village durant sept chapitres et consacre plusieurs pages aux adieux poignant à sa mère5. Claude Genoux a déjà passé Chalon-sur-Saône et chemine vers la basse Bourgogne quand commence son autobiographie). Ces textes restent cependant très précieux pour qui veut saisir ce que pouvait être la situation du mineur vagabond autrement qu’au travers du prisme déformant du discours de la répression et de celui de la compassion philanthropique. Comme le remarque Denis Bertholet, « […] l’autobiographie n’a pas valeur de témoignage sur les faits, mais de témoignage sur un individu. […] Tout y est signé, tout y appartient de plein droit à la personnalité de son auteur, même si ce dernier, soucieux de se mettre en valeur ou de se justifier, multiplie les incohérences, voire les contradictions6 ». Le récit autobiographique, même s’il relève d’une certaine reconstruction, est donc une source privilégiée pour atteindre la souffrance sociale, cette perception subjective de la situation sociale objective vécue par les individus. Chez les enfants errants du xixe siècle, comme chez les « jeunes errants » du xxe siècle, la misère de condition est redoublée par une misère de position7 que seuls ces récits singuliers permettent de saisir… et parfois de relativiser.

  • 8 Norbert Truquin, Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la révolution. L’Algérie, la Répu (...)
  • 9 P. Deruineau, Souvenirs d’un ouvrier par P. Duruineau, peintre en décors, Angers, Cosnier et Lachè (...)
  • 10 Jean-Marie Déguignet, Mémoires d’un paysan Bas-Breton, édition établie par Bernez Rouz, An Here, R (...)
  • 11 Hippolyte Raynal, Malheur et poésie, Paris, Perrotin, 1834, 391 p.
  • 12 Hippolyte Raynal, Sous les verrous, Paris, Ambroise Dupont, 1836, 357 p.

5Notre enquête porte donc sur un micro corpus de huit titres qui chronologiquement couvre tout le grand xixe siècle de la Restauration à la veille de la guerre 1914-1918. Outre les deux souvenirs de ramoneurs déjà évoqués, nous avons utilisé les mémoires de deux ouvriers qui ont connu une période d’errance : les Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la révolution de Norbert Truquin8 et les Souvenirs d’un ouvrier de P. Deruineau9. Le monde paysan est représenté par les Mémoires d’un paysan Bas-Breton, de Jean-Marie Déguignet10. Les deux textes de Benjamin, Histoire du sourd-muet Benjamin, élève de l’institution royale des sourds-muets, à Paris et Histoire d’un sourd-muet écrite par lui-même, font un pont entre handicape et errance, deux réalités sociales qui peuvent générer de la souffrance. Les deux textes d’Hippolyte Raynal, Malheur et poésie11 et Sous les verrous12 viennent clorent cette maigre moisson.

6Les textes sont rares, parfois très courts, mais bien souvent il nous faudrait les citer dans leur totalité tant ils sont imprégnés de cette souffrance sociale que nous cherchons à saisir. Nous traiterons de deux aspects ou moments de l’expérience de ces mineurs « SDF » : l’entrée dans l’errance, la peur de la répression, avant d’évoquer plus brièvement la faim et le froid.

L’entrée dans l’errance

7Les sentiments éprouvés par les enfants quand commencent leurs pérégrinations sont aussi variés que les modes d’entrées dans l’errance.

  • 13 Norbert Truquin, op. cit., p. 25.

8Norbert Truquin décrit simplement le processus qui le fait un enfant « sans domicile certain ni moyen de subsistance » pour reprendre les termes de l’article 270 du Code pénal qui définit le vagabondage. Il a dix ans quand le peigneur de laine rémois chez qui son père l’a placé meurt : « Aussitôt le corps enlevé, on me mit dehors et on ferma la porte. Je me trouvais nu-tête et pieds nus ; j’emportai une des chemises du mort ainsi qu’un pantalon que je m’attachai sous les aisselles13. »

9Le cas de François-Lucien Guillemont, jeune sourd-muet par accident, est particulièrement éclairant, car il alterne entre huit et quatorze ans, période de vie sédentaire et temps de vagabondage. Sa première phase d’errance est familiale puisque c’est avec sa mère, alors qu’il est âgé d’environ huit ans, qu’il vague et qu’il mendie autour de son village natal, Caisnes, près de Noyon (Oise). Abandonnée par son mari, la mère du jeune Benjamin (nom qui lui sera donné aux enfants trouvés de Cambrais) ne parvient pas surmonter les difficultés financières. Les frais engagés pour soigner son fils, victime d’un accident qui lui fait perdre l’ouïe et la parole, achève, semble-t-il, de la ruiner. L’entrée dans l’errance, un peu comme chez Norbert Truquin, est présentée comme l’aboutissement d’une suite inexorable de revers de fortune et de malheurs :

  • 14 Benjamin, op. cit., p. 12.

« Des malheurs avaient accablé ma pauvre mère ; son modique avoir avait disparu, elle fut obligée de vendre son jardin et sa maison pour acheter du pain ; puis, quand ces dernières ressources furent épuisées, nous fûmes obligés de mendier un asile et notre nourriture dans la famille de ma mère ; mais l’hospitalité nous fut refusée ; alors nous devînmes errants, passant les nuits tantôt sous un toit abandonné, tantôt couchés sur le bord d’une route, sur les feuilles à la lisière des bois14. »

  • 15 Les petits ramoneurs se livrent à leur industrie, à laquelle la mendicité est souvent associée, so (...)

10Quand les enfants décident eux-mêmes de rompre les amarres, les sentiments sont souvent ambigus. Nous percevons un mélange de crainte et de joyeuse insouciance, une sensation de liberté et une appréhension face aux dangers pressentis. Claude Genoux, le petit ramoneur, décide de ne pas rejoindre son oncle et meneur15. Il évoque son état d’esprit durant ses premiers instants de liberté :

  • 16 Claude Genoux, op. cit., p. 9.

« Dans ce premier moment d’indépendance, il lui faut ou le plus grand courage, ou la plus grande insouciance, pour ne pas se lamenter de cet isolement qui lui pèse. Cet état de l’âme, inhérent à toute faiblesse humaine, était donc celui de notre jeune aventurier. Aussi, quand après une heure de marche, il vint à jeter un regard en arrière, dès qu’il ne vit plus la bonne ville de Chagny, Chagny où il laissait tout ce qui pouvait lui rappeler la patrie, il sentit ses nerfs se contracter et l’émotion l’étouffer jusqu’à lui fendre le cœur16. »

  • 17 Ibidem, p. 12.

11Remarquons, qu’à ce moment de son récit Claude Genoux parle de lui à la troisième personne. C’est au soir de cette première journée de liberté qu’il « révèle » au lecteur son identité : « […] car enfin, il est temps de le dire, et le lecteur l’a déjà deviné sans doute, ce pauvre petit savoyard n’était autre que moi, ami lecteur17. »

12Hippolyte Raynal prête au héros de son roman, partiellement autobiographique Sous les Verrous, alors même que son départ n’est pas vraiment volontaire, puisqu’il est lié à l’abandon de sa mère, les mêmes sentiments mêlés :

  • 18 Hippolyte Raynal, Sous les verrous, op. cit.

« L’impression immédiate que ressentit Arthur à la nouvelle de ce fatal abandon, peut se comparer à ce qu’éprouverait un dormeur tombant à l’eau en même temps que l’arbre mort sur lequel il se serait appuyé. Ce fut à la fois de l’éblouissement, du vertige, de la peur, le sentiment du péril, puis les efforts d’instinct vers la conservation et le rivage. Or, le rivage, pour l’intéressant orphelin, c’était l’espoir. […] Arthur, le fils renoncé, la proie jetée au hasard, ou plutôt l’apprenti de douze ans, ne se désespéra donc pas. Si quelques larmes d’affection et de regret coulèrent un instant de ses yeux à la pensée de n’avoir plus sa mère, un certain enthousiasme d’indépendance et de liberté rétablit l’équilibre de ses forces naissantes, et le consola bientôt, par le désir d’une résistance vigoureuse, et de son isolement en ce monde et des menaces de l’horizon dont s’était d’abord effrayé son regard. D’autant plus qu’à travers tant d’éventualités relativement à ce qu’il pourrait devenir et faire, le voyage de Blois lui plaisait merveilleusement. Quelles émotions l’attendaient le long de ce chemin qui le mènerait au bonheur peut-être18 ! »

13Le départ de Deruineau est d’une tout autre nature. Nous sommes devant un départ entièrement choisi puisqu’il pouvait faire autrement, un départ qui tient du voyage initiatique, de la tradition compagnonnique, même si Deruineau ne s’en réclame pas :

  • 19 P. Deruineau, op. cit., p. 6.

« Ainsi que je l’ai déjà dit, j’avais quinze ans à peine ; et bientôt je me sentis possédé d’un seul besoin, celui de voyager. Pour l’enfant du peuple, c’est le désir de s’instruire ; et cependant au premier abord, c’est vraiment quelque chose d’inexplicable en apparence que ce sentiment qui pousse certaines classes d’ouvrier à courir le monde ; cette vie nomade laisse l’ouvrier maître absolu de ses idées ; n’ayant rien réfléchi, chez lui tout est spontané ; et sans préoccupation de l’avenir, il fait du travail sa seul richesse. S’il pensait aux périls qui l’environnent, ne frémirait-il pas d’entreprendre un voyage d’où doit dépendre son avenir ? […] Se perfectionner dans le métier qu’il professe est son désir, sa passion ; acquérir de nouvelles connaissances, essayer d’autres mœurs et de nouvelles habitudes, vivre sous un autre ciel que celui qui l’a vue naître, c’est chez lui un impérieux besoin ; et cependant aucune gloire ne l’attend, aucune perspective de bonheur certain ne s’offre à lui19. »

  • 20 Ibidem, p. 9.

14Le voyage est donc préparé, son père et sa mère « y avaient apporté toute la sollicitude possible » et si les adieux sont touchants et non exempts de larmes, le départ vers Paris reste, nous dit Deruineau « objet de mes rêves et de tous mes vœux20 ».

15La situation de Jean-Marie Déguiguet relève encore d’une autre logique. Il embrasse la carrière de mendiant et de vagabond comme un métier parmi d’autres :

  • 21 Jean-Marie Déguignet, op. cit., p. 44.

« Quelques temps après tout cela, c’est-à-dire au printemps de 1844, une vieille bonne femme des environs vint trouver ma mère en lui disant qu’elle ferait mieux de m’envoyer faire tout le tour de la commune avec une besace que de me laisser mendier simplement mon dîner quotidien autour de Guélennec, que j’apporterais beaucoup plus de provende à la maison. Ma mère approuva21. »

16Sa mère lui confectionne une besace. Il accompagne durant six semaines la vieille bonne femme afin d’apprendre la profession. En fait son errance est de faible amplitude puisqu’elle se limite à la campagne environnante et qu’il ne s’absente jamais plus de trois jours de chez lui.

  • 22 Ce n’est déjà plus le cas à Paris où dès le Second Empire, le préfet de police voit dans cette act (...)
  • 23 Félix Laurent, op. cit., p. 68.

17L’enfant Felix Laurent a un métier, celui de ramoneur itinérant. Comme pour Claude Genoux soixante ans plus tôt, le maniement de la raclette se double souvent de l’usage de la sébile : travail et mendicité restent associés. Cependant, avant la guerre de 1914, dans la région de Dole où il exerce, la profession de ramoneur n’est pas connotée négativement22. Confi né dans la boutique de son patron qui est aussi marchand de charbon, c’est lui qui « un jour, [va] voir le patron et lui demande d’aller avec les autres ramoner23 ». Il gravit rapidement les échelons puisque c’est comme meneur qu’il réalise sa dernière campagne avant de regagner sa Savoie natale.

18Chez Benjamin, la première entrée dans le monde de l’errance, complètement accidentelle, est bientôt suivie d’une seconde plus volontaire. Il perd sa mère et le récit qu’il fait de cette mort renverrait aujourd’hui vers la notion de traumatisme :

  • 24 Benjamin, op. cit., p. 13-14.

« Ma mère, ma pauvre mère, faible, accablée de fatigue, voyait s’éteindre ses dernières forces […]. Un soir enfin elle ne put se relever ; nous étions au bord du bois de Caisne. Elle priait Dieu, et moi, enfant sans intelligence, sans facultés morales, je ne joignais pas mes prières aux siennes, car je ne savais plus ce que c’était qu’une prière ; […] (L’enfant s’éloigne de sa mère agonisante et est recueilli pour la nuit par un brave homme…). Je dormis pauvre enfant que j’étais, et le lendemain je courus rejoindre ma mère. Je retrouvais son corps… ma mère n’existait plus, son âme s’était envolée. Je contemplai longtemps et avec stupéfaction ces restes mortels qui avaient été ma mère ; mes yeux fixes et sans larmes semblait comme attachés sur elle à tout jamais ; enfin je sorti de mon anéantissement, mes joues se mouillère de pleurs, et j’allai, le désespoir dans l’âme, annoncer mon malheur au village que je venais de quitter24. »

19Son père le recueille mais il épouse en seconde noce la servante qu’il avait auprès de lui et qui venait de mettre au monde un enfant. Si son père est « toujours bon, complaisant et plein d’égard » pour lui, sa marâtre le maltraite. L’enfant décide de fuir. La décision est d’autant plus facile à prendre que la vie d’errance et de mendicité ne lui est pas inconnue :

  • 25 Ibidem, p. 16.

« Je pris la résolution de quitter mon triste séjour, de fuir à jamais, et de chercher au hasard ce que je n’avais pu trouver chez mon père. Je partis donc en effet et j’arrivai à Noyon. Là, j’allai me placer à la porte de l’hôtel des diligences. J’offris mes services aux voyageurs, je fi s office de commissionnaire ; ils me jetèrent quelques sous d’aumône avec quoi j’achetait du pain, de la viande froide et des sabots. Je vécu de la sorte quelques temps, couchant la nuit sur un banc placé à la porte d’un estaminet, ou sous quelque voiture de roulage. Quand vint l’hiver, je pensai mourir de froid ; heureusement Dieu veillait sur moi ; un postillon que j’avais aidé quelques fois à atteler ses chevaux me prit en amitié, me fit connaître au maître de poste, qui eut pitié du pauvre muet, et me fit donner un gîte chez lui25. »

20Benjamin ne supporte pas cette sédentarité rassurante, il fuit de nouveau, mais pas sans quelques remords :

  • 26 Ibidem, p. 17-18.

« Mais mon caractère aventureux, ne s’arrangeant pas de ce genre de vie paisible, me fit quitter la poste. Il est vrai que je ne fus pas plutôt sorti que j’aurais voulu y revenir ; l’idée me vint d’aller demander pardon de mes torts, de ma fuite ; mais l’impossibilité où j’étais de m’exprimer me rebuta, je renonçai à cette idée, je préférai, indépendant que j’étais, d’aller vivre en mendiant vagabond dans les villages voisins. Ce triste métier me lassa, et je résolus de faire un second voyage au hasard. [Il s’accroche sur le marchepied d’une diligence et se retrouve à Compiègne]. J’avais changer de lieu mais non de genre de vie. Je passais mes journées et mes nuits comme les gens sans aveu, sans asile. Un jour la garde me prit et me conduisit dans la prison de Compiègne. […] Ma captivité dura plusieurs mois, lorsqu’un jour quelqu’un me fit appeler, je courus… C’était mon père qui avait découvert ma retraite et venait me réclamer26. »

  • 27 Sur ce point il convient d’être prudent car Benjamin écrit à propos de sa fuite : « Je fuyais comm (...)

21Il est placé chez un tisserand chez qui il ne semble pas avoir été mal traité27, mais sa souffrance est très clairement évoquée. Il s’échappe de nouveau et là sans aucun remords :

  • 28 Ibidem, p. 19. La promesse qu’il se fait à lui-même est en italique et entre guillemets dans le te (...)

« J’aurai pu être heureux, mais un chagrin secret, insurmontable, m’accablait dans mes excursions solitaires. Je me voyais seul, toujours seul, objet de mépris et de risée pour mes camarades qui me jetaient des pierres. Sans appui, sans espoir dans l’avenir, je sentis bientôt que là n’était pas encore le terme de mes voyages. Un jour je fis semblant d’aller au bois pour m’amuser, mais en moi-même je répétais ces paroles : “ Je forme et j’accomplirai le projet de ne plus revenir à ce village28”. »

22À première vue, nous pouvons rapprocher le ressentit de Benjamin de celui de Genoux. Arrêté pour ivresse et vagabondage, notre jeune savoyard échappe à l’envoi en correction. Il est placé à l’orphelinat de la rue d’Enfer :

  • 29 Claude Genoux, op. cit., p. 59-60. Son goût de la liberté et du voyage lui fait quitter un peu plu (...)

« J’étais donc parfaitement heureux dans ma condition. J’avais une nourriture saine et réglée, un bon coucher et trois heures de récréation par jour. Ajoutons à tous ces éléments de bonheur une promenade extra muros tous les jeudis. On concevra que si j’avais pu me croire heureux, rien ne m’eût empêché de l’être. Je ne l’étais pas cependant. Les souvenirs de ma vie errante me rendaient intolérable cette longue séquestration. Nul doute que si les portes de cette maison m’eussent été ouvertes, ainsi que me le furent celles de l’hospice d’Auxerre, je n’eusse jamais pensé à en sortir ; mais elles fermées, je me crus victime d’un odieux despotisme29. »

  • 30 Claude Genoux est l’auteur d’une Histoire de la Savoie, Piémont et Sardaigne, préfacée par Eugène (...)

23Le parallélisme des situations doit cependant être manié avec précaution. Placé dans un orphelinat, Benjamin s’estime comme Genoux, bien traité. « Un bon lit, une bonne nourriture, de bons soins donnés par les sœurs de la Charité, rien ne manquait à mon bien être » écrit-il. Mais à la différence du futur historien de la Savoie30, il n’a aucune velléité de fuite, son comportement exemplaire le fait remarquer par un administrateur de l’établissement qui devient son tuteur et s’assure de son éducation.

  • 31 Orblain est l’amant attitré d’une des deux prostituées.
  • 32 Norbert Truquin, op. cit., p. 30.

24Quant à Norbert Truquin, quand il abandonne une situation plus ou moins stable pour se lancer de nouveau sur les routes, ce n’est jamais par goût de l’errance ou par sentiment d’absence de liberté. Ce sont les événements qui le contraignent à quitter la position sédentaire qu’il occupe. Recueillit, après une première période d’errance où il partage le sort d’une demi-douzaine de gamins de son âge, par deux filles de joie qui le traitent fort bien, il est de nouveau jeté sur le pavé par les forces de l’ordre : « Un matin Orblain31 rentra en me disant quelles étaient au bloc, et il disparut sans me donner d’autres renseignements. La police pénétra dans l’établissement sur les 8 ou 9 heures. On me demanda mon nom, puis, sans autre formalité, on me mit dehors en fermant la porte32. »

  • 33 Ibidem, p. 48.
  • 34 Ibidem, p. 52.

25Il regagne son village natal, Rosière, dans la Somme, où son grand-père l’accueille, mais rapidement celui-ci, pauvre et âgé, ne peut plus le garder33. Il part à Amiens et travaille dans une filature, mais bientôt l’ouvrage vient à manquer34. Il prend alors la route de Paris pour rejoindre son père.

La peur de la répression

  • 35 Simone Delattre, Les douze heures noires. La nuit à Paris au xixe siècle, Paris, Albin Michel, 200 (...)
  • 36 Alain Faure, op. cit., p. 32.

26Simone Delattre, qui a beaucoup travaillé sur les registres du guet parisien des monarchies constitutionnelles, caractérise l’action répressive de l’autorité en matière de vagabondage. Elle parle de « ponction régulière mais non radicale » et de « de contrôle par la tracasserie35 » avant de reprendre à son compte l’expression d’Alain Faure qui assimile la répression du vagabondage juvénile à « l’écrémage permanent d’un sous-prolétariat enfantin en renouvellement constant36 ». « Contrôle par la tracasserie », « l’écrémage permanent d’un sous-prolétariat enfantin », ces deux expressions rendent bien compte à la fois de cette présence d’une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de chaque enfant hors famille et de la largeur des mailles du fi let répressif.

27Les risques que la répression fait peser sur les enfants errants ne sont pas ressentis de la même façon par tous. Il n’est pas sûr d’ailleurs qu’ils aient toujours conscience du danger qu’ils courent. Norbert Truquin, alors qu’il est juridiquement en état de vagabondage, n’hésite pas à mendier auprès du commissaire :

  • 37 Norbert Truquin, op. cit., p. 25.

« Depuis deux jours, je voguais de côté et d’autre, me contentant, pour toute nourriture, de quelques trognons de choux. Enfin, poussé par la faim, je me hasardais à me rendre chez le boulanger qui nous fournissait notre pain de seigle, pour lui demander un morceau de pain. “Va chez le commissaire, il t’en donnera”, me répondit-il sur un ton brutal. Je pris au pied de la lettre ce qu’il me disait et me présentait gaillardement chez le fonctionnaire. […] Le commissaire me fit entrer. C’était précisément lui qui avait mis les scellés chez mon patron. Il me reconnut et me demanda ce que je lui voulais. “Monsieur, lui dis-je, il y a deux jours que je n’ai rien mangé ; M. Pierre, le boulanger, m’a engagé de m’adresser à vous pour avoir du pain.” Le commissaire me tendit trois gros sous qu’il avait tirés de sa poche37. »

  • 38 Ibidem, p. 33-34. Cette citation illustre bien les précautions que nécessitent l’usage des autobio (...)

28C’est un peu plus tard, alors qu’il voyage avec un colporteur adulte, qu’il perçoit les conséquences possibles de sa situation de garçon sans aveu : « […], il me recommanda encore de dire que j’étais son fils, parce qu’il craignait que, dans ma course vagabonde, je fusse pris et incarcéré dans une maison de correction. Il m’expliqua que ces maisons étaient l’antichambre du bagne ; que la vie qu’y menaient les enfants les abrutissait au lieu de les amender […]38. »

  • 39 Ibidem, p. 39.
  • 40 Ibidem, p. 41.

29Si, à la suite de cette leçon, il passe par des chemins de traverse pour se rendre de Reims à Soisson, afin d’éviter les gendarmes39, il n’en demande pas moins une nouvelle fois des secours à un commissaire : « Celui-ci me reçut très brutalement, me traita de vagabond, de fainéant, m’adressa une foule de questions ; puis, après s’être un peu calmé, il me donna trente sous et un bon pour une nuit pour l’hôpital40. »

30Si Benjamin a déjà une première expérience de la prison, il n’est pas pour autant terrorisé à l’idée d’y retourner. Non seulement il ne fuit pas les autorités, mais, dans une situation désespérée, il voit dans une éventuelle incarcération un espoir de survie :

  • 41 La pratique qui consiste, pour les enfants errants, à demander asile aux postes de garde est relev (...)
  • 42 Benjamin, op. cit.

« Je trouvai mon lit fait à Cambrai comme partout ailleurs, tantôt au pied d’un mur, tantôt sous une voiture, tantôt sur quelque lieu couvert de gazon ; je trouvai aussi logement dans le corps de garde, près de l’hôtel de ville41. Mais un soir le caporal du poste me mit à la porte à cause de ma pauvreté et de mes vêtement en lambeaux. Le cœur d’un caporal n’est pas toujours sensible ! Et l’hiver vint, et la neige tombait, et la bise soufflait, et moi j’étais transi de froid. Quelle souffrance, quelle horreur ! Plus de vêtements, plus de chaussure… ! la prison ! j’y pensai. Ce fut l’unique ressource qui s’offrit à moi, je me rappelai que j’y avais été bien traité à Compiègne. Je voulus essayer celle de Cambrai42. »

  • 43 Deruineau, op. cit., p. 43.

31Deruineau, ouvrier en règle dûment muni de son passeport, ne craint pas une arrestation pour vagabondage. Il fait cependant connaissance de la prison à la suite d’une rixe entre ouvriers. Sa description de l’institution est à joindre à la longue liste des discours savants ou profanes qui, de la fondation de la Société royale des prisons en 1819 à nos jours, dénoncent les conditions de vies des prisonniers, la promiscuité qui règne dans les geôles et le caractère criminogène des lieux de détention. Il est marqué à vie par son expérience carcérale qui n’a pourtant duré que six jours : « L’impression que j’avais ressentie du séjour de la prison était si profonde, qu’elle se produisit longtemps dans mes méditations ; souvent je croyais voir encore la physionomie sombre et farouche du gardien de la geôle et entendre le langage rude et sévère des guichetiers […]43. »

  • 44 Les poucettes sont l’ancêtre des menottes. Cet appareil qui enserrait les pouces était particulièr (...)
  • 45 Hippolyte Raynal, Malheur et poésie, op. cit., p. 95.

32Nous pouvons imaginer, sans surinterpréter la source que, privé de son passeport, Deruineau aurait craint tout autant que Raynal, une arrestation. Ce dernier, interpellé alors qu’il a perdu cet indispensable sauf conduit, est enfermé au dépôt de mendicité de Saint-Denis. Dans Malheur et poésie, comme dans Sous les verrous, il décrit, sans les euphémismes habituels, l’insécurité sexuelle qui règne dans les prisons et dont il a souffert. Chez lui, la crainte de la répression se transforme en angoisse et il laisse entendre qu’il préférerait la mort à l’arrestation : « Déviant soudain de la grande route, je m’enfuis à travers champs, préférant le risque de m’enfoncer et de périr dans quelque marais, à la perspective des poucettes44 que je m’imaginais voir à tous moments s’élargir pour m’étreindre les doigts45. »

33Bien qu’il ait été arrêté deux fois, Claude Genoux, lui, n’évoque jamais une quelconque crainte des autorités. Quand à Jean-Marie Déguignet, c’est rétroactivement qu’il parle du Code pénal. Il n’a nullement conscience, sur le moment, du caractère délictueux de son activité de mendiant itinérant :

  • 46 Jean-Marie Déguignet, op. cit., p. 44.

« La vieille me faisait entendre que j’allais commencer le plus digne et le plus noble état du monde, puisque Dieu l’avait pratiqué lui-même et qu’il fut pratiqué également par nos plus grands saints. Quel honneur et quelle gloire de pouvoir à l’âge de neuf ans marcher sur les traces de Dieu et des saints ! Si j’avais connu alors nos codes français, j’aurais pu donner des leçons à mon professeur au sujet de ce digne et noble état, […]46. »

34Sûr d’exercer une profession légitime, accepté dans le monde social où il se meut même si c’est dans une position de dominé qui ne manque pas de le faire souffrir, toujours intégré dans un groupe de pairs, Félix Laurent, lui, n’a jamais craint les autorités.

La faim et le froid

  • 47 Deruineau, op. cit., p. 7.

35Les jours sans pain et les morsures du froid constituent, objectivement, une expérience commune à tous les enfants errants. Pourtant, cette souffrance de la chair n’est pas transcrite dans tous les récits. Centrale chez Truquin, Raynal et Benjamin, bien présente chez Déguignet et Laurent Fénix, elle est quasi absente chez Genoux et totalement inexistante chez Deruineau. Remarquons que ces deux derniers auteurs sont ceux qui ont le plus choisi leur mode de vie. La clef de cette élision d’une forme de souffrance nous est peut-être donnée par Deruineau. Il laisse entendre que le choix de la liberté présuppose l’acceptation d’un certain inconfort matériel : « Il est satisfait de sa position, indifférent sur la manière de pourvoir aux nécessités de la vie, et je suis point éloigné de croire, qu’un ouvrier, voyageant ainsi n’a jamais fait un repas qu’il ait jugé médiocre, ni couché dans un lit qu’il ait trouvé mauvais47. »

36Sur les milliers d’enfants qui, au xixe siècle, ont connu l’errance, les six qui ont laissé une trace témoignent, chacun à leur manière, de la souffrance engendrée par l’isolement, la pauvreté, le mépris, la peur. Leur récit semble avoir parfois une fonction quasi thérapeutique, être le support d’un processus de résilience dira-on aujourd’hui. Revient-on indemne d’une expérience aussi pénible ? Jean-Marie Déguignet meurt seul et misérable à l’hospice de Quimper, Claude Genoux se pend dans les bois de Ville d’Avray, Félix Laurent se suicide au gaz en provocant l’explosion de sa maison…

Notes

1 Alain Faure, « Enfance ouvrière, enfance coupable », dans Les Révoltes logiques, n° 13, hiver 1981, p. 29.

2 Claude Genoux, Les mémoires d’un enfant de la Savoie, (1851) rééd. La Fontaine de Siloé, Les Marches, 1994, p. 59.

3 Benjamin, Histoire d’un sourd-muet écrite par lui-même, Paris, Librairie de Borrani, 1856, 36 p. Dans ce court ouvrage, l’auteur reprend intégralement le texte d’une première plaquette Histoire du sourd-muet Benjamin, élève à l’institution royale des sourds-muets, à Paris, Versailles, Michel Fossone, s. d., 16 p. et ajoute une préface et une postface où l’on apprend ce qu’il est devenu depuis son entrée dans l’institution créée par l’abbé de l’Épée.

4 Sur ce point voir Michelle Perrot, « Les vies ouvrières », dans Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, III- Les France, 3. De l’archive à l’emblème, Paris, Gallimard, 1992, p. 108-117 (l’écriture autobiographique ouvrière : ses difficultés.)

5 Joseph-Laurent Fénix, Tu t’appelleras Souris. Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur savoyard, préface de Madeleine Rebérioux, Paris, Le sycomore, 1984, 196 p. ; Claude Genoux, op. cit., 344 p.

6 Denis Bertholet, Les Français par eux-mêmes, 1815-1885, Olivier Orban, 1991, p. 11.

7 Nous empruntons cette distinction à Pierre Bourdieu, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p. 10.

8 Norbert Truquin, Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la révolution. L’Algérie, la République Argentine et le Paraguay, Paris, F. Bouriand, 1888, 457 p., rééd. avec introduction de Paule Lejeune, Paris, Maspéro, 1977, 277 p.

9 P. Deruineau, Souvenirs d’un ouvrier par P. Duruineau, peintre en décors, Angers, Cosnier et Lachèse, 1851, 63 p.

10 Jean-Marie Déguignet, Mémoires d’un paysan Bas-Breton, édition établie par Bernez Rouz, An Here, Relecq-Kerhuon, 1999, 462 p.

11 Hippolyte Raynal, Malheur et poésie, Paris, Perrotin, 1834, 391 p.

12 Hippolyte Raynal, Sous les verrous, Paris, Ambroise Dupont, 1836, 357 p.

13 Norbert Truquin, op. cit., p. 25.

14 Benjamin, op. cit., p. 12.

15 Les petits ramoneurs se livrent à leur industrie, à laquelle la mendicité est souvent associée, sous la conduite d’un adulte, le meneur, qui prélève au passage une part non négligeable de leur revenu.

16 Claude Genoux, op. cit., p. 9.

17 Ibidem, p. 12.

18 Hippolyte Raynal, Sous les verrous, op. cit.

19 P. Deruineau, op. cit., p. 6.

20 Ibidem, p. 9.

21 Jean-Marie Déguignet, op. cit., p. 44.

22 Ce n’est déjà plus le cas à Paris où dès le Second Empire, le préfet de police voit dans cette activité, « une hideuse industrie à laquelle il importe de mettre promptement un terme », Arch. PP. Db/201.

23 Félix Laurent, op. cit., p. 68.

24 Benjamin, op. cit., p. 13-14.

25 Ibidem, p. 16.

26 Ibidem, p. 17-18.

27 Sur ce point il convient d’être prudent car Benjamin écrit à propos de sa fuite : « Je fuyais comme un cerf poursuivi par le chasseur ; je craignais le tisserand qui m’aurait fort mal mené, s’il m’eût attrapé ; je ne cessai de courir que lorsque je fus hors de ses atteintes » (p. 20).

28 Ibidem, p. 19. La promesse qu’il se fait à lui-même est en italique et entre guillemets dans le texte original.

29 Claude Genoux, op. cit., p. 59-60. Son goût de la liberté et du voyage lui fait quitter un peu plus tard une place de valet où il était très bien traité.

30 Claude Genoux est l’auteur d’une Histoire de la Savoie, Piémont et Sardaigne, préfacée par Eugène Sue, plusieurs fois rééditée dans les années 1860.

31 Orblain est l’amant attitré d’une des deux prostituées.

32 Norbert Truquin, op. cit., p. 30.

33 Ibidem, p. 48.

34 Ibidem, p. 52.

35 Simone Delattre, Les douze heures noires. La nuit à Paris au xixe siècle, Paris, Albin Michel, 2000, p. 369.

36 Alain Faure, op. cit., p. 32.

37 Norbert Truquin, op. cit., p. 25.

38 Ibidem, p. 33-34. Cette citation illustre bien les précautions que nécessitent l’usage des autobiographies. Nous sommes en 1842-1843. La plupart des mineurs arrêtés pour vagabondage sont détenus dans des « prisons ordinaires ». Les établissements spécifiques pour mineurs sont très peu nombreux et ne font pas encore l’objet de critiques, même dans « l’opinion avancée ». Ces propos ont toutes les chances de refléter l’opinion de Norbert Truquin au moment où il rédige ses mémoires dans les années 1870.

39 Ibidem, p. 39.

40 Ibidem, p. 41.

41 La pratique qui consiste, pour les enfants errants, à demander asile aux postes de garde est relevée par Simone Delattre, op. cit., p. 365.

42 Benjamin, op. cit.

43 Deruineau, op. cit., p. 43.

44 Les poucettes sont l’ancêtre des menottes. Cet appareil qui enserrait les pouces était particulièrement douloureux.

45 Hippolyte Raynal, Malheur et poésie, op. cit., p. 95.

46 Jean-Marie Déguignet, op. cit., p. 44.

47 Deruineau, op. cit., p. 7.

© Presses universitaires de Rennes, 2007

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