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Les politiques au stade

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André Gounot
, 
Denis Jallat
, 
Benoît Caritey

Deuxième partie. Expressions idéologiques

Les concours nationaux catholiques en France (1911-1939) : un modèle original de fête de gymnastique ?

Fabien Grœninger

Texte intégral

  • 1 Pour de plus amples développements sur cette institution se reporter à Groeninger F., Sport, relig (...)
  • 2 « Nos grands concours nationaux », Les Jeunes, 21 février 1932.

1Le 24 juillet 1898, le docteur Michaux et ses collaborateurs organisent au Parc des Oiseaux d'Issy-les-Moulineaux le premier concours officiel des patronages catholiques. Il s'agit de l'acte fondateur de la future Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF)1. Ainsi, dès l'origine le concours participe de l'identité de la Fédération. Il est sa vitrine tout autant que sa raison d'être. Il correspond aussi à une mise en scène politique car la naissance et le développement de la FGSPF doivent être mis en relation avec les efforts patriotiques des catholiques pour s'intégrer à la nation, surtout après l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891). Mais il faut d'abord s'entendre sur la terminologie. Les dirigeants ont souhaité associer au sein de leur organisation les sports d'origine britannique à la gymnastique. Or, le vocable concours est réservé à cette dernière activité. Si les compétitions sont souvent organisées à l'échelon régional, les grands concours nationaux marquent la vie de la structure catholique, ce qui fait dire à un grand dirigeant que toute la croissance de sa fédération « [...] est inscrite sur ces sortes de tablettes [...], telles les belles enluminures des manuscrits2 ». Mais si un championnat de France de gymnastique est mis sur pied chaque année, les grands concours dits nationaux avec invitation de gymnastes catholiques étrangers, sont rares. Nancy, en 1911, est en général retenu comme la première grande manifestation d'ensemble. Suivirent, après la Première Guerre mondiale, les concours de Metz (1920), Strasbourg (1921), Paris (1923), Rouen (1927), Alger (1930), Nice (1932) puis Paris à nouveau en 1937.

2Il est important de décrire les caractères de ces concours, les compétitions stricto sensu mais aussi tous les événements qui y sont associés (défilés, banquets...) dans une optique comparative visant à faire apparaître des mises en scène politiques. Les fêtes « nationales » catholiques possèdent-elles une singularité si on les compare aux manifestations organisées par des fédérations affinitaires ou spécialisées comme l'Union des sociétés de gymnastique de France ? Comment s'inscrivent-elles dans l'espace français ? Des transferts culturels sont-ils identifiables ? Quels enjeux recouvrent-elles ? Comment ces concours sont-ils perçus par les autres organisations de jeunesse catholiques ? Il faut d'abord analyser ce qui peut apparaître comme une spécificité du concours catholique : l'association de la religion à la gymnastique. Mais au-delà de ce caractère, visible, presque ostentatoire, des interrogations émergent sur la pertinence de cette singularité au regard, peut-être, de changements, de ruptures, d'atténuations dans l'entre-deux-guerres. Dans un dernier temps, la comparaison doit porter sur les lieux et les territoires. Le choix d'une ville ou d'une région pour organiser une fête de portée nationale voire internationale ne peut être anodin. À une autre échelle, la rue, l'avenue, le stade, la cathédrale… peuvent être aussi porteurs de référents symboliques. Relever la logique de ces localisations géographiques, leur évolution, les comparer aux choix des organisations proches ou concurrentes révèle des enjeux beaucoup plus larges que la compétition elle-même et participe à la mise en perspective du modèle.

Gymnastique et religion

Messes et bénédictions

  • 3 Monseigneur Courbe, secrétaire de l'Action catholique, « Comment insérer l'éducation physique dans (...)
  • 4 Archives diocésaines de Paris, 8 Kl, 2, G1, lettre manuscrite de l'abbé Lemoine adressée à MgrCrép (...)

3Pour les dirigeants de la Fédération, la culture physique constitue une fin en soi. Mais elle ne peut être séparée d'une formation spirituelle et de son ancrage religieux. « C'est le même but que celui poursuivi par les autres avec quelque chose en plus. C'est l'application de la conception chrétienne : l'homme, corps et âme appelé un jour à participer à la vie divine, à la vie éternelle3. » Ainsi l'organisation des concours doit-elle refléter cette théologie du corps. Alors que les réceptions commencent le vendredi après-midi ou le samedi, le dimanche apparaît comme le point d'orgue de la fête, et la messe dite militaire, célébrée en matinée en la mémoire des soldats morts pour la France, doit constituer la grande manifestation catholique de la journée. Elle est souvent présidée par l'évêque du diocèse, et les autorités civiles et militaires y sont habituellement représentées. Toutes ces personnalités sont groupées dans la tribune d'honneur autour de l'autel, où les cierges viennent d'être allumés. Au bas de l'autel, le prêtre officie en ornements sacerdotaux devant la foule des gymnastes rassemblés, impatients et parfois dissipés. En effet, les jeunes sont parfois bien éloignés des soucis d'ordre et d'unité si importants pour les cadres. Il faut parfois choisir entre la performance ou la discipline. L'affaire de L'Avant-Garde de Montmartre au début des années 1920 illustre le dilemme des dirigeants catholiques. Les gymnastes s'opposent régulièrement au directeur religieux mais sont régulièrement invités dans les grands concours. Leurs débordements sont mis de côté car l'audience de leurs résultats sert la réputation de la Fédération4. Néanmoins, quand les faits deviennent trop graves (insultes, vols.), les dirigeants sont obligés de prononcer des exclusions voire des dissolutions. L'Avant-Garde est sanctionnée de la sorte en 1923.

  • 5 DrMayet, « Quelques remarques sur la partie spectaculaire de nos Concours », Les Jeunes, 23 décemb (...)
  • 6 Ibid.
  • 7 Les Jeunes, 18 août 1921.
  • 8 Moment de la messe où le prêtre élève l'hostie et le calice, après la consécration.
  • 9 Les Jeunes, 2 septembre 1923.
  • 10 Président de la FGSPF à partir de 1923.

4Il est certain que la messe pouvait prendre facilement « un caractère de grandiose piété » dans le cadre d'une cathédrale médiévale5. Les villes retenues pour les concours (Rouen, Strasbourg, Paris...) invitaient souvent à cette opportunité mais les organisateurs durent renoncer devant le nombre des gymnastes toujours supérieur à 8 500 ! Alors, l'office est célébré sur le terrain même du concours. Par exemple, sur le terrain de l'esplanade à Strasbourg en 1921, sur le champ de courses à Rouen en 1927, au Parc des Princes à Paris en 1937— Tout est codifié : le placement des gymnastes, la surveillance facile des sociétés, l'ordonnancement des drapeaux, l'utilisation des hauts-parleurs (dans les années 1930), le choix de chants populaires et entraînants, le rôle très efficace d'un ecclésiastique pour les diriger du haut d'une estrade, l'utilité d'une chorale indépendante des gymnastes accompagnant et soutenant ces chants, la présence des sociétés musicales ou d'harmonies sont autant de points définis et imposés par le comité d'organisation6. Les drapeaux des sociétés — des centaines — sont toujours rassemblés devant l'autel. Prières à haute voix et chants religieux ou patriotiques se succèdent. À Strasbourg (1921), les musiques entonnent « Je suis chrétien » et des milliers de gymnastes chantent ensemble et en français ce cantique de foi et de victoire. Puis c'est le Credo, nouvelle affirmation de la foi des participants, l'O Salutaris Hostia et enfin la Cantate à Jeanne d'Arc qui devint l'hymne officiel de la Fédération7. On retrouve cet enchaînement dans les autres concours auquel s'ajoute souvent la Cantate à l'Étendard. L'Élévation8 est un moment important : les chants sont interrompus, les tambours et les clairons se font entendre pendant que les drapeaux s'inclinent. Pour les dirigeants, pour le clergé, la signification de ces manifestations est claire : les gymnastes catholiques entendent montrer leur valeur physique mais ils croient aussi en Dieu. Ils sont venus d'abord le prier, pour eux et pour ceux qui sont morts9. Le comité d'organisation est particulièrement attentif au décor et à l'attitude « religieuse » des gymnastes. Il s'agit d'impressionner le public, les pouvoirs officiels, les journalistes qui relateront l'événement et donc indirectement l'adversaire socialiste ou communiste. L'heure est à l'apostolat et le concours gymnique y participe. François Hébrard10, dans un entretien accordé à L'Action catholique après le concours de Nice, en 1932, évoque cette idée :

  • 11 L'Action catholique, 6 août 1932.

« Un prêtre de là-bas me disait : Ça vaut trois missions ! Je ne sais. Mais j'ai eu d'innombrables témoignages que nos hommes donnaient ainsi un entraînant exemple de foi et de vie chrétienne. [...]. Oui, c'est une apologétique puissante, pour nos jeunes gens d'abord, et nos hommes : à se sentir aussi chrétiens, aussi nombreux, et aussi unis, la foi de chacun ne gagne-t-elle pas une force singulière11 ? »

  • 12 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 143.
  • 13 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.

5Ainsi, à Paris en 1923, les catholiques avaient-ils installé un immense autel surélevé orné de faisceaux tricolores au centre de l'enceinte du Grand Palais qui accueillait une des deux messes du concours. Dans les travées latérales, vingt-deux autres autels étaient préparés pour permettre la célébration de l'office aux nombreux prêtres qui partageaient le cantonnement sommaire de leurs jeunes gens12. En 1937, au Parc des Princes, l'autel est plus modeste mais 600 drapeaux « flottent au vent et s'inclinent13 ». Et certains détails hautement symboliques sont censés faire la différence face à l'adversaire, au mieux neutre et sans espérance, au pire embrigadé et embrumé dans les structures socialistes :

  • 14 Éveil de Nice, 23 août 1932.

« L'immense assemblée n'était que silence et recueillement. Vraiment on était porté sur des ailes. On était enveloppé de lumière. Cette lumière chassait les ombres des cœurs eux-mêmes. De telles cérémonies purifient l'atmosphère morale. Sur l'autel, des vases, faits avec des douilles d'obus ramassés sur les champs de bataille, étaient emplis de marguerites blanches. Était-ce un symbole ? Une espérance aussi14 ? »

6Enfin, les bénédictions sont aussi théâtralisées. En 1921, à Strasbourg à la fin de la messe, l'archevêque s'avance au pied de l'autel et d'une voix forte, annonce à tous les gymnastes que le pape Benoît XV vient de leur envoyer sa bénédiction apostolique. Alors, les cinq évêques présents bénissent ensemble tous les gymnastes catholiques agenouillés devant eux :

  • 15 Les Jeunes, 18 août 1921.

7« Ce fut un très beau spectacle [avec] [...] là-bas au fond de l'esplanade le haut clocher de la cathédrale. Il a revêtu des airs de fête et les immenses drapeaux qui l'entourent flamboient au vent qui vient du Pays des Francs15. »

Un défilé particulier

  • 16 Il marque aussi la naissance de l'Union internationale des œuvres catholiques d'éducation physique (...)
  • 17 Lagrée M., Les origines de la FGSPF, 1898-1914. Du catholicisme social au mouvement de jeunesse, m (...)
  • 18 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 144.
  • 19 Penseur catholique de premier plan, élu à l'Académie française le 15 juin 1922.
  • 20 Le Figaro, 13 juillet 1932.
  • 21 La Croix, 21 juillet 1932.

8L'encadrement religieux constitue ainsi le caractère le plus visible du concours gymnique catholique. Il fut d'ailleurs source de bien des conflits avant la Première Guerre mondiale. Et paradoxalement, plus que la messe organisée dans un espace clos, ce furent les défilés publics qui irritèrent le plus les radicaux anticléricaux. Par exemple, les dirigeants eurent toutes les peines du monde à organiser le concours de Nancy de 1911. En l'absence d'appuis officiels, le concours dit national et international16 avait nécessité à lui seul une correspondance de 11 000 lettres contre 10 000 pour toute la correspondance de la FGSPF dans l'année 1910. Michel Lagrée signale aussi la mise aux arrêts d'un caporal entré dans le défilé pour saluer le patronage de son village17. Ces milliers de jeunes catholiques qui devaient défiler au pas cadencé, encadrés par des prêtres et des évêques, ne représentaient-ils pas une force d'opposition au régime ? Il faut savoir que si les dirigeants de la Fédération sont des laïcs, les sections gymniques des patronages étaient souvent contrôlées par le prêtre lui-même, directeur de l'œuvre. Or, ce dernier n'entendait pas abandonner ses ouailles au seul moniteur de gymnastique. Et puis le défilé devint un acte politique dans le contexte de la Séparation de l'Église et de l'État (1905) et des passions soulevées par les inventaires. Les rapports de police et préfectoraux, consultables en série 4 M dans les archives départementales, évoquent fréquemment cette présence religieuse en soulignant l'absence de neutralité du défilé. À l'échelon régional beaucoup furent interdits et les tentatives de résistance se soldèrent parfois par des incarcérations d'ecclésiastiques. C'est l'Union sacrée pendant la Première Guerre mondiale et le sacrifice de près de 25 000 membres de la FGSPF qui apportèrent la reconnaissance tant attendue. Les gouvernements d'Union nationale donnèrent l'ordre de subventionner les sociétés catholiques de gymnastique (via le ministère de la Guerre) et les grands défilés furent beaucoup plus facilement autorisés. Ainsi, en 1923, de nombreux Parisiens assistèrent au défilé de près de 30 000 gymnastes, entourés par des dizaines de prêtres, des Champs-Elysées au Champ de Mars18. Sans doute le succès de la manifestation explique-t-il la tentative vaine du Cartel des gauches (1924-1926) de revenir sur les avantages concédés. En revanche, en 1937, le gouvernement du Front populaire ne manqua pas d'interdire le défilé sur la grande avenue, au grand dam des dirigeants catholiques. Il faut dire que le précédent concours, organisé à Nice en 1932, avait échaudé les forces de gauche anticléricales. Georges Goyau19 s'était réjoui dans Le Figaro du succès de la manifestation et l'avait imputé en grande partie à l'influence de Monseigneur Rémond, évêque de Nice20. Le journal La Croix avait insisté sur les applaudissements durant le défilé : « Ils sont aussi l'œuvre de ces petits curés et vicaires des villes ou des campagnes qui, à Nice, défilaient si fièrement en serre-files de leurs jeunes troupes, la poitrine souvent constellée de décorations. La foule ne leur marchandait pas ses applaudissements, comme pour dire à ces pauvres soutanes qu'elle comprenait leur dévouement à cette vivante jeunesse populaire21. »

Une singularité à nuancer

Manifestation de masse

  • 22 Les Jeunes, 18 août 1921.
  • 23 DrMayet H., « Les leçons de notre grand concours de Paris », Les Jeunes, 16 septembre 1923.

9Un deuxième caractère du concours national rend particulièrement fiers les dirigeants catholiques : l'ampleur de ses effectifs. Et le nombre n'a de sens que rapporté à l'adversaire, supposé plus faible dans ce domaine. En effet, les concours catholiques furent de véritables manifestations de masse. Et les bilans sont impressionnants... En 1911, lors du premier concours de ce type, les organisateurs réunissent à Nancy près de 8 500 gymnastes. Il s'agit d'un authentique exploit dans la mesure où les pouvoirs publics ont tout fait pour en empêcher la réalisation. Au-delà de la statistique, il faut imaginer les conditions matérielles d'un tel événement : le transport ferroviaire de milliers de gymnastes, son coût, leur hébergement sur place, leurs repas... On comprend mieux alors la rareté de ce type de concours, au nombre de sept, seulement, dans l'entre-deux-guerres. À Metz (1920), le bilan est décevant. Le silence des dirigeants à ce sujet dans la presse officielle témoigne du relatif échec qui s'explique par les difficultés économiques de la période d'après-guerre. En revanche, le concours de 1921 apparaît comme une véritable réussite : « Et Strasbourg a vu cette chose vraiment unique : dix-huit mille gymnastes catholiques se rencontrant pour sceller entre eux ce pacte désormais indissoluble22. » Mais c'est le concours de Paris de 1923, célébrant le vingt-cinquième anniversaire de la Fédération, qui marqua le triomphe de l'œuvre créée par le docteur Michaux. Le vice-président essaya d'en tirer les leçons : « Nulle association sportive ne peut se vanter de posséder au même degré que la nôtre l'unité des âmes et la cohésion des esprits. [...] Un dixième seulement de nos effectifs [28 000] étaient à Paris, mais chacun de nos 250 000 membres, depuis le plus jeune de nos pupilles jusqu'à nos athlètes déjà seniors, ont puisé dans l'extraordinaire succès du concours une immense et légitime fierté23. »

  • 24 Ibid., 30 septembre 1923.
  • 25 Les Jeunes, 3l juillet 1927.

10La manifestation aurait « fait pâlir bien des étoiles » et suscité quelques jalousies, quelques « vieux ferments de haine antireligieuse » mais l'adversaire aurait « montré son dépit24 ». Le concours de Rouen (1927), plus modeste, rassembla près de 15 000 participants mais fut salué de nouveau comme une réussite25.

  • 26 Gounot A., « Sport ouvrier et communisme en France, 1920-1934 : une rencontre limitée », dans Stad (...)
  • 27 Ibid., p. 86.
  • 28 Caritey B., Krüger A., « Les fêtes fédérales de gymnastique en France et en Allemagne (1860-1914)  (...)
  • 29 Voir par exemple Krüger A., « The German Way of Worker Sport », dans Krüger A., Riordan J. (sous l (...)
  • 30 Caritey B., op. cit.
  • 31 Lagrée M., op. cit., p. 59.

11Que retenir de ce discours propagandiste ? D'abord un fond de vérité. Dans les années 1920, la FGSPF est la seule organisation affinitaire à pouvoir réunir en France de tels effectifs : les adversaires socialistes et communistes qui se déchirent et qui ne regroupent qu'une « infime partie des ouvriers français s'adonnant à la pratique sportive26 » ont du mal à concurrencer sur le plan national la structure catholique27. De même, la fédération spécialisée, l'USGF, peine à réunir dans ses grandes fêtes de gymnastique des effectifs analogues. Benoît Caritey note que « si le nombre des gymnastes prenant part à cet exercice varie d'une fête à l'autre (avec une tendance à l'augmentation), le principe en est invariablement le même : 300 à 5 000 gymnastes soigneusement alignés effectuent une série de mouvements élémentaires synchronisés28 ». Néanmoins, plusieurs remarques s'imposent. Tout d'abord, de l'autre côté du Rhin, l'organisation sportive ouvrière allemande Arbeiter-Turn-und Sportbund (ATSB)29réunissait dans les années 1920 à elle seule 1,2 million de membres ! De plus, les effectifs annoncés par les catholiques sont parfois surévalués : pour Strasbourg, par exemple, tel article annonce 18 000 participants, tel autre 15 000. En outre, la comparaison devient nettement moins flatteuse si l'on prend en compte le nombre de sociétés présentes. En 1913, la 39e fête fédérale de gymnastique organisée à Vichy rassemblait 350 sociétés30 ; deux ans plus tôt, à Nancy, 220 sociétés catholiques françaises et étrangères avaient pris part aux mouvements d'ensemble31.

  • 32 Gounot A., op. cit., p. 94.
  • 33 Hébrard F., Notes et Souvenirs, journal manuscrit numéro 2 (1919-1933), juin 1930.
  • 34 Actifs (gymnastes et sportifs) et honoraires ; Si l'on ne tient compte que des gymnastes pratiquan (...)
  • 35 Hubscher R., Durry J., Jeu B. (dir.), L'histoire en mouvements. Le sport dans la société française (...)

12Dans les années 1930, la FGSPF est confrontée, en France, à une concurrence un peu plus affirmée. Or, les effectifs des concours catholiques ne progressent pas. Ils ont même tendance à diminuer. L'éloignement des concours (Alger en 1930, Nice en 1932), la crise économique et les grèves dans les transports en 1937 (Paris) expliquent en partie la stagnation : environ 3 000 gymnastes furent emmenés à Alger ; les concours de Nice et de Paris réunirent respectivement 15 000 et 25 000 têtes, résultats respectables mais en deçà des espérances. On touche là tout le paradoxe d'un bilan comptable détaché de son contexte propre et de son environnement concurrentiel. Comme le souligne André Gounot, en 1932, les dirigeants de la Fédération sportive du Travail (FST) « constatent avec amertume que les masses ouvrières ne se passionnent pas davantage pour le "sport prolétarien" qui piétine avec même une légère tendance à la régression. [...] La FST garde une position très faible dans le champ des organisations sportives, ne comptant guère plus de 10 000 membres32 ». Autre élément : le concours d'Alger n'était pas officiellement un « national » mais les dirigeants lui rajoutèrent ce qualificatif quelques années plus tard du fait de sa signification symbolique : il ne fallait pas laisser à la seule USGF le soin de célébrer le centenaire de la colonisation de l'Algérie. Mgr Leynaud, archevêque d'Alger, insista à plusieurs reprises auprès de la FGSPF pour qu'elle envoie aussi une délégation : « Il voulait montrer aux Algériens ce qui est fait en France chez les catholiques... et fournir un exemple. » Le comité central accéda à son désir et organisa un concours à Alger où furent conduits environ 3 000 gymnastes, soit exactement le contingent annoncé par l'USGF33... Enfin, la comparaison des effectifs des deux concours internationaux parisiens est significative : le concours de 1923 regroupa environ 10 % des membres de la FGSPF34 ; celui de 1937, de même nature, moins de 5 % ; dans le même temps, l'expérience du Front populaire dynamise les structures laïques dont les effectifs augmentent sensiblement. Les organisations sportives ouvrières ont fusionné en 1934 pour constituer la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) : l'essor commun est immédiat et rapide : 80 000 membres en 1937, plus de 100 000 et 1 687 clubs en 193 835. Si l'avantage reste encore largement à la structure catholique, les forces s'équilibrent peu à peu.

  • 36 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 144.
  • 37 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 90.
  • 38 Les Jeunes, 4 septembre 1932.
  • 39 Les Jeunes, 31 juillet 1927.

13Une manifestation de masse renvoie inévitablement à la foule et au public qui y assiste. La conception catholique de ce rapport est-elle originale ? Pas vraiment. L'objectif est d'impressionner et de convaincre. En 1923, le défilé dura près d'une heure et demie « devant un nombre immense de Parisiens » avec des moments forts « comme la remise de couronnes au « soldat inconnu36 ». En 1937, le stade du Parc des Princes est choisi pour accueillir les spectateurs dans ses « immenses tribunes37 ». À Nice, « la foule a compris que la Fédération avait choisi [la ville] comme théâtre pour une manifestation de l'idéal [...]. La foule a des instincts sûrs et forts. C'est elle qui a reçu, applaudi, encouragé, aimé nos gymnastes. Et les gymnastes eux aussi ont compris la foule38 ». En parallèle du concours, des fêtes de nuit sont organisées. En 1927, à Rouen, 3 000 musiciens et porteurs de lanternes vénitiennes et de torches couvrent la place de l'hôtel de ville : « La foule qui les encadre est encore plus impressionnante ; le peuple de Rouen est dans la rue : des chiffres sont difficiles à citer — des journaux ont donné 50 000 spectateurs ; d'autres sont allés jusqu'à 80 00039. » On retrouve ces préoccupations dans les fêtes fédérales de gymnastique :

  • 40 Caritey B., op. cit.

« Le programme de la fête fédérale revêt en outre un aspect cérémoniel qui rehausse le spectacle, lui donne lustre et dignité et contribue à en mettre en scène les dimensions les plus politiques. Défilé des sociétés, décoration de la cité, remise du drapeau fédéral et lâcher de pigeons sont autant de rituels qui s'ajoutent les uns aux autres et contribuent à donner à la fête son sens et une solennité que renforce l'omniprésente musique militaire40. »

  • 41 Ibid.
  • 42 Bruns A. (en coll. avec Gounot A.), « Critique de société et aspirations réformatrices : l'Olympia (...)

14Le défilé, note Benoît Caritey, est d'abord « une démonstration de force et de discipline. Certaines sociétés se signalent ainsi, plus que d'autres, à l'attention du public et remportent un franc succès qui s'exprime par une ovation et des applaudissements nourris41 ». Le « sport ouvrier » participe des mêmes objectifs. Andrea Bruns et André Gounot indiquent que lors de l'Olympiade ouvrière de Francfort (1925), « il importait d'impliquer les foules dans la manifestation afin de gagner des adhérents au mouvement42 ». Mais l'effort doit être collectif et non individuel comme lors des Jeux Olympiques. On peut noter un autre point commun entre l'USGF et les catholiques : les structures partagent le même goût de l'effort collectif et les manifestations d'ensemble au milieu de la foule sont vécues comme un moyen de renforcer les liens de solidarité entre les différents membres. La performance individuelle et la soif du record ne sont pas vraiment recherchées, même si les compétitions se développent.

15Enfin, la question du costume divisa les catholiques, « l'uniforme » des gymnastes constituant un attribut essentiel du concours public. À Nancy, Metz, Strasbourg, Paris, Rouen, Alger et Nice, les costumes de gymnastique ne sont pas unifiés. Il faut attendre 1933 pour qu'un rapport, remis lors du congrès fédéral de la FGSPF, déplore cet état de fait :

  • 43 Rapport de Girodit M., Les Jeunes, 10 décembre 1933, p. 711.

« Reconnaissons, bien sincèrement, que le choix du costume, pour certains de nos Patronages, n'a pas toujours été très heureux. Tel avec les bas rouges, pantalon blanc, ceinture bleue, maillot noir ou bariolé. Tel autre avec un collant un peu trop collant, ne dissimulant pas assez ou pas du tout, les formes anatomiques des gymnastes. Tel autre tout en noir, tel autre tout en blanc [...]. L'unification du costume s'impose43. »

  • 44 Ibid.
  • 45 Les Jeunes, 16 décembre 1934, p. 707.

16L'auteur du rapport y voit plusieurs avantages, notamment au niveau de la propagande fédérale et de l'esprit de corps. Les spectacles seront améliorés, l'uniformité flattera l'œil des spectateurs et donnera davantage l'impression de masse. Mais un certain nombre de congressistes s'oppose à cette évolution : ils associent à des arguments financiers et régionalistes (« [...] on ne reconnaîtrait pas sa société dans un défilé ») une idée politique importante : ils craignent que l'uniformité du costume fasse comparer leurs groupements à ceux de certaines nations étrangères (Japon, Allemagne, Italie), qui embrigadent la jeunesse44. Le congrès fédéral décide de reporter sa décision. En 1934, l'auteur du rapport, Girodit, contre-attaque : « En France, pour les Scouts, qu'ils représentent telle ou telle fédération, le costume est à peu près le même et personne n'a jamais rien dit. Dans les pays tels que : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Suisse, Amérique, Russie et d'autres encore, la médisance n'est pas allée jusque-là ; le costume est national, tout court, c'est le costume du gymnaste45. »

  • 46 Ibid.

17Tous les autres arguments sont réfutés. Sa démonstration est convaincante. Le principe de l'unification est adopté à la majorité moins trois opposants : les unions régionales de la Loire-Inférieure, du Midi et de 1 'Orléanais. Le costume adulte choisi se compose d'un pantalon sokol blanc, d'une ceinture en tissu élastique avec une boucle en cuir aux couleurs de la société, d'un maillot sans manches blanc, d'un béret basque noir ; enfin de deux écussons aux couleurs de la société, l'un sur le maillot côté gauche, l'autre sur le béret46. Le concours de Paris de 1937 fut la première manifestation nationale à bénéficier de la nouvelle mesure.

Imitations et convergences

  • 47 Archives diocésaines de Paris, « La vérité sur la FGSPF, gymnastique, sports, etc. », rapport manu (...)
  • 48 Ibid., p. 2.
  • 49 Ibid.

18Si la FGSPF développe un modèle de fête gymnastique original par ses aspects religieux, elle emprunte aussi des éléments à ses adversaires. Et c'est un catholique intransigeant issu d'une œuvre de jeunesse à forte identité (les Frères de Saint-Vincent-de-Paul) qui nous donne la pierre originelle et nous permet d'accréditer la thèse d'un transfert culturel : son rapport manuscrit, envoyé à l'évêché de Paris, souligne que le docteur Michaux donna une large part aux exercices du « Corps ». Il voulut montrer que les jeunes catholiques étaient aussi « capables que ceux des œuvres laïques dans le domaine des exercices corporels ». Loin d'entraver l'éducation chrétienne du jeune homme, les activités gymnastiques et sportives, les concours publics. devaient détourner les jeunes chrétiens des sociétés anticléricales, les retenir dans l'œuvre, « [.] et ainsi favoriser leur persévérance47 ». Pourtant, indique l'auteur, les abus sont nombreux et proviennent « [.] soit de l'excès même des exercices corporels, soit des concours publics, de l'extériorisation des œuvres48 ». L'idole nouvelle, c'est l'homme. Le docteur Michaux, en imitant les œuvres post-scolaires de la Ligue de l'Enseignement, a remplacé le culte de Dieu par « celui de l'homme dans sa raison et dans sa chair » : « Populariser le culte de la chair, voilà le but réel auquel tendent les organisations de gymnastique et de sport de la Ligue de l'Enseignement49. »

  • 50 Caritey B., op. cit. Voir aussi sur ce sujet du même auteur, « De la gymnastique conscriptive à la (...)
  • 51 En 1923, par exemple, le banquet fut offert à l'hôtel Lutétia par la municipalité parisienne (sour (...)
  • 52 Caritey B., op. cit.
  • 53 Ibid.

19On peut ainsi trouver facilement des similitudes entre les fêtes fédérales de gymnastique50 et les concours nationaux catholiques. Ces fêtes reposent d'abord sur des démonstrations réalisées l'après-midi dans une vaste enceinte. Les programmes gymniques sont très proches : les mouvements d'ensemble sont particulièrement appréciés. Des milliers de gymnastes effectuent des exercices synchronisés comme les pyramides : le spectacle est grandiose pour les spectateurs. Des exercices aux appareils (barres, agrès.) sont aussi proposés par les champions et l'on retrouve des spécialités avec canne et bâton par exemple. Le banquet, offert par les pouvoirs publics51, est un moment de sociabilité entre notables. Il donne l'occasion aux dirigeants et aux personnalités présentes de prononcer de grands discours d'autosatisfaction. En effet, à partir de 1920, les gouvernements de centre-droite soutiennent officiellement les grands concours catholiques. Ils entendent ainsi récompenser la FGSPF de ses efforts patriotiques, notamment au niveau de la préparation militaire. Le gouvernement envoie des représentants. Le président de la République accepte la présidence d'honneur. Seuls les concours catholiques de Nancy (1911) et de Paris en 1937, sous le Front populaire, ont échappé à ce type de connivences. En outre, USGF et FGSPF invitent des représentants étrangers. Des réceptions officielles sont organisées pour souligner leur présence et donner à la manifestation un véritable caractère « international ». De même, les compétitions proprement dites sont détachées de la fête elle-même. Elles sont parfois organisées tôt le matin ou le samedi. Et peu de publicité est faite autour des résultats que ce soit à l'USGF ou la FGSPF. Les dirigeants semblent concéder ces concours pour attirer les sociétés les plus performantes. Des voix s'élèvent à la FGSPF pour reprocher aux gymnastes d'en oublier la messe, coincée entre la compétition matinale et le buffet froid de midi... De plus, l'habitude est prise d'organiser des fêtes de nuit, mais des nuances apparaissent entre les organisations, les catholiques évitant les mises en scène tirées de l'imagerie populaire pour privilégier des attitudes plus « recueillies » dans les retraites aux flambeaux par exemple. Les deux fédérations se rejoignent également dans leur fonction patriotique et les symboles qui s'y rattachent. Toutefois, nous l'avons vu, le défilé ne revêt pas une signification analogue : même « démonstration de force et de discipline [.] ; chaque société défile derrière un drapeau et les gymnastes sont revêtus d'un costume qui les distingue des autres sociétés52 » mais la présence des ecclésiastiques ne produit pas — loin s'en faut — la même impression. Les discours prononcés sur le stade ou lors des banquets se rapprochent dans leurs élans patriotiques mais s'éloignent lorsqu'ils s'aventurent dans les méandres de la politique intérieure. Or, les dirigeants catholiques préfèrent éviter ce danger dans la mesure où leur fédération réunit à la fois des sympathisants républicains et monarchistes. Mais l'influence du républicain fondateur Michaux et le sacrifice de la guerre rallient progressivement toutes les énergies au drapeau tricolore même si bien souvent Jeanne d'Arc (le patronyme le plus fréquent des sociétés de gymnastique catholiques) est encore préférée à Marianne. Ainsi, à Nancy, en 1911, alors que les tensions avec les républicains sont fortes, les catholiques reprennent un usage de l'USGF en invitant des sociétés lorraines et alsaciennes de l'Avant-Garde du Rhin dans la perspective de la Revanche. Après la guerre, les cérémonies mémorielles se multiplient de part et d'autre mais les dépôts de gerbes, de couronnes ou de palmes se limitent du côté catholique aux monuments aux morts et à la tombe du soldat inconnu alors que l'USGF entend honorer les grandes figures républicaines (Gambetta, Ferry.)53.

20En outre, les aspects militaires et guerriers du concours catholique semblent véritablement l'éloigner des aspirations des organisations ouvrières.

  • 54 André Gounot (infra) citant une déclaration du comité d'organisation de l'Olympiade populaire de 1 (...)
  • 55 Cholvy G., Hilaire Y.-M., Histoire religieuse de la France contemporaine 1930-1988, Toulouse, Priv (...)
  • 56 Association catholique de la jeunesse française créée en 1886 autour d'Albert de Mun.
  • 57 Jeunesse agricole catholique, jeunesse étudiante chrétienne, jeunesse ouvrière chrétienne... : sec (...)
  • 58 Hilaire Y.-M., op. cit., p. 39.
  • 59 Abbé Wolff, « La préparation militaire devant la conscience chrétienne », Les Jeunes, 6 décembre 1 (...)

21Par exemple, l'Olympiade populaire de Barcelone (1936) « [...] reconnaît l'égalité des races et des peuples et estime que la paix est la meilleure garantie pour l'éducation saine des sportifs et de la jeunesse de toutes les nations54 ». La présence de milliers de drapeaux nationaux sur les concours catholiques (Nice, 1932 ; Paris, 1937), l'allure martiale des gymnastes et les chants patriotiques contrastent avec ces préoccupations. Pourtant, la réalité est plus complexe car, dans les années 1930, le « sport à goût de guerre » est confronté à la conscience chrétienne. Les critiques les plus virulentes viennent des intellectuels pacifistes séduits notamment par L'Humanisme intégral de Jacques Maritain (1936). Ce dernier patronne à ses débuts le groupe Esprit qui oppose, selon sa formule, « l'ordre chrétien au désordre établi ». Atteignant 1 500 abonnés en 1936, le groupe déborde d'idées dans les domaines de la société et de la culture, mais son attachement à la paix et son hostilité au traité de Versailles ne lui permettent pas de prendre une exacte mesure du danger hitlérien55. Yves-Marie Hilaire souligne également la portée des manifestes catholiques. Celui d'avril 1931 concerne la paix et la réduction des armements, que Briand tente d'obtenir à Genève. Les jeunes de l'ACJF56, de la JAC, de la JEC, de la JOC57... s'engagent ouvertement en faveur d'un apaisement des tensions internationales58. L'influence de ce nouvel humanisme liée à la spiritualité de l'Action catholique est indéniable à la FGSPF car de nombreux cadres appartiennent aux deux structures. Mais le général de Castelnau s'engage aussi dans la polémique et réfute les arguments des pacifistes. Or, le général est un proche de la FGSPF. Il en est le président d'honneur et s'exprime, comme François Hébrard, via ses articles dans L'Echo de Paris. Ainsi, peu de changements sont perceptibles dans le cérémonial du concours de 1937. La presse officielle (Les Jeunes, Semaine Religieuse de Paris...) fournit une description très proche du déroulement des précédentes fêtes. Cependant, il ne faut pas s'y tromper. Les temps ont changé et des interrogations sincères émergent au sein d'une partie de l'encadrement religieux : la vocation guerrière de la FGSPF commence à être remise en cause. Certes, la réflexion est encore sous-jacente, minoritaire mais elle peut aussi expliquer l'absence de nombreuses sociétés de gymnastique. L'abbé Wolff, aumônier diocésain de la JEC et membre de la FGSPF, le reconnaît volontiers dans un rapport soutenu devant le congrès fédéral de 1936 : « Il existe des dirigeants d'œuvres catholiques pour qui la question se pose de la légitimité de la préparation militaire59. » Et les transferts culturels de l'Action catholique spécialisée vers la FGSPF sont bien réels. De manière autonome, pour des raisons différentes, internationalisme pour les uns, nouvel humanisme chrétien pour les autres, les structures sportives ouvrières et catholiques se rapprochent.

Lieux, territoires et enjeux politiques

Frontières et (re)conquête

  • 60 Lagrée M., Les origines de la FGSPF..., p. 37 à 42. Ce dernier utilise comme source la biographie (...)

22L'histoire des concours nationaux catholiques est indissociable du projet originel du docteur Michaux. En effet, le fondateur de la FGSPF est lorrain. Pendant la guerre franco-allemande en 1870, il est profondément marqué par le siège de Metz. Lorsque les Prussiens occupent une partie du collège Saint-Clément, on le voit souvent, aux côtés du jeune Foch, dans les rixes opposant les élèves aux troupes. Il n'a que seize ans. En 1872, son collège est fermé, dans le cadre de la politique du Kulturkampf et la nationalité allemande imposée aux Mosellans. Sa famille se replie alors à Paris60. De ces années de jeunesse découle une véritable passion pour l'armée. Michaux souhaite que la France tire les leçons de 1870 et se dote d'une armée puissante, instrument de la revanche. Lui-même aspire à devenir militaire, mais son père l'engage à poursuivre une carrière dans la médecine. Il devient chirurgien des hôpitaux de Paris. Son culte de l'armée ne disparaît pas pour autant. Il l'exprime à travers ses activités dans les œuvres de jeunesse et bientôt dans l'organisation de grands concours. Par conséquent, leur localisation n'est pas anodine : Nancy, Metz, Strasbourg... L'espoir puis la victoire. De la frontière de 1871 aux provinces libérées, la FGSPF fête son patriotisme et entend démontrer aux pouvoirs publics que l'on peut compter sur elle. Les discours prononcés sur les stades ou dans les banquets s'inscrivent dans cette perspective. Les « trois glorieuses catholiques » sont magnifiées :

  • 61 Les Jeunes, 18 août 1921.

« Depuis les premières réunions du Parc des Oiseaux à Issy, jusqu'à ces grandioses assises de Nancy, de Metz et de Strasbourg, quelles étapes ! [...] [François Hébrard, alors vice-président de la FGSPF] ; Soyez remercié surtout d'avoir choisi Strasbourg pour rassembler cette belle jeunesse que nous avons vu s'épanouir aujourd'hui dans une atmosphère vibrante et triomphale de patriotisme et d'union. En réunissant 15 000 gymnastes dans notre vieille citadelle française, à deux pas du Rhin, sur cette place d'armes où le Kaiser a si souvent alerté ses régiments, vous avez donné à l'Alsace un spectacle dont elle se souviendra longtemps [Général Fetter, Ministère de la guerre]61. »

  • 62 Caritey B., Krüger A., op. cit.
  • 63 Ibid.
  • 64 Hébrard F., Notes et souvenirs, cahier numéro 2 (1919-1933), vendredi 20 juin 1930.

23Or, l'analyse de la localisation des fêtes fédérales de gymnastique (USGF) organisées avant guerre témoigne d'une logique différente : Paris en 1900 puis Nice, Le Mans, Marseille, Arras, Bordeaux, Tourcoing, Clermont-Ferrand, Troyes, Angers, Saint-Quentin, Caen, Tunis, Vichy et Rennes en 191462. Le souci des dirigeants semble beaucoup plus se focaliser sur un équilibre territorial entre les régions françaises que sur la mise en exergue des provinces perdues. On peut avancer deux explications à cela : tout d'abord, un décalage dans la chronologie des fédérations. Dans les premières années d'existence de la FGSPF, au début du xxe siècle, l'USGF obtient enfin la reconnaissance du gouvernement républicain et de l'armée mais il a fallu pour cela trente ans de luttes et de démonstrations. Les premières fêtes fédérales (1875-1877) ne furent-elles pas organisées à Paris, Reims puis Épinal ? En outre, les sociétés alsaciennes et lorraines furent régulièrement invitées63. Certes, la personnalité écrasante et le parcours personnel du docteur Michaux ne peuvent pas être négligés. Mais, avec un décalage d'une trentaine d'années, dès la fin des années 1920, on retrouve la même préoccupation d'équilibre territorial à la FGSPF. Cette dernière est enfin reconnue d'utilité publique ; les dirigeants reçoivent légion d'honneur et divers soutiens gouvernementaux. Leurs ambitions s'orientent alors vers une meilleure visibilité nationale. La localisation des concours de 1927 (Rouen) mais surtout de 1930 (Alger) et 1932 (Nice) illustrent cette évolution. De retour à Paris, après le concours qui célébrait le centenaire de la colonisation de l'Algérie, le président de la FGSPF, écrit quelques mots dans son journal : « Ce voyage à Alger restera inoubliable. L'impression produite par nos gymnastes a été très grande64. » Le plaisir est d'autant plus grand que les catholiques ont le sentiment d'avoir été meilleurs que les gymnastes de l'USGF. La dynamique de la FGSPF dans l'entre-deux-guerres repose aussi sur l'émulation. Le concours de Nice fut un beau voyage. Mais il demanda surtout une logistique importante et coûteuse pour déplacer et accueillir sur la Côte d'Azur des milliers de gymnastes qui venaient des foyers de recrutement de la Fédération (région parisienne, Nord, Ouest, Alsace). En revanche, dans le Sud, la structure catholique était plus méconnue ; d'où les efforts consentis en pleine crise économique... :

  • 65 Hébrard F., Les Jeunes, 21 février 1932.

« À vrai dire les temps sont durs. D'aucuns même ont pu s'étonner que nous convoquions nos gymnastes à l'une des extrémités du territoire national [...]. C'est que sur ces rivages méditerranéens une grande manifestation comme la nôtre ne peut manquer d'avoir un véritable retentissement. [...] Dans le cadre merveilleux de ces rivages et de ses avenues, dans ces lieux de luxe et de mirages qui attirent les fortunes de toutes les nations, dans cette accumulation de pavois, de trophées, et d'arcs de triomphe, nos défilés, nos performances physiques, nos ensembles impeccables [...] seront une grande et puissante démonstration de la force inhérente à nos œuvres d'éducation intégrale et de l'influence rayonnante de nos groupes de jeunesse65. »

Des lieux symboliques

24À une autre échelle, les lieux du concours participent à la mise en scène politique. Par conséquent, leur lecture est plurielle.

  • 66 La composition de l'affiche fédérale qui servit de base à celle du concours de 1923 est organisée (...)

25Les dirigeants de la FGSPF souhaitent d'abord affirmer leur identité, définie autour de deux causes sacrées : la patrie et la foi. Deux monuments émergent alors de la propagande fédérale66 : Notre-Dame et l'Arc de triomphe. La difficulté fut de les réunir lors d'un concours national voire international. Le rêve est exaucé en 1923. La cathédrale médiévale constituait un magnifique écrin pour célébrer l'office dominical ; mais, on l'a vu, les gymnastes étaient souvent trop nombreux et les bousculades et le désordre à la sortie de la messe mécontentaient les ecclésiastiques. Une solution fut trouvée lors du grand concours parisien avec une double célébration religieuse. Une messe au Grand Palais réunissait l'essentiel des gymnastes et, dans le même temps, une messe de requiem à la mémoire des morts de la Fédération des patronages était célébrée en l'Église métropolitaine de Paris. Au chœur de la vieille cathédrale prennent place de nombreux prélats, des officiers généraux, un grand nombre de personnalités politiques et diplomatiques, les dirigeants de la FGSPF et quelques milliers de gymnastes dont tous les étrangers :

  • 67 Les Jeunes, 2 septembre 1923.

« Ce fut un spectacle émouvant et peut-être unique, de voir les étrangers par milliers, se mêler aux milliers de Français et les drapeaux des nations amies, Belgique, Italie, Tchécoslovaquie, Luxembourg, Hollande, s'incliner devant le chœur à l'Élévation, en même temps que les drapeaux français. Un quart d'heure plus tard, les gymnastes étaient massés en colonnes sur le parvis de Notre-Dame et précédés des étrangers, gagnaient les Tuileries67. »

  • 68 Ibid.

26Le passage sous l'Arc de triomphe constituait un autre temps fort. Le comité d'organisation avait demandé aux gymnastes « [...] de se comporter comme si c'était uniquement d'après chacun d'eux que le public devait juger de tous les membres de la Fédération68 ».

  • 69 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.
  • 70 Bruns A. (en coll. avec Gounot A.), op. cit.

27Il faut dire que l'attitude des pouvoirs publics ne fut pas toujours si bienveillante. Les policiers, les préfets, les politiques possèdent leur propre lecture de l'événement et des lieux qui y sont associés. Pendant de nombreuses années, l'espace public, la rue ou l'avenue prestigieuse ont été interdits aux catholiques suspectés de sympathies royalistes et de prosélytisme. Le prolongement de l'Union sacrée, au début des années 1920, leur apporta les autorisations et la reconnaissance tant attendues. Mais la marche triomphale sur les Champs-Elysées jusqu'à la tombe du soldat inconnu, le défilé le long de l'avenue du Bois de Boulogne jusqu'à l'avenue Malakoff, le passage dans les jardins du Trocadéro pour gagner le Champ de Mars restèrent un exemple isolé. Ils célébraient le vingt-cinquième anniversaire de la Fédération ; ils en marquèrent sans doute l'apogée, non sur le plan des effectifs, mais sur celui du sentiment d'utilité dans la nation et dans la République. En 1937, le parcours « héroïque » leur fut interdit. Toutes les manifestations (fêtes de nuit, messes, démonstrations) à l'exception de quelques compétitions se déroulèrent dans un lieu unique mais intéressant pour la propagande : le stade du Parc des Princes qui pouvait accueillir des dizaines de milliers de spectateurs69. La configuration de l'enceinte permit de réaliser des mouvements d'ensemble impressionnants que les photographes ne manquèrent pas d'immortaliser. On a déjà souligné que cette volonté « d'intégrer les foules » était un point commun avec les organisations ouvrières. Par exemple, pour l'Olympiade ouvrière de Francfort en 1925, Andrea Bruns et André Gounot soulignent que le Waldstadion, récemment érigé, était idéal pour des entraînements de masse sportifs, à l'inverse du stade officiel des Jeux Olympiques de 192470.

  • 71 Cholvy G., Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (xixe-xxesiècl (...)

28Enfin, tous les catholiques n'avaient pas la même lecture des lieux du concours et de leurs symboliques. Pour les partisans de « l'œuvre fermée » (Frères de Saint-Vincent-de-Paul, Timon-David, Allemand.), le patronage est un espace clos et protégé. Le concours, organisé à l'extérieur, en présence du public, notamment féminin, est source de bien des dangers et fait du tort au « caractère religieux du patro71 ». C'est ce que dénonce le rapport envoyé à l'évêché de Paris vers 1920 :

  • 72 Archives diocésaines de Paris, « La vérité... », op. cit., p. 4.

« Au concours de T., les pires scandales se produisent le jour et la nuit ; les jeunes gens rentrent dans la maison qui leur est assignée, au milieu de la nuit ; on les voit se succéder dans les maisons de prostitution ; leur costume spécial les fait reconnaître pour gymnastes catholiques, et ainsi le scandale est complet. Au concours de P., désordres de même nature ; des gymnastes rentrent à trois heures du matin... Après le concours d'A., on ramasse des jeunes gens ivres morts72. »

29Les regroupements imposants des grands concours nationaux, la promiscuité qu'elle engendrait, inquiétaient encore plus certains directeurs religieux qui préféraient éviter les manifestations organisées par la FGSPF.

  • 73 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.

30En 1937, par exemple, l'hébergement et le couchage de 25 000 gymnastes français, 6 000 musiciens et 2 000 gymnastes étrangers fut organisé dans... les locaux de la Foire de Paris, à la porte de Versailles73 !

  • 74 Les Scouts de France, principes, statuts, règlement intérieur, vers 1920, fascicule imprimé conser (...)
  • 75 Montier E., « Chez les Scouts », La vie au patronage, édition pour garçons, p. 404.
  • 76 Les Scouts de France, principes, statuts, règlement intérieur, op. cit., p. 5.

31Les Scouts de France, en vertu d'un accord passé avec la FGSPF en 1921 pouvaient participer à ses grands concours à titre individuel. Mais l'originalité du scoutisme, si on le compare à l'identité de la FGSPF, tient à la préférence accordée à la gymnastique suédoise, au refus de toute compétition, et à un rapport plus direct avec la nature puisque les activités de plein air sont vivement encouragées. Il s'agit avant tout de sortir de la ville et de ses contraintes : le stade et la foule éloignent plus qu'ils ne rapprochent. En outre, si le but du scoutisme est de faire des jeunes garçons des chrétiens chevaleresques, « les Scouts ne sont pas faits pour défiler et pour parader74 ». Certes, le scout est « Fils de France et bon citoyen ; son patriotisme est certain, mais il n'est ni théâtral, ni exclusif de sympathie pour l'étranger75 ». Par conséquent, tout ce qui est militaire dans l'accoutrement (galons d'or ou d'argent, baudriers, armes apparentes) est proscrit ; les bâtons ne sont pas habituellement portés sur l'épaule, mais tenus à la main ; les titres militaires ne sont pas autorisés. S'il est nécessaire que les Scouts sachent faire « à droite par quatre » et d'autres mouvements semblables, parce qu'ils peuvent avoir à figurer dans un cortège, « on se souviendra que l'exercice est au dernier rang de nos préoccupations76 ».

  • 77 Cholvy G., Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (xixe-xx esièc (...)

32Et l'Action catholique spécialisée ? Le mois de juillet 1937 nous offre une comparaison cruelle pour la FGSPF. Le Parc des Princes fut choisi à une semaine d'intervalle pour célébrer d'abord le concours international catholique puis le dixième anniversaire de la création de la JOC. Or, préparé par six cents rassemblements, ce congrès est un extraordinaire succès : « 85 000 paniers repas sont servis ! : "On saisit là [...] l'un des transferts de l'énergie festive des jeunes à des fins apostoliques dont l'Église depuis le xixe siècle a le secret77." »

  • 78 Gounot A., « Les mouvements gymniques en France et en Allemagne, 1871-1914. Repères pour une histo (...)

33Au terme de cette analyse, il est possible d'affirmer que les fêtes nationales catholiques de gymnastique, organisées en France dans la première moitié du xxe siècle, possèdent une singularité. En associant religion et gymnastique, en intégrant dans ces manifestations bénédictions, messes et soutanes, la FGSPF semble proposer son propre modèle de fête gymnique. Cette dernière est bien une mise en scène politique, destinée à affirmer la puissance de l'Église, dans un espace national confronté aux querelles religieuses depuis la fin du xixe siècle. Néanmoins, la manifestation se rapproche aussi de ses concurrentes par plusieurs aspects. On peut discuter sur l'existence de ces ressemblances qui peuvent être dues à des parallélismes de structures ou de conjonctures ainsi qu'à des intentions similaires des acteurs78. Mais il apparaît que des transferts culturels ont existé entre l'USGF et la FGSPF. Il faut évoquer l'antériorité de la fédération spécialisée mais surtout se rappeler de la personnalité du fondateur de la FGSPF : le docteur Michaux. Dès les années 1890, ce Lorrain, fils de républicains, fait déjà pratiquer la gymnastique sur un mode militaire dans les œuvres de jeunesse qu'il dirige. Cela lui cause d'ailleurs des soucis de la part de la hiérarchie catholique. Son patriotisme et ses affinités idéologiques avec le mouvement républicain expliquent en grande partie les similitudes rencontrées. Michaux a voulu imiter les œuvres laïques comme le précise ce catholique issu d'une œuvre de jeunesse à forte identité :

  • 79 Archives diocésaines de Paris, « La vérité.  », op. cit.

« Les jeunes gens des Œuvres catholiques, selon lui [Michaux], ne sont pas suffisamment stylés, entraînés. Il faut faire une part beaucoup plus large aux exercices du corps, provoquer l'émulation, produire en public, montrer que les jeunes catholiques ne sont pas, comme il a coutume de le dire "plus bêtes que les autres". C'est-à-dire qu'ils sont aussi capables, au point des divers exercices corporels que ceux des Œuvres laïques. Il faut réaliser avec ceux-ci, les égaler, les surpasser. Telle fut dès l'origine, l'idée de fond du docteur Michaux79. »

  • 80 Il s'agissait de concours régionaux. On se rend compte que leur portée fut parfois plus importante (...)

34Ainsi, au début des années 1920, la FGSPF est-elle une véritable organisation de jeunesse de masse. L'ampleur de ses manifestations impressionne : elle est la seule, en France, à cette époque à pouvoir regrouper de tels effectifs. Le concours de 1923 constitue à ce titre « l'heure de gloire » de la fédération sportive catholique. Les relations avec les structures socialistes ont été très rares et limitées mais il faut retenir deux idées importantes. D'une part, ne pas oublier, que le public visé reste le même : la jeunesse ouvrière ; et d'autre part, reconnaître que le mode opératoire (des manifestations d'ensemble organisées le plus souvent dans des grands stades) s'adapte bien, pour des raisons différentes, aux deux idéologies. D'ailleurs, la conclusion de L'Humanité évoquant les grands concours catholiques de l'été 191380 était significative :

  • 81 L'Humanité, 3 août 1913, cité par Michel Lagrée, op. cit.

« [...] Dans la débâcle du vieux parti radical qui tombe de plus en plus en déliquescence, le parti conservateur et le parti socialiste ne tarderont pas à être sur le terrain politique les deux seules forces d'organisation. Le premier nous montre à la lumière des faits et des chiffres, son souci de soutenir les courages par la vigueur corporelle accrue scientifiquement. Camarades des jeunesses socialistes, profitez de la leçon81 ! »

35Enfin, les années 1930 atténuent encore la singularité de la FGSPF et de ses grands concours. La Fédération, reconnue d'utilité publique, est devenue consensuelle. Après une décennie de commémoration, des voix s'élèvent dans les milieux catholiques pour critiquer le caractère martial des grands défilés. L'influence de l'Action catholique spécialisée qui a le vent en poupe et qui démontre qu'elle constitue, elle aussi, un mouvement de masse, est indéniable. Des prêtres, à la JOC notamment, réfléchissent déjà à l'opportunité de se désengager des patronages pour se concentrer sur leurs missions religieuses et apostoliques. Dans le champ sportif national, les concours de la FGSPF perdent peu à peu de leur originalité.

Notes

1 Pour de plus amples développements sur cette institution se reporter à Groeninger F., Sport, religion et nation. La fédération des patronages de France d'une Guerre mondiale à l'autre, Paris, L'Harmattan, 2004 et Munoz L., Une histoire du sport catholique. La fédération sportive et culturelle de France (1898-2000), Paris, L'Harmattan, 2003. Se référer également aux actes de deux colloques : Cholvy G. (dir.), Le patronage, ghetto ou vivier ?, actes du colloque tenu à Paris en 1987, Paris, Nouvelle Cité, 1988. Ensemble de communications incluant les patronages laïcs ; Tranvouez Y., Cholvy G. (dir.), Sport, culture et religion, les patronages catholiques (1898-1998), actes du colloque tenu à Brest en septembre 1998, Brest, CRBC, 1999.

2 « Nos grands concours nationaux », Les Jeunes, 21 février 1932.

3 Monseigneur Courbe, secrétaire de l'Action catholique, « Comment insérer l'éducation physique dans l'éducation intégrale de la jeunesse », Les Jeunes, 15 décembre 1935, p. 690.

4 Archives diocésaines de Paris, 8 Kl, 2, G1, lettre manuscrite de l'abbé Lemoine adressée à Mgr Crépin, supérieur de la Basilique du Vœu National au Sacré-Cœur, 13 mai 1923.

5 Dr Mayet, « Quelques remarques sur la partie spectaculaire de nos Concours », Les Jeunes, 23 décembre 1934.

6 Ibid.

7 Les Jeunes, 18 août 1921.

8 Moment de la messe où le prêtre élève l'hostie et le calice, après la consécration.

9 Les Jeunes, 2 septembre 1923.

10 Président de la FGSPF à partir de 1923.

11 L'Action catholique, 6 août 1932.

12 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 143.

13 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.

14 Éveil de Nice, 23 août 1932.

15 Les Jeunes, 18 août 1921.

16 Il marque aussi la naissance de l'Union internationale des œuvres catholiques d'éducation physique (UIOCEP).

17 Lagrée M., Les origines de la FGSPF, 1898-1914. Du catholicisme social au mouvement de jeunesse, mémoire de maîtrise sous la direction de René Rémond, Nanterre, 1969, p. 59 et 126.

18 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 144.

19 Penseur catholique de premier plan, élu à l'Académie française le 15 juin 1922.

20 Le Figaro, 13 juillet 1932.

21 La Croix, 21 juillet 1932.

22 Les Jeunes, 18 août 1921.

23 Dr Mayet H., « Les leçons de notre grand concours de Paris », Les Jeunes, 16 septembre 1923.

24 Ibid., 30 septembre 1923.

25 Les Jeunes, 3l juillet 1927.

26 Gounot A., « Sport ouvrier et communisme en France, 1920-1934 : une rencontre limitée », dans Stadion, XXIII, 1997, p. 89.

27 Ibid., p. 86.

28 Caritey B., Krüger A., « Les fêtes fédérales de gymnastique en France et en Allemagne (1860-1914) », infra.

29 Voir par exemple Krüger A., « The German Way of Worker Sport », dans Krüger A., Riordan J. (sous la dir. de), The Story of Worker Sport, Champaign, Human Kinetics, 1996, p. 1-26.

30 Caritey B., op. cit.

31 Lagrée M., op. cit., p. 59.

32 Gounot A., op. cit., p. 94.

33 Hébrard F., Notes et Souvenirs, journal manuscrit numéro 2 (1919-1933), juin 1930.

34 Actifs (gymnastes et sportifs) et honoraires ; Si l'on ne tient compte que des gymnastes pratiquants, le pourcentage est beaucoup plus élevé.

35 Hubscher R., Durry J., Jeu B. (dir.), L'histoire en mouvements. Le sport dans la société française (xxe-xxesiècle), Paris, Armand Colin, 1992, p. 291. Jean Durry utilise comme source l'Encyclopédie générale des sports et des sociétés sportives en France, parue en 1946. Sans doute faut-il faire preuve de prudence face aux chiffres annoncés.

36 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1923, p. 144.

37 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 90.

38 Les Jeunes, 4 septembre 1932.

39 Les Jeunes, 31 juillet 1927.

40 Caritey B., op. cit.

41 Ibid.

42 Bruns A. (en coll. avec Gounot A.), « Critique de société et aspirations réformatrices : l'Olympiade ouvrière de Francfort 1925 face aux JO de Paris, 1924 », infra.

43 Rapport de Girodit M., Les Jeunes, 10 décembre 1933, p. 711.

44 Ibid.

45 Les Jeunes, 16 décembre 1934, p. 707.

46 Ibid.

47 Archives diocésaines de Paris, « La vérité sur la FGSPF, gymnastique, sports, etc. », rapport manuscrit anonyme, vers 1920, p. 1 et 2.

48 Ibid., p. 2.

49 Ibid.

50 Caritey B., op. cit. Voir aussi sur ce sujet du même auteur, « De la gymnastique conscriptive à la gymnastique sportive (1919-1939), l'exemple de la fédération des sociétés de gymnastique d'Alsace », Sciences et motricité, p. 3-9 ; Chambat P, « Les muscles de Marianne. Gymnastique et bataillons scolaires dans la France des années 1880 », dans Ehrenberg A. (dir.), Aimez-vous les stades ? Les origines historiques des politiques sportives en France (1870-1930), Paris, 1980, p. 139-184 ; Charpier W., La Société des gymnastes Alsaciens et ses transformations (1860-1996), thèse de doctorat en STAPS non publiée, université de Strasbourg, 1997.

51 En 1923, par exemple, le banquet fut offert à l'hôtel Lutétia par la municipalité parisienne (source : Archives diocésaines, op. cit.).

52 Caritey B., op. cit.

53 Ibid.

54 André Gounot (infra) citant une déclaration du comité d'organisation de l'Olympiade populaire de 1936.

55 Cholvy G., Hilaire Y.-M., Histoire religieuse de la France contemporaine 1930-1988, Toulouse, Privat, 1988, p. 24-25.

56 Association catholique de la jeunesse française créée en 1886 autour d'Albert de Mun.

57 Jeunesse agricole catholique, jeunesse étudiante chrétienne, jeunesse ouvrière chrétienne... : sections spécialisées de l'ACJF mises en place à partir de 1927.

58 Hilaire Y.-M., op. cit., p. 39.

59 Abbé Wolff, « La préparation militaire devant la conscience chrétienne », Les Jeunes, 6 décembre 1936, p. 678.

60 Lagrée M., Les origines de la FGSPF..., p. 37 à 42. Ce dernier utilise comme source la biographie du Dr Barbet, Le docteur Paul Michaux, Éditions Spes, 1925.

61 Les Jeunes, 18 août 1921.

62 Caritey B., Krüger A., op. cit.

63 Ibid.

64 Hébrard F., Notes et souvenirs, cahier numéro 2 (1919-1933), vendredi 20 juin 1930.

65 Hébrard F., Les Jeunes, 21 février 1932.

66 La composition de l'affiche fédérale qui servit de base à celle du concours de 1923 est organisée autour de ces deux monuments.

67 Les Jeunes, 2 septembre 1923.

68 Ibid.

69 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.

70 Bruns A. (en coll. avec Gounot A.), op. cit.

71 Cholvy G., Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (xixe-xxe siècle), Le Cerf, 1999, p. 155.

72 Archives diocésaines de Paris, « La vérité... », op. cit., p. 4.

73 Semaine religieuse de Paris, deuxième semestre 1937, p. 89.

74 Les Scouts de France, principes, statuts, règlement intérieur, vers 1920, fascicule imprimé conservé par les Archives Historiques de l'Archevêché de Paris, p. 5.

75 Montier E., « Chez les Scouts », La vie au patronage, édition pour garçons, p. 404.

76 Les Scouts de France, principes, statuts, règlement intérieur, op. cit., p. 5.

77 Cholvy G., Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (xixe-xx e siècle), Le Cerf, 1999, p. 212.

78 Gounot A., « Les mouvements gymniques en France et en Allemagne, 1871-1914. Repères pour une histoire comparée », dans La Comune Eredità dello Sport in Europa. Atti del 1° Seminario Europeo di Storia dello Sport, Rome, CONI, 1997, p. 390-396.

79 Archives diocésaines de Paris, « La vérité.  », op. cit.

80 Il s'agissait de concours régionaux. On se rend compte que leur portée fut parfois plus importante qu'un « national » organisé dans un relatif anonymat (Rouen en 1927 par exemple).

81 L'Humanité, 3 août 1913, cité par Michel Lagrée, op. cit.

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